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Elle ne redoutait pas, comme autrefois, les nouvelles rencontres de son amie. Ces courts enthousiasmes ressemblent trop à des allumettes qui crépitent, l'enfer, la jalousie, et ne laissent entre les doigts qu'un souvenir ridicule. Au contraire, il était peut-être excellent que la jeune fille abandonnât sa liberté pour sa nouvelle Maîtresse et rien ne semblait pouvoir troubler son sommeil. Mais quelle Juliette observait-elle dans la pénombre de leur chambre. L'amante ou la soumise ? Juliette les aimait toutes à travers ce qu'elle était devenue. Mais comment prétendre aimer quelqu'un à qui l'on ment sur l'essentiel ? S'intaller dans cette contradiction, c'était déjà y répondre. Tant de choses avaient eu lieu et tant de paroles avaient été échangées, souvent si regrettables mais jamais regrettées. Elles avaient déjà éprouvé de la haine mais jamais encore de l'indifférence, qui est son stade ultime. L'oubli étant essentiel à la survie, elles étaient capables d'oublier, non de pardonner. Charlotte, semblait perdue dans une étrange rêverie. Comme cela lui arrivait parfois. Elle s'absentait alors, loin, très loin. Elle ne savait pas encore elle-même, si elle était heureuse. Désespérée d'avoir un corps sans réaction devant la vie, dévorée par quelque chose d'inconnu, qui, qu'elle le veuille ou non, lui prenait tout. Elle me regarda longuement, puis eut un vrai sourire, dans lequel en faisant un effort, on pouvait retrouver ce qui avait été sa féminité flatteuse mais qu'un nouvel élément transformait en une sorte de féminité crispée, mais tout de même empreint de sérénité. Juliette avait eu raison bien à l'avance. Elle paraissait manquer, non pas de loyauté, mais de confiance en elle. Alors, sa Maîtresse, mue par cette force qui habite les cœurs encore jeunes, pensa que sa vie sentimentale ne pouvait abriter deux intrigues à la fois. Elle était poussée, en outre, par je ne sais quelle intime impossibilité de lui mentir. Elles ne possédaient rien ensemble. Rien d'autre qu'un engagement mutuel, un collier, un lit. Rien, aucune activité sociale, aucun contact avec d'autres êtres humains, les lumières du ciel ou de la ville. Il n'était rentré dans leur relation que la vérité, crue et nue, de leur sexualité. Elles n'avaient pas eu besoin de donner le change, pas plus à elles-mêmes, qu'aux autres, et les subtils aménagements ou glissements successifs vers le mensonge et l'omission qui s'opèrent entre amantes, n'avaient pas pu amorcer le chemin qui mène très souvent, vers l'hypocrisie, le compromis et le malentendu librement consenti. Elles n'étaient pas des animaux sociaux. Le mensonge, dès lors, ne servait à rien et elles n'y recoururent jamais. Aussi, Juliette se sentait tenue de tout dire à Charlotte, sans même l'embrasser ou la caresser, mais elle n'avait pas assez compté sur l'appétit qu'elles avaient l'une de l'autre.
La jeune feme avait une sorte de charme, au moins l'avantage de son jeune êge, de son calme et de sa froide considération. Elle n'était inspirée que par le désir de possession. Elle lui fit d'abord l'amour, et le mal après. Sous le fouet, elle ne réagit pas. Elle eut un bref pincement aux commissures des lèvres si promptes à la douleur, et elle baissa la tête, puis elle la releva à peine troublée. Elle tenait à la main la mince ceinture de cuir qu'elle mettait sur sa robe, elle recula d'un pas et fouetta le visage de Charlotte. Cela lui ouvrit la lèvre, et elle sentit le goût du sang. Elle était terriblement effrayée. Son bras repartit pour frapper encore. Mais elle ne fit rien. Elle laissa retomber son bras, lâcha la ceinture et se mit à sourire, sans parler. Elle possédait ce talent, qui est si rare de savoir donner une présence au silence. Charlotte regarda Juliette sans pouvoir prononcer une parole. Elle prit une douche, et se brossa les cheveux. Elle finit de se sécher et passa seulement un peignoir. Et tout en s'essuyant avec une serviette de bain, elle se regarda dans le miroir, en contemplant les lettres JM, ornant son pubis lisse, signe de son appartenance, et surtout les cicatrices, vifs souvenirs des sanglades de cravaches. Sa Maîtresse la fouettait généralement elle-même, mais il lui arrivait de la faire fouetter par une autre jeune femme. Charlotte était très mate de peau, élancée et fine, les yeux bleus dévorant le visage, des cheveux noirs coupés droits au-dessus des sourcils, en frange à la garçonne, Elle avait de petits seins fermes et haut placés, des hanches enfantines à peine formées. À force de la battre, Juliette s'était rapprochée de Charlotte, qui obtint le droit de demeurer près d'elle. Mais elle lui interdisait de la caresser, de l'embrasser fût-ce sur la joue, ou de se laisser embrasser par une autre. Elle voulait qu'elle parvienne à se donner après avoir été touchée par les mains ou les lèvres de qui que ce fût. En revanche, elle exigeait, car elle ne la quittait que très rarement, qu'elle regarde toujours Juliette caresser une autre femme mais uniquement en sa présence et pour son seul plaisir. Sans doute, Juliette avait trop compté à la fois sur l'indifférence et la sensualité de Charlotte par rapport aux jeunes filles. Jamais, elle n'avait eu avec elle l'attitude d'une amante amoureuse. Elle la regardait froidement, et quand elle lui souriait, le sourire n'allait pas jusqu'aux yeux. Mais, elle ne voulait pas se séparer d'elle. Elle tenait d'autant plus à elle, qu'elle la livrait davantage. Le seul fait qu'elle l'offrait chaque jour davantage lui donnait une preuve, qu'elle lui appartenait. Elle lisait son visage, son cou. Ainsi, lorsque Charlotte se sentait traitée injustement, elle roulait les épaules vers l'avant, son cou se gonflait, faisant saillir les muscles, et régulièrement ses épaules retombaient. Elle se tenait comme gelée.
Elle n'a que vingt ans et la robe noire échancrée dans le dos jusqu'aux reins et très serrée à la taille lui donne un sérieux excessivement sensuel. C'est beaucoup d'élégance pour ce jeune chat qu'on voudrait prendre dans ses bras, poser sur un coussin, caresser, abandonner. La jeune femme ignorait le non-dit, les mots entre les mots, les secrets murmurés, les silences éoquents. Dans son monde, on parlait ou on se taisait. On était régi par la tyrannie des convenances. Souvent, elle portait une robe assez décolletée pour qu'on voie le grain de beauté sur son sein. Mais quel repos, quel délice le fouet qui balafre la chair et marque pour toujours, la main d'une Maîtresse qui vous couche sur un lit de fer, l'amour d'une Maîtresse qui sait s'approprier sans pitié ce qu'on aime. Et Charlotte se disait que finalement elle n'avait jamais aimé Juliette que pour apprendre l'amour, mieux se donner, esclave et comblée, à elle. Comme si elle avait deviné l'intensité de son plaisir, qu'elle dissimulait de son mieux sous les râles et les spasmes. Elle apprit à aimer porter des pinces aux seins. Mais Juliette disait qu'elle en profitait trop, que le plaisir effaçait la douleur et que cela était scandaleux. Les lèvres de son sexe étaient en revanche très sensibles, quels que soient ses efforts. Mais cette farouche volonté de ne jamais la décevoir lui permettait alors d'assumer bien des sévices. Elle se concentrait de toutes ses forces pour oublier ses souffrances. Parfois, elle parvenait à oublier la douleur lorsque brisant ses chaînes et la tension nerveuse qui la faisait trembler, Juliette la fouettait et qu'elle se débattait entre ses mains, le visage durci par la peur et le désir. Elle cessait de se raidir, pressée contre le mur, saisie au ventre et aux seins, la bouche entrouverte par la langue de sa Maîtresse, pour gémir de bonheur et de délivrance. La pointe de ses seins se raidissait sous les doigts et parfois même les dents de Juliette. Elle fouillait si rudement son ventre qu'elle croyait s'évanouir. Oserait-elle jamais lui dire qu'aucun désir, aucune joie, aucune imagination n'approchait le bonheur qu'elle ressentait à la liberté avec laquelle elle usait d'elle, à l'idée que Juliette n'avait aucun ménagement à garder, aucune limite à la façon dont, sur son corps, elle pouvait chercher son plaisir. La certitude que lorsqu'elle la touchait, ce fût pour la caresser ou pour la battre. Il arrive que la force du désir se nourrisse dans la chair, d'une succession de faits, de contretemps microscopiques, lesquels finissent par tisser un dessein occulte qui prend alors la forme d'un enchaînement logique et implacable. Comme elle était là, plaquée contre le mur, les yeux fermés, les mains de sa Maîtresse montaient et descendaient le long d'elle la faisant brûler chaque fois davantage. Cette nuit, Charlotte passa une nuit agitée, maintes fois la jeune fille se réveilla en sursaut. L'aube fraîche apaisa son énervement. Elle en conclut qu'elle n'avait plus l'habitude d'être fouettée et quelques traces douloureuses sur ses reins la confirmèrent dans cette idée. Étendue nue sur son lit, elle se remémora la soirée et seulement toute l'horreur de son abandon lui apparut.
Elle savait assez bien admirer et mépriser en même temps: ce sont là deux mouvements de crainte, différemment orchestrés. Plus la jeune femme se rassurait en faisant le plein, plus sa Maîtresse se dépouillait et s'épanouissait dans l'immatériel. Elle frémit à l'idée qu'elle avait pu s'offrir, se laisser ainsi sodomiser dans des poses d'une lubricité atroce par des inconnus. Puis, peu à peu, le souvenir de certaines émotions charnelles supplanta la vague de pudeur qui déferlait en elle. Elle repensa à l'ardente virilité de l'homme et trouva la vie plus belle que jamais. Elle se caressa dans la douce lumière du jour tamisée par les volets. L'après-midi, elle retrouva Juliette qui l'emmena chez Paul. Vêtues toutes deux de blanc, on aurait dit des sœurs, et le miroir éclairé renvoya bientôt aux yeux de l'homme leurs intimités lisses et moites. Bientôt, les deux corps dénudés se roulèrent sur le lit en une étreinte sauvage où Charlotte exhala non sans passion sa volupté toujours puissante. Alors Charlotte abandonna son corps aux désirs sadiques de Paul. Il l'entraîna sur une table haute et l'allongea à plat-ventre, jambes et bras écartés en lui liant les chevilles et les poignets fermement avec des cordes en prenant soin d'étirer ses membres en position d'écartèlement extrême. Paul se saisit d'un martinet aux lanières en cuir et commença avec art à fouetter les reins qui s'offraient à lui. Il débuta doucement, visant le sommet des fesses tendues. Elle n'avait pas très mal. Chaque coup amenait seulement un sursaut, une contraction des muscles, mais peu à peu, une douce chaleur irradia sa croupe, se propageant à son vagin. Une torsion légère des cuisses et de ses hanches donnait au corps un balancement lascif. De la bouche de la soumise contrainte sortirent de longs soupirs. Paul, excité, frappa alors plus fort par le travers et les gémissements de Charlotte furent plus profonds et la danse de la croupe s'accentua bientôt. Le plaisir qu'elle prenait, à offrir à sa Maîtresse, autant moite et brûlante, lui était témoin et garant de son plaisir. En même temps qu'elle entendait un sifflement, elle sentit une atroce brûlure dans les reins et hurla. L'homme la flagellait à toute volée. Il n'attendit pas qu'elle se tût, et recommença cinq fois, en prenant soin de cingler chaque fois, ou plus haut ou plus bas que la fois précédente, pour que les traces fussent nettes. Charlotte crispa alors ses poignets dans les liens qui lui déchiraient la chair, le sang monta à la tête. Alors sa Juliette s'accroupit près des épaules de Charlotte et lui caressa la tête, penchée sur elle, lui donnant de longs baisers qui grisèrent la soumise éplorée.
Elle n'aimait que les poètes abandonnés dans les mansardes, les jeunes peintres tuberculeux. Elle vivait à la diable. Il y aurait chez Charlotte toujours les deux tendances en elle, l'une l'emportant sur l'autre au gré des vicissitudes. Tout en elle faisait double allégeance. Paul frappa encore plus fort et les fines lanières cinglèrent alors dans un bruit mat les fesses musclées. La suppliciée se mit à gémir en hoquetant et en tordant son frêle buste que sa Maîtresse maintenait tout en le caressant. Elle lui promit toutes les joies charnelles qu'elle voudrait sur son propre corps, mais lui demanda de résister encore. Parfois Charlotte se tournait vers Paul dénudé, qui, tel un démon, les yeux fous de luxure, le ventre tendu, la verge en érection, la flagellait avec une force inouïe. Alors les lanières léchèrent le sexe entre les cuisses écartées et un long cri s'échappa des lèvres de la soumise douloureusement atteinte. Elle voulut fermer les jambes mais des cinglements plus vifs l'atteignirent sur leur coté. Alors, la douleur devint trop vive. Elle ne voulait pas supplier, elle ne voulait pas demander grâce mais Paul entendait l'amener à merci. Charlotte laissa couler quelques larmes sur la main de Juliette qui fit signe à Paul de cesser la flagellation. On la détacha de façon à lui permettre de pouvoir prendre du repos, mais cet intermède ne dura que peu de temps. Penchée sur le ventre ouvert de la soumise, Juliette posa ses lèvres frémissantes sur le sexe humide et ardent, la faisant sombrer dans une indicible félicité. Mais elle même, sentit monter en elle la plus violente des jouissances sous la caresse précise de Paul qui, glissant sa langue entre ses reins, lapait la peau satinée de sa voie étroite, tandis que des lèvres de Charlotte s'échappait la plainte d'amour, s'éleva le bruissement étouffé de la chair humide et palpitante de Juliette, jouissant de toutes ses forces. Paul dut maintenir les hanches à deux mains, tant les sursauts du spasme furent violents et ininterrompus. Quand Charlotte eut repris ses sens, tous trois revinrent alors sur le lit. Paul fit prendre à la jeune soumise les positions les plus indécentes, puis à son tour, il lui tendit sa verge en érection. Elle s'agenouilla et le masturba lentement, en roulant sa paume tout autour du cylindre de chair avant de le prendre en bouche. Avec violence le phallus se contracta, manquant de ressortir de ses lèvres qui l'aspiraient pour le retenir. Il éjacula brusquement, innondant sa gorge de sperme qu'elle avala religieusement jusqu'à la dernière goutte. Juliette posa son index sur l'anus de Charlotte, et lentement l'enfonça dans les entrailles chaudes, jusqu'au bout. Les yeux fermés, elle cherchait à imaginer, en sentant les contractions des sphincters intimes, la volupté ressentie par un homme dont le membre était pris dans cette voie exiguë. Doucement, elle agita son doigt dans l'orifice offert, tandis que sa soumise redonnait de la vigueur à Paul, par le mouvement de sa bouche refermée et resserrée sur le membre gonflé. Elle comprit qu'à son tour, il souhaitait frayer un chemin au plus étroit. Il ne la laisserait qu'à la nuit tombée, après lui avoir labouré les reins, qu'il lui meurtrirait tant il était épais. Alors, bientôt, il se dégagea, se leva et, attirant par les reins Charlotte, laissa son sexe se caresser au sillon des reins, que Juliette avait laissé à regret. Alors sans préliminaire, il enfonça son phallus, remontant et allant frapper au fond de la cavité de l'orifice naturellement étroit. Dans un long gémissement, elle accepta cette chair qui distendait ses reins non sans se débattre, sans être comblée de honte, mais à laquelle, elle ne se déroberait pas, même si cela lui semblait sacrilège. Elle gémit encore plus fort, quand elle sentit le membre caché, buter au fond de ses entrailles. Le membre lui sembla colossal. Elle frémit à l'idée de cette virilité qui s'enfonçait dans ses entrailles et une volupté nouvelle vint s'ajouter à celle qui montait en elle. Paul, les mains aux hanches, poussa bientôt des reins, et le gland amolli par la précédente jouissance se prêta aux replis de l'exiguë bouche. L'anus plissé s'ouvrit sous la poussée continue, lente, inexorable, se distendit suivant le cône de chair qui s'infiltrait en lui comme l'épée dans son fourreau. Paul sodomisa profondément ce jeune corps soumis, se regardant glisser hors de l'étui intime, se contracter, distendre les bords plissés de l'anneau anal. Bientôt, l'excitation fut trop forte et il accentua la cadence, secouant la croupe empalée.
Les situations mal définies sont mille fois plus périlleuses: impossible d'y entrer par des calculs, impossible d'en sortir sans aise. L'indomptable volonté de perpétuer la race dans ce qu'elle a d'immuable. Une femme qui ne s'accomplissait que dans le stupre et l'abnégation. Charlotte, elle même avivée par ce frottement intense dans ses entrailles forcées, s'abandonna à son tour, tandis que l'homme lançait en elle, par saccades quatre jets de sperme visqueux et âcre. Elle se tordit de jouissance et, dans une longue plainte, soupira, s'écroula, vaincue par un orgasme dont l'intensité la bouleversa. Paul se retira, la libérant. Charlotte voulut le prendre dans sa bouche pour le laver, mais dédaigneusement, il refusa. Semi-consciente, elle pensa alors seulement qu'aucun orifice de son corps ne serait épargné, qu'elle devrait aussi accepter d'être prise au plus étroit et savait que cette humiliation lui serait infligée par la volonté de la maîtresse qu'elle aimait. Elle était là pour que Juliette assouvisse ses bas instincts, ses plus vils fantasmes. Au fond d'elle même, elle était décidée à ne pas la décevoir. En fut-elle délivrée ? Chaque jour et pour ainsi dire rituellement salie de sueur, de salive, et de sperme, elle se sentait comme un réceptacle d'impureté. Cependant les parties de son corps les plus souvent offensées lui paraissaient, malgré elle, plus belles, comme anoblies. Sa liberté serait bien pire que n'importe quelle chaîne.
Bonne lecture à toutes et à tous.
Méridienne d'un soir.
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Elle se réveilla aux aurores, angoissée à ce qui l'attendait aujourd'hui. Elle savait que cette relation peu banale avec cette femme d'affaires n'était pas terminée, et qu'elle allait forcément devoir la rencontrer, sans doute plus tard dans la soirée. Après une mauvaise nuit, elle se leva peu avant six heures, prit une douche rapide et mit en route le café. Parfois, elle regrettait de ne pas avoir quelqu'un avec qui partager ses soucis. Non pas que le fait de vivre seule lui déplaise. Elle avait vécu pendant trois ans avec une jeune femme, une enseignante comme elle. Mais une fois passé leur état de grâce, elle était devenue de plus en plus dominatrice, voire parfois très humiliante et ourageusement sadique dans leurs jeux érotiques. Elle était soulagée de ne plus avoir à supporter son comportement autoritaire, ses humiliations et ses brutalités sans cesse renouvelées. Elle était pourtant si différente lorsqu'elles s'étaient rencontrées. Elle la faisait rire et la couvrait de cadeaux et de surprises. Mais tout cela s'était peu à peu tari quand elles avaient emménagé ensemble. Elle avait attrapé son poisson, et Charlotte avait parfois l'impression qu'elle lui déchirait les chairs pour retirer l'hameçon. Bien qu'elle ait été toujours indépendante, elle était calme de nature, un peu introvertie, soucieuse de protéger son intimité, et l'absence d'une femme chez elle ne la dérangeait pas. En dehors des éprouvantes séances de soumission où son corps était bafoué, leur vie sexuelle n'avait rien eu de spectaculaire, si bien que cela ne lui manquait pas non plus. Lorsque le désir la prenait, elle pouvait toujours se satisfaire elle-même, et elle appréciait la liberté que cela lui offrait. Elle avait éprouvé un tel soulagement quand cette relation s'était achevée qu'elle n'était pas sûre de vouloir un jour, à nouveau, partager son espace vital. C'était peut-être un trop grand sacrifice. Mais sa surprise fut grande quand, après quelques mois de solitude, elle rencontra au cours d'un dîner, la femme qui devint rapidement son amante et sa Maîtresse qui sut, jour après jour, satisfaire pleinement son tempérament masochiste. Ce fut pour elle une révélation. Elle se sentait comme illuminée de l'intérieur, quand Juliette l'humiliait, la brutalisait, dans des situations de plus en plus inconvenantes. De nature réservée, jusqu'à cette rencontre, elle n'aurait jamais osé tenir le rôle d'une prostituée, encore moins celui d'une esclave sexuelle. Sa fierté dans l'obéissance et l'asservissement lui procurait une exaltation proche d'un état permanent de jouissance. Ce soir-là, elle tenta d'articuler un mot, mais son visage se froissa. Ravagée de lubricité, elle regarda silencieusement sa Maîtresse. La soif de la débauche faisait d'elle une amante admirable et une esclave infatigable. Charlotte prit sur le lit une robe dos-nu, très échancrée sur les reins, le serre-taille assorti, les bracelets en cuir et le corsage, croisé devant et noué derrière pouvant ainsi suivre la ligne plus ou moins fine du buste, selon qu'on avait plus ou moins serré le corset. Juliette l'avait beaucoup serré. Sa robe était de soie noire. Sa Maîtresse lui demanda de la relever. À deux mains, elle releva la soie légère et le linon qui la doublait découvrit un ventre doré, des cuisses hâlées, et un triangle glabre clos. Juliette y porta la main et le fouilla lentement, de l'autre main faisant saillir la pointe d'un sein. Charlotte voyait son visage ironique mais attentif, ses yeux cruels qui guettaient la bouche entrouverte et le cou renversé que serrait le collier de cuir. Elle se sentait ainsi en danger constant. Lorsque Juliette l'avertit qu'elle désirait la fouetter, Charlotte se déshabilla, ne conservant que l'étroit corset et ses bracelets. Juliette lui attacha les mains au-dessus de la tête, avec la chaîne qui passait dans l'anneau fixé au plafond et tira pour la raccourcir. La chaîne cliquetait dans l'anneau, et se tendit si bien que la jeune femme pouvait seulement se tenir debout. Quand elle fut ainsi liée, sa Maîtresse l'embrassa, lui dit qu'elle l'aimait, et la fouetta sans ménagement. Il était essentiel pour Charlotte de se donner sans réserve. Elle se muait pour son plus grand bonheur en une femme refoulée au rang d'objet, silencieux et complaisant.
La souffrance devenait insoutenable, mais elle surmontait cette douleur. L'euphorie qui sourdait en elle l'exaltait en la glorifiant. Elle avait contracté la manie d'être indélébile dans la vie de sa Maîtresse. Qui aurait résisté à sa bouche humide et entrouverte, à ses lèvres gonflées, à son cou enserré par le collier, et à ses yeux plus grands et plus clairs, et qui ne fuyaient pas. Elle la regarda se débattre, si vainement, elle écouta ses gémissement devenir des cris. Le corset qui la tenait droite, les chaînes qui la tenaient soumise, le silence, son refuge y étaient peut-être pour quelque chose. À force d'être fouettée, une affreuse satiété de la douleur dût la plonger dans un état proche du sommeil ou du somnambulisme. Le spectacle aussi et la conscience de son propre corps. Mais au contraire, on voyait sur son visage la sérénité et le calme intérieur qu'on devine aux yeux des recluses. Elle perdit le compte des supplices, de ses cris, que la voûte étouffait. Charlotte oscillait de douleur. Mains libres, elle aurait tenté de braver les assauts de Juliette, elle aurait osé dérisoirement s'interposer entre ses reins et le fouet, qui la transperçait. Chaque cinglement amenait un sursaut, une contraction de ses muscles fessiers, mais peu à peu, une douce chaleur irradia sa croupe, se propageant à son vagin. Une torsion des cuisses et de ses hanches donnait au corps un balancement lascif. De la bouche de la suppliciée sortirent de longs soupirs, entrecoupés de sanglots. Juliette, excitée, commença à frapper plus fort par le travers et les gémissements furent plus profonds. Lorsqu'elle entendit un sifflement sec, Charlotte ressentit une atroce brûlure sur les cuisses et hurla. Elle la flagella à toute volée sans attendre qu'elle se tût, et recommença cinq fois, en prenant soin de cingler chaque fois, ou plus haut ou plus bas que la fois précédente, pour que les traces fussent quadrillées. Charlotte crispa ses poignets dans les liens qui lui déchiraient la chair, le sang monta à sa tête. Alors Juliette s'approchât de Charlotte et lui caressa le visage, lui donnant de longs baisers qui grisèrent la soumise éplorée, puis elle lui ordonna de se retourner et recommença, frappant plus fort, les fines lanières de cuir lacérèrent sans pitié l'auréole de ses seins. Sa séduction demeurait une offensive de tous les instants. Cernée de brouillard, elle était à nouveau une féminité disponible. Le dénouement était là, quand elle ne l'attendait plus, en admettant, se disait-elle, que ce fut bien le dénouement. Charlotte laissa couler quelques larmes. Alors Juliette arrêta de la flageller. Elle ne la détacha pas de ses liens, mais la laissa ainsi exposée, le reste de la soirée, deux longues heures, cuisses écartées et toujours enchaînée. Elle ne cessa de souhaiter refermer ses jambes. Penchée sur le ventre offert de sa soumise, Juliette posa ses lèvres frémissantes sur le sexe humide et ardent, la faisant sombrer dans une indicible félicité, tandis que de sa bouche s'échappait la plainte d'amour, des gémissements étouffés de la chair humide et palpitante, elle céda à la jouissance. Juliette dut maintenir ses hanches à deux mains, tant les sursauts du spasme furent violents et ininterrompus. Elle se consuma. Sans doute, ce ne fut pas là seulement la sensation du plaisir mais la réalité même. S'approchant d'elle, Juliette tenait à la main une bougie allumée. Lentement, le bougeoir doré s'inclina sur sa peau, la cire brûlante perla ses seins en cloques blanchâtres et incandescentes. Son martyre devint délicieux. Le fantasme d'être brûler vive augmenta son excitation. Elle perdit la notion du temps et de la douleur. Elle aimait l'idée du supplice, lorsqu'elle le subissait elle aurait trahi le lien qui l'unissait à Juliette pour y échapper, quand il était terminé elle était heureuse de l'avoir subi d'autant plus épanouie qu'il avait été plus long et plus cruel. Sa Maîtresse ne s'était pas trompée à l'acquiescement ni à sa révolte, et savait parfaitement que son merci n'était pas dérisoire. Muette et comme enfermée dans un corridor de ténèbres, la jeune femme semblait cuver sa souffrance, digérer de l'amertume et subir au plus profond d'elle-même de terribles craquelures. Pas un instant elle n'eut la gravité légère d'une fière hétaïre ni la courtoisie de paraître heureuse. Charlotte ne se lassait de sentir le satin de ses caresses, de haut en bas et de bas en haut. C'était toujours comme pour la première fois qu'elle éprouvait le bonheur dans la forme la plus belle de la soumission, celle de l'abnégation. De la souffrance qu'elle aimait subir, elle n'en éprouvait aucune honte. Se laisser fouetter, s'offrir à des inconnues, être toujours accessible, aimable et nue. Elle ne se plaignait jamais. Pour l'amour qui faisait battre son cœur, on ne la contraignait jamais. On était fâché contre elle parce qu'on ne lui connaissait jamais de sédition.
Bonne lecture à toutes et à tous.
Méridienne d'un soir.
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À l'orée du crépuscule, tapis dans les ténèbres où l'ardente rêveuse abritait ses peurs les plus intimes, les fantasmes guettaient, de plus en plus fiévreux, mais il les tenait à distance sournoisement. D'un coup, ce prénom était sorti de la gorge de la jeune femme, qu'elle avait étroite en cet instant. L'homme se retourna, tandis qu'elle venait à lui, sans préméditation, avec cette simple envie de l'enlacer, de l'ébouriffer de caresses. Mais il se devait de la dominer sans sentimentalisme. Alors, il se contourna tout à fait vers Charlotte, toujours allongée sur le ventre. La nuit était tombée depuis un petit moment, une nuit claire de pleine lune qui tapissait la chambre d'ombres bleues. Elle avait gardé les yeux fermés. Il croyait qu'elle s'était endormie tandis qu'il contemplait son corps inerte, ses poignets croisés juste à la cambrure de ses reins, avec le nœud épais de la ceinture du peignoir tout autour. Tout à l'heure, losqu'il était arrivé, elle n'avait pas dit un mot. Elle l'avait précédé jusqu'à la chambre. Sur le lit, il y avait la ceinture d'éponge de son peignoir. À son regard surpris, elle n'avait répondu qu'en se croisant les mains dans le dos. Il lui avait entravé les poignets sans trop serrer mais elle avait dit plus fort et il avait noué des liens plus étroits. D'elle-même alors, elle s'était laissée tomber sur le lit. Cela l'avait beaucoup excité de la sentir aussi vulnérable en dessous de lui. Il s'était dévêtu rapidement. Il lui avait retroussé la jupe d'un geste sec. Il avait écarté le string pour dégager les fesses et l'avait pénétrée ainsi, tout habillée. Jamais Charlotte n'avait senti plonger en elle un membre aussi raide. Le plaisir du viol, peut-être, ou le frottement de l'élastique du string contre son pénis avaient aiguisé l'ardeur de Xavier. Longtemps, il l'avait pénétrée ainsi, les mains posées à plat sur ses épaules. Longtemps et méthodiquement, dilatant du gland seulement l'entrée de l'orifice le plus étroit, pour l'élargir encore plus, s'enfonçant ensuite lentement, puissamment entre ses reins. Longtemps et à son rythme. Il allait et venait, d'avant en arrière, de haut en bas, ou imprimant à son sexe un mouvement de rotation comme s'il voulait explorer le moindre recoin de ses entrailles, non pour lui faire mal ou pour l'humilier, mais seulement pour la satisfaire car Charlotte lui avait avoué qu'elle préférait être prise ainsi. Alors c'était lui, et lui seul qui menait la danse. Si elle s'avisait de remuer un peu trop le bassin, au risque de précipiter le dénouement, une claque sur les fesses la ramenait vite à plus raisonnable docilité. Elle feignait la douleur, faisant semblant de chercher à se détacher de l'étreinte en se tordant les poignets pour le seul plaisir de se sentir vulnérable et prisonnière. C'était cela, un homme était entré de force chez elle. Il l'avait bousculée, insultée, ligotée et maintenant elle gisait là, en dessous de lui, sous son contrôle, subissant ses coups de boutoir. Pour l'instant, il la violait en la sodomisant mais le pire restait à venir.
