Bonjour DrZ, pas mal comme entrée en matière !
En effet, la "communauté" est un ensemble très hétéroclite, que moi-même je ne connais quasiment pas, hormis la part qui en émerge sur ce site - mais à l'intérieur de cette part, le terme "féministe" n'est pas toujours le bienvenu, ou alors c'est souvent pour s'en moquer...
Je trouve qu'il y a là une dynamique cognitive et sociale très intéressante, que je ne me suis pas risqué à aborder frontalement pour l'instant, parce que j'ai encore besoin de temps d'observation et de formulation. Mais si j'essaie, je dirais que le BDSM a une parenté certaine avec les logiques de pouvoir à l'oeuvre dans la société, et donc naturellement avec le partiarcat. Ce qui est intéressant ici, c'est que l'on s'autorise à le penser et à le vivre d'une manière différente que dans le féminisme "classique", qui souhaite s'en débarrasser (et c'est bien légitime !): dans le BDSM on peut en jouer, le subir, l'infliger, ce qui donne une palette beaucoup plus large de possibilités d'actions. Formulé autrement, on peut tout à fait être par exemple une femme féministe, et ressentir une profonde pulsion de se soumettre; et il me semble que loin d'être contradictoire, cela revient à quelque sorte à "exorciser" la trace profonde que la culture patriarcale a laissée en nous, et qui produit la chose suivante: c'est le gros kiff (sexuel) de se conformer à ce modèle de répartition des pouvoirs. Mais ça manque encore de nuances, le terme "exorciser" est très mauvais, comme s'il y avait quelque chose de malsain à supprimer, alors qu'en fait il s'agirait plutôt de s'autoriser à vivre dans un contexte intime et sécure ce que par ailleurs on combat de manière systémique. Et puis, ce n'est pas tout, parfois c'est justement de vivre l'inverse qui nous fait kiffer: être un homme soumis ou une femme dominante pourrait être interprété comme une "revanche" jouissive sur la structure de domination... Bref, c'est complexe, et peut-être bien que faire un lien entre les fantasmes et pratiques individuelles d'une part, et les structures sociétales de pouvoir de l'autre, est complètement abusif, mais honnêtement ça m'étonnerait.
On trouve sur ce site (et probablement dans la communauté IRL) des "vrais" réactionnaires, qui ont forgé la croyance que la place de la femme c'est de faire des enfants et de la popotte, et d'être structurellement soumise à son bonhomme. Ca s'aligne avec les fantasmes de l'un et de l'autre, donc tout va bien, on peut même le revendiquer et le crier haut et fort, parfait. Mais à mon avis c'est loin d'être majoritaire, du moins parmi les personnes avec qui j'ai des échanges (mais j'ai soigneusement fait le tri ! :smiley:) : même les personnes qui vivent une relation D/s 24/7 ne se dévalorisent généralement pas, elles ne se considèrent pas comme intrinsèquement inférieures, c'est "juste" que l'échange intégral et continu de pouvoir au sein de la relation leur convient très bien, la nuance est capitale je crois.
Tout ça étant (laborieusement) dit, je ne peux qu'être d'accord avec Marie: même si tous nos actes, même les plus intimes, ont une dimension politique, quand on est dans le cocon d'une relation amoureuse, le plus important c'est de prendre soin de soi et de l'autre. Prendre soin de vous, ça veut sans doute dire ne pas laisser moisir dans un coin vos pulsions, fantasmes, aspirations sexuelles et relationnelles. Prendre soin de l'autre, ça peut étrangement être lui infliger de la contrainte et de la douleur!... mais en s'assurant que le cadre dans lequel c'est fait correspond à ses propres aspirations. D'où communication, consentement, et tout le tralala. A ce sujet, les personnes qui pratiquent le BDSM ont sans doute une longueur d'avance sur le reste du monde en termes de conscience des dangers encourus, et de nécessité de poser un cadre sécurisant. Finalement, plus féministes que les féministes, les BDSMs ? :wink:
Sinon, vous devriez je crois oser en dire un peu plus sur le cheminement dans lequel vous êtes avec votre épouse: qu'est-ce que vous avez déjà essayé, quelles étaient les réactions, comment vous avez communiqué, etc. Pas forcément sur la partie "forum public", d'ailleurs, à vous de voir... Ca permettrait sans doute de vous donner, sinon des conseils, du moins des témoignages et retours d'expérience plus ajustés à votre situation. Et n'oubliez pas que chacun-e en est à sa propre situation, n'ayez pas de honte à ne pas être un vieux briscard du BDSM, tout le monde est légitime ici. Et ceusses qui vous feront entendre le contraire, il existe une fonctionnalité pour ne plus les entendre parler !
Et enfin, je me permets de faire un peu de retape pour mon propre article, qui contient il me semble quelques réflexions connexes à ce que vous évoquez - notamment autour de la proposition d'équilibrer en quelque sorte la dynamique de pouvoir "structurelle" en inversant les rôles périodiquement: https://www.bdsm.fr/blog/9898/%22Je-suis-switch%22/
Et une bonne journée !
