Thutale
#0
Dans le prolongement du topic "Progression" (controverse sur le bienfondé et les errements des visées éducatives dans le bdsm), j'aimerais recueillir l'avis de ceux qui apprécient et revendiquent "éduquer" au-delà de la dimension strictement ludique et érotique, ceux qui aiment guider leur soumis-e, lui faire prendre confiance, l'aider à réaliser son potentiel, ou que sais-je d'autre (quoi d'autre d'ailleurs ?) :

    Vous considérez-vous à égalité avec votre soumis-e ?
    si non (ou si partiellement seulement), sur quoi portent les inégalités entre vous ?
    Car je suppose - peut-être à tort - que pour entreprendre d'éduquer quelqu'un (noble élan humain, fort répandu hors bdsm) il faut être, ou se sentir, ou se croire, supérieur en quelque domaine...

    Que ressentez-vous dans cette position particulière de l'éducateur, de l'enseignant ? De quelle nature est votre propre plaisir ?

    Et la question du pouvoir ? Du sadisme, le cas échéant ? Quelle place ont-ils là-dedans ?



Bien sûr, les soumis-es concerné-e-s peuvent répondre à partir de leur propre expérience :


    Vous, qui cherchez à être éduqué-e-s, vous considérez-vous à égalité avec votre dominant-e ?
    si non (ou si partiellement seulement), sur quoi portent les inégalités entre vous ?

    Que ressentez-vous dans cette position particulière de l'éduqué-e, de l'élève ? De quelle nature est votre propre plaisir ?

    Et la question du pouvoir ?



Nb : ce topic n'est pas destiné à accueillir un débat sur l'éducation (pour vs. contre) [pour cela je vous renvoie au topic "Progression"], mais a pour vocation d'en comprendre les ressorts.


N'hésitez pas à enrichir le thread d'autres questions, qui vous paraîtraient complémentaires ou plus pertinentes.
Thèmes: Réflexion
Dernière modification le 06/01/2015 00:20:42 par Thutale.
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Alex msda
#1
bonjour,

pour repondre a votre premier chapitre,(Vous considérez-vous à égalité avec votre soumis-e ?
si non (ou si partiellement seulement), sur quoi portent les inégalités entre vous ?
Car je suppose - peut-être à tort - que pour entreprendre d'éduquer quelqu'un (noble élan humain, fort répandu hors bdsm) il faut être, ou se sentir, ou se croire, supérieur en quelque domaine...)

je dirais donc,que au terme d' eduquer, je prefere le terme partager, ou bien celui de , faire decouvrir...
ensuite si le sujet souhaite une education.... et qu' il en emet le voeux la domination /soumission, permet de multiples excercices, permettant de donner satisfaction à l' autre, tout en prenant sois meme, un certain plaisir à ce partage.
quant a se sentir ou se croire superieur a l' autre , faut savoir que sans soumis ou soumise il n' y a pas de Maitre et que l' un et l' autre ne sont mutuellement que le partage de plaisirs consentis. le mot partage est indispensable .la contrainte n' a pas cours me semble t' il dans le BDSM. donc superiorité??? le temps d' une complicité sans doute, mais humainement parlant, cela releve de l' utopie; ou d' un manque d' analyse objective.
pour votre troisieme chapitre....(Et la question du pouvoir ? Du sadisme, le cas échéant ? Quelle place ont-ils là-dedans )si il y a sadisme dans ce contexe...c' est que en face il y a masochisme.... sans cela appellons ça clairement , maltraitance.
esperant avoir apporté ma pierre.....
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#
#2
Bonjour.

Vous considérez-vous à égalité avec votre soumis-e ?:
Pour moi il n'y a aucune notion de supériorité dans une relation D/s, une personne soumise n'est pas inférieure à un(e) Dominant(e), elle se soumet parce que c'est son choix quelles que soient les raisons qui la poussent à le faire.
Comme l'a écrit Alex msda, sans soumise ou soumis il n'y a pas de Maîtresse ou de Maître.


Que ressentez-vous dans cette position particulière de l'éducateur, de l'enseignant ?:
On peut déjà remplacer éducateur et enseignant par Dominant(e) car c'est le rôle d'un(e) Dominant(e) de façonner sa/son soumis(e) et de la/le guider et faire progresser.
Après le fait de donner des directives, d'établir des règles et un comportement à respecter, permet pour moi d'avoir une emprise de base sur ma soumise.


Et la question du pouvoir ? Du sadisme, le cas échéant ? Quelle place ont-ils là-dedans ?:
Pour reprendre un peu ce que j'ai écrit plus haut, une personne Dominante n'a le pouvoir que si une personne soumise le lui donne.
Dans mon cas, le fait que je sois Dominateur et hétérosexuel ne veut pas dire que je veux avoir du pouvoir sur toutes les Femmes. Même si je suis très possessif, que j'aime avoir le dessus et le contrôle, pour que je prenne du plaisir à dominer il faut que ce soit avec une Femme qui me plaise et qui ait envie de me donner le pouvoir sur elle.