À présent, à chaque fois qu'il s'enfonçait en elle, ses reins se contractaient autour du membre durci, en ondulant avec une audace et un abandon sauvages qui lui étaient interdits. Surprise, elle se laissa faire, et cet outrage sans méthode eut le goût d'une première fois, sous un ciel tout en clarté que ne contrariait aucun nuage. Bientôt, il la contraindrait aux pires humiliations que son imagination esquissait parfois. Il lui ferait dégringoler les échelons, il la rendrait plus femelle que femme, plus chienne que femelle, plus chienne que chienne. Elle devrait le sucer sans doute, être fouettée, ou se masturber devant lui avec toutes sortes d'objets, à quatre pattes sur le sol. Oui, c'est cela ... À quatre pattes sur le sol et au milieu du séjour. Elle n'aurait pour tout vêtement que le bandeau qu'il lui aurait mis sur les yeux. Il serait assis en face d'elle et la regarderait exécuter ses ordres. " Prends ceci et enfonce-le ... C'est ça ... Bien au fond ... Plus loin encore ... Ressors-le maintenant ... Renfonce-le .... Il lui passerait tout ce qui lui tomberait sous la main, des objets de tous les jours qu'elle ne reconnaîtrait qu'au toucher, parfois horrifiée par leur taille. Qu'importe ? Tout devrait entrer profond. Tout devrait sortir. Tout devrait entrer à nouveau. De temps à autre, il changerait de poste d'observation. Il la regarderait se contorsionner sous tous les angles, écarter les cuisses, creuser davantage le dos pour mieux s'ouvrir, pour que l'introduction de l'objet soit moins difficile à supporter. Il ouvrirait grands les rideaux. Il la pousserait jusqu'à la fenêtre et elle devrait finir de se consumer là, à pleines mains, avec tous ces gens qui passent en bas, dans la rue, et qui pourraient la voir. Malgré la terreur et la honte, elle ne résisterait pas au plaisir de ses doigts mécaniques. Elle finirait par se tordre de volupté à ses pieds. Elle avait joui la première, juste quand elle avait senti les lèvres de Xavier s'approcher de sa nuque, lorsqu'il y avait posé les dents et qu'il lui avait mordu la peau. Il s'était effondré sur elle de tout son poids. Pour leur plus grand bonheur. - Tu veux que je détache ? - Non, pas encore, j'aime bien être comme ça tout près de toi. Elle ne mentait pas. Ainsi immobilisée, elle ne craignait rien du ciel. Grâce à ses liens, elle était libre de s'abandonner à la langueur qui suit l'amour. Il lui semblait que Dieu n'attendait que l'instant où Xavier la détacherait pour la foudroyer sur place. Mais on ne s'attaque pas à qui est sans défense. Les victimes ne redoutent pas les divins courroux. La ceinture d'éponge qui lui entravait les poignets, c'était un sursis avant l'enfer. Pour l'instant, elle était au paradis. Le miroir, encore et encore le miroir, comme un confesseur auquel Charlotte, grave et nue, se serait soumise chaque soir. Elle regardait ses poignets. Elle observait le fin sillon rougeâtre qui cerclait chacun d'eux comme de minces bracelets gravés à sa peau. Elle portait les mêmes traces aux chevilles, et d'autres encore, ailleurs, moins visibles: là, à la base du cou, ici, autour des épaules, là encore au sommet des cuisses.
Cette communion n'avait été qu'une illusion, elle se savait, la connexion de deux esprits dans l'outrance. Certains excès pourraient s'améliorer. Alors soudain elle se ravisa, et songea qu'elle avait perdu la tête d'éconduire un homme pareil, un si concerné par elle. La taille de cette passion lui fit honte. Se coucher nue sur le lit à barreaux ? Parfait. Quoi d'autre ? Ouvrir la boîte, en sortir les sangles de cuir, les plus larges, les boucler autour des cuisses, juste au dessus du genou ? Si tu veux. J'aime cette odeur puissante du cuir et sa souplesse sur ma peau. À chaque sangle est fixée une chaînette dont le dernier maillon est un cadenas ouvert. Tu veux que que je verrouille ces cadenas aux barreaux ? Et me bâillonner moi-même ? Les chaînes sont courtes, pour y arriver, je dois me tenir sur les omoplates, les jambes très écartées, mais j'y arrive. Je le regarde avec attention, bien en face. Il me donne tous les détails, le protocole de nos relations. La manière dont, je devrais toujours me mettre à genoux. La lingerie que je devrais porter dorénavant, et ne pas porter, surtout. Deux jours plus tard, nouveau rendez-vous. Je me suis déshabillée, et au milieu du salon, devant une sorte de lourd guéridon bas où reposait une fine cravache. Xavier m'a fait attendre un temps infini. Il était là bien sûr, à scruter mon obéissance. Ce jour-là, il s'est contenté de me frapper, sur les fesses, les cuisses et les reins, en stries parallèles bien nettes. "-Compte les coups." Et ce fut tout ce qu'il dit. À dix, j'ai pensé qu'il allait s'arrêter, qu'il faisait juste cela pour dessiner des lignes, et que je n'allais plus pouvoir me retenir longtemps de hurler. Il s'est arrêté à trente, et je n'étais plus que douleur, non j'avais dépassé la douleur. J'avais crié bien sûr, supplié, pleuré, et toujours le cuir s'abattait. Je ne sais pas à quel moment j'ai pensé, très fort, que je méritais ce qui m'arrivait. Il m'a caressée avec le pommeau métallique de la cravache, qu'il a insinué en moi, par une voie, puis par l'autre. J'ai compris qu'il voulait entendre les mots, et je l'ai supplié de me sodomiser, au plus profond, de me déchirer. Cela lui a plus, mais il est d'abord venu dans ma bouche. J'avais le visage brouillé de larmes, et je m'étouffais à moitié en le suçant, jusqu'au fond, jusqu'à la glotte. L'honorer en espérant le boire jusqu'à la dernière goutte. Cela fait deux ans que cela dure.
Bonne lecture à toutes et à tous.
Méridienne d'un soir.
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Pour elle, le sexe était presque une forme d'amitié; l'acte apaissait sa faim physique, mais sans parvenir toujours à combler ses désirs. Elle effleura des lèvres le duvet brun autour du pubis. Sous la peau souple et veloutée, les abdominaux se contractèrent à ce contact. Du bout de la langue, elle joua à en suivre les sillons. Un peu plus tard, le sexe de Xavier s'étirait comme après un long sommeil. Il se déroula paresseusement, se redressa un instant puis retomba contre le ventre mais sans cesser de grandir. Sarah observa la fascinante métamorphose de ce fabuleux objet de désir. Quelle chance pour les hommes d'avoir, greffé entre les jambes, un aussi beau jouet. Il semblait doué d'une vie propre. Voilà qu'il s'allongeait encore, comme tendant le cou pour mieux la regarder. Tout son corps cylindrique vibrait. Sa veine sombre et saillante palpitait et sous leur mince enveloppe, les testicules s'animaient comme d'un paisible mouvement de respiration. Sarah s'approcha de la bête. Elle posa le bout de la langue sur le sommet de sa tête et entama un délicieux mouvement de balayage. Le sang se mit à battre plus vite dans la veine. L'homme et son sexe se raidirent encore. Lorsque, léchant toujours, Sarah glissa vers la base du gland, Xavier étouffa un soupir. Il plongea la main dans les cheveux de la jeune femme. Ses doigts se refermèrent sur sa nuque. Sa langue continuait de frétiller le long de sa verge. Il se releva sur un coude et contempla le spectacle hallucinant de cette fille couchée à côté de lui, de ses mains liées dans le dos, de son échine courbée par les cordes, de ses fesses pointées vers le plafond, de sa jupe troussée jusqu'aux reins. Sarah changea de méthode. Elle plaqua la langue tout entière au creux des testicules et remonta la verge jusqu'à la commissure du gland, là où celui-ci semble se fondre en deux comme un abricot. Elle remarqua que l'étreinte de Xavier sur sa nuque se faisait plus pressante lorsque sa langue atteignait ce triangle rose pâle. C'était là qu'il fallait donc porter l'estocade. Ravie d'avoir découvert l'endroit sensible, elle continua de le torturer ainsi. Sous ses coups de langue, il perdait peu à peu le contrôle. Il tendait le ventre, ondulait des hanches. Brusquement, il accentua sa pression sur la nuque de Sarah jusqu'à lui écraser la bouche contre son pénis. Ce n'était pas une prière, c'était un ordre. Elle n'eut qu'à entrouvrir les lèvres pour que, propulsé d'un coup de reins, le sexe de Xavier s'engouffre dans sa bouche. La charge portée dans sa gorge fut telle qu'elle suffoqua. Pourtant, lorsque Xavier relâcha son étreinte, elle n'eut qu'un bref mouvement de recul, juste le temps de reprendre son souffle avant de le reprendre dans sa bouche et il éjacula.
Un sourire se forma sur le visage de de la jeune femme. Quand aux liens, moi qui ne nourrissais jusqu'ici aucun fantasme particulier à leur sujet, je leur découvre une vertu que je ne connaissais pas. Au début de notre relation, je me contentais d'entraver les poignets de Sarah pour satisfaire à ce que je croyais n'être qu'un caprice de sa part. Mais peu à peu, nous nous sommes amusés à inventer des liens de plus en plus sophistiqués, des positions de plus en plus complexes auxquelles elle se soumet toujours sans protester. Je la pense, à dire vrai, incapable de s'en passer. C'est pour cela que je n'ai pas le sentiment de l'asservir. Comment expliquer cela ? Lorsque j'entrave Sarah, c'est comme si, à la manière d'un peintre ou d'un sculpteur, j'avais soudain le pouvoir de figer sa beauté dans l'espace et dans le temps. Nos rendez-vous prennent désormais des allures de séances d'atelier. J'arrive avec une nouvelle idée de pose et des tas de cordes, de sangles, de lanières. Le ficelage prend du temps. Ce sont de longues et excitantes prémisses. Les images de Sarah ainsi ligotée m'obsèdent. La voilà nue, assise sur une chaise, les bras légèrement fléchis. Je lui ai joint les poignets à mi-dos. Les cordes s'évasent jusqu'aux épaules, comme les nervures d'une feuille dont la colonne vertébrale serait la tige. Elles s'enroulent autour des cuisses, pressées contre la poitrine, remontent jusqu'à la nuque où je les ai nouées. J'ai entravé les chevilles l'une contre l'autre, tiré la ficelle entre les fesses. Je l'ai tendue au maximum pour la fixer aux poignets. Sarah est enroulée dans un cordon de cordes. Elle n'est plus qu'un souffle impatient du plaisir à venir. Souvent, elle-même m'encourage à plus d'excentricité encore. Elle veut ne plus rien pouvoir entendre, ne plus pouvoir rien dire, ne plus rien pourvoir voir, ne plus rien pouvoir faire que d'attendre le moment où je m'enfoncerai au fond de son ventre ou de ses reins. Alors, je comble sa bouche avec un morceau de tissu, je la bâillonne d'un large sparadrap, je l'aveugle d'un bandeau sur les yeux et je lui bouche les oreilles avec des boules de cire. Je l'attache avec un soin maniaque, centimètre par centimètre, jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus remuer du tout.
Elle est toujours prête à me recevoir. Pour faire durer le plaisir, je dois brider ses fantasmes. Je la modèle sous mes doigts comme un sculpteur manipule la glaise. Et quand enfin j'ai terminé, je prends du recul, je l'admire, immobile comme une toile, aussi lisse qu'un marbre, statue de chair, chaude et tendre, inerte et pourtant vibrantede vie. Quiconque entrant dans la pièce à ce moment-là trouverait la scène choquante. Sans doute ne verrait-il pas que l'indécence extrême d'un corps emprisonné, la mâchoire distendue par sous le bâillon, l'obscénité des cuisses maintenues ouvertes, l'insupportable étirement des muscles, la brûlure des cordes serrées contre la peau. Il ne verrait que le sordide d'une femme soumise à un plaisir de mâle. Il ne verrait que l'humiliation. Pourtant, Sarah ne s'humilie pas en se livrant ainsi. Elle met en moi une telle confiance que je ne la respecte jamais autant que lorsqu'elle est ainsi asservie. Même tordue dans ses liens, elle conserve cette grâce qui fait souvent défaut aux amants, que je ne me lasse pas de contempler. Alors, au-delà de l'excitation physique que cette vision éveille en moi, je me surprends parfois à ressentir comme une fugace émotion d'artiste. Plus tard, je caresserai le satin de cette peau. Sous mes doigts, le tressaillement d'un sein frôlé. Plus tard, je la soulèverai. Il faudra bien alors que monte le désir. Je la fouetterai, je la fouillerai. Tenaillée entre deux douleurs, elle hurlera en me suppliant. Seulement plus tard. D'abord, je succombe à ce plaisir sadique de l'entraver.
Bonne lecture à toutes et à tous.
Méridienne d'un soir.
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La mer n'avait pas changé. Sa rumeur et son odeur étaient les mêmes, les vagues allaient et venaient comme celles de jadis. Vingt ans plus tôt, Juliette avait contemplé l'océan depuis cette même plage en songeant à la vie qu'elle avait devant elle, et à présent. Elle sentait le sable râpeux sous ses pieds et la brise iodée emmêler ses cheveux. Elle inspira profondément et ferma les yeux. Le noir derrière ses paupières l'aidait mieux que celui de la nuit à se perdre dans le passé pour éviter de penser à l'avenir. En ces derniers jours du mois de mai, le fonds de l'air était encore frais, et son chemisier et sa jupe de coton ne lui tenaient pas très chaud. Elle croisa les bras sur sa poitrine pour se réchauffer, en pensant, cependant, que ses frissons étaient une réaction appropriée aux souvenirs de cet été désormais si lointain qui revenaient en trombe. Les souvenirs qu'elle avait de lui, jeune écrivain d'une force et d'une précocité monstrueuses. Vingt ans durant, elle avait essayé de l'effacer de sa mémoire, pour se retrouver, de retour sur la plage de Donnant, tout aussi incapable de l'oublier qu'elle l'avait toujours été. Elle leva le visage, et la brise repoussa ses cheveux en arrière. Elle ouvrit la bouche pour l'avaler et s'en régaler. L'odeur iodée emplit ses narines et enveloppa sa langue, saisissant son esprit comme s'il s'agissait d'une friandise. Elle était stupide et trop âgée pour croire aux contes de fée. Et les voyages dans le temps n'existaient pas, il n'y avait aucun moyen de retourner en arrière, aucun moyen, même de rester simplement au même endroit. Son seul choix, le seul choix que quiconque avait, c'était d'aller de l'avant. Cette pensée en tête, elle avança. Un pas, puis un autre. Ses pieds s'enfoncèrent dans le sable et elle se tourna pour regarder la terrasse de sa maison et la bougie solitaire qui y luisait. Un coup de vent agita la flamme et la fit vaciller, et Juliette s'attendait à ce que cette frêle lumière s'éteigne, mais celle-ci résista vaillamment derrière sa cloche de verre. La maison se trouvait pratiquement isolée à l'époque, se rappela-t-elle, tandis qu'à présent, il fallait supporter la joie bruyante des enfants et celle des surfeurs en herbe osant affronter les rouleaux de Donnant. Elle avait découvert à son arrivée la villa tapageuse de trois étages construite juste derrière la maison centenaire, aussi nouvelle pour elle que les dunes tachetées d'algues, inexistantes vingt ans plus tôt. Cependant, au mois de mai, les vacanciers n'avaient pas encore pris leurs quartiers d'été, et, à l'exception d'un bungalow au loin dont elle voyait les fenêtres éclairées, les autres habitations acadiennes semblaient vides. Envahie de bonheur, elle jouissait de cette solitude sauvage.
Elle fit encore un pas. La mer était trop froide pour nager, sans compter que le reflux risquait d'être puissant. Pourtant, poussée par les souvenirs et le désir, elle ne résista pas à son envie d'avancer vers les flots. L'océan lui avait toujours donné une conscience aiguë de son corps et de ses cycles. Les marées soumises à la force d'attraction de la lune, lui avaient toujours paru un phénomène très féminin. Elle n'avait jamais été une grande nageuse, mais lorsqu'elle se trouvait au bord de la mer, Juliette se sentait plus vivante et plus sensuelle. Elle avait connu les eaux chaudes des Bahamas et les vagues froides de la côte bretonne, la douce houle du golfe du Morbihan, mais aucun de ces lieux ne l'avaient autant ensorcelée que ce bout de terre et les eaux qui le baignaient. Belle île en mer était unique dans la cartographie de sa mémoire. Et vingt-ans après, de façon heureuse, le charme était plus fort que jamais Elle sentit sous ses pieds le sable compact et humide que la dernière vague venait de lécher. L'écume blanchissait ici et là le rivage, mais l'eau ne touchait pas encore sa peau. Elle avança avec précaution en tâtonnant avec ses orteils pour ne pas trébucher sur un rocher ou se couper avec un coquillage. Un pas de plus, et elle sentit le sable plus mouillé, doux et fuyant. Elle rouvrit la bouche pour aspirer les gouttelettes invisibles que l'air charriait, et les savoura comme elle l'avait fait avec la brise. Avant qu'elle ait fait un autre pas, une nouvelle vague échoua sur ses chevilles et la tiédeur enveloppa ses mollets en éclaboussant ses jambes nues. Juliette s'accroupit lentement et les flots embrassèrent son corps tel un millier de baisers, l'écume trempant son short. Elle frissonna de plaisir, et se laissa aller en arrière pour que l'eau couvre son visage de sa volupté iodée. Elle contint sa respiration jusqu'à ce que la vague se retire. Elle ouvrit les bras, mais l'océan ne se laissait pas étreindre, et elle referma les paupières, ses yeux la brûlaient à cause du sel de la mer et du soleil. Ils avaient fait l'amour sur cette plage, leurs cris couverts par la clameur de l'océan. Il l'avait caressée et embrassée jusqu'à la faire trembler. Elle avait guidé son sexe en elle, croyant lier leurs corps pour toujours. Elle s'était fourvoyée. Peu importait qu'ils aient vécu un été de passion, leur histoire n'avait pas tenu.
Sans ces périodes de basse eaux de l'existence, on ne mesurerait pas son étiage. Sentir le vide autour de soi, la solitude, cela a l'effet bénéfique d'un bon élagage. On a toutes les chances de mieux reverdir. Le plaisir était éphémère, elle le savait, et tout avait une fin. Elle commença par se caresser. Le sable érafla sa peau lorsqu'elle pressa ses seins. Juliette écarta ses cuisses pour que la mer lèche son sexe et elle souleva ses hanches, nostalgiques du poids qui répondait à son mouvement, autrefois. Les eaux se retirèrent, laissant son corps exposé à l'air froid de la nuit. D'autres vagues bercèrent son corps. Cela faisait très longtemps qu'elle ne s'était pas donné du plaisir, si longtemps que ses mains semblaient appartenir à une autre femme. Il n'avait pas été son premier amant, ni le premier homme à la conduire à l'orgasme. Il n'avait même pas été son premier amour. Mais il avait été le seul à la renverser rien qu'avec un sourire, et le seul à la faire douter d'elle-même. Son immense talent littéraire et sa grande modestie. Pour lui, la vie était un roman. C'était un personnage de roman. C'était avec lui qu'elle avait plongé au plus profond de la passion, pourtant elle ne s'y était pas noyée. Pourquoi cet amour d'une saison continuait-il à l'habiter ? Ce n'avait été qu'un chapitre dans le livre de sa vie, à peine quelques pages. Elle avait passé plus d'années sans lui qu'avec lui, beaucoup plus. Mais rien de cela ne comptait. Lorsqu'elle se caressait, c'était à son sourire qu'elle pensait, à sa voix murmurant son prénom, à ses doigts enlacés aux siens. La main qui saisit sa cheville était aussi tiède que l'eau, et le temps d'une seconde, elle pensa qu'il s'agissait d'une algue. Le poids d'un corps, un poids solide, la recouvrit. Elle ouvrit la bouche et ses lèvres rencontrèrent un vrai baiser. Elle aurait dû crier et se défendre de cet inconnu qui arrivait de nulle part, sur la plage de Donnant dans le noir. Mais ses mains ne lui étaient pas inconnues. Ce n'était qu'un fantasme, une simple chimère, mais peu lui importait. Elle s'ouvrit à lui comme elle s'était ouverte à la mer. Demain, lorsque le soleil se lèverait sur sa peau écorchée et rougie par le sable, elle aurait le temps de se traiter de folle, mais, cette nuit, l'appel du désir était trop fort pour s'y soustraire, son corps la poussait à céder. Elle sentit ses mains puissantes s'enfoncer dans ses cheveux, il l'attira contre lui pour s'emparer de sa bouche. Sous elles, elles pouvait sentir le relief de ses vertèbres. Les vagues allaient et venaient, mais la marée baissait et les flots ne les couvraient plus. La mer le lui avait ramené, et elle accepta ce don sans se poser de questions. Tout ce qui venait de se passer lui sembla irréel à la lumière du jour, et tant mieux. Alors elle se relèverait pour quitter la plage de Donnant et regagner son lit. Mais ce moment qui n'avait pas existé, lui sembla aussi réel que le ciel et le sable, elle ne voulut plus penser à rien d'autre de peur que tout disparaisse à jamais.
Bonne lecture à toutes et à tous.
Méridienne d'un soir.
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Errance aux côtés du Diable.
Amis lecteurs, cette histoire n’est qu’une chimère le fruit de mon imaginaire.
Chapitre 1
Bérangère progresse prudemment sur la modeste route départementale à travers la Haute Provence s’élevant progressivement vers le plateau reculé. Elle serpente à travers la forêt de chênes verts dans la pénombre de cette fin de journée. Soudain, la pluie, le ciel se couvre brusquement, annonçant l’arrivée d’un violent orage. Les éclairs bleutés zèbrent le paysage, illuminant les arbres, ainsi que les feuilles mouillées. Le vent, en rafales furieuses, fait danser les feuilles sur la chaussée. À travers le pare-brise embué, les essuie-glaces peinent à suivre le rythme. Bérangère tente de deviner le tracé de la route. Chaque virage est une énigme, chaque bosquet une cachette où se cachent les secrets de la forêt. Dans cette obscurité mouvante, elle se sent à la fois perdue et fascinée, comme si les arbres eux-mêmes murmuraient des histoires anciennes. Tandis que la pluie martèle le toit de la voiture, Bérangère se demande si elle trouvera sa destination ou si elle continuera à errer dans cette forêt mystérieuse.
Bérangère ressent un mélange d’émotions intenses alors qu’elle continue sa route dans cette garrigue sombre. La peur s’insinue en elle, amplifiée par les éclairs qui illuminent brusquement les arbres. Chaque coup de vent sur sa voiture la fait frissonner. Elle se sent vulnérable face à la puissance de la nature en colère. Mais en même temps, il y a une fascination inexplicable qui la retient. La beauté sauvage de la forêt, les secrets qu’elle cache, tout cela la captive. Bérangère est à la fois perdue et intriguée, elle pénètre dans un monde obscur où les éléments se déchaînent. Elle ne peut pas s’empêcher de se demander ce qui l’attend au prochain virage derrière chaque bosquet. C’est un mélange d’angoisse et d’émerveillement, une danse entre la terreur et la curiosité qui la pousse à continuer sa route. Rien ne va l’arrêter, quelque chose de plus profond dans cette forêt en furie l’attire comme un aimant.
La route se termine par une sorte de parking, moitié terrain vague.
— Où je me trouve, où est ce foutu panneau ?
Avec sa voiture elle balaye avec le faisceau de ses phares à la recherche d’une indication.
*******
Bérangère échange avec cet homme sur ce forum catholique depuis un an, elle est captivée par le monde qu’il lui dévoile quotidiennement à travers ses mots. Il a réussi à déverrouiller la boîte de Pandore de Bérangère, à savoir l’univers de ses fantasmes.
Elle est devenue au fil du temps ange et démon. Il faut dire qu’elle a été élevée dans une famille catholique est pratiquante. Son éducation est rigoureuse, et stricte, elle a des principes, des tabous. Mais cet homme, au fur et à mesure de ses mails, a fait basculer ses convictions.
Bérangère est face à un dilemme, elle ressent de la confusion, de l’ambivalence et peut-être même de la peur quant à la direction que prennent ses croyances et sa vie. Le conflit entre sa formation rigoureuse et les nouvelles idées qu’elle découvre la plonge dans un tourbillon émotionnel intense.
Comme chaque jour, pendant la journée, elle reçoit sur son IPhone une notification d’un e-mail arrivé sur le forum. Elle sait qui l’a envoyé, cependant, elle ne peut le lire, il y a une règle. Le soir, après le repas avec ses parents, dans l’intimité de sa chambre, elle s’isole. Sa première action, remplie d’impatience, consiste à allumer son ordinateur. Mais avant d’ouvrir ce mail elle doit appliquer cette fameuse règle, se mettre nue. Comme chaque soir, le message est là. Dans sa nudité elle prend le temps de savourer l’écriture de cet homme. Il réveille à chaque mail ses démons, elle ne peut résister, la honte est là, sous le regard inquisiteur du Christ avec son laurier au-dessus de son lit.
Elle se trouve confrontée à la tentation, rongée par la culpabilité et la honte. Après chaque lecture de ses mails, un combat intérieur s’engage entre les désirs naissants dans le creux de son ventre et les principes de sa conscience et de sa foi. Bien que la bataille soit acharnée, le résultat est invariable : elle cède, le plaisir et le délice de la honte l’emportent, rendant les normes sociales et religieuses qu’elle a intégrées complètement dénuées de sens.
Après avoir parcouru le mail et rédigé sa réponse concernant les émotions qui l’ont accompagnées tout au long de sa journée, ainsi que les conflits intérieurs liés à ses valeurs. Tard dans la soirée, elle finit par se coucher. Son esprit est enveloppé d’un brouillard, une douceur sourde au creux de son ventre qui ne fait que s’intensifier, comme c’est le cas chaque soir après la lecture des écrits de cet homme.
Dans sa nudité, lové au fond de ses draps dans la pénombre de la nuit, sa main a exploré son intimité. Ses doigts effleurent son mont de Vénus à travers sa toison, glissant lentement entre ses lèvres charnues pour trouver son bouton de plaisir. Une onde de jouissance s'éveille délicatement en elle, l'orgasme imminent. Les mots de cet homme abolissent ses inhibitions morales, défiant ses tabous. Un orgasme fulgurant dont elle ne peut résister, tel une explosion nocturne, la submerge.
Après avoir succombé à ce plaisir interdit, en contradiction avec ses principes de vie catholique, l'homme lui a imposé une règle. Elle doit se mortifier. Dissimulée sous son lit, elle extrait une petite boîte en bois fermée par une serrure, elle l'ouvre, à l’intérieur une chaîne.
En prenant cette chaîne, elle se remémore le souvenir confus dans une grande surface de bricolage. A la caisse sur le tapis le caissier a pris la chaîne dans ses mains et les différents accessoires pour les scanner. Quand elle a croisé son regard, pouvait-il imaginer l’utilité de cette chaine entre les mains de cette jeune femme.
C’est elle-même qui a confectionné sa chaîne d’après les instructions de l’homme afin de faire travailler son humiliation. Après plusieurs tentatives dans l’intimité de sa chambre, elle est arrivée au résultat attendu. Elle doit enrouler la chaîne autour de sa taille, une autre chaîne fixée à celle de sa taille pends dans le creux de ses reins. De ses mains elle doit la récupérer la faire passer dans son entrecuisse elle remonte à travers son intimité, puis sur son ventre, mais comme prévu la chaine et courte elle lui cisaille douloureusement son entre-jambe, son sexe. Elle grimace de douleur mais finit par la relier à la chaîne de sa taille et la condamne sur son ventre à l’aide d’un cadenas. La clef finie dans le tiroir de sa table de chevet.
Elle s’enfonce dans ses draps moelleux pour la nuit, mêlant souffrance et repentance, son corps frémissant sous les marques de la passion de ce plaisir interdit. Son intimité, tourmentée par la chaîne, elle fait l’offrande de sa douleur à cet homme.
Son sommeil comme chaque nuit s’annonce comme une épreuve intense chargée d’émotions.
Elle se laisse emporter par l’emprise de ses désirs et de ses tourments. Dans ses songes les images de son intimité tourmentée par cette chaîne prennent forme, symbolisant le lien complexe et douloureux qu’elle entretient avec cet homme. Au plus profond de ses nuits elle lui offre sa douleur, elle se livre à un rituel cathartique où la souffrance et le plaisir s'entremêlent dans une danse troublante et passionnée.
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Bérangère est une jeune fille de 22 ans étudiante, elle a été élevée dans les principes de la religion catholique avec des règles, des tabous. Elle est loyale envers sa foi, ses valeurs morales, sa discipline est issue de son éducation stricte de par sa croyance religieuse. Elle a toujours gardé une certaine réserve ou prudence envers les autres jeunes gens de son âge à la fac. Dans sa famille on n’est éduqué consciencieusement, pour respecter les traditions, les autorités religieuses, et peut-être même un brin conservateur dans ses opinions et son choix de vie.
Avec une éducation aussi restrictive, sa vie sexuelle entravée par ses tabous profonds, la laisse dans une situation d'une banalité décourageante. À 22 ans, elle demeure vierge malgré sa beauté et ses atouts physiques. Bien qu'elle soit séduisante, dès qu'un prétendant se rapproche, ses valeurs strictes refont surface, elle se montre très défensive."
Chapitre 2
Comme d’habitude je suis nue, quand j’ouvre ma boîte mail, le message que j’attendais depuis longtemps est là. A sa lecture il me demande d’être disponible semaine 43 du vendredi soir au lundi matin. Je continue la lecture il me donne des détails complémentaires notamment l’horaire du rendez-vous : 18h30. L’adresse du lieu me sera communiquée la veille de mon départ.
Cette fois j’y suis, d’un seul coup tout s’emballent dans ma tête. Mon cœur bat la chamade, il va devoir ne pas trembler plus de possibilité de faire marche arrière sinon je perds tout. C’est ma voie, mon destin, je fonce maintenant à tombeau ouvert vers le néant.
