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Méridienne d'un soir

Femme switch. 35 ans. est célibataire.
La rubrique "Articles" regroupe vos histoires BDSM, vos confessions érotiques, vos partages d'expériences SM. Vos publications sur cette sortie de blog collectif peuvent aborder autant les sujets de la soumission, de la domination, du sado-masochisme, de fétichisme, de manière très générale ou en se contentrant très précisément sur certaines des pratiques quu vous connaissez en tant que dominatrice/dominateur ou soumise/soumis. Partager vos récits BDSM, vécus ou fantames est un moyen de partager vos pratiques et envies et à ce titre peut être un excellent moyen de trouver sur le site des partenaires dans vos lecteurs/lectrices. Nous vous rappelons que les histoires et confessions doivent être des écrits personnels. Il est interdit de copier/coller des articles sur d'autres sites pour se les approprier.
Par : le 06/05/20
Antigone, en grec ancien ???????? / Antigónê, est la fille d'Œdipe, roi de Thèbes, et de la reine Jocaste. Ses parents régnèrent sur Thèbes jusqu'au moment où ils prirent conscience de leur inceste. Jocaste se pendit et Œdipe se creva les yeux. Créon, le frère de Jocaste, le chassa de la ville, mais avant de partir il maudit Etéocle et Polynice, à la fois ses fils et ses frères qui, en partageant la dépouille d'un animal sacrifié, lui avaient octroyé la cuisse au lieu de l'épaule royale. Aussi le virent-ils partir sur les routes de Grèce sans verser une larme. Seule, Antigone eut pitié de son père, abandonnant Hémon, son fiancé, fils de Créon, l'accompagna, lui servant de guide, mendiant pour survivre et lui apportant le réconfort de sa présence et de sa tendresse. Après la mort de son père, Antigone revint à Thèbes où ses frères se disputaient le pouvoir. Polynice attaqua Etéocle, avec l'aide d'Adraste, roi d'Argos; mais les frères ennemis trouvèrent la mort au cours de la bataille. Devenu roi, Créon leur fit des funérailles grandioses, mais Etéocle ayant fait appel à des étrangers contre son pays, n'eut pas droit à une sépulture. Antigone, ne tenant pas compte des ordres de Créon, fit élever un bûcher où fut placé le corps de Polynice, fut prise sur le fait par le tyrannique Créon qui ordonna à son fiancé de l'enterrer vivante dans la tombe de Polynice. Hémon fit mine d'y consentir, mais s'enfuit avec Antigone, l'épousa en secret et la cacha chez des bergers. Elle lui donna un fils qui, bien des années plus tard, revint à Thèbes, prit part à des jeux funèbres où son grand-père le reconnut à la marque du dragon que portaient sur le corps tous les descendants de Casmos. Créon le condamna à mort et, de chagrin, Antigone et Hémon se suicidèrent. Héroïne de la mythologie grecque, Antigone est la fille du mariage incestueux d’Œdipe et de Jocaste. Le mythe d’Antigone nous a été transmis par les tragiques grecs Sophocle, Eschyle et Euripide, au V ème siècle avant J.-C. Lorsque Œdipe, objet de la réprobation et de la répulsion de tous, se crève les yeux et quitte Thèbes, c’est Antigone qui le guide jusqu’à Athènes. Ainsi incarne- t-elle une figure hautement morale: la fidélité sans faille, la piété filiale. Mais l’époque moderne a surtout retenu un autre épisode du mythe; Antigone défie ensuite son oncle Créon, lequel a interdit d’enterrer Polynice, frère d’Antigone, coupable de s’être levé contre Thèbes. Dans la faiblesse de sa jeunesse et de sa féminité, la fille d’Œdipe repré­sente alors la légitime révolte. Elle dénonce la démesure (hubris) de Créon. Nul en effet n’a le droit, affirme Antigone, de se substituer aux dieux, d’interdire à un humain de se présenter au jugement des Enfers. Antigone se fait le champion de la loi divine, laquelle l’emporte sur la loi des hommes. Antigone est condamnée à être enterrée vivante. Les Erinyes punissent Créon: son fils Hémon, amoureux d’Antigone, se tue après avoir découvert sa fiancée pendue dans son tombeau; alors Eurydice, sa mère, femme de Créon, le suit dans la mort. Créon reste seul. Bien avant que Freud ne développe la notion de complexe d’Œdipe comme aboutissant à l’établissement du système symbolique destiné à transmettre la loi fondamentale dans les rapports sociaux, le mythe d’Œdipe nous a offert une vision à la fois spectaculaire et catastrophique de la relation père-fils et des liens fraternels. En effet, la descendance d’Œdipe n’est guère épargnée par les haines fratricides et parricides comme l’a chanté le tragédien Sophocle. "Je vois les antiques malheurs de la maison des Labdacides s’ajouter aux malheurs des deux princes, que la mort a ravi, une génération frappée n’affranchit pas celle qui la suit, mais un dieu la précipite et ne lui laisse aucun repos." Œdipe, après avoir appris de l’oracle qu’il a tué son père Laïos et épousé sa propre mère Jocaste, renonce au pouvoir sur Thèbes. Il se crève les yeux pour ne plus voir l’horreur de la réalité dans lequel le destin l’a plongé, et part mener une vie de mendiant, loin du lieu de son infamie. De l’union d’Œdipe et Jocaste sont nés deux filles, Antigone et Ismène, et deux fils, Étéocle et Polynice. Suite au départ d’Œdipe, les deux frères se retrouvent à régner en alternance sur le royaume, mais Étéocle l’aîné refuse de laisser la place à son frère. Polynice lui tend une attaque aux abords des sept portes de Thèbes et le destin veut que les deux frères se retrouvent face à face et s’entretuent, laissant le spectacle de leurs cadavres enlacés dans la mort. Ironie du sort, les deux frères opposés dans la vie, sont unis et liés dans une ultime et funeste accolade fraternelle, leurs bras brandissant avec fureur le glaive pour se tuer l’un l’autre et devenant le berceau qui les porte vers une mort violente et sanglante. Suite à ces événements, Créon, l’oncle d’Œdipe, devient le roi de Thèbes, donne les honneurs funéraires à Étéocle et les refuse à Polynice. À titre d’exemple, il laisse gésir hors de la cité son corps à la merci des charognards, avec interdiction absolue de l’ensevelir. Le laissant sans sépulture, il est condamné à errer loin du séjour des morts, le salut et le repos lui est interdit. Par fidélité fraternelle, Antigone brave l’interdit et dans une douleur infinie, déclare: "Après la perte d’un époux, j’en pourrais trouver un autre; et si je perdais un fils, j’en puis avoir d’un autre époux; mais quand ma mère et mon père sont descendus chez Pluton, la perte d’un frère n’est plus réparable." Antigone sera condamnée à être enfermée dans un tombeau où elle se pendra. Hémon, fils de Créon et à la fois cousin germain et fiancé d’Antigone, désespéré par la perte de son amour, se suicidera peu de temps après. À l’annonce de cette nouvelle, Eurydice, mère d’Hémon et femme de Créon, se tranche la gorge. Créon pleure seul ses deux pertes. Le sacrifice d’Antigone épargne Ismène qui devient l’unique héritière. Les enfants nés de l’inceste d’Œdipe, Étéocle, Polynice, Ismène et Antigone, répètent ce qui s’est noué à la génération précédente. Les fils s’entretuent dans le conflit de la légitimité d’une filiation adelphique incestueuse. Antigone, elle, brave l’interdit de Créon et rejoint dans la tombe son frère Polynice qu’elle a enterré dans le respect de la dignité humaine au prix de sa vie. Dans son opposition à Créon, Antigone se range du côté de l’amour fraternel en dépit de la raison d’état, pour défendre des principes sacrés au détriment de la loi de la cité. Antigone inaugure la rivalité homme/femme, de par la jalousie qu’elle nourrit à l’encontre de la différence des sexes et du destin dont les hommes de sa famille la privent. Cette jalousie l’aliène à son destin narcissique. Se sentant investie d’une toute-puissance, elle souhaite à tout prix réparer l’honneur perdu de sa famille. La mort apparait comme l’aboutissement de sa quête de l’amour fraternel absolu et le don de soi par excellence vient pallier l’épreuve du deuil. En l’absence des parents, la fratrie rencontrée dans ce mythe s’inscrit dans une lutte acharnée contre le temps, exprimant l’impossibilité d’Antigone d’être séparée de ses frères dans le réel. La mort revêt ici deux dimensions dont la première serait une tentative de solution pour résoudre le conflit œdipien réactualisé par l’annonce de l’inceste d’Œdipe. Le voile levé sur l’origine de la famille ébranle fortement la fratrie dans ses liens de filiation et de génération. Il provoque une crise identitaire du statut et de la place de chacun des membres de la famille. La configuration de la fratrie composée de deux couples de sexe différent implique qu’ils s’opposent ou s’unissent dans l’amour et la haine fraternelle. Dès lors, les processus d’identification et de différenciation sont altérés. En reniant sa place de père et frère, Œdipe place ses filles et demi-sœurs à la place de membres idéalisés de la fratrie et de la cohésion de la famille. La double identité du père et de la mère suggère la transmission de l’inceste dans la fratrie et introduit le déplacement des investissements préœdipiens pour les parents sur la fratrie, ouvrant le champ possible à l’expression des pulsions libidinales dans la relation frère-sœur. La seconde dimension considérerait la mort comme la trace symbolique de la culpabilité parentale rejaillissant dans le réel. Ainsi, les conflits intrapsychiques hérités des parents se rejouent dans les liens fraternels. Ainsi, Antigone trouve dans le décès de son frère Polynice le moyen de mettre en terre à jamais leur cruel destin. En rendant les hommages funéraires à son frère, il se peut que par ce geste symbolique elle vienne rendre ses derniers hommages à son père Œdipe, qui bien que vivant dans l’exil, erre à jamais tel un revenant ne pouvant trouver le repos de l’âme. On peut interpréter ce geste d’Antigone comme une réparation de la déception œdipienne éprouvée dans l’enfance. Aussi, le choix de l’amour fraternel lui permet d’éviter l’inceste avec le père au coût de sa propre vie. La mort d’Antigone, motivée par l’amour incestueux, mène à son union avec le mort. Dans son "Introduction à la psychanalyse", Freud a mis en évidence que le déplacement des sentiments d’amour ressentis dans la fusion mère-enfant peut laisser place à l’apparition de l’amour tendre entre une sœur et son frère. A contrario, il peut aussi générer une compétition entre frères pour le gain de l’amour exclusif de l’être aimé, ou par substitution, le remplacement affectif du père par le frère ainé pour la fille. Antigone semble préférer Polynice au reste de sa famille, et c’est par amour fraternel qu’elle brave la mort pour le rejoindre. Selon l’approche transgénérationnelle, Antigone paye sa loyauté au père et s’acquitte de sa dette symbolique en y mettant fin. Elle refuse ainsi de devenir une femme et de donner naissance à une autre génération, afin de ne pas transmettre le secret honteux de sa naissance et de mettre fin à l’héritage funeste qui pèse sur sa famille. Si elle refuse de s’unir au père et de porter l’enfant de l’inceste à son tour, elle s’unit pourtant à son frère Polynice dans la mort. La mort apporte donc à Antigone une solution à l’inceste paternel et témoigne du retour possible de l’unité fraternelle. La mort s’incarne dans le corps d’Antigone comme son inscription de la filiation. L’héritage commun d’Œdipe que partagent Antigone et Ismène les unit tandis que les maux de chacune les distinguent et les séparent. Antigone délaisse sa sœur vivante pour son frère mort. Si l’une veut jouir de la vie, l’autre veut jouir de la mort. Les deux sœurs incarnent le combat entre la pulsion de vie et de mort. Quand l’une en appelle au principe de plaisir, l’autre lui répond par le principe de réalité. Antigone meurt donc seule. Comme son prénom en témoigne, étant composé du préfixe anti signifiant "contre", et "gone", du grec ancien gonos, signifiant "procréation", elle ne donne pas la vie. Antigone demeure dans le mystère de ses origines et ne retrouvera jamais la mère d’avant l’inceste, celle qu’elle n’a jamais connue. Dans ce mythe, les figures du frère et de la sœur sont bien les objets pulsionnels et les représentations inconscientes de la transmission des conflits parentaux au sein même de la fratrie. Antigone est demeurée le symbole de la piété filiale et fraternelle, du dévouement sans partage. Voilà l’histoire d’une femme. C’est aussi l’histoire d’une culture demeurée à peu près inchangée. Le mythe d'Antigone est mentionné pour la première fois dans la tragédie "Les Sept contre Thèbes" d'Eschyle représentée au V ème siècle avant J.-C.; Sophocle, dans son "Antigone", donne la première version détaillée connue de la mort héroïque d'Antigone. Euripide, le grand tragédien athénien, reprend le thème des "Sept contre Thèbes" dans "Les Phéniciennes", où Antigone intervient aussi. Dans la littérature latine, le philosophe et dramaturge Sénèque compose une tragédie "Les Phéniciennes" en prenant pour modèle celle d'Euripide. En 1638, Jean de Rotrou compose à son tour une tragédie "Antigone", puis c'est au tour de Jean Racine en 1664, de mettre en scène Antigone dans la tragédie "La Thébaïde". L'héroïne connaît un regain d'intérêt dans la littérature du XIX ème siècle, par les réécritures de Sophocle. Le poète allemand Friedrich Hölderlin traduit Antigone en 1804, le dramaturge français Jean Anouilh propose une réécriture en 1944, dans laquelle Antigone représente l'esprit de résistance. Le dramaturge allemand Bertolt Brecht l'adapte en 1947, en s'appuyant sur le texte de Hölderlin. En Musique, de nombreux opéras ont été composés sur Antigone. Dans les arts plastiques et la Peinture, ainsi qu'au cinéma et à la télévision, elle inspira également de nombreux artistes. Bibliographie et références: - Sophocle, "Antigone" - Sophocle, "Œdipe à Colone" - Euripide, "Les Phéniciennes" - Philostrate, "Galerie de tableaux" - Sénèque, "Les Phéniciennes" - Hygin, "Les Fables" - Jean de Rotrou, "Antigone" - Jean Racine, " La Thébaïde" - Jean Cocteau, "Antigone" - Jean Anouilh, "Antigone" - Bertolt Brecht, "Antigone" - Pierre Brunel, "Dictionnaire des mythes littéraires" - George Steiner, "Les Antigones" Bonne lecture à toutes et à tous. Méridienne d'un soir.
