De marina001
Femme, ministre, et féministe ? Il ne suffit pas de se dire féministe pour l'être. De plus en plus controversée parmi les féministes françaises, Marlène Schiappa est désormais taxée de suffisance... et d'insuffisances ! Faire le buzz ou réellement agir, le grand dilemme de la politique contemporaine... La lutte pour l'égalité des sexes, le combat contre les violences faites aux femmes, tout cela suppose des moyens, une action déterministe, et pas quat' tweets et de la poudre aux yeux. Le féminisme est devenu politiquement payant dans les urnes, mais faire quelque chose au lieu de prétendre agir, hé, ho, faut tout de même pas déconner !
(Extrait du journal Libération, 20 mars 2018, article Nathalie Raulin et al)
.../... Clémentine Autain, députée de La France insoumise, asticote : «La beauté du verbe, c’est important, mais on attend aussi autre chose, non ?» «Si on parle sans agir, ça ne fait que décrédibiliser le combat», rappelle Raphaëlle Rémy-Leleu, porte-parole d’Osez le féminisme.
Précisément, que pensent ces militantes de l’action de la secrétaire d’Etat ? De fait, ça raille un peu dans les rangs sur le thème «elle n’a peur de rien, elle annonce, elle annonce, si ça ne marche pas, ce n’est pas grave, elle s’en fout», tacle une féministe de gauche de longue date. Mais passons, son projet de loi contre les violences sexuelles et sexistes est bel et bien là. Et là, comment être contre ? Pas si simple. D’abord, il y a la question des moyens. «On voulait une loi-cadre, avec un financement adossé,pointe Clémentine Autain.L’argent, c’est le cœur du réacteur, pour former la police, soutenir la justice, soutenir ceux qui bossent, au moment où l’Association européenne contre les violences faites aux femmes au travail et le Collectif féministe contre le viol ont dû fermer leurs permanences téléphoniques faute de moyens.»
Et puis, il y a la méthode Schiappa. «Elle passe plus de temps dans les médias qu’avec les associations qui doivent se contenter de suivre sa politique sur Twitter», assure une responsable associative. «Elle ne dispose pas d’un gros budget et pourrait s’appuyer davantage sur les associations, et se servir de leurs revendications comme d’un levier», expose avec calme Anne-Cécile Mailfert. «Pour ficeler son projet, elle a fait son fameux tour de France de l’égalité. C’est bien la rencontre directe avec le peuple, mais elle s’est passée de l’expertise et de la connaissance de terrain des associations. Comme si elle voulait faire table rase du vieux monde. C’est très macronien, regrette une militante. Et puis, très macronien aussi, elle ne supporte pas la critique. Prend tout comme une attaque contre elle. Dès que l’on émet même une nuance sur ses annonces, elle balance des DM [messages directs, ndlr] incendiaires.» Le torchon brûlerait-il ? «Nous n’avons rien de personnel contre elle, affirme une responsable d’association. Nous, tout le mal qu’on lui souhaite, c’est un ministère et un gros budget.» .../...