Merci pour cette question intéressante et pas si facile qu'elle en a l'air de premier abord. Dans ce domaine, il y a beaucoup de choses que l'on ressent, mais quand il faut les expliquer on se rend compte que ce n'est pas si simple de trouver les mots.
En préliminaire, et bien que ce ne soit pas l'essentiel de la question, je pense qu'opposer féminisme et bdsm est une erreur (peut-être due à un confusion sous-jacente entre bdsm et machisme, disons entre Maître et macho, pour être claire).
Je ne dis pas bien sûr que vous faites cette confusion (j'ai bien compris qu'il s'agit ici de renforcer la question en la plaçant dans un contexte).
Certes, les maîtres machos, tout comme les maîtres queutards, pullulent, mais peut-on encore parler de Maîtres?
(l'utilisation que je fais du M/m n'est pas un hasard, vous l'aurez compris).
Le féminisme est une nécessité. Beaucoup de chemin a été parcouru mais il en reste encore à faire.
Les discriminations étaient immenses il n'y a pas encore si longtemps. On pourrait parler du droit de vote, que tout le monde a en tête. Mais il n'y a pas que cela. Les exemples sont multiples. Pour n'en citer que quelques uns, il a fallu attendre 1965 pour que les femmes mariées aient le droit de signer des chèques et de disposer de leur argent. Il a fallu attendre 1992 pour que les violences conjugales et le harcèlement sexuel au travail soient pénalisés. Pour citer un exemple dans un tout autre domaine qui parlera à très peu de personnes, mais qui n'en est pas moins important: Emmy Noether, dont les travaux sont à la base de la physique moderne, et qui aurait certainement connu une célébrité comparable voire supérieure à celle d'Einstein si elle n'avait pas eu la malchance d'être femme, n'a pu enseigner à l'Université qu'à titre bénévole, un décret interdisant aux femmes d'être professeur. On croit rêver, et pourtant c'était il n'y a même pas un siècle.
Évidemment, le féminisme, comme beaucoup d'autres causes, donne lieu à des exagérations contre-productives. Il y a des extrémistes partout, malheureusement.
Que chercher dans la soumission? Je doute qu'il y ait une réponse générale, chaque personne étant unique. Pour moi, une relation humaine intense, fusionnelle, épanouissante, qui donne envie de se surpasser. Amour, confiance, complicité, attention portée à l'autre, épanouissement mutuel, ...
En posant des règles strictes, en fixant un cadre clair, des objectifs ambitieux, en réalisant un transfert de pouvoir (qui n'est pas un jeu: je le précise puisque vous semblez associer cela à du jeu dans l'énoncé de la question), on crée les conditions pour que fleurisse une relation de cette nature. Les pratiques et le détail des règles me semble moins importants que le fond. C'est nécessaire, mais uniquement en tant que matérialisation de quelque chose de beaucoup plus profond. Pour prendre l'exemple de l'interdiction des sous-vêtements, que vous évoquez: si on enlève la symbolique (le pourquoi fondamental de cette règle et le contexte relationnel dans lequel elle est imposée), cela n'est plus qu'un jeu, qui peut certes être amusant, mais dont on doit se lasser très vite. De même pour le fouet, si on enlève la symbolique, on transforme quelque chose de très intense cérébralement, une expérience très fusionnelle, en de la violence gratuite dans laquelle il est difficile de trouver un intérêt (à moins d'être maso, mais là il s'agit encore d'autre chose).
Etant très cérébrale et extrêmement curieuse, je trouve aussi que le bdsm ouvre une multitude de chemins à explorer, c'est une source infinie de découvertes, d'étonnement et de surprises, à condition bien sûr de trouver le bon partenaire, le Maître qui partage la même vision des choses.
En lisant des témoignages, j'ai constaté que beaucoup d'adeptes sont très branchés clubs, soirées, ..., recherchant sans doute par là des expériences sociales intenses et excitantes (et peut être une certaine reconnaissance sociale). Je peux le comprendre, mais pour ma part je n'ai jamais été attirée par cela et mon Maître non plus. A mon sens, c'est dans l'intimité que la relation prend toute sa force. Si l'on a besoin des autres pour que la relation D/s existe vraiment, c'est que sans doute, dans le fond, le lien n'est pas si fort qu'on le dit.