Contrat ou pas ?
Déjà je n’aime pas le mot contrat, qui implique une réciprocité des droits et des devoirs. Or, pour moi (désormais), il n’y a plus réciprocité mais droits du Maitre d’un côté et devoirs de l’esclave de l’autre. Je préfère don employer un autre terme, celui d’engagement.
Cette notion de contrat nous vient directement des États Unis. Elle participe de la même logique que les documents qu’on vous fait remplir à l'entrée sur le territoire, que beaucoup trouvent ridicules, mais qui pourront, si besoin, être utilisés contre vous, si vous avez rempli une déclaration mensongère. Et, dans cette logique, le « contrat » est là pour fixer les limites et marquer le consentement. La même logique que le « SSC », sage, sage and consensuel.
J’ai pas mal voyagé aux USA, à titre professionnel ou privé, et le summum de cette aberration « contractuelle » c’est quand des mecs avec qui j’avais prévu de passer un bon moment m’ont remis un tel document avec des cases à cocher, yes or no!
Alors, d’accord, avec M, oui ce type de « contrat » est clairement
_ une façon de bloquer nos évolutions respectives
_ de diminuer la communication à posteriori
_ un manque de confiance criant de l'un envers l'autre
et les différents modèles que l’on trouve sur internet, catalogues détaillés de pratiques (bd)sm me son toujours apparus d’une médiocrité accablante.
Pour autant, je ne suis pas nécessairement d’accord avec
@Hamadryade
« Les mots posés sur le papier ont moins de valeur que ceux prononcés dans ces échanges préalables et impératifs. Ce qui me semble bien plus important que n’importe quel contrat, c’est de prendre le temps, en amont de la relation, de connaître l’autre, sa vie, ses habitudes. Il faut être curieux de l’autre dans son ensemble, ne surtout pas se limiter aux seuls aspects bdsm. Et il faut aussi savoir s’offrir à l’autre de la même façon, ne pas tricher, ne pas dissimuler, ne pas mentir et surtout ne pas se mentir à soi-même »
Pour reprendre l’ancien adage, « verba volent, scriptura manent », les paroles s’envolent, les écrits restent.
Sans compter qu’il y a aussi, dans cette notion de « contrat », le volet symbolique qui fait aussi partie du (bd)sm.
J’ai rédigé et signé vis à vis de mon Maitre, non pas un contrat mais une lettre d’engagement, qu’il a avalisée ensuite en la contre-signant, après que nous en ayons pesé ensemble chaque mot.
Elle ne comporte pas 30 pages de pratiques autorisées, interdites, envisageables. Simplement quelques interdits absolus (qu’il a voulu intégrer), pas de mise en danger, de risques pour ma santé, mon intégrité physique, de pratiques franchement illégales (pedophilie) et des limites dépassables », s’il en décidait ainsi (scato, notamment, mais ça n’est pas non plus son truc)
Il a aussi tenu à ce que je définisse clairement mes « safeword », code rouge et code jaune, alors que pour ma part j’étais prête à y renoncer.
Le reste, le plus intéressant, consistait à fixer le cadre, à définir ce que signifiait pour chacun de nous « Maitre » et « esclave », ses droits et mes devoirs et à marquer que dorénavant je lui appartenais, et lui accordais tous pouvoirs sur mon corps et mes trous et toute latitude pour en (ab)user comme il le déciderait.
Rien de figé, juste un engagement, le mien vis à vis de lui.
Un dernier mot, pour
@legeretedeletre
Devant le juge ou le procureur, en droit français, le « contrat » ne vaudra rien. La preuve du consentement à des actes illégaux de la part de celui qui en est victime ne supprime pas l’incrimination. Ce n’est que devant la CEDH que ce type d’argument pourrait se plaider. Mais le droit conventionnel n’est pas d’application directe.