2h du matin, je reviens d'une soirée avec Émilie. On a mangé, papoté, dansé, dansé, dansé. J'ai pas regarder l'heure. Je voulais juste ne pas penser, danser, sentir mes pieds me faire mal. Enlever mes bottines à talons hauts et fins et continuer de danser.
Je me suis vidée la tête. Lâcher prise avec mes émotions. J'ai encore fait une crise d'angoisse bien carabinée hier. En même temps je sens que cette catharsis m'a libérée d'autant plus qu'elle était forte. Les mots étaient coupants, violents. Comme l'étaient mes émotions, celles que je n'arrivais plus à contenir. Mon Maître a eu peur et je peux facilement le comprendre.
En même temps tout était en place pour que j'explose.
Mercredi, une soirée idyllique, j'ai sûrement fait quelques erreurs mais je débute. Je ne le vois que pour la deuxième fois pour du bdsm. C'est ma première "vraie" séance, et ma première "vraie" punition. En décembre, c'était une initation, mes "premières bulles" de soumise. Ce mercredi, je me suis appliquée. Je me suis donnée . J'ai tout fait pour être au maximum au service de mon Maître. IL a été rassurant, juste, d'une sensualité......J'ai senti mon Maître épanoui, satisfait. Dans la voiture, je me sens bien, complète... le smile. La fesse droite qui picote un peu. J'adore.
Petit SMS pour me demander si je suis bien rentrée. Ca me touche.
Il me manque un petit truc. Mais quoi ? Je ne veux pas me prendre la tête sur ce sentiment. Je verrai demain.
Le lendemain, au volant, des images me reviennent. Des bonnes ; heureuses... son visage. Et des questions, début de doute. Début de malaise. Non je ne veux pas me laisser envahir par ces idées. Je repousse. J'en parlerais à mon Maître lors du debrief de ce soir. Il m'aidera, me guidera.
......
Mon Maître n'est pas disponible ce soir. Ca arrive. C'est un peu compliqué pour lui en ce moment. Le boulot, sa fille, l'opération, le déménagement.... Y'a pas de drame.
Pourtant même si je comprends son agenda chargé, je ne me sens pas bien, ça commence à déraper. Je sens bien que le manque et mes doutes vont me rattraper. J'aurais aimé au moins me préparer à ne pas debriefer ce soir avec lui pour éviter d'être déçue. Un petit sms ça aurait suffit. Début d'angoisse. Je vais gérer.
Pour me rassurer , je déroule la pelote dans ma tête.
Il est sur tous les fronts en ce moment. Et puis c'est lui qui décide pour les appels, les SMS... pas moi. En plus il m'a dit qu'on en discutera demain.
Mais aussi pourquoi je me suis mise dans la tête qu'on debrief ce soir ? Il n'a jamais évoqué le sujet. C'est moi qui me suis persuadée de ça. Je vais aller sur internet et lire des trucs sur la relation D/s, ça va m'apaiser comme d'habitude.
Je tape "bdsm debrief" :
"Tellement vrai ce qui a été dit... Le debriefing est INDISPENSABLE, le dialogue et le débat aussi...
J'ai joué quelques fois sans possibilité de débriefing après, qu'est ce que je me suis sentie mal. Le genre de gros mal-être absolument impossible à évacuer, venant du fait de ne pas savoir comment ça a marché, si c'était bien ou mal, ce qui a plu et déplu... Et dans l'incapacité de pouvoir échanger de ça avec la concernée, j'en ai été jusqu'à en parler à des vanilles (!!) C'est pas plus mal en fait, ça m'a permis de faire un petit coming out !
Bref, on a besoin d'en parler, de savoir comment l'autre le vit, comment l'autre l'a ressenti..." heartbeat 2014
"Le debriefing. Elément à mes yeux également très important.
Encore plus pour une relation suivie avec un objectif de progression.