En tant que Dominateur j'ai des goûts, besoins, envies et différentes façons de prendre du plaisir et il en est de même pour ma soumise mais lorsque je domine, je fais ce que je veux et elle n'a aucun pouvoir de décision là dessus néanmoins il est important que je lui donne du plaisir et une forme de satisfaction sinon elle n'a pas de réelle raison de se soumettre à moi, je prends donc en compte les désirs qu'elle pourrait avoir seulement c'est moi qui décide quand et comment.
Je dirai que le pouvoir de la personne Dominante s'arrête aux limites de la personne soumise.

Je suis un peu sadique ( un peu car je ne prendrai aucun plaisir à faire souffrir une personne physiquement au point de la blesser mentalement ) mais je pense que ce n'est pas inhérent au rôle de Dominant(e) puisque l'on peut préférer le cérébral au physique ( je me trouve entre les deux ).
Personnellement si je met des coups de cravache, de martinet, de badine ou autre je ne le fais pas pour avoir le pouvoir mais parce que ça me plaît et que j'ai déjà le pouvoir sur ma soumise.


Veuillez m'excuser si c'est un peu brouillon et que ça manque de clarté mais je suis fatigué au moment ou j'écris.

Zimo
Dernière modification le 05/01/2015 09:27:11 par Zimo.
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Olivier
#3
Ce petit sondage s'adresse-t-il aussi au Fétishisme SM comme je le pratique ?

GC
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Abyme
#4
Je suis étonné de ce tabou (ou hypocrisie) à ne pas vouloir reconnaître qu'il y a forcément un rapport supérieur/inférieur dans une relation D/s.
Alors ce sont évidemment des mots recouvrant plusieurs acceptions. Je ne parle pas d'une supériorité en valeur intrinsèque humaine.
Mais même au travail, ou dans l'éducation, ou l'armée, ou le sport, il y a ceux qui mènent et ceux qui suivent. Dans une entreprise, le mot "supérieur" dans la phrase "j'en parlerai à mon supérieur" par exemple ne signifie pas "cet humain vaut mieux que moi en tant qu'humain". La phrase signifie "j'en parlerai à la personne qui est au dessus de moi, qui décide pour moi, qui a plus d'ascendant sur les autres que moi, qui mène, qui m'ordonne, qui m'initie, etc, car nos rôles ont été définis ainsi."
Pourquoi dans une relation D/s il serait mal vu de dire de même ? Lorsque je domine ma soumise, je lui suis supérieur, en terme d'ascendant, d'autorité, d'expérience, de décision, de "leadership". Cela ne signifie pas que je la considère comme inférieure en dehors des jeux, en tant que personne.
Il faut arrêter de tourner autour du pot.
Alors oui, bien sûr, par fausse modestie ou fausse humilité, la jolie formule consiste à renverser la vapeur/valeur : "la personne que je domine endure plus que moi donc a plus de force de caractère ou de résilience, elle m'est supérieure". Evidemment, dans cette veine je pourrais dire aussi : "ce bébé est plus à l'aise que moi dans l'eau, donc il m'est supérieur", ou bien "cette femme élève seule quatre enfants, quelle abnégation, quelle force de caractère : elle m'est supérieure". Ok ok, et c'est vrai. Et cet oiseau m'est supérieur car lui il vole et moi non. Mais de quoi parle-t-on ?
D'un rapport de domination, où l'un se place en dessous de l'autre (notez bien "en dessous).

Pour l'initiation, c'est pareil : un disciple a un maître. Leur rapport est la transmission d'une connaissance précise, donc le maître se place systématiquement au dessus du disciple dans le cadre de ce rapport. Et s'il ne lui était pas supérieur (dans le cadre de cette transmission), l'autre ne serait pas son disciple, mais juste un collègue à qui on passe quelques tuyaux.
En Inde j'ai remarqué l'inverse de la fausse humilité occidentale : il est de bon ton et pas honteux d'être un gourou ( un professeur), et idem d'avoir un maître, un "baba" initiateur et supérieur, qui nous transmet ses enseignements et à qui on obéit aveuglément, avec discipline. Si le rapport de hiérarchie est bafoué, l'enseignement stoppe tout simplement.

Bref pour répondre aux questions :
1) Non, je ne me considère pas à égalité avec ma soumise lorsque nous sommes dans le jeu dom/soumise, évidemment.
Il est clair que l'un joue de la supériorité de son rôle, bref de son autorité, sur l'autre.
Même si la personne soumise a une influence et un pouvoir indéniable qu'on pourrait établir comme "supérieur", en tirant quelques cheveux, mais encore une fois, c'est jouer avec les mots par tabou ou balance égalitaire.
En dehors de nos jeux et de nos rôles incluant cette hiérarchie, oui bien sûr, je considère que nous sommes à égalité (sociale, humaine, intrinsèque, etc).
Donc pour continuer à répondre : Quelles sont nos inégalités ? Hé bien je crois que j'y ai déjà répondu : dans le rôle et sa hiérarchie évidente. Décisions, ordres, initiatives, stratégie, actes, droit de regard, etc.