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Par : le 04/05/20
Fille d'Anou ou de Sin, sœur de Shamash et d'Ereshkigal, la reine du monde souterrain, Isthar était la grande divinité du Proche-Orient, la parèdre des dieux ou leur courtisane, la déesse de la reproduction. Primitivement divinité agraire, liée au rite des saisons, elle remplissait une fonction identique à celle des déesses mères des dieux de la fertilité, dont la descente dans le monde souterrain symbolisait le sommeil hivernal de la végétation. On la considérait aussi comme la maîtresse de ces régions infernales, qui provoquait disputes et querelles parmi les humains. Amoureuse du dieu des moissons Tammuz, à l'origine son fils, dieu de la végétation et des moissons, elle provoque sa mort, comme l'Aphrodite grecque celle d'Adonis, puis descend aux enfers supplier sa sœur Ereshkigal de lui rendre son amant. Mais celle-ci l'emprisonne et la frappe des soixantes maladies infernales. Ea, à la demande de Shamash et de Sin, envoie Asushu-Namir, l'hermaphrodite la délivrer à l'aide de paroles magiques et d'une aspersion d'eau de vie, que l'on retrouvera plus tard dans le rite du baptême. Elle repasse les sept portes du monde souterrain et revient sur terre. Cette légende, racontée sur un document cunéiforme, est commune aux Grecs, Perséphone et aux Mexicains, Quetzalcoatl. Par analogie, elle devint la déesse de l'amour et de la mort, à l'instar des plantes se reproduisant par la graine, qui meurent pour renaître. Particulièrement vénérée dans toute l'Assyrie et à Babylone, en Phénicie sous le nom d'Astarté, en Akkadie sous celui d'Innanna, elle reparaît chez les Grecs sous les traits d'Aphrodite. À Ninive, elle était considérée comme la déesse de la guerre, figurée debout dans un charriot tiré par sept lions, tenant un arc, tandis qu'à Erech, elle était la déesse de l'amour, voluptueuse et tendre, mais capricieuse et irascible. À Sumer, où elle personnifiait la planète Vénus en tant qu'étoile du matin, elle était considérée aussi comme une déesse guerrière représentée armée d'un arc, et étoile du soir, incarnation de l'amour et du désir. On a vu en elle le prototype de la femme fatale, capricieuse et capable des pires violences envers les dieux qui bénéficièrent de ses faveurs. En Occident, on la représentait portant un anneau à la main gauche et tenant un calice dans la main droite, parfois armée comme Minerve, attributs symbolisant la continuité de la vie, la puissance de l'eau, du lait, du sang ou du soma, telle la boisson donnée à Tristan par Iseult. Les sources mésopotamiennes nous présentent une image déconcertante et apparemment contradictoire de la déesse Ishtar. D'un côté, elle était l'auguste Reine des Cieux assise sur un trône avec une bordure d'étoiles et était appelée “Ishtar des Étoiles", la Reine des reines, la Dame des dames, la Déesse des déesses, la Très-Haute, et la Maîtresse des pays. Elle était la Créatrice des dieux et de l'humanité, la Mère des hommes, la Mère compatissante de celles qui donnent naissance. Elle était la Pure, la Sainte, l'Innocente, la Sage et la Fille vierge de la Lune ou “Ishtar de la Sagesse", une épousée voilée, dont la caractéristique primaire était la pureté, la chasteté, la prudence, la sagesse et la très grande beauté. Depuis les temps les plus anciens, ses épithètes constantes étaient "Sacro-sainte" et "Vierge". Elle était associée à la planète Vénus et sa représentation symbolique la plus courante était l'étoile à huit branches. Dans l'iconographie assyrienne, elle est souvent représentée comme une figure féminine entourée par une forte luminosité. Par ailleurs, elle apparaît aussi comme une sorcière, une prostituée et une maquerelle à la tête d'un troquet ou d'un bordel. Dans la VI ème tablette de l'Épopée de Gilgamesh, elle est à la tête d'une armée de prostituées et approche Gilgamesh en femme séductrice, charnelle, brûlant pour le beau héros. Ailleurs, elle est comparée à la démone Lilith. On doit souligner, cependant, qu'une image aussi négative de la déesse est totalement absente des inscriptions royales assyriennes, qui soulignent chaque fois sa sainteté, son caractère noble et ses aspects maternels, en nous la présentant comme une vierge belliqueuse qui court sus aux ennemis du roi assyrien. Ses symboles et attributs étaient multiples et incluaient la tourterelle, l'arc, la conque, l'utérus, la tour-ziggourat, l'arc en ciel, l'étoile à huit branches, le croissant et la pleine lune, la vache qui allaite, la vache sauvage à cornes, le cerf, le lion, le palmier, la grenade et plusieurs autres. À la période impériale, toutes les déesses étaient mises en équivalence avec elle, et elle recevait de nombreux noms et avait un culte dans de nombreux endroits. Ses nombreux noms étaient des appellatifs qui évoquaient des aspects ou des variétés de cette déesse universelle. La multiplicité et la nature controversée d'Ishtar était déjà complètement réalisée dans l'Antiquité et était partie intégrale et intentionnelle de son image. La clef de l'essence de la Déesse se trouve dans le petit corpus des oracles prophétiques assyriens, où on lui voit jouer deux rôles, en apparence distincts mais en relation étroite: celui de la mère céleste du roi assyrien et celui de la déesse oraculaire assyrienne par excellence. La relation mère-enfant entre la déesse et le roi, implicite dans chaque oracle du corpus, est élaborée à travers un ensemble d'images et de métaphores qui soulignent la totale dépendance du roi de sa mère divine et l'ardent désir de cette dernière pour son enfant. De façon plus banale, le roi est représenté comme un enfant, élevé, et protégé par la déesse, qui tantôt apparaît comme sa mère, tantôt comme sa nourrice, et qui l'appelle tendrement "mon petit veau" ou "mon roi", tandis qu'elle attaque férocement ses ennemis. Il y a toutes raisons pour croire que cette imagerie de mère/enfant n'était pas que simple métaphore. Nous savons que les princes assyriens étaient confiés, encore enfants, aux temples d'Ishtar, presque certainement pour être allaités et élevés par des hiérodules qui incarnaient les aspects maternels de la Déesse. La Mère divine du roi, Mullissu, était Ishtar sous son aspect de Reine des Cieux, la Créatrice des Dieux et des êtres vivants. Son nom signifie à l'origine "Enlil-femelle" mais, à l'époque impériale, elle a certainement été réinterprétée comme "Celle qui sanctifie". Dans beaucoup d'inscriptions royales assyriennes, Mullissu porte l'épithète de "Vache sauvage". Cette épithète la marque comme la mère du roi assyrien attaquant férocement les ennemis de son fils, mais l'associait aussi avec la mère de Gilgamesh, la sage et sainte Ninsun, qui portait la même épithète. Au même moment il la mettait en relation, du fait des cornes de la vache avec le croissant lunaire, et l'identifiait ainsi avec la chaste et virginale "Fille de la Lune", "l'aspect lunaire d'Ishtar aussi connue comme "Ishtar de la Sagesse". Reconnaître en Mullissu/Ishtar l'équivalent assyrien du Saint-Esprit aide à comprendre son rôle éminent comme déesse oraculaire dans la prophétie assyrienne; comme le Souffle de Dieu donnant vie à la création et animant tous les êtres vivants; elle était l'Esprit de Dieu résidant dans les prophètes et autres personnes sacrées et parlant par leur bouche. Le rôle central joué par la prophétie extatique dans le culte d'Ishtar rend en fin de compte possible de comprendre pourquoi elle était représentée comme une prostituée, un rôle diamétralement opposé à celui de la Reine des Cieux. Ces deux rôles contradictoires de la déesse étaient fondamentaux pour le culte d'Ishtar et son fondement doctrinal, le mythe de La Descente d'Ishtar aux Enfers. Dans son essence, le culte d'Ishtar peut être défini comme un culte ésotérique à mystères promettant à ses dévots un salut par transcendance et une vie éternelle. Comme le Tantrisme de Shakta, le culte extatique de la déesse mère hindoue, il a une cosmogonie sophistiquée, une théosophie, une sotériologie et une théorie de l'âme, qui étaient cachés aux gens exotériques par le voile des symboles, métaphores et énigmes qui n'étaient expliqués qu'aux initiés, lesquels étaient astreints au secret par serment. Mais Ishtar ne faisait pas que subsumer toutes les déesses. Sous son aspect céleste de Reine du Ciel et progénitrice des Dieux, elle englobait aussi tous les dieux mâles et leurs pouvoirs. L'idée sous-tend tout le récit métaphorique du déshabillage et du rhabillage de La Descente d'Ishtar et elle se présente dans d'autres symboles centraux de la Déesse, tel l'Arc-enciel, qui la décrivait comme la convergence des couleurs des sept dieux planétaires, et l'Arbre sacré, symbolisant l'Âme Parfaite comme une somme des pouvoirs de l'Arbre. Issu du Dieu transcendant, il était partie de son ineffable essence divine, comme les rayons du soleil issus de leur source inépuisable. Ishtar était Assur lui-même, manifesté sous son aspect de divin Amour sous-tendant toute existence. Cela explique les nombreux points de contact de la religion assyrienne avec le Christianisme, le Judaïsme, la Gnose et le Néoplatonisme. Ces systèmes religieux et philosophiques ont perpétué les idées théologiques fondamentales qui ont pris forme dans l'empire assyrien et ont été propagées vers l'ensemble du Proche-Orient pendant plus de sept-cents ans. Bonne lecture à toutes et à tous. Méridienne d'un soir.
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Par : le 02/05/20
Le 2 décembre 1814, au soir, Sade expirait. De son vivant pourchassé, maudit, persécuté, engeôlé durant près de trois décennies, le marquis et son œuvre furent-ils mieux traités depuis deux siècles? Censuré, psychanalysé, biographié, disséqué, théâtralisé, pléiadisé, le voilà désormais produit-dérivé. Un descendant, mercantile, peu scrupuleux de la postérité de la création littéraire de son aïeul, écoule un brandy "Divin marquis". L’époque est à la vulgarité; l’obscénité tient sa part. Quant à lire Sade, c’est suranné, trop long, fastidieux. Et cette manie aussi de tout mélanger, sexe et pensée, au prétexte de littérature. Jean-Jacques Pauvert fut le premier à oser publier Sade sous son nom d’éditeur. Grâce lui soit rendue. Balançant entre le clair et l'obscur, désormais, il faut faire avec l'écrivain. Il a maintes fois été écrit que Sade, poussant la fureur à son point d’incandescence, déchiquetant les corps à coups de plume, au risque d’effacer les âmes, prophétisait l’Holocauste. Ce que Dante a décrit dans son terrible poème, l’auteur des 120 Journées de Sodome savait que l’homme le réaliserait. Sade a pensé et a commis les plus atroces supplices que l’esprit puisse engendrer. Il s’est livré à l’autopsie du mal. Sans doute est-il vain de spéculer pour déterminer si Sade voulait prévenir du malheur ou l’appelait de ses vœux. Il faut avoir le cynisme de Céline pour prétendre, a posteriori, qu’il ne voulait, dans "Bagatelles pour un massacre" (1937), "qu’éviter aux hommes les horreurs de la guerre." Qu’importe les intentions de Sade. Annie Le Brun, exploratrice de l’homme et de son œuvre a établi le constat: "La pensée de Sade a son origine dans l’énergie des pulsions". Les objections sont connues: "fumisterie anachronique", "délire d’interprétation." Sade a poussé le libertinage aux extrêmes de la légalité en commettant d'odieux actes sur mineurs naïfs ou "achetés." Prétendre le contraire serait une contre-vérité historique. Mais fallait-il pour cela censurer son œuvre ? De Louis XV à Napoléon, il fut incarcéré sous tous les régimes. Le blasphémateur, le dépravé, le révolutionnaire, le politique, toutes les figures qu’il incarna furent opprimées. Dans ses écrits, Sade n’a cessé de revendiquer avec passion la primauté de la Raison, au sens du XVIII ème siècle. L’athée, auteur du "Dialogue entre un prêtre et un moribond" taille la religion en pièces, appelle à la sédition anticléricale. Robespierre voudra le lui faire payer de sa vie avant, tout juste, de perdre lui-même la tête. Sade, libérateur, dans ses discours en damnés devant la section des Piques, la plus virulente de la Révolution, réclame l’abolition de la monarchie. Il le répète, encore, dans le fameux appel public, "Français, encore un effort si vous voulez être républicains", de même qu’il y prône la liberté des mœurs et la dissolution de la famille comme institution. Trop vite, certains réduisent le programme au discours d’un anarchiste. Rien n’est plus faux. Sade milite pour le bien commun, au sein d’une société respectueuse de chacun éclose dans un État digne. Tôt, il embrasse et théorise ce projet politique. Novembre 1783, emprisonné au donjon de Vincennes, Sade écrit à son épouse Renée Pélagie: "Ce ne sont pas les opinions ou les vices des particuliers qui nuisent à l’État; ce sont les mœurs de l’homme public qui seules influent sur l’administration générale. Qu’un particulier croie en Dieu ou qu’il n’y croie pas, qu’il honore et vénère un putaine ou qu’il lui donne cent coups de pied dans le ventre, l’une ou l’autre de ces conduites ne maintiendra ni n’ébranlera la constitution d’un État." La corruption des puissants, voilà l’ennemie: "Que le roi corrige les vices du gouvernement, qu’il en réforme les abus, qu’il fasse pendre les ministres qui le trompent ou qui le volent, avant que de réprimer les opinions ou les goûts de ses sujets!". Et Sade met en garde, à défaut, ces sont "les indignités de ceux qui approchent le Roi qui le culbuteront tôt ou tard." Faut- il, là encore, attendre passivement que la prophétie sadienne se réalise? Elle semble en passe de l’être. de Sade. La réduire à une lettre "dégoutante" est une erreur. L’ignorer est une faute. Il n’est pas trop tard. Dès 1909, le poète, qui avait bien lu, nous livrait le message d’espoir, évoquant deux emblématiques personnages sadiens: "Justine, c'est l’ancienne femme, asservie, misérable et moins qu’humaine; Juliette, au contraire, représente la femme nouvelle que Sade entrevoyait, un être dont on n’a pas encore idée, qui se dégage de l’humanité, qui aura des ailes et qui renouvellera l’univers." Sade a rédigé son œuvre à un rythme impressionnant, écrivant cinq à six pages par jour, comme le suggèrent les dates de début et de fin de rédaction de ses textes présentes en marge. De nombreuses ratures, des passages entièrement repris, des ajouts en interligne montrent un travail de réécriture constant du texte. Dans le dernier cahier, après trois années de travail, il rédigea le "catalogue" de ses œuvres. Si les plus subversives, à commencer par le manuscrit clandestin des 120 Journées n’y apparaissent pas, il recense tout de même, au feuillet 451, pas moins de cinquante nouvelles, écrites sur vingt portefeuilles cartonnés. Relâché le 2 avril 1790, Sade emporta avec lui ses papiers de prison, mais il oublia ou perdit deux de ses portefeuilles dans son déménagement. Il n’hésita pas à écrire au lieutenant général de police pour se plaindre de cette perte. Sade pensait probablement déjà à faire publier ces œuvres, et il envisagea différents titres: "Contes et fabliaux du XVIII ème siècle par un troubadour provençal" puis "Portefeuille d’un homme de goût." En juillet ou août 1800, plusieurs de ces récits rédigés par Sade en prison, ainsi que quelques nouvelles compositions, parurent finalement en quatre volumes sous le titre des" Crimes de l’amour", chez l’imprimeur-libraire Massé. Entre sa publication et son entrée dans les collections patrimoniales de la Bibliothèque nationale, le destin de ce manuscrit demeure mystérieux. Fut-il, comme ses autres papiers, confisqué par la police au moment de son arrestation, en 1801 ? Est-il passé entre les mains d’un admirateur lettré qui aurait pu désirer s’approprier ou collectionner les papiers du marquis ? La date de son arrivée au département des Manuscrits reste énigmatique. Son identité demeure inconnue. De nombreux textes ont été, à un moment ou à un autre, saisis par la police, et ont échappé de peu à la destruction, sous le Consulat, la Restauration et la monarchie de Juillet. La Police obéissait scrupuleusement aux ordres politiques. Louis Philippe ordonna la destruction du manuscrit du "Délassement du libertin". Le fils du marquis de Sade, Armand (1769-1847), ayant appris l’acquisition faite par la bibliothèque, avait tenté d’atteindre le roi Louis-Philippe. La demande, ou supplique, adressée au très puritain roi des Français devait certainement invoquer des notions d’honneur et de morale, le fils du marquis étant prêt à tout pour faire détruire les écrits de son père et tenter d’échapper à la mauvaise réputation paternelle. Protège-moi de ma famille, mes ennemis, je m'en charge. La décision radicale de brûler cette œuvre, qui avait été prise par le roi lui-même, devait finaliser tout un processus de censure de l’œuvre de Sade, le manuscrit ayant déjà été acheté dans le but avoué de le soustraire aux regards. C’est à Champollion-Figeac que l’on doit le sauvetage in extremis des "Crimes de l'Amour." Le dernier cahier des Journées de Florbelle, dérobé en 1825, échappa ainsi au triste sort que connut le reste du manuscrit, lui aussi détruit à la demande d’Armand de Sade, et qui faillit, comme le raconte plaisamment Jean Tulard, mettre le feu à la préfecture de police lors de son autodafé. Les cahiers des "Délassements du libertin" et des "Crimes de l’amour" furent peut-être eux aussi volés à ce moment, comme, les cahiers manuscrits de "Juliette." D'abord réservé à quelques amateurs proches du préfet de police, puis réputé détruit durant près d’un siècle, le cahier des Journées de Florbelle resta caché jusqu’à la fin du XIX ème siècle. Les membres du gouvernement, qu’il s’agisse de Fouché, voire de Bonaparte, étaient donc parfaitement informés des agissements de Sade, connu comme délinquant littéraire depuis des années. La police savait qu’il venait tout juste de finir l’impression de Juliette, et qu’il travaillait déjà à une nouvelle version de Justine. Le jour de son arrestation, Sade espéra sans doute, en se faisant passer pour un copiste travaillant à recopier les récits des autres, calmer le zèle de la police, voire peut-être éviter la saisie de ses papiers. C’était sans compter sur l’imprimeur-libraire Massé, qui révéla à la police l’emplacement où avaient été dissimulés les volumes fraîchement imprimés de Juliette en échange de la liberté. Aujourd’hui encore, les éditions complètes des dix volumes de "l'Histoire de Justine", de "l’Histoire de Juliette", avec leurs cent gravures, sont excessivement rares. S’il ne consulta sans doute pas le manuscrit confisqué, Napoléon eut probablement un exemplaire imprimé entre les mains. À Sainte-Hélène, il raconta en effet avoir un jour parcouru "le livre le plus abominable qu’ait enfanté l’imagination la plus dépravée", sans pouvoir pour autant se souvenir du nom de son auteur. ?Il finit par entrer dans la collection Rothschild, et fut relié dans un recueil d’échantillons d’écriture et d’autographes des plus grands écrivains du XVIII ème siècle: entre Rousseau, Voltaire et Choderlos de Laclos, Sade a finalement trouvé sa place parmi les auteurs de son temps, avant de rejoindre les collections de la BNF, en 1933. Écrivain libertin talentueux, ou fieffé scélérat débauché, Sade brille, dans sa tentative désespérée, de mettre à bas, en tant qu'esprit libre et vagabond, un ordre social et religieux, en déclin à la fin du XVIII ème siècle. Son œuvre, inspirée d'une conscience matérialiste de l'infini, déshumanisant les corps, explore les abîmes sombres de l'âme. Il demeure un grand auteur, capable de nouveauté et d’audace, plaçant la littérature à la hauteur de son exigence. Bibliographie et références: - Henri d’Alméras, " Le marquis de Sade, l'homme et l'écrivain." - Donatien-Alphonse-François de Sade, "L’Œuvre du marquis de Sade." - Emmanuel de Las Cases, "Mémorial de Sainte-Hélène." - Annie Le Brun, "Les Châteaux de la subversion, suivi de Soudain un bloc d'abîme." - Annie Le Brun, "Sade: "Attaquer le soleil." - Annie Le Brun, "Préface à Jean-Louis Debauve, D.A.F. de Sade, lettres inédites et documents." - Annie Le Brun, "Sade, aller et détours" Bonne lecture à toutes et à tous. Méridienne d'un soir.
