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#0
C'est un sujet épineux et sensible, que j'espère aborder avec toute la délicatesse requise.

Je pars de deux constats:

-Presque toutes les femmes avec qui j'ai été intime m'ont confié avoir un jour ou l'autre été victimes d'abus sexuels, parfois dès la petite enfance. Je doute d'avoir un profil qui attire spécifiquement et subliminalement ce genre de victimes, et en déduis que leur proportion dans la population doit être horriblement élevée.

-La fréquentation de forums bdsm depuis plusieurs années me conduit à observer que de nombreuses soumises ont également été victimes d'abus sexuels au cours de leur existence. Deux d'entre elles en ont parlé aujourd'hui sur le mur principal, et c'est en partie le déclencheur qui me conduit à poster ce sujet.

Il s'ensuit que je me pose les questions suivantes:

-Est-ce qu'il y a plus de ces anciennes victimes dans le bdsm qu'ailleurs, ou est-ce que leur proportion ici est la même (c'est à dire sans doute très élevée) que dans le reste de la population?

-Est-ce que pour ces anciennes victimes le choix de la soumission est un élément du processus de reconstruction de soi, en ce sens qu'il s'agit dans le bdsm de retourner la situation parce que la posture de soumission y est choisie?

Je me doute que les réponses ne peuvent être simples et définitives, mais je salue par avance toutes celles et tous ceux qui voudront faire part de leurs ressentis ou expériences sur ce sujet difficile. Et même si je connais davantage de femmes concernées par ce type d'histoires douloureuses, il va de soi que la question vaut aussi pour les hommes.
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SAraSakuraKajira
#1
Pour ma part ma venue au BDSM n'est pas en relation directe avec "mes viols"... (voir http://www.bdsm.fr/blog/484/ma-venue-dans-le-monde-bdsm/ ) la motivation en était tout autre.

Le fait est que si j'avais en mémoire le viol commis par, au moment des faits, mon propre mari... ma mémoire avait par contre occulté celui de mon enfance.
Le souvenir de ce dernier m'est revenu au cours d'une séance avec mon Maître.

Aussi difficile qu'il me fût de devoir gérer ce souvenir, ce dernier m'aura permis de comprendre certaines choses de mon passé tels que les non-dits, les silences et les regards de connivence des adultes de ma famille. Et surtout de comprendre enfin la cause à effet de mes attitudes auto-destructrices.

Donc oui... cela a eu un impact sur ma vie... et pas que sur ma vie sexuelle... sur toute ma vie.
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#2
Eric H a dit...

Je conseille d'ailleurs à celles qui ont vécu ces moments de se prêter à la psychogénéalogie : c'est troublant !


Ça doit remuer (et faire remonter) des sacrés trucs, en effet! Merci pour ton témoignage.

Marc a dit...

Il m'est déjà arrivé de ne pas poursuivre avec une soumise à cause de cela, pensant quelle était soumise pour de mauvaises raisons... Ou plutôt que je n'avais pas ma place ici...


Cela m'est arrivé aussi. Et en même temps, qui sommes-nous pour déterminer ce que sont les bonnes ou les mauvaises raisons à l'aune de nos propres critères? S'il y a de bonnes et de mauvaises raisons, elles sont sans doute inextricablement emmêlées.

joliepulpeuse a dit...

sujet interessant...mais je pense que certaines reponse pourraient choqué..


Je peux comprendre vos réticences... Mais du coup on est porté à imaginer ce que vous ne dites pas. Peut-être est-ce préférable... Merci pour votre contribution à ce fil.


Pour ma part ma venue au BDSM n'est pas en relation directe avec "mes viols"... (voir http://www.bdsm.fr/blog/484/ma-venue-dans-le-monde-bdsm/ ) la motivation en était tout autre.


Merci pour ce lien vers votre émouvant et étonnant parcours. Mais il semble tout de même, même si ça s'est bien mieux passé que prévu (et c'est tant mieux), que votre motivation première en instaurant une relation bdsm était d'en venir à détester votre amant en utilisant des procédés susceptibles de vous renvoyer à l'expérience malheureuse avec votre ex-mari... Le recours au procédé ne semble donc pas sans lien avec votre histoire, même si le résultat n'est pas celui escompté...
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#3
Rouksy a dit...

Wow, c'est compliqué...


