Certains Doms, dans notre univers du BDSM, se réclament des règles, protocoles, rituels, commandements et codes du BDSM (les 12 règles, le vouvoiement, la majuscule du Dom vs la minuscule de la soumise, le regard baissé de la soumise, etc.). On peut lire par exemple, au hasard des blogs de "Maîtres" ou du fil de mur gé ici :
- "A partir du moment ou une soumise doit appeler son partenaire non par son prénom mais Monsieur, Maître ou tout autre formulation équivalente elle rentre dans le monde des règles. Les règles sont le support matériel de la discipline a laquelle la soumise se plie, c’est par son obéissance a ces règles qu’elle exprime sa soumission."
- "Sans règles la relation BDSM n’est plus qu’une relation SM qui ne s’avoue pas."
- "Les règles ont aussi une fonction « éducative », c’est par le respect de celles-ci que la soumise développe chaque jour son aptitude a l’obéissance et qu’elle progresse ainsi dans la voie qu’elle a choisi."
- "Les règles, c'est fait pour être respecté"
Bref, je ne vous fais pas un dessin, tout cela est bien connu de tous...
Il y a cependant à mes yeux deux paradoxes à se vouloir dominant tout en se conformant à des règles :
1/ toute règle, par nature, tue l'initiative, la créativité, l'imagination, l'inventivité, bref, engendre la routine et la monotonie de nature morbide plutôt que l'inspiration, la folie et la spontanéité créatrices des deux partenaires !
2/ se conforter à des règles édictées par d'autres (fut-ce une large communauté) ne constitue-t-il pas un évident acte de soumission ? Et donc une aporie, c'est-à-dire une singulière contradiction sans issue du statut revendiqué de dominant ?
La règle par définition et par construction interdit de penser, la règle est une dictature de l'esprit, la règle est un carcan de la pensée, non ?
Attention ! Il ne s'agit pas ici pour moi de relancer le vieux et stérile débat du vrai ou du faux BDSM ! J'apprécie ces règles pour ce qu'elles sont : un partage d'expérience, une suggestion à vocation créatrice, une liste d'options ouvrant sur d'infinis possibles, pouvant s'inscrire dans la durée d'une relation, ou au contraire dans l'éphémère d'une séance ou d'un jeu ponctuels... mais en aucun cas un cadre rigide et inamovible qui devrait s'imposer à tous et tout le temps, et qu'autrement il faudrait bien désigner par le seul mot qui convienne : "Dogme". Or, n'est-ce pas précisément la transgression des règles qui crée la surprise, l'excitation, l'interaction, le jeu, le plaisir, le mouvement, l'évolution, le progrès, la vie !
« Si vous pensez que l’aventure est dangereuse, Essayez la routine… Elle est mortelle ! » (Paulo Coelho)
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Et vous, un avis, une suggestion, une expérience à partager ? (mais sans violence verbale, injure ni invectives, merci !)
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* Aporie (nom féminin) : Difficulté logique insoluble, paradoxe
Dernière modification le 21/05/2018 23:12:05 par ZarathoustraDom.
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