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Par : le 02/05/20
L’ér?s entre femmes était-il différent de l’ér?s entre hommes en Grèce antique ? Hors de la nécessité de domination typique des sociétés patriarcales, les femmes grecques auraient connu des rapports érotiques où la réciprocité était absolue et l’affection véritable. Alcman, poète spartiate du VII siècle, composait des poèmes destinés à des chœurs de jeunes filles. Celles-ci chantaient leur admiration et leur élan érotique pour plusieurs figures féminines. L’élan érotique se formulait selon une situation exactement inverse à ce que l’on trouve dans les poèmes érotiques dits pédérastiques. La personne qui occupait une position supérieure était représentée comme l’objet du désir de celles qui lui étaient inférieures. Au yeux des hommes, la jeune fille était toujours objet du désir. Le cas des poèmes de Sappho est différent, car certains d’entre eux supposaient un auditoire complétement féminin. L’existence d’une asymétrie dans l’ér?s est essentielle pour comprendre les strophes où Sappho n’est pas protagoniste du rapport érotique, mais simplement assiste à un lien entre deux femmes. Il est essentiel d’utiliser ici le terme de "femmes", car l’idée que les amies, les "phílai" de Sappho étaient toutes des jeunes filles est un préjugé contemporain ou une surinterprétation littéraire. L’interprétation qui va dans le sens d’une réciprocité totale n’implique cependant pas la symétrie: la philót?s est un type de relation qui suppose une réciprocité souvent asymétrique. Si un paîs masculin ou féminin peut non seulement recevoir les dons de l’amant mais aussi donner sa cháris, si un paîs peut chercher son amant et le désirer, un rapprochement entre la philót?s érotique et le rapport de compagnonnage, l’hetaireía, pourrait être significatif: l’hetaireía, en effet, n’est rien d’autre qu’une déclinaison de la relation de philót?s. L'hétaïre étant une compagne ayant reçu une éducation supérieure. Or, un des rapports considéré comme paradigmatique du compagnonnage guerrier, celui entre Achille et Patrocle, montre que la réciprocité entre les deux partenaires ne se base pas sur une égalité d’âge ou de statut social: Patrocle, qui est le serviteur d’Achille et a même peur de lui, est plus âgé qu’Achille, mais inférieur en ce qui concerne la force. La condition de supériorité, pourtant, n’empêche pas Achille de faire cesser sa colère pour venger la mort de son compagnon Patrocle, lui qui émet le souhait d’un tombeau commun avec son phílos hetaîros. Les Grecs anciens ne se définissaient pas personnellement en fonction d’une sexualité, le sexe de la personne désirée n'était pas un critère pour définir et catégoriser un individu. Ils n’ont jamais considéré que pouvaient être regroupées dans une même catégorie d’individus des personnes, hommes et femmes, de tous statuts (citoyens, étrangers, esclaves), de toutes origines et de tous milieux sur le simple critère qu’ils étaient attirés par des personnes de l’autre sexe, ou sur le critère d’une attirance pour des personnes du même sexe. L’étude des textes montre clairement que la première distinction perçue par les Anciens n’est pas celle du sexe mais celle qui oppose les individus libres à ceux qui ne le sont pas, ceux qui disposent de leur corps et ceux dont le corps appartient à un maître, à savoir une très importante proportion de la population, la population servile. De façon générale, quand les Grecs évoquaient les "ándres" ou "gynaîkes", ils désignaienr uniquement la population citoyenne, ou au mieux les individus libres (citoyens, affranchis, métèques, étrangers): de ce fait, ces termes n’ont pas le même sens qu’ont, aujourd’hui, les mots, hommes et femmes. l’hétérosexualité et l’homosexualité, en tant que telles, n’existaient pas dans l’Antiquité. En Grèce ancienne, le caractère désirable d’un corps n’était pas lié à son sexe mais à son statut. Solon, poète et législateur athénien du vie siècle, apporte des indications sur les perceptions grecques des âges de la vie d’un homme libre. Malgré la subdivision arbitraire de la vie humaine en périodes de sept ans, on y peut distinguer cinq moments: l’enfance, quand le paîs n’est pas pubère; l’adolescence, caractérisée par une condition éphémère, car la "fleur" de la peau change et les joues se couvrent de poils; la jeunesse adulte, quand l’homme de vingt et un ans devient néos et n’est plus n??pios, car il est au sommet de sa force et vertu; la maturité, quand l’homme est formé, qu’il se marie autour des trente ans et qu’il a acquis la prudence; enfin, la vieillesse, quand la personne a perdu sa force, mais se trouve au sommet de la sagesse. Cette subdivision ne s’adapte pas aux femmes: chez elles, en effet, on trouve l’enfance; la nubilité (parthenía), qui dure plus ou moins quatre ans et qui est caractérisée par le désir érotique que la jeune fille suscite; la condition, très brève de jeune épouse (nýmph?), qui n’a pas encore enfanté; celle de femme adulte (gyn??), qui est désormais devenu mère; la vieillesse, quand la femme a perdu la possibilité d’enfanter. La future épouse, ainsi, est donnée en mariage par son père ou son tuteur, parfois promise très tôt et avant même que la cérémonie du mariage (le gámos) ne soit célébrée. Enfin, les jeunes filles pouvaient être mariées avant d’avoir leurs premières menstruations. Une question se pose alors: cette asymétrie dans l’âge du mariage fait-elle des hommes mariés des individus aux penchants pédophiles ? Tout le monde percevra l’anachronisme de cette question. Pourtant son équivalent pour les relations sexuelles entre hommes a souvent circulé, preuve que les regards vers le passé sont toujours informés de codes moraux du présent. L’âge du jeune homme n’est pas un critère qui le constituerait comme un partenaire sexuel interdit, car vulnérable; au contraire, sa jeunesse en fait un partenaire privilégié. Le consentement du paîs à la relation est recevable et son amant n’est de ce fait pas un violeur ni un pervers mû par des désirs inavouables. Si, par ailleurs, cette personne joue un rôle dans la formation du jeune homme et s’il est de noble famille, et de bonne réputation, la relation n’en est que plus valorisée. Ainsi, dans le Banquet de Xénophon, le riche Callias, amoureux du jeune Autolycos, invite son aimé et son père à la soirée qu’il organise dans sa maison du Pirée, qui accepte bien volontiers. Nous voilà loin des cadres contemporains de la sexualité surveillée des mineurs. Dans les représentations des historiens, les femmes incarnent aussi le sexe faible par excellence. Faibles parce que sans aucune force physique: Cyrus promet de rendre le fleuve Gyndès si faible que même les femmes pourraient le traverser aisément sans se mouiller les genoux (Hérodote). Le féminin est aussi associé dans les représentations historiographiques à des caractéristiques physiques précises: peau claire, épilation, vêtements, bijoux, maquillage. La lubricité et la recherche excessive des plaisirs du corps ne conviennent donc pas à l'homme viril, l'historiographie comme l'ensemble de la littérature grecque montrent bien que ces vices sont bel et bien féminins. Selon la tradition misogyne grecque, remontant à J'époque archaïque et représentée notamment par les poètes Hésiode et Sémonide d' Amorgos, la femme est un être insatiable, un "ventre creux", constamment affamé de nourriture et de sexe. C'est pourquoi, d'une part, avoiIr une femme à la maIson, c'est cohabiter avec Faim ou Famine. Ces femmes soumises à une libido démesurée se retrouvent de même dans la comédie ancienne, qui regorge de ces représentations de femmes lubriques et ivrognes. Celles qui par exemple, chez Aristophane, planifient de faire la grève du sexe pour rétablir la paix dans la cité, ont peine à s'imaginer devoir vivre en se "privant de verges." La liste des malheurs subis par les femmes, quel que soit l'historien et quelle que soit l'époque, met en lumière la position objectivée de toutes ces femmes face aux entreprises des hommes, quel que soit leur niveau social. Le féminin considéré comme genre ou symbole évoque, en accord avec la vulgate littéraire, mythique ou philosophique, l'idée de lâcheté, de faiblesse, de démesure ou de violence incontrôlée. Enfin, si les vices associés au féminin semblent permanents d'un historien à l'autre, il en va de même pour les vertus dites féminines. Les historiens attribuent tous aux femmes des qualités qui leur sont propres. Mais cet idéal fait de modestie, de dévouement et de soumission impliquait que les femmes ne sortent pas de la sphère d'activité qui leur est dédiée, de l'univers domestique et familial. La femme était considérée vertueuse si elle possèdait ces qualités et si elle se conformait au rôle qui lui était attribuée. Bibliographie et références: - Callimaque, "Hymnes" - Déméter, "Les Hymnes homériques" - Foucault M, "L’invention de l’hétérosexualité" - Hérodote, "Histoire" - Hésiode, "La Théogonie" - Homère, "Odyssée" - Homère, "L’Iliade" - Pausanias, "Description de la Grèce" - P. Chantraine, "Dictionnaire étymologique de la langue grecque" - Platon, "République" - Platon, "Le Banquet" - Plutarque, "Vie de Sappho" Bonne lecture à toutes et à tous. Méridienne d'un soir.
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Par : le 01/05/20
L'ombre peu à peu avait envahit la cave. Charlotte n'arrivait plus à distinguer la fissure dans le plafond à laquelle elle avait fixé son regard. La position dans laquelle elle s'était elle-même figée depuis près d'une heure commençait à la faire souffrir. Passaient encore les fourmillements dans les jambes et les bras attachés. Elle en avait l'habitude maintenant. En remuant les doigts, en bougeant les pieds, elle arrivait toujours à relancer la circulation du sang. Le plus insupportable, c'était cette douleur, à l'articulation des cuisses. Elle avait fait preuve de trop de zèle, tendant les chaînes au maximum de ce que lui permettait l'écartement de se ses jambes. De part et d'autre de son visage, ses genoux touchaient presque les barreaux. Elle avait aussi trop serré le bas. Il lui distendait les lèvres comme le mors d'un cheval. De temps à autre enfin, il lui fallait empoigner les barreaux pour soulager ses bras de la tension dans laquelle ils étaient soumis. Que faisait donc Xavier ? Dans la rue, les lampadaires s'allumèrent les uns après les autres. Leur lueur orangée innonda la cave. Le cœur de Charlotte s'emballa: toute à son excitation. Et s'il avait décidé de ne pas venir en lui jouant un tour cruel, celui de charger le hasard de choisir celle ou celui qui la découvrirait ainsi harnachée, nue et enchaînée. Mais non, c'était impossible, il l'aimait. Charlotte se sentait en danger constant, tant la curiosité des visages la dévorerait, et qu'elle serait fouettée par l'un ou par l'autre, non pas à la vérité qu'ils s'en aperçurent mais sans doute chaque fois qu'ils auraient eu envie de l'humilier ou de la posséder. Et si, il avait encore eu l'envie de l'offrir à des inconnus. Charlotte avait beau tenter de rejeter de toutes ses forces cette idée, celle-ci la tenaillait et ne la lâchait plus. C'était cela, Xavier voulait l'offrir. Il leur avait dit qu'ils trouveraient là une jeune femme, esclave sexuelle, qui n'atteignait le plaisir qu'en donnant vie à ses fantasmes. Elle mimait la résistance, mais c'était pour mieux en jouir. N'avait-elle pas elle-même avoué qu'elle affectionnait particulièrement l'idée du viol ? Des pas retentirent dans le couloir. Elle cessa de respirer. Une clé tourna dans la serrure. La porte s'ouvrit. Charlotte distingua une silhouette dans l'ambrasure. La lumière l'aveuglait. C'était Xavier mais il n'était pas seul. Celle qui l'accompagnait, les mains sur las hanches, la considérait d'un oeil narquois. C'était une jolie fille élancée à la peau bronzée. Son bustier en lamé noir, son short ultracourt sur des bas résilles et des cuissardes à hauts talons ne laissaient planer aucun doute: une pute. Xavier avait amené une putain. Hébétée, Charlotte portait alternativement son regard de l'un à l'autre. Il l'évitait avac soin. Lui tournant le dos, il alla jusqu'à la fenêtre de la cave et, les mains dans les poches, observa la jeune femme en attendant qu'elle se soit déshabillée. Toisant Charlotte, à sa merci, nue et attachée, elle fit glisser son string le long de ses cuisses. Elle avait des jambes longues et musclées; en bas de son ventre, son pubis lisse se distinguait à peine, velours nacré sur la chair hâlée. Lorsqu'elle dégrafa son étroit bustier, ses seins comprimés en jaillirent comme des fauves. Tout en elle dégageait une étrange impression de sauvage énergie, d'animalité indomptée, jusqu'à sa machoire figée en un rictus menaçant contre laquelle dansaient des boucles d'oreilles en longs losanges effilés et cette queue-de-cheval haut placée sur la tête à la manière des Amazones d'autrefois. Elle se coucha en travers du lit, les mains derrière la nuque. - Tu viens, mon chéri ? minauda-t-elle. Xavier se débarassa de ses vêtements. Lorqu'il s'approcha du lit, Charlotte remarqua qu'il ne bandait presque pas. - Fais ton job, dit-il à la putain. Elle empoigna le pénis d'une main, passa l'autre sous les testicules, comme pour évaluer leur poids. - Allez, je suis sûre que t'as là-dedans de quoi m'en foutre partout. Abasoudie de surprise, Charlotte regardait sans réagir la main de la jeune femme solliciter avec adresse le sexe de Xavier dont l'érection se faisait de plus en plus puissante. Ses lèvres gobèrent le pénis tendu. Xavier, les yeux clos, serrait les dents. Pendant quelques instants, il n'y eut plus dans la cave que les bruits de succion de la fille et le cliquetis des chaînes dans lesquelles Charlotte commençait à s'agiter. La prostituée prit la pose pendant que Xavier enfilait un préservatif. Lorsqu'il la pénétra, elle poussa alors un gémissement de plaisir. Même en se tordant le cou, Charlotte ne pouvait pas les voir mais elle les imaginait aisément. Ondulations élastiques, mouvements synchrones, halètements convenus. Tout cela l'écoeurait. Elle renversa la tête sur l'oreiller. Pourquoi Xavier lui avait-il seulement demandé de s'attacher et de se bâillonner ? Pourquoi ne lui avait-il pas également permis de se bander les yeux ? Quelle perversité était la sienne pour vouloir lui imposer un tel spectacle ? Elle tressaillit. Des doigts venaient de se poser sur son sexe. On voulait aussi qu'elle participe à la fête des sens avec une putain. Relevant la tête, elle distingua une main, qui commença à la fouiller entre ses cuisses. Déjà des doigts hargneux s'engageaient en elle. D'autres cherchèrent à écarter le passage de ses reins pour forcer son anus. Elle se débattit autant que lui permettaient ses liens, voulut crier mais ses cris s'étouffèrent dans sa gorge. Xavier ne voyait rien. Il n'entendait rien. Il continuait de défoncer la putain qui, gémissant fort pour couvrir les plaintes assourdies de sa prisonnière, répercutait chaque coup reçu au fond du ventre de Charlotte. Elle était là, attachée sur un lit, à entendre l'homme qu'elle aimait s'acharner sur une inconnue qui lui faisait payer le prix de sa fureur. Xavier enfin donna les ultimes coups de reins. La putain abandonna aussitôt Charlotte et feignit un orgasme démesuré. Il se releva et jeta sur le lit une pelotte de ficelle et alla prendre une chaise qu'il disposa près du lit. - Tu sais ce qu'il te reste à faire, tiens voilà les clés des menottes et des cadenas. Termine ton job et casse-toi. Le ton de la voix n'admettait aucune réplique. La prostituée se contenta de hausser les épaules tout en tassant ses seins dans son bustier. Charlotte cherchait en vain à capter le regard de Xavier. Elle essayait de comprendre. Quel job la fille devait-elle donc terminer ? Pourquoi ne la détachait-il pas lui-même ? Mais il gardait les yeux fixes. Son visage marmoréen n'exprimait qu'une grave détermination. Elle le vit s'asseoir sur la chaise, de lui-même se passer les mains derrière le dos et, d'un léger mouvement de la tête, donner à la pute l'ordre de commencer. En soupirant, celle-ci déroula une longueur de ficelle et lui attacha les poignets qu'elle fixa ensuite solidement au dossier. De la même façon, elle lui entrava les bras, les chevilles, les jambes, le torse et la taille jusqu'à ce qu'il soit totalement immobilisé, comme soudé à la chaise, le sexe lourd pendait entre les cuisses légèrement ouvertes. Charlotte vit alors la fille s'approcher à nouveau, s'asseoir près d'elle et se pencher tout contre son visage. Bientôt, elle alla s'installer entre ses jambes en les maintenant écartées en hauteur. La façon dont elle se tenait lui donnait l'air d'un étrange gynécologue. Elle la vit poser les mains bien tendues de part et d'autres de sa vulve avec une douceur inattendue. Elle sollicita les grandes lèvres pour les écarter peu à peu du bout des doigts. Leur contact, même s'il demeurait ferme, n'avait plus du tout la sauvagerie d'auparavant. Elle ouvrit le sexe offert avec soin. Charlotte ferma les yeux. Elle cherchait à se concentrer sur le plaisir que cette fille exigeait d'elle. Il devait venir. Elle devait à tout prix réussir à jouir. La putain passa plusieurs fois la langue sur ses lèvres et, tout en le maintenant ouvert, les approcha du sexe humide de Charlotte. De l'entrée du vagin jusqu'au clitoris, elle procèda à de longues succions. Étape par étape, elle aspira la chair tendre des petites lèvres, les caressant avec la langue, les frôlant parfois des dents, puis les abandonnant pour recommencer ailleurs, un peu