Bonjour à toutezétouss. Je crois que les violences et par là même la brutalité ont besoin d'un avocat.La Violence, c'est un monolithe moral... un taboo pour nos sociétés qui se rêvent "évoluées"... peut être parce qu'elles sont elles mêmes cimentées et tenues par un ensemble de violences structurelles? Combien prêchent la paix dans le monde sur internet tout en fermant les yeux sur le fait que des enfants crèvent dans les mines pour extraire les terres rares de leur smartphone? Quelle est la part de cette violence qu'ils sont prêts à assumer?Joe travaille dans un abattoir, c'est un mec paisible, toujours respectueux des hommes et des animaux, d'ailleurs, comme tout le monde, il adore les chats. Joe n'aime pas ce boulot, mais il n'a pas d'autre choix dans l'immédiat. Il doit conduire les porcs dans l'allée terminale.Dans un premier temps, il les pousse de la mains appuyant le geste d'injonctions à avancer teintes de malaise. Un mois plus tard, il les frappe à coup de latte ou de ce qu'il a sous la main. Il n'est pas hermétique de base à la souffrance de ces bêtes, il est conscient du carnage... pour garder son taff et sa santé mentale, il s'est détaché radicalement de toute empathie ou de corréler ses convictions en terme de respect des êtres vivants à la situation (après tout, ces porcs sont déjà morts...)Le grand père de Joe a dans son jeune âge eu un job voisin... il faisait prendre le train à des homosexuels, des communistes, des handicapés, des tziganes, des juifs, ect.C'est un homme simple, chaleureux qui ne ferait pas de mal à une mouche. Il a juste le soucis d'être efficace dans son travail, faire la fierté des siens; sa famille, son entreprise, sa patrie. Bon... les trains doivent partir à l'heure; après tout, il ne fait que son travail. Il guide sur les quais, aide à monter dans les wagons, n'oublie pas d'avoir un mot gentil pour le petit Simon qui cherche ses parents... non, rien de violent là dedans...Sans transition, Pamela a un nouveau smartphone 5G. Elle est végane, veut la paix dans le monde et poster des photos de son transfert affectif félin sur internet... ou elle réagit avec émotion à tout un tas de faits divers tous plus violents et sordides les uns que les autres prenant des postures tellement morales qu'elle pourrait écrire les présentations au concours de miss France. Pourtant, elle allonge des sommes considérables pour avoir un smartphone performant, le forfait et les accessoires qui vont avec. Elle donne des milliers d'euros à des boîtes qui exploitent des gosses dont un certain nombre crèvent dans les mines pour extraire les terres rares qui servent pour fabriquer les composants.Aucun d'entre eux ne se considère comme une personne violente, tous sont bien éduqués et considèrent la violence comme l'apanage des fous, des sauvages et des criminels.Joe, est réel, l'expérience ici relatée aussi, ainsi que le processus de détachement tel qu'il l'a vécu et compris.On va pas refaire le topo sur les conditions d'acceptation de telle ou telle forme de violence; et surtout, sur qui elle est dirigée. Mais c'est plus à prouver; si on maintient les conséquences hors de la vue d'une personne, que l'autorité l'exige, ou que les victimes sont dévaluées, déshumanisées; alors la perspective d'un gain même minime suffit souvent à motiver la participation directe ou indirecte à des actes allant jusqu'à l'atroce.Pascal, lui, est du genre brutal. Quand on le chatouille de trop près, il balance des calottes à réveiller un mort. Son physique est un atout pour débloquer rapidement des situations et il l'utilise sans complexe. Bien sûr, dans une société ou le monopole de la violence est revendiqué par une structure collective ultra-dominatrice composée de personnes qui dans leur majorité sont motivées en profondeur par la peur de la misère, la souffrance, la mort... qui sont des formes de violences... pour se préserver de cela il incombe que le collectif fasse preuve d'une violence supérieure à celle exprimée par ce qui la menace (que la menace soit réelle ou non). Pascal, quand il recours à la violence physique pour parvenir à ses fins; fait preuve d'une liberté individuelle qui se passe de l'approbation du collectif. Pour ceux qui le composent, Pascal est un individu effrayant, dangereux, qui doit être gardé sous contrôle. Basiquement, y'a pour ça privation de liberté, ou un emploi dans les forces de l'ordre... ou s'il n'est pas jugé récupérable, l'élimination. Le collectif se fout de savoir si Pascal a une éthique et quelles sont les conditions exactes qui motivent chez lui des comportements violents.Le collectif voit en lui un agresseur en puissance et tient à s'en défendre. Ironiquement; les agresseurs sont plutôt rares et la majeure partie des violences exprimées à l'échelle collective ou individuelle sont motivées par instinct de conservation. La société se défend avec son rouleau compresseur juridique, Pascal avec ses poings... on fait avec les outils dont on dispose.L'autre jour, un type à proféré des insultes racistes à l'égard de Pascal, qui par une bonne vieille contraction musculaire et l'application ciblée de quelques newton, à fait voir la lumière à l'indélicat et lui a inculqué quelques basiques du respect... s'est pourtant retrouvé condamné pour son usage prohibé de la violence. Son agresseur verbal, après quelques minutes un peu sonné, a repris sa vie sans autre altération qu'un peu plus de prudence quant à ce qu'il exprime; et surtout envers qui.George lui, est mieux éduqué, il sait qu'il n'a pas par lui même le droit de recourir à la violence et quand il subit un préjudice; il porte plainte. Savoir que le coupable va devoir payer et se retrouver dans une situation précaire au mieux, voir incarcéré, ce qui va exacerber sa propre violence en réaction à cette surenchère institutionnelle.George a t'il réellement les mains propres? N'entretient il pas là un cercle vicieux?Lorsque l'on fait la sommes de toutes les violences quotidiennes individuelles ou institutionnalisées qui sont communément admises voir plébiscitées (big up la tolérance zéro). Celles des faits divers dont on abreuve l'opinion publique, aussi abjectes soient elles, ne sont qu'une part infime des violences et des souffrances dont chacun à son niveau est en partie responsable. Ce que nos sociétés modernes refusent obstinément de voir, c'est le reflet en miroir de leur propre barbarie.Paradoxalement, plus les institutions et les paradigmes qui les sous-tendent se complexifient, plus la société exige une perception et une conscience approfondie; plus il y a de chances que la simple confrontation à l'altérité soit perçue comme menace (comme si l'autre n'eut pas été soi, il eut fallu qu'il en soit une forme de négation... miroir, miroir, à qui appartient le nombril que je contemple?). D'un point de vue plus métaphysique, du big bang à notre naissance, jusqu'à notre mort; la Violence est inhérente, comme pour nos sociétés, elle peut être tout autant fondatrice que destructrice. Nous l'avons tous et toutes chevillée au corps... elle a soit dit en passant permis à nos prédécesseurs de survivre et de prospérer... elle est un héritage légitime. Physiologiquement parlant; l'excitation ressentie par certains à son contact, c'est aussi lié au cocktail hormonal qui va avec (adrénaline, sérotonine, endorphines...); on est conçu pour la supporter, elle fait partie de nous. Reste à savoir ce que nous, en conscience, sommes capables d'en faire.
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