J’essaie de me raisonner, c’est de la folie, que cache cet homme à travers ses écrits. A travers ses mots je me suis fait prendre au piège. Ses écrits m’hypnotisent je suis comme un animale face aux faisceaux de phares de voiture, je reste immobile je ne contrôle plus rien. Je suis face à ma réalité, je prends conscience d’un seul coup que je ne suis plus dans un jeu. Il va falloir sauter dans le vide.
Il me faut expliquer cette absence à mes parents, même si à mon âge je suis libre de mes mouvements. Par principe, les informer est important, je vais inventer une adresse pour justifier mon absence. Lors du dîner en famille, je leur annonce que je vais m'engager dans une semaine de retraite pour réfléchir sur le sens de ma vie et approfondir ma foi. Ils reconnaissent l'adresse que je leur ai donnée, ayant eux-mêmes déjà participé à des retraites dans ce même lieu. Connaissant la discrétion qu’il règne dans ce monastère et le caractère temporaire des visiteurs cela ne servira à rien de me joindre ils n’auront pas de réponse. Voilà la raison du choix de cette adresse. Ils acceptent avec bienveillance cette absence.
La veille de mon départ, le mail final était là. J’ai été surprise quand j’ai reçu l’adresse, elle me rassure, mais elle a quand même un côté mystérieux, elle n’est pas dans ma logique. C’est dans les détails que se cache le diable.
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Dans l'obscurité oppressante de ce foutue parking désert, isolé de tout en pleine nature, aucun véhicule en vue, je me retrouve seule prisonnière de ma voiture, prise au piège au cœur de cet orage déchaîné. Le tonnerre gronde, résonnant comme un avertissement sinistre. Chaque éclair bleuté déchire le ciel, révélant des rideaux d'eau qui semblent danser malicieusement autour de moi. La lueur fantomatique des phares projette des ombres inquiétantes, accentuant mon sentiment d'isolement et d'incertitude. À la recherche fébrile de ce panneau salvateur, chaque seconde qui s'écoule dans cette nuit sinistre semble prolonger mon angoisse, comme si les éléments eux-mêmes conspiraient contre moi.
Dans ce cauchemar, je perds progressivement toute notion de direction, jusqu'à ce qu'un éclat surgisse soudainement dans la lumière des phares. Je guide ma voiture vers lui, entre deux balayages d’essuie-glaces, ce maudit panneau apparaît, il est et là, il m'attend. Il confirme l’adresse : Abbaye de Saint-Eutrope à 500 mètres. Zut ! Deux imposants blocs de pierre bloquent l'accès aux véhicules. Je vais devoir terminer le trajet à pied sous cet orage en pleine nuit à travers cette forêt lugubre. C'est impensable. Atteindre cette adresse relève d'un véritable calvaire, peut-être que je le mérite. Heureusement, je suis légèrement en avance. Et cette pluie qui ne cesse de tomber.
Dans un état d'angoisse croissant et emplie de questions, je coupe brusquement le moteur, j’éteins les phares. Plongé dans l'obscurité de l'habitacle, le fracas du déluge résonne sur la carrosserie ne fait qu'exacerber ma terreur, tandis que les rafales secouent violemment la voiture. Heureusement, j'ai ma grosse parka qui me procurera un semblant de protection contre la pluie battante. Le sol détrempé annonce la fin prochaine de mes Converses. Sur ce chemin transformé en torrent, les éclairs se reflètent par instants dans les flaques d'eau, créant une vision apocalyptique de ce monde en colère. Mon angoisse grandit, la peur de me perdre m'envahit, aucun point lumineux ne perce cette obscurité oppressante pour me diriger sur ce sentier. Je regarde mon portable, zut !!!! aucune barrette, je suis en zone blanche. Tel un marin désorienté au cœur des récifs, privé de tout phare pour le guider, je me trouve perdu, tiraillé par l'incertitude quant à la décision à prendre. Mon instinct de survie me crie d'attendre, mais une règle implacable m'oblige à être ponctuel, à l’heure dite devant cette porte.
Les minutes s’égrènent, l’orage ne faiblit pas, il va falloir prendre une décision, je me jette dans l’inconnue il faut y aller. Je sors de la voiture, c’est une furie je suis surprise par le bruit des bourrasques de vent dans le feuillage, les éclairs, le tonnerre, la pluie, c’est l’apocalypse une impression de fin du monde. La led de mon portable m’aide à me diriger sur ce sentier entre les feuillus. J’avance dans le néant toujours pas une lumière en vue, je suis terrorisé. D’un seul coup, un éclair puissant illumine la forêt d’un bleu métallique, en quelques secondes les arbres deviennent des ombres mouvantes brillantes, une fraction de seconde après le tonnerre, la puissance et la rapidité de l’onde de choc fait vibrer tout mon corps. Pour me protéger par réflexe je me suis accroupie est recroquevillé sur moi-même. Mon cœur bat la chamade. Je me mets à prier, je suis là, seule, c’est la main de dieu qui me fait payer mes dérives. Descendre en enfer semble être une sentence inévitable dans cette tourmente terrifiante.
Doucement je reprends mes esprits, il faut continuer à avancer, je reprends ma marche sur ce sentier boueux, mes Converse ne sont plus que des éponges, je commence à avoir froid, dans quel état je vais arriver devant cette porte. Au détour du chemin, au loin une lumière, un signe de salut. C’est le paradis, c’est l’enfer, mes soucis et mes tourments s’évanouissent, plus rien ne compte. Cette lumière représente l’accomplissement de ma destination. Un rayon d’espoir dans l’obscurité qui m’entoure.
Je continue à avancer vers cette lueur qui m’attire irrésistiblement c’est mon seul but. Je presse le pas malgré la pluie et les bourrasques de vent. Quelle apparence je vais avoir quand je vais arriver devant cette porte ? Il faut que je m’échappe de cet enfer, cette lumière est ma protection. Parvenue sur l’esplanade de l’abbaye dans l’obscurité, la façade peine à se dévoiler. Je devine un style d’art roman. Une imposante porte à double battant en chêne massif barre l’accès, tandis qu’un judas muni d’une grille me défie. Sous le porche, je tente de me protéger de la pluie. Un heurtoir devient mon unique lien avec le monde protecteur qui se cache derrière cette porte.
Je saisis le heurtoir et frappe frénétiquement pour signaler ma présence, le bruit résonne sinistrement à travers la porte. Dans l'attente, les secondes s'étirent, un silence oppressant règne, seulement perturbé par le grondement menaçant de l'orage et les bourrasques de vent qui s'engouffrent à travers les feuillages. Soudain, un doute lancinant m'étreint : est-ce qu'il y a réellement quelqu'un derrière cette porte ? Est-ce qu'elle va s'ouvrir ? En tentant de forcer l'ouverture, la résistance de la porte confirme qu'elle est fermée à double tour. L'idée de passer la nuit-là, au pied de cette porte, ou de rebrousser chemin vers ma voiture, me glace d'effroi. Même si l'enfer semble se tapir derrière cette porte, il me faut impérativement la franchir.
Je ressaisis fermement ce heurtoir et je frappe comme une damnée sur cette porte avec toute l’énergie du désespoir. Après quelques instants le portillon s’ouvre à travers la grille du judas Une voix divine s’adresse à moi.
— Bonsoir !!! c’est pourquoi ?
— Je suis Bérangère !!!!
— Ah parfait nous vous attendions !!!!
Soulagement, j’ai la sensation de me jeter dans les bras du diable, mais avec un délicieux bonheur.
Après de multiples cliquetis de serrures et grincement de barre de métal, la porte finit par s’entrouvrir. Je me précipite dans l’entrebâillement de ce sésame comme si j’étais poursuivie par une meute de loups.
Quelle n'est pas ma surprise lorsque je me retrouve face à un moine ! Son visage et son regard sont empreints d'une douceur apaisante, comme un rayon de soleil perçant les nuages de l’apocalypse que je viens de traverser. Ses petites lunettes rondes lui confèrent un air bienveillant, tandis que sa tête est ornée d'une tonsure, tel un halo sacré. Sa chasuble brune l'enveloppe comme un cocon protecteur, autour de sa taille, une corde blanche fait office de ceinture, trois nœuds pendants sur le côté évoquant une symbolique mystique. Il semble presque étonné comme moi, de me trouver là, son expression reflétant une sérénité presque surnaturelle.
— Vous êtes complètement mouillée, venez-vous réchauffer, je vais vous donner une soupe chaude pour vous réconforter.
— Merci, c'est très gentil, répondis-je avec gratitude.
Avec un grincement sourd, la massive porte de chêne se referme derrière moi. Je l'observe actionner une à une les lourdes serrures, chacune claque dans un bruit métallique est résonne dans la nef. Puis, il saisit la barre de fer massive et la fait coulisser dans les anneaux, condamnant définitivement l'entrée. Je ne peux m'empêcher d'être impressionné par la solidité de cette porte de chêne, véritable rempart contre le monde extérieur.
Cette tâche terminée, il m'invite à le suivre à travers un dédale de couloirs. Sa voix douce me réconforte. Je lui confie mes peurs sur le chemin menant à l'abbaye. Avec un sourire bienveillant, il me comprend et compatit. Il m'invite dans une petite salle sobrement meublée de quatre chaises et d'une table en formica. Il me propose de m'asseoir et de patienter pendant qu'il me prépare un bouillon chaud pour me revigorer.
Après m'avoir laissée seule, je patiente dans un silence total, observant la pièce. La seule source de réconfort est le Christ en hauteur sur le mur, avec sa branche d'olivier. J'essaie de clarifier mes pensées et de comprendre la présence de ce moine et le lieu énigmatique où je me trouve. Mon éducation me pousse à remettre en question la logique de cet endroit et la raison de ma présence.
Mon esprit s’évade, je suis d’un seul coup submergé par une profonde angoisse. Pourquoi suis-je ici, loin de mes proches ? Que fais-je dans cet endroit inconnu ? L'absence de repères familiaux pour me rassurer me laisse avec un sentiment de confusion et de détresse, ma gorge se noue, je me retiens de sangloter.
Après quelques minutes, il revient avec un grand bol fumant, m'invitant à savourer lentement cette soupe pour me réchauffer avant ma rencontre avec le frère Thomas.
M’annonce-t-il !!!
L'appellation "Frère Thomas" attire mon attention, car lors de nos échanges, il signait simplement "Thomas". De cela, j’en conclus que je vais également avoir affaire avec un moine, ce qui me laisse dubitative.
Ma soupe terminée, son apparition inattendue me fait sursauter. Je le détail du regard, captivée par sa silhouette imposante qui se découpe dans l'encadrement. Son entrée solennelle et son regard perçant me laissent interdite, comme happée par sa seule présence.
Le Frère Thomas se présente, je suis surprise par son attitude. C'est un grand homme, qui porte une chasuble brune. Son visage est anguleux, avec des yeux marrons dissimulés derrière de petites lunettes rondes. Sa tonsure lui confère un air austère. Son regard impose l'autorité. Il dégage une aura de sévérité et de commandement. Lorsqu'il s'adresse à moi, sa voix est ferme et grave, ne laissant aucune place à la familiarité. Tout en lui inspire le respect et la soumission. Sa posture droite et son maintien rigide reflètent une discipline de fer. Je sens que cet homme n'acceptera aucune remise en question de son autorité. Son attitude m'intimide et me fait sentir que je suis une simple soumise face à lui.
Je ne suis plus rien, ma jeunesse ne vaut pas grand-chose devant cet homme.
Cette rencontre inattendue me plonge dans une terreur profonde. Je suis prise au dépourvu, sans échappatoire. Un frisson d'effroi parcourt mon être, m'envahissant d'une angoisse glaciale. Il va me falloir affronter l'inconnu, même si cela signifie aller jusqu'au bout de mes décisions, dans un état de crainte et d'incertitude palpable.
Il m'invite à le suivre, avec ses grandes enjambées, il se met à marcher d'un pas rapide dans ses sandales bibliques. Je dois presque courir pour parvenir à le suivre, peinant à garder son rythme effréné. Il trace sa route sans se soucier de moi, m’obligeant à le rattraper tant bien que mal. Je me demande avec inquiétude où il m’emmène ainsi.
Arrivé devant une porte, il l'ouvre avec une clé. Il m'invite à entrer, je pénètre dans ce qui semble être son bureau. Au centre trône un imposant bureau en chêne, donnant à la pièce une atmosphère austère. Seul élément de modernité, un écran d'ordinateur brise la sobriété ambiante. J’en conclus rapidement que c'est de cet écran que tout a commencé il y un an. La pièce est plongée dans la pénombre, éclairée seulement par la lampe de bureau. Des vitraux en hauteur filtrent les éclairs de l'orage. Contre le mur, toujours présent, ce maudit Christ cloué avec sa feuille d’olivier semble me défier. Je me surprends en mon intérieur à blasphémer. Il s'installe dans son large fauteuil derrière son bureau, ne me proposant pas même la politesse de m'asseoir. Je reste debout, immobile face à lui, dans un silence pesant et oppressant.
Il ne s'est même pas soucié de savoir si j'avais fait bon voyage pour venir, ni des difficultés que j'ai eues à rejoindre l'Abbaye à pied.
Ma conscience me dit de prendre mes jambes à coup d’échapper à cet homme, de fuir ce lieu.
Mais je reste là, immobile comme une prévenue face à son juge attendant la sentence.
J’ai toujours ma parka mouillée sur moi, mes Converses trempées, je ne sais à quoi je ressemble et quelle attitude prendre.
Je suis résignée à subir, incapable de me soustraire à son pouvoir.
Je perçois un profond sentiment de culpabilité, je me sens fautive de me retrouver face à cet homme. Je n’ai pas résisté à ses échanges, mes pulsions avec le temps, elles ont pris le dessus.
Il ne correspond pas du tout à l’image que je m’étais faite de lui, mais il y a quelque chose en lui qui m’hypnotise. Je perds tout sentiment de révolte, je subis.
Sa prestance et son charisme m'impressionnent. Assis derrière son bureau il m’observe, je n’ose croiser son regard, je ne sais que faire de mes mains. J’ai un sentiment de culpabilité et de fascination. Je ressens un profond malaise, doucement je perds le contrôle de la situation.
Je ne veux pas l’admettre, mais lui sait pourquoi je suis là !!
Je me perds dans les méandres de mon esprit, je m’abandonne doucement à lui alors que je perds totalement le sens des réalités, de mes convictions.
Telle une souris entre les pattes d’un chat, je suis l’objet de son jeu pervers, dont lui seul connaît l’issue fatale.
Il me demande d’un ton autoritaire et sans appel : ‘’Déshabille-toi’’ !!!!! Ne laissant aucune place à la contradiction.
Je reste immobile, réalisant soudain que je ne suis plus dans le cocon familier de ma chambre devant mon écran d’ordinateur. Je suis face à la dure réalité, ce n’est plus un jeu. Je suis face à mon prédateur. Je l’observe médusée. Je ne sais quelle décision prendre, m’enfuir vue la prestance à laquelle il se déplace mes chances seraient dérisoires.
Il revient à la charge de façon plus autoritaire.
— Je t’ai demandé de te déshabiller !!!!!!!
Surprise et terrorisée, je n’ai d’autre choix que de baisser les armes, de me résigner, incapable de lui résister.
Je commence à enlever la parka et la pose sur la chaise qui se trouve à côté de moi.
C’est la première fois que je me déshabille devant un homme. Avec un sentiment de résignation, les mains tremblantes, je commence à me dévêtir lentement. Mes gestes sont hésitants, empreints d’une certaine pudeur face à cet homme qui m’observe.
Je retire mon pull, puis je déboutonne avec précaution ma chemise, laissant peu à peu apparaître la peau de mon torse. Une sensation de vulnérabilité m’envahit à mesure que je me dévoile. Je pose le chemisier également sur dossier de la chaise.
Les doigts tremblants je défais les lacets de mes Converses, je ressens le contact froid du carrelage sous mes pieds. Je défais ma ceinture, je fais glisser mon jean le long de mes jambes, me retrouvant bientôt en sous-vêtements devant lui. Je ne peux m’empêcher de croiser les bras sur ma poitrine, dans un geste instinctif de protection.
Il me détail de son regard froid assis confortablement derrière son bureau. Malgré mon malaise, il ne montre aucune compassion ou compréhension. Au contraire, à son attitude, il doit se délecter d’une jouissance perverse face à ma soumission.
Je suis là immobile en soutien-gorge et petite culote de jeune fille, impudique devant ce moine, au milieu de ce bureau et toujours ce Christ avec son laurier qui m’observe d’un regard inquisiteur. Ma honte est à son comble. Doucement au fond de mon bas ventre, une douceur est en train de naître.
Je suis là, j’attends. Quoi ? je ne sais pas.
Voyant que je tarde à m'exécuter, il me rappelle à l'ordre d'un ton sec et autoritaire.
— Je t'ai demandé de te déshabiller, c’est entièrement nue que je te veux !!!!!!! lance-t-il avec un ton qui ne souffre d’aucune contradiction.
Avec toute l’énergie du désespoir je tante ma dernière chance.
— Mais !!!!! Il ne me laisse pas le temps de terminer ma phrase.
Il se lève en furie de derrière son bureau, de peur, j’ai un mouvement de recul.
De sa taille imposante auréolée de sa chasuble, son regard perçant me transperce, me glace d'effroi. Son attitude dominatrice ne laisse aucune place à la négociation ou à la résistance de ma part.
Face à son insistance autoritaire, je comprends que je n'ai d'autre choix que de capituler.
En quelques mots, il me porte l’estocade.
— TU LE SAIS POUQUOI TU ES ICI !!!!!!!!!
En une fraction de seconde, j’ai compris la leçon, c’est le "coup de grâce", brisant définitivement toute volonté de m'opposer.
Terrorisée, je baisse les armes, n'ayant d'autre issue que de me soumettre à ses exigences.
Son ton et son regard ne me laissent aucune échappatoire.
Ma gorge se noue, des sanglots commencent à remonter.
Avec des gestes tremblants, je porte les mains à l'attache de mon soutien-gorge. Mes doigts hésitent un instant, avant de le détacher lentement. Le vêtement glisse le long de mes épaules, dévoilant progressivement la rondeur de mes seins nus face à son regard insistant. Une vague de pudeur et de vulnérabilité m'envahit alors que je me retrouve ainsi exposée devant lui. Malgré mon malaise, je poursuis mon déshabillage, faisant délicatement glisser ma culotte le long de mes jambes. Je me tiens maintenant complètement nue, mon intimité dévoilée à ses yeux avides. Mon corps frissonne sous le regard de ce moine, tandis que je me sens de plus en plus soumise à son emprise. Je ne peux m'empêcher de poser un bras sur ma poitrine, dans un geste instinctif de pudeur, une main sur mon pubis, mais cela ne fait que renforcer mon sentiment de vulnérabilité face à lui. J'ai l'impression d'être une proie face à son regard de prédateur, incapable de me soustraire à son emprise. Mon cœur bat la chamade, tandis que je me résigne à subir cette situation, n'ayant d'autre choix que de me soumettre à sa volonté.
Frère Thomas, m’observe.
***
Le visage de Bérangère est encadré par une chevelure blonde, qui contraste avec ses yeux d'un bleu limpide. Cette combinaison de couleurs lui confère une beauté douce et angélique. Ses traits fins et délicats lui donnent un côté femme-enfant qui accentue sa fragilité et son innocence. Ses grands yeux bleus reflètent une certaine naïveté. Sa bouche aux lèvres pleines semble hésiter entre l'expression de la peur et celle du désir naissant. Frère Thomas décèle une certaine vulnérabilité dont il se délecte, mais aussi une sensualité encore contenue. Son front lisse et son nez fin achèvent de dessiner les lignes harmonieuses de son visage, lui conférant une beauté pure et presque éthérée. Cette apparence juvénile et délicate tranche avec la situation dans laquelle elle est plongée face à Frère Thomas, renforçant son sentiment de fragilité. Son visage reflète ainsi un mélange de candeur et de sensualité naissante, accentuant son aura de vulnérabilité et de soumission.
Frère Thomas croise les yeux bleus limpides de Bérangère, ils reflètent une profonde appréhension tandis qu’elle se trouve nue devant lui.
Sa silhouette élancée, d’environ un mètre soixante-dix, se dévoile dans toute sa fragilité. Ses seins ronds et fermes se soulèvent au rythme de sa respiration saccadée, ses tétons rosés pointant légèrement. Sa peau laiteuse frissonne sous le regard insistant de Frère Thomas, révélant la délicatesse de ses courbes. Sa taille fine se courbe gracieusement avant de s'élargir sur des hanches généreuses. Ses longues jambes fuselées se terminent par des pieds délicats, achevant de dessiner les lignes harmonieuses de son corps de jeune femme. Une légère toison blonde dissimule à peine son intimité, ajoutant à sa vulnérabilité face à lui.
Malgré sa pudeur évidente Bérangère se tient là, offerte incapable de dissimuler davantage sa nudité.
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Il prend son temps, m'observe avec attention. Puis, il revient à la charge, d'un ton autoritaire.
— Tes bagues et bracelets, tu les retires, tu les poses sur le bureau !!!!
Je suis surprise par cette exigence, mais j'obéis docilement, retirant mes bijoux pour les déposer sur le meuble comme il me l'a ordonné.
— Ta chaîne aussi !!!! ajoute-t-il en la désignant d'un doigt autoritaire.
Un moment de stupeur me saisit alors. Cette chaîne avec la médaille de la Vierge m'a été offerte le jour de ma première communion par mes parents, je ne la quitte jamais. Elle a une grande valeur sentimentale à mes yeux. Malgré mon hésitation, je porte les mains derrière ma nuque pour la détacher. Poitrine offerte, je la retire avec lenteur, avant de la poser sur le bureau, rejoignant mes autres bijoux. Un sentiment profond d'abandon m'envahit alors. Retirer cette chaîne, c'est comme perdre une part de mes valeurs, de mon identité, de ma foi. Je me sens dépossédée, vulnérable face à son exigence.
Je ressens de sa part aucune compassion. Il maintient son attitude autoritaire et inflexible. Il semble tirer une forme de satisfaction de me voir me soumettre à ses ordres, malgré mon trouble évident.
Son regard posé sur moi, face à lui, je suis perdue. Si un malheur m'arrivait, personne ne saurait où je me trouve.
Il revient à la charge
— Tes mains sur la tête !!!!!!
— Comme un pantin, je lui obéis docilement. C'est lui désormais qui tire les ficelles.
Il s'approche de moi, ma poitrine lui est offerte, palpitante d'appréhension. Je n'ose croiser son regard, car jamais un homme auparavant ne m'a touchée de façon aussi intime. Je sens ses mains se rapprocher, jusqu'à saisir fermement mes seins. À ce contact à la fois ferme et doux, tout semble exploser dans ma tête en un instant. Mes valeurs, mes tabous, tout vole en éclats. C'est mon corps qui décide à ma place, je perds le contrôle. Je n'ai plus de volonté propre, c'est mon corps à présent qui mène la danse.
Cette découverte de ma sensualité et de l'éveil de mon désir me déstabilise. Je me sens envahie par des émotions contradictoires, à la fois gênée et curieuse, effrayée et fascinée par ces nouvelles sensations.
Lorsqu'il caresse délicatement mes tétons, je les sens s'éveiller, se durcir sous ses doigts.
Je ressens une montée progressive du désir, comme si mon corps tout entier était en train de fondre sous ses caresses expertes. A chaque effleurement de ses doigts cela éveille en moi une excitation de plus en plus grandissante.
Doucement, avec volupté, je m'abandonne à ses caresses.
Mais dès que je me laisse aller, il me le fait payer cher. D'un geste brusque, il saisit le bout de mes tétons entre ses doigts, les pince violemment, les tire vers le haut. Une vive douleur me traverse, par réflexe, je cherche à protéger mes seins de mes mains.
— Tes mains sur la tête !!!! Me rappelle-t-il avec violence, tout en serrant mes tétons plus fort et en accentuant la traction vers le haut. Soumise, j'obéis, remettant mes mains sur la tête. Je grimace de douleur, essayant en vain de soulager cette traction en me hissant sur la pointe des pieds. Il joue avec mes seins, alternant les tractions douloureuses et les caresses de plaisir.
Je suis complètement perdue, ballottée entre ma souffrance et ma sensualité, ne sachant plus où donner de la tête.
Je me retrouve prise dans un jeu de domination ou la douleur et le plaisir se mélangent me laissant dans un état de confusion et de soumission.
Abandonnant mes seins, sa main glisse lentement sur mon ventre, poursuivant sa descente vers mon pubis. Bien que je sois apeurée, redoute ce contact, mon corps semble le réclamer avec ardeur. Sa main s'enfouit dans ma toison pubienne, elle enveloppe délicatement ma vulve. Ses doigts s'insinuent entre mes grandes et petites lèvres, cherche à débusquer mon clitoris. Bien que cette main autoritaire me terrorise, je ne peux le nier elle décuple mon plaisir au centuple. Lorsque je me caresse moi-même, j'éprouve du plaisir, mais cette caresse experte semble le démultiplier, me laisse dans l'incertitude de ma réaction. Je suis partagée entre la peur et l'excitation, mon corps réagit avec une sensualité que je ne me connaissais pas. Je me sens submergée par ces sensations nouvelles, ne sachant comment y faire face.
Ses doigts caressent délicatement mon clitoris, envoyant une décharge de pur plaisir à travers tout mon corps. Mains sur la tête comme il me l'a ordonné, j'ai du mal à garder l'équilibre, tant les sensations m'enveloppent.
— Tiens-toi droite !!!!" me rappelle-t-il d'un ton autoritaire.
Je reprends la position, complètement submergée par les méandres du plaisir qui m'emportent dans un flot tumultueux. Il joue avec mon clitoris, le faisant rouler entre ses doigts experts. Je plonge mon regard bleu dans ses yeux sombres, je suis égarée, ne pouvant que lui implorer d'accepter mon pardon, de ne pas m'abandonner ainsi. Mais il n'en a que faire, il continue de jongler avec mon plaisir. Dès que je m'affaisse sous l'effet du plaisir, il relâche son étreinte, me forçe à reprendre pied tant bien que mal. Je suis complètement submergée, incapable de résister à cette vague de jouissance qui me submerge. Son contrôle absolu sur mon corps et mes réactions me laisse dans un état de confusion et de vulnérabilité totale.
Hors du temps, je suis emportée dans un tourbillon de plaisir, comme un ressac qui ne cesse de me submerger. Doucement je me noie, je perds pied, happée par un flot continue de sensations agréables.
Il me rappel à l’ordre d’une voix dure
— Tiens toi droite !!!!!
J’obéis, complètement sonnée, je suis dans un nuage de coton mais jambes chancellent
Ses doigts caressent mon clitoris, mon corps est traversé par une décharge de plaisir. Les mains sur la tête, j’ai du mal à maintenir sur mes jambes, elles fléchissent, il me rappelle à l’ordre de son ton autoritaire.
— Tien toi droite !!!!!
Je reprends la position, je suis perdu dans les méandres du plaisir, celui-ci m’emporte dans un flot tumultueux. Il joue avec mon clitoris, il le fait rouler entre ses doigts. De mes yeux bleus, je croise encore son regard noir, j’ai perdu mon âme, je lui implore à nouveau d’accepter son pardon de m’abandonner ainsi.
Mais il en n’a cure, il continue de jongler avec mon plaisir, dès que je m’affaisse, il relâche son étreinte. Et moi comme un pantin j’en redemande. Je n’ai plus de morale.
Il recommence à jouer avec mon plaisir, intensifiant ses caresses. Je me sens prise au piège, incapable de résister à l'orgasme qui approche.
Depuis le plus profond de mon être, une vague de sensations dévastatrices déferle à travers mon corps, tel un tsunami.
Je ne tiens plus sur mes jambes. Je m’effondre au sol, il ne me lâche pas. Il tient ma vulve à pleine main. Il fait rouler mon clitoris entre mes lèvres. L’orgasme ne s’arrête pas.
Il l’entretien, je serre les cuisses pour garder sa main en moi.
— Je suis ton maître !!!!
— Oui, vous êtes mon maître !!!!
— Tu es ma soumise, mon esclave !!!!
— Oui je suis votre soumise, votre esclave !!!
— Tu es ma chienne !!!!
— Oui je suis votre chienne !!!!!!
J’accepte tout, même le plus abjecte, ces paroles ne font qu’amplifier mon orgasme, il me lamine je ne suis plus rien, j’explose comme un big-bang intérieur, je me volatilise, je n’existe plus !!!!
Il me lâche, doucement l’orgasme me quitte en douceur, couchée sur le sol en chien de fusil, je reprends doucement mes esprits. Il me tend la main, avec dévotion, je me mets à lécher ses doigts recouverts de mon essence intime. Un sentiment de plénitude m'envahit.
J'ai compris, au plus profond de mon être, que mon seul but désormais sera de retrouver la force et l'intensité de cet orgasme, quoi qu'il m'en coûte.
Un rempart vient de s’effondrer, je suis prête à trahir toutes mes valeurs, mes tabous pour ce plaisir.
Je suis allongée au sol, dans l'attente, n'osant sortir de mon univers de jouissance et de bonheur. Après quelques minutes, un ordre fuse soudain :
— Remets-toi debout, mains sur la tête !!!! domptée, je m'exécute docilement, me positionnant face au bureau.
Je le vois alors sortir du tiroir une poche en toile de jute. Il la pose sur le meuble, le bruit évoque celui de pièces métalliques à l'intérieur.
Il plonge sa main dans le sac en toile, il sort à ma grande surprise un collier de métal, tel un symbole d'esclavage.
— Relève ta chevelure et dégage ta nuque. M'ordonne-t-il.
J'obéis docilement, offrant ma nuque découverte. A ma grande surprise je ressens un délicieux sentiment de soumission m'envahir, je m'abandonne complètement à cet homme, à sa volonté.
Il ouvre le collier et le passe autour de mon cou. Je sens le contact froid du métal, le poids de cette servitude qui s'abat sur moi.
Il referme le collier sur mon cou avec une sorte de clef, j’entends le clic de la serrure qui confirme mon asservissement.
