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Heartbeat
.Posté dans Avez vous déjà été...
analogique a dit..."L'amour, une rencontre de deux salives. Tous les sentiments puisent leur absolu dans la misère des glandes"E.M.Cioran in "Précis de décomposition" (1949).c'est charmant!analogique a dit...Oui, bien sûr.Mais pour moi "être amoureux" et "aimer" sont deux choses très différentes, qui parfois se superposent et coexistent, parfois s'opposent.Le premier est un état qui ne concerne que soi; il n'y a pas besoin de l'autre pour être amoureux. Exemple extrême: je peux être amoureux d'une belle inconnue le temps d'un voyage en métro: c'est une manière de me faire plaisir qui ne l'implique pas du tout.Le second qualifie la dimension affective des relations qu'on entretient avec autrui. Les personnes que j'aime sont celles avec qui j'ai des échanges et des interactions qui me nourrissent. Aimer, c'est quelque chose qui se construit et se développe dans le temps, au fil de ces interactions. A force de les fréquenter, on peut même en arriver à aimer des personnes parfaitement détestables dont on ne serait jamais amoureux pour rien au monde.Parfois, c'est confus: on croit qu'on aime alors qu'on est juste amoureux, sans doute parce que ça nous fait du bien de nous bercer de douces illusions. A ma connaissance, il n'y a que le temps qui permette de faire le tri...mais ça veut dire quoi alors, quand t'es amoureux d'une belle inconnue dans le métro?Comment ça, aimer des personnes parfaitement détestables ? Detestables pour les autres, ou pour soi-même ?analogique a dit...Si je m'appuie sur ce que j'ai dit plus haut, c'est quelque chose d'absolument impossible à généraliser et à réduire: il y a pour moi autant de formes d'amour que d'individus avec qui j'ai des relations avec des implications affectives. Certaines de ces formes sont sexuées et comportent une charge sulfureuse de désir, d'autres sont vouées à rester platoniques ou à se sublimer ailleurs que dans la rencontre des corps. Peu importe, c'est cette diversité affective qui fait toute la richesse de notre tissu relationnel.L'amour, peut être aussi nourrissant que pesant et encombrant. Il y a parfois des gens qu'on se passerait volontiers d'aimer, mais qu'on aime quand même. Si! Et s'il s'agit de quelqu'un avec qui on a des relations sexuelles, ça s'appelle être maudit des glandes.Et puis ta question est centrée (me semble-t-il) sur la perception que nous avons d'aimer ou d'être amoureux, mais je crois que c'est aussi très lié à la manière dont nous nous sentons aimés et désirés. Ça peut être très porteur et nourrissant, mais cela peut aussi être très pesant et fatiguant. Personnellement, je n'en peux plus d'être aimé, et je préférerais avoir la paix. Quelle poisse!encore une fois, comment ça, des gens "qu'on se passerait volontiers d'aimer mais qu'on aime quand même" ? "je n'en peux plus d'être aimé" haha, quelle horreur, quelle poisse, effectivement! analogique a dit...Il faudrait savoir ce que tu entends par bonheur... ou par amour aussi, d'ailleurs... Parce que je ne crois pas un seul instant que le bonheur existe sans le malheur. Les deux sont consubstantiellement entrelacés. Et puis que vient faire là la nécessité? L'amour n'est pas "nécessaire" au bonheur: il en produit. Tout comme il produit le malheur sans lequel les instants heureux n'existeraient pas.Sinon, si on vise une forme de félicité et de béatitude proche de l'encéphalogramme plat, mieux vaut éviter l'amour en arrêtant la fréquentation des humains. J'y songe régulièrement, mais je suis un peu faible des glandes, et j'y reviens quand même.Tu es bien cynique...
analogique
.Posté dans Avez vous déjà été...
Heartbeat a dit...c'est charmant!N'est-ce pas? Les aphorismes de Cioran, pour moi, c'est plus revigorant que n'importe quelle histoire supposée drôle.Heartbeat a dit...mais ça veut dire quoi alors, quand t'es amoureux d'une belle inconnue dans le métro?Ça veut juste dire qu'il me reste encore un peu parfois la faculté de m'imaginer une autre vie que la mienne. "Etre amoureux", c'est du domaine de la projection: se faire un film, se raconter des histoires. Je veux dire par là qu'on peut être amoureux de quelqu'un dont on n'a positivement rien à foutre, juste parce que c'est agréable de se le représenter. c'est même très banal, je crois. Mais ça n'a rien à voir avec l'amour.Heartbeat a dit...Comment ça, aimer des personnes parfaitement détestables ? Detestables pour les autres, ou pour soi-même ?Pour les autres accessoirement, mais je pensais essentiellement pour soi-même. L'amour n'est ni rationnel, ni univoque, ni éclairé. Là encore, c'est très banal. On peut tout à fait aimer dans le cadre d'une relation toxique, et s'attacher à quelqu'un qui ne nous fait pas que du bien. Ça n'est pas moins de l'amour que dans le cadre d'une relation idyllique.Parfois, on se débrouille aussi pour aimer quelqu'un avec qui ça ne peut pas marcher. Juste pour que ça rate et légitimer le sentiment de se sentir mieux seul!Heartbeat a dit...encore une fois, comment ça, des gens "qu'on se passerait volontiers d'aimer mais qu'on aime quand même" ? Pareil. Il y a plein de relations amoureuses qui sont aussi des relations conflictuelles génératrices de souffrances, et où les blessures sont proportionnelles à l'amour porté. D'ailleurs il est également fréquent d'observer que l'amour peut se retourner en haine aussi facilement qu'un gant. Détester, c'est à peu près la même chose qu'aimer: c'est s'impliquer fortement dans la dimension affective d'une relation.Heartbeat a dit..."je n'en peux plus d'être aimé" haha, quelle horreur, quelle poisse, effectivement! Ah oui, c'est très pénible d'être aimé! Ça fout de la pression affective, on n'est pas sûr de pouvoir être à la hauteur de tout cet amour reçu... Ah la la! C'est épuisant!Il n'y a que sans amour qu'on ait vraiment la paix. Reste à savoir si cette paix-là est enviable. Je me garderais bien de l'affirmer...Heartbeat a dit...Tu es bien cynique...Non, je ne crois pas être cynique. Je tente simplement de répondre à tes questions.Lucide, peut-être? En tout cas je m'y emploie...
Heartbeat
.Posté dans Avez vous déjà été...
tily a dit...Donc je pencherai pour le point de vue d'analogique quand il banalise ce "ressenti" d'être amoureuxBien souvent,se sont des débuts...Amoureux d'une image fantasmée,idéalisée, partielle de l'autre...Amoureux de cette image de nous qu'il nous renvoie, elle aussi , flatteuse,t très agréable, mais incomplète!!Phase où l'on est aveugle à tout ces petits rien qui, le temps aidant, nous sera révélé quand la passion s'estompera...et que la vue reviendra, plus objective...Stendahl appelait ça la cristallisation amoureuse...Et votre description est parfaitement juste !