Ben oui, mais va savoir, c'est peut-être pour ça que c'est intéressant, d'ailleurs.
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Eloïse
#4
Ahhh l'inconscient, quel merveilleux outil... je ne saurais répondre quand au proportions d'abus sexuel parmis les soumis(es), en revanche ce que je peux dire, c'est que parfois certaine expériences toutes anodines peuvent avoir un impact fort... toutes nos experience en cette vie ont un impact sur notre inconscient qui ne loupe rien et est en constante activité...

Je ne prétend pas comprendre l'inconscient et encore moins l'impudence de comprendre ce qui pousse chacun vers ce monde fort en sensations. Néanmoins, j'ai depuis fort longtemps l'intuition que nos pulsion sexuelles sont un moyen d'expression de notre inconscient... parfois ces pulsions existes dans un but salvateur, ou pas, selon les paradoxes crées par nos inconscients (ou plutôt paradoxe des conclusions ressenties lors d'expériences différentes).

l'inconscient étant constament à l'écoute, certains declics consients ajoutent, créent de nouvelles données, qu'il interprete et traite, faisant ainsi évoluer nos ressentis. Car il est à mes yeux une structure de logique sensitive, un ordinateur qui peut être à l'origine de comportements, mais qui ne fait qu'obéir à des reflexions profondes semis consientes, souvent emotives et/ou sensorielle (donc difficilement compréhensible par le language, qui est lui-même une sorte d'alienation de notre language naturel).

Hmmm... ce n'est paut-être pas très clair... quoi qu'il en soit, pour répondre à la question du titre, à savoir : les abus sexuels déterminent-ils une part de la sexualité future ?

je dirais oui, assurément. Mais j'irais plus loin en disant que toute expérience directe ou indirecte ayant un rapport avec une sensation de domination, soumission, une violence, une douleur, et surement d'autres encore, souvent pendant l'enfance (voir bien après*) augmente la probabilité d'une attirance pour cet univers. (a peu près autant que d'un rejet catégorique, non assujetti aux jugements sociétales).



* : bien que ce soit alors beaucoup plus un ensemble de vécus moins intenses, qu'un évenement particulier

PS : désolé pour le pavé, j'étais inspiré.
Dernière modification le 20/07/2013 00:04:39 par Eloïse.
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#5
Nlight a dit...


l'inconscient étant constament à l'écoute, certains declics consients ajoutent, créent de nouvelles données, qu'il interprete et traite, faisant ainsi évoluer nos ressentis. Car il est à mes yeux une structure de logique sensitive, un ordinateur qui peut être à l'origine de comportements, mais qui ne fait qu'obéir à des reflexions profondes semis consientes, souvent emotives et/ou sensorielle (donc difficilement compréhensible par le language, qui est lui-même une sorte d'alienation de notre language naturel).

Hmmm... ce n'est paut-être pas très clair...

PS : désolé pour le pavé, j'étais inspiré.


Hmmm... si, c'est assez clair! Et ne vous désolez pas: au contraire, merci pour ce pavé très conscient!

Paradoxal a dit...

Je laisserai donc les spécialistes en psychologie tirer leurs propres conclusions sur, peut-être, aussi, l'éventuel ''pourquoi'' de mon statut, ainsi que ma maladive incapacité à pouvoir laisser sexuellement une femme prendre les rennes dans ce genre de relation...


Merci Paradoxal pour votre apport. Je reste persuadé que le bdsm n'est pas une thérapie et ne saurait prétendre s'y substituer. Toutefois je vous accorde que c'est en effet un étonnant outil de prise de conscience de certains de nos ressorts.

Quant à l'éventuel déterminisme de votre aventure enfantine sur votre statut futur, je suis persuadé qu'on ne saurait réduire votre parcours à quelque chose d'aussi simple... Même si cet évènement a été déterminant pour vous, nous sommes tous le fruit d'expériences multiples, complexes et contradictoires, voire parfaitement paradoxales, non?


LeMarquis a dit...

3 questions en 1...cela peut amener à la confusion, mais faisons confiance au lecteur(trice).
Ceci dit sans aucune taquinerie, hein!


Hmmm... Oui, j'aurais pu m'employer à mieux déployer mes questions. D'autant plus, comme vous le pointez plus bas, qu'il faudrait aborder l'incidence du parcours de vie tant sur la domination que sur la soumission. Merci de faire avec moi ce pari qu'il sera possible de suivre tout de même.