Pendant quelque seconde j’ai un sursaut de réalisme cela provoque en moi un profond malaise spirituel et psychologique le contraire de mes valeurs chrétienne, mais mon choix est fait le désire de me soumettre et le plus fort, j’accepte avec délice le port de ce collier.
Je fais le grand saut de l’ange, je plonge avec bonheur dans les ténèbres de l’enfer.
Il me pose également des bracelets aux poignets et aux chevilles.
A mon grand étonnement, j’ai comme un ressentiment de fierté, un sentiment de liberté, mon corps est libre de vivre ses propres désirs comme il le souhaite. Je me sens libérée du carcan religieux.
— Mets-toi genoux !!!!
Je m’exécute et je m’agenouille à ses pieds.
Il me tend son pied chaussé de sa sandale biblique.
Je me prosterne humblement, je prends délicatement son pied entre mes mains. Je me mets à le lécher avec dévotion, je réalise que plus rien ne m'appartient désormais. Je suis entièrement vouée à cet homme, je suis prête à me dissoudre dans le sol.
Soudain, je sens la pression d’une pique sur ma nuque. Il me force alors à rester prostrée à ses pieds, une sensation de soumission totale m'enveloppe.
Je reste là immobile dans toute ma nudité, une joue posée sur ses pieds, je suis heureuse et sereine de lui offrir ma soumission.
— Debout, mains sur la tête !!!! Ordonne-t-il soudain.
J'obéis aussitôt, prenant la position exigée. C'est alors que je découvre qu'il tient dans sa main une sorte de baguette fine et souple, dont je sentais la pointe sur ma nuque.
— Tête droite ! m'intime-t-il. Je sens la baguette glisser sous mon menton pour redresser ma posture.
Soudain, la baguette s'abat avec force sur ma poitrine, provoquant une vive douleur, comme une lame de rasoir. "
— AAAÏÏÏE !!!! je m'exclame,
Je reculant par réflexe pour éviter un nouveau coup.
— Reviens ici, à mes pieds !!!! me menace-t-il, brandissant sa baguette.
Apeurée, je m'exécute.
Je réalise alors avec effroi une compagne de ma soumission, que j’avais oublié, celle de la douleur !!!!
Je décèle dans son regard et sur ses lèvres une expression empreinte de sadisme, trahissant son plaisir à me voir souffrir.
Je vois arriver un second coup de baguette, cette fois sur mon ventre. Je contracte instinctivement mes abdominaux pour tenter d'encaisser le choc. Mais la douleur est vive, telle une lame de rasoir qui me cisaille l'estomac.
— AAAAARGH !!!!! Je hurle submergée par la souffrance.
— Rentre le ventre !!!!! m’ordonne-t-il.
Malgré la douleur lancinante, je m'efforce d'obéir, sentant les sanglots monter dans ma gorge.
Je suis perdu dans mes contradictions, m’infliger de la douleur, je l’acceptais, mais la subir me fait peur.
Celle-là, je ne l’ai pas vu venir, un coup de baguette plus fort et bien plaquée sur mes cuisses me rappelle à l’ordre. La douleur est cuisante.
— Tes cuisses écartée !!!!! Me demande-t-il d’un ton dur.
J’obéis, de mes yeux bleus je lui implore un peu de clémence.
— Parfait c’est la position que tu devras avoir chaque fois que l’on te demande d’avoir les mains sur la tête.
— Oui maître !!!! apeuré je lui réponds.
Dans ma tête dans un mélange d’émotion contradictoire tout s’entrechoque, le plaisir de ma soumission et cette douleur, dans quel enfer veut-il m’amener ?
Je le vois prendre un morceau de papier sur le bureau, il dégage mon front, il le plaque sur mon front, et appuis fermement je sens plusieurs fois la pression de ses doigts sur mon crâne et il retire le papier.
Je me demande ce qu’il peut bien y avoir sur ce papier.
— Voilà, maintenant tu n’es plus Bérangère, tu es le numéro 27 !!!!!! Retiens bien ce numéro !!!!
Quand il m’annonce ce nombre écrit sur mon front, j’ai comme un sentiment d’être dépouillée de mon individualité d’être réduite à un simple numéro qui me déshumanise.
Cela suscite chez moi un sentiment d’isolement, de séquestration, d’inquiétude et d’incertitude sur ce qui m’attend pour la semaine avenir.
— Tourne toi, tu poses tes mes mains sur tes chevilles !!!!!!
Je le regarde, les mains toujours sur la tête, ébahie et je ne comprends pas ce qu’il veut.
Je me prends un violent coup de baguette sur les cuisses
— AAAAARGH !!!!!
— Je t’ai dit de tourner et de poser tes mains sur les chevilles !!!!
Je réalise l'étendue de ma dégradation, je m'incline, le visage brûlant de honte, exposant à son regard les zones les plus intimes de mon intimité.
Comment ai-je pu me résoudre à une telle soumission, moi qui ai suivi avec assiduité l'enseignement du catéchisme ? Jamais je n'aurais cru me retrouver un jour dans une position si crue et offerte, face à un homme d'Église.
Je suis au plus profond de mon humiliation, je lutte mais mon corps aime ça, pour moi la partie est perdue d’avance. Mon corps attend cette main qui viendra fouiller mon intimité.
J’attends, il ne se passe rien, il doit se repaître du spectacle que je lui offre.
Une douleur violente et cuisante vient me cisailler mon entre jambe, je ne l’attendais vraiment pas celle-là. De douleur, les larmes aux yeux je me relève, protège mon sexe de mes mains.
Je le regarde surprise des larmes coule long de mes joues.
— Tes mains sur la tête, numéro 27, tu as pris du plaisir. Ici rien n’est gratuit ici en retour il va falloir en payer le prix fort.
Une peur m'envahit.
Je croise son regard, qui laisse transparaître de la méchanceté, de la cruauté, un plaisir malsain à me faire souffrir.
Je me demande où je me suis fourvoyé, que vais-je subir.
Il me passe une chaîne à mon collier et avec mes bracelets, me lie les mains dans le dos.
Il donne un coup de téléphone.
— Nous arrivons !
J’en conclus que des personnes m’attendent. Que va-t-il m’arriver ?
Il tire sur ma chaine, nous sortons de son bureau, il m’entraine dans un dédale de couloir.
J’ai toujours du mal à le suivre. La chaîne se tend, le collier me cisaille la nuque. Il en n’a cure, de l’autre main il tient cette baguette qui me fait peur.
Je sens la fraîcheur du sol sous mes pieds nus, le vent frais caresse ma nudité, tandis que mes seins tressautent au rythme de mes pas.
Il ouvre une porte, et me force à le suivre.
L’endroit ressemble à une vaste chapelle, mais la faible luminosité rend difficile définir la limite entre la nef et le chœur.
Deux moines nous attendent et me placent au centre du cœur qui domine la nef. J’ai le sentiment, là nue, avec mon numéro sur le front devant ces deux moines d’être fautive.
Ils m’observent de leurs yeux suspicieux.
Les mains attachées dans le dos, je ne peux cacher ma nudité.
Un des moines s’adresse à frère Thomas, m’ignorant totalement.
— On lui attache les mains devant ?
— Oui parfait.
Je me laisse faire prête à subir mon calvaire.
Ils font descendre une corde du plafond. Je les observe incrédule.
Ils attachent cette corde à mes bracelets et commencent tous les deux à tirer sur la corde avec énergie. Je ne peux empêcher cette traction, mes bras remontent au-dessus ma tête.
Que vont-ils me faire subir ?
De par leurs gestes et leur regard, ils n'ont aucune compassion pour moi.
Je commence à sentir la traction sur mes articulations.
— Pitié ne fait pas de mal !!!!!
Ils ne se soucient guère de mes plaintes. Je sens les secousses des tractions à travers mon corps, les menottes à mes poignets me font souffrir. Mes pieds ne touchent plus le sol. Leurs robes de bure brune se balancent comme s'ils sonnaient les cloches de l'angélus.
J'ai le sentiment de me comporter comme une martyre dans ma plus simple nudité, je pends au bout de cette corde, je me laisse aller, j’ai la sensation sournoise de leur offrir ma souffrance.
Résignée, je m’abandonne à mes bourreaux.
Quelque chose roule dans mon dos, les deux moines écartent mes jambes. Cette chose se positionne sous mon entrecuisse. Je baisse la tête, ma surprise est grande quand je vois un cheval d’arçon cubique mais positionné sur l’angle.
Le moine relâche la corde et mon intimité vient se fendre sur cette arête.
La douleur se répand dans mon bas ventre, je grimace de douleur.
Chaque moine remonte mes chevilles en arrière et les fixent, je peux plus déplier mes jambes.
Ma douleur et plus grande c’est une torture. Tout le poids de mon corps est sur cette arête. J’ai l’impression que mon corps va se fendre en deux. Des larmes coulent le long de mes joues.
— AAAAARGH !!!!!
Il me laisse là seul, sans s'intéresser à mes plaintes, suppliciée au cœur de cette chapelle.
La chapelle s’éclaire en totalité, et je découvre devant moi de longues tables des bancs, et sur les tables des couverts. En définitive c’est le réfectoire.
J’essaie de prendre appui sur mes chevilles pour soulager mon entre-jambe. Mais les crampes dans mes cuisses arrivent vite. De l’autre côté, je tire avec mes mains sur la corde pour me soulever, mais c’est mes bras qui finissent par me lâcher ? Je souffre le martyre, mes poignets sont douloureux par le métal qui les cisaille. Je suis en enfer, je subis ma torture avec abnégation.
Je puise dans mes forces intérieures pour continuer à supporter cette douleur lancinante.
Personne de ma famille, de mes amis, n’a connaissance du lieu où je me trouve, ni les épreuves que je traverse. Je suis seule face à ma souffrance.
Dans un élan de lucidité, je m'imagine la réaction de ma mère si elle me découvrait dans cette posture, nue et soumise à cette torture. Loin de la honte, j'en serais fière. Je la défierais du regard, car je suis vivante et déterminée à vivre jusqu'au bout mes désirs, mes pulsions.
Dans les méandres de ma solitude, ma résilience ne fait que s’amplifier face à cette adversité qui m’accable.
Il y encore trois heures, jamais je n’aurais imaginé subir un tel supplice et en n’être le sujet de ce spectacle.
Les moines entrent dans la pièce en discutant entre eux, plaisantent, ils s'installent à leur table, indifférents à mon supplice, à ma souffrance. À travers mes larmes et la douleur de plus en plus vive dans le bas de mon ventre. Je remarque avec surprise la présence de plusieurs femmes nues, avec un numéro inscrit sur le front, un collier et des bracelets. Je comprends leurs rôles, elles servent le repas aux moines.
Je remarque à table la présence du frère Thomas, de ses deux assistants, et également du frère qui m’a accueilli.
Une femme nue devant un pupitre lit à voix haute plusieurs chapitre de la bible pendant qu’ils prennent leur repas.
Je me demande dans quelle bacchanale je me suis fourvoyée.
A suivre peut-être. 😉
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Encouragée par vos commentaires, je poursuis le récit autobiographique de mon exploration de ma personnalité intime et de mes fantasmes.
Soutenue par un mari qui voyait là le moyen de sauver notre couple en reconstruisant notre relation sur des bases plus saines, plus sincères, plus complices, j'ai petit à petit entrepris de concilier ma soif d'érotisme et mes obligations sociales et familiales. Ce ne fut pas facile tous les jours, car la tentation de me replier et de retourner dans mon jardin secret revient parfois. Mais je suis motivée et je m'efforce de m'assumer de plus en plus.
J'ai donc augmenté ma garde-robe de pièces audacieuses que j'aurais considéré il y a quelques années comme des accoutrements de "poufiasse". Les dentelles, les soies transparentes, les cuirs, les strass, les couleurs vives ont peu à peu côtoyé puis évincé les mailles ternes, les tweeds et les flanelles grises.
Si je me suis fait un peu violence au début, je me suis surprise à aimer sortir habillée de manière provocante et à jouir intérieurement des réactions que je suscitais. Les regards parfois suspicieux ou jaloux sont finalement rares et les étincelles de désir que j'allume régulièrement, tant chez les hommes de tout âge que chez d'autres femmes, sont souvent flatteuses. Certaines fois, je pousse jusqu'à porter les atours de ce qu'il convient d'appeler une "belle salope" : jupe minimaliste, chemisier transparent largement ouvert sur ma poitrine rehaussée par un soutien gorge pigeonnant, talons hauts, queue de cheval semblant dire "dressez-moi!"
... Passé les premières hésitations, la fièvre de m'exhiber en tenue raccoleuse l'emporte et m'excite au plus haut point! Ma cheville droite s'est ornée d'une chaîne afin d'ajouter encore au trouble. Ainsi, faire les courses ou flâner en ville devient un moment palpitant, où je suis tour à tour chasseresse ou proie, selon que mes interlocuteurs réagissent en étant intimidés ou sur un mode conquérant! J'ai renoué avec ce plaisir que j'avais trop longtemps renié d'être une allumeuse.
Mais je ne me contente pas d'allumer. Le fait de m'être réconciliée avec mes appétits sexuels les plus secrets a décuplé ma libido! Jadis timorée voire un peu éteinte sous la couette, je me lâche et explore des pratiques de plus en plus débridées: toys en tout genre, bondage, pénétration sauvage de tous mes orifices... je suis devenue paraît-il une suceuse hors pair, léchant, suçant, gobant, avalant gland, hampe, couilles, avec une frénésie non feinte! A force d'entraînement, je prends jusqu'à la garde en gorge profonde, puis je me régale de sperme que je bois goulument...
J'aime aussi les pratiques plus extrêmes: fist vaginal et anal (mes petits trous n'acceptent pas encore un poing complet mais je n'ai pas dit mon dernier mot....), sodomie violente, douche dorée (comme donneuse exclusivement)... Mais j'ai surtout découvert le vertige de la soumission. Étroitement ligotée, je me laisse malmener pendant des heures jusqu'à perdre tout contrôle et à implorer tout en les redoutant des sévices toujours plus terribles. Contrainte à laisser mon partenaire disposer à sa guise de chaque parcelle de mon corps, je m'abandonne aux coups de cravache, de martinet, aux fessées, aux pinces, aux griffures, au viol de tous mes orifices privés de défense, privés même de la volonté de se défendre!
Cette exploration du sado-masochisme me permet de m'accepter comme je suis, d'assumer les aspects de ma personnalité que la morale m'imposait d'étouffer, de redonner vie à la femelle instinctive que chaque femme porte en elle et que l'on a socialement bannie. Petit à petit, je n'ai plus peur d'être traitée de pute ou de salope au prétexte que j'ai un corps programmé génétiquement pour jouir avant de procréer! Par un juste retour des choses, m'étant bien acquittée de ce "devoir de reproduction", je commence enfin à jouir! Et m'entendre traiter de pute, de salope, de traînée m'excite énormément!
Désormais en quête de sensations, je me livre avec mon compagnon à des jeux tantôt innocents, tantôt pervers, afin d'explorer sans cesse de nouvelles pistes. Titillant mon côté voyeur et exhibitionniste, je m'adonne au visionnage de pornos en tout genre, les plus scabreux déclenchant chez moi les plus fortes réactions physiologiques. Les gangbangs, pénétrations multiples, les dilatations, les douches de sperme, les bites surdimensionnées, les gouinages les plus crades... me transforment en petite chienne en chaleur qu'il faut baiser jusqu'à l'épuisement pour qu'elle se calme!
A présent, nous nous aventurons sur des terres plus sauvages encore: me laissant branler jusqu'à l'orgasme sur une plage surpeuplée, m'exhibant quasi-nue en voiture, portant plugs et boules de geisha pour sortir, omettant régulièrement d'enfiler une culotte.
Je repousse les limites de l'impudeur afin d'échauffer mes sens et de mettre mes hormones en ébullition! Après avoir goûté à différents massages qui m'ont permis de confirmer que j'aimais être touchée par des mains inconnues, je m'apprête à présent à assouvir un vieux fantasme...
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La lourde porte s’ouvre lentement, me laissant entrevoir un homme dans la bonne trentaine, à l’air méfiant.
Son visage s’illumine soudainement.
« Bonjour Ysideulte. Quel plaisir de te revoir ! »
« … Bonjour Monsieur »
Te revoir ? Voilà qui me laisse perplexe. Je n’ai pas le souvenir de l’avoir déjà rencontré.
Il me fait entrer et me présente un grand brun viril qui se lève promptement pour me saluer.
« Christophe. Mon compagnon »
« Bonjour Ysideulte. Thierry m’a souvent parlé de vous »
« Euh… Bonjour Monsieur »
Mais qui sont ces hommes ?
« Je vais vous laisser profiter de vos retrouvailles. Tu m’appelleras quand ce sera fini ?»
« Bien sûr » répond Thierry, en l’embrassant tendrement. Ces deux-là sont en couple, pas de doute.
« Mais ne reste pas debout, Ysideulte !» me dit-il en me désignant un fauteuil. « Est-ce que je peux t’offrir un thé ou un café avant de commencer ? »
Avant de commencer quoi ? Voilà qui me laisse encore plus perplexe.
« Un café, s’il vous plait… Monsieur»
« Monsieur… » répond-il d’un air amusé. Comme si ma façon de m’exprimer était décalée.
Puis, comme s’il venait de comprendre quelque chose : « Tu ne me reconnais pas ? »
« Je suis désolée, mais je ne vois vraiment pas ».
« Nous étions ensemble au lycée. Thierry D. »
« Ah oui ! Quelle idiote ! » M’exclame-je en rougissant. « Vraiment désolée, je n’ai pas percuté »
Nous évoquons de nombreux souvenirs. Moment agréable où les images du passé resurgissent. C’est étonnant comme des moments que l’on croyait oubliés reviennent à la surface avec force détails quand quelqu’un les évoque avec nous.
Je remarque qu’il sélectionne soigneusement les moments positifs. Car je doute que cette période ait été très agréable pour lui. Timide, un peu asocial, il n’a jamais été intégré au groupe et fut victime de sous-entendus dévalorisants, parfois humiliants. La difficulté d’intégration réside dans le fait que la plupart des règles sociales sont tacites et non écrites : il faut savoir décoder ce que le groupe attend de nous. Certains ont le décodeur intégré, d’autres non, et là le stress et la souffrance commencent. Nous aurions pu nous entraider entre asociaux, moi la fille effacée, au prénom qui n’existe pas, lui le garçon timide. Mais j’ai été au dessous de tout et je n’en suis pas fière. On dirait qu’il ne m’en veut pas, heureusement.
Evoquera-t-il le jour où, n’osant pas me le dire de vive voix, il m’a donné une longue lettre dans laquelle il m’avouait son attirance pour moi ? J’aurais dû en être flattée, j’aurais dû le remercier. Mais non, j’ai montré la lettre à Sandrine, cette pouffiasse prétentieuse qui menait le groupe, et qui l’a faite circuler, suscitant de nombreuses moqueries.
Qu’espérais-je en agissant ainsi ? Être mieux intégrée ? Dans un groupe dont je ne partageais pas les idées, dont je détestais les attitudes ? A quoi bon ? Je dois bien me rendre à l’évidence qu’il n’y avait aucune logique à mon comportement.
Dois-je prendre l’initiative d’aborder le sujet avec lui ? N’est-ce pas le moment ou jamais de lui présenter mes excuses ?
Mais il continue son évocation de moments positifs et je ne sais pas comment en parler.
« Tu peux me tutoyer, tu sais, et tu n’es pas obligée de m’appeler Monsieur » me dit-il après avoir maintes fois souri quand je plaçais un « Monsieur » dans une phrase.
Voilà le moment gênant que je redoutais et que j’ai déjà rencontré à d’autres occasions. Comment lui expliquer que, non, je ne peux pas ? Mon Maître m’a dressée en femelle et je me dois d’être respectueuse devant un homme – fût-il un ancien camarade d’école.
Par chance il n’insiste pas et change de sujet.
« Tu as trouvé ton bonheur » me dit-il en désignant mon collier d’esclave et les lourds bracelets métalliques que je porte aux poignets et aux chevilles. Mon Maître adore m’obliger à sortir comme ça quand les circonstances le permettent.
« Je suis heureux pour toi »
Visiblement il a compris ce que ce collier signifie. Je suppose que je n’ai pas besoin de lui expliquer.
« Oui, j’ai eu beaucoup de chance. C’est un homme que j’admire »
« Je te comprends. Moi aussi je l’apprécie »
Alors ça ! Si je m’y attendais…
« Mais… Euh… Vous connaissez mon Maître ?? »
« Je l’ai rencontré trois fois. C’est lui qui m’a contacté »
Je me demande à quoi joue mon Maître. Comment a-t-il retrouvé ce camarade de lycée ? Pourquoi ? Dans quel but ?
Petit moment de silence… Je ne sais plus quoi dire tant les questions tourbillonnent dans ma tête.
« Vous aussi, vous avez trouvé votre bonheur à ce que je vois », lui dis-je en pensant à son compagnon qui vient de sortir.
« Oui, un coup de chance. Mais à l’époque j’imaginais ma vie avec toi, tu sais »
Nous y voilà… Oui, bien sûr, je sais qu’il avait le béguin pour moi. Je sais qu’il était également attiré par les hommes – du moins ce sont les rumeurs qui circulaient. Il se cherchait, sans doute.
« J’en ai beaucoup souffert. Mais bon, c’est la vie. On finit toujours par se reconstruire»
Ces mots me transpercent comme un poignard. Ce qui me semblait pas très glorieux, mais sans grandes conséquences, a donc été une épreuve longue et douloureuse pour lui. On ne se met jamais assez à la place des autres, on n’essaie jamais assez de comprendre comment nos actes, nos paroles, sont perçus de leur point de vue.
Je n’ai même pas le temps de lui répondre et de commencer à lui présenter mes plates excuses qu’il se lève promptement et m’invite à en faire autant.
« Bon, on y va ? »
« Euh… Oui Monsieur »
On y va où ?
Je suis de plus en plus perplexe. Mon maître ne m’a donné aucune consigne, aucune information, si ce n’est d’aller sonner à cette adresse, d’être très respectueuse et d’obéir si on me demande quelque chose. Étrangement, il m’a demandé de porter des sous-vêtements, ce qui d’habitude m’est interdit.
Mon hôte me conduit à l’extérieur, jusqu’à un grand abri de jardin dont il ouvre lentement la porte grinçante. A gauche de la porte, une signalétique sans ambiguïté annonce la couleur:
En d'autres circonstances, je me serais peut-être exclamée "Ah Ah! Très drôle!". En d'autres circonstances...
J’arrive, péniblement, à dégrafer mon soutien-gorge sans retirer mon haut, et je le suspends à un crochet visiblement disposé à cet effet près du panneau.
Je crois deviner ce qui va se passer. Mon Maître m’a donc conduite ici pour être baisée ? Ou alors c’est autre chose ? Mais quoi ?
« Est-ce que tu peux me confirmer que tu as bien tes règles en ce moment ? »
« Euh… Oui Monsieur »
Comment le sait-il ? Visiblement mon Maître l’a bien renseigné.
« Désolée, Monsieur, je ne savais pas que je venais ici pour être baisée, sinon je serais passée un autre jour »
A peine les mots sont-ils sortis de ma bouche que je me rends compte de l’absurdité de mes paroles… C’est mon Maître qui m’a ordonné de venir aujourd’hui, ce n’est pas moi qui ai choisi.
« Mais depuis que je lui appartiens, mon Maître travaille mon anus pour que je sois agréable à la sodomie, donc c’est possible de cette manière. Si cela vous convient bien sûr »
Je m’enfonce… Qu’est-ce qui me prouve qu’être pénétrée est l’objectif de cette rencontre ?
« Ne t’inquiètes pas pour ça. Tu utilises tampons ou serviettes ? »
Qu’est-ce que c’est que ces questions ? Je rougis, embarrassée par la tournure très bizarre que prennent ces retrouvailles.
« Des tampons habituellement, mais aujourd’hui une serviette – ordre de mon Maître »
« Tu peux la clouer ici, à côté de ton soutien-gorge. Garde seulement ta culotte »
J’hésite, un peu perdue, ne sachant plus si je dois rougir de honte ou sourire de ces demandes très bizarres. Mais mon Maître m’a dit d’être respectueuse et d’obéir.
Je la retire en essayant de ne pas trop baisser ma culotte, comme si la pudeur avait encore un sens, puis à l’aide des clous et du marteau qu’il me tend, j’entreprends d’aller jusqu’au bout de sa demande.
« Non, non ! Dans l’autre sens »
Visiblement je suis là pour me faire humilier. La honte…
Je me demande ce que pensera son compagnon quand il rentrera et qu’il verra mes effets personnels intimes ainsi exposés à l’entrée de l’abri de jardin. A moins que ce ne soit un signe ? Ne pas déranger, salope en cours d’utilisation…
Il me conduit jusqu’à un large établi, très propre. Tout l’intérieur de l’abri est parfaitement rangé. Nickel ! Je reconnais-là son côté maniaque, son obsession compulsive de l’ordre, qui déjà à l’époque sautait aux yeux et lui valait bien des moqueries.
« Mets ta main ici », me dit-il en me désignant un étau disposé sur le côté gauche de l’établi
« Dedans ? » dis-je sur un ton par très rassuré, pour être sûre d’avoir bien compris.
« Oui, dedans. Seulement les doigts »
Il resserre lentement l’étau, qui m’immobilise les doigts.
« Aïe aïe aïe ! »
Je me mets à hurler en partie à cause de la douleur, mais surtout à cause de la terreur d’avoir les doigts broyés s’il continue.
« Ne crie pas ! Il y a des voisins »
« L’autre ! »
Il me désigne un étau similaire, fixé à droite de l’établi. Sa voix est devenue plus dure. J’obéis sans discuter malgré la crainte.
Je me retrouve penchée sur l’établi, les mains immobilisées. Une position vraiment pas confortable.
Il relève ma jupe et baisse ma culotte d’un coup sec, la laissant au niveau de mes chevilles.
Je comprends pourquoi mon Maître m’a demandé d’en porter une. Certainement pour lui offrir le plaisir de baisser la culotte de la connasse que j’ai été. La vengeance est un plat qui se mange froid.
Au bout de quelques secondes, ma jupe redescend naturellement.
« Penche-toi davantage » me dit-il tout en relevant ma jupe à nouveau, « Cambre-toi correctement, sinon elle ne tiendra pas ».
Je l’entends s’éloigner et refermer la porte à clé. Me voilà seule, dans le silence. Un éclairage intense me fait presque mal aux yeux. J’aurais préféré qu’il éteigne.
Seule, immobilisée, … Rien à faire à part cogiter. Je prends garde à rester bien penchée, pour éviter que la jupe redescende.
Je remarque soudainement deux caméras sur trépieds. Je ne les avais pas encore remarquées car elles sont à contre-jour. Les questions tournent dans ma tête et je finis par oublier de maintenir la position. Zut ! Impossible de relever ma jupe avec les mains immobilisées.
Est-ce un enregistrement ou une transmission ? Qui est derrière l’écran ? Un cerveau humain ou électronique ?
C’est long… Je suis à moitié assoupie quand la porte s’ouvre.
« Oh mais, tu exagères Ysideulte ! Cambre-toi. Ce n’est quand même pas si compliqué » me dit-il, en constatant que la jupe couvre à nouveau mes fesses et que ma position laisse à désirer. Il doit, une fois de plus, la retrousser, et je sens un début d’agacement dans sa voix.
« Passe-moi ta culotte »
Je suppose qu’il veut que je la remonte jusqu’à son niveau, en relevant une jambe avec la culotte autour de la cheville. Je m’y emploie péniblement, avec pas mal de contorsions et frôlant la crampe.
« Avec la culotte dans la bouche, tu crieras moins fort » me dit-il, joignant immédiatement le geste à la parole. Un large ruban adhésif achève de me bâillonner.
Il resserre légèrement l’étau gauche, puis le droit, puis le gauche, puis le droit, … Seulement une fraction de tour à chaque fois. Je sais que je ne dois pas crier, mais je finis par craquer et hurler, terrifiée. Oui, bien que la douleur soit intense, je crois que c’est surtout la peur qui m’a submergée.
Malgré l’atténuation procurée par le bâillon, mes cris sont tout à fait audibles. Bien trop audibles ! Il me gifle pour que je me calme, et continue son affaire. J’ai l’impression que mes os vont céder et ça fait un mal de chien. Que font les zébralyvox ? J’espère qu’ils ne sont pas morts. Pourquoi n’interviennent-ils pas ?
Pas le temps de réfléchir. Une violente douleur aux fesses m’irradie tout le corps. Puis une autre.
Mais avec quoi est-ce qu’il me frappe ?
J’ai la sensation que chaque coup me déchire la peau.
Est-ce un fouet à clous ?
J’ai l’impression qu’un liquide coule sur mes fesses, mais je n’en suis pas sûre. Du sang ? Ne pas voir l’instrument et l’effet de ses impacts est angoissant car on imagine le pire. Je me rassure en me disant que mes fesses ne sont sans doute pas aussi entaillées que ce que j’imagine.
Seulement dix coups, mais quelle souffrance !
J’ai crié. C’était impossible de rester silencieuse.
Il me caresse la joue, comme pour me réconforter (ou me féliciter ?), puis desserre lentement, très lentement les étaux. La réduction de compression produit une sensation presque plus douloureuse que la compression elle-même.
Je finis, enfin, par pouvoir libérer mes mains. J’observe mes doigts, inquiète. Ca va, ils semblent intacts. Ouf !
« Tu peux te redresser »
A peine redressée, je sens un liquide qui se met à couler à l’intérieur de mes cuisses. Je ne devrais pas me sentir gênée – après tout c’est lui qui a voulu me recevoir pendant mes règles. Et pourtant… Je pique un fard.
Je reste debout, immobile, ne sachant pas ce que je dois faire. Il m’observe, souriant.
« J’ai si souvent rêvé de faire cela quand nous étions au lycée » ajoute-t-il, en entreprenant de me débarrasser des vêtements qui me restent.
J’ai toujours été inquiète la première fois que je me suis retrouvée nue face à un homme. Entre ce qu’il a pu imaginer et ce qu’il voit, n’y a-t-il pas un écart ? Lorsque le fantasme se réalise, la déception est parfois dure, d’autant plus dure que le fantasme m’a idéalisée. J’ai un terrible besoin d’être rassurée.
