Tout a été (bien) dit sur le sujet. Ce moment magnifique que l'on ne peut que encenser et rechercher.
Hélas, il existe des débordements. Voici en son temps, ce que j'avais écrit. Le Dominant C étant inscrit sur ce site. J'ai biffé son pseudo complet.
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Les « débordements » du subspace.
Cet état extrême de lâcher-prise peut parfois mener à des débordements lorsqu’ils ne sont pas (ou mal) contrôlés par le Maître, soit par méconnaissance de cet état (par défaut d’expérience), soit par négligence (par absence de documentation sur le sujet), soit par manque d’intérêt (cas de ceux qui considèrent le BDSM comme un jeu et non pas comme une pratique à part entière).
Je fus victime d’un Maître novice dans le BDSM mais particulièrement doué pour la domination par la douceur.
Après une préparation psychologique longue, récurrente et assidue où le programme de la séance m’avait été conté, écrit, rabâché comme une ritournelle de gourou, conjuguée à un éloignement géographique de nos corps où chacun avait sublimé l’absence de l’autre, la rencontre au milieu de ce « trip » fut électrique.
La corde à peine passée à mon poignet, je me suis sentie comme défaillir, abandonnant langoureusement mon corps à la corde qui l’encerclait, immobilisait mes membres, ceinturait chaque partie de moi qui s’anesthésiait délicieusement, j’ai perdu conscience.
J’ai eu l’impression de « sortir de mon corps ». Je ne ressentais plus aucune sensation, je n’ai plus de souvenirs de ce moment et suis incapable de dire combien de temps a duré la séance.
Les yeux bandés et la bouche bâillonnée ont contribué favorablement à l’isolement que le Maître recherchait pour moi.
A la fin de la séance, il a retiré le bâillon, ôté le bandeau et je l’ai enfin vu ! Celui duquel j’étais séparé visuellement depuis 2 longs mois, celui qui devenait à nouveau réel après tous ces échanges téléphoniques et virtuels !
« bonjour chérie » et son grand sourire m’ont accueillie à la fin de ce premier subspace de ma vie !
Je l’ai trouvé exceptionnellement beau (il l’est réellement !). Puis il a « disparu » sous la douche en prenant juste soin de me couvrir afin que je ne prenne pas froid. Mais il n’est pas revenu s’assurer de mon « retour à la conscience » et encore moins me gratifier…
Il s’est isolé dans la pièce voisine pour fumer et regarder la télé. Il m’a laissée me reposer mais moi, j’étais dans l’incapacité de bouger et j’avais tellement envie et besoin qu’il me serre contre lui, qu’il soit là avec moi…mais rien !
Dans l’incapacité de parler, je suis restée comme sur le seuil de cet état sans pouvoir faire marche arrière pour y retourner et dans l’impossibilité de faire le dernier pas pour « revenir à la vie »…
Au bout d’un long moment, je me suis extraite de la couche, je me suis traînée lamentablement sous la douche mais les jets n’ont pas réussi à me sortir de cette torpeur. Je continuais à revivre en pensée et en fantasme ce moment fou qui m’avait procuré tant de plaisir et d’extase.
J’ai dû faire un effort surhumain pour m’apprêter à nouveau et rejoindre mon Maître, désireuse de me lover contre lui, mais il m’a repoussée car il ne se sentait pas bien…
Je ne pouvais décrocher mon regard de son visage, j’étais en admiration devant lui, je le vénérais comme un Dieu, lui qui m’avait donné ce plaisir inconnu…
Il fut exaspéré par cette insistance de ma part. Il n’a pas compris mon besoin et je ne l’ai pas exprimé car à ce moment-là, j’étais incapable de le comprendre…et surtout de parler !
La séparation qui a suivie et l’abandon dont je fus victime juste après ont eu de graves conséquences sur ma santé morale.
D'abord, des insomnies dans la nuit qui a suivie malgré une fatigue extrême.
Puis une impossibilité de concentration (pour lire par exemple ou comprendre les infos à la TV).
Puis un besoin d’isolement, de calme, de silence (chaque bruit était agression, je refusais tout contact ou échanges avec mon entourage).
Puis une agoraphobie (panique au marché le surlendemain).
Puis une paranoïa incontrôlable (j’avais l’impression que chaque personne croisée « entrait en moi et me coupait avec des rasoirs »).
Puis de sérieux problèmes de mobilité (difficulté de marcher d’un point A vers un point B, impossibilité de conduire).
Une peur panique permanente, des battements de cœur tellement rapides et violents que je les entendais résonner dans mes tempes.
Progressivement une perte totale des besoins vitaux (la faim, la soif, le sommeil, le besoin d’uriner)…
Totalement sourde et inconsciente aux propos de mes proches très inquiets de mon état ataraxique.
Puis des idées noires, une forme subliminale d’encenser la mort pour la rendre acceptable et belle donc envisageable à court terme…
Parfois un soubresaut de prise de conscience où je me demandais ce qui m’arrivait, pourquoi, depuis quand ?
