Féminisme, féminin, et BDSM
Surfant sur le succès de certains romans ou films, la presse dite « féminine » se croit souvent obligée de faire ici ou là un article de présentation du BDSM, au sens très large. Lisez ce bref article ci-dessous…
https://www.aufeminin.com/desir-sexuel/sadomasochisme-sadomaso-s638960.htmlFactuellement, rien n'est faux là-dedans. Seulement… quel simplisme ! Comme si, en quatre phrases et trois paragraphes, on pouvait présenter le BDSM, qui est une des formes de sexualité les plus complexes qui soit.
Pour s'être longtemps écharpées entre « pro sex » et « radicales », les féministes contemporaines ont au moins appris une chose : à sujet complexe, la réponse doit être complexe. Sauf à faire pruvre de mauvaise foi, ce qui hélas n'est pas rare. Personnellement, depuis mes 18 ans, je suis passée d'une vision en noir et blanc à une vision beaucoup plus nuancée. Cela s'appelle devenir une féministe adulte…
Et cela évite de tomber dans la caricature. Vous me direz que la presse féminine n'a pas à adopter une grille de lecture féministe, que ces journalistes sont bien libres de dire que youpi-youpi, tout le monde du BDSM il est joli, tout le monde il est gentil ». Le consentement ? Il va de soi. Même pas la peine d’en parler. Illustration : lisez le court, très court, article. Le consentement n’est pas vraiment évoqué. Il est induit, forcément, puisqu’on vous dit que Madame elle est heureuse, que Monsieur il est heureux, que pas de soucis, tout baigne. Bon, les passagers du Titanic ont fini par baigner aussi…
Pourtant, et tous les bdsm'ers ayant quelques années de pratique derrière elles-eux le savent, le « consentement » est un mot qui recouvre différentes réalités, particulièrement en matière de sadomasochisme ou de D/S.
Comme si la zone grise n’existait pas dans le monde merveilleux du sadomasochisme, et plus encore de la D/S…
Comme si le consentement « éclairé » n’était pas parfois, surtout chez les débutant-e-s, aussi lumineux qu’un tunnel de mine de charbon abandonnée par une nuit sans lune. Combien de débutant-e-s ont été abusé-e-s par des gens qui savaient parfaitement qu'il est très simple de manipuler une personne en extorquant son consentement à grand coup de baratin et de discours mystico-gnangnan sado-sodo-D/S !
Comme si le consentement passé était un chèque en blanc sur le présent ou le futur, tant sur l'identité du partenaire que sur ce qui est fait avec ce partenaire. Le sexe forcé, c'est bien plus souvent avec le partenaire habituel qu'avec des inconnus. Demandez-vous donc pourquoi tant de gens se limitent à UNE expérience d’UNE soirée en matière de BDSM, et ensuite disent autour d’eux qu’il n’est qu’une école du viol…
La problématique du sadomasochisme peut s'analyser avec une grille de pensée féministe. Sous une condition : éviter le simplisme propre à la presse féminine dans le traitement du sujet. Ne nous gargarisons pas avec des mots : le mot « consentement » est vide de sens. Ce qui compte, c'est ce que recouvre ce mot.