« Tu es jolie » me dit-il, retrouvant la voix hésitante d’il y a une vingtaine d’années. Est-ce qu’il a ressenti ce besoin ?
N’y résistant plus, je prend l’initiative de me retourner pour me rassurer sur l’état de mes fesses. Aïe. Elles ont morflé et pour ce que je peux voir, elles sont bien entaillées. J’aurais dû m’en douter car ça me brûle terriblement.
« Ne t’inquiètes pas – juste un mauvais moment à passer ». Il me badigeonne avec un produit qui me brûle encore plus dans un premier temps, puis m’apaise.
Il me retire le bâillon sans ménagement.
« Va clouer ta culotte de salope à l'extérieur, en veillant à ce que l'entrejambe soit bien exposée. Face intérieure, bien sûr. »
Je sors seule, nue, et la retire de ma bouche. J'essaye de la clouer du mieux possible pour respecter ses consignes.
J'étais tellement concentrée sur le respect des consignes que je n'avais pas immédiatement remarqué un agrandissement de ma carte d'identité, placardé au dessus de ma serviette hygiénique. C'est donc cela qu'il est allé faire quand il s'est absenté. Fouiller dans mon sac à main et faire une photocopie format A4. Il a écrit "salope" sous ma photo.
Je frappe timidement à la porte. « C'est fait. Est-ce que je peux entrer, Monsieur? »
C'est lui qui sort, histoire d'inspecter le travail. Il semble satisfait. Quelle humiliation !
« Viens, je vais t’aider à t’installer » me dit-il en me prenant la main, m'attirant à nouveau à l'intérieur.
M’installer où ?
J’ai très vite la réponse.
« Grimpe là-dessus » me dit-il, en me montrant un chevalet.
N’ayant pas bien compris ce qu’il attend de moi – peut-être suis-je un peu cruche, j’hésite un peu, attendant qu’il me guide et m’aide. « Comme sur un cheval, charmante cavalière !» ajoute-t-il.
Une fois en « selle » je me rends compte que de multiples pointes de clous dépassent très légèrement de la barre horizontale, visiblement destinées à me torturer la chatte. Je me tiens sur la pointe des pieds pour ne pas trop ressentir leur effet.
« Je risque de tacher votre chevalet » dis-je penaude, comme pour m’excuser d’avoir mes règles.
Cela le fait sourire.
« Tu es adorable » dit-il pendant que je rougis une fois de plus.
Mes bracelets de poignets sont fixés à une chaîne qui pend du plafond. Il a tout prévu… Sans doute que mon Maître est passé par là. Et puis, ce que je redoutais. Il remonte mes chevilles en arrière et les relie par une chaîne, passant par-dessus le chevalet. Je ne peux plus déplier les jambes. J’essaie de soulager, malgré tout, le poids portant sur ma chatte, mais très vite je tétanise, les muscles de mes cuisses étant pris de terribles crampes. Je dois me faire une raison : je suis là pour souffrir et je n’ai pas d’échappatoire.
Thierry déplace les caméras pour un meilleur angle de vue. Il s’assoit sur une chaise et observe avec délectation mon supplice, certainement heureux de savourer ainsi sa vengeance.
Le supplice est interminable. Je n’en peux plus. Mes gémissements reviennent à mes oreilles avec une tonalité étrange. On dirait les gémissements d’un animal terrassé.
« Salope ! » me dit-il. « Tu as ce que tu mérites ! »
Puis, se reprenant immédiatement :
« Excuse-moi, Ysideulte. Je ne le pensais pas ».
Et pourtant il a raison. J’ai ce que je mérite…
Les zébralyvox sont aux abonnés absents, une fois de plus. Cela m’inquiète un peu.
Est-ce qu’ils sont devenus sensibles à mon état d’esprit ? Est-ce que le fait qu’au fond de moi je sois consciente d’avoir mérité ce que je suis en train de vivre a pu jouer ?
Je vois soudain des scintillements bleu-jaunâtre qui semblent venir de la fenêtre, puis qui emplissent rapidement la totalité de mon champ visuel, gagnant en intensité. Manquait plus que cela…
Cette couleur impossible me donne le mal de mer et fermer les yeux ne change rien. Elle est dans ma tête, pas à l’extérieur.
« Excusez-moi, Monsieur, je crois que je vais vomir »
Il déniche une bassine et me la place sous la bouche juste à temps. La honte…
Les scintillements ont disparu.
« Je vais te libérer » me dit-il, un peu inquiet.
« Ca va aller maintenant. Excusez-moi Monsieur »
« Tu es sûre ? »
« Oui, ça m’arrive parfois. Je ne sais pas ce qui me fait ça, mais c’est sans rapport avec la douleur ».
Enfin, si, je sais, ou bien je crois savoir. Cela pourrait être le moyen par lequel les zébralyvox tentent de communiquer avec ma conscience. Mais que viennent-ils de chercher à me dire ? Je n’ai pas le décodeur.
Je ne tarde pas à avoir un indice. Des voix graveleuses se font entendre malgré mes gémissements de douleur. Elles viennent d'assez loin. Probablement sont-ils en train de sonner à l'entrée de la maison.
« Attends, je vais voir »
Je distingue à peine la conversation, mais je devine qu’il s’agit d’une patrouille de défenseurs de la démocratie. S’ils découvrent que je suis attachée, nue, dans l’abri de jardin, sans Fucking Pass, nous allons être arrêtés tous les deux.
« Quels connards ! » me dit-il en revenant. « Il paraît qu’un voisin a entendu des cris suspects. »
Dénoncer ses voisins est devenu un sport national depuis les campagnes incitant à dénoncer ceux qui baisent sans Fucking Pass. Maintenant le moindre prétexte est bon pour dénoncer et nul n’est à l’abri. Le summum du progressisme…
« Je leur ai dit que je me suis coupé » me dit-il, en me montrant la main sanglante, qu’il s’est lui-même entaillée. Que ne faut-il pas faire pour donner le change et éviter un contrôle…
« Je me demande qui nous débarrassera de cette vermine… » ajoute-t-il, n’y croyant visiblement plus, résigné à subir les règles de plus en plus absurdes du totalitarisme progressiste aux apparences démocratiques.
Le pangolin fou, peut-être ? me dis-je intérieurement. Mais je ne peux rien lui révéler. Je doute que mon Maître l’ait informé de nos activités illégales.
Visiblement cette interruption lui a coupé l’appétit. Il entreprend de mettre fin à mon supplice.
En sortant je jette un coup d’œil à mes effets intimes, exposés à côté de mon identité. Visiblement, il n'est pas question que je les récupère. Le soutien-gorge, je m'en fiche, mais dans mon état la culotte m'aurait été bien utile. Mais je ne dis rien. Demander la permission de la récupérer serait complètement déplacé et impoli dans le contexte. C'est une évidence.
Je le suis dans le jardin, jusqu'à la maison, complètement nue, comme une chienne docile, sans un mot. Il tient ma jupe et mon haut à la main. Je suppose qu'il me les rendra plus tard.
A peine la porte d'entrée franchie, il m'attrape par les cheveux sans ménagement et me traîne jusqu'à la salle de bain, m'accordant un instant pour me refaire une beauté. « Ne traîne pas! » précise-t-il, sur un ton qui ne donne pas envie de désobéir. Je fais aussi vite que je peux, mais je prends néanmoins le temps d'inspecter mes fesses dans le grand miroir qui donne de la profondeur à cette salle de bain magnifiquement agencée. Il n'y a pas à dire, les homos sont doués en agencement d'intérieur - ce n'est pas juste un cliché. Cela s'avère finalement pire que ce que j'avais imaginé. Je me demande avec quoi il m'a frappée pour me déchirer la peau ainsi. Il va en falloir du temps pour que les lacérations disparaissent!
Je crois entendre une conversation, puis un hurlement me fait sursauter: « Qu'est-ce que tu fabriques, femelle ! ». Je m'empresse de sortir de la pièce avec une serviette de bain autour du corps et puis je me ravise, consciente qu'il pourrait très mal prendre ce genre d'initiative, alors je laisse la serviette et me dirige nue vers le salon. Comme je le craignais, Christophe vient de rentrer. Confortablement installé dans un fauteuil, un peu dans la pénombre, je crois qu'il m'adresse un sourire bienveillant et compatissant. Paradoxalement, ce signe de soutien me fait fondre en larmes. Trop d'émotions, d'humiliation et de peur accumulées. Trop de culpabilité remontée à la surface. Je craque. Mais je me ressaisis très rapidement, les implore d'excuser ma réaction déplacée, et rassemble toutes mes forces pour subir dignement la suite de ma punition, dont j'ignore totalement la nature. Une double pénétration anale, peut être? Mon Maître me travaille le cul sans relâche depuis que je lui appartiens, mais je n'ai jamais vécu cela et je ne crois pas être capable de le supporter. Une multitude de possibles plus inquiétants les uns que les autres me traverse l'esprit en une fraction de seconde.
Thierry me tend un mouchoir pour essuyer mes larmes, prononce à voix basse quelques mots rassurants à mon oreille, puis palpe et soupèse mes mamelles, avec un sourire un peu moqueur - à moins que ce soit moi qui y vois une moquerie qui en réalité n'existe pas. « Pas mal - mais je les avais imaginées plus développées à l'époque » me dit-il, sur un ton plus gentil que moqueur. Il invite son compagnon à venir évaluer mes mamelles par lui-même. « Très agréables au toucher » me dit Christophe, comme pour me rassurer. Avant de retourner s'assoir, il jette un coup d'oeil intrigué à mon entrejambe. « Est-ce qu'elle est réglée? » demande-t-il. « Oui, j'y tenais absolument et son Maître a aimé l'idée »
J'avais presque tout envisagé, sauf que Thierry me rendrait subitement ma jupe et mon haut, sans explication, et me congédierait de manière abrupte. J’ignore pourquoi il agit ainsi. Trois gifles en guise d'au revoir. La troisième me fait presque tomber par terre.
« Merci Monsieur » dis-je, penaude, les joues en feu, avant de m'éloigner. Je ne sais pas de quoi je le remercie, mais cela m'est venu instinctivement. C'est un merci profondément sincère venant du fond du coeur - je le sens - je le sais. La lourde porte se referme brutalement, avec un bruit qui me fait sursauter, comme s'il voulait me montrer qu'il me claque la porte au nez.
Sur le chemin de halage qui mène à proximité du quartier de la gare, je me perds dans mes pensées. Beaucoup de questions restent sans réponse. Mais je crois que j’ai apprécié cette punition humiliante. Que valent des excuses ? Ce ne sont que des mots. Alors que là j’ai le sentiment que l’on m’a offert une opportunité de rédemption. Je me sens bien. Une étrange sensation de bien être similaire à celle que j’ai parfois ressentie après un effort sportif intense.
Pourtant, la manière froide et brutale dont il m'a congédiée me laisse un goût d'inachevé. Cela contraste si étrangement avec le sourire avec lequel il m'a accueillie. Peut-être est-ce une manière de prolonger ma punition en me laissant vivre avec une subsistance de doute. Le bruit de cette porte qui claque hantera mes cauchemars.
Arrivée à la gare, j’attends mon Maître, comme convenu. Nous devons prendre le train ensemble. Qu’a-t-il fait pendant ma punition ? Mystère. Il me laisse souvent dans l’incertitude. Mais c’est son choix et je n’ai pas mon mot à dire.
Je reste debout. M'assoir sur mes fesses profondément lacérées serait insupportable. Je crois que je devrai rester debout dans le train ce qui n'annonce pas un voyage très plaisant. Dans ce hall de gare sans âme, j'ai trouvé un coin tranquille dans lequel je peux m'essuyer discrètement la chatte quand je sens que cela devient nécessaire, sans trop me faire remarquer. Heureusement que j'ai une bonne réserve de mouchoirs en papier dans mon sac à main. J'ai des tampons dans mon sac, mais mon Maître m'en a interdit l'utilisation ce jour. Putain de condition de femelle ! Ca m'énerve. Mais les ordres sont les ordres...
Désœuvrée, je consulte mon historique de crédit social. Les chiffres semblent pris de folie, leurs contours ondulant bizarrement. Je me demande si c’est une migraine ophtalmique qui démarre. Mais cela semble bien réel. Peu à peu, ils se morcellent comme un kaléidoscope, et se recomposent, formant peu à peu un motif qui ressemble à un pangolin.
« Il va falloir être courageuse et ne pas perdre espoir » indique un message qui vient d’apparaître en bas de l’historique.
Qu’est-ce que c’est que ça encore ? Est-ce que l’Intelligence Artificielle joue avec moi ? Que suis-je supposée comprendre ? Est-ce que l’on cherche à me prévenir de lendemains difficiles ?
L’attente est longue et j'ai terriblement mal à la chatte - réminiscence de la torture sur le chevalet. J'aurais bien acheté un livre de poche pour m'occuper l'esprit, mais je sais que je n'arriverai pas à me concentrer sur ma lecture. Je souffre trop et les zébralyvox n'ont visiblement aucune intention d'appaiser ma souffrance cette fois.
Voilà enfin mon Maître. Je vais lui montrer mon historique de crédit social et lui demander ce qu’il en pense. Mais quand je me reconnecte le message a disparu et tout est revenu à la normale. Parfois je me demande si ce n’est pas moi qui perds la boule. N’est-ce pas l’une des ficelles du totalitarisme que de détruire tous les repères au point de rendre les gens dingos, encore plus réceptifs au narratif absurde du pouvoir ?
« Merci de m’avoir offert cette possibilité de rédemption, Maître »
« Est-ce que cela t’a fait du bien ? »
« Je me sens comme libérée d’un poids. Puis-je vous demander comment vous avez retrouvé mon camarade d’école et comment vous avez eu connaissance de ce qui s’était passé il y a une vingtaine d’années ? »
« Je n’y suis pour rien. J’ai reçu ses coordonnées sur ma boîte mail, accompagnées d’une multitude d’informations. Cela m’a incité à le contacter »
A suivre
Contexte et notes personnelles
Bien que le contexte soit ici moins important que dans mes articles précédents, il est utile de préciser que l’histoire d’Ysideulte se situe dans la seconde moitié de notre décennie, au sein d’une société qui est une extrapolation d’évolutions sociétales récentes. Si cet article a éveillé votre curiosité, vous pourrez découvrir le monde d’Ysideulte à travers mes articles précédents, dont la liste est ici https://www.bdsm.fr/sylvie35/blog/ (à lire de préférence dans l’ordre chronologique de leur publication). L’occasion de faire connaissance avec le zébralyvox gémellaire, et tout un tas de joyeusetés telles que le Fucking Pass, la Bill & Alvértos Fucking Corporation et les redoutables Brigades de Défense de la Démocratie.
Je dédie ce texte aux hommes que j’ai pu blesser par une parole maladroite, que j’ai pu décevoir en n'étant pas à la hauteur des espoirs qu’ils avaient mis en moi. Je le dédie aussi, tout particulièrement, à mon premier Maître qui m’a tant appris et que j’ai certainement beaucoup déçu. Et je n'oublie pas, bien entendu, mon Maître actuel qui mériterait une médaille pour la patience dont il fait preuve face à une esclave pas toujours à la hauteur de ce qu’il serait en droit d’attendre. Malgré les apparences, ceci n’est pas une note négative : je sais que la condition humaine est ainsi faite - on fait tous des erreurs, on commet tous des maladresses que l'on regrette amèrement, moi la première, ..., et on ne peut pas revenir dans le temps pour les corriger. Il faut faire avec, ne pas trop culpabiliser, positiver et aller de l’avant. Mais j’ai eu envie d’évoquer ce sujet. C’est en quelque sorte un chemin détourné que j’ai eu envie d’emprunter. Un chemin à l’issue duquel l’histoire reprendra son cours principal.
En conséquence, j’ai tenté d’écrire plus spécifiquement pour un public masculin… si tant est que le style d’écriture et le contenu d’un récit puisse être adapté à un genre – spéculation douteuse, je l’admets. Mais j’espère que les femmes apprécieront aussi.
J’en profite pour remercier masque_gris (https://www.bdsm.fr/blog/4733/Une-pénitenceinitatique!/) et julesverne (https://www.bdsm.fr/blog/9802/Errance-aux-cot%C3%A9s-du-Diable/), dont la lecture, un peu par hasard, de textes personnels, m’a inspirée, directement ou indirectement, pour évoquer ce sujet qui me trottait dans la tête depuis quelque temps.
Enfin, bien entendu (est-il besoin de le préciser), concernant les doigts dans l’étau : ne faites pas ça chez vous à moins de maîtriser parfaitement ce que vous faites !
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En deux ans, elles avaient appris à bousculer un rituel tacitement établi depuis qu'elles se retrouvaient au grand jour, et non plus dans la clandestinité. Nous vivons auprès d'êtres que nous croyons connaître. Il manque l'évènement qui les fera apparaître tout à coup autres que nous le savons. Longtemps, elle resta derrière la porte, en attendant que la culpabilité lui tombe dessus. Mais non. Elle n'éprouva que du soulagement. Tout bien considéré, elle se demandait si elle n'aurait pas dû accepter de continuer à entretenir une relation purement sexuelle, au lieu d'y mêler des sentiments. L'air était chaud malgré la nuit avancée, elle ne portait pas son collier et ses bracelets de cuir, et elle était seule, n'ayant qu'elle-même pour témoin. Jamais toutefois elle ne se sentit plus totalement abandonnée à un dessein qui n'était pas le sien, plus totalement proie, plus heureuse de l'être. Elle était entièrement nue, avec des talons hauts. Son pubis était soigneusement entretenu mais pas totalement rasé. Bientôt, sa Maîtresse la rejoignit. Elle ne se souvenait pas qu'elle était si élancée. Une lumière crue aplatissait son corps. L'étincelle de joie dans ses yeux était presque insoutenable, folle, douloureuse. Elle lui sourit, et ce sourire mit le feu à son monde. Le temps s'écoula en vaguelettes chuchotantes. Bientôt, il ne subsista plus des nébulosités de son esprit qu'une bienheureuse et suave toile vierge. À demi endormie, comme dans un éclair, elle fut traversée par la certitude, mais aussitôt évanouie, qu'elle l'aimait. Bien qu'elle n'y crût pas, et se moquât d'elle-même, elle en fut réconfortée. Alors, pour la première fois depuis qu'elle la faisait venir deux ou trois par semaine, et usait d'elle lentement, la faisait attendre dénudée parfois une heure avant de l'approcher, écoutant sans jamais répondre à ses supplications, car elle suppliait parfois, répétant les mêmes injonctions au même moment, comme dans un rituel, si bien qu'elle savait quand sa bouche la devait caresser, et quand à genoux, la tête enfouie entre ses mains dans la soie de l'oreiller, elle ne devait lui offrir que ses reins, dont elle s'emparait désormais sans la blesser, tant elle s'était ouverte à elle, pour la première fois, malgré la peur qui la décomposait, ou peut-être à cause de cette peur. Et pour la première fois, si doux étaient ses yeux consentants lorsqu'ils rencontrèrent les yeux clairs brûlants de Juliette. Le plaisir qu'elle prenait à la voir haleter sous ses caresses, ses yeux se fermer, à faire dresser la pointe de ses seins sous ses lèvres et sous ses dents, à s'enfoncer en elle en lui fouillant le ventre et les reins de ses mains, et la sentir se resserrer autour de ses doigts. Charlotte voulut parler, poser une question. "- Un instant, dit Juliette, va dans la salle de bain, habille-toi, et reviens". Charlotte prit les bas noirs, le porte-jarretelle et la jupe, posés sur une chaise près de la coiffeuse et lentement se revêtit. Elle accrocha ses bas aux quatre jarretelles et sentit son ventre et sa taille se creuser sous la pression du corset, dont le busc descendait devant presque jusqu'au pubis. La guêpière était plus courte par-derrière et laissait les reins totalement libre, de façon à ne pas gêner si on ne prenait pas le temps de la déshabiller. L'homme à la gauche de Charlotte regardaient les jambes gainées de soie, et de chaque coté des cuisses, sous la jupe, le reflet voluptueux des jarretelles. Insensiblement, elle écarta les genoux, leur laissant voir leur face intime et leur reflet. Elle suivait derrière les yeux baissés son impatience, attendant que le compas de ses cuisses soit assez ouvert pour dévoiler le pubis et, en-dessous, le sexe dans toute sa splendeur, bouche fermée, au fond du sillon ombré du mont de Vénus.
Tout cela était tellement inattendu. Jamais, elle ne l'aurait cru capable de mettre ses émotions à nu devant elle. Et jamais, elle ne se serait attendue à un tel élan. Elle le regardait, elle attendait qu'il dise quelque chose. Elle s'aperçut que l'homme regardait ses genoux, ses mains et enfin ses lèvres mais si paisiblement, et avec une attention si rigoureuse d'elle-même que Charlotte se sentit jaugée pour l'objet qu'elle savait bien qu'elle était. Il l'observa comme au ralenti une goutte d'eau qui glissait le long d'une tige et qui tombait sur le sexe de la jeune fille comme une perle ardente qu'il voulait s'empresser de boire, et en l'embrassant lui offrir une perle qui était une étoile et qui serait ses pleurs. À la fin du repas, il lui demanda de le rejoindre immédiatement, au rez-de-chaussée, dans les toilettes pour hommes. À peine dans l'escalier, elle sentit deux mains se plaquer sur ses reins, la presser, soulever sa jupe et des lèvres se coller à sa chair, tandis que deux autres caressaient ses seins avec ardeur, érigeant leurs pointes douloureusement. De nouveau, sa jupe fut troussée, ses fesses subirent l'ardeur caresse de mains nerveuses, l'anneau de ses reins fut frôlé par un doigt inquisiteur, son sexe fut caressé par un index pénétrant. Soudain, sous sa main qui pendait le long de ses cuisses, elle sentit un phallus raidi et palpitant. Elle le prit et, tandis que l'homme caressait son sexe avec passion, elle lui prodigua quelques douces caresses de ses doigts effilés. Le désir s'empara de lui. Il se plaqua contre son ventre et chercha, debout contre le mur, à glisser sa verge entre ses cuisses ouvertes. Subitement, elle se dégagea, se tourna. Il l'accola face au mur, affolée, elle sentit le membre glisser entre ses reins, comme une épée dans son fourreau. Elle goûta la sensation de cette chair palpitante et mafflue. Lui, la bouche à son oreille, lui ordonna de s'ouvrir, en lui prenant un sein d'une main, l'autre fouillant les fesses et son ventre. Brûlante, un désir tenace la tenaillait d'être sodomisée par cet inconnu qui semblait si maître de lui. Mais il se redressa et lui glissa son sexe entre les doigts tandis qu'il lui pinçait les mamelons. Charlotte se complut à caresser le membre au gland turgescent, la verge nerveuse et renflée dont elle sentait les veines saillantes. Puis, il lui ordonna de s'agenouiller et de le prendre dans sa bouche. Elle suça avec ferveur la verge tendue qui se cabrait sous sa langue. Le phallus était long et épais. Elle ouvrit la bouche et engloutit le sexe jusqu'à la gorge.
Ce n'était pas lui qui la brusquait, mais elle qui l'y entraînait. Et elle ne paraissait pas pouvoir se rassassier de lui. Son esprit s'égara alors là où elle ne voulait pourtant pas aller. Elle n'eut pas son mot à dire. Pourtant leur conversation fut immédiatement limpide. L'homme, sous le charme, était doux et enveloppant. Quant à la jeune femme, elle était concentrée tout entière sur l'instant qu'elle partageait avec lui, et sa manière absolue d'être présente, directe, rieuse, lui semblait presque insolite. Il n'eut pas besoin de lui ordonner de l'absorber totalement, de s'appliquer pour le sucer et surtout de se taire. Comment aurait-elle parlé ? Elle eut un hoquet tant il avait été enfoncé loin. Alors, dans la pièce silencieuse, s'éleva le bruit de la succion. Charlotte n'était pas très experte, elle préférait sucer les femmes, mais c'était peut-être un charme de plus. Avec effroi, elle pensa soudain à la déchéance de se retrouver ainsi agenouillée devant ce ventre nu, à sucer cette virilité inconnue. Elle releva la tête, mais il la saisit par les cheveux et la força à engloutir le phallus entre ses lèvre sensuelles, sous le regard lascif de l'inconnu. Le gland était beaucoup plus gros que la hampe. Alors, au contact de cette main dominatrice, elle oublia tout, et ce fut une profusion de caresses instinctives qui enveloppèrent la colonne de chair. Les lèvres sucèrent les moindres recoins de ce vit. Le phallus devint si volumineux qu'elle eut des difficultés à le conduire au terme de sa jouissance. Avec violence, il se contracta, manquant de ressortir de ses lèvres. Il éjacula brusquement, innondant sa gorge d'un liquide qu'elle prit à cœur à boire mystiquement, jusqu'à la dernière goutte. Après quoi, il la fit le rajuster, et partit. Un garçon du restaurant, que la soumission de Charlotte, et ce qu'il avait aperçu des lacérations de son corps bouleversaient, au lieu de se jeter sur elle, la prit par la main, remonta avec elle l'escalier sans un regard aux sourires narquois des autres serveurs, et ne la laissa alors, qu'une fois installée de nouveau, dans le cabinet privé du deuxième étage. Elle vit la pièce tourner autour d'elle et se retrouva à plat ventre sur un lit de fer. On la déshabilla alors totalement. On lui lia les chevilles avec des lanières de cuir, puis ses poignets que l'on écarta en croix, comme ses cuisses.
Toutes les figures de son avilissement s'inscrivaient dans cette position et elle avait la mémoire de celles qui l'avaient précédée.La jeune femme ne fut pas chassée de ce supplice ni de cet amour, car elle connaissait trop bien son amante. Elle pouvait jouir de son triomphe sur eux puisqu'elle avait inventé ce couple, paradoxalement, elle la dominait. Elle imaginait à coup sûr. Juliette était réellement indifférente à son salut, à ses goûts, à son caractère. Elle passait à côté d'elle sans la regarder. Ses yeux s'emplirent de larmes. Le sexe les rendait précis, insatiables, sans limite. En jouissant, ils vivaient. C'est seulement dans l'amour qui les embrase qu'un homme ou une femme sont aussitôt, silencieusement, rendus à l'univers. L'être aimé ne propose à l'amant de l'ouvrir à la totalité de ce qui est qu'en s'ouvrant lui-même à son amour. Aucune communauté ne peut comprendre cet élan, véritablement fou, qui entre en jeu dans la préférence pour un être. Elle réalisa qu'une des choses qui lui étaient le plus lancinantes, c'était que l'usage de ses mains lui fût interdit, non pas que ses mains eussent pu la secourir, mais libres, elles en auraient esquisser le geste. Elle voyait le visage ironique mais attentif de l'homme, ses yeux qui guettaient la bouche entrouverte de la jeune femme et le cou que serrait le collier de cuir. Ainsi écartelée, elle serait offerte à des inconnus. Charlotte allait être fouettée dans cette position humiliante, bras et cuisses écartés, sous la lumière qui rendait son corps impudique. On la cingla alors brusquement avec une cravache. L'homme ne voulait pas faire mal, il voulait l'amener à ce degré d'excitation qu'il savait procurer, pour en faire après son esclave et celle de ses invités. Il savait que cette croupe consentirait à se laisser forcer par des verges inconnues, mais il voulait que tous profitassent cérébralement de cette Vénus callipyge. Et les cinglements résonnèrent dans le silence, couvrant les soupirs de désir des hommes penchés sur ce corps dans l'étreinte puissante du cuir. Les reins furent vite rouges et une chaleur intense irradia alors la chair de Charlotte, amenant une intense excitation à ses intimités déjà exacerbées. L'orgueil qu'elle mit à résister et à se taire ne dura pas longtemps. Les invités l'entendirent même supplier qu'on arrêtât un instant, un seul. Sa tête était en feu, tenaillée de douleur, elle gémissait de douces souffrances. Elle résista longuement à son ordre quand il voulut qu'elle écartât davantage les cuisses, quand elle ne put plus résister, elle céda. Tel un pantin désarticulé, elle offrit le spectacle du sillon sombre de ses reins qui allait être forcé. Le silence rejoignit alors la nuit. Charlotte, les yeux mi-clos, goûtait la sensation de ces regards sur ses intimités secrètes, comme une caresse imperceptible frôlant ses chairs, béantes. Elle ne sentit que la caresse du phallus qui s'insinua soudainement. Il fut violent, poussant de ses reins, il força sous son gland compressible et humide, l'étroite bouche à s'ouvrir. Et ce fut l'acte délicieux tant espéré de Sodome. Un long cri strident. Elle s'y attendait pourtant, haletante, les tempes battantes.
