Elle savait que cela viendrait.
Pas quand. Pas comment. Mais elle en portait la certitude comme une lame suspendue au-dessus d’elle. Et elle l’attendait, chaque jour, chaque nuit, avec un mélange brûlant d’effroi et de désir. Tout avait été préparé. Les règles, les limites de sécurité, le mot d’arrêt. Mais elle avait aussi signé pour le reste l’inconnu, l’irréversible.
Elle avait remis sa volonté. Abandonné son nom. Et il avait accepté cette offrande. Quand cela arriva, ce fut brutal. Silencieux. Une main gantée sur sa bouche. Un corps contre le sien, sec, puissant. Un souffle dans son oreille :
« Maintenant, c’est fini. Tu viens avec moi. »Des menottes claquées. Un sac sur la tête. Le monde rétréci à l’obscurité, aux battements furieux de son cœur. Le trajet fut long. Ou peut-être très court. La réalité avait déjà commencé à se dissoudre. Quand la lumière revint, elle était nue. À genoux sur de la paille rêche, dans un box sans fenêtre. Un collier de cuir lourd autour du cou. Une caméra braquée sur elle. Face à elle, un homme. Debout. Impassible. Pantalon noir, bottes lustrées, chemise sombre entrouverte. Il la fixa longuement. Puis parla :« Numéro 17. Statut : bétail non dressé. Phase une : privation, obéissance, effacement. »Elle ne répondit pas. Elle ne pouvait pas. Elle frémit simplement, prise dans cette première morsure du réel. Il l’avait arrachée au monde. Et elle était prête.Les jours suivants furent secs, mécaniques, impitoyables.
Le silence régnait. Elle n’avait pas le droit à la parole. Pas le droit au regard. Pas le droit à la question. Chaque matin, elle se présentait comme ordonné : nue, à genoux, front au sol, sexe et bouche offerts. Chaque erreur lui coûtait. Une fessée, des minutes de douleur sur le gravier, des heures de silence en cage. Il ne criait jamais. Il imposait. Elle mangeait dans une gamelle. Dormait enchaînée. Était observée, notée, filmée. L’objectif n’était pas d’humilier, mais de briser ce qui résistait encore en elle. Et elle l’acceptait. Parce qu’au fond, elle le voulait. Elle voulait s’effacer pour renaître sienne.Il ne lui parlait jamais de son passé. Elle n’avait plus d’histoire.
Il ne voulait pas savoir son prénom. Il l’appelait simplement la chose.Elle apprit à réagir à un claquement de doigt. À jouir sur commande. À obéir dans l’instant, sans condition.Ses mains étaient toujours marquées. Son corps, souvent dressé, parfois caressé jamais par tendresse. Toujours pour l’usage.Chaque contact était un rappel : « tu m’appartiens. »Un matin, elle reçut un matricule. #17 – propriété M. Gravé sur une plaque métallique, suspendue à son collier. Ce jour-là, elle pleura. Non de douleur. Mais de reconnaissance.L’épreuveMais un soir, quelque chose vacilla. Elle était fatiguée. Son regard s’était éteint. Il le vit. Et il décida de trancher. Il la fit appeler, nue, sans lien. Debout, dos au mur.Quand il entra, le silence pesait. Puis il s’empara de sa gorge. Sa poigne était ferme, maîtrisée. Il la plaqua contre les planches. Son souffle contre son oreille.
« Tu crois que je ne vois pas ? Cette tension dans ton silence. Cette attente. Tu veux que je t’arrache ce qui reste de contrôle. Alors regarde-moi. »Elle osa. Et ce qu’elle vit dans ses yeux n’était pas seulement de la domination. C’était une certitude froide : je vais te posséder totalement.Il la relâcha. Elle tomba à genoux, haletante.
Et dans un souffle, presque instinctivement :
« Merci… Maître. »C’est ce soir-là que tout changea.À partir de là, chaque acte de discipline, chaque usage, portait un sens nouveau. Il ne la traitait plus comme une chose. Mais comme sa chose.
Il ne la liait pas pour la briser. Il la liait pour l’ancrer. Parfois, il la caressait après l’avoir utilisée. Parfois, il la berçait une minute, dans le noir. Il ne parlait toujours pas d’amour. Mais elle savait. Et cela suffisait.ÉpilogueUn soir, alors qu’elle s’endormait nue, enchaînée à ses pieds, il posa la main sur sa nuque. Et murmura, simplement :
« Tu es à ta place. Tu es complète. »Elle ferma les yeux. Et pour la première fois, elle ne pria pas pour rester.
Elle savait qu’elle ne partirait plus. Elle était devenue sa propriété.Pas une esclave.
La sienne.
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La Sphinx
Je me pose une question, c'est plus douloureux les graviers ou les grains de riz comme punition ? Comme d'habitude, ton texte c'est comme un rosbeef c'est bien ficelé !
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1
09/04/25

Dozable
Quel talent !
Merci
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1
10/04/25

Asgeïr
Je pense que des gravie en 4/6 sont terriblement douloureux
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1
10/04/25