Ps : je ne met pas ceux qui pratiquent le bdsm comme sexualité dans le sac des idiots, juste ceux qui, étroits d'esprit, se moquent des autres, rigolant des pratiques asexuees.
Bonsoir,
Je ris beaucoup et facilement de beaucoup de choses, mais à vous lire j'éprouve plutôt —comme d'autres— l'envie d'en savoir plus, le besoin de comprendre comment vous en arrivez à qualifier (à plusieurs reprises) d' "assexuées" vos pratiques bdsm. (Edit: je découvre que vous avez répondu largement par ailleurs... Je prendrai plus tard le temps de vous lire à tête reposée, et peut-être de discuter de Sade, qui me semble très éloigné du bdsm pour de nombreuses raisons que j'avais évoquées ici:
http://www.bdsm.fr/forum/thread/1699/couple-novice-du-69/view_26761/t_1446683581/.)
Pour moi, le bdsm est une sexualité, même s'il n'y a pas de rapport sexuel au sens clinique du terme. Il n'y a même pas besoin de contact physique pour constituer la sexualité: si ça fait bander/mouiller (ne serait-ce que dans la tête), c'est du sexe. Une vision assexuée du bdsm est donc pour moi une énigme.
A lire les différentes contributions, j'ai l'impression qu'il manque une question préliminaire (si j'ose dire): pour vous, qu'est-ce que le sexe?
Parce qu'il me semble que "sans sexe" ou "avec sexe" ne veut clairement pas dire la même chose pour tout le monde.
Pour certains, le mot sexe renvoie à quelque chose de précis (en l'espèce les organes génitaux), tandis que pour d'autres (dont je suis) ça renvoie à quelque chose de global (la sexualité et le désir). Entre les deux il y en a pour qui ça désigne un catalogue de pratiques qu'on peut faire avec les organes génitaux (le plus souvent la pénétration, la masturbation, les rapports bucco-génitaux), mais là encore il y a des cas limites: caresser ou pincer les seins, c'est sexuel? faire couler de la cire sur l'anus, c'est sexuel? Lécher les orteils ou les oreilles, c'est sexuel? Embrasser sur la bouche, embrasser avec la langue, c'est sexuel? Caresser la nuque, c'est sexuel? Regarder avec envie, c'est sexuel?
Pour moi, la réponse est oui à tout, mais je parie qu'il y aura autant de réponses différentes que de personnes à qui on posera la question...
Par exemple, quand je lis:
Les séances liées aux cordes (shibari ou autres) peuvent aussi avoir lieu sans aucun acte sexuel.
Je suppose que par "acte sexuel", il faut comprendre "pénétration ou attouchements et stimulation des zones génitales". Je n'ose écrire "zone érogènes" parce que pour moi le bdsm est le lieu de création d'un "corps érogène", où le sexe n'est pas cantonné aux organes génitaux, mais s'étend à toute la surface de la peau.
Du coup je suis de ceux pour qui les cordes (même s'il ne s'agit que d'un TK de base très au dessus de la ceinture) sont en elles-mêmes un acte sexuel.
Par contre, il m'est arrivé à plusieurs reprises d'avoir des partenaires sm (soumises et masos) qui très clairement ne voulaient pas au départ qu'il y ait entre nous de coït ou de stimulation clitoridienne: pour l'une, ce type d'évènement la distrayait trop de son masochisme; l'autre ne voulait pas s'attacher et craignait qu'une jouissance trop explicitement "sexuelle" ne réveille son coeur d'artichaud, une troisième adorait nos expériences mais ne me désirait pas.
Pourtant, les pratiques génitales n'étaient pas exclues: flagellation du sexe, cire chaude, fist et speculum étaient de la partie, mais les pratiques génitales se devaient d'être strictement bdsm et ne devaient en aucun cas leur rappeler qu'il pouvait s'agir de pratiques "sexuelles" dans lequel elles auraient pu éprouver un plaisir autre que masochiste.
Ce sont plus ou moins —me semble-t-il— des équivalents de ce que décrit sweet-caramel:
alors , perso je ne sexe pas avec mes partenaires sm , et pourtant j'associe le sm et le sexe ! puisque les rares fois ou j'ai envie de me soumettre ,au moment ou je cède a ses envies , j'ai besoin de sexe . mais dans ma partie dominante , le sexe limite me dégoute . j'ai besoin d'un temps de "repos".
Dans les cas que j'évoquais plus haut, cela n'a d'ailleurs pas duré très longtemps et les deux premières soumises dont je parlais sont devenues très vite demandeuses de pénétrations et tout ce qui s'ensuit.
A l'opposé, il m'est arrivé une fois de me faire copieusement insulter par une soumise (rencontrée ici) que je n'avais pas pris soin d' "honorer"... et celle-ci s'est sentie humiliée de n'être pas l'objet de mon désir pénétrant. La sachant libertine très expérimentée, j'avais voulu lui concocter une séance exotique (entendez par là sans pénétration), et je me suis copieusement planté. Si elle repasse par ici et se reconnait, j'espère que sa haine à mon endroit est retombée et qu'elle peut aujourd'hui sourire de cette mésaventure.
Je suis heureux et rassuré de lire ce genre de commentaires; on a parfois tendance sur ce site à être marginalisé lorsqu'on distingue le bdsm des jeux sexuels, ce qui est tout de même un comble, si, comme vous le dites, on se réfère à l'acronyme. Il est vrai que beaucoup de pratiquants qui ont la même conception du bdsm que nous, se sont lassés d'intervenir sur ce site à cause de l'attitude méprisante, voire agressive, d'une minorité.
En ce qui me concerne, ce qui peut me rendre facilement taquin (car j'atteins très rarement le stade où je deviens méprisant et agressif) ce n'est pas une conception différente du bdsm (que je tolère par ailleurs très bien et qui m'intéresse même si je ne la partage pas), c'est une manière de vouloir imposer une vision en la présentant comme seule recevable.
Je suis de ceux pour qui, tout à fait indépendamment du décryptage de l'acronyme, le bdsm est sexe. On peut disséquer les pratiques, dissocier celles qui sont génitales de celles qui ne le sont pas, mais pas distinguer les champs d'application de ces deux mots ni établir la frontière qui les sépare. Il ne s'agit pas de marginaliser celles et ceux qui pensent le contraire, mais plutôt d'exposer des visions différentes qui rendent compte de la multiplicité des points de vue et de la manière de les exprimer.
J'ajoute que pour moi, il n'y a rien de plus sexuel que le port d'une cage de chasteté, laquelle exacerbe précisément ce qu'elle dénie.
Et le mot "sexe" renvoyant à tant d'interprétations différentes, j'ai bien peur qu'il ne me soit nécessaire de conclure par: "à chacun son sexe"!