2) Que ressente-je ? Un plaisir évident, tiens ! J'aime initier, j'ai toujours aimé la pédagogie et la passation. J'aime dévergonder une femme ingénue, aussi, en l'amenant vers ses limites et en les lui faisant éventuellement dépasser.
Il y a un côté pygmalion évident à initier (et donc façonner quelque part) quelqu'un qui nous est soumis et complètement réceptif et demandeur.

3) Côté sadisme, bah il paraît que j'en recèle, mais mon respect est plus fort que mes pulsions sadiques. Donc à moins de tomber sur une maso demandeuse, je n'abuserai pas sur ce chemin juste par plaisir.
Quant au pouvoir, oui il me plaît.
Dernière modification le 14/03/2015 02:15:42 par Abyme.
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#
#5
Bonjour,

@Abyme Pour la question "Vous considérez-vous à égalité avec votre soumis-e ?" cela dépend de la manière dont vous l'interprétez, pour moi il est tellement évident que la personne dominante est supérieure ( en terme de rôle ) dans les rapports D/s, que dans cette question je comprends pour ma part plutôt "Considérez vous les soumis(e)s inférieures aux dominant(e)s d'humain à humain ?" et là la réponse est clairement non pour moi et aussi je pense pour la majorité des pratiquants.
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Bergamote83
#6
Thutale a dit...


Bien sûr, les soumis-es concerné-e-s peuvent répondre à partir de leur propre expérience :


    Vous, qui cherchez à être éduqué-e-s, vous considérez-vous à égalité avec votre dominant-e ?
    si non (ou si partiellement seulement), sur quoi portent les inégalités entre vous ?

    Que ressentez-vous dans cette position particulière de l'éduqué-e, de l'élève ? De quelle nature est votre propre plaisir ?

    Et la question du pouvoir ?



Beau sujet Thutale dont l'énoncé est absolument clair. Je remarque avec plaisir la participation de nombre de D... C'est agréable ! J'apporte ma contribution en tant que S :

1/ égalité avec mon dominant : d'un point de vue humain, je dirais d'emblée NON. Mais à y réfléchir, c'est davantage Lui qui tient à cette égalité car dans notre mode de vie D/S en H24, je ne m'adresse à Lui qu'avec respect et déférence. Pas de colère ou de propos blessants ou déplacés (je me régule et tourne 7 fois ma langue dans ma bouche avant de Lui parler), même lorsque je suis énervée ! Au pire, je me ferme comme une huître, je rumine en silence et lorsque les BONS mots sont prêts à sortir, j'annonce la couleur. Est-ce une marque suprême de respect ? En tout cas, en vanille, je n'aurais pas pris autant de "gants" Smile. C'est un exemple, j'en ai d'autres : comme le servir, m'assurer de son confort et son bien-être, prendre soin de lui, chercher à lui faire plaisir, à le surprendre, à le séduire. En vanille, il y avait les jours AVEC et les jours SANS... Là, c'est tout du UP ! Wink
Dans le "jeu" BDSM, il est mon gourou, mon Dieu, mon guide et par la confiance absolue que je lui ai accordée, je lui donne le meilleur de moi-même. D'un point de vue "inégalité" : cf 3/

2/ position de l'élève : mon seul but est de lui obéir, pour le faire kiffer, qu'il soit fière de moi et qu'il me désire (sexuellement parlant). Je suis attentive au moindre de ses ordres. Il fait de moi ce qu'il veut et m'entraîne dans sa spirale. Je me fais bonne élève (major de promo !). Le décevoir me plongerait dans un profond désarroi. Je ne prends aucune initiative. Je sais qu'il sera à l'écoute de mes envies que je vais devoir lui exprimer. Et que, lorsqu'il l'aura décidé, il viendra avec plaisir au-devant. C'est un rapport éducateur/éduqué où chacun trouve sa satisfaction dans l'évolution de l'autre.

3/ Pouvoir : il a le POUVOIR et donc le dernier mot, celui de la décision finale, même si parlementer est possible. Je ne souffre pas de cette hiérarchie car j'ai choisi ma position. Sauf que je suis soumise à MON Maître et pas à la terre entière (loin de là !) parce que je l'ai choisi et élu MERITANT pour moi.

Je pense qu'un Dominant n'a pas envie de soumettre toutes les femmes, mais bien celle qu'il a choisie, parce qu'il y a un défi et surtout qu'il y a détecté un potentiel !

Je m'abonne, c'est un très beau sujet.
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