Savoir poser les yeux

Ils sont présents, marqués, soutenus, exprimant étonnement, réprobation, envies, jalousie, désirs : on marque les regards toujours d’une salle à une autre, d’une terrasse à un comptoir. D’une relation partenariale équilibrée dirait on aujourd’hui dans cette novolangue bdsm, j’aime son élégance à mon bras qui statue ma bestialité, elle affectionne l’emprise de mes mains qui libère sa féminité : contraste et aura saisissants, portés par son collier à la vue de tous, son pendentif de lune entre les seins.Et pourtant, le sien de regard n’était pas acquis, mélange d’une suspicion et d’un désir étiolé, d’une mélancolie sensuelle et d’une pointe d’envie. Presque deux mois que mes mains n’avaient coloré son derme, quelques jouissances autorisées, autant de lignes échangées que de doutes et d’instincts contraints.Un prieuré pour expier ses doutes, ces certitudes, des gifles pour couper court à toute spéculation. Je suis là, je suis ton dhom et ton corps me reviendra.Certaine de la première mais surprise de l’acte, sa joue s’enflamme, prise sur le fait de ses errements, son intérieur éclot, souvenir d’une saison de sens nouvelle à venir. Elle se cambre, elle souffle, elle réapprend ces fessées qui l’émoustillent, qu’elle craint tant en intensité qu’en rythme long. Elles seront plus douces, je me réapproprie ce corps de jeune bourgeoise doucement, sûrement et fermement, avec autorité vers celui d’une soumise déjà moins impudique.Je soulève sa poitrine, elle a déjà gonflée de désir, lourde, les disques de sa robe sequin laissent entrevoir ses tétons, droits, gorgés. Ces disques, ils auraient du être de métal, froids, incisifs. Elle est prête à être outragée, sans ménagement, son regard est redevenu paisible, serein et lumineux…elle a déjà basculée. Elle redevient mienne.