plus haut ou un peu plus bas. Charlotte survolait la cave. Une fille, attachée et nue, était écartelée sur un lit. Une putain, également nue, la suçait. Un homme, bronzé et nu, liè à sa chaise les observait toutes les deux. De sa langue, large et souple, la pute enroba le clitoris de Charlotte, l'excita pour l'éveiller, pour l'obliger, à se redresser et à prendre de l'ampleur sous sa caresse. La chair se gonfla alors. Simultanément, des pouces elle redessinait l'entrée du vagin, en soulignant les contours humides. Un doigt s'insinua dans son anus en le dilatant peu à peu. Le viol de ce territoire interdit fit naître dans le ventre de la captive d'irrésistibles ondes électriques. Charlotte creusa alors les reins. La fille comprit l'invitation. Abandonnant la vulve, elle concentra ses caresses sur la voie étroite. Elle élargit des doigts l'anneau anal à travers lequel elle poussa profondément la langue. Lorsqu'elle eut suffisamment préparé le passage, la fille posa le pouce contre l'anus de Charlotte et l'enfonça lentement, de toute sa longueur, jusqu'à la paume. Quand il fut bien planté au fond, s'en servant comme d'un axe, elle fit pivoter sa main de gauche à droite, les doigts repliés sur l'entrée du vagin. Sans cesser son mouvement de balancier, la putain plongea sa main plus profondément dans le sexe de Charlotte, éprouvant entre pouce et doigts l'élasticité de la fragile cloison. De l'autre, elle écarta les petites lèvres pour dégager le clitoris. Puis elle se reconcentra à nouveau sur l'anus. Elle avait décidé de la pénétrer avec le poing. À l'instant même où le poignet atteignit le fond de ses entailles, Charlotte se convulsa longuement dans ses chaînes et tremblait encore lorsque la fille, s'étant rhabillée, lui détacha les mains. Malgré elle, des ondes de plaisir la parcouraient encore, comme un orage qui ne s'éloigne que peu à peu, abandonnant ça et là d'ultimes grondements. Libérée de ses liens, elle se sentait plus impuissante encore que lorsque les chaînes l'entravaient. Les larmes lui montèrent aux yeux comme un torrent. Elle se mit à pleurer frénétiquement, sans bruit mais les épaules secouées de spasme, et cela dura longtemps. Elle dut dormir un peu. Xavier dormait-il lui aussi ? Elle n'osait se tourner vers lui. Son souffle était inaudible. Pourquoi l'avait-il contraint à une telle séance ? Avait-il voulu la faire souffrir ? Rien dans son attitude n'avait pourtant trahi un quelconque plaisir à une situation si humilainte. Cela n'était donc pas un jeu, plutôt un passage obligé, un rituel auquel lui-même n'aurait pu échapper. Qu'avait-il donc voulu lui prouver ? Elle tendit l'oreille, à l'affût d'un signe de Xavier. Elle se rappela à ce moment-là qu'il avait un bâillon. Elle se leva et se précipita vers lui. Il gardait les yeux clos mais il ne dormait pas. L'enjambant, elle s'assit sur lui, les bras autour de ses épaules, les lèvres contre les siennes. Il posa le front contre sa poitrine. Elle sentait au bout de ses seins la caresse de son menton mal rasé. Charlotte sentit son pénis se dresser sous ses fesses. Elle le laissa la pénétrer là où elle avait déjà joui. Bonne lecture à toutes et à tous. Méridienne d'un soir.
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Par : le 29/04/20
Quand on la libéra enfin de la croix, aux premières heures de la nuit, chancelante et à demi endormie, Charlotte glissant dans les bras de Juliette, eut juste le temps, avant que tout eût tourné autour d'elle, et que toute émotion l'eût quittée, d'entendre la voix cruelle de Juliette, briser le silence régnant dans l'assemblée des couples masqués venus assister à son dressage, prononcer froidement la sentence: - Qu'on l'harnache fermement et qu'on l'élargisse; quand elle sera prête. Elle sera à vous. Elle sentit qu'on la tirait en avant, et marcha. Le contact de ses pieds nus qui se glaçaient sur le sol de pierre finit par la réveiller; la maîtresse des lieux, entièrement vêtue de cuir, traversa la salle en la tirant par une laisse puis monta sur une estrade surmontée d’un majestueux fauteuil. Là, elle la fit s’asseoir à ses pieds sur le sol, s’assit à son tour et fit signe à l’assemblée de reprendre les festivités. Il devait bien avoir une vingtaine d’invités, habillés en tenue de soirée, regroupés autour d'un grand lit en fer forgé noir, érigé en autel au centre de la salle. Il lui parut naturel de la préparer ainsi dans sa condition d'esclave marquée et annelée afin qu'elle fut prête. La maîtresse des lieux prit grand soin, rituellement de lui renverser les jambes pour qu'elle pût la voir en détail. Sur son ventre nu, le monogramme affichait son appartenance de soumission. Intégralement rasée, lisse, offerte, ouverte à ses désirs ou à ceux des inconnus à qui elle la destinait, ses grandes lèvres portaient deux anneaux d'or. Une jeune soumise nue, à la tête rasée, déploya à ses pieds un harnais en cuir noir, faisant luire l'acier des anneaux qui maintenaient les sangles entre elles; elle se glissa derrière elle et entoura le buste des bras pour le comprimer sur la poitrine de Charlotte; elle cercla chaque sein par les plus gros anneaux; ensuite, elle fixa une première boucle sur la nuque, vérifia le centrage des seins dans leur bonnet métallique et attacha fermement la seconde sur les reins. Il ne lui resta plus qu'à se baisser, à passer les doigts entre ses cuisses et à saisir la dernière sangle qui pendait à l'avant; elle la fit alors venir vers elle pour la remonter entre les fesses jusqu’à la boucle fixée sur l’anneau dorsal; la sangle se plaça ainsi d'elle-même dans l'axe du sexe, et le cuir, écartant les chairs, creusa un sillon sombre entre les grandes lèvres. Enfin, on glissa profondément entre ses reins un large rosebud anal afin d'élargir son anus Jamais son sexe ne fut autant mis en valeur; la sangle verticale, qui écartait douloureusement ses chairs intimes, accentuait la ligne de ses grandes lèvres, de sorte que l’ensemble de la vulve semblait avoir doublé de volume tant elle était comprimée; elle demeura interdite devant l’image que lui renvoyait le miroir. Jamais elle n'accueillit avec tant de joie, les bracelets qui joignaient ses poignets et le collier trop serré à son cou, annonçant son supplice. Sans qu'on l'interrogeât, on entendit des gémissements autour de l'autel, où maintenant des corps s'entremêlaient. Une grande femme brune, aux seins fermes, à peine dissimulés sous un chemisier transparent, chaussée d'escarpins Louboutin, aux jambes interminables, galbées dans des bas à couture noirs, s'offrait à trois hommes qui la prenaient, allant et venant, dans les trois voies qui leur étaient offertes, pour finalement se répandre dans sa bouche. Plus loin, la soumise à la tête rasée, les cuisses renversées, gémissait sous les caresses d'une jeune fille, raidie sous sa langue. Dans une alcôve plongée dans la pénombre, une ravissante blonde aux cheveux courts, commençait à se déshabiller; sa jupe flottait au gré de ses mouvements; par moments, elle s’ouvrait sur le côté laissant apparaître la blancheur d’une cuisse nue jusqu’au niveau de l'aine; elle attrapa le bas de la jupe et la fit voler, découvrant volontairement ses jambes au regard de l’assistance; elle défit les boutons de son chemisier dévoilant son ventre en ondulant des hanches dans un balancement lascif; un homme s'enhardissant lui ôta; le soutien-gorge descendu fit apparaître l'aréoles de ses seins. Elle s’exhibait sans retenue; deux autres invités s’approchèrent, un dégrafa le soutien-gorge, libérant les seins qui étaient déjà fièrement dressés; il les caressa et les malaxa sans douceur; le second attoucha ses fesses; elle était maintenant nue. De nombreuses mains prirent alors possession de son corps offert, aucune partie ne fut oubliée; les doigts fouillèrent son vagin et son anus; elle demanda à être prise; un homme s’allongea sur elle, la pénétra tout aussi rapidement et commença des mouvements de va-et-vient; un sexe s’approcha de sa bouche, elle happa le membre viril qui s'enfonça dans sa gorge. Un cercle se forma bientôt autour de l'alcôve, avec autant de verges tendues que de participants, n’attendant plus que sa langue et sa bouche pour les enjôler; elle voletait de l’un à l’autre, au gré de leur ardeur; le premier à se libérer maintint fortement sa tête, jusqu’à que la source ne fut tarie; elle avala la précieuse semence qui inondait sa gorge; l’un après l’autre se délivrèrent; le sperme coulait de ses lèvres, en filaments visqueux qui se balançaient sous son menton; l'un des invités se coucha sur le dos et la fit l’allonger sur lui, il la bloqua aux épaules et la pénétra en la forçant à se cambrer. Pendant qu’il la prenait, un autre s’intéressa à son orifice le plus étroit et y introduisit alors un doigt; approchant sa virilité de ses reins offerts, il la sodomisa brutalement avant de se retirer libéré; un autre, stimulé par la facilité à laquelle elle se prêtait à cette double pénétration, prit rapidement la place et éjacula en longues saccades; ils furent trois à choisir cette voie exiguë, à mêler leur foutre dans les entrailles de la jeune femme masquée qui n'était plus qu'un réceptacle béant. Du plafond pendaient des cordes. Le seul objet qui fût au plafond, à la même hauteur que la croix de saint André était un gros anneau brillant, où passait une longue chaîne d'acier. On attacha Charlotte par ses poignets, debout les bras écartés, face à l'assemblée, offrant son corps nu, au reflet d'or des flambeaux qui ornaient chaque angle de la cave. Juliette s'approcha, contempla les deux seins arrogants qui s'offraient à elle et étonnamment avec des gestes plein de délicatesse, dégrafa le harnais, après avoir passé la main sur le ventre, s'assura que son anus était forcé par l'épais rosebud. Un peu de rougeur monta au visage de la jeune femme, tandis qu'une douce chaleur envahissait son intimité. Les yeux de Charlotte regardaient la croix, mais ne virent pas la jeune esclave qui retirait un carré du tapis, libérant un miroir dans lequel étaient creusées, à une distance convenable, de chaque coté, deux encoches en forme de pied. La maîtresse des lieux attira Charlotte au dessus du large miroir que rien n'illuminait. Alors du plafond descendirent les deux cordes sur lesquelles étaient reliées deux bracelets en cuir. Béatrice en fixa un à chaque poignet de Charlotte et les cordes s'élevèrent, entraînant les mains de la jeune femme anxieuse; ses bras formaient un angle ouvert au dessus de ses épaules; les longes s'arrêtèrent de monter, une lueur douce et dorée s'éleva du miroir, illuminant les cuisses de la soumise; ainsi exhibée, face à l'assistance; l'ordre pour elle, était de se montrer obéissante tout au long de la soirée. Juliette examina longuement les seins insolents, elle posa ses mains sur les globes fermes et de douces caresses les parcoururent. Charlotte ferma les yeux, se laissant griser par le reflet du miroir de l'intimité qu'elle offrait impudiquement aux invités. Alors la maîtresse des lieux prit un martinet au poil soyeux et, doucement, effleura un mamelon d'une lente caresse sur la pointe extrême; une sensation délicieuse envahit le corps de Charlotte, parcouru de frissons. Cuisses serrées, Charlotte tordait doucement son bas-ventre que gagnait la jouissance, et Juliette suivait, penchée sur le miroir, la danse voluptueuse de la croupe soumise; de profonds soupirs s'échappaient de ses lèvres; elle comprit que loin de vouloir l'épargner, on échauffait son corps pour la battre ensuite. Elle regarda son bourreau, mais déjà le visage s'était revêtu d'un masque impassible et les lanières en cuir effleuraient ses seins frémissants; on éloigna ses chevilles pour que ses pieds se placent dans les encoches du miroir au sol; ainsi écartelée, Charlotte se tint aux cordes tendues. Alors sous l'excitation, elle ne se posséda plus; ses cuisses frémirent, son ventre se tendit, se recula et les contractions nerveuses, ouvrirent sa vulve au dessus du miroir. Charlotte râla de jouissance; dans un sursaut, elle referma ses cuisses, mais Juliette la saisit et la remit dans les encoches. Elle s'abandonna et ne refusa pas le spasme qui montait en elle. On emprisonna fermement ses chevilles dans deux bracelets scellés au sol pour tenir ses jambes immobiles. De nouveau, Juliette levait le bras et une méthodique flagellation commença. Les coups étaient dosés, mesurés pour ne pas blesser Charlotte qui, les yeux clos, sentait monter en elle une chaleur intense; sa poitrine était secouée par des coups de plus en plus secs, comme une caresse de feu qui irradiait sa chair. Les seins devenaient de plus en plus marqués. Soudain, Juliette frappa de bas en haut sous les globes, qui musclés et durs, frémirent à peine et parfois, sous un coup de coté, ils se choquaient entre eux. Puis on la cingla en tout sens de façon à l'entendre hurler et au plus vite. L'orgueil qu'elle mettait à résister ne dura pas longtemps; on l'entendit même supplier qu'on la détachât, qu'on arrêtât juste un seul instant; c'était comme une caresse de feu qui irradiait sa chair, la faisait frissonner tandis que des stries rougeâtres apparaissaient. Elle se tordait avec une telle frénésie pour échapper aux morsures des lanières qu'elle tournoyait presque sur elle même, les bracelets enfermant ses chevilles devenant lâches; tout comme un pantin, elle s'agitait dans ses entraves; son ventre se tendait, son sexe contorsionné s'ouvrait, se fermait; son reflet dans le miroir attirait le regard lubrique des invités. Alors la maîtresse des lieux la frappa encore plus fort et dès cet instant, les coups ne s'égarèrent plus, sinon délibérément. Une chaleur intense inonda la poitrine de Charlotte comme une boule de feu; ses seins, plus violemment heurtés, se choquèrent dans un bruit mat, les lanières s'entouraient autour d'eux, giflaient la chair, écrasaient les pointes en cinglant les aréoles. La maîtresse des lieux, après trois derniers coups, cessa de la flageller pour écarter ses cuisses. Elle plongea ses doigts humides dans l'intimité moite, constatant non sans fierté, que la soumise avait réellement joui. Les portant à sa bouche après, elle les lècha longtemps entre ses lèvres, se délectant de l'éjaculat mêlé à la cyprine. Les invités l'observaient attentivement et commentaient chaque fois que la main qui la tenait, la fouillait, revenait, de plus en plus profondément, à la fois dans son ventre et dans ses reins qui s'enflammèrent. Le silence tomba; seuls s'élevaient de l'assemblée, les soupirs profonds de la suppliciée, les gémissements des femmes masquées se donnant aux hommes. On la détacha pour la conduire sur le lit en fer forgé qui trônait en autel au centre de la salle. La maîtresse des lieux fit alors venir un esclave mâle endurant et bien bâti, dont elle s'était assurée par une longue privation à toute satisfaction, de sa capacité à se raidir, avant d'être forcé à répandre son foutre là où elle exigerait qu'il le fut, avec la préférence qu'elle lui connaissait à toujours choisir l'orifice le plus étroit, commun aux hommes. Elle lui ordonna de rejoindre Charlotte. Elle trouva un coussin, y appuyât ses mains les bras tendus, les reins offerts. Alors, avec une angoisse folle, elle sentit derrière elle, un autre homme qui quitta l'assemblée pour rejoindre l'estrade. En quelques secondes, il lui lia les mains derrière le dos. Nue et écartelée, son sexe et ses intimités béants s'offraient à la vue des deux autres dont elle sentait le souffle chaud frôler son dos; elle voulut crier, mais la peur la paralysait. L'invité lui malaxait les seins, pressant les pointes avec force; des doigts s'infiltrèrent entre ses fesses, forcèrent l'étroit pertuis de ses entrailles; le sexe de l'esclave, nu et harnaché, était encagé dans une poche faite de lanières cloutées. Un trouble mélangé de honte, de volupté, de rébellion et d'impuissance à la fois la saisit. Cherchant le regard de l'invité, mais celui-ci, les yeux fixés sur l'anus, ne relevait pas les paupières jusqu'au visage de Charlotte; il força brusquement ses reins avec son doigt en la pénétrant avec violence; surprise par la douleur, elle tenta d'échapper à l'index qui continuait à vouloir s'insinuer en elle; elle se cambra de toutes ses forces; le doigt se retira aussi brutalement qu'il était entré et vint se promener sur ses lèvres, qui furent écartées et ouvertes pour que sa bouche fût imprégnée du goût âcre de sa cavité. Obéissant à la maîtresse des lieux, l'esclave mâle ôta le rosebud anal qui dilatait déjà l'anneau de chair de Charlotte pour le substituer par de plus épais afin de l'élargir davantage; un sourd gémissement marqua l'écartèlement de l'étroite voie, souillée par un braquement menaçant et oblong; fesses tendues, bouche tordue par la jouissance impérieuse, elle râlait doucement, goûtant avec ferveur le cruel supplice raffiné; mais le gode, plus gros encore, distendit la chair, tandis que la main de l'homme appuyait à peine pour faire pénétrer le phallus en elle. Et un autre prit la place dans la gaine gluante et chaude, distendue mais docile et souple; l'anus plissé disparaissait derrière le renflement émergeant au milieu de l'olisbos. Mais le gode saillant était énorme et noueux, zébré de veines saillantes; l'homme poussa avec force, avec un intense bruit de succion, tandis que les sphincters s'ouvraient et se fermaient aspirant l'olisbos sous les regards lubriques des invités; sa croupe s'infléchit, l'anus résista un peu tandis que Charlotte sentait une souffrance sourde monter dans ses reins, puis la voie céda; il lui sembla que ses muscles se déchiraient, que son cul s'emplissait totalement; la bouche ouverte, un râle s'arrêta au fond de sa gorge, les yeux hagards, elle demeura tendue, haletante, puis il y eut un cri, suivi d'un sursaut de mouvements convulsifs, le gode énorme fut aspiré. Elle s'affaissa sur le coté, les doigts crispés sur le coussin. Pour la maîtresse des lieux, le jeu avait assez duré; elle ordonna à l'esclave mâle d'ôter la cage de cuir qui emprisonnait son sexe; libéré, le membre monstrueux se tendit aussitôt; non sans impatience, il lâcha le factice. Sur un signe, tous les invités se levèrent en silence et vinrent en demi-cercle, autour du lit érigé en autel, pour contempler le spectacle. Le gland affleura, puis le membre tout entier s'enfonça, et l'étalon sodomisa Charlotte; un bruissement gras s'éleva, silencieuse, elle se laissa enculer et nul ne songea dans l'assemblée à faire cesser son sacrifice; il se retint une dizaine de minutes avant de se libérer en longues saccades dans les entrailles de la suppliciée; l'homme qui les avait rejoint ne tarda pas à le remplacer; il la plaqua sur le dos et écarta ses reins afin qu'un autre puisse s'introduire simultanément en elle, glissant dans le sperme. Ce fut une dizaine d'hommes qui se succédèrent, remontant et frappant au fond de la gaine de ses reins. Pour Charlotte, la douleur ressentie lors de la double pénétration se transforma en jouissance. Le corps marqué par de longues estafilades, elle avait gémi sous les coups de Clothilde comme jamais sa Maîtresse ne l'avait fait gémir, crié sous le choc des membres des invités, comme jamais elle avait crié; elle devait leur être soumise et les accueillir avec le même respect avec lequel elle accueillait Juliette; elle était là dans la soirée pour servir de réceptacle à la semence des hommes, qu'elle devait recevoir par tous les orifices prévus par la nature, sans bien entendu jamais protester ni même trahir un quelconque sentiment. Lorsque tous les invités furent assouvis, on la conduisit dans sa chambre et on l’étendit sur un lit. Souillée de sperme et de sueur, le corps labouré par le fouet, on lui donna un bain, et elle s'endormit. Hommage à Charlotte. Bonne lecture à toutes et à tous. Méridienne d'un soir.
