Vers une domination saine et responsableLorsqu’ont été passés en revue principes techniques et moraux, définition(s), devoirs et limites des dominants, on pense avoir plus ou moins fait le tour de la question. De fait, celle d’une "domination saine et responsable" peut prendre des airs de redondance. Pourtant, vaste est le champ des réflexions qui s’ouvre aux esprits curieux, dès lors que l’on raisonne en termes de cas d’espèce, à plus forte raison avec en filigrane l’acouphène du fameux leitmotiv « A chacun son bdsm ».Qu’est-ce qu’une domination saine ? Si l’on se réfère à la nécessité d’un équilibre psycho-affectif stable du dominant, des us et coutumes propres au milieu bdsm et de l’évidente nécessité d’un consentement mutuel, on pourrait croire que tout est dit. C’est pourtant bien là que le bât blesse, parce qu’il y a, comme en toutes choses, la règle, l’exception qui la confirme et les cas d’espèce. Et cette complication nous parle justement d’un concept supposé prémunir les protagonistes contre d’éventuels dommages (directs ou collatéraux) liés à ces pratiques à risque : le Consentement Mutuel dit Éclairé. Principe rassurant s’il en est, s’il ne s’agissait sans doute d’un abus de langage susceptible de justifier, ou tout au moins d’atténuer la responsabilité du dominant dans le cas d’éventuels dérapages. Du point de vue étymologique, on parle de "consentement éclairé" dans le domaine de la médecine, celui du patient, en réponse à l’obligation faite au médecin de lui présenter clairement tous les risques d'une conduite thérapeutique donnée. En d’autres termes, transposé à la relation D/s, cette obligation incombe en premier lieu au dominant (supposé connaître son affaire), puis à la soumise (censée savoir ce qu’elle fait). Nous voici donc en présence des limites d’un concept détourné de son utilisation originelle, et comme on ne fait pas d’un âne un cheval de course, sa pertinence n’est sans doute pas celle qu’on voudrait lui trouver ; une novice peut-elle évaluer de façon objective le degré d’expérience et de maîtrise d’un dominant ? De même, un dominant peut-il se prévaloir d’une expertise suffisante pour prétendre obtenir le consentement "éclairé" de la personne qu’il soumet ? C’est ici qu’intervient la dimension responsable de la domination, ad minima, un dominant doit être humble et lucide quant à ses connaissances et compétences réelles. Avoir "l’étoffe d’un Maître" c’est un peu comme avoir "l’étoffe d’un héros", c’est un bon début, mais l’histoire reste à écrire.Nul besoin pour le dominant d’avoir une grande expertise en la matière – d’ailleurs les plus expérimentés ne revendiqueront jamais une pseudoscience ou une "maîtrise" dont ils savent qu’elle n’est pas gravée dans le marbre – mais déjà de s’assurer de la bonne acquisition des bases élémentaires, celles relatives aux pratiques qu’il a l’intention de proposer. En revanche, indispensable est la lucidité, l’humilité et l’honnêteté dont il doit faire preuve vis-à-vis de la personne qu’il entend soumettre, qu’elle soit novice ou en soit à un stade plus avancé de sa soumission. Une domination responsable, répond donc davantage à une obligation de moyens qu’à une obligation de résultats, ce qui serait d'ailleurs parfaitement ridicule.
Dernière modification le 23/10/2017 21:23:24 par eneidem.
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