Il me vient une question à mon tour: pourquoi avoir poser ces questions? Il existe forcément une raison et il me parait intéressant que vous la partagiez.
Merci pour votre réponse développée.
Poussé donc par la curiosité intellectuelle, je m'interroge à la fois pour moi-même et sur les autres pratiquants. Je m'inclu dans la question. En première approximation, je peux moi aussi me revendiquer normal : j'ai un appart, un travail, etc. Certaines ici m'ont rencontré et pourront vraisemblablement confirmer ma "normalité". ^^ Partant de là, conformément au relativisme philosophique qui règne de facto dans notre société, je pourrais d'emblée clore le débat en disant que de toute façon il n'y a pas de normalité, que chacun fait ce qu'il veut tant qu'on ne nuit pas à autrui, etc. etc. La vulgate habituelle, consensuelle, dominante sur à peu près tous les sujets... Mais on en reste alors à la surface et on a toujours rien compris de nos vérités intérieures, de nos raisons profondes.
Mais suffit-il donc de paraître normal aux autres, ou d'être convenablement adapté socialement, pour être "normal" ? Si je suis lucide envers moi-même, je présente quelques traits disons du spectre autistique. Pas de quoi m'empêcher d'évoluer dans la société mais perceptibles sur la durée pour quelqu'un de mon entourage proche. Or, les personnalités de ce type, selon la littérature médicale, sont volontiers portées vers des pratiques comme le BDSM...
Je reprendrais la définition de la normalité proposé par Buss reposant sur les trois critères d'inconfort, de bizarrerie et d'inefficacité.
L'inconfort, c'est ce qu'exprime la personne verbalement, l'état de souffrance qu'elle vit et sa détresse personnelle.
La bizarrerie est décrite par l'entourage. C'est la déviation par rapport aux standard acceptés de comportements. Il y a donc une notion de déviance sociale, de comportement exceptionnel, extrême, inhabituel, et persistant dans le temps.
L'inefficacité, ce sont les conséquences des troubles mentionnés par la personne elle-même et par les personnes qui l'entourent. C'est le "handicap psychique", c'est-à-dire l'incapacité d'une personne à faire certaines choses qu'à priori ses compétences et ses capacités rendraient possible.
Cette approche a le mérite de combiner la perception que la personne a d'elle-même, et la perception que les autres ont d'elle.
Loin de moi l'idée de "pathologiser" le BDSM. Il existe certes des pratiquants "neurotypiques" bien dans leurs baskets. Je pense cependant, au vu de ce que j'ai pu voir en soirée BDSM, qu'il y a une forte surreprésentation de personnalités répondant aux critères de Buss dans notre micro-milieu...