A chaud lors du moment de douceur partagée et de retour au calme, à froid ensuite pour tenter d'être le plus objectif possible." Koi 2014
Et voilà mon erreur : je passe une heure à lire des commentaires sur le debriefing et son importance.
Et je dégringole : IL sait lui. Il est Maître depuis longtemps. Pourquoi est ce qu' IL ne m'a pas proposé ni à chaud, ni à froid ? D'autant plus que c'est nouveau pour moi.
Et puis c'était quoi ce sentiment de manque quand je suis rentrée ce soir là ? Ce malaise le lendemain ? Et voilà l'autre erreur que je ne voulais pas faire pourtant, me dépatouiller seule avec ces idées.
IL est juste, dans l'accompagnement et tendre aussi des fois. IL n'a jamais voulu me faire de mal. Même pendant la punition où il fallait me faire mal, je sentais qu'IL contrôlait pour donner la juste dose. IL sait LUI ce qu'IL fait. Si IL ne fait pas c'est qu'il y a une raison.
Forcément le cerveau tourbillonne, je m'englue dans mes doutes, les mélanges à mes trauma passé parceque les émotions se ressemblent.
J'ai l'impression d'être salie. Non pas par mon Maître ni par ce qu'IL fait avec moi. Loin de là. Mais par mon histoire, mon passé. C'est mon vécu qui me sali. J'ai le sentument de ne pas mériter. Je ne mérite pas qu'on m'embrasse, qu'on me pénétre. Je ne mérite même pas qu'on prenne le temps de discuter. Je ne mérite pas d'être sa soumise.
La nuit et la journée passe. J'ai beau essayer de ne pas y penser, quand je conduis, j'ai le temps de cogiter. Et je me fabrique un joli gloubiboulga que j'arrive même pas à exprimer.
Mais je me temporise, enfin j'essaye. Rien n'est grave. Je sais qu à un moment je vais arriver à me reprendre toute seule. J'y suis toujours arrivée. Et là je suis plus seule, j'ai mon Maître. On en reparlera ce soir, IL me l'a dit. D'autant plus que là IL se doute que y a un truc, j'ai demandé à pouvoir parler.
.....
Le téléphone sonne, IL tient parole comme à chaque fois. Je lui demande ce que LUI en a pensé. Je commence à essayer de me livrer. Sans tout vomir d'un coup, pour éviter que ça fasse trop, pour choisir les mots. Je sais bien que ça va pas LUI plaire. Mais voilà au bout de 8 minutes, un impératif, un vrai. IL faut abréger.
Le choc , oui bien sûr je comprends ce qu'IL a à gerer.
Mais je reste là comme une idiote avec mes émotions à la con et mes doutes qui n'ont pas pu sortir. Je vais devoir me gérer seule avec mes impressions qui se gangrènent. Il me faut crever l'abcès.
IL a compris, fait tout ce qu'IL peut pour me rappeler. J'apprécie.
Mais je suis pas dans mon état "lucide", posée. Je suis à chaud, en train de me battre avec mes émotions, avec moi même.
Un carnage. Les mots sortent. J'essaye de décrire mes sensations. Violemment, maladroitement, en vrac, sans filtre pour en dire un max avant qu'IL soit à nouveau obligé de raccrocher.
Je sais que ça LUI fait mal, je sais que c'est pas le bon moment. Mais il faut que ça sorte. De toute façon, c'est jamais le bon moment.
IL décide qu'on en reparlera plus calmement le lendemain.
Effectivement ce fut plus posé. Mais les dommages collateraux étaient déjà fait.
Je n'ai pas réussi à LUI faire comprendre ce qui se passait dans ma tête. Je LUI ai fait peur. IL doute et c'est normal. Je le comprends. IL ne veut pas me blesser. IL a tellement de choses à penser en ce moment que je ne pense pas qu'IL puisse comprendre ce que j'essaye d'exprimer.
