Stanley34

Brille, diamant fou ! Tu cherches dans l’angle des deux rues, le Bar Petite vitesse, oui c’est ça, où pouvait-il donc se trouver, tu te souviens, tu venais là, parfois, avec ton grand-père dans le soir de la ville (avec ton grand-père ? tu dois avoir huit, dix ans ?), les locaux du journal régional, au milieu du cliquetis des tringles, les lettres de plomb formaient des mots en tombant, d’où tenait-il la connaissance de ce linotypiste ? Le vent est froid et humide, inamical, tu es sorti quelques instants plus tôt de ce restaurant en face de la gare, dernier rendez-vous pour consacrer la rupture, échanger, ou confronter, ou proposer les derniers arguments de ce qui t’est apparu plus vain chaque jour. Le miracle n’aura pas eu lieu, il avait peu de place de toute façon, le temps durcit les vies, les jours qui filent ne laissent pas cours aux regards qui ne se croisent pas, en définitive. Pas faute d’avoir essayé, vous comme moi. J’ai voulu croire, comme souvent, comme trop souvent, où se trouve la limite entre la bonne volonté et la stupidité, seul mon suaire pourra le dire. Il n’y avait plus rien dans mes mains. Il faut repartir maintenant, pas à vide tout à fait, jours après jours j’apprends, je veux dire de cette vie nouvelle que je ne saurais plus lâcher maintenant, la vanille ne m’aura plus ! Le regard neuf du communiant, triomphant de bêtise, encore étonné de son coming-out… Seule la relation compte. Seul le regard compte. Je le sais maintenant, seul cet accord qui fait les jours, mes kinks peuvent rester au placard, qu’en ai-je à faire si nous savons en inventer de nouveaux ? Le regard et la main. Celle de la chapelle sixtine, ces doigts qui se cherchent, la profondeur de l’âme, l’accord. Nous n’étions pas sur la même planète, c’est dommage car nous avons essayé de le croire, chacun a blessé l’autre en secret et les petites cicatrices font des fractures plus grandes qu’on ne le croit. Dehors il fait froid, marche, comme un diamant fou, sur ce trottoir à tous les vents, avance, la vie se réinvente jusqu’à l’aube, tu seras vivant toujours et la mort ne te connaitra pas.