Aimer : éprouver de l’amour.
Amour (entre deux individus) : sentiment intense d’affection pour quelqu’un, fondé sur l’attirance physique, sentimentale, sexuelle entre deux personnes.
Amour, aimer : deux mots que j’ai mis longtemps à apprivoiser. Leur usage m’apparaissait trop commun, galvaudé, avec des significations trop multiples, des définitions trop différentes selon les individus pour que je me sente à l’aise avec.
Affection, attirance, sentiments, désir, sexe tout se mélange dans ces seuls mots, amour et aimer.
En outre, dans « amour », j’intégrais (et j’intègre toujours) aussi une notion de réciprocité, de partage, d’engagement. Avec son corollaire, la peur de ne pas être « aimée » en retour ou à la hauteur de mon « amour ».
S’y rajoutait enfin un autre questionnement, lié à mon désir, mon besoin d’être «soumise », traitée et considérée comme une esclave dans mes rapports intimes avec les hommes.
Une esclave, par définition « inférieure » est-elle seulement en droit d « aimer » son Maître ou doit elle être uniquement à sa disposition pour se soumettre, le vénérer, se donner à celui dont elle accepte la supériorité et qui abuse d’elle, pour devenir sa chose, un instrument de son plaisir à lui?
Tout cela fait que passés les premiers émois de l’adolescence, où je n’avais pas d’états d’âme à dire, comme tout le monde, « je t’aime » aux mecs avec qui je couchais, je n’ai plus ensuite utilisé ces mots, préférant parler de l’affection que j'éprouve pour mes proches, du désir physique que j’éprouvais pour les mecs avec qui je baisais, en cloisonnant clairement les deux, sentiments et sexe.
Maxime quant à lui n’a jamais eu ce type d’interrogations, passant sans difficulté du sexe aux sentiments, n’hésitant pas, lors de l’aftercare, à me prendre dans ses bras en me murmurant tendrement « je t’aime » juste après avoir abusé de moi, y compris de façon violente, en laissant libre cours à sa bestialité.
Depuis peu, grâce à lui, j’ai appris à lui dire moi aussi « je t’aime ». Parce qu’il m’a fait découvrir, comprendre, que ces deux mots, amour et aimer, n'étaient rien d’autre qu’une fusion transcendée de mes sentiments pour lui, où se mêlent tout à la fois l’affection, la tendresse, l’estime, le respect, la confiance, le désir physique que j’éprouve pour lui, le sexe et sa violence.
Et surtout parce que j’ai compris au plus profond de moi que nous partageons la même définition de ces mots.
Thèmes: le sens des mots
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#1
J'aime toujours autant vous lire
Je vous mets en pièce jointe (si ça fonctionne) le mot amour en grec qui a un nom différent selon la signification. Je trouve très belle votre définition
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Merci, Gitane pour ce partage. Les grecs avaient d’avantage que nous le sens de la nuance et j’en regrette presque de n’avoir n’ai pas fait de grec au lycée.
Je retrouve ce que je ressens pour Maxime dans quasiment tous ces mots, sauf l’agapé, l’amour gratuit, non ciblé, qui s’adresse à tous et pas seulement à lui.
Quant à porneia, plutôt que « amour appétit » j’en traduirai davantage le sens par « amour impudique, débauche, prostitution » et dans cette acception je m’y retrouve complètement. J’aime être cela pour lui, impudique, prête à me livrer totalement à lui, sa chienne, sa pute.
Si je devais classer par ordre d’importance décroissante ce que je ressens, cela donnerait sans doute en premier lieu l’eros, l’amour érotique, la beauté, ja jeunesse, la jouissance.
En second, porneai, l’amour impudique, libre, bestial.
Puis à égalité, l’amour dévouement, célébration. Parce que c’est pour moi c’est mon rôle d’ « esclave » que de me dévouer à mon Maître et de célébrer sa virilité.
Je placerai ensuite l’amour passion et l’amour besoin. Et enfin l’amour tendresse et l’harmonie.
Même si bien sûr cette classification par ordre décroissant de ressentis est fluctuante selon les moments.
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Lilas
#3
@FemmeFemelleEsclave Juste par curiosité. Quel rapport selon vous entre "l'amour débauche" et "la prostitution" ?
@gitane sans filtre Sinon oui le tableau est intéressant. Dans nos sociétés occidentales on met selon moi que trop peu de nuances dans nos manières d'aimer. Ca m'arrive régulièrement de dire à des potes "je t'aime" et ça même si on baise pas ensemble. Et j'aime bien pouvoir le faire.
Sinon si je peux y aller de mon anecdote... J'ai eu deux relations très forte en bdsm. L'une avec samuel mon "master" et l'autre avec "bête" ma soumise. Samuel était amoureux de moi moi beaucoup moins, en revanche j'avais un désir sexuel très fort pour lui. Avec bête c'étais l'inverse j'étais très amoureuse d'elle et elle avait un désir assez indécent vis à vis de moi. Bref tout ça pour dire qu'on peut avoir une relation assez épanouissante même si elle est asymétrique.