Heureuse, il s'agissait donc d'être heureuse ? Dans sa province de jeune fille, elle ne savait pas qu'il fallait attendre quelque chose de l'amour. Ses amies lui racontaient des histoires. D'un point de vue géographique, tout cela lui paraissait extraordinaire. Elle n'en demandait pas tant. Mais elle était entrée dans ce fleuve. Elle ne devait pas trop y réfléchir. Les mots s'écroulaient comme un château de cartes devant une telle évidence. C'était un secret terrible. Elle n'en parlerait jamais. Est-il possible de ne faire que l'amour, de ne plus avoir d'autre usage du temps que celui de s'aimer ? Si nous nous consumons de langueur, si nous nous ruinons, ou si parfois, nous nous donnons la mort, c'est qu'un seul sentiment de préférence nous a mis dans l'attente de la prodigieuse dissolution et de l'éclatement qu'est l'étreinte accordée. Il la posséderait ainsi comme un maître sacrifie une martyre, ou un dieu possede sa créature, dont ils s'emparent de l'esprit invisible ou de l'extase.Il ne voulait pas se séparer d'elle. Il tenait d'autant plus à elle qu'il l'en abuserait davantage. Elle réalisait lentement la pénétration forcée de ce membre en elle. D'un seul coup, il s'était enfoncé. Sa voie étroite dilatée, distendue, lui faisait mal, mais en elle, était le priape enflammé, elle le devinait fouiller ses reins. L'inconnu avait poussé dur. Oubliant la souffrance du viol, et fermant les yeux, elle laissa échapper un cri, mais au fur et à mesure que l'homme sentait venir la volupté, le bruit de son intimité exigüe déchirée par le membre, s'amplifia, devint plus précipité. Il y eut quelques râles chez l'homme auxquels se mêlèrent les plaintes de la jeune fille, puis ce fut le spasme exquis et le silence, coupé de soupirs exténués. Elle reçut la semence saccadée puis l'homme se retira, libérant Charlotte. Il venait de jeter dans ses entrailles sa sève gluante et chaude. Son anus, tout empreint de sperme accepta sans peine un second membre qui la pénétra profondément entre ses reins. Le membre lui sembla colossal mais elle se laissa sodomiser par cet inconnu car tel était son devoir. Un troisième voulant se frayer également un chemin au plus étroit la fit hurler. Elle cria, comme sous le fouet. Quand il la lâcha, gémissante, dans un éclair, elle se vit délivrée, anéantie, maudite. Elle avait crié sous le choc du phallus de l'homme comme jamais elle avait crié. Elle était profanée mais paradoxalement heureuse quand on considère qu'elle venait d'être saillie comme un animal pour signifier à tous, désormais, qu'elle appartenait à une seule femme, sa chère et vénérée Maîtresse et plus fière que jamais d'avoir été choisie par elle. Elle la hissait, en lui révélant les abysses de son âme, la sublimant en tant qu'esclave, en lui faisant accepter son rôle d'objet. Sous les regards, sous les mains, sous les sexes qui l'outrageaient, sous les fouets qui la déchiraient, elle se perdait dans une délirante absence d'elle-même qui la rendait à la soumission mais aussi à la délivrance. Lorsque tous les invités furent assouvis, on la conduisit dans sa chambre et on l’étendit sur un lit. Souillée de sperme et de sueur, chancelante et presque évanouie, seule dans le noir, elle s'endormit. Tard dans la nuit, Juliette la fit jouir de nombreuses fois en la flagellant jusqu'au sang au moyen d'une cravache qui la laissa pour morte.
Bonne lecture à toutes et à tous.
Méridienne d'un soir.
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Elle ne redoutait pas, comme autrefois, les nouvelles rencontres de son amie. Ces courts enthousiasmes ressemblent trop à des allumettes qui crépitent, l'enfer, la jalousie, et ne laissent entre les doigts qu'un souvenir ridicule. Au contraire, il était peut-être excellent que la jeune fille abandonnât sa liberté pour sa nouvelle Maîtresse et rien ne semblait pouvoir troubler son sommeil. Mais quelle Juliette observait-elle dans la pénombre de leur chambre. L'amante ou la soumise ? Juliette les aimait toutes à travers ce qu'elle était devenue. Mais comment prétendre aimer quelqu'un à qui l'on ment sur l'essentiel ? S'intaller dans cette contradiction, c'était déjà y répondre. Tant de choses avaient eu lieu et tant de paroles avaient été échangées, souvent si regrettables mais jamais regrettées. Elles avaient déjà éprouvé de la haine mais jamais encore de l'indifférence, qui est son stade ultime. L'oubli étant essentiel à la survie, elles étaient capables d'oublier, non de pardonner. Charlotte, semblait perdue dans une étrange rêverie. Comme cela lui arrivait parfois. Elle s'absentait alors, loin, très loin. Elle ne savait pas encore elle-même, si elle était heureuse. Désespérée d'avoir un corps sans réaction devant la vie, dévorée par quelque chose d'inconnu, qui, qu'elle le veuille ou non, lui prenait tout. Elle me regarda longuement, puis eut un vrai sourire, dans lequel en faisant un effort, on pouvait retrouver ce qui avait été sa féminité flatteuse mais qu'un nouvel élément transformait en une sorte de féminité crispée, mais tout de même empreint de sérénité. Juliette avait eu raison bien à l'avance. Elle paraissait manquer, non pas de loyauté, mais de confiance en elle. Alors, sa Maîtresse, mue par cette force qui habite les cœurs encore jeunes, pensa que sa vie sentimentale ne pouvait abriter deux intrigues à la fois. Elle était poussée, en outre, par je ne sais quelle intime impossibilité de lui mentir. Elles ne possédaient rien ensemble. Rien d'autre qu'un engagement mutuel, un collier, un lit. Rien, aucune activité sociale, aucun contact avec d'autres êtres humains, les lumières du ciel ou de la ville. Il n'était rentré dans leur relation que la vérité, crue et nue, de leur sexualité. Elles n'avaient pas eu besoin de donner le change, pas plus à elles-mêmes, qu'aux autres, et les subtils aménagements ou glissements successifs vers le mensonge et l'omission qui s'opèrent entre amantes, n'avaient pas pu amorcer le chemin qui mène très souvent, vers l'hypocrisie, le compromis et le malentendu librement consenti. Elles n'étaient pas des animaux sociaux. Le mensonge, dès lors, ne servait à rien et elles n'y recoururent jamais. Aussi, Juliette se sentait tenue de tout dire à Charlotte, sans même l'embrasser ou la caresser, mais elle n'avait pas assez compté sur l'appétit qu'elles avaient l'une de l'autre. La jeune feme avait une sorte de charme, au moins l'avantage de son jeune êge, de son calme et de sa froide considération. Elle n'était inspirée que par le désir de possession. Elle lui fit d'abord l'amour, et le mal après. Sous le fouet, elle ne réagit pas. Elle eut un bref pincement aux commissures des lèvres si promptes à la douleur, et elle baissa la tête, puis elle la releva à peine troublée. Elle tenait à la main la mince ceinture de cuir qu'elle mettait sur sa robe, elle recula d'un pas et fouetta le visage de Charlotte. Cela lui ouvrit la lèvre, et elle sentit le goût du sang.
Elle était terriblement effrayée. Son bras repartit pour frapper encore. Mais elle ne fit rien. Elle laissa retomber son bras, lâcha la ceinture et se mit à sourire, sans parler. Elle possédait ce talent, qui est si rare de savoir donner une présence au silence. Charlotte regarda Juliette sans pouvoir prononcer une parole. Elle prit une douche, et se brossa les cheveux. Elle finit de se sécher et passa seulement un peignoir. Et tout en s'essuyant avec une serviette de bain, elle se regarda dans le miroir, en contemplant les lettres JM, ornant son pubis lisse, signe de son appartenance, et surtout les cicatrices, vifs souvenirs des sanglades de cravaches. Sa Maîtresse la fouettait généralement elle-même, mais il lui arrivait de la faire fouetter par une autre jeune femme. Charlotte était très mate de peau, élancée et fine, les yeux bleus dévorant le visage, des cheveux noirs coupés droits au-dessus des sourcils, en frange à la garçonne, Elle avait de petits seins fermes et haut placés, des hanches enfantines à peine formées. À force de la battre, Juliette s'était rapprochée de Charlotte, qui obtint le droit de demeurer près d'elle. Mais elle lui interdisait de la caresser, de l'embrasser fût-ce sur la joue, ou de se laisser embrasser par une autre. Elle voulait qu'elle parvienne à se donner après avoir été touchée par les mains ou les lèvres de qui que ce fût. En revanche, elle exigeait, car elle ne la quittait que très rarement, qu'elle regarde toujours Juliette caresser une autre femme mais uniquement en sa présence et pour son seul plaisir. Sans doute, Juliette avait trop compté à la fois sur l'indifférence et la sensualité de Charlotte par rapport aux jeunes filles. Jamais, elle n'avait eu avec elle l'attitude d'une amante amoureuse. Elle la regardait froidement, et quand elle lui souriait, le sourire n'allait pas jusqu'aux yeux. Mais, elle ne voulait pas se séparer d'elle. Elle tenait d'autant plus à elle, qu'elle la livrait davantage. Le seul fait qu'elle l'offrait chaque jour davantage lui donnait une preuve, qu'elle lui appartenait. Elle lisait son visage, son cou. Ainsi, lorsque Charlotte se sentait traitée injustement, elle roulait les épaules vers l'avant, son cou se gonflait, faisant saillir les muscles, et régulièrement ses épaules retombaient. Elle se tenait comme gelée. Elle n'a que vingt ans et la robe noire échancrée dans le dos jusqu'aux reins et très serrée à la taille lui donne un sérieux excessivement sensuel. C'est beaucoup d'élégance pour ce jeune chat qu'on voudrait prendre dans ses bras, poser sur un coussin, caresser, abandonner. La jeune femme ignorait le non-dit, les mots entre les mots, les secrets murmurés, les silences éoquents. Dans son monde, on parlait ou on se taisait. On était régi par la tyrannie des convenances. Souvent, elle portait une robe assez décolletée pour qu'on voie le grain de beauté sur son sein. Mais quel repos, quel délice le fouet qui balafre la chair et marque pour toujours, la main d'une Maîtresse qui vous couche sur un lit de fer, l'amour d'une Maîtresse qui sait s'approprier sans pitié ce qu'on aime. Et Charlotte se disait que finalement elle n'avait jamais aimé Juliette que pour apprendre l'amour, mieux se donner, esclave et comblée, à elle. Comme si elle avait deviné l'intensité de son plaisir, qu'elle dissimulait de son mieux sous les râles et les spasmes. Elle apprit à aimer porter des pinces aux seins. Mais Juliette disait qu'elle en profitait trop, que le plaisir effaçait la douleur et que cela était scandaleux. Les lèvres de son sexe étaient en revanche très sensibles, quels que soient ses efforts.
Mais cette farouche volonté de ne jamais la décevoir lui permettait alors d'assumer bien des sévices. Elle se concentrait de toutes ses forces pour oublier ses souffrances. Parfois, elle parvenait à oublier la douleur lorsque brisant ses chaînes et la tension nerveuse qui la faisait trembler, Juliette la fouettait et qu'elle se débattait entre ses mains, le visage durci par la peur et le désir. Elle cessait de se raidir, pressée contre le mur, saisie au ventre et aux seins, la bouche entrouverte par la langue de sa Maîtresse, pour gémir de bonheur et de délivrance. La pointe de ses seins se raidissait sous les doigts et parfois même les dents de Juliette. Elle fouillait si rudement son ventre qu'elle croyait s'évanouir. Oserait-elle jamais lui dire qu'aucun désir, aucune joie, aucune imagination n'approchait le bonheur qu'elle ressentait à la liberté avec laquelle elle usait d'elle, à l'idée que Juliette n'avait aucun ménagement à garder, aucune limite à la façon dont, sur son corps, elle pouvait chercher son plaisir. La certitude que lorsqu'elle la touchait, ce fût pour la caresser ou pour la battre. Il arrive que la force du désir se nourrisse dans la chair, d'une succession de faits, de contretemps microscopiques, lesquels finissent par tisser un dessein occulte qui prend alors la forme d'un enchaînement logique et implacable. Comme elle était là, plaquée contre le mur, les yeux fermés, les mains de sa Maîtresse montaient et descendaient le long d'elle la faisant brûler chaque fois davantage. Cette nuit, Charlotte passa une nuit agitée, maintes fois la jeune fille se réveilla en sursaut. L'aube fraîche apaisa son énervement. Elle en conclut qu'elle n'avait plus l'habitude d'être fouettée et quelques traces douloureuses sur ses reins la confirmèrent dans cette idée. Étendue nue sur son lit, elle se remémora la soirée et seulement toute l'horreur de son abandon lui apparut. Elle savait assez bien admirer et mépriser en même temps: ce sont là deux mouvements de crainte, différemment orchestrés. Plus la jeune femme se rassurait en faisant le plein, plus sa Maîtresse se dépouillait et s'épanouissait dans l'immatériel. Elle frémit à l'idée qu'elle avait pu s'offrir, se laisser ainsi sodomiser dans des poses d'une lubricité atroce par des inconnus. Puis, peu à peu, le souvenir de certaines émotions charnelles supplanta la vague de pudeur qui déferlait en elle. Elle repensa à l'ardente virilité de l'homme et trouva la vie plus belle que jamais. Elle se caressa dans la douce lumière du jour tamisée par les volets. L'après-midi, elle retrouva Juliette qui l'emmena chez Paul. Vêtues toutes deux de blanc, on aurait dit des sœurs, et le miroir éclairé renvoya bientôt aux yeux de l'homme leurs intimités lisses et moites. Bientôt, les deux corps dénudés se roulèrent sur le lit en une étreinte sauvage où Charlotte exhala non sans passion sa volupté toujours puissante. Alors Charlotte abandonna son corps aux désirs sadiques de Paul. Il l'entraîna sur une table haute et l'allongea à plat-ventre, jambes et bras écartés en lui liant les chevilles et les poignets fermement avec des cordes en prenant soin d'étirer ses membres en position d'écartèlement extrême. Paul se saisit d'un martinet aux lanières en cuir et commença avec art à fouetter les reins qui s'offraient à lui. Il débuta doucement, visant le sommet des fesses tendues. Elle n'avait pas très mal. Chaque coup amenait seulement un sursaut, une contraction des muscles, mais peu à peu, une douce chaleur irradia sa croupe, se propageant à son vagin. Une torsion légère des cuisses et de ses hanches donnait au corps un balancement lascif. De la bouche de la soumise contrainte sortirent de longs soupirs. Paul, excité, frappa alors plus fort par le travers et les gémissements de Charlotte furent plus profonds et la danse de la croupe s'accentua bientôt. Le plaisir qu'elle prenait, à offrir à sa Maîtresse, autant moite et brûlante, lui était témoin et garant de son plaisir. En même temps qu'elle entendait un sifflement, elle sentit une atroce brûlure dans les reins et hurla. L'homme la flagellait à toute volée. Il n'attendit pas qu'elle se tût, et recommença cinq fois, en prenant soin de cingler chaque fois, ou plus haut ou plus bas que la fois précédente, pour que les traces fussent nettes. Charlotte crispa alors ses poignets dans les liens qui lui déchiraient la chair, le sang monta à la tête. Alors sa Juliette s'accroupit près des épaules de Charlotte et lui caressa la tête, penchée sur elle, lui donnant de longs baisers qui grisèrent la soumise éplorée.
La jeune femme aimait le plaisir, et trouvait agréable et pratique de le recevoir d'une autre femme, entre les mains de qui, elle explorait ses fantasmes. Quelqu'un a baptisé "talismans" certains vers de Racine qui irradient magiquement, toute question de sens logique mise à part. L'optique amoureuse relève du même phénomène: des imperfections, des vulgarités de détail se confondent dans la vision globale d'un ensemble qui, magiquement resplendit. Ses yeux, ses mains, sa bouche s'adressaient à son amante, aux mains, à la bouche, au sexe de Juliette. En quelques instants, elle avait obtenu d'elle plus qu'elle n'avait acquise depuis des mois. Sa Maîtresse devait être comblée puisque Charlotte participait à cette fête, puisque elle aussi aimait sa jeune soumise, sa chair et tout ce que contenait de fou et de feu la calme apparence de ce corps sur lequel le temps n'avait pas encore fait ses griffes. Elle n'aimait que les poètes abandonnés dans les mansardes, les jeunes peintres tuberculeux. Elle vivait à la diable. Il y aurait chez Charlotte toujours les deux tendances en elle, l'une l'emportant sur l'autre au gré des vicissitudes. Tout en elle faisait double allégeance. Paul frappa encore plus fort et les fines lanières cinglèrent alors dans un bruit mat les fesses musclées. La suppliciée se mit à gémir en hoquetant et en tordant son frêle buste que sa Maîtresse maintenait tout en le caressant. Elle lui promit toutes les joies charnelles qu'elle voudrait sur son propre corps, mais lui demanda de résister encore. Parfois Charlotte se tournait vers Paul dénudé, qui, tel un démon, les yeux fous de luxure, le ventre tendu, la verge en érection, la flagellait avec une force inouïe. Alors les lanières léchèrent le sexe entre les cuisses écartées et un long cri s'échappa des lèvres de la soumise douloureusement atteinte. Elle voulut fermer les jambes mais des cinglements plus vifs l'atteignirent sur leur coté. Alors, la douleur devint trop vive. Elle ne voulait pas supplier, elle ne voulait pas demander grâce mais Paul entendait l'amener à merci. Charlotte laissa couler quelques larmes sur la main de Juliette qui fit signe à Paul de cesser la flagellation. On la détacha de façon à lui permettre de pouvoir prendre du repos, mais cet intermède ne dura que peu de temps. Penchée sur le ventre ouvert de la soumise, Juliette posa ses lèvres frémissantes sur le sexe humide et ardent, la faisant sombrer dans une indicible félicité. Mais elle même, sentit monter en elle la plus violente des jouissances sous la caresse précise de Paul qui, glissant sa langue entre ses reins, lapait la peau satinée de sa voie étroite, tandis que des lèvres de Charlotte s'échappait la plainte d'amour, s'éleva le bruissement étouffé de la chair humide et palpitante de Juliette, jouissant de toutes ses forces. Paul dut maintenir les hanches à deux mains, tant les sursauts du spasme furent violents et ininterrompus. Quand Charlotte eut repris ses sens, tous trois revinrent alors sur le lit. Paul fit prendre à la jeune soumise les positions les plus indécentes, puis à son tour, il lui tendit sa verge en érection. Elle s'agenouilla et le masturba lentement, en roulant sa paume tout autour du cylindre de chair avant de le prendre en bouche. Avec violence le phallus se contracta, manquant de ressortir de ses lèvres qui l'aspiraient pour le retenir. Il éjacula brusquement, innondant sa gorge de sperme qu'elle avala religieusement jusqu'à la dernière goutte. Juliette posa son index sur l'anus de Charlotte, et lentement l'enfonça dans les entrailles chaudes, jusqu'au bout. Les yeux fermés, elle cherchait à imaginer, en sentant les contractions des sphincters intimes, la volupté ressentie par un homme dont le membre était pris dans cette voie exiguë. Doucement, elle agita son doigt dans l'orifice offert, tandis que sa soumise redonnait de la vigueur à Paul, par le mouvement de sa bouche refermée et resserrée sur le membre gonflé. Elle comprit qu'à son tour, il souhaitait frayer un chemin au plus étroit. Il ne la laisserait qu'à la nuit tombée, après lui avoir labouré les reins, qu'il lui meurtrirait tant il était épais. Alors, bientôt, il se dégagea, se leva et, attirant par les reins Charlotte, laissa son sexe se caresser au sillon des reins, que Juliette avait laissé à regret. Alors sans préliminaire, il enfonça son phallus, remontant et allant frapper au fond de la cavité de l'orifice naturellement étroit.
La jeune femme se prêtait à ce que son amante lui demandait avec ce qu'il faut bien appeler de la gratitude, plus grande encore lorsque l'invitation prenait la forme d'un ordre. Elle se laissa embrasser et caresser, les yeux fermés, sans répondre par une seule caresse, gémit à peine, puis plus fort, puis encore plus fort, et enfin cria. On voyait briller la sueur entre ses seins. Dans un long gémissement, elle accepta cette chair qui distendait ses reins non sans se débattre, sans être comblée de honte, mais à laquelle, elle ne se déroberait pas, même si cela lui semblait sacrilège. Elle gémit encore plus fort, quand elle sentit le membre caché, buter au fond de ses entrailles. Le membre lui sembla colossal. Elle frémit à l'idée de cette virilité qui s'enfonçait dans ses entrailles et une volupté nouvelle vint s'ajouter à celle qui montait en elle. Paul, les mains aux hanches, poussa bientôt des reins, et le gland amolli par la précédente jouissance se prêta aux replis de l'exiguë bouche. L'anus plissé s'ouvrit sous la poussée continue, lente, inexorable, se distendit suivant le cône de chair qui s'infiltrait en lui comme l'épée dans son fourreau. Paul sodomisa profondément ce jeune corps soumis, se regardant glisser hors de l'étui intime, se contracter, distendre les bords plissés de l'anneau anal. Bientôt, l'excitation fut trop forte et il accentua la cadence, secouant la croupe empalée. Les situations mal définies sont mille fois plus périlleuses: impossible d'y entrer par des calculs, impossible d'en sortir sans aise. L'indomptable volonté de perpétuer la race dans ce qu'elle a d'immuable. Une femme qui ne s'accomplissait que dans le stupre et l'abnégation. Charlotte, elle même avivée par ce frottement intense dans ses entrailles forcées, s'abandonna à son tour, tandis que l'homme lançait en elle, par saccades quatre jets de sperme visqueux et âcre. Elle se tordit de jouissance et, dans une longue plainte, soupira, s'écroula, vaincue par un orgasme dont l'intensité la bouleversa. Paul se retira, la libérant. Charlotte voulut le prendre dans sa bouche pour le laver, mais dédaigneusement, il refusa. Semi-consciente, elle pensa alors seulement qu'aucun orifice de son corps ne serait épargné, qu'elle devrait aussi accepter d'être prise au plus étroit et savait que cette humiliation lui serait infligée par la volonté de la maîtresse qu'elle aimait. Elle était là pour que Juliette assouvisse ses bas instincts, ses plus vils fantasmes. Au fond d'elle même, elle était décidée à ne pas la décevoir. En fut-elle délivrée ? Chaque jour et pour ainsi dire rituellement salie de sueur, de salive, et de sperme, elle se sentait comme un réceptacle d'impureté. Cependant les parties de son corps les plus offensées lui paraissaient, malgré elle, plus belles, comme anoblies. Sa liberté serait bien pire que n'importe quelle chaîne.
Bonne lecture à toutes et à tous.
Méridienne d'un soir.
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"Elle qui avait été nue pendant la plus grande partie de la nuit, il semblait que le geste qu’elle allait fairepour se dévêtir, debout, dans ce par cette obscurité transparente, la livrait plus que la nudité même. Une pudeur barbare engourdissait ses doigts. Puis l’idée que ses compagnons attendaient d’elle, justement,qu’elle leur fît présent de sa métamorphose lui rendit courage. Se découvrir prenait alors un sens, réalisait un acte érotique, avec son protocole, ses préliminaires solennels. Elle se réjouit de n’être pas nue encore, de sorte qu’elle pouvait faire œuvre de beauté en le devant et donner forme ainsi à plus qu’une beauté immobile: une beauté naissante, le moment ailé où l’argile devient seins, ventre, jambes, figure." L'aventure, on la connaît. Elle est radieuse, indécente, charnelle et surtout inimitable même par l'artisan des dieux qu'est la perfection de ses seins de femme. Elle a à peine vingt ans, part pour Bangkok rejoindre Jean, son mari, un diplomate français. Dans l'avion, elle découvre le désir, son secret, sa puissance, le frisson et la jouissance. Arrivée en Asie, Emmanuelle s'ennuie un peu, jusqu'au jour où elle rencontre des petites amies bienveillantes, attirantes, coquines et délicieuses, et puis Mario, bien sûr, le centaure, le mentor, le matamore, qui aime bien les taxis thaïlandais et les prostituées, mais Emmanuelle aussi. Au zénith de l'extase, la jeune biche traverse tous les tableaux érotiques que sa féconde imagination lui soumet, elle s'y adonne et abandonne avec grâce et délice, elle franchit toutes les barrières, lèche, suce, caresse, frôle, bise, baise, embrasse, étreint, boit, goûte, dévore, aspire, effleure, glisse, saisit, empoigne, palpe, palpite, frémit, vibre, transpire, tressaille, touche et se mêle et, par une sorte de miracle cosmique qui n'existe peut-être pas que dans les livres, elle et sa bande jouissent ensemble dans la joie et d'une même voix, et c'est beau comme du saint Augustin sous le pinceau de Manara. Pourquoi lire Emmanuelle ? Parce qu'avant d'être un phénomène social, un film culte, cinquante millions d'entrées, dont neuf en France sur les Champs-Élysées, le film est projeté cinq cent cinquante-trois semaines de suite, le temps, pour beaucoup, d'atteindre la majorité requise et beaucoup trop de mauvais téléfilms, Emmanuelle, c'est un livre. Une œuvre en chef. Plus large encore que le mythe et le fantasme interplanétaire qu'elle a fait naître, plus ample, plus épaisse que le fauteuil en osier, les deux seins invitants, le regard qui frise et le long collier de perles. Parce que Emmanuelle, ce n'est pas du sexe, c'est de l'érotisme onirique, utopique et tendre, un érotisme optimiste, un érotisme radieux. Parce que l'exercice de l'écriture érotique est si exigeant, trop souvent substitué à celui, plus aisé, plus relâché, de la pornographie. Parce qu'à l'heure du sexe mercantile et vulgaire, Emmanuelle raconte une histoire plus exaltante, une sexualité intelligente, heureuse, qui donne envie. Parce que si l'érotisme a le vent en poupe, peut-être est-il devenu moins libre, moins révolutionnaire, et surtout enfin moins littéraire. Et surtout, parce qu'après Emmanuelle, rien n'est plus pareil. "Finalement, si vous voulez tromper votre mari, ce n'est pas pour vous venger, mais c'est, au contraire, parce qu'il vous rend heureuse. C'est parce qu'il vous a appris a aimer ce qui est beau".
"Bientôt, Il se déshabilla et la rejoignit, au milieu des antigones et des jasmins tombés qui embaumaient la vasque. Ils se laissèrent flotter, pris parfois aux rets de longues tiges aquatiques, ou jouant à plonger sous les feuilles natantes, géantes et plates, de ces nénuphars que l’on dit capables de porter le poids d’un homme. Le prince était parti. Ils se serrèrent l’un contre l’autre. Les sens d’Emmanuelle s’émurent à effleurer la verge longue et dure comme une flûte qui disait le désir de l’homme." Ode solaire à la plénitude sexuelle, portée par une œuvre littéraire intemporelle, invitant à la jouissance d'un érotisme radieux, dans un esthétisme raffiné, attaché à l'expression naturelle des sens. Comme le souhaitait l’auteur, "Il faudrait que chaque femme se mette, ne serait-ce que dix minutes, une fois dans sa vie dans la peau d’Emmanuelle". Emmanuelle, dix-neuf ans, part à Bangkok pour rejoindre son époux, Jean. Elle retrouve son mari, mais surtout des confidentes très attirantes qui lui font découvrir tous les secrets du corps féminin, complétant ainsi son éducation sexuelle. Les sommets de son initiation et des jouissances, tant transgressives qu'évoluées, sont atteints auprès de Mario, son véritable mentor, rompu aux désirs multiformes et aux plaisirs de la bisexualité. Sous sa tutelle, elle traverse de multiples tableaux libertins subtilement charnels. Ce parcours la conduit aux confins d'un érotisme débridé, libre de toute considération morale. Lors de son voyage vers la Thaïlande dans un avion étrange et futuriste, "La Licorne envolée", Emmanuelle se laisse peu à peu gagner par une langueur lascive l'amenant à s’abandonner successivement à deux inconnus. L'avion constitue le premier lieu initiatique du roman, décor de son épanchement physique inaugural. Les cloisons de l'engin sont en soie et insonorisées, les cabines spacieuses. Le luxe et le confort, présents partout, ajoutent au sentiment d'étrangeté, hors des normes courantes. C'est d'abord une contemplation narcissique qui naît du regard que pose sur ses jambes et ses genoux dénudés son compagnon de voyage. "Elle détacha d’abord sa ceinture, et sa tunique s’enfla de vent, puis glissa sur sa taille, découvrant son dos fléchi, creusé d’un long sillon qui le divisait de son ombre. Un instant, l’étoffe s’accrocha aux hanches, tordant autour des cuisses et des chevilles ces plis dont les sculpteurs ont tant aimé parer l’effigie de Vénus. Et elle semblait, en effet, comme surgie d’un songe antique, si conforme à l'image préservée au long des siècles dans le cœur des hommes que son apparition laissait totalement incrédule. Emmanuelle ferma les yeux et se mit à sourire."
"Le jour approche où, aussi sûrement que les valeurs artistiques ont séparé l’homme de la bête, les valeurs d’érotisme sépareront l’homme glorieux de l’homme honteux qui se terre dans les réduits de la société actuelle en cachant sa nudité et en châtiant son sexe". Les mots sont empreints d'une rare poésie, ne fuyant toutefois jamais aucune description organique, mais évitent toujours l'écueil de la vulgarité. "Elle le caressa de sa langue et de ses doigts, de son ventre et de ses cuisses, et entre ses seins,qu’elle pressa l’un contre l’autre afin que le pénis fût serré entre eux, comme dans un vagin de vierge. Elle tira, à la fin, de longs jaillissements de semence épaisse, si abondants qu’ils emplissaient presque la double coupe de ses mains. Elle la porta à ses lèvres, puis la tendit à son amant. - En veux-tu ?" Ce qui n'est qu'imagination devient réalité quand ils secaressent mutuellement. Emmanuelle reçoit sur son visage, sur sa bouche, dans ses cheveux, les longs jets blancs et odorants que dégorgent enfin le membre satisfait. Ils paraissent ne devoir jamais se tarir, elle croit les sentir couler dans sa gorge. Elle doit éponger le sperme dont elle a été éclaboussée avec sa couverture et les sécrétions sexuelles qui ont taché son chemisier la conduisent à se rafraîchir. C'est dans un cabinet de toilette, "tout en glaces, en poufs, en garnitures de cuir blanc, en tablettes chargées de cristaux et de lotions" qu'Emmanuelle se donne à son second amant. Arrivée à destination, s'instaurent les conditions d’un nouvel érotisme délivré des contraintes de la vie ordinaire, où elle est peu à peu initiée à un nouveau mode de vie, en compagnie de jeunes françaises séduisantes et lascives dont la seule raison de vivre est de séduire ou d'être séduites. Après avoir dévoilé sa vie intime, au cours d'un véritable questionnaire sexuel, faisant honteusement état de l’insuffisance de son passé érotique, Emmanuelle entreprend de nouvelles expériences, du spectacle de la luxure, aux amours homosexuelles. "Elle finit par s’abolir sans retour et le nuage de sa chevelure surnagea seul."
