Harmonies-75000

L’IMPROBABLE INSOLITE... (06/11/2023) Tout juste connectée qu’un message tombe dans ma messagerie. « Je vous attends à 14h au bar du… ». J’indique espièglement à l’homme qu’il s’est trompé de destinataire et qu’il serait regrettable qu’il manque son rendez-vous. En réponse « Soyez ponctuelle. Vous me reconnaîtrez ». Soupçonneuse d’avoir à faire à un de ces tristes sires de plus qui jettent de la poudre aux yeux, je consulte son profil. L’homme ne vend rien, si ce n’est que ses quelques mots de présentation soufflent l’authentique et suscitent la curiosité. Curieuse je suis. Je décide donc d’accepter ce qui tient plus d’un ordre que d’une invitation, sans le lui confirmer pour autant. On verra bien. Trente minutes avant l’heure indiquée, je me retrouve devant la porte. A priori une pizzeria et non un bar. Je vérifie l’adresse, je suis bien au lieu précisé. Je pousse la porte. Quelques tables, un four à bois, un pizzaiolo qui s’active derrière. Au pire, s'il ne venait pas, je mangerais une pizza. J’explique au serveur que j’ai rendez-vous avec un collègue au bar, mais qu’il a dû faire erreur sur l’endroit. Le serveur me montre nonchalamment une porte au fond de la salle. « Le bar est derrière ». Je me dirige vers cette porte, l’ouvre, et me retrouve dans une sorte de chambre froide plongée dans une semi-obscurité. Je sens une certaine tension m’envahir. Mes yeux cherchent une autre issue, trouvent une autre porte que je pousse avec un quasi énervement, découvrant alors un endroit invraisemblable. Lumières tamisées, ambiance art déco, qui me renvoie à ces bars clandestins de la prohibition. Je souris. J’aime le froid et le chaud générés par ce périple sinueux. Je me demande si l’homme sourit également en imaginant ce que sa perversion dirigée a pu susciter…. Le bar est vide, je m’installe à une table au fond, tournant le dos à la porte. 13h59… je perçois les bruits de la porte qui s’ouvre, des pas qui se dirigent vers moi. L’homme marque une pause. Je le sens derrière moi qui m’observe. La tension resurgit. A cet instant je me sens vulnérable, ma respiration s’accélère, ma raison m’échappe. J’aime ce déferlement d’émotions. Inconsciemment ma tête se baisse, j’attends. L'homme prend son temps. L'attente qu'il se passe quelque chose me semble interminable. J’entends alors ses pas qui reprennent et me contournent. Je le devine face à moi. Je n’ose relever la tête. « Bonjour Madame, j’apprécie votre ponctualité ». Je le regarde alors. Un viking des temps modernes au regard malicieux. La tension, un peu ridicule, tombe. Je le salue à mon tour. Il commande un café, et moi un thé glacé. Une discussion démarre autour de l’insolite de son invitation à le rejoindre et du cheminement pour parvenir jusqu’à lui, sans qu’elle ne se tourne vers le bdsm. Les mots de mon profil l’ont interpellé, l’homme tenait à ce que l’on fasse connaissance, rien de plus. Mes yeux se portent souvent sur ses mains, larges, puissantes, imaginant déjà les tourments qui pourraient me chavirer. Deux heures se passent, échanges à bâtons rompus. Quoi de mieux après tout que de parler de tout et de rien pour s’appréhender. L’homme propose de prolonger la rencontre dans un bowling. Une première pour moi, ne connaissant rien des fondamentaux de cette activité. Chemin faisant, il m’explique, allant même à me prendre par les hanches pour me faire comprendre la bonne position à avoir pour lancer la boule. Je souris à la situation incongrue sur le trottoir. Ses effleurements, sa façon de me tenir, m’électrisent me donnant déjà l’envie de plus. Je m’étale comme une crêpe au premier lancer. L’homme me redresse, me plaquant contre lui le temps que je reprenne contenance. Cette proximité m’affole... Il est temps pour moi de partir. L’homme me raccompagne jusqu’au métro, me tendant un billet tout en déposant un baiser léger sur mes lèvres. Nouvelle salve de papillons qui virevoltent dans ma tête et dans mon ventre. Je m’échappe, avide de lire ce que contient ce papier plier en quatre. « Demain 14h… une nouvelle adresse… soyez ponctuelle ». Bien évidemment je serai à l’heure…

Au bout de ses doigts... (04/06/2021) Les mots de son profil, différents, sans fioritures inutiles. Un échange s’engage. Très vite un appel. Une voix douce et posée, enveloppante, les mots continuent de sonner justes à mon oreille. Trop peut-être pour être aussi rassurants qu’ils veulent bien l’être. Le jour de la rencontre se fixe. J’ai toujours eu ce fantasme d’une première rencontre les yeux bandés. Acte de soumission, d’acceptation de ce qui va arriver sans pouvoir le prévenir, ni l’anticiper. L’homme me laisse le choix de décider jusqu’à la dernière minute. Celui de l’attendre dans le hall de l’hôtel et de rejoindre ensemble la chambre où il posera lui-même le bandeau sur mes yeux. Cet autre, que je l’attende, nue, allongée sur le lit, la vue occultée. Jour J. Les stations de métro défilent. Trop vite. Quel va être mon choix. Je me dirige devant le bel hôtel, mon téléphone à la main. Mes doigts tremblent comme jamais en composant le sms. Chambre 317. La clef m’attend à la réception. D’une démarche mal assurée, je traverse le hall jusqu’à l’ascenseur. Je me demande si l’homme est au bar et m’observe. Je me retourne cherchant celui dont le regard pourrait être sur moi. Les quelques clients sont tous à pianoter sur leurs portables. Devant la porte de la chambre… ai-je fait le bon choix… trop tard pour faire machine arrière désormais. La chambre est élégante. La lumière est tamisée. Quelques bougies ont été disposées ça et là. En sourdine, une musique relaxante. Je retire mes vêtements, me douche. Nouveau sms pour l’informer que je suis prête. Je me mets en position sur le lit et pose le bandeau sur mes yeux. Je deviens alors une autre. Vulnérable, offerte, dépendante. Je tente de dissiper la crainte qui m’envahit en me concentrant sur la musique. La porte s’ouvre. Je sursaute. J’entends l’homme se rendre dans la salle de bains, se laver les mains, et se changer. Comme il me l’avait précisé, lui restera habillé. La suite m’appartient... Ce témoignage, en remerciement à un autre homme, qui a su m’apprendre, et m'apprend encore, que les impossibles peuvent devenir possibles.