J’ai cherché sur des sites, forums et chaque symptôme évoqué dans les moteurs de recherche me menait à « dépression » alors que je n’étais pas déprimée, ni malade, j’étais morose, nostalgique, triste du silence de mon Maître…dans le déni de son abandon…
Enfin, je me suis rendue sur un forum où j’ai échangé avec un Maître et là, le verdict est tombé : SUBSPACE, SEANCE MAL REFERMEE… Je lui ai raconté mon histoire, il m’a expliqué son diagnostic et j’ai compris. Enfin ! Après 7 longs jours de descente aux enfers…
J’ai cherché comment en sortir, plusieurs m’ont donné la solution : faire une séance avec un Maître expérimenté qui me remettra en condition pour m’en sortir progressivement et me gratifier. Mais aucun ne voulait prendre le risque de reprendre une séance derrière quelqu’un au risque d’échouer et me condamner à une mort certaine !
J’ai appelé au secours tous azimuts jusqu’à ce qu’un Maître qui se disait « réparateur de soumises » accepte de relever le défi…et me fixe RDV.
850 kms nous séparaient, j’ai sauté dans le premier avion, basant mes derniers espoirs sur cet homme qui se disait capable de me « guérir ».
Yeux bandés, dans la même tenue que celle de ma séance dramatique, il m’a doucement interrogée sur les conditions de cet échec, il voulait le plus de détail physiques, spatiaux, sensoriels afin de parfaitement visualiser la scène.
Il m’a dominée, bondagée à l’aide de chaînes et contrainte physiquement.
Puis il m’a demandé de me remettre dans la même position qu’à la fin de la séance avec C, c’est à dire à plat ventre, joue gauche posée sur l’oreiller, les mains dans le dos (sans les menottes fraîchement déposées).
Il a soulevé le bandeau et a prononcé : « bonjour chérie » mais m’a demandé de garder les yeux fermés. De ne penser qu’à C, à tous les moments agréables partagés avec lui, à son regard, à sa voix, son sourire, ses beaux messages…
Il m’a caressé le dos, embrassé la nuque, murmuré doucement à l’oreille des mots tendres et gratifiants (merci…que tu es belle…tu as été parfaite…j’ai pris beaucoup de plaisir grâce à toi…tu m’es précieuse…).
Puis il a élevé la voix et m’a dit : « c’est fini, ouvre les yeux et redresse toi ! »
J’étais dans l’incapacité de soulever le poids de mon corps avec mes bras, je pesais brutalement une tonne ! Il m’a encouragée fermement mais j’ai hurlé, un cri strident et guttural, témoin d’une douleur atroce qui me donnait l’impression d’avoir été poussé par quelqu’un d’autre !
Je me suis effondrée et je me suis remise dans la position de départ ! Ça n’avait pas fonctionné…
Patiemment, il m’a rassurée, encouragée et il a recommencé tout le travail, en mutant caresses en massages plus fermes, les baisers doux en embrassades passionnées, en mettant plus de sincérité dans sa voix prononçant les mots tendres…
Cela a duré une éternité jusqu’à ce qu’il sente enfin le relâchement qu’il attendait, qu’il guettait et qu’il espérait ! Puis à nouveau, il m’a dit : « c’est fini, reprend le cours de ta vie, lève toi ! »
Miraculeusement, l’énergie qui m’avait totalement abandonnée depuis ces longs jours m’a fait bondir de ma position de repli.
Etrangement, la première sensation que j’ai ressentie fut celle de la FAIM !!! Une faim incroyable, une envie de dévorer au point que des gargouillis dans mon ventre se faisaient entendre de manière indécente témoignant d’un retour des fonctions vitales…
Puis je me suis prise à sourire, à avoir envie de rire comme euphorique, tellement contente de me retrouver !
Le Maître m’a demandée de m’apaiser, de rester tranquille, de conserver les yeux fermés…jusqu’à son départ.
Il a rassemblé ses chaînes dans un vacarme qui m’a paru assourdissant et duquel je me suis plainte, moi qui ne décrochais que des monosyllabes depuis des jours !
Il est parti après m’avoir dit de l’appeler si je me sentais mal. Il m’a prévenue que j’aurais encore des moments d’angoisse et que pour les gérer et les contrôler, il me suffisait de me remettre dans la fameuse « position » et de penser à des moments agréables avec C.
Il m’a rassurée en m’expliquant qu’en quelques minutes cela passerait et puis finirait par disparaître totalement au bout de quelques jours.
Il m’a dit de m’inscrire sur des sites spécialisés et m’a conseillé de faire vite une rencontre !
C’est ainsi meurtrie et miraculée que j’ai échoué sous le joug d’un doux Maître (Masterlau83) avec qui je partage une passion folle, transférant au départ par lâcheté et manque de loyauté de ma part tout l’amour que j’avais pour C mais qui a su s’imposer et refuser de servir de pansement…
Ce témoignage pour expliquer qu’il peut y avoir des débordements… Que durant cette phase de subspace, la soumise est particulièrement vulnérable et surtout sous l’emprise et la responsabilité de son Maître, qu’elle a besoin d’être sortie de cet état parallèle et particulièrement gratifiée.
Personne ne peut juger le comportement de C, il a été victime de son statut de novice. J’ai ma part de responsabilité car j’aurais pu aussi m’enquérir des dommages collatéraux sur cet état inconnu.
Juste le partage de mon expérience...
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J'ai entendu toutes sortes de railleries à propos du "réparateur de soumises". Mais il fût pour moi, le seul à me sortir de cet état. J'ai été contente de le recommander plus tard à une soumise de ce site qui lui doit aussi une fière chandelle suite à des maltraitances affligées au nom du BDSM.