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Par : le 29/04/20
Le sadomasochisme est une relation particulière dans laquelle deux partenaires s’engagent dans une relation dominant/dominé, de façon adulte et consentante et qui n'engendre aucun préjudice physique ou moral pour les pratiquants ou le public. C'est un choix individuel et libre. L'activité existe uniquement par celui qui le conçoit et par celle qui va le faire vivre, ou inversement. Aucune loi ne la régit, à part des règles de sécurité. Il y a autant de BDSM différents que d'individus qui le pratiquent. L'important est de se connaître afin de vivre au mieux ses fantasmes. Aucune pratique n'implique obligatoirement le passage à l'acte sexuel. Toutefois, il est fréquent de la voir interprétée par les participants comme un prélude érotique. Les pratiques BDSM ont un poids psychologique essentiel, voire fondamental. C'est le cas dans celles qui ont une forte dimension de soumission ou de domination liée à un statut ou une situation. Les partenaires pratiquent ces jeux afin d'obtenir, par l'exacerbation de leurs sens et de leurs fantasmes, un désir sexuel plus intense. La douleur psychologique, humiliation ou physique peut devenir souffrance. Mais la douleur devient plaisir lorsque la charge d'endorphine couvre le choc de la douleur. Ceux qui le découvrent seront toujours en quête, car dans ce cas, le désir est accru. Il ne faut pas confondre BDSM avec sadomasochisme, la dimension de douleur est nettement moins présente dans le BDSM qui se centre principalement sur l'aspect domination et la dimension psychologique. Pour certains adeptes, le plaisir sexuel se double d’une décharge d’endorphine, et la douleur plonge l’individu dans un état d’euphorie très intense. Depuis l’origine de l’homme, douleurs et plaisirs ont entretenu des rapports extrêmement ambigus. La douleur et le plaisir sont les deux faces opposées d’un même corps , tel Janus le dieu romain aux deux visages, complémentaires et sans doute indissociables des comportements humains. De nombreuses règles peuvent régir les comportements, les autorisations et interdictions des deux personnes, sous la la forme d'un contrat généralement écrit. Un journal peut aussi être tenu à jour quotidiennement. Ces engagements font partie de ce qui peut structurer une relation BDSM sans incorporer encore une fois, nécessairement des actes sexuels. Le plus célèbre des contrats est sans nul doute celui qui lie Sacher-Masoch à Mme Dunajew: ainsi Séverin s’engage-t-il, sur sa parole d’honneur, à être l’esclave de Mme Wanda Dunajew aux conditions qu’elle demande et à se soumettre sans résistance à tout ce qu’elle lui imposera. Les pratiquants BDSM affectionnent ce type de contrat qui stipule des règles précises à respecter, énonce les statuts des uns et des autres. À titre d’exemple, dans le roman "La Vénus à la fourrure": "L’esclave, anciennement libre de sa propre personne, accepte et établit qu’il veut et a l’intention de se livrer complètement entre les mains de son Maître. Le Maître accepte et établit qu’Il veut et a l’intention de prendre possession de l’esclave. Par signature de ce contrat d’esclavage, il est convenu que l’esclave donne tous les droits sur sa propre personne, et que le Maître prend entièrement possession de l’esclave comme propriété." Dans ce contexte, l’individu devient soumis, non pas parce que cet état est inscrit dans sa nature, mais parce qu’il le désire. En outre, il le devient, non pas parce qu’il n’a pas de biens propres, de nom ou de corps: il le devient justement parce qu'il a un corps et que ce corps lui appartient. Le dominant prend possession de lui et il devient sa propriété. Dès lors, le rôle de la soumise ou du soumis est défini. En ce sens, les pratiques BDSM sont transgressives car elles remettent en cause la notion juridique de personne en tant que fait fondamental du droit, c’est-à-dire qu’elles remettent en cause la liberté de jouir de sa propre personne. Cependant, c’est oublier que nous sommes dans le cadre d’un jeu de rôle et plus exactement, dans une modalisation. C’est-à-dire que la relation BDSM prend pour modèle la soumission mais lui accorde un sens tout à fait différent. Ainsi, si le contrat stipule que la Maîtresse ou le Maître prend entièrement possession de la soumise comme propriété, il précise également que, si elle sent qu’un ordre ou une punition va nettement au-delà de ses limites, elle peut faire usage d’un mot de passe convenu avec le Maître pour stopper immédiatement une action ou une punition. De même, la soumise ou le soumis peut user d’un mot de veto convenu avec son Maître pour refuser un ordre qui mettrait en péril sa vie professionnelle ou son intégrité physique. Lors d'une séance, c'est le fameux safeword qui, utilisé par la personne qui se soumet, indique au partenaire qu'il doit immédiatement et sans discussion interrompre l'action en cours, et la délivrer de toutes contraintes éventuelles aussi rapidement et prudemment que possible. La négociation des fantasmes permet donc toujours de fixer des limites, des frontières à ne pas dépasser. On ne le répétera jamais assez aux novices en soumission, le safeword est toujours à considérer comme appelant une réaction de la plus haute urgence, quelle que soit la situation, et aussi anodine puisse-t-elle paraître aux yeux de celui qui contrôle les événements. Le contrat BDSM a pour fonction de préciser que l’on ne se situe surtout pas dans une véritable relation de sadomasochisme au sens classique du terme. Dans l’univers BDSM, le contrat de soumission n’est qu’un simulacre dans le sens où masochisme et sadisme ne s’y rencontrent jamais à l’ état pur. Des individus acceptent néanmoins, pour un temps donné, d’endosser le rôle du sadique ou celui du masochiste. Le véritable sadisme n’est-il pas d'infliger une douleur non souhaitée, non espérée, non désirée ? Le véritable sadisme n’est-il pas dans l’authenticité de la souffrance ? C’est la raison pour laquelle le véritable sadisme ne fait pas en principe partie de l’univers SM. Le BDSM n’est jamais négateur de l’autre. Ni le désir ni le plaisir de l’autre ne sont ignorés. Il s’agit bien plus de trouver un consensus, de délimiter un territoire où chacun des protagonistes trouvera plaisir et satisfaction. Dès lors, de quelle manière le dominant prend-il véritablement possession du dominé ? Le contrat BDSM, formel ou tacite, est nécessaire pour amorcer la relation; il crée une rupture avec le quotidien et instaure un espace de jeu. Celui-ci n’est pas fixe mais au contraire peut varier dans le temps et dans l'espace. Il peut s’agir d’un donjon, d’un lieu privé, voire d’un lieu public. Toutefois, au-delà des décors et des situations, l’espace du jeu se focalise avant tout sur le corps de la personne dominée. Le corps devient le lieu même de l’action puisque le dominant l’utilise tel un objet et exerce une action sur lui. La Maîtresse ou le Maître accepte la responsabilité du corps et de l’esprit de la personne dominée et, tout en ne mettant pas en danger la vie de la soumise, ou du soumis, édicte des règles de comportement, comme par exemple, d'exiger d'elle ou de lui, de vivre en permanence avec des signes de soumission, ou de se faire tatouer, de percer ou de se faire percer le corps. En d’autres termes, prendre possession de la soumise ou du soumis, c’est prendre possession de ses territoires, et surtout de ses territoires les plus intimes: le corps et l’esprit. Dès lors, l’espace du jeu se décline n’importe où, n’importe quand. Même si les décors ont une importance, parce qu’ils véhiculent une certaine atmosphère, le jeu peut se dérouler dans n’importe quel lieu public, à l’insu des autres. La domination consiste alors à choisir pour l’autre, à décider de ses attitudes ou de son comportement. Le jeu sadomasochiste est également signifié dans le langage lorsque les individus conviennent d’un certain nombre de rites d’usage. Le consentement, la négociation des désirs qui précède tout contrat, mais aussi souvent l’échange des rôles entre partenaires, indiquent combien le caractère dramatique du contrat n’est qu’illusoire. En quelque sorte, la soumise ou le soumis conserve toujours la maîtrise de son corps, puisque à tout moment il peut arrêter le jeu, et nous sommes ici bien plus dans un jeu de rôle ou de masque, que dans le tragique d’une relation humaine. Les pratiques BDSM n’ont donc en principe, aucun caractère violent, tout au plus s’agit-il d’une violence canalisée, voire symbolique et toujours encadrée. Elles ne font que mettre en scène une relation de pouvoir qui ne peut être, par définition, une relation de soumission, encore moins d'esclavage. En outre, dans les relations BDSM, le pouvoir est mobile et instable. En d’autres termes, la relation de pouvoir ne peut exister que dans la mesure où les sujets sont libres. Dès lors, il importe de déterminer jusqu’à quel point les individus, dans ce contexte, sont libres et consentants et jusqu’à quel point il s’agit de relations de pouvoir jouées et non pas d’une manifestation masquée de domination masculine ou d’une intériorisation des normes caractérisant le féminin et le masculin, qui emprisonnent l’individu dans un rapport de domination sans issue. Les jeux de rôle BDSM nous interpellent, trop souvent, à plus d’un titre, par leur caractère stéréotypé. Les histoires que se racontent et que jouent les pratiquants empruntent, en effet, aux rôles traditionnels, notamment féminins et masculins, et à la représentation classique, des rôles de sexe mais en les exacerbant et en les caricaturant. Voilà pourquoi seule l'imagination de la Maîtresse ou du Maître, sans cesse renouvelée, peut assurer la pérénnité et l'épanouissement d'une relation SM. La comparaison des romans d’"Histoire d’O" de Pauline Réage et de "La Vénus à la fourrure" de Sacher-Masoch est à ce titre tout à fait significative. Dans le premier, bien que O soit une femme autonome et active, sa soumission paraît naturelle et se passe de justification. La manière dont elle vit et dont elle ressent sa soumission est exprimée, mais jamais son désir de l’être. La soumission est ici féminine. Dans "La Vénus à la fourrure", la soumission est masculine et n’a aucun caractère naturel. À l’inverse d’O, Séverin est celui qui construit sa soumission, choisit celle qui le dominera et à qui il impose un contrat qui stipule sa servitude. Ici, le soumis est celui qui dicte les règles. Si nous nous en tenons à la représentation des catégories de sexe, il est possible d’observer une reconduction de la domination masculine. Il y a une affirmation de la domination lorsqu’un homme domine et une affirmation de la soumission lorsqu’une femme se fait dominer. Il y a très souvent une illusion de la domination lorsqu’une femme domine. Ce qui ne signifie pas pour autant qu’il y ait une perpétuation de la domination masculine. Les relations BDSM ont ceci de paradoxal qu’elles sont l’endroit où cette domination peut être reconduite tout comme elle peut s’évanouir. Par ailleurs, il existe de véritables et authentiques cas de relation de domination féminine sur des hommes soumis. Alors que le rôle féminin et masculin ne cessent de se redéfinir l’un par rapport à l’autre, il semble que les relations sadomasochistes ne fassent que théâtraliser des rôles traditionnels figés, en les appliquant ou en les inversant. Cependant, bien que les rôles soient prédéfinis et stéréotypés, il est toujours possible de les réinventer, de composer, de créer son masque et renouer avec les jeux de l’enfance. L’individu se projette et trouve des réponses aux questions qu’il se pose inconsciemment. Il choisit d’être homme ou femme, sadique ou masochiste, dominant ou soumis. Il s’identifie et expérimente. Il peut laisser libre cours à son imagination puisqu’il est entendu qu’il s’agit d’un jeu et que les limites de chacun seront bien heureusement respectées. Il n’importe pas de chercher une explication de type pathologique à un désir de soumission ou de domination mais d’être sous le charme d’un érotisme qui peut faire exploser les rôles habituels. Toutefois, la difficulté de l’analyse des relations BDSM réside dans le fait que la relation sadomasochiste ne saurait se réduire à un jeu sexuel basé sur un contrat qui énonce les rôles et les statuts de chacun. Les individus établissent un lien avec l’autre, lien qui implique une relation humaine, source d’émotions et d’affects. Avant d’être une relation BDSM, il s’agit d’une relation entre deux individus. Lorsque l’on connaît le mode de fonctionnement de ce type (consentement mutuel, négociation des désirs, contrat), la relation BDSM laisse d’abord apparaître la complicité, la réciprocité, la connaissance de soi et de l’autre. Et, en effet, beaucoup de pratiquants évoquent un épanouissement possible dans cet univers qu’ils ne trouvent pas ailleurs, basé sur une connivence mutuelle. C'est toute la richesse du lien de domination ou de soumission. Mais parce que les pratiques BDSM sont aussi des pratiques sociales, on y trouve les mêmes travers que ceux observés dans la société, et la même hétérogénéité. Certains individus ne cherchent qu’à satisfaire leur désir sans tenir compte des désirs de l’autre. Il en va ainsi des pseudo Maîtres dominateurs qui trop souvent contactent des soumises pour assouvir un classique désir sexuel tarifié, comme des soumis qui consultent des dominatrices professionnelles pour vivre leur fantasme. Le corps de l’autre n’est alors utilisé que comme objet et ne nécessite aucune relation authentique de complicité. Comme les pratiques BDSM sont aujourd’hui plus visibles et pénètrent dans l’univers du sexe en général, certains prétendent vouloir engager ce genre de relations alors qu’ils cherchent tout à fait autre chose. Le jeu sensualiste et érotique devient alors pornographique. Les relations BDSM sont hétérogènes et ne diffèrent en rien de n’importe quel autre type de relation. On y trouve, comme partout ailleurs, des mécanismes de domination et d’appropriation de l’autre. Cependant, elles sont aussi l’endroit où un véritable échange peut s’observer. Ainsi, elles ne constituent pas plus que d’autres une entorse au respect des personnes. Comme toute relation, elles peuvent reconduire des rapports de force ou bien participer à la construction des identités. Les pratiques BDSM ne remettent donc pas en cause les principes fondamentaux du droit. Il n’y a pas un individu qui s’approprie le corps ou l’esprit d’un autre. Deux partenaires, dont l’identité est en perpétuelle construction, s’investissent dans un univers où les règles sont fixées, non seulement par le contrat, mais aussi, plus profondément, par le jeu social lui-même. C’est pourquoi ces pratiques, qui ne sont transgressives qu’en apparence, se donnent pour principe de fonctionnement, le respect mutuel et la négociation. Loin d’être sauvages, elles sont bien au contraire socialisantes. C’est paradoxalement en usant de masques, en ritualisant et en théâtralisant l’échange, que deux partenaires ont la possibilité, dans une relation SM saine, de pimenter leur sexualité, en réalisant une part de leurs désirs inconscients informulés et de s’affirmer comme personnes à part entière, consentantes et responsables. Bonne lecture à toutes et à tous. Bonne lecture à toutes et à tous. Méridienne d'un soir.