LeMarquis a dit...

Donc, je vais ramener ma fraise de psy, avec une noisette de vécu....
A: Les abus sexuels déterminent ils....?

OUI, sans aucune restriction, ni contradiction connue.
Il est ainsi de TOUTE expérience vécue, heureuse ou malheureuse...
L'ABUS a ceci de particulier qu'il est "SUBI" par définition,dont l'étymologie ramène à la notion de " sub ire" SOUFFRIR..
Le vécu est TOUJOURS négatif donc!


Est-ce à ce point avéré et incontestable?
J'ai connu des femmes violées qui prétendaient avoir pu "s'abstraire" de leur corps pendant leur viol, et estimaient que cela les avait préservé des conséquences négatives quant à leurs perspectives d'épanouissement sexuel. Faut-il absolument estimer que ce discours est celui d'une protection par le déni? N'est-il pas recevable?


LeMarquis a dit...

C:Reconstruction de soi (et/ou soumission)
Cette question est "orientée" puisque faisant un lien conscient ou non avec une répercution possible qui serait la soumission....Ce qui ne vas pas de soi, non??


Certes, la question est orientée, puisque j'y propose l'élément de réponse de la soumission "choisie" plutôt que subie. Cependant, vous avez raison de relever que rien n'empêche de la reformuler à son gré pour envisager d'autres perspectives!


LeMarquis a dit...

Disons BDSM et reconstruction:

Il y a ,sans doute, à voir dans la sexualité BDSM , une recherche personnelle, une expérience hors de champs "commun", sinon , pourquoi venir en BDSM?
Le BDSM inclue et s'inscrit dans la SEXUALITE freudienne.


Heu... En quoi le bdsm s'inscrirait-il spécifiquement dans une sexualité freudienne plutôt que dans la sexualité au sens le plus large du terme?
Qu'est-ce qu'implique pour vous cette restriction au champs freudien?
(Je précise que je connais mal Freud, et que ce sont donc de vraies questions).

LeMarquis a dit...

Par hypothèse, nous posons que l'abus a une influence sur la sexualité.
Donc l'abus va avoir une influence sur le choix du BDSM, de facto.
CQFD.


C'est une hypothèse freudienne, n'est-ce pas?
Il me semble que le débat devient plus riche si on explore ses limites, l'endroit à partir duquel elle devient contestable... Ne pensez-vous pas qu'elle puisse l'être?


LeMarquis a dit...

OUI, les "abusé(e)s" venus en BDSM, vont s'y reconstruire ou du moins le tenter...

Via la soumission?
Uniquement la soumission?
Pas sur!!!

Ce qui va influencer notre envie de "dominer" ou "d'être dominé(e)", est un mécanisme complexe, dans lequel la résolution de l'abus intervient..
Alors souffrir encore ou faire souffrir???
Donner ou recevoir??

Ce "choix" qui n'en est pas un, est dicté par la psyché de chacun et sa résolution de toutes les expériences vécues depuis la matrice maternelle....
Et là, à chacun(e) sa croix...

Ite missa est..Smile


En tout cas, merci d'être venu trainer votre croix sur ce sujet.

Cheyenne a dit...

Je pense donc que le BDSM peut être un milieu salvateur pour ce type d'expériences, d'abus physiques ou psychologiques, mais c'est aussi malheureusement un terrain de chasse de prédilection pour prédateurs et manipulateur et parfois aussi j'ai put constater un lieu d'abimes pour des victimes qui n'ont pas réussi à s'en sortir et s'y retrouve plus où moins consciemment dans un but d'auto-destruction... C'est à dire là pour une mauvaise raison et dans un situation où je considère que le consentement, même librement consenti, n'est pas éclairé comme on dit en médecine et donc caduque.

Je pense que c'est peut être cette partie de la population de victime qui vient au BDSM pour de mauvaises raisons qui fait pencher la balance du coté BDSM et qui fait qu'on peut penser que c'est un milieux qui attire cette population, tout comme on trouvera peut être plus de victime dans les sectes que dans les religions conventionnelles peut être...


Merci pour cet autre éclairage et ce nouveau rebondissement dans la réflexion, Cheyenne.
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