En effet, la "communauté" est un ensemble très hétéroclite, que moi-même je ne connais quasiment pas, hormis la part qui en émerge sur ce site - mais à l'intérieur de cette part, le terme "féministe" n'est pas toujours le bienvenu, ou alors c'est souvent pour s'en moquer...
Je trouve qu'il y a là une dynamique cognitive et sociale très intéressante, que je ne me suis pas risqué à aborder frontalement pour l'instant, parce que j'ai encore besoin de temps d'observation et de formulation. Mais si j'essaie, je dirais que le BDSM a une parenté certaine avec les logiques de pouvoir à l'oeuvre dans la société, et donc naturellement avec le partiarcat. Ce qui est intéressant ici, c'est que l'on s'autorise à le penser et à le vivre d'une manière différente que dans le féminisme "classique", qui souhaite s'en débarrasser (et c'est bien légitime !): dans le BDSM on peut en jouer, le subir, l'infliger, ce qui donne une palette beaucoup plus large de possibilités d'actions. Formulé autrement, on peut tout à fait être par exemple une femme féministe, et ressentir une profonde pulsion de se soumettre; et il me semble que loin d'être contradictoire, cela revient à quelque sorte à "exorciser" la trace profonde que la culture patriarcale a laissée en nous, et qui produit la chose suivante: c'est le gros kiff (sexuel) de se conformer à ce modèle de répartition des pouvoirs. Mais ça manque encore de nuances, le terme "exorciser" est très mauvais, comme s'il y avait quelque chose de malsain à supprimer, alors qu'en fait il s'agirait plutôt de s'autoriser à vivre dans un contexte intime et sécure ce que par ailleurs on combat de manière systémique. Et puis, ce n'est pas tout, parfois c'est justement de vivre l'inverse qui nous fait kiffer: être un homme soumis ou une femme dominante pourrait être interprété comme une "revanche" jouissive sur la structure de domination... Bref, c'est complexe, et peut-être bien que faire un lien entre les fantasmes et pratiques individuelles d'une part, et les structures sociétales de pouvoir de l'autre, est complètement abusif, mais honnêtement ça m'étonnerait.
On trouve sur ce site (et probablement dans la communauté IRL) des "vrais" réactionnaires, qui ont forgé la croyance que la place de la femme c'est de faire des enfants et de la popotte, et d'être structurellement soumise à son bonhomme. Ca s'aligne avec les fantasmes de l'un et de l'autre, donc tout va bien, on peut même le revendiquer et le crier haut et fort, parfait. Mais à mon avis c'est loin d'être majoritaire, du moins parmi les personnes avec qui j'ai des échanges (mais j'ai soigneusement fait le tri ! :smiley:) : même les personnes qui vivent une relation D/s 24/7 ne se dévalorisent généralement pas, elles ne se considèrent pas comme intrinsèquement inférieures, c'est "juste" que l'échange intégral et continu de pouvoir au sein de la relation leur convient très bien, la nuance est capitale je crois.
Tout ça étant (laborieusement) dit, je ne peux qu'être d'accord avec Marie: même si tous nos actes, même les plus intimes, ont une dimension politique, quand on est dans le cocon d'une relation amoureuse, le plus important c'est de prendre soin de soi et de l'autre. Prendre soin de vous, ça veut sans doute dire ne pas laisser moisir dans un coin vos pulsions, fantasmes, aspirations sexuelles et relationnelles. Prendre soin de l'autre, ça peut étrangement être lui infliger de la contrainte et de la douleur!... mais en s'assurant que le cadre dans lequel c'est fait correspond à ses propres aspirations. D'où communication, consentement, et tout le tralala. A ce sujet, les personnes qui pratiquent le BDSM ont sans doute une longueur d'avance sur le reste du monde en termes de conscience des dangers encourus, et de nécessité de poser un cadre sécurisant. Finalement, plus féministes que les féministes, les BDSMs ? :wink:
Sinon, vous devriez je crois oser en dire un peu plus sur le cheminement dans lequel vous êtes avec votre épouse: qu'est-ce que vous avez déjà essayé, quelles étaient les réactions, comment vous avez communiqué, etc. Pas forcément sur la partie "forum public", d'ailleurs, à vous de voir... Ca permettrait sans doute de vous donner, sinon des conseils, du moins des témoignages et retours d'expérience plus ajustés à votre situation. Et n'oubliez pas que chacun-e en est à sa propre situation, n'ayez pas de honte à ne pas être un vieux briscard du BDSM, tout le monde est légitime ici. Et ceusses qui vous feront entendre le contraire, il existe une fonctionnalité pour ne plus les entendre parler !
Et enfin, je me permets de faire un peu de retape pour mon propre article, qui contient il me semble quelques réflexions connexes à ce que vous évoquez - notamment autour de la proposition d'équilibrer en quelque sorte la dynamique de pouvoir "structurelle" en inversant les rôles périodiquement: https://www.bdsm.fr/blog/9898/%22Je-suis-switch%22/
Et une bonne journée !
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