De mon coté je me permet de partager un tableau provenant du milieu asexuel/aromantique sur différentes forme d'attirance fulgurante :
Pièces jointes
quish.png 119.73 Kb . 54 Affichages
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@Lilas
Porneia, en grec, désigne aussi la prostitution. Et clairement, j'aime que Maxime me traite comme une pute. Même si évidemment, il ne me paye pas termes monétaires pour cela.
Concernant votre tableau, je m'y reconnais également, sauf pour le "squish" et le "plush" :smile
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@Lilas. Une précision : si je n’ai jamais été amenée à « monnayer » mes faveurs, prostitution pour moi n’a rien de péjoratif ni n’emporte le moindre jugement de valeur quant aux femmes (ou aux hommes, ça existe aussi) qui n’ont pas eu les mêmes chances au départ dans la vie que moi.
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Lilas
#6
Intéressant que les grecs associent débauche et prostitution. En même temps guère surprenant, a Toulouse par exemple la ou les moeufs tapinent c'est aussi le lieu des saunas et des sexshop/peep show. Mais pas de soucis je ne le prend pas mal moi aussi j'aime bien me faire traiter de pute pendant le sexe. Alors que pour moi ça n'a vraiment rien de dévalorisant mais le désir sexuel est rarement logique ou cohérent je trouve (en tout cas pas pour moi).
Soyez la première personne à aimer.
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#7
Bonjour,
Merci beaucoup pour l'exposition de tous ces aspects de l'amour et de toutes ces nuances, Pour les aspects analytiques et aussi ceux personnels très touchants. Je me rend compte personnellement que ma propre vision de l'amour ouvre un éventail moins large. C'est intéressant de voir tous ces points de vue ... et je me remet en question avec plaisir !!!
Personnellement je souhaiterais ajouter un nouvel aspect : L'amour de la communication par les mots, lorsque l'on met tous ses efforts pour dire à l'autre ce que nous sommes, ce que nous ressentons, jusqu'aux parties les plus intimes de nous-mêmes, jusqu'à la découverte d'espaces encore inexplorés. Dans une tension immense pour se faire comprendre jusqu'au bout de la sincérité... Disséquer aussi les incompréhensions pour avoir l'immense bonheur de se retrouver ... Être tendu l'un vers l'autre dans ce voyage vibrant. Cela demande sincérité, sensibilité, et une grande confiance : celle de dire ce qui est ressenti dans l'instant , sans crainte des conséquences pour l'avenir ....
Pour moi, dans ce contexte , la relation sexuelle est multipliée par 100 : la nudité de la bestialité sexuelle comme la nudité des sentiments. Alors tout explose ! Et tout est possible, bien loin des normes stéréotypées ... l'expression des profondeurs de l’être, c'est aussi l'expression de l'animalité de l'érotisme ... et pour moi du masochisme débridé .... au moins en pensée !!!
Dernière modification le 17/02/2020 07:58:01 par Equinoxe.
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Merci Équinoxe pour votre contribution.
Le « dire » est sans doute le domaine où je me sens le moins confortable.
Je vous rejoins pleinement lorsque vous parlez de « dire à l'autre ce que nous sommes, ce que nous ressentons, jusqu'aux parties les plus intimes de nous-mêmes, jusqu'à la découverte d'espaces encore inexplorés. Dans une tension immense pour se faire comprendre jusqu'au bout de la sincérité »
Mais mon problème, c’est ma difficulté à dire l’indicible, à exprimer ce que je ressens lors de nos « séances », le désir que je ressens, la souffrance que je subis tout en la souhaitant, l’abandon, la jouissance.
L’exercice est d’autant plus complexe que nous ne ressentons pas les choses de la même manière, entre hommes et femmes, Maitres et esclaves, même si nous partageons les mêmes désirs.
Cet indicible, à titre personnel, j’ai tendance à l’exprimer davantage avec mon corps, mon attitude, mes gestes durant nos séances que par des mots. En laissant à mon Maitre le soin de de me décrypter.
C’est dans l’ « après » que je m’exprime avec les mots. Et là encore, ça n’est pas quelque chose de spontané. Il faut que Maxime me questionne, m’interroge pour que cela sorte.
Soyez la première personne à aimer.
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#9
Merci FemmeFemmeEsclave, pour votre réponse,
Je comprend tout à fait ce que vous indiquez lorsque vous écrivez : " mon problème, c’est ma difficulté à dire l’indicible, à exprimer ce que je ressens lors de nos « séances », le désir que je ressens, la souffrance que je subis tout en la souhaitant, l’abandon, la jouissance."
Cependant votre phrase peut être comprise de 2 manières : L’expression verbale pendant la séance, ou l’expression par les mots après la séance, au sujet de ce que vous avez ressenti.