Et puis LUI est moi on est pas sur la même échelle des émotions. J ai un decametre, Il a un double decimetre. Quand je suis à 14 sur mon decamettre des émotions ça lui paraît insurmontable sur son échelle à LUI. IL a peur de m'abimer. Alors que pour moi c'est pas si compliqué, j'ai l'habitude. C'est ça l'hypersensibilité. Elle a été compliquée a gérer pour moi pendant lontemps. Aujourd'hui elle est une énergie positive et constructive. Mais je sais bien que c'est dur pour les proches de comprendre comment on fonctionne et comment nous gérer.
Tout était en place pour que j'explose :
En premier, cette relation, qu'on ne voulait pas à distance, mais qui par la force des choses c'est construite comme ça. Sauf qu'on a pas mis d'outil en place pour gérer cette distance. Pas de rituels, pas de devoirs. Pas de rendez-vous fixe en visio ou en tel pour approfondir. Peu de sms, pas de chat. Il m'appele quand IL peut. IL essaye que ce soit quotidien. Sur un créneau horaire variable. Ce n'est en rien un reproche. On a fait comme on a pu. Et je sais très bien, qu'IL fait son maximum pour créer et entretenir le lien, pour me rassurer. Comme je fais le maximum aussi.
En second, moi, qui pour me former, ai cherché à enrichir ma culture bdsm sur internet sans en discuter avec LUI après. Je voulais économiser son temps.
En troisième, de ce qu'IL m'a fait comprendre lors du dernier appel, ce "manque" après la soirée, c'était juste un temps calme pour moi. Ce doit être ça qu'on appelle aftercare. Je pensais qu'IL avait pris soin de moi pendant la soirée, que ses caresses c'était ça l'aftercare. Mais apparemment non, lors de cette soirée, IL n'y a eu qu une séance d'exercice. J'avoue que je piges pas trop les différents enchainements important D/s et leur chronologie. Mais je ne veux pas chercher à nouveau sur le net. Maintenant que je suis calmée. Je vais pas remettre de l'huile sur le feu.
En dernier, ce manque de possibilité de discuter. Ce temps qu'IL n'a pas ni pour LUI, ni pour moi. Même si c'est justifié par sa situation actuelle.
On est dimanche. Je suis calme. Journée cocooning. Bain. Musique. Repos détente
Je reste persuadé que mon Maître est sain. Débordé. Mais sain. IL m'a toujours respecté. IL a toujours essayer de se libérer un minimum pour moi. IL a fait son maximum pour moi.
Je ne suis pas malsaine non plus. J'ai mon caractère, mon histoire mais j'ai un bon fond. Et IL le sait.
Je comprends totalement ses doutes. Son envie de stopper pour me protéger et se protéger LUI aussi. Avec mon hypersensibilité et mon histoire, je suis pas la plus évidente à gérer. Mais je sais ce que je peux apporter, donner. Je connais ma capacité à être dévouée. Je sais que je suis attentive au plaisir de l'autre. Que je résiste bien à la douleur physique même si je ne connais pas encore mon seuil. Je sais que j'ai une bonne endurance mentale et que je me reconstruits vite. Un peu d'humour, de la culture. Tout ceci c'est dans mon quotidien, pas uniquement avec mon Maître. Ca fait partie de ma personnalité. Bref je ne suis pas la pire des soumises. Et je resterai une soumise.
"Je resterai une soumise". C'est maintenant que je comprends que je me prépare à ce que mon Maître s'en aille.
Je ne repars pas dans les méandres de l'angoisse à cette idée. Je reste lucide. Même si l idée est particulièrement inconfortable.
Ca fait un vide dans la poitrine. J'aimerais tellement faire machine arrière. Qu'on arrive à trouver notre équilibre. C'est à LUI que je me suis donnée, c'est avec LUI que j'ai progressé. C'est LUI que je veux servir. Mais je comprends aussi que je ne suis pas la plus facile, qu'IL ne soit pas en capacité de me gérer, qu'IL n'en ai plus envie. D'autant plus avec son organisation personnelle mouvementée ces derniers mois. Je ne veux et ne peux forcer personne. Aujourd'hui, IL n'est pas bien avec cette relation et ce n'est pas mon but. C'est à l'opposé de ce que je veux pour LUI. Et je ne suis pas à l'aise non plus. Sinon je n'aurais pas réagi comme ça. IL ne souhaite pas ça pour moi.
