La différence d'âge
Avant même de considérer une différence, qu'est-ce qui fait que l'âge de l'autre nous importe ?
Pourquoi être plus vieux ou plus jeune, ou du même âge que l'autre, attise notre curiosité ou non !?
Il est des âges que l'on demande car nous n'arrivons pas à savoir de prime abord si l'autre est plus ,ou moins, âgé que nous. Il est amusant de noter que lorsque l'année de naissance est la même, souvent s'ensuit la question de savoir de quel mois afin de se situer par rapport à l'autre. Et ne parlons pas des jumeaux !
Qui a vécu le plus ? Qui est l'aîné(e) ? Cette question est quasi métaphysique : elle renvoie à l'origine non au lieu géographique de naissance, ni à la filiation, mais bien au temp, à ce temps implacable,à ce flux continuel des jours, comme le soulignait les panneaux solaires de jadis.
Et de se dire si on avait le même âge qu'on aurait pu être ami(e), jouer ensemble,se connaître pendant nos études,partager des loisirs..OU , si âge différent : tu avais déjà tel âge alors que je n'en avais encore que...et inversement.
Et aussi de réfléchir, de songer aux grandes étapes dans la vie de l'un(e) vis-à-vis de l'autre : entrée dans la vie adulte, 1ers émois, 1ers rapports sexuels, le permis, les modes traversées et tous les grands événements...
Découverte de la vie par le partage, l'initiation ou la « démerd ».
Qu'est-ce qui fait que l'on se sent plus ou moins attirés par plus jeunes ou plus âgé(e)s que soi dans une relation classique ? Cette orientation plus ou moins consciente est-elle régulière ?
Me concernant, je sais que des filles plus jeunes ne m'ont jamais attirées jusqu'à 45 -50 ans . Moi qui pensait que les vieux attiraient des filles d'une vingtaine d'années dans leur lit surtout par leur fric, je me suis rendu compte que leur mâturité rassurait également, qu'ils cherchaient moins à prouver...mais que parfois ils s'illusionnaient aussi sur leur personne.
Avec mes 58 ans aux vendanges, jusqu'à quel âge accepterais-je une partenaire plus jeune ? 35 ans -40 ans. Je pense qu'il y aurait là une façon de tromper mon âge, peut être de compenser des souvenirs aigres de périodes passées. Mais cette analyse intellectualisante,cette réflexion autocentrée bien tranquille, là ,planqué derrière mon écran , demeurerait-elle avec l'intensité d'une relation telle aujourd'hui?
Et en bdsm ? J'y arrive .
Ayant une orientation marquée de soumis, même pas switch,je fus très heureux qu'une femme d'une cinquantaine d'année me domine alors que je n'en avais que la moitié.
Ils nous arrivaient de discuter au téléphone tard dans la nuit, quand il lui prenait l'envie de m'appeler. Les femmes mûres m'attiraient tout autant sinon plus que celles de mon âge.Je percevais leur assurance..leur culture bdsm et autre.Peut-être me semblait-il y gagner en mâturité ? Me rassurer quant à cela.Pourquoi ce but ?Certainement pour compenser un ressenti d'immâturité.
Une quête maternelle ? Possible, mais les quelques relations bdsm d'alors offraient peu de place à l'aftercare. Ou alors une recherche d'une mère dure. ( Dr Freund SVP ?! ),. Qui dit mère ne dit pas forcément amour maternel.L'objétisation du corps ou l'animalisation permet d'échapper au sentiment maternel dans son acception classique.
L'expérience ? Elle en avait sans aucun doute;Hormis quelques pros , elle fut mon initiatrice indubitablement.Qu'en aurait-il été si elle avait eu 20 ans et moi 30 ? L'attirance et ma confiance eurent sans nul doute été moindre. J'ai du mal à m'imaginer être le jouet d'une jeune femme.Quand bien même mon orientation est plus portée sur le beau sexe que sur le mien, paradoxalement, je ne supporterais pas etre l'esclave d'un homme de plus de 45 ans par exemple.
La mère est éducatrice, et non initiatrice. Dans ses origines premières, l'initiation antique procèdait de la révélation d'un mystère.Mystère qui appelle tout autant le secret que la cérémonie.L'initiatrice ne relève pas de la mère.Elle est autre.Avoir une relation d'initiation avec une femme plus âgée, c'était accéder à une autre connaissance de l'autre (autre sexe, autre âge ...inconnu puisque plus avancé, ...et autre relation d/s comme sm me concernant).La douleur est sans saveur quand on s'y adonne seul.La douleur est une connaissance.«...Celui qui vaincra la souffrance et la peur, celui-là sera lui-même dieu. Il y aura alors une vie nouvelle... » Cette citation de Dostoïevski illustre bien cette quête de connaissance ...et aussi de l'illusion de la toute puissance mystique russe d'alors ! L'initiation a souvent été alliée à des épreuves physiques qu'il convient de surmonter.Le bdsm fait de la souffrance physique un modus operandi de la relation afin de mieux se connaître et de tester la confiance réciproque.
Là où ça se complique c'est quand l'initiatrice est beaucoup plus jeune mais très expérimentée déjà...
Je ne sais plus qui a dit que « la pornographie est un conte de fée pour adulte. », mais le parallèle n'est pas inintéressant quant à la différence d'âge. Le bdsm joue beaucoup de positions couchées ou à genou, d'immobilisations et de la dépendance , quand ce n'est pas l'infantilisation expressément choisie.La femme va de la fée à la sorcière en passant par la marâtre ( Ah ! Cruella dans les 101 dalmatiens.), l'ogre ou l'autorité sadique (cf Barbe Bleue!) pour l'homme. C'est un truisme de dire que le fantasme se nourrit de notre propre culture et de nos expériences de vie. La différence d'âge n'appelle-t-elle pas, autant qu'elle incite, à jouer de ces archétypes pour s'en jouer.
L'âge, c'est aussi se regarder et se voir vieillir. Et chercher le regard porté sur mon corps dans d'autres yeux que les miens dans le miroir, afin de s'accepter ou non.