Je poursuis mes recherches pour tenter de comprendre cette pratique. J'ai trouvé un article sur une auteure qui s'est penchée sur le sujet.
« La Saumone » de Virginie-Marika Laszlo.
Pourtant, nourrir son conjoint dans le cadre d’une pratique fétichiste peut être périlleux. Virginie Laszlo a écrit son livre, « La Saumone », choquée par le visionnage d’un documentaire dont il reste des traces sur Internet.
Ce documentaire montrait comment certaines femmes, devenues pachydermiques, en viennent à ne plus pouvoir bouger, devenant complètement dépendantes de leur homme tant pour manger que pour se laver, s’habiller ou tous les actes de la vie quotidienne. Le « feeder » (qui nourrit) domine alors la « feedie » (qui est nourrie). On en arrive à des questions de vie ou de mort.
Le roman pose la question d’une pratique peu connue en France mais qui existe aux Etats-Unis : le « feeding ». Il s’agit de nourrir la personne aimée, souvent la femme mais également des hommes.
« Si les gens prennent leur pied comme ça »
A travers ce roman donc, « La Saumone » pose une question récurrente pour qui veut explorer les méandres de la sexualité : où sont les limites ? Peut-on laisser les gens se faire du mal ? Le doit-on ?
Pour l’auteure, la réponse est claire :
« Pour les pratiques sexuelles, je ne pense pas que des limites soient nécessaires. Entre adultes consentants, où est le mal ? Informer, OK.
Les jeux tournent parfois au drame (étranglement, par exemple), mais je le répète, si les gens prennent leur pied comme ça, pourquoi pas.
Après, concernant les drogues, il y a plusieurs façons de se droguer : est-ce pour être plus performant sexuellement, pour se défoncer ? Ceci ne concerne que moi, mais je suis pour la dépénalisation des drogues (pas que les douces d’ailleurs).
S’il y a autant de violence, d’overdoses, de meurtres, c’est qu’on nous vend n’importe quoi, n’importe comment. Dès qu’il y a trafic, c’est Chicago !
Et honnêtement, les campagnes de pub genre “la drogue, c’est mal”, tout le monde s’en fout ! Les cigarettes et l’alcool sont tout aussi dangereux mais en vente libre et en plus, l’état se fait du blé avec.
En résumé, être la victime d’un cinglé certainement pas, mais en connaissant les tenants et les aboutissants, j’estime que si j’en ai envie, je peux me défoncer, boire, fumer, manger gras et sucré, prendre l’ascenseur plutôt que les escaliers et avoir des pratiques sexuelles que la morale réprouve ! Tant que je ne fais de mal à personne ! »
De telles pratiques semblent peu répandues en France. Si l’on trouve quelques vidéos sur Internet, essentiellement d’hommes, de personnes demandant qu’on les engraisse, je n’ai trouvé aucune victime (même consentante) de « feeders » pour témoigner, et la seule personne qui aurait pu correspondre a détecté tellement vite la perversion de son ami qu’elle l’a quitté très vite sans dégâts :
« Si je n’avais pas eu des relations BDSM avant, je n’aurai peut-être pas su placer les limites à temps ; je pense que mon expérience en matière de relations de domination/soumission m’a permis de constater très vite que ses fantasmes n’étaient pas les miens, que même s’il était flatteur qu’il apprécie mes rondeurs, je n’avais pas l’intention d’engraisser, et que je n’ai pas l’habitude de jouer avec ma santé. »
Finalement, Virginie et cette jeune femme se rejoignent sur un point : plus on est informé, moins on a de chances de se retrouver piégé dans un jeu qui ne serait pas le sien.