J'ai dit que j'avais progressé. Ca peut paraître ridicule en seulement 2 rendez vous physique. Et pourtant. Même s'il a eu mes coups de sang, pénible pour tout le monde, cette relation m'a énormément appris, et en si peu de temps.
Les morceaux de puzzle étaient là, cela m'a permis de juste les assembler et de m'équilibrer dans mon quotidien.
Reconnaitre mes émotions, les accueillir, identifier les trauma auxquelles elles font références parfois. Differentier mes besoins de mes desirs et envies. Comprendre encore un peu mieux mes limites. Et ma dernière leçon : Ne plus vivre pour les autres. Mais vivre tout simplement pour soi sans réfléchir.
C'était cette sensation hier soir en rentrant après avoir danser. "Je suis en train de vivre"
Et c'est pour continuer d'avoir cette sensation que je resterai une soumise. Je sais maintenant que j'ai besoin d'un Maître qui me donne un minimum de temps. Je ne suis pas chronophage, je n'ai pas besoin de beaucoup. Mais des repères, des rituels, des éléments auxquels me raccrocher quand IL n'est pas là. J'ai besoin d'un peu d'attention en dehors des séances. J'ai besoin de poser les mots et les émotions très vite à chaud après une séance. Le reste c'est des envies, et ça c est au Maître de décider. J'aurais aimé un contrat par exemple pour fixer un cadre mais ça c'est pas indispensable et obligatoire pour que je me sente bien. C'est ce que j'appelle une envie.
Alors que le temps, les rituels, l'attention et les mots je ne peux pas m'en passer, peut être d'autant plus que je suis novice. C'est viscéral. Ce sont mes besoins. Et je ne peux me passer d'aucun.
Je reste suspendu à la décision de mon Maître. Je serai là plus heureuse qu'IL puisse reprendre pied. Et que je puisse continuer à le servir. Déjà heureuse pour LUI ; parceque ça voudra dire qu'IL se sent mieux et qu'Il trouve aussi un équilibre dans son organisation perso. Mais aussi bien sûr pour moi. Qu'IL puisse profiter de ce qu'IL a créé.
Dans ce cas bien sûr que j'attendrais quelques semaines de plus qu'IL puisse avoir du temps et qu'IL s'organise.
Mais je comprendrais aussi qu'il décide que finalement on ne peut pas évoluer ensemble. Ca LUI fera déjà un soucis en moins à gérer.
Cela laissera un vide. Mais un vide sain. Je sais ce qu'IL m'a apporté. Je le sais mieux que LUI (sans vouloir l'offenser). Comment LUI appartenir m'a apaisé, m'a équilibré. (Même si des fois je derape 😰)
Je resterai une soumises. J'aurais besoin de temps pour garder, archiver le positif de ce premier Maître. Et je prendrai le temps pour m offrir à nouveau. Et revivre à nouveau.
Dans un cas comme dans l'autre, finalement, y 'a du positif. Je me fais une raison 😋. Dans le premier le top du top, c'est parti mon clicli, plus que 3 semaines avant de profiter. On en aura ch.... tous les deux, mais on en profitera que mieux. Cette période pénible aura permis d'éprouver et de renforcer notre lien.
Dans le deuxième, moins joyeux, mais je ne veux pas le trouver triste pour autant, mon Maître retrouvera un équilibre, une tranquillité d'esprit. Si avec mon Maître cela ne doit pas se faire, il ne faut pas forcer l'humain. Juste un mauvais moment à passer. Et cela ne m'empêchera pas d'évoluer comme soumise. Différemment.
10 personnes aiment ça.