Si c'est pendant la séance, je vous rejoint tout à fait : A ce moment l'émotion submerge tout, l’intellect n'a pas sa place ... Parfois je sent l’intellect qui pointe le bout de son nez ... je le laisse couler en dehors de mon cerveau , pour laisser toute la place à l'expérience de chaire, primitive et animale.
Cependant, après le bouleversement érotique , je ressent une immense reconnaissance envers la femme avec qui j'ai partagé ce bonheur. Et tout me pousse à poursuivre la complicité en m'exprimant sur l'indicible. Les tentatives maladroites, les incompréhensions , les visions différentes des choses sont autant d'occasions de se découvrir, et de ressentir le bonheur de se mettre ensemble à nu par l'introspection. Ce sont, mille oreilles qui écoutent, mille sincérités qui s'extirpent de notre inconnu, en cadeaux fragiles. Quand la communion n'arrive pas s'établir c'est le sourire de tendresse, suite à tous ces efforts, qui m'emplit de sa chaleur. Et quand les yeux brillent de la soudaine connexion des compréhensions ... le ciel chavire !!!
Pour moi, nos différences ( entre Femme et homme ) ne sont pas des obstacles, elles sont les merveilleuses occasions de nous retrouver !
Je dois avouer que je n'ai vécu cela qu'une seule fois dans ma vie, pendant 2 ans ...; il y a bien longtemps ... et j'en suis bouleversé jusqu'à aujourd'hui.
Ce n'était pas une relation BDSM, mais nous avons voyagé au tréfonds de nous même.
Je pense que le BDSM peut offrir la même chose .... et même peut-être d'une façon plus directe : la douleur ne ment pas : c'est une relation directe à notre chaire, à ce que nous sommes vraiment ... et la communication que nous établissons avec notre partenaire hurle la réalité de notre sexualité ... la réalité de notre relation de chaire Humaine ... sans un mot , mais en se ressentant pleinement ... peut-être jusqu'aux limites de notre corps ....
Pour moi l'amour Vanille total a été une voie mystique ( une voie que j'ai découverte en ignorant tout d'elle à l'avance : juste faire l'expérience de soi-même dans l'instant. ) Si l'expérience Vanille, est une route qui amène parfois à cette expérience bouleversante, j'ai espoir que le BDSM soit une autoroute portée par les ailes de la douleur, de la soumission .. de l'explosion de tous les paravents , pour nous emporter au bord de la vie !!!
Tout est alors affaire de sensations .... sans prononcer un mots ... et là je crois que je rejoins ce que vous disiez dans votre réponse .... Ai-je parlé pour rien ??? peut-être que je ferais mieux de tout effacer ...
... ou peut-être est-ce une façon de voire la différence entre l'amour vanille et le BDSM ? ... je vous l'accorde, c'est vraiment voir les choses sous un prisme tout à fait particulier ... mais je trouve cela amusant !!!
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Cher Équinoxe.
Pour compléter ma réponse, quand je parle d’ »exprimer l’indicible », je ne faisais pas référence aux mots prononcés lorsque je suis « utilisée » par mon Maître.
Dans ces circonstances, je vous rejoins quand vous dites «  à ce moment l'émotion submerge tout, l’intellect n'a pas sa place ... (seule compte) l'expérience de la chair, primitive et animale ».
Avec peut être une nuance, tenant au fait que je suis une femme, et vous un homme. Pour moi, lors de nos « séances » le cérébral n’est jamais complètement absent. Il reste présent dans le sentiment que je ressens (et dont je jouis) d’ être pleinement possédée, utilisée comme un instrument au service du plaisir de mon Maître. Mais il se mêle avec le reste, le désir, le plaisir physique de subir, le désir et le sexe de mon Maître. Les mots prononcés dans ce cadre se limitent à ceux du plaisir, de l’excitation, de la jouissance.
Pour ce qui est de l’expression lors de l’« après », je ne suis par contre pas à l’aise. Alors même que je n’ai aucune difficulté avec les mots, ni à l’écrit ni à l’oral, dire mon ressenti intime reste un exercice difficile pour moi.
Maxime heureusement compense cette difficulté que j’ai à verbaliser les choses, en m’interrogeant longuement, me poussant dans mes retranchements, m’obligeant à me confier, me découvrir, me mettre à nu d’une autre manière.
J’aime ces moments de complicité, même si l’exercice n’est pas facile, ce temps suspendu quand nos besoins sont apaisés, tout autant que sa façon de procéder, par questionnement successif.
En même temps, même si je ne doute pas de la sincérité de sa démarche, je ne suis pas non plus dupe de la part de manipulation qu’il y a aussi dans ces échanges.
Pour lui, en tant que « Maître », comprendre mon fonctionnement, mes ressorts intimes, mes désirs, mes craintes, c’est aussi une manière de pouvoir ensuite en jouer, pour son plaisir. Et le mien.
Les femmes, j’en suis consciente, c’est compliqué à comprendre pour un mec.
Et réciproquement.
Nous fonctionnons, ressentons les choses différemment.
Mais j’ai toujours pensé que ce sont nos différences qui nous enrichissent.
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