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Par : le 28/04/20
La voiture quitta la route pour s'arrêter en contrebas d'un bouquet d'arbres jouxtant une grange délabrée. Hormis quelques chants d'oiseaux et le bruissement du vent entre les feuilles, l'endroit était parfaitement silencieux. Le soleil était chaud, et l'endroit désert. Pourquoi, ne pas se laisser aller ? D'un geste, Charlotte dégrafa sa minijupe et la fit glisser le long de ses jambes en même temps que son string. Puis elle ôta son chemisier, son soutien gorge, et jeta le tout sur la banquette arrière. - Est-ce que je plais comme ça ? Minauda-t-elle. Juliette ne répondit pas, comme si elle n'avait même pas remarqué le rapide effeuillage de son amie. Pourtant, Charlotte la vit serrer les dents et presser un peu plus fort le volant entre ses poings. Enhardie par cette réaction, elle se pencha un peu et déboutonna le short de Juliette, juste assez pour que sa main puisse se frayer un passage jusqu'en bas de son ventre. Elle découvrit à tâtons un pubis parfaitement lisse, un peu plus bas encore, le léger relief intime des lèvres moites. Juliette se laissa faire quelques instants sans réagir. Brusquement, elle aggripa les cheveux de Charlotte et lui colla violemment la joue contre sa cuisse. - Ecoute-moi bien Charlotte, gronda-t-elle sur un ton abrupt, Il faut que tu saches que je n'aime pas beaucoup que l'on prenne les initiatives à ma place, tu as compris ? Charlotte acquiesça sans mot dire. Elle qui, quelques instants plus tôt, était persuadée d'avoir gagné le cœur de son amie, subissait à nouveau sa violence. Elle se sentait anéantie, ridicule ainsi contrainte et nue, mais en même temps, elle éprouvait un étrange plaisir qui l'empêchait de tenter de se dégager ou de fondre en larmes. Le sexe de Juliette était là, tout près de son visage. Elle en devinait le parfum intime. Elle l'avait touché du doigt. Elle l'avait senti humide et cela ne pouvait pas la tromper: Juliette était excitée elle aussi. Son amie relâcha sa pression qui devient caresse. Elle releva jusqu'à sa bouche les lèvres de Charlotte et l'embrassa à nouveau, plus tendrement cette fois. - Xavier ne t'a jamais emmenée ici ? Demanda-t-elle d'une voix de miel. Cet endroit appartient à l'un de mes cousins. Tu ne trouves pas cet endroit magique ? Elle demeura songeuse, appuyée contre le volant à observer les alentours. La grange, dont une partie de la toiture s'était effondrée depuis longtemps était dévorée de lierre et de chèvrefeuille. Un doux parfum de liberté et de sensualité flolttait dans l'air, enveloppant les deux jeunes corps d'un irrépréssible désir. Seul, un chemin serpentait entre les coquelicots et les fougères jusqu'aux ventaux vermoulus du portail. On le distinguait à peine derrière un groupe de jeunes sureaux indisciplinés qui en gardaient l'entrée. - Sors de la voiture, Charlotte, j'ai envie de te regarder. Charlotte obéit à nouveau. Dehors, sous les arbres, le sol moussu dégageait une odeur puissante d'humus. Elle demeura quelques instants immobile à sentir le parfum du vent tiède glissant sur sa peau. Être nue sous le feuillage, au bord d'une route de campagne, ne lui semblait en rien extravagant à cause du regard de son amie posé sur elle. Elle s'aventura de quelques pas dans la futaie. Sous la plante de ses pieds, les brindilles sèches craquelaient, tandis qu'à l'odeur fraîche de l'humus se mêlaient celles, plus entêtantes encore, des herbes chaudes et des fleurs gorgées de soleil. Tout éveillait en elle son animalité. Elle se retourna. Juliette avançait vers la grange d'un pas lent, à l'élasticité féline. Charlotte eut tout à coup le désir de posséder son amie. La prendre par les hanches et l'attirer vers elle. Caresser ses fesses, en découvrir les formes, embrasser ses seins fermes, en mordiller les aréoles brunes.Toucher son ventre chaud et lisse. Elle marcha à son tour vers la grange. Dans le fond du bâtiment, une échelle en bois menait à l'étage, une sorte de mezzanine sombre. Charlotte adora aussitôt cet endroit. Elle aimait le bruissement tranquille des arbres tout proches, la lumière dorée du soleil filtrant à travers le toit éventré, et le suave parfum d'été qui se dégageait de la paille. - J'aime bien te voir nue dans ce lieu. Elle roulèrent sans un mot sur le sol paillé. Leur envie réciproque de se posséder les transforma en lutteuses. Elles s'encastrèrent l'une contre l'autre en s'embrassant, se mordant et se griffant, seins contre seins, ventre contre ventre, en un jaillissement furieux. - Raconte-moi ce que tu ressens quand Xavier commence à nouer des cordes autour de toi demanda Juliette. Quelle sensation cela procure de se retrouver nue et vulnérable ? - J'ai peur. Et en même temps, je suis impatiente. - Il te caresse en t'attachant ? - Non, il est comme absent, On dirait un peintre occupé à préparer ses pinceaux. - Il t'a déjà fouettée ? - Non, jamais. Juliette marqua une légère pause avant de reprendre: - Et tu le regrettes ? - Peut-être, oui. Charlotte fut surprise de sa propre réponse, comme si ce n'était pas elle qui avait répondu mais une autre. Sans attendre, Juliette dit à Charlotte de se lever pour lui lier les poignets d'une épaisse corde de chanvre qu'elle attacha à une poutre, bien tendue pour l'obliger à se tenir bras levés et sur la pointe des pieds. Elle entendit le cliquetis de la boucle de la ceinture tandis que Juliette l'ôtait de son short. - Qu'est-ce que tu fais ? - Je répare un oubli, répondit Juliette. - Tu veux que je te bâillonne ? Charlotte secoua la tête. Non, elle ne voulait pas être bâillonnée. Elle voulait sentir la douleur lui monter jusqu'à la gorge pour y exploser. Cela devait faire partie du rituel. Il fallait que quelque chose sorte d'elle. Elle osa un regard par dessus son épaule. Indifférente, bien campée sur ses jambes fuselées, ses seins dressés tressautant au rythme de ses larges mouvements. Juliette éprouvait la souplesse du ceinturon en en fouettant l'air. Ainsi nue et armée, elle ressemblait à une déesse antique. Charlotte ferma les yeux. Elle désirait être fouettée et Juliette seule pouvait lui faire subir cette épreuve. Ce serait non seulement s'offrir en captive à l'amour, mais mieux encore, se donner en esclave, à une autre femme de surcroît. Accepter ses coups, encaisser à travers elle, la fureur de toutes les femmes du monde, devenir leur proie et se griser à l'idée de payer par le fouet, le fait dêtre leur plus dangereuse concurrente. Le premier coup claqua séchement contre ses fesses. Juliette n'était pas du style à y aller progressivement. Elle avait frappé fort avec l'assurance qui lui était coutumière et Charlotte sentit sa peau d'abord insensible, réagir rapidement à la brûlure du cuir. Le deuxième coup tomba, plus assuré encore, et elle gémit de douleur en contractant les muscles de ses fesses. Sa réaction sembla plaire à Juliette. Elle leva le bras encore plus haut, abbatit le ceinturon avec plus de force et cette fois, Charlotte poussa un cri bref en se cramponnant à la corde qui la tenait étirée. Juliette la fouetta avec application. Ses coups précis, parfaitement cadencés, atteignaient alternativement une fesse, puis l'autre, parfois le haut des cuisses, parfois le creux des reins. Trente, quarante, cinquante coups Charlotte ne comptait plus. Aux brûlures locales d'abord éprouvées s'était substituée une sensation d'intense chaleur, comme si elle avait exposé son dos à un âtre crépitant. Le supplice était le prix à payer pour que sa Maîtresse continuât à l'aimer, elle souhaitait seulement qu'elle fût contente qu'elle l'eût subi et attendait muette. - Retourne-toi, dit Juliette d'une voix calme. Aggripée à sa corde, ruisselante de sueur, Charlotte était épuisée. - Non, pas devant Juliette, haleta-t-elle, Pas devant. -Tu dois aller jusqu'au bout de ton désir, Chalotte, Allons retourne-toi vers moi. Charlotte pivota lentement sur elle-même. Elle avait gardé les yeux baissés mais elle aperçut quand même le ceinturon s'élever dans l'air et s'abattre sur elle, au sommet de ses cuisses. Elle hurla à nouveau et releva la jambe pour se protéger du coup suivant. Elle sentit soudain qu'elle n'y échapperait pas et se vit perdue. Juliette ne refrappa pas immédiatement. Elle attendit que Charlotte ne puisse plus se tenir ainsi sur la pointe du pied et qu'épuisée, elle s'offre à nouveau au fouet. Au coup suivant, elle ne tenta plus d'esquiver. N'avait-elle pas désiré cette correction ? Juliette avait raison; elle devait savoir ce qu'il y avait au-delà de cette douleur qui lui arrachait des cris et des larmes. Par dépit, elle plongea son regard dans celui de son amie et elles ne se lachèrent plus des yeux tout le temps que dura la flagellation. Elle se voyait onduler au bout de sa corde, en sentant ses seins frétiller, ses cuisses tendues, son ventre creusé. Elle se voyait brûler sous les coups, s'enflammer toute entière. Juliette continuait à la fouetter méthodiquement sur les hanches et sur les seins. Quand le cuir atteignit le renflement de sa vulve, subitement son corps fut traversé de part en part par une fulgurante flamme de couleur rouge orangé. Elle en sentit la chaleur l'irradier et plonger dans son ventre comme une boule de feu. La douleur et le plaisir fusionnèrent ensemble. Elle hurla à nouveau mais de plaisir cette fois. Juliette cessa aussitôt de la frapper et tomba à genoux devant elle. Posant avec une infinie délicatesse les doigts sur ses reins meurtris, elle attira jusqu'à sa bouche la peau empourprée des cuisses et du ventre qu'elle couvrit de baisers. Elle aspira entre ses lèvres, les lèvres de son sexe, les lécha avec douceur. Se suspendant à sa corde, Charlotte jeta le bassin en avant, enroula ses jambes autour du cou de son amie pour emprisonner son visage contre son sexe ouvert. Juliette réagit en dardant une langue aussi droite et rigide qu'un membre d'homme sur son clitoris. À ce seul contact, Charlotte jouit aussitôt. Enfin Juliette se détacha d'elle. la corde à laquelle elle était suspendue fut coupée et Charlotte se laissa tomber sur le sol, savourant l'étrange bonheur de sa soumission. Les parties de son corps offensées, devenues douloureuses, lui apparaissèrent plus belles, comme anoblies par les marques fraîches, stigmates de la flagellation. Elle se perdait dans une délirante absence d'elle-même qui la rendait à l'amour. Hommage à Charlotte. Bonne lecture à toutes et à tous. Méridienne d'un soir.