"Pauvres essais humains que nous sommes, ébauches encore tout enrobées de la boue des marécages pléistocènes! Épris de nos inhibitions, amoureux de nos frustes souffrances, luttant de tout notre aveuglement et de toutes nos forces de brutes évangéliques contre les courants d’espérance qui tentent de nous tirer de l’enfance !" De la tendre initiation, elle passe pour son plus grand bonheur à la luxure au cours de nuits d'orgies sans fin. Sa sensualité s'épanouit auprès de l'adolescente Marie-Anne, jeune adolescente de treize ans, à "l'œil d'elfe." Une des choses les plus délectables qui résultent de la lecture du roman, c'est la façon dont, sous nos yeux, la philosophie prend peu à peu corps dans la chair de l'héroïne. Au début du récit, Emmanuelle agit avec une lascivité certes constante, mais très peu consciente d'elle-même. Elle a l'intuition que quelque chose comme une philosophie peut être tirée de la sexualité, mais sa pratique est globalement irréfléchie. Apparaît alors le personnage de Mario. Outre Emmanuelle, ce personnage semble être le plus important du livre. Tout simplement car sans Mario, Emmanuelle ne serait pas capable de faire les découvertes auxquelles le lecteur a tant de plaisir à assister. Pygmalion et guide spirituel, c'est lui qui va mettre en action la philosophie latente dans la communauté. Il fait de l'érotisme la voie d'accès au bonheur humain, comme une victoire de la raison sur le mythe. Ce n’est pas un mouvement des sens, c’est un exercice de l’esprit. Ce n’est pas l’excès du plaisir, mais le plaisir de l’excès, ce n’est pas une licence, plus qu'une règle, une morale. Érigée en système transgressif, elle repose alors sur trois règles élémentaires, prenant le contre-pied du schéma amoureux conventionnel du couple. Emmanuelle est conviée à les mettre en pratique au nom de la grande loi d’Éros: l’insolite, l’asymétrie et le nombre. Dans un décor lunaire, Emmanuelle est confrontée à des situations inédites, ne se donne qu'en détail à des siamois et connaît l’asymétrie. Au sein de ce nouvel univers parallèle, celle-ci découvre successivement la cérémonie de l’opium, un endroit de culte phallique où les olisbos accrochés dans des arbres sont vénérés par des fidèles puis le triolisme débridé avec Mario et un inconnu. On ne peut pas me prendre ce qui n’est pas à moi, dit Jean. Elle n’est pas mon bien. Elle n’est pas ma beauté. ce don qu’elle a, tous peuvent le deviner. Chercher à profiter d’elle. Vouloir te la prendre".
"Ce qui est beau n’est pas ce qui est nu, mais ce qui se dénude". La constellation Orion les éclaire avec la lumière étincelante de son glaive éclaboussé de nébuleuses et les gemmes de sa ceinture. Le seuil de tolérance érotique se voit sans cesse repoussé, toute rechute de la pudeur d’Emmanuelle étant exclue. Il ne cesse d'encourager sa disciple à se diriger vers les autres, faisant fi de ses a priori, de ses appréhensions,de ses idées reçues pour apprendre l'altérité en multipliant les partenaires. Dans l'ivresse sensuelle, l’ego n'existe pas, du moins pas de la même manière dont il existe au quotidien. "L'art de jouir est ce qui importe et que ce n’est pas assez encore de ne jamais se refuser, qu’il faut constamment s’offrir, se donner, unir son corps à toujours plus de corps et tenir pour perdues les heures passées hors de leurs bras." Emmanuelle multiplie donc les expériences, de l’exhibitionnisme masturbatoire, au "festival de la volupté", comprendre une orgie, en passant par la prostitution volontaire au sein d’une "maison de verre" futuriste, domaine d'une utopie érotique. Tout comme l'avion, la Maison de verre est un lieu clos où Emmanuelle se livre à de nouvelles expériences amoureuses, afin d'achever son initiation. Elle était jeune novice avant. Elle est maintenant une amante experte, ayant connu toutes les formes de plaisir, avec des hommes comme avec des femmes. Elle découvre ici l'amour tarifé où la clientèle masculine vient s'offrir des femmes consentantes ou contraintes. "Elle n’osait s’allonger, bien qu’elle s’attendît à ce qu’on la possédât à plusieurs." Les mains qui s’affairent entre ses jambes et ses reins lui font mal, mais elle accepte qu’on l’ouvre sans ménagements et qu’on l’explore profondément. "Car ce n’est pas vous prendre que je veux, mais vous donner. Je vous prodiguerai, vous dilapiderai comme un trésor trouvé, qu’un chanceux honnête ne songe pas à garder pour lui seul".
"Il est peu d’expériences qui soient plus parfaites et plus harmonieuses, et l’on comprend que ce soit le régal préféré de toute femme de goût". Elle demande grâce pour lui permettre de recouvrer, juste un instant ses esprits, mais préfère s'abandonner à tous. Ses fesses saillent lorsque les doigts de l'homme forcent leurs défenses et sondent impitoyablement leur puits étroit. Alors, elle se tord, tentant d’échapper. Mais il la contraint aussi longtemps qu’elle n’a pas appris à se détendre, à se laisser fouiller, élargir, et finalement contenter. Les attouchements qu’on lui fait subir durent assez longtemps pour imaginer la succession régulière et implacable des membres durs, les uns après les autres, d’abord forçant sa vulve, puis s’enfonçant sans précaution entre les parois des muqueuses, serrées et douloureuses à la longue, mais ointes, par tous ceux qui passeront avant en elle. Elle se montre impatiente qu’on la possède, de pouvoir accueillir toutes les verges et de recevoir autant de sperme. Elle ne connaît désormais, pour tout repos, que celui procuré par la jouissance pure, quel que soit le chemin qui y mène. Cependant, l’essentiel réside moins en un renouvellement de situations toujours plus insolites qu’en la conversion érotique progressive d’une jeune femme croyante, vierge et récalcitrante. la jeune et sage Anna Maria Serguine qui sera gagnée, à son tour, par l'ardeur érotique, concluant au triomphe du "trio heureux." L'univers d'Emmanuelle devient un monde sans obstacle, timidité ou pudeur, dans lequel nul ne tend à l'exclusive sexuelle, et pas davantage à la domination. Le sentiment de culpabilité n'existe pas. Il n'y a ni dégoût, ni refus, ni lassitude. L'utopie a une part profonde dans l'aventure d'Emmanuelle. Mais l'auteur ne propose pas une rêverie plus ou moins vague autour de l'érotisme. Le roman traduit son désir d'agir sur le monde et de le transformer, en offrant l'exemple d'une autre compréhension des êtres et des rapports qui peuvent finalement établir entre eux. Les seins du rocher de l’Aphrodite, s’ils vivaient de vie, qui leur accorderait un regard, auprès des seins de l'esclave ? L'illusion n'est pas ici dans le camp de la littérature et la réalité dans celui de la vie quotidienne, prosaïque et médiocre. L'oeuvre engage à dépasser le schéma ordinaire et simpliste pour aller, comme l'héroïne qu'elle met en scène, au plus loin de son désir et de sa volonté. Le roman n’est donc pas un simple récit érotique destiné au plaisir libidinal du lecteur, mais porte l'ambition d'une dynamique érotique optimiste et décomplexée. En nous incitant à faire de la vie une recherche de plaisir toujours renouvelé, l'ouvrage est une ode à l'hédonisme. La quête d'Emmanuelle n'est donc pas terminée. Le cœur se brise à la séparation des songes, tant il y a peu de réalité dans la femme qui s'offre aux hommes.
Hommages à Marayat Bibidh (Emmanuelle Arsan),
son mari Louis-Jacques Rollet-Andriane, et enfin, l'inoubliable Sylvia Kristel.
Bonne lecture à toutes et à tous.
Méridienne d'un soir.
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"Voici plus de cent ans que les deux premiers mythes assyriens, comme on disait alors: le récit du Déluge et la Descente d'Istar aux Enfers, ont été découverts, avec quelque stupeur, par les premiers déchiffreurs des cunéiformes. Depuis, trois ou quatre générations de ces spécialistes ont continué de suer sang et eau pour en retrouver d'autres, dans les monceaux de tablettes inscrites, sorties de terre par les archéologues et trop souvent réensevelies aussitôt dans les tiroirs des musées". Fille d'Anou ou de Sin, sœur de Shamash et d'Ereshkigal, la reine du monde souterrain, Isthar ("Ištar") était la grande divinité du Proche-Orient, la parèdre des dieux ou leur courtisane, la déesse de la reproduction. Primitivement divinité agraire, liée au rite des saisons, elle remplissait une fonction identique à celle des déesses mères des dieux de la fertilité, dont la descente dans le monde souterrain symbolisait le sommeil hivernal de la végétation. On la considérait aussi comme la maîtresse de ces régions infernales, qui provoquait disputes et querelles parmi les humains. Amoureuse du dieu des moissons Tammuz, à l'origine son fils, dieu de la végétation et des moissons, elle provoque sa mort, comme l'Aphrodite grecque celle d'Adonis, puis descend aux enfers supplier sa sœur Ereshkigal de lui rendre son amant. Mais celle-ci l'emprisonne et la frappe des soixantes maladies infernales. Ea, à la demande de Shamash et de Sin, envoie Asushu-Namir, l'hermaphrodite la délivrer à l'aide de paroles magiques et d'une aspersion d'eau de vie, que l'on retrouvera plus tard dans le rite du baptême. Elle repasse les sept portes du monde souterrain et revient sur terre. Cette légende, racontée sur un document cunéiforme, est commune aux Grecs, Perséphone et aux Mexicains, Quetzalcoatl. Par analogie, elle devint la déesse de l'amour et de la mort, à l'instar des plantes se reproduisant par la graine, qui meurent pour mieux renaître. Particulièrement vénérée dans toute l'Assyrie et à Babylone, en Phénicie sous le nom d'Astarté, en Akkadie sous celui d'Innanna, elle reparaît chez les Grecs sous les traits d'Aphrodite. À Ninive, elle était considérée comme la déesse de la guerre, figurée debout dans un charriot tiré par sept lions, tenant un arc, tandis qu'à Erech, elle était la déesse de l'amour, voluptueuse et tendre, mais capricieuse et irascible. À Sumer, où elle personnifiait la planète Vénus en tant qu'étoile du matin, elle était considérée aussi comme une déesse guerrière représentée armée d'un arc, et étoile du soir, incarnation de l'amour et du désir. On a vu en elle le prototype de la femme fatale, capricieuse et capable des pires violences envers les dieux qui bénéficièrent de ses faveurs. En Occident, on la représentait portant un anneau à la main gauche et tenant un calice dans la main droite, parfois armée comme Minerve, attributs symbolisant la continuité de la vie, la puissance de l'eau, du lait, du sang ou du soma, telle la boisson donnée à Tristan par Iseult. Les sources mésopotamiennes nous présentent une image déconcertante et apparemment contradictoire de la déesse Ishtar. D'un côté, elle était l'auguste Reine des Cieux assise sur un trône avec une bordure d'étoiles et était appelée “Ishtar des Étoiles", la Reine des reines, la Dame des dames, la Déesse des déesses, la Très-Haute, et la Maîtresse des pays. Elle était la Créatrice des dieux et de l'humanité, la Mère des hommes, la Mère compatissante de celles qui donnent naissance. Elle était la Pure, la Sainte, l'Innocente, la Sage et la Fille vierge de la Lune ou“Ishtar de la Sagesse", une épousée voilée, dont la caractéristique primaire était la pureté, la chasteté, la prudence, la sagesse et la très grande beauté. Depuis les temps les plus anciens, ses épithètes constantes étaient "Sacro-sainte" et "Vierge". Elle était associée à la planète Vénus et sa représentation symbolique la plus courante était l'étoile à huit branches. Dans l'iconographie assyrienne, elle est souvent représentée comme une figure féminine entourée par une forte luminosité. Par ailleurs, elle apparaît aussi comme une sorcière, une prostituée et une maquerelle à la tête d'un troquet ou d'un bordel. Dans la VIème tablette de l'Épopée de Gilgamesh, elle est à la tête d'une armée de prostituées et approche Gilgamesh en femme séductrice, charnelle, brûlant pour le beau héros. Ailleurs, elle est comparée à la démone Lilith.
"L'écriture proprement dite n'est apparue qu'à partir du moment où, par le moyen de tels raccourcis, que nous appelons, comme tels, pictogrammes. On a voulu reproduire, non plus des objets et des scènes choisis par les artistes pour suggérer leurs états d'âmes ou leurs fantasmes, mais la totalité de ce qui, tiré de la réalité, roule dans notre pensée". On doit souligner, cependant, qu'une image aussi négative de la déesse est totalement absente des inscriptions royales assyriennes, qui soulignent chaque fois sa sainteté, son caractère noble et ses aspects maternels, en nous la présentant comme une vierge belliqueuse qui court sus aux ennemis du roi assyrien. Ses symboles et attributs étaient multiples et incluaient la tourterelle, l'arc, la conque, l'utérus, la tour-ziggourat, l'arc en ciel, l'étoile à huit branches, le croissant et la pleine lune, la vache qui allaite, la vache sauvage à cornes, le cerf, le lion, le palmier, la grenade et plusieurs autres. À la période impériale, toutes les déesses étaient mises en équivalence avec elle, et elle recevait de nombreux noms et avait un culte dans de nombreux endroits. Ses nombreux noms étaient des appellatifs qui évoquaient des aspects ou des variétés de cette déesse universelle. La multiplicité et la nature controversée d'Ishtar était déjà complètement réalisée dans l'Antiquité et était partie intégrale et intentionnelle de son image. La clef de l'essence de la Déesse se trouve dans le petit corpus des oracles prophétiques assyriens, où on lui voit jouer deux rôles, en apparence distincts mais en relation étroite: celui de la mère céleste du roi assyrien et celui de la déesse oraculaire assyrienne par excellence. La relation mère-enfant entre la déesse et le roi, implicite dans chaque oracle du corpus, est élaborée à travers un ensemble d'images et de métaphores qui soulignent la totale dépendance du roi de sa mère divine et l'ardent désir de cette dernière pour son enfant. De façon plus banale, le roi est représenté comme un enfant, élevé, et protégé par la déesse, qui tantôt apparaît comme sa mère, tantôt comme sa nourrice, et qui l'appelle tendrement "mon petit veau" ou "mon roi", tandis qu'elle attaque férocement ses ennemis. Il y a toutes raisons pour croire que cette imagerie de mère/enfant n'était pas que simple métaphore. Nous savons que les princes assyriens étaient confiés, encore enfants, aux temples d'Ishtar, presque certainement pour être allaités et élevés par des hiérodules qui incarnaient les aspects maternels de la Déesse. La Mère divine du roi, Mullissu, était Ishtar sous son aspect de Reine des Cieux, la Créatrice des Dieux et des êtres vivants. Son nom signifie à l'origine "Enlil-femelle" mais, à l'époque impériale, elle a certainement été réinterprétée comme "Celle qui sanctifie". Dans beaucoup d'inscriptions royales assyriennes, Mullissu porte l'épithète de "Vache sauvage". Cette épithète la marque comme la mère du roi assyrien attaquant férocement les ennemis de son fils, mais l'associait aussi avec la mère de Gilgamesh, la sage et sainte Ninsun, qui portait la même épithète. Au même moment il la mettait en relation, du fait des cornes de la vache avec le croissant lunaire, et l'identifiait ainsi avec la chaste et virginale "Fille de la Lune", "l'aspect lunaire d'Ishtar aussi connue comme "Ishtar de la Sagesse". Reconnaître en Mullissu/Ishtar l'équivalent assyrien du Saint-Esprit aide à comprendre son rôle éminent comme déesse oraculaire dans la prophétie assyrienne; comme le Souffle de Dieu donnant vie à la création et animant tous les êtres vivants. Elle était l'Esprit de Dieu résidant dans les prophètes et autres personnes sacrées et parlant par leur bouche. Le rôle central joué par la prophétie extatique dans le culte d'Ishtar rend en fin de compte possible de comprendre pourquoi elle était représentée comme une prostituée, une femme légère, un rôle diamétralement opposé à celui de la Reine des Cieux.
"Le terme de religion définit l'attitude des hommes vis-à-vis d'un ordre de choses qu'ils appréhendent obscurément et d'instinct comme radicalement supérieur à eux-mêmes et à tout ce qui les environne ici-bas". Ces deux rôles contradictoires de la déesse étaient fondamentaux pour le culte d'Ishtar et son fondement doctrinal, le mythe de La Descente d'Ishtar aux Enfers. Dans son essence, le culte d'Ishtar peut être défini comme un culte ésotérique à mystères promettant à ses dévots un salut par transcendance et une vie éternelle. Comme le Tantrisme de Shakta, le culte extatique de la déesse mère hindoue, il a une cosmogonie sophistiquée, une théosophie, une sotériologie et une théorie de l'âme, qui étaient cachés aux gens exotériques par le voile des symboles, métaphores et énigmes qui n'étaient expliqués qu'aux initiés, lesquels étaient astreints au secret par serment. Mais Ishtar ne faisait pas que subsumer toutes les déesses. Sous son aspect céleste de Reine du Ciel et progénitrice des Dieux, elle englobait aussi tous les dieux mâles et leurs pouvoirs. L'idée sous-tend tout le récit métaphorique du déshabillage et du rhabillage de La Descente d'Ishtar et elle se présente dans d'autres symboles centraux de la Déesse, tel l'Arc-enciel, qui la décrivait comme la convergence des couleurs des sept dieux planétaires, et l'Arbre sacré, symbolisant l'Âme Parfaite comme une somme des pouvoirs de l'Arbre. Issu du Dieu transcendant, il était partie de son ineffable essence divine, comme les rayons du soleil issus de leur source inépuisable. Ishtar était Assur lui-même, manifesté sous son aspect de divin Amour sous-tendant toute existence. Cela explique les nombreux points de contact de la religion assyrienne avec le Christianisme, le Judaïsme, la Gnose et le Néoplatonisme. Ces systèmes religieux et philosophiques ont perpétué les idées théologiques fondamentales qui ont pris forme dans l'empire assyrien et ont été propagées vers l'ensemble du Proche-Orient pendant plus de sept-cents ans. Les sociétés mésopotamiennes sont des univers d’hommes où les femmes, sauf exception, n’ont pas accès à la sphère publique. Au mieux, elles tiennent le rang de leurs époux. La domination masculine passe par les coutumes et les lois, plus banalement par les vêtements. À la femme, pour qui le mariage tient lieu de carrière, reviennent la procréation, le voile et la sphère privée. À l’homme, la création et la sphère publique. En cela, la Mésopotamie ne se distingue guère des sociétés patriarcales d’Europe où il est à proprement parler totalement inenvisageable pour les hommes et difficilement crédible pour les femmes elles-mêmes qu’elles puissent être productrices d’imaginaire. En Mésopotamie, comme dans toute société patriarcale, le pouvoir et l’argent appartiennent aux chefs de familles nantis dont les enfants n’héritent, parfois tardivement, qu’à la mort du père. Ne pouvant accéder au mariage, ils ont le loisir d’entretenir des rapports avec des femmes de statuts différents qu’il est difficile de subsumer, comme il est de coutume de le faire chez les assyriologues, sous l’unique traduction de "prostituées". Ces relations ont le mérite de satisfaire les uns sans contraindre les autres à s’engager dans des relations institutionnalisées et non désirées avec autrui. En un mot, les sociétés mésopotamiennes savent gérer la sexualité des jeunes hommes.
"Comparable à l'amour, qui se fonde d'abord sur cette autre impulsion, tout aussi spontanée et irraisonnée, qui nous porte avec force vers un autre individu de notre espèce, dans lequel nous pressentons comme un complément, un enrichissement de notre personne et de notre vie, la religion suit un tracé analogue, si ce n'est qu'elle n'évolue pas su le plan horizontal, à la recherche de l'autre,mais vertical, du sur-naturel". Ishtar était la plus importante déesse en Syrie et en Iraq durant trois mille ans av. J.-C. Son nom sumérien Inana est probablement dérivé du Nin-ana, "La Dame du ciel". Ishtar était son nom akkadien qu’on trouve en Syrie sous forme Astarte (Ashtoreth biblique) et sud arabique une divinité mâle Athar. Il n’y a pas une tradition qui note qu’Inana ou Ishtar avait un époux permanent, elle est directement représentée en art en plusieurs aspects comme ceux gravés sur un sceau-cylindre néo-assyrien. La déesse paraît comme un squelette sans habits ailés, puis son deuxième aspect est une déesse-guerrière, ailée, armée avec poignards et épée. Elle pose sa jambe nue sur un lion, prête à le tuer. Son troisième aspect la montre dans une scène de culte astral devant un roi préféré qui lui présente ses adorations, entouré d’auréole de stars. Ses habits et sa nudité reflètent son rôle de déesse du sexe, de la prostitution et du mariage sacré. Le mariage sacré est un terme emprunté à l’histoire de la religion grecque ("hierons gamos") pour décrire en effet deux différentes sortes de rituels en Iraq et en Syrie. La première, l’idée du mariage entre deux divinités, était utilisée dans plusieurs pièces mythiques comme moyen d’expliquer la création comme déjà cité. Dans un rituel enregistré datant probablement de la période néo-assyrienne et néo-babylonienne ou plus tard (la première moitié du premier millénaire), un mariage entre deux divinités était un acte dans une cérémonie symbolique (nommée "hashadu") dans laquelle des statues de cultes étaient portées ensemble. Un lit de cérémonie était présent. Ainsi les statues devaient se marier. Une telle cérémonie était consacrée pour le dieu Marduk et la déesse "sarpanitu" à l’occasion du nouvel an au premier jour du printemps, ainsi pour d’autres couples divins comme Nabu et tashmetu, Shamash et Aya. Ces cérémonies des mariages divins ne sont pas liées à des mythes particuliers, mais à des occasions religieuses. La deuxième, c’est une idée différente de la précédente, connue de plusieurs périodes plus anciennes, c’est un rituel de faire faire l’amour, apparemment, entre un roi déifié et la déesse Inana. Cette scène est considérée comme un symbole semblable à l’union sexuelle mythique entre le dieu de la fertilité Dumuze et Ishtar. L’évidence littéraire exclusive de ce mariage est datée de l’époque néo-sumérienne à la fin du troisième millénaire, et on n’est pas sûr qu’il y ait eu un rapport sexuel réel entre le roi et une prêtresse représentante de la déesse Ishtar, ou que tous ces rituels étaient symboliques. Les beaux poèmes et chants sumériens consacrés au culte d’Inana et Dumuz suggèrent que la fertilité de la végétation, l’animal et l’homme étaient considérés en quelque sorte comme dépendant de l’union de ce couple divin ; mais comme on ne possède pas une description ayant survécu à ce rituel, comme par exemple quelque détail préservé dans la cérémonie de nouvel an, il est difficile de savoir s’il y avait eu ou non un certain acte sexuel dramatique. Au cinquième siècle av. J.-C., Hérodote avait encore écrit sur Babylone. Il relate que chaque femme, une fois dans sa vie, devrait aller au temple d’"Aphrodite", c’est-à-dire Ishtar-Inana et attendre qu’un étranger passe et jette une pièce de monnaie dans son giron comme prix de sa faveur. Puis, elle était obligée d’aller avec lui à l’extérieur du temple, et avoir une relation sexuelle, pour rendre ses devoirs à la déesse. Peut-être que cette histoire est complétement imaginaire. Mais, au deuxième siècle de notre ère, le chroniqueur Lucian écrit, apparemment de sa mémoire personnelle, autour d’une coutume similaire dans le temple d’"Aphrodite", probablement Astarte/Ishtar, à Byblos au Liban ou non loin de là.
"L'Assyrie n'a pratiquement rien apporté de valable ou de capital, et elle restera toujours en manifeste et profonde dépendance de la Babylonie: victorieuse ou vaincue, Babylone demeurera le pôle intellectuel et spirituel du pays entier, même à l'époque brillante des Sargonide, entre 720 et 609". Il est évident que la prostitution existait dans la société syro-iraquienne ancienne, là où le mariage était un contrat très important comme cela est reflété dans la loi célèbre d’ Hammourabi au dix-huitième siècle avant notre ère. Dans l’épopée de Gilgamesh, une célèbre courtisane ou prostituée appelée Shamhat, séduit Enkidou le berger du désert, et lui offre son corps et la jouissance pour l’initier à la vie civile et l’amener à rencontrer le beau roi Gilgamesh à Uruk. La prostitution est mentionnée avec plusieurs groupes des femmes engagées plus ou moins dans des activités religieuses. Il semble que la déesse Ishtar/Inana était présentée comme protectrice des prostituées. Et dans des chants pour elle, on indique qu’elle était aussi prostituée, et que son temple est métaphoriquement appelé une taverne. Il semble possible que la prostitution, était organisée avec d’autres activités féminines comme les sages-femmes, et les nurseries, lesquelles étaient manipulées par le temple. L’exploitation de la femme dans les sociétés orientales n’est pas assez claire, mais on peut relever une grande différence en établissant une comparaison avec les périodes plus récentes. Nous possédons plusieurs données d’arts épigraphiques depuis la préhistoire jusqu’aux époques néo-assyriennes du premier millénaire avant notre ère, lesquels dessinent et décrivent des scènes de relations sexuelles qui sont mal ou bien interprétés comme représentations de sexes rituels, en particulier le mariage sacré. D’autres pratiques des rites sexuels sont moins humains et ont moins de but social important. Ces pratiques paraissent implicites dans plusieurs allusions obscures dans la littérature aux activités sexuelles d’un public normal et les témoignages pictographiques devraient être liés à cela. L’analyse est difficile, très peu d’informations écrites ne sont pas assez claires, et puis, il y a des matériels iconographiques qui ne sont pas publiés. Les preuves de l'existence d'Ishtar nous viennent de Mésopotamie, une région du Proche-Orient ancien qui est généralement considérée être située entre les rivières Tigre et Euphrate. Bien que l'emplacement exact de la Mésopotamie soit sujet à débat, il est considéré qu'elle correspondait globalement à l'Irak, le Koweit et des parties de la Syrie, de l'Iran et de la Turquie. La Mésopotamie est le foyer de plusieurs des premiers grands empires du monde, ce qui inclut les Empires Akkadiens, Babyloniens et Assyriens. Ishtar a eu un impact conséquent sur les imageries et les cultes de plusieurs déesses qui lui succéderont, ce qui inclut la fameuse déesse de l'amour grecque, Aphrodite, et d'autres déesses populaires comme Astarté. Plusieurs déesses de l'Epoque classique, telles qu'Aphrodite, Artémis et Athènes, ont continué de fonctionner comme des symboles culturels importants. Ishtar, en comparaison, n'a pas bénéficié d'une pareille longévité de son image. Elle est passée d'être l'une des divinités les plus attestées de la Mésopotamie, à un oubli pratiquement absolu. La descente d'Ishtar vers l'anonymat de nos jours est le résultat de plusieurs facteurs mais peut être possiblement connecté à la disparition du système d'écriture cunéiforme.
"La victoire du roi Hammurabi et sa promotion assignent au pays sa configuration définitive, en un royaume unique, et lui donnent pour toujours un centre à la fois politique, économique, culturel et religieux. Babylone, qui demeurera jusqu'au bout, travers toutes les vicissitudes de l'histoire locale, la véritable métropole de la Mésopotamie. On pourra désormais parler de "civilisation babylonienne", tant cette glorieuse cité a confisqué et gardé le flambeau de la vieille culture du cru, élaborée sur place depuis plus de mille ans déjà". L'influence d'Ishtar dans le monde antique a survécut à travers le script utilisé pour enregistrer ses mythes et prophéties. Inanna/Ishtar est fréquemment présentée de façon anthropomorphique dans les mythes. Dans la poésie sumérienne, elle est dépeinte comme une jeune femme qui vit à la maison avec sa mère, Ningal, et son père, Nanna (le dieu de la lune Mésopotamien, Sin). Son frère jumeau est Utu (Shamash sémitique), la divinité du soleil, qui est connecté au concept de la justice. Ishtar elle-même est également associée à un corps céleste: Vénus, l'étoile du matin et du soir. Le partenaire romantique de la déesse est Dumuzi (Tammuz sémitique), qui apparaît dans les mythes comme un roi berger. La mère de Dumuzi est la déesse Duttur, et sa sœur est Ghestinanna. Les anciennes sources pour Ishtar, bien qu'extensives, sont fragmentaires, incomplètes, et difficiles à contextualiser. La nature problématique des preuves concernant Ishtar est surprenant si l'on considère le statut élevé de la déesse, et son influence durable dans le monde antique. Les difficultés entourant les preuves peuvent largement être attribuées (mais pas exclusivement) à l'ancienneté de la déesse. Parmi les anciennes sources littéraires, la déesse est mieux connue pour son apparition dans deux des mythes les plus connus de la Mésopotamie: l'"Epopée de Gilgamesh", et "la Descente d'Ishtar aux Enfers". "L'Epopée de Gilgamesh" est l'une des premières œuvres de littérature épiques connues au monde, ayant survécu sous différentes versions. L'histoire raconte le voyage d'un jeune héros Gilgamesh, un demi-dieu roi de la ville d'Uruk. Dans la version Babylonienne standard de "l'Epopée de Gilgamesh", Ishtar apparaît de façon proéminente dans la Tablette VI. Ici, Gilgamesh est décrit se baignant et nettoyant ses armes après s'être battu contre le Gardien de la Forêt, Humbaba, plus tôt dans le récit. Ishtar remarque la beauté du jeune roi et le regarde avec convoitise. Elle lui propose de se marier et lui offre de belles incitations pour adoucir l'affaire. Gilgamesh, semble-t-il, ne veut pas se marier à Ishtar, et il prend la décision discutable de la rejeter durement en des termes peu flatteurs. Dans son refus de la proposition d'Ishtar, Gilgamesh compare la déesse à une porte dérobée, un bélier défectueux et une chaussure qui mord les pieds de son propriétaire. Cette dernière insulte peut être vue comme étant de mauvais augure, puisque dans l'ancienne divination, une abrasion due à une sandale mal ajustée était considérée comme un présage de conséquences potentiellement fatales. Ishtar est dépeinte comme étant profondément affligée par le cruel rejet de Gilgamesh. Elle voyage aux Cieux pour visiter la divinité du ciel, "Anu" Au travers d'usage de menaces et de chantage émotionnel, la déesse persuade le vieux dieu de lui prêter son Taureau du Ciel. Son plan est d'utiliser le puissant guerrier bovin pour exercer sa vengeance contre Gilgamesh. Quand Anu finit par donner son accord, Ishtar mène le Taureau de retour vers la terre. Le Taureau cosmique se bat contre Gilgamesh et son compagnon, Enkidu. Les deux héros arrivent à tuer la puissante bête, et Ishtar pleure sur le corps avec les femmes de la ville pendant deux jours.
