ArBizone, il s’agit pour moi d’une rencontre entre deux êtres humains qui cherchent à se connaître et se découvrir dans le sens noble du terme. Rencontre qui peut amener à aller plus loin… ou pas… Mais dans mon cas, comme je ne cherche pas la rencontre d’une unique fois, je ne rencontre pas celles qui ne chercheraient qu'une unique fois. C’est donc un point déjà abordé avant toute rencontre.
Après des premiers échanges, j'utilise en général aussi une chek-list que j'ai adaptée à ma sauce lors d'échanges par mail. Si c'est concluant, vient l'échange de photos puis le téléphone et ensuite un rdv dans un lieu public. Selon le début de feeling, l'âge… je vais plutôt inviter à boire un verre ou à aller au restaurant... Bien entendu, on a demandé avant à l'autre, le style qu’il (elle) aimait car il s’agit que chacun s’y sente à l’aise.
Et là on peut échanger sur tout et rien, d'éléments qui n'ont rien à voir avec la relation BDSM, s’ouvrir à l’autre. Quand on se dit « bonjour », « quelque chose passe ou pas », « on se fait la bise ou on se serre la main ? », « se tutoie t’on ou pas ? », le regard est important pour moi, la gestuelle aussi comme dans toute rencontre, le parfum qu’on découvre. Des classiques sont "a-t-on trouvé facilement ?", "la pluie et le beau temps", "son impression du lieu, " le choix du menu, bien sûr " ... Je crois qu'une relation n'est pas que bdsm ni pas qu'amoureuse, pas encore à ce moment en tout cas… Les goûts, hobbys de l’autre sont importants et reflètent sa personnalité, ses désirs, ses valeurs. C’est plus un jeu de « j’exprime qui je suis » et je t’aide à t’exprimer, ce n’est pas un jeu de questions / réponses insidieuses. On est à l’écoute de ce que l’autre souhaite nous dire et on ressent si l’autre est à l’aise avec un sujet ou se sent gênée(e).
A noter qu’aucun des deux n’a à se livrer totalement, surtout pas le (la) soumis(e), personne ne sait qui est en face. La vie privée reste la vie privée. Si on est là, c’est qu’il y a quand même quelque chose qui plait chez l’autre mais l’intime n’arrive jamais au début des échanges. On peut justement dire ce qui nous a plu chez l’autre dans les échanges précédents, sans tricher, seulement avec de la sincérité. On s’appuie sur ce qu’on a déjà dit, sur ce que l’autre a écrit en reformulant parfois pour être certain d’avoir bien compris. Et puis en principe, dans la check-list et autres échanges, il y avait bien un ou des points qui ont posé questions, qu’on avait envie de développer un peu (ou beaucoup), des éléments qui ne s’expriment qu’en face à face. Et puis, il est normal d’être parfois maladroit, ça a son charme, un silence, un regard, un sourire sont des échanges importants… L’humour, le rire aussi bien sûr…
Et on ne définit pas lors d’une rencontre si on se verra à vie, ou 2 ou 10 fois, comment le saurait-on d’ailleurs ? On se connaît si peu. On définit si on va se promener dans la rue ensuite ou si on veut se revoir, ou si on passe de suite à une phase un peu plus poussée (hôtel ou chez le dominant ou autre lieu…), ça dépend du ressenti, du feeling, de la confiance, de l’envie, de tout ce qui s’est échangé… Bien entendu, on a prévu tous les cas possibles avant. Attention, comme les écrits, les mots n’expriment pas toute l’intensité d’une relation, s’il n’y a pas de vécu, les fantasmes peuvent être bien différents de la réalité. J’évoque aussi la sécurité et le fait que je donne toujours un safe-word. Si on débute en tant que dom, c'est capital d'en parler et d'être dans cette optique.
J’ai eu 8 soumises qui ont duré et compté pour moi en presque vingt ans, j’échange encore parfois par mail avec certaines pour les grands événements : anniversaire, nouvelle année, retraite, naissance d’un bébé… Voici quelques épisodes qui me sont arrivés au restaurant ou dans un bar :
- une dame à qui j’ai dit en sortant du restaurant qu’on n’irait pas plus loin (avec un minimum de tact, j’en ai expliqué les raisons).
- une autre qui m’a dit qu’elle ne le souhaitait pas,
- une dame qui m’a montré une photo de son dos lacéré de coups de fouets par son dom précédent (accepté et souhaité par elle). Je lui ai dit que je ne pourrais pas lui faire si hard… On avait convenu de se revoir par la suite, car le courant était passé, mais elle m’a dit par la suite qu’elle cherchait vraiment du plus hard et qu'elle aurait peur de s'ennuyer…
- une dame à qui j’ai demandé de déboutonner un bouton de son chemisier au restaurant. Et nous sommes allés ensuite dans la chambre de l’hôtel-restaurant. Elle fut ma première soumise.
- deux dames qui durent aller aux toilettes, retirer leur culotte et me la ramener. Elles devinrent de délicieuses soumises.
- une dame avec laquelle j’avais tchatché sur bdsm.fr . Lors d’un voyage près de chez elle, nous nous sommes rencontrés au restaurant pour le plaisir, sachant tous deux dès le départ que nous n’irions pas plus loin au vu de nos 4 à 5h de trajet. Par la suite, elle a eu le plaisir de m'écrire (et moi de lire) que si nous avions été proches géographiquement, elle m’aurait demandé d’être son maître.
- une dame que j’ai embrassé longuement sous mon parapluie à la sortie du restaurant sous la pluie battante. Evidemment, un parapluie unique sous la pluie, ça rapproche. Nous avons vécu les confinements et autres moments ensemble.
- récemment une dame avec laquelle nous avons parlé au restaurant de géométrie et droites parallèles (je ne sais plus pourquoi, elle a abordé ce sujet, d’ailleurs) mais ensuite elle vint chez moi et je me suis amusé à tracer de légères parallèles sur son joli derrière et il est prévu de réitérer.
La 1ère rencontre est émouvante, bien sûr et est guidée par la réaction des 2 partenaires. Pour reprendre certaines de vos interrogations ArBizone, je préfère l’échange ouvert (que binaire) dans lequel chacun peut exprimer ce qui lui semble important de dire. Peut-être sentir si l’autre a un comportement orienté vers la soumission, est heureux d’en parler et me le montre. Concernant les défis, je préfère le style « et si je te (vous) dis de déboutonner un bouton de votre chemisier ici, ou d’aller retirer votre culotte aux toilettes et de me la rapporter, le faites-vous ? ». Mais là il faut sentir soi même que la personne y est prête, ne pas la mettre dans la gêne (sauf si elle aime l’humiliation) ou savoir rebondir en cas de refus.
ArBizone, si vous êtes à l’aise pour parler d’autres sujets avec quiconque, ce ne doit pas être un souci pour vous, ce n’est que la suite des écrits. Si vous êtes timide, dites-vous que timidité et maladresses sont parfois bien perçus. L’important est d’être sincère… Sans détenir toute la vérité, j’espère que mon vécu vous servira et je vous souhaite de belles rencontres D/s, humaines qui durent...