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Par : le 26/04/20
Je n'avais pas été parfaite, loin de là: je m'étais laissé aller à un moment de faiblesse, et elle ne me le pardonnait sans doute pas. Je devais maintenant affronter une nouvelle étape initiatique bien plus éprouvante encore; ses reproches et les humiliations qu'elle allait inventer pour me punir. Juliette me traita de petite salope incapable, prétentieuse et sans honneur. J'avais failli à la parole donnée. Elle m'injuriait et cela me rendait triste. Sa colère était injuste, tout autant que ma dérobade était indigne de l'amour que j'éprouvais pour elle. M'ayant entraînée au fond de la cave, là où la pénombre était la plus dense, elle fit pivoter mon corps contre la paroi humide. Je sentis le salpêtre se dissoudre sous mes doigts qui s'accrochaient. Pour me racheter, j'aurais voulu être attachée, là, dans cette position, le ventre nu contre ce mur poisseux, le dos, les reins, offerts aux hommes qui auraient eu la libre disposition de moi, sans conditions. Sentir mes mains prises dans la pierre et enchaînée pour ne plus pouvoir bouger et tout endurer pour devenir une parfaite esclave. Un Maître commença à me caresser. Il savait qu'en faisant cela, il me donnait une chance de faire oublier ma faute. Il s'empara d'un martinet et me travailla le corps en l'échauffant lentement, alternant les caresses des lanières avec les cinglements cruels et violents. Plus il frappait fort et plus je m'offrais. Je n'éprouvais qu'un pincement aigu au moment où mes seins furent brutalement saisis par des pinces puis je sentis les pointes broyées par l'étau de métal qui les tirait vers le sol en s'y suspendant douloureusement. Chacun des mouvements que je faisais alors amplifiait le balancement des pinces, provoquant une sensation effrrayante d'arrachement. Je me souviens de ce moment où je fus mise à quatre pattes au milieu de la cave. Le Maître dont j'étais l'esclave d'un soir fixa d'autres pinces sur les lèvres de mon sexe, juste en dessous du clitoris. Tout mon corps se balançait d'une façon obcène, tenaillé entre deux douleurs, partagée entre le désir de faire cesser mes souffrances et celui d'en augmenter l'intensité par ses balancements pour satisfaire ma Maitresse et mériter son pardon. J'observais avec orgueil la rotation pendulaire des poids suspendus aux pinces attachées à mes seins, de droite à gauche, de gauche à droite. Bientôt, la douleur devint intolérable. Ainsi, je ressentis ma première jouissance cérébrale de femme soumise et esclave à un homme qui l'oblige à souffrir. Quelque chose d'indéfinissable semblait avoir pris le contrôle de mon cerveau et commandait à mon corps de jouir de cette souffrance fulgurante magnifiée par mon obéissance servile. Ce fut une révélation plus que prodigieuse pour moi que de parvenir à me libérer et à jouir de la douleur imposée et voulue par le Maître à qui j'étais prêté, comme un objet sans importance, sans valeur, que j'étais devenue en refusant l'épreuve. Pour marquer sa satisfaction, ma Maîtresse me désigna la croix de saint André où je fus attachée dans une position d'écartèlement extrème. Un inconnu s'approcha alors de moi, comme si je redevenais digne de son intérêt, et je crus lire dans son regard l'amour que l'on me donne parfois un peu maladroitement mais qui me rassure tant et qui est ma raison d'être. Ils saisirent chacun un long fouet et commencèrent à me flageller avec une vigueur et un rythme qui me firent écarquiller les yeux. Pour étouffer mes hurlements, je mordis violemment mes lèvres, jusqu'à ce que le goût de mon propre sang m'eût empli la bouche. Je me livrais au châtiment avec une joie quasi mystique, avec la foi de l'être consacré. Des images fulgurantes de sacrifices déferlaient en moi. Je me surprenais à souhaiter que ma chair se déchire et que mon sang coule. J'avais retrouvé la considération de ma Maîtresse, j'étais devenue esclave, digne de ce nom et digne d'elle. Et il n'est pas pour moi plus grand bonheur que de me savoir appréciée. C'était de l'amour avec le vertige en plus. Dans la cave déserte, où les effluves d'humidité évoquaient celles d'une tombe, un homme s'approcha de moi. Il me contempla silencieusement, nue et enchaînée; bientôt, je m'aperçus qu'il tenait à la main deux longues et fines aiguilles. Il s'empara d'un sein qu'il se mit à pétrir, à malmener, puis à presser pour en faire jaillir la pointe granuleuse. Lorsque le mamelon fut excité, il y planta sa première aiguille, puis presque aussitôt, la seconde dans le mamelon du sein qui n'avait pas été caressé et qui réagit de tout autre façon. J'aimais l'idée du supplice douloureux et long. D'autre aiguilles furent plantées tout autour des aréoles, quelques gouttes de sang vinrent ternir le métal que la lueur du faible éclairage faisait jusqu'à-là scintiller. Afin sans doute d'accentuer ma douleur, il me transperça la chair sur mon ventre. Je me consumais, j'avais les entrailles en feu. Ma Maîtresse, penchée au dessus de moi, tenait à la main une bougie. D'un geste lent, le bougeoir doré s'inclina, la cire brûlante perla sur ma peau. Mon martyre devenait délicieux. Qu'une femme fût aussi cruelle, et plus implacable qu'un homme, je n'en avais jamais douté. Le pire restait à venir. Les coups de fouet me cinglèrent avec une violence terrifiante. Je devinais que ces cinglements abominablement cruels étaient destinés à faire éclater les croûtes de cire qui constellaient mon ventre et mes seins. Hélas, je ne pus me retenir davantage, mes reins se cambrèrent, propulsèrent mes cuisses et mon ventre en avant, dans un orgasme si violent que je crus démanteler la croix qui me tenait contrainte. Ruisselante et fière, j'avais joui par la seule volonté de ma Maîtresse. Lorsque j'eus retrouvé la maîtrise de mes nerfs, je demandai à ma Maîtresse de me ramener dans le salon où les hommes attendaient mon retour. Je fis mon apparition, les yeux de nouveau bandés, nue, droite et fière, guidée par Juliette qui me dirigea vers le cercle des hommes excités et ce fut moi qui m'agenouillai pour prendre leur verge dans ma bouche, l'une après l'autre, jusqu'à ce qu'ils soient tous parvenus à la jouissance et se soient déversés sur mon visage ou ma poitrine offerte. L'un deux s'approcha de moi, me palpa, s'insinua, me fouilla et me sodomisa. La pensée du sacrifice procure à certaines femmes un sombre plaisir. Hommage à Charlotte. Bonne lecture à toutes et à tous. Méridienne d'un soir.
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Par : le 25/04/20
Nymphe et reine de l'île d'Ogygie, la presqu'île de Ceuta en face de Gibraltar, Calypso du grec ancien, ??????, était la fille d'Oceanos et de Téthys. Sa légende s'intègre dans le récit du retour d'Odysseus, Ulysse. Lorsqu'il quitta Troie, après une traversée périlleuse durant laquelle il résista au chant des Sirènes, le héros et son équipage essuyèrent une tempête envoyée par le Titan Hypérion. Il fut le seul survivant et, accroché à un radeau de fortune, s'échoua sur l'île d'Ortygie où la fille de Théthys et d'Océanos, Calypso, vivait dans une grotte. La séduisante jeune fille accueillit le naufragé, le ranima avec du vin fort et de la nourriture, puis le coucha dans son lit. S'étant éprise de ce héros venu de la mer, elle parvint à lui faire oublier sa patrie et sa famille. Pendant sept ans, ils vécurent heureux, sur l'île des peupliers noirs, et donnèrent le jour à trois fils: Latinos et les jumeaux Nausithoos et Nausinoos. Le navire, pris dans une énorme tempête déchainée par Poséidon, dériva jusqu 'à Charybde où tout l'équipage fut englouti. Seul Ulysse survécut, accroché à un arbre. Il put enfin s'agripper à une épave, dériva neuf jours pour atteindre finalement l'île d'Ogygie où il fut accueilli très gentiment par Calypso. Très rapidement, elle tomba amoureuse du héros et lui demanda de rester auprès d'elle. Elle lui offrit même l'immortalité et l'éternelle jeunesse. Mais rien n'y fit: l'amour d'Ithaque et de Pénélope demeurait toujours le plus fort dans le cœur d'Ulysse, qui passait ses journées sur le rivage à contempler la mer, les yeux mouillés de larmes. Conseillé par Athéna, Zeus en fut ému et dépêcha Hermès auprès de Calypso pour lui donner l'ordre de laisser partir Ulysse de son l'île. Calypso fut étonnée de voir Hermès dans ces parages, elle lui offrit un repas d'ambroisie et de rouge nectar et lui demanda ce qu'il désirait. Dans un petit discours Hermès expliqua qu'il n'était pas ici de sa propre volonté et que traverser des étendues infinies d'eaux salées ne lui plaisait pas, mais Zeus lui avait ordonné de venir la voir: "Maintenant, Zeus t'ordonne de renvoyer Ulysse très promptement, car sa destinée n'est point de mourir loin de ses amis, mais de les revoir et de rentrer dans sa haute demeure et dans la terre de la patrie." Homère, "Odyssée" V, 112 Malgré sa douleur et l'enfant qui venait de naître, Calypso obéit. Elle vint avertir le héros qu'il pouvait partir et qu'elle l'aiderait à construire un radeau. Toujours aussi soupçonneux, Ulysse ne voulut pas la croire et il lui demanda de jurer par un serment solennel qu'elle ne cherchait pas son malheur et sa perte sur les flots amers. La nostalgie de sa chère Ithaque et l'absence de son épouse Pénélope devenaient insupportables. Ulysse ou Odysseus se lassa des caresses et des baisers de la jeune femme. Calypso, qui souffrait en silence, lui promit l'immortalité s'il restait avec elle, mais il languissait, assis sur la plage, le regard fixé sur l'horizon, jusqu'au jour où Hermès, envoyé par Zeus, ordonna à Calypso de laisser partir son amant. La mort dans l'âme, elle l'aida à construire, avec des écorces d'arbres, un radeau qu'elle chargea de provisions. Elle y ajouta les outils nécessaires pour survivre et se défendre, le cas échéant, puis Ulysse le mit à la mer sur des rouleaux et se laissa pousser par le vent. La nymphe Calypso demeura seule, attristée sur la plage. Alors Calypso jura sur le Styx, le plus sacré des serments, qu'elle aiderait le héros à construire un radeau, elle lui fournirait du vin du pain et de l'eau nécessaires à sa traversée. Une dernière fois elle lui proposa de rester sur son île au lieu de courir vers de nouveaux dangers et une nouvelle fois, il souhaita revoir son épouse et sa patrie. En quatre jours le radeau fut prêt; le cinquième jour la divine Calypso, après l'avoir baigné et habillé de vêtements parfumés le renvoya de l'île et elle lui donna un vent doux et propice. Calypso ne pouvait se consoler du départ d'Ulysse. Sa grotte ne résonnait plus de son chant; les nymphes qui la servaient n'osaient lui parler. Calypso mourut de chagrin quelques temps plus tard bien que cette version soit peu conciliable avec le fait qu'elle fût quasi immortelle. Suivant une autre légende, l'aventure se reproduisit lors du passage de Télémaque qui aima puis abandonna la nymphe. Dans la version de Fénelon c'est elle qui accueillit Télémaque et Mentor, en fait Minerve, partis à la recherche d'Ulysse. Télémaque est jeté par une tempête dans l'île de Calypso. Cette nymphe, inconsolable depuis le départ d'Ulysse, fit au fils de ce héros l'accueil le plus favorable, et, concevant aussitôt pour lui une violente passion, elle lui offrit l'immortalité, s'il voulait demeurer avec elle. Télémaque refusa mais en revanche, il tomba amoureux d'Eucharis, une suivante de Calypso, dont il n'est nulle part question dans la mythologie grecque classique. Chacun a en mémoire les figures féminines qui guettent les voyageurs sur l’immensité marine si pleine de dangers et d’écueils redoutables aux Grecs. Barbares des rivages asiates, nymphes insulaires en des rivages proches de ceux de la mort et de la nuit, descendantes de l’Océan, elles semblent encore plus terrifiantes souvent que gouffres ou rochers. Leurs crinières ensauvagées de jeunes filles disent les vents qui bouleversent en tout sens l’itinéraire du voyageur et comment elles le guettent, prêtes à l’agripper avec leurs griffes pointues, leurs mains de magiciennes chargées de philtres, de poisons ou de tissus inquiétants. Qu’elles s’appellent Sirènes, Gorgones, Grées, ces vieilles jeunes filles qui portent en plein visage les rides de la mer ou Harpyes, semblables au vent de l’orage. Ou bien encore Médée, Circé, Calypso, pour ne retenir que quelques-unes de celles qui jalonnent le périple des voyageurs; Ulysse, Jason, Persée. Car, finalement, ce sont ces figures inoubliables apprises dans les livres, qu’ils devaient affronter lors de gestes héroïques, ou dans leur quête d’une réintégration, d’une reconnaissance au cœur de la société des hommes. Et la question ne pouvait que se poser; à quoi correspondaient leurs attributs aussi sauvages que terrifiants ? De quoi, si angoissant pour l’homme, pouvaient-ils être signes chez ces femmes ainsi placées en marge, bien à l’écart même souvent, du monde policé, constituant en même temps, pour les plus grands des héros, d’ultimes épreuves ? Dans l’Antiquité déjà, Cicéron, et d’autres avec lui, s’étonnait de l’attirance du si avisé Ulysse pour les "petits chants" des Sirènes, n’y trouvant qu’une explication: le désir effréné de connaissance que leurs voix faisaient vibrer. Car il s’agit bien, aux yeux du philosophe latin, d’un savoir possédé par elles et promis par leurs chants. C’est aussi la Gorgone qui hante Les Palmiers Sauvages. L’évocation à intervalles réguliers de son visage gris, de ses cheveux gris aussi, "tout hérissés de papillotes", suffit à inscrire son omniscience des destins. Devant leur réalisation, ici la naissance avortée de l’enfant du couple adultère, elle n’est nullement surprise, n’entendant que ce qu’elle savait, s’attendait à entendre. Pour qui est pris par les figures mythologiques et sait les destins recroquevillés dans leurs noms, ces derniers constituent une réserve inépuisable pour l’imaginaire, mais aussi un support pour mettre au jour ce qui semble n’attendre que de se déployer. Et, par delà leur apparente aridité, la fascination suscitée par les dictionnaires mythologiques, tient, pour nous, à leur aptitude à faire trembler certitudes et idées reçues, en multipliant questions et solutions fluctuantes, à dire par un autre biais la marge de liberté prête à réaffleurer dans les inflexions des destins écrits ou désignés à chacun. Car elles sont faucons qui emportent, comme le signifient les syllabes des Harpyes rencontrées par Jason, femmes qui attachent par des liens, les Sirènes, en passant sur la route du retour d’Œdipe, hors de la ville de Thèbes par le sphinx. C’est de cette double forme que le destin dévoilé par les noms tient sa force inquiétante. Ainsi en est-il de Calypso, la terrible déesse qui file les voiles de l’embarcation d’Ulysse, et qui est tout à la fois, la cachée, et celle qui cache; ainsi de Circé, qui dérobe les autres à la vue comme le suggérait déjà Homère. De Méduse, la farouche, dont le regard est synonyme de mort pour qui s’approche trop près de son antre écarté et la contemple, ou encore de Médée, qui multiplie les crimes, par son caractère rusé, si l’on s’en tient à cette traduction ambiguë à qui ne connaît pas les subtilités de la métis grecque. Ainsi encore d’Hélène, non plus barbare mais grecque, c’est vrai, magicienne pourtant, à sa façon, et devenue troyenne durant dix ans. Son nom dit tout à la fois le rapt dont elle est l’objet par Pâris et celui dont elle est actrice, ravisseuse, pour les envoyer à la mort, de tant de vies d’hommes. Si les destins sont dessinés par avance dans les noms, ils le sont aussi par les mains de toutes celles, déjà rencontrées ici, qui jalonnent les grands retours: celui d’Ulysse vers sa sage épouse, la tisserande que chacun sait. Sage ? Pas si simple à dire. On a déjà pu rappeler comment des écrivains-femmes modernes se plaçaient sous la bannière de Cassandre, sous sa parole porteuse d’une vérité inaudible aux hommes. Peut-être s’étonnera-t-on davantage de les voir enrôlées sous le nom de Pénélope, attendant si longtemps celui qui séjourne plus qu’il ne devrait aux bords de rivages féminins. On s’en étonnera moins si l’on se penche sur les liens qui l’unissent par delà la mer, à Circé, à Calypso; sur ces tissages qui occupent les jeunes filles et femmes depuis Hélène, dans sa première apparition chez Homère. ?Eclairé par les reconstructions modernes, l’espace qui leur est concédé est toujours dans ce qui échappe aux mots, ou ne pourrait se dire que dans un langage nouveau, en rupture. On ne saurait assimiler hâtivement les places assignées aux femmes dans la cité ancienne et la nôtre, relativement à la reproduction. Mais, sous cet angle aussi, par delà ces figures mythologiques féminines telles qu’elles arrivent jusqu’à nous, un champ immense continue d’être ouvert à l’exploration. Car c’est toujours, à nos yeux, de légitimité qu’il est question avec ces visages féminins aux paroles nomades, sans lieu pour s’enraciner, si ce n’est dans les marges de ténèbres toujours renouvelées qu’elles font entrevoir, tendant leurs questions éternellement actuelles aux hommes soucieux de planifier la vie, sa propre histoire, pour les maîtriser mieux. Si, dans des perspectives poétiques masculines, leurs rivages, relégués au loin, se sont fait lieux de projection de leurs peurs, celles-ci leur offraient, du même mouvement, la possibilité de récupération d’un pouvoir infiniment plus grand que l’effroi de leurs doigts crochus ou de leurs voix stridentes: celui de faire trembler les certitudes ou d’en montrer les limites, de décliner les doutes de l’être humain sur sa place dans le monde, ses tentatives de planification de la vie, de la mort, de l’Histoire, sur les formes de barbarie à l’œuvre dans le siècle qui aurait dû être le plus civilisé. Si les œuvres représentant Calypso ne sont pas fréquentes chez les grecs, en revanche les artistes du XVII ème et XVIII ème siècle lui ont témoigné beaucoup plus d'intérêt. C'est le nom du bateau du célèbre océanographe Jacques-Yves Cousteau. Bibliographie et références: - Callimaque, "Hymnes" - Déméter, "Les Hymnes homériques" - Fènelon, "Aventures de Télémaque" - Hésiode, "La Théogonie" 1017 - Hygin, "Fables" 125 - Homère, "Odyssée" - Homère, "L’Iliade" - Pausanias, "Description de la Grèce" - P. Chantraine, "Dictionnaire étymologique de la langue grecque" Bonne lecture à toutes et à tous. Méridienne d'un soir.
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Par : le 25/04/20
Lorsque je reçus le premier coup de fouet, je compris qu'il s'agissait d'un martinet souple utilisé de façon à me chauffer le corps avant d'autres impacts plus sévères. Du martinet, Juliette passa à la cravache. J'en reconnus la morsure particulière au creux de mes reins. C'était une cravache longue et fine, d'une souplesse trompeuse et d'un aspect presque rassurant. Maniée avec nuance et précision, chaque coup reçu me semblait différent du précédent, selon que la mèche de cuir me frappait à plat, ou au contraire, sur toute la longueur de la tige. Juliette me flagellait avec une rigueur impitoyable et j'oubliais toutes mes bonnes résolutions pour me mettre à crier sous la morsure impitoyable du cuir. Mon corps se tendait en une supplication muette, mais éminemment éloquente. Bientôt, comme je le pressentais, la douleur qui me tenaillait se mua en plaisir, alors je ne pus me retenir davantage, mes reins se cambrèrent, propulsant mes cuisses et mon ventre en avant, dans un orgasme si violent que je crus défoncer la croix qui me retenait prisonnière. Honteuse et fière, j'avais joui des traitements infligés par la seule volonté de ma Maîtresse. Comme s'ils avaient deviné l'intensité de mon plaisir, que j'avais dissimulé de mon mieux sous des râles et des sursauts, Clothilde et Juliette accrochèrent soudain sur la pointe de mes seins et les petites lèvres de mon sexe, des pinces dont le poids entraînait la chair vers le sol. J'apprécie de porter des pinces aux seins, ma Maîtresse dit que je suis une jouisseuse des seins; me faire pincer les seins, parfois d'une façon très douloureuse me procure maintenant presque autant de plaisir que de me faire fouetter. En revanche, mes lèvres sont très sensibles et les pinces me font toujours beaucoup souffrir, et quels que soient mes efforts, j'ai bien du mal à surmonter ce genre de douleur. Lorsque Juliette installa l'une après l'autre les pinces dont le poids étirait douloureusement ma peau, je crus ne pouvoir jamais les supporter. Mais cette farouche volonté de ne décevoir ma Maîtresse, en aucun cas, m'a permis d'assumer bien des sévices. Je me concentrais de toutes mes forces sur un autre sujet susceptible de me faire oublier mes souffrances et je parvenais ainsi à oublier la douleur lorsque, brisant la tension nerveuse qui me faisait trembler au bout de mes chaînes, Juliette m'annonça la venue de Béatrice. Pendue aux menottes qui me sciaient les poignets, écartelée à en sentir les muscles de mes cuisses douloureuses, je ne pouvais faire un mouvement, ni tourner la tête pour contempler la belle femme qui était entrée dans la cave. Je sentis seulement sa présence, puis l'odeur envoutante de son parfum. Une main douce caressa mes fesses endolories et flatta mes seins meurtris par la flagellation. Je ressentis un apaisement qui n'était pas seulement dû aux caresses, mais à la présence de cette femme superbe que je n'avais pas le droit de regarder, même lorsque Juliette eut ôté le bandeau qui aveuglait mes yeux, puis libéré ma poitrine et mon sexe du carcan des pinces. Pour que je ne puisse avoir la tentation de me retourner vers la belle inconnue, Juliette plaça une cravache en travers de ma bouche, que je me mis à mordre instinctivement très fort entre mes dents. Je mourais d'envie de la voir; c'est un véritable supplice, de ne pas avoir le droit de regarder ceux qui vous frappent lors d'une séance de dressage. Cette frustration est à la fois blessante, car alors on a la preuve de ne pas exister, et terriblement excitante, car la curiosité est un trait dominant chez les esclaves. Enfin, elle fit le tour de mon corps écartelé et se plaça devant moi. Je la découvris, plus belle encore que je n'avais pu l'imaginer. Elle était grande, élancée, d'une finesse et d'une classe folle; la forme de ses lèvres sensuelles, la longueur de ses cuisses, la musculature de son corps de sportive. Béatrice semblait sûre d'elle et faisait preuve d'une tranquille détermination qui m'impressionnait. Juliette m'avait appris qu'elle avait été soumise, mais je ne décelai rien qui pût me conforter dans cette idée. Elle n'avait rien d'une esclave. Au contraire, elle avait le port du visage fier, comme celui d'une princesse dédaigneuse venue examiner ses sujets. Je ne pouvais l'imaginer agenouillée ou rampante, mais au contraire apte à dominer les femmes autant que les hommes. Ce soir-là, elle était nue, à part un mince string en voile noir qui mettait en valeur une chûte de reins magnifique et bronzée. Ses cheveux bouclés roux, son visage mince, ses yeux verts étincelants la métamorphosaient dans mon esprit d'esclave soumise en proie aux fantasmes d'une lionne qui allait me dévorer. Elle me détacha pour me placer face à un mur comportant un trou en son milieu de telle façon que ma tête dépasse d'un coté et mes reins de l'autre. J'allais être prise par l'arrière et contrainte par la bouche en même temps. La véritable humiliation était là: me montrer dans cette position dégradante, alors qu'exhibée ou fouettée, prise ou sodomisée, ma vanité pouvait se satisfaire de susciter le désir. Juliette commença à me flageller en insistant sur mes fesses, auxquelles elle vouait un véritable culte. Puis ce fut au tour de Clothilde et de Béatrice de me faire l'honneur de me battre. Je me tordis en gémissant sous le fouet, demandant grâce. Puis je sentis des doigts gainés de latex écarter mes lèvres, s'intoduire dans mon intimité, évaluer l'humidité involontaire que le contact de l'appareil avait suscité. Mes fesses furent écartées; je compris que j'étais inspectée plus intimement avec les doigts de latex, ensuite avec un speculum dont l'acier froid affola mon anus qui s'ouvrit lentement au gré de l'écartement de l'instrument qui le dilata jusqu'à la douleur. Comme je l'avais redouté, Juliette saisit un instrument de latex gonflable dont elle vérifia le fonctionnement sous mes yeux apeurés. Avec douceur et détermination, elle installa l'appareil en moi et commença à procéder au gonflage qui me dilatait inexorablement. La sensation devenait réellement insupportable. J'avais l'impression que mon anus se distendait sous l'envahissement de l'énorme cylindre conique qui semblait s'être fiché à jamais au plus profond de mes reins. Je ressentis un véritable dégoût à ne pouvoir contrôler l'orgasme lancinant qui montait en moi, me prouvant si besoin est que je devenais ce que Juliette voulait, un animal servile à la merci des jouissances les plus révoltantes. Après que Béatrice m'eut pénétrée les reins avec un nouvel objet plus épais mais très court, que l'on décida de laisser en place jusquà la fin de la soirée, une véritable terreur me submergea. Le feu crépitait dans la cheminée ancestrale, rendant l'atmosphère encore plus torride. Le supplice terminé, prise d'un besoin pressant, et ayant demandé à ma Maîtresse l'autorisation de me rendre aux toilettes, on m'opposa un refus bref et sévère. Confuse, je vis qu'on apportait au milieu de la cave une cuvette et je reçus de Juliette, l'ordre de satisfaire mon besoin devant les trois femmes. Une honte irrépressible me submergea. Autant j'étais prête à exhiber mon corps et à l'offrir à son bon vouloir, autant la perspective de me livrer à un besoin aussi intime me parut inacceptable. La véritable humiliation était là. L'impatience que je lus dans son regard parut agir sur ma vessie qui se libéra instinctivement. Lorsque j'eus fini d'uriner, ma Maîtresse m'ordonna de renifler mon urine, puis de la boire. N'osant me rebeller, je me mis à laper, comme une chienne, en avalant le liquide clair et encore tiède. Quelques instruments rituels étaient disposés à proximité de l'âtre: il s'agissait de véritables fers de marquage. Béatrice s'approcha de moi en brandissant un fer qui avait rougi dans les braises. Le regard de Juliette ne répondit pas à ma supplication. Béatrice se pencha sur mes reins offerts, que Clothilde maintenait immobiles. On me lia les mains et les pieds. Perdue dans mon épouvante, je sentais la main de Béatrice sur le bas de mon dos, qui indiquait où poser le fer. J'entendis un sifflement d'une flamme, et dans un silence total, une seule douleur abominable me transperça, me jetant hurlante et raidie dans mes liens. Je ne pus retenir un cri d'épouvante lorsque je crus sentir la brûlure sur ma chair. Je perçus une lègére pression, un pincement aigu très sec, et ce fut tout. J'étais bel et bien marquée, mais seulement à l'encre rouge. Le but était de provoquer ma peur, non de me marquer réellement. Je fus à la fois soulagée par ce dénouement inattendu, et secrètement déçue peut-être, de n'avoir pu donner ainsi une preuve d'amour définitive. Hommage à Charlotte. Bonne lecture à toutes et à tous. Méridienne d'un soir.
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Par : le 22/04/20
Le lendemain de cette nuit où fut suppliciée la jeune soumise, Xavier avait été absent une partie de la journée. Charlotte était restée seule avec Juliette à s'ennuyer, mais après dîner, elle était montée dans la chambre de sa Maîtresse qui faisait sa toilette; la nudité aidant, d'attouchements en attouchements, elle avait dû s'avouer vaincue et cèder à son désir de soumission. Bénéficiant des ardeurs de Juliette, elle se remémora la soirée et seulement toute l'horreur de son abandon lui apparut. Elle frémit à l'idée qu'elle avait pu s'offrir et se laisser ainsi sodomiser par des inconnus dans des poses d'une lubricité atroce. puis peu à peu, le souvenir de certaines émotions charnelles supplanta la vague de pudeur qui déferlait en elle; elle repensa à l'ardente virilité de Xavier et trouva la vie plus belle que jamais. Elle se caressa dans la douce lumière du jour tamisée par les volets. L'après-midi, elle retrouva Juliette et l'emmena chez Xavier; vêtues toutes les deux de blanc, elles avaient l'air de deux sœurs et le miroir éclairé renvoya bientôt aux yeux de l'homme leurs intimités lisses et moites. Bientôt, les deux corps dénudés se roulèrent sur le lit en une étreinte sauvage où Juliette exhala non sans passion sa volupté toujours puissante. Alors Charlotte abandonna son corps aux désirs sadiques de Xavier. Il l'entraîna sur une table haute en bois et l'allongea à plat-ventre, jambes et bras écartés en lui liant les chevilles et les poignets fermement avec des cordes en prenant soin d'étirer ses membres en position d'écartèlement extrême. Xavier se saisit d'un martinet aux lanières en cuir et commença avec art à flageller les reins qui s'offraient à lui; il commença doucement, visant le sommet des fesses tendues. Charlotte n'avait pas très mal; chaque cinglement amenait seulement un sursaut, une contraction de ses muscles fessiers, mais peu à peu, une douce chaleur irridia sa croupe, se propageant à son vagin. Une torsion légère des cuisses et de ses hanches donnait au corps un balancement lascif. De la bouche de la soumise contrainte sortirent de longs soupirs. Xavier, excité, commença à frapper plus fort par le travers et les gémissements de Charlotte furent plus profonds et la danse de la croupe s'accentua. En même temps qu'elle entendait un sifflement, elle sentit une atroce brûlure dans les reins et hurla; l'homme la flagellait à toute volée. Il n'attendit pas qu'elle se tût, et recommença cinq fois, en prenant soin de cingler chaque fois, ou plus haut ou plus bas que la fois précédente, pour que les traces fussent nettes. Charlotte crispa ses poignets dans les liens qui lui déchiraient la chair, le sang monta à la tête. Alors Juliette s'accroupit près des épaules de Charlotte et lui caressa la tête, penchée sur elle, lui donnant de longs baisers qui grisèrent la soumise éplorée. Xavier frappa encore plus fort et les fines lanières claquèrent dans un bruit mat les fesses musclées. La suppliciée se mit à gémir en hoquetant et en tordant son buste que sa Maîtresse maintenait tout en le caressant; elle lui promit toutes les joies charnelles qu'elle voudrait sur son propre corps, mais lui demanda de résister encore; parfois Charlotte se tournait vers Xavier dénudé, qui, tel un démon, les yeux fous de luxure, le ventre tendu, la verge en érection, la flagellait avec une force inouïe. Alors les lanières léchèrent le sexe entre les cuisses écartées et un long cri s'échappa des lèvres de la soumise douloureusement atteinte; elle voulut fermer les jambes mais des cinglements plus vifs l'atteignirent sur leur coté. Mais la douleur devint trop vive. Charlotte laissa couler quelques larmes sur la main de Juliette qui fit signe à Xavier de cesser la flagellation. On la détacha de façon à lui permettre de pouvoir prendre du repos, mais cet intermède ne dura que peu de temps; penchée sur le ventre ouvert de la soumise, Juliette posa ses lèvres frémissantes sur le sexe humide et ardent, la faisant sombrer dans une indicible félicité; mais elle même, sentit monter en elle la plus violente des jouissances sous la caresse précise de Vincent qui, glissant sa langue entre ses reins, lapait la peau satinée de sa voie étroite, tandis que des lèvres de Charlotte s'échappait la plainte d'amour, s'éleva le gémissement étouffé de la chair humide et palpitante de Juliette, jouissant de toutes ses forces. Xavier dut maintenir les hanches à deux mains, tant les sursauts du spasme furent violents et inintérrompus. Quand Charlotte eut repris ses sens, tous trois revinrent sur le lit; Xavier fit prendre à la jeune soumise les positions les plus indécentes, puis à son tour, il lui tendit sa verge en érection. Elle s'agenouilla et le masturba lentement, en roulant sa paume tout autour du cylindre de chair avant de le prendre en bouche; avec violence le phallus se contracta, manquant de ressortir de ses lèvres qui l'aspiraient pour le retenir. Il éjacula brusquement, innondant sa gorge de sperme qu'elle avala mystiquement jusqu'à la dernière goutte. Juliette posa son index sur l'anus de Charlotte, et lentement l'enfonça dans les entrailles chaudes, jusqu'au bout. Les yeux fermés, elle cherchait à imaginer, en sentant les contractions des sphincters intimes, la volupté ressentie par un homme dont le membre était pris dans cette voie exiguë; doucement, elle agita son doigt dans l'orifice offert, tandis que sa soumise redonnait de la vigueur à Xavier, par le mouvement de sa bouche refermée et resserrée sur le membre gonflé; elle comprit simplement qu'à son tour, il souhaitait frayer un chemin au plus étroit. Il se dégagea, se leva et, attirant par les reins Charlotte, laissa son sexe se caresser au sillon des reins, que Juliette avait laissé à regret; alors avec force, sans préliminaire, il enfonça son phallus, remontant et allant frapper au fond de la cavité de l'orifice naturellement étroit. Dans un long gémissement, elle accepta cette chair qui distendait ses reins non sans se débattre et sans être comblée de honte, mais à laquelle, elle ne se déroberait pas, même si cela lui semblait sacrilège; elle gémit encore plus fort, quand elle sentit le membre caché, buter au fond de ses entrailles offensées. Vincent sodomisa profondément ce jeune corps soumis, se regardant glisser hors de l'étui intime, se contracter et distendre les bords plissés de l'anneau anal. Bientôt, l'excitation fut trop forte et il accentua la cadence, secouant la croupe empalée. Charlotte, elle même avivée par ce frottement intense dans ses entrailles forcées, s'abandonna à son tour, tandis que l'homme lançait en elle, par saccades quatre jets de sperme visqueux et âcre. Elle se tordit de jouissance et, dans une longue plainte, soupira, s'écroula, vaincue par un orgasme dont l'intensité la bouleversa. Xavier se retira, la libérant; Charlotte voulut le prendre dans sa bouche pour le laver, mais dédaigneusement, il refusa. Semi-consciente, elle pensa seulement qu'aucun orifice de son corps ne serait épargné, qu'elle devrait aussi accepter d'être prise au plus étroit et savait que cette humiliation lui serait infligée par la volonté de la maîtresse qu'elle aimait. Elle était là pour que Juliette assouvisse ses plus bas instincts, ses plus vils fantasmes; au fond d'elle même, elle était décidée à ne pas la décevoir. En fut-elle délivrée ? Chaque jour et pour ainsi dire rituellement salie de sueur, de salive, et de sperme, elle se sentait comme un réceptacle d'impureté. Cependant les parties de son corps les plus souvent offensées lui paraissaient, malgré elle, plus belles, comme anoblies. Sa liberté serait pire que n'importe quelle chaîne. Hommage à Charlotte. Bonne lecture à toutes et à tous. Méridienne d'un soir.
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