"La raison d'un pareil engouement pour la littérature, c'est sans doute le sentiment que, ces œuvres tenant à un passé désormais révolu, il les fallait préserver à tout prix, comme de vieux monuments 'autant plus inestimables qu'ils retenaient un antique apanage". Ishtar et son mari berger, Tammuz (Inanna et Dumuzi sumérien), sont les protagonistes divins d'une des plus anciennes histoires d'amour connues. Malgré le fait qu'ils partagent une relation intime et pleine d'amour dans la poésie sumérienne, leur romance ne connaît pas de fin heureuse. Une fois qu'Ishtar et Tammuz se sont unis, ils sont vite séparés par la déloyauté, la mort, et des démons des Enfers. Le mythe de "la Descente d'Ishtar aux Enfers" raconte l'histoire du voyage de la déesse aux Enfers, foyer de sa sœur, Ereshkigal. Bien que plusieurs raisons ont été suggérées pour le voyage d'Ishtar, il semblerait que le plus probable soit qu'elle ait été motivée par son ambitieux désir d'augmenter ses propres pouvoirs. La déesse voyage à travers sept portes des Enfers, enlevant un vêtement à chaque porte. Ishtar arrive finalement nue devant sa sœur, Ereshkigal, qui est la Reine des Enfers, et est tuée. La mort de la déesse de l'amour la laisse piégée dans les Enfers et nécessitant un sauvetage. Avec l'assistance de son fidèle compagnon, Ninshubur, Ishtar est ressuscitée grâce au complot intelligent du dieu de la sagesse, Ea. La place d'Ishtar dans les Enfers ne peut pas être laissée vide, et la divinité (des Enfers) remonte accompagnée d'un groupe de démons pour trouver un remplaçant. Après une longue recherche, son époux, Tammuz, est envoyé aux Enfers à sa place. Ishtar dans ses représentations peut être accompagnée par son animal emblématique, le lion, et elle porte souvent des armes. Inanna sumérien, en particulier, est souvent représentée avec un lion ou se tenant debout sur un lion. Elle apparaît également dans l'iconographie sous sa forme céleste, une étoile à huit pointes, et est associée dans les sources visuelles aux rosaces. L'étoile d'Ishtar est souvent dépeinte aux côtés d'un disque solaire et d'un symbole sous forme de croissant de lune, représentant son frère, la divinité solaire Shamash (Utu sumérien) et son père, la divinité lunaire Sin (Nanna sumérien). L'association d'Ishtar avec l'emblème astral d'une étoile à huit pointes est retrouvé sur les joints de cylindre provenant de la période des dynasties archaïques (2900-2300 avant notre ère) et reste étroitement liée à la divinité pendant des milliers d'années d'histoire Mésopotamienne, jusqu'à la période néo-babylonienne. Ishtar n'est pas connue de nos jours, et ce qui reste de son image a souvent été obscurci par des préjugés historiographiques. La controverse autour de l'image moderne d'Ishtar peut être vue de façon évidente dans la fixation distortionnée autour de la sexualité de la déesse que l'on retrouve dans nombre d'études du 20eme siècle. Bien que la sexualité d'Ishtar soit un aspect vital de son image, l'accentuation sur son aspect érotique a éclipsé nombre des autres éléments importants liés à l'image de la divinité, comme sa connexion à la guerre et à la justice, son association à la musique, la joie et l'abondance, et ses liens religieux à la mort et la vengeance. La méconnaissance des mythes de la déesse de nos jour a, en règle générale, eu pour résultat que son image soit retrouvée principalement dans des travaux avec un fort apport mythologique, particulièrement dans les genres littéraires de la science-fiction et de la fantaisie. Ishtar, la première déesse de l'amour connue au monde, est connectée à plusieurs formes d'intimité émotionnelle. Bien que cette association inclus certainement l'amour sexuel, elle englobe toute une variété d'autres formes de liens d'amour. La déesse a des relations affectueuses avec sa famille divine, et sa servante, Ninshubur. L'amour connectait également la déesse au roi mésopotamien historique, d'un lien unique qui mêlait les rôles d'une mère, d'une épouse et d'une sœur. Les affections de la déesse était considérées comme porteuses de protection pour ceux dont elle prenait soin, unissant les familles, les communautés et les empires de liens qui persévéraient au-delà de la mort. "Célébrez Ishtar, la plus auguste des déesses"
Bibliographie et sources:
- Paul-Alain Beaulieu, "La déesse Ishtar"
- Brigitte Groneberg, "Cultes, mythes de Babylone"
- Béatrice Laubadère, "Sur les traces de la déesse Isthar"
- Marc de Laboulaye, "Le mythe sacré de la déesse Isthar"
- René Labat, "Les grands textes de la pensée babylonienne"
- Jean Bottéro, "Lorsque les dieux faisaient l'Homme"
- Marie-Joseph Seux, "Hymnes aux dieux de Babylonie"
- Jeremy Black, "Literature of Ancient Sumer"
- Zainab Barhani, "Femmes de Babylone"
- Louise M. Pryke, "Mythes autour de la déesse Ishtar"
- Simo Parpola, "La symbolique de la déesse Ishtar"
- Anthony Green, "Mythes de l'ancienne Babylone"
- Julia M. Asher-Greve, "La pensée babylonienne"
Bonne lecture à toutes et à tous.
Méridienne d'un soir.
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Sandy et moi
Lors d’une rencontre SM, mes maitres font la connaissance d’un couple qui possède une esclave d’une trentaine d’années. Une jolie fille pulpeuse. Qui se prénomme Sandy. Je n’avais pas réalisé, mais elle porte une perruque. Elle a le crâne rasé.
Elle est sympa nous faisons vite connaissance, je constate qu’elle a beaucoup de marque de fouet et d’autres tortures sur son corps.
Nos maîtres respectifs viennent nous attacher et les deux nous avons un masque, moi en cuir, elle en latex.
On lui dilate sa chatte et son cul à l’extrême tandis que nous sommes côtes à côtes et mon cul lui est également dilaté et doublement fisté.
Une fois que nous avons donné le meilleur de nous-même, les maîtres de Sandy examinent mon pubis, ma bouche édentée et leurs regards se porte ensuite sur Sandy avec une sorte de malice.
Nous nous quittons, durant le trajet du retour, je pense à Sandy et par réflexe je me mets à toucher ma bite insensible. Arrivés à la maison, j’ai encore très mal au cul.
Mes maitres m’installent sur le lit plastifié du donjon en lieux et place de ma chambre. Je suis attachée. Le maitre me met l’entonnoir dans la bouche et madame si vide la vessie. Je n’ai pas le droit de recracher, je dois tout avaler. Elle me met une couche propre et ils vont se coucher me laissant là pour la nuit.
Un mois plus tard mes maitres m’informent que nous aurons de la visite. Je les vois s’activer dans le donjon, un homme arrive, je le reconnais, c’est celui qui m’a retiré mon scrotum m’a coupé les nerfs de la bite. Tout d’un coup j’ai peur.
On me met sur le lit du donjon, il me retire ma couche et regarde son travail tel un bon ouvrier content de lui. Teste les sensations de ma verge avec une aiguille, je ne réagis pas, il est très content.
Il me demande si je veux un piercing, mes maîtres sont d’accord, je dis oui. Il désinfecte mon entre jambe et à la place du scrotum, m’insert un anneau. Ce n’est pas fini me dit t’il. Je suis docile et me laisse faire. Une fois terminé, je me retrouve avec un anneau de deux centimètres dans le nez.
A ce moment la sonnette grésille, Sandy et ses maitres arrivent. Je vois qu’elle est nerveuse.
Elle est tout de suite installée sur la « table d’opération ». Elle reçoit un Valium et des injections anesthésiantes locales. Le toubib lui désinfecte l’entre jambe et se met au travail : il lui retire le clitoris, il tombe dans un bol, c’est au tour des petites lèvres, des grandes lèvres. Je suis subjuguée par le spectacle.
Et pour terminer, il lui coupe le téton du sein gauche, elle hurle, car pas d’anesthésie à cet endroit.
Mes Maitres me regardent et elle me dit : -« Comme toi, elle ne sentira plus la jouissance. »
Du coup j’ai peur pour mes tétons…
Mon piercing du nez me fait mal, mais Maîtresse y accroche une chainette avec un mousqueton.
Le Maître de Sandy prit d’une subite idée, demande au toubib de mettre à Sandy le même piercing nasal.
Elle se laisse faire, ça va vite et nous nous trouvons elle et moi accroché chacun à une extrémité de la chaîne par le nez.
La suite à venir
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Prolapsus, un mot qui me fascinait, générait de la crainte et des fantasmes.
Maintenant il est là et bien présent, je dois faire avec. Oui il me fascine de le regarder via un miroir, oui il fascine mes parteanires.
Cette belle rose accueillante, ouverte à leurs bites. Mais qui me procure aussi des gênes, une incontinence odorante, de devoir le rentrer quand je suis aux toilettes.
Mais étant tout le temps assise, je n'ai pas la crainte qu'il sorte. Je dois vivre avec, je le prends comme un modification corporelle de plus et non comme une affection.
Qu'il est beau mon prolapsus
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"Et, d'abord, Gaïa enfanta son égal en grandeur, l'Ouranos étoilé, afin qu'il la couvrit tout entière et qu'il fût une demeure sûre pour les Dieux heureux. Et puis, elle enfante les hautes montagnes, fraîches retraites des divines Nymphes qui habitent les montagnes coupées de gorges, et puis la mer stérile qui bout furieuse, Pontos ; mais pour cela, ne s'étant point unie d'amour. Et puis, unie à Ouranos: elle enfante Océan aux tourbillons profonds, et Coéos, et Crios, et Hypérion, et Japet, et Théia, et Rhéa, et Thémis, et Mnémosyne, et Phoebé couronnée d'or, et l'aimable Téthys. Et le dernier qu'elle enfante fut le subtil Kronos, le plus terrible de ses enfants, qui prit en haine son père vigoureux. Et elle enfanta aussi les Cyclopes au cœur violent, Brontès, Stéropès et le courageux Argès, qui remirent à Zeus le tonnerre et forgèrent la foudre. Et en tout ils étaient semblables aux autres Dieux, mais ils avaient un œil unique au milieu du font. Et ils étaient nommés Cyclopes, parce que, sur milieu du front, s'ouvrait un œil unique et circulaire. Et la vigueur, la force et la puissance éclataient dans leurs travaux. Et puis, de Gaïa et d'Ouranos naquirent trois autres fils, grands, très-forts, horribles à nommer, Cottos, Briarée et Gygès, race superbe. Et cent bras se roidissaient de leurs épaules, et chacun d'eux avait cinquante têtes qui s'élevaient du dos, au-dessus de leurs membres robustes. Et leur force était immense, invincible, dans leur grande taille. De tous les enfants nés de Gaïa et d'Ouranos ils étaient les plus puissants. Et ils étaient odieux à leur père, dès l'origine. Et comme ils naissaient l'un après l'autre, il les ensevelissait, les privant de la lumière, dans les profondeurs de la terre. Et il se réjouissait de cette action mauvaise, et la grande Gaïa gémissait en elle-même, pleine de douleur. Puis, elle conçut un dessein mauvais et artificieux. (Hésiode, Théogonie: 126-154). Dans la mythologie grecque, GaÏa donna naissance au ciel Ouranos, à la grande famille des dieux, et par descendance indirecte, aux êtres vivants. Elle est donc la mère cosmique universelle, indestructible, la plus ancienne des divinités qui régnait sur les océans, les volcans, les rivières, les troupeaux qu'elle a créés. Ses colères produisent les séismes et cataclysmes destructeurs. Mais elle est avant tout la mère qui engendre des formes vivantes en les tirant de sa propre substance. Le culte qui lui était rendu par les hommes primitifs a précédé tous les rites de fertilité liés à l'agriculture. Elle fut chantée par les poètes sur tous les continents, adorée à Delphes comme la maîtresse de l'espace et du temps, et la déesse de la procréation. Les Romains l'adorèrent sous le nom de "Tellus". Gaïa, du grec ancien Γαῖα / Gaîa ou Γαῖη / Gaîē, est une déesse primordiale, c'est la déesse mère, personnification de la Terre. D'après le récit d'Hésiode, il semble bien que Gaïa fut la grande divinité des grecs primitifs. Comme les Egéens, comme les peuples de l'Asie, les grecs ont dû sans doute adorer à l'origine la Terre, en qui ils voyaient leur mère. C'est ce que confirme encore l'Hymne homérique, où le poète dit: "Je chanterai Gaïa, mère universelle, aux solides assises, la plus antique des divinités". Gaïa, "déesse à la large poitrine", qui sur son sol nourrit tout ce qui existe, et par la faveur de qui les hommes ont de beaux enfants et récoltent des fruits savoureux, fut donc un temps la déesse suprême, dont la majesté s'imposait non seulement aux hommes, mais aux dieux mêmes. Plus tard, quand fut établie, victorieuse, la dynastie des Olympiens, le prestige de Gaïa ne fut pas amoindri. C'est elle que les dieux invoquaient encore dans leurs serments : "J'en atteste Gaïa et le vaste ciel qui la domine", proclame Héra, dans l'Iliade, lorsqu'elle répond aux accusations de Zeus. Divinité toute-puissante, Gaïa a non seulement créé l'univers et enfanté les premières races de dieux, mais c'est elle encore qui donna naissance à la race des hommes. Telle est l'interprétation qu'il convient de donner au mythe d'Erichthonios, qu'elle tira de son propre sein pour offrir à Athéna et qui fut le premier habitant de l'Attique. On l'invoquait rituellement en sacrifiant des animaux de couleur noire.
"Donc, avant tout, fut Abîme; puis Terre aux larges flancs, assise sûre à jamais offerte à tous les vivants, à tous les Immortels, maîtres des cimes de l’Olympe neigeux, et le Tartare brumeux, tout au fond de la terre aux larges routes, et Amour, le plus beau parmi les dieux immortels, celui qui rompt les membres et qui, dans la poitrine de tout dieu comme de tout homme, dompte le cœur et le sage vouloir. D’Abîme naquirent Érèbe et la noire Nuit". La puissance de Gaïa se manifestait encore par le don de divination qui lui était dévolu. L'oracle de Delphes, avant de passer aux mains d'Apollon lui appartenait. Par la suite, le rôle de cette déesse alla s'amoindrissant, à mesure que d'autres divinités s'élevaient dans la vénération des hommes. Cependant son culte subsista toujours en Grèce. Elle présidait aux mariages et était honorée comme la prophétesse par excellence. À Patras, les malades venaient la consulter. Elle était particulièrement vénérée à Aegées, à Delphes, à Olympie. Elle avait des sanctuaires à Dodone, à Tégée, à Sparte, à Athènes, près de l'Aréopage. On lui offrait des céréales et des fruits, mais on lui immolait une brebis noire quand on l'invoquait comme gardienne de la sainteté du serment. On la représentait communément sous les traits d'une femme gigantesque.Gaïa personnification de la terre fut, la divinité primitive des Grecs. Mais si son culte subsista à travers les âges, sa personnalité s'effaça devant celle d'autres divinités analogues. À la Gaïa pélasgique, se substitua de bonne heure la Rhéa, d'origine probablement crétoise, qui n'est, elle aussi, que la terre divinisée; on repris la légende de Gaïa pour constituer celle de Rhéa. Les deux couples, Gaïa-Ouranos, et Rhéa-Cronos, reprenaient les mêmes inquiétudes maternelles chez les deux déesses, même fin malheureusede leur époux. Et, de même que les Grecs primitifs faisaient de Gaïa la mère et l'origine première de tous les êtres, la suprématie de Rhéa fut raffermie, car on lui donna pour enfants les grands dieux souverains de l'Olympe. Selon la cosmogonie hésiodique, Gaïa, Gaea ou Tellus personnifie la Terre en voie de formation. Tout de suite après lechaos, elle émergea un jour du néant et donna naissance à un fils, Ouranos. Elle forma avec lui le premier couple divin, mettant au monde une génération de dieux et de monstres: les Titans, les Titanides, les Cyclopes, les Hécatonchires, les Divinités marines dont Nérée et Thaumas qu'elle conçut d'un de ses fils, Pontos, le flot. Elle aida Cronos à mutiler son père en lui fournissant une faucille. Avec Gaïa s'accouplèrent d'autres divinités, le Tartare, entre autres, à qui elle donna le terrible Typhon. On lui attribue également l'enfantement des Harpyes, de Python et de Charybde. Gaïa, Terre-mère, origine féconde de tout, ne tarda pas à prendre dans les cultes grecs et romains une importance considérable. Un hymne homérique la célèbre en tant que divinité de la fertilité du sol et protectrice, en raison de ses nombreux enfants, de la multiplication des êtres humains. Déméter, déesse des Moissons, lui est souvent associée. Assimilée à Tallus par les romains, Gaïa devint, à l'époque classique, une divinité chthonienne ou tellurique. Le poète Hésiode nous livre dans sa Théogonie, la Genèse des Dieux, une version originale de la mythologie grecque, qui fait remonter le temps des origines jusqu’à la cosmologie, les données élémentaires du monde.
"Et de Nuit, à son tour, sortirent Éther et Lumière du Jour, qu’elle conçut et enfanta unie d’amour à Érèbe. Terre, elle, d’abord enfanta un être égal à elle-même, capable de la couvrir tout entière, Ciel Étoilé, qui devait offrir aux dieux bienheureux une assise sûre à jamais. Elle mit aussi au monde les hautes Montagnes, plaisant séjour des déesses, les Nymphes, habitantes des monts vallonnés". Le présent essai d’herméneutique n’est pas philosophique, ni psychanalytique, simplement littéraire. Son objet est une lecture interprétative du mythe de Kronos, un étrange récit qu’on peut entendre comme une légende des temps antérieurs au temps lui-même grâce à l’homonymie de Chronos. Elle déploie la haine originaire de Gaia, la Terre, contre Ouranos, le Ciel. Il l’oppresse, l’étouffe de tout son poids en tous points de l’espace. Chaque nuit Ouranos s’étend sur Gaia, il empêche leurs enfants de venir au monde et la Terre-mère souffre et gémit en ses entrailles. L’issue violente de ce drame cosmique, c’est la castration d’Ouranos par Kronos, fils de Gaia. L’être chtonien aux pensées retorses entend la plainte de sa mère et accède à son désir de se débarrasser d’un géniteur excessivement encombrant et tyrannique. Comment faut-il comprendre le geste de Kronos ? Comment peut-on l’interpréter ? S’il s’agit d’une manifestation de la Haine élémentaire, comment l’articuler à un Amour originel ? La mythologie n’explique rien, elle donne du sens et perpétue nos interrogations. Le mythe de Kronos est énigmatique. Que dit vraiment le mythe, que s’y passe-t-il réellement ? L’aède Hésiode, dont le nom signifie celui qui se fait voix, est peut-être légendaire. Les témoignages de son existence réelle sont postérieurs à sa renommée, l’un d’eux étant autobiographique. Dans son second poème "Erga kai Emerai", "Les Travaux et les Jours", la terre natale d’Hésiode, Ascra en Béotie, est décrite comme un bourg maudit, méchant l’hiver, dur l’été, jamais agréable. Génie de la langue grecque ! L’"Alètheia", la Parole de Vérité, est très proche d’"alètéia", l’errance. Le physicien Empédocle se désignait comme errant malgré sa certitude de parler vrai sous le contrôle des Muses. Paradoxe ? Peut-être pas, si on réfléchit à sa vocation "à la haine et au furieux délire". Le Cosmos, ce grand Vivant à la belle Apparence ne l’a pas toujours été. Il l’est devenu par la haine et la violence. Le monde se fonde sur quatre éléments distincts: Terre, Eau, Air, Feu. Et c’est de leurs rencontres, de leurs oppositions, scissions et réunions, de leurs harmonies et de leurs conflits, que proviennent tous les phénomènes. Empédocle est fasciné par le volcanisme: un événement monstrueux ou miraculeux qui réalise l’impossible. L’air et la terre s’enflamment, l’éruption est une fusion qui s’écoule en rivières de lave incandescente sur les flancs du cratère. La cause du phénomène est inaccessible, enfouie dans les profondeurs de la terre. Le paysage est bouleversé, l’air irrespirable, les nuages de cendre obscurcissent le ciel, la terre se fracasse et s’ouvre sur des béances insondables. La volonté de savoir qui anime le sage ne recule pas face au chaos et à la désolation. Dans sa quête de vérité, elle le précipite dans l’Etna, qui ne rendra que ses sandales. Où sont l’alètheia et l’alètéia ? Les erreurs d’Empédocle résultent de son errance. Sa fascination, sa terreur admirative, le délire du discours poétique, la fureur du désir de savoir. Quelle est la place de la haine dans cette dévastation ? La réponse est dans le texte.
"Elle enfanta aussi la mer inféconde aux furieux gonflements, Flot, sans l’aide du tendre amour. Mais ensuite, des embrassements de Ciel, elle enfanta Océan aux tourbillons profonds, Coios, Crios, Hypérion, Japet, Théia, Rhéia, Thémis et Mnémosyne, Phoibé, couronnée d’or, et l’aimable Téthys. Le plus jeune après eux, vint au monde Cronos, le dieu aux pensers fourbes, le plus redoutable de tous ses enfants et Cronos prit en haine son père florissant". Aristote, philosophe logique, corrige ces errances et remet les éléments en place. Dans sa "Métaphysique", il reproche à son prédécesseur ses incohérences avec un certain mépris ironique. "Empédocle semble dire que le fait que l’amitié et la haine commandent et mettent tour à tour en mouvement est un attribut nécessaire des choses et que, dans l’intervalle, elles se reposent alternativement. Mais, si l’on poursuit et si l’on s’attache à l’esprit, non à la lettre de ses propos, qui ne sont que de misérables bégaiements, on trouve que l’amitié est la cause des biens et la haine celle des maux". Voilà donc notre philosophe de la Haine primordiale et de l’Amour consolateur habillé pour l’hiver ! La physique d’Empédocle n’est pas claire: elle se fonde sur la distinction originaire des quatre Éléments, mais elle les mélange, les réunit pour qu’ils s’opposent et se séparent à nouveau. Tantôt le Tout est harmonieux dans la différence, tantôt il est discordant dans la distinction. Il y a identité, puis altérité. Parfois l’amitié règne sereinement, parfois la haine détruit furieusement. Empédocle échoue à penser le devenir comme unité des contraires, Héraclite, le premier philosophe historique y avait réussi. La psychologie d’Empédocle est équivoque, Aristote la précise au livre II, chapitre 2 de "La Rhétorique" en distinguant la colère de la haine. "On se met en colère lorsqu’on a des ennuis et, quand on éprouve des ennuis, c’est qu’on désire quelque chose. On se met en colère quand les événements sont contraires à notre attente, nous nous fâchons plus contre nos amis que contre ceux qui ne le sont pas". La colère est guérissable avec le temps, la haine est inguérissable. La première cherche à faire de la peine, l’autre à faire du mal, l’homme en colère éprouve de la peine, le haineux n’en éprouve pas. C’est que l’un veut que celui qui a provoqué sa colère souffre à son tour : l’autre que l’objet de sa haine soit anéanti. La colère place hors de soi, parfois parce que l’autre refuse de rester à sa place, alors que l’objet de la haine peut annuler la subjectivité par son omniprésence intolérable. Dans la colère, on est hors-sujet, dans la haine, on est hors-champ, parce qu’un objet obscène occupe toute la scène. Les rectifications d’Aristote et son réalisme peuvent être utiles au présent essai d’herméneutique du mythe de Kronos. Nous l’entreprenons avec un principe non orthodoxe: l’articulation d’une lecture symbolique du récit avec sa lecture réaliste. Autrement dit, nous allons faire comme si la légende était véridique, ou encore, comme si son sens caché était évident. L’avantage espéré est de faire comprendre les apories du mythe, ses impasses et sa répétition. L’histoire de Kronos recommence en effet, dans le texte d’Hésiode, avec Zeus, le premier dieu vivant qui échappe à la dévoration.
"Au commencement exista le Chaos, puis la Terre à la large poitrine, demeure toujours sûre de tous les Immortels qui habitent le faite de l'Olympe neigeux ; ensuite le sombre Tartare, placé sous les abîmes de la Terre immense, enfin l'Amour, le plus beau des dieux, l'Amour, qui amollit les âmes, et, s'emparant du cœurde toutes les divinités et de tous les hommes, triomphe de leur sage volonté". Avant la castration du ciel, on ne sait pas qu’il est vide, on le croit, on le fantasme plein, pour oublier sa pesanteur. Le geste de la serpe qui fend l’éther est chrono-logique: le temps commence par un événement initial. La castration est inaugurale, le possible infini s’ouvre sur le réel momentané, instantané, immédiat. La roue du temps ne tourne plus sur elle-même dans le vide, elle tourne sur la terre. Le travail commence, la production du monde humain a désormais lieu d’être, elle se réalise. Grâce à la castration d’Ouranos par Kronos, nous existons. L’existence précède l’essence, il faut exister d’abord (au sens de vivre) pour être ensuite et persévérer dans son être, c’est-à-dire désirer. Aristote a raison : l’homme est un "zoon logikon", le vivant parlant, son devenir étant le "zoon politikon", qui vit dans une cité et discute de ce qui est juste avec ses semblables. Revenons à la Haine originaire et aux hésitations d’Empédocle. En tant que physicien mythologique, il n’a pas compris Hésiode, dont le récit permet à la pensée de se débarrasser du fantasme chtonien de la génération spontanée en lui substituant la reproduction sexuée. Le "néos", le nouveau-né, a pour origine l’union d’une femme et d’un homme, sa vie n’est plus élémentaire mais complexe. Selon Aristote, physicien logique, il n’a pas compris non plus le mouvement qui suppose un monde divisé en lieux d’êtres fixes dont on s’éloigne et que l’on rejoint. Il ne fallait pas mélanger avec ce monde la haine ni l’amour, mais les laisser à l’extérieur, comme désirs humains, tour à tour destructeurs et constructeurs. L’aventure humaine doit être lisible, pour être compréhensible, nous devons la prendre avec nous. Le geste castrateur de Kronos est celui d’un "lieu-tenant", un officier agissant sur l’ordre de sa mère-capitaine, tenant de lieu d’être à ce qui n’a pas encore eu lieu: l’événement de la Haine primitive. L’espace terrestre mobile, la surface de la Terre "à la large poitrine" était agité de sursauts: les tremblements de terre, les éruptions volcaniques. Gaia souffre, elle se plaint et gémit, elle est en colère. Kronos le Haineux entend sa plainte, répond à sa colère. Mais sa réponse se retourne contre lui: le mouvement violemment circulaire de la serpe fendant l’espace le mutile réellement en s’achevant. La haine de Kronos est sans objet : le ciel n’est pas un père, le ciel est vide et silencieux parce qu’il n’a rien à dire. Le lieutenant Kronos obéit, il suit les ordres du capitaine Gaia en rétablissant l’ordre naturel contre l’hubris, l’excès de la copulation permanente. La jouissance stérile est abolie, la jouissance féconde lui succède. Le genre humain peut se reproduire, s’auto-engendrer, et il n’y a plus de génération chtonienne, plus d’autochtones, de Terriens, encore moins d’enfants de la terre qui seraient muets.
"Ensuite les habitants de l'Olympe produisirent une seconde race bien inférieure à la première, l'âge d'argent qui ne ressemblait à l'âge d'or ni pour la force du corps ni pour l'intelligence. Nourri par les soins de sa mère, l'enfant, toujours inepte, croissait, durant cent ans, dans la maison natale". Kronos n’est pas né, c’est le fils chtonien de Gaia, la Terre Immense, retenu dans ses entrailles obscures par Ouranos, le Ciel qui recouvre la Terre en permanence. Ses pensées sont retorses parce qu’elles sont d’emblée haineuses, comme l’oppression de la Terre par le Ciel immensément pesant. Gaia veut s’en détacher, respirer, prendre l’air pour se remuer, ne plus être confinée dans son immobilité douloureuse. Quelque chose doit être tranché, il faut créer un espace vide entre la Terre et le Ciel. L’air, l’éther, doivent être fendus, déchirés pour que les fruits de la terre voient enfin le jour et qu’ils s’alimentent de la lumière. Cette opération sera une castration: parce qu’Ouranos s’unit à Gaia en permanence, cela doit cesser. Kronos est le seul à répondre à la demande de Gaia qui a fourbi dans ses entrailles l’arme du crime, une serpe à la lame affutée, capable de déchirer les chairs les plus coriaces. Ouranos n’est pas un père réel, il n’en a pas la cohérence matérielle, le ciel ne contient que de l’air en mouvement. Le drame se noue dans le geste rapide et violent de Kronos qui ne rencontre naturellement aucun attribut viril, mais se termine sur ceux de son auteur. Kronos se châtre lui-même en croyant châtier son père haineux. Ses bourses retombent sur terre avec le sang de la blessure, le sperme tombe dans la mer, forme l’écume des flots ("aphrós" en grec), dont va naître Aphrodite, la Vénus des Romains, déesse du désir, de l’amour et de la sexualité. Le Cosmos se structure ensuite comme un continuum spatio-temporel. Il y aura une chronologie de l’action, des faits comme des phénomènes. Mais le destin tragique de Kronos n’est pas achevé. Le non-né s’est auto-mutilé, ses frères et sœurs monstrueux et divins sortent des ténèbres mais lui, il ne peut engendrer. Que peut-il se passer ? L’éternel retour du même. Kronos épouse Rhéia, sa sœur, autre figure de Gaia la Terre. De leur union incestueuse sont issus des enfants à nouveau chtoniens, et Kronos recommence l’histoire d’Ouranos. Redoutant d’être détruit par eux, saisi par la haine, il les dévore à leur naissance. Goya a représenté dans une des Peintures noires de sa maison un Saturne, transposition romaine de Kronos, en ogre furieux au regard halluciné qui dévore un de ses fils. Pour échapper à la dévoration, il demande à Rhéia de le transformer en pierre recouverte de langes qui trompent l’ogre chronophage. Ne pouvant naturellement digérer la pierre, Kronos est forcé de la vomir. Après cet événement de répulsion originaire, Kronos est réduit à l’impuissance: il n’engendrera plus rien, l’âge des Dieux olympiens est venu, il sera suivi de l’âge des Hommes enfin, après le combat des Dieux et des Titans. On n’en a pas fini pour autant avec la répétition, qui se poursuit dans la Tragédie inventée par les Grecs pour opérer la catharