Par honnêteté intellectuelle, voici la copie de la tribune du monde, ces femmes qui défendent la liberté d'importuner Source:
http://www.lemonde.fr/idees/article/2018/01/09/nous-defendons-une-liberte-d-importuner-indispensable-a-la-liberte-sexuelle_5239134_3232.html «Nous défendons une liberté d’importuner, indispensable à la liberté sexuelle» Dans une tribune au « Monde », un collectif de 100 femmes, dont Catherine Millet, Ingrid Caven et Catherine Deneuve, affirme son rejet d’un certain féminisme qui exprime une « haine des hommes ». LE MONDE | 09.01.2018 | Par Collectif Dans une tribune au « Monde », un collectif de 100 femmes, dont Catherine Millet, Ingrid Caven et Catherine Deneuve, affirme son rejet d’un certain féminisme qui exprime une « haine des hommes ». Tribune. Le viol est un crime. Mais la drague insistante ou maladroite n’est pas un délit, ni la galanterie une agression machiste. A la suite de l’affaire Weinstein a eu lieu une légitime prise de conscience des violences sexuelles exercées sur les femmes, notamment dans le cadre professionnel, où certains hommes abusent de leur pouvoir. Elle était nécessaire. Mais cette libération de la parole se retourne aujourd’hui en son contraire : on nous intime de parler comme il faut, de taire ce qui fâche, et celles qui refusent de se plier à de telles injonctions sont regardées comme des traîtresses, des complices ! Or c’est là le propre du puritanisme que d’emprunter, au nom d’un prétendu bien général, les arguments de la protection des femmes et de leur émancipation pour mieux les enchaîner à un statut d’éternelles victimes, de pauvres petites choses sous l’emprise de phallocrates démons, comme au bon vieux temps de la sorcellerie. Délations et mises en accusation De fait, #metoo a entraîné dans la presse et sur les réseaux sociaux une campagne de délations et de mises en accusation publiques d’individus qui, sans qu’on leur laisse la possibilité ni de répondre ni de se défendre, ont été mis exactement sur le même plan que des agresseurs sexuels. Cette justice expéditive a déjà ses victimes, des hommes sanctionnés dans l’exercice de leur métier, contraints à la démission, etc., alors qu’ils n’ont eu pour seul tort que d’avoir touché un genou, tenté de voler un baiser, parlé de choses « intimes » lors d’un dîner professionnel ou d’avoir envoyé des messages à connotation sexuelle à une femme chez qui l’attirance n’était pas réciproque. Cette fièvre à envoyer les « porcs » à l’abattoir, loin d’aider les femmes à s’autonomiser, sert en réalité les intérêts des ennemis de la liberté sexuelle, des extrémistes religieux, des pires réactionnaires et de ceux qui estiment, au nom d’une conception substantielle du bien et de la morale victorienne qui va avec, que les femmes sont des êtres « à part », des enfants à visage d’adulte, réclamant d’être protégées. En face, les hommes sont sommés de battre leur coulpe et de dénicher, au fin fond de leur conscience rétrospective, un « comportement déplacé » qu’ils auraient pu avoir voici dix, vingt ou trente ans, et dont ils devraient se repentir. La confession publique, l’incursion de procureurs autoproclamés dans la sphère privée, voilà qui installe comme un climat de société totalitaire. La vague purificatoire ne semble connaître aucune limite. Là, on censure un nu d’Egon Schiele sur une affiche ; ici, on appelle au retrait d’un tableau de Balthus d’un musée au motif qu’il serait une apologie de la pédophilie ; dans la confusion de l’homme et de l’œuvre, on demande l’interdiction de la rétrospective Roman Polanski à la Cinémathèque et on obtient le report de celle consacrée à Jean-Claude Brisseau. Une universitaire juge le film Blow-Up, de Michelangelo Antonioni, « misogyne » et « inacceptable ». A la lumière de ce révisionnisme, John Ford (La Prisonnière du désert) et même Nicolas Poussin (L’Enlèvement des Sabines) n’en mènent pas large. Déjà, des éditeurs demandent à certaines d’entre nous de rendre nos personnages masculins moins « sexistes », de parler de sexualité et d’amour avec moins de démesure ou encore de faire en sorte que les « traumatismes subis par les personnages féminins » soient rendus plus évidents ! Au bord du ridicule, un projet de loi en Suède veut imposer un consentement explicitement notifié à tout candidat à un rapport sexuel ! Encore un effort et deux adultes qui auront envie de coucher ensemble devront au préalable cocher via une « appli » de leur téléphone un document dans lequel les pratiques qu’ils acceptent et celles qu’ils refusent seront dûment listées. Indispensable liberté d’offenser Le philosophe Ruwen Ogien défendait une liberté d’offenser indispensable à la création artistique. De même, nous défendons une liberté d’importuner, indispensable à la liberté sexuelle. Nous sommes aujourd’hui suffisamment averties pour admettre que la pulsion sexuelle est par nature offensive et sauvage, mais nous sommes aussi suffisamment clairvoyantes pour ne pas confondre drague maladroite et agression sexuelle. Surtout, nous sommes conscientes que la personne humaine n’est pas monolithe : une femme peut, dans la même journée, diriger une équipe professionnelle et jouir d’être l’objet sexuel d’un homme, sans être une « salope » ni une vile complice du patriarcat. Elle peut veiller à ce que son salaire soit égal à celui d’un homme, mais ne pas se sentir traumatisée à jamais par un frotteur dans le métro, même si cela est considéré comme un délit. Elle peut même l’envisager comme l’expression d’une grande misère sexuelle, voire comme un non-événement. En tant que femmes, nous ne nous reconnaissons pas dans ce féminisme qui, au-delà de la dénonciation des abus de pouvoir, prend le visage d’une haine des hommes et de la sexualité. Nous pensons que la liberté de dire non à une proposition sexuelle ne va pas sans la liberté d’importuner. Et nous considérons qu’il faut savoir répondre à cette liberté d’importuner autrement qu’en s’enfermant dans le rôle de la proie. Pour celles d’entre nous qui ont choisi d’avoir des enfants, nous estimons qu’il est plus judicieux d’élever nos filles de sorte qu’elles soient suffisamment informées et conscientes pour pouvoir vivre pleinement leur vie sans se laisser intimider ni culpabiliser. Les accidents qui peuvent toucher le corps d’une femme n’atteignent pas nécessairement sa dignité et ne doivent pas, si durs soient-ils parfois, nécessairement faire d’elle une victime perpétuelle. Car nous ne sommes pas réductibles à notre corps. Notre liberté intérieure est inviolable. Et cette liberté que nous chérissons ne va pas sans risques ni sans responsabilités. Les rédactrices de ce texte sont : Sarah Chiche (écrivaine, psychologue clinicienne et psychanalyste), Catherine Millet (critique d’art, écrivaine), Catherine Robbe-Grillet (comédienne et écrivaine), Peggy Sastre (auteure, journaliste et traductrice), Abnousse Shalmani (écrivaine et journaliste). Adhèrent également à cette tribune : Kathy Alliou (curatrice), Marie-Laure Bernadac (conservateur général honoraire), Stéphanie Blake (auteure de livres pour enfants), Ingrid Caven (actrice et chanteuse), Catherine Deneuve (actrice), Gloria Friedmann (artiste plasticienne), Cécile Guilbert (écrivain), Brigitte Jaques-Wajeman (metteuse en scène), Claudine Junien (généticienne), Brigitte Lahaie (actrice et présentatrice radio), Elisabeth Lévy (directrice de la rédaction de Causeur), Joëlle Losfeld (éditrice), Sophie de Menthon (présidente du mouvement ETHIC), Marie Sellier (auteure, présidente de la Société des gens de lettres). ainsi que : Les signataires de la tribune : Alexandra Ale?ve?que (journaliste) Kathy Alliou (curatrice) Franc?oise Arnaud (historienne de l’art) Celina Barahona (consultante marketing) Sophie Bastide-Foltz (traductrice litte?raire) Brigitte Sy (re?alisatrice et actrice) Marie-Laure Be?raud (auteur-interpre?te, musicienne) Vivien Berah (interpre?te) Marie-Laure Bernadac (conservateur ge?ne?ral honoraire) Le?a Bismuth (critique d’art, curatrice) Catherine Bizern (productrice et programmatrice inde?pendante) Ste?phanie Blake (auteur de livres pour enfants) Linda Blake Pibarot (traductrice) Sonia Bogdanovsky (chef monteuse cine?ma) Christine Boisson (actrice) Ariane Bouissou (journaliste) Odile Buisson (gyne?cologue-obste?tricienne) Sophie Cadalen (psychanalyste) Farideh Cadot (galeriste) Cristina Campodonico (responsable de l’action culturelle de la SGDL) Nickie Caro (normalienne, agre?ge?e de Lettres, ancien professeur de kha?gne) Ingrid Caven (actrice et chanteuse) Monique Chatenet (conservateur en chef du patrimoine au Centre Andre? Chastel) Julie du Chemin (e?crivain et sexologue) Sarah Chiche (e?crivain, psychologue clinicienne et psychanalyste) Erika Maria Cool-Troch (manager Yak Immo) Ve?ronique Coquet-Caube?re (productrice) Sabine Daure? (viticultrice) Catherine Deneuve (actrice) Frederique Dolphijn (cine?aste, metteur en sce?ne et romancie?re) Christine Domine (professeur) Nathalie Dray (journaliste) Corinne Ehrenberg (psychanalyste) Me?line Engerbeau (entrepreneuse) Caroline Faillet (netnologue et dirigeante du cabinet Bolero) Nouhad Fathi (journaliste et blogueuse) Marguerite Ferry (paysagiste) Adeline Fleury (e?crivain) Catherine Francblin (critique et historienne d’art) Gloria Friedmann (artiste plasticienne) Sophie Gaillard (pre?sentatrice du 6-7h sur Sud Radio) Bernadette de Gasquet (me?decin et auteur) Ve?ronique Ge?rard-Powell (spe?cialiste de l'art europe?en XVe-XVIIIe sie?cles, Centre Andre? Chastel) Christine Goe?me? (femme de radio) Reine Grave (vide?aste) Aliette Griz (e?crivain et membre du Re?seau Kalame) Ce?cile Guilbert (e?crivain) Clarisse Hahn (re?alisatrice, vide?aste et photographe) Anne Hautecoeur (e?ditrice) Marie Herbreteau (graphiste) Brigitte Jaques-Wajeman (metteur en sce?ne) Claudine Junien (ge?ne?ticienne, membre de l’Acade?mie de me?decine) Brigitte Lahaie (actrice et pre?sentatrice radio) Rachel Laurent (artiste) Sylvie Le Bihan (e?crivain) Anne-Marie Lesage (retraite?e) Myriam Le Strat (dentiste) Nathalie Le?ger (e?crivain et directrice ge?ne?rale de l’IMEC) Martine Lerude (psychiatre, psychanalyste) Elisabeth Le?vy (directrice de la re?daction de Causeur) Jacqueline Lichtenstein (philosophe) Christine Lombard (cre?atrice de mode) Joe?lle Losfeld (e?ditrice) Vanessa Luciano (chroniqueuse radio, sexothe?rapeute) Mademoiselle A (chanteuse, come?dienne et mode?le) Vale?rie Mae?s (actrice et vide?aste) Abeline Majorel (responsable pe?dagogique et business developer) Claire Margat (critique d’art, traductrice) Isabelle Marlier (anthropologue et e?crivain) Isabelle Martin (enseignante) Christelle Mata (attache?e de presse) Sophie de Menthon (pre?sidente du mouvement ETHIC et membre du CESE) Karine Miermont (e?crivain) Catherine Millet (critique d'art, e?crivain) Anne Morelli (professeure a? l'Universite? libre de Bruxelles) Anne-Elisabeth Moutet (journaliste) Latifa Najar (retraite?e) Natacha Nikouline (photographe) Karine Papillaud (journaliste litte?raire) Julia Palombe (chanteuse, auteur) Nelly Perotin (retraite?e) Camille Pier (auteure, compositeure et interpre?te) Danie?le Pierre (photographe) Sylvie Pierson (secre?taire) Francesca Piolot (productrice radio) Barbara Polla (me?decin, e?crivain, commissaire d’exposition) Joana Preiss (actrice, re?alisatrice) Isabelle Prim (re?alisatrice et come?dienne) Nicole Priollaud (charge?e de la communication de l’Acade?mie nationale de pharmacie) Catherine Robbe-Grillet (come?dienne et e?crivain) Anne Rudisuhli (psychopraticienne) Nora Sahara (journaliste et infirmie?re) Sylviane Sainclair (retraite?e) Peggy Sastre (auteur, journaliste et traductrice) Marie Sellier, (auteure, pre?sidente de la SGDL - Socie?te? des gens de lettres) Abnousse Shalmani (e?crivain et journaliste) Joe?lle Smets (journaliste et sexologue) He?le?ne Soulodre (documentaliste) Catherine Thieron (auteure et vocaliste) Catherine Titeux (architecte, Bruxelles) Trinidad (humoriste, imitatrice, chanteuse) Gabriela Trujilo (historienne du cine?ma et critique) Christine Van Acker (auteur) Roxane Varone (chirurgienne) Alexandra Varrin (e?crivain) He?le?ne Vecchiali (psychanalyste et coach) Martine Vercruysse (animatrice) Sonia Verstappen (travailleuse du sexe et anthropologue) Caroline Vie? (journaliste et romancie?re) Be?renge?re Viennot (traductrice et chroniqueuse) Evelyne Vitkine (consultante en marketing)
Par :Elle.a le 10/01/2018 15:45
Et la réponse sur FranceInfo
https://www.francetvinfo.fr/societe/droits-des-femmes/tribune-les-porcs-et-leurs-allie-e-s-ont-raison-de-sinquieter-caroline-de-haas-et-des-militantes-feministes-repondent-a-la-tribune-publiee-dans-le-monde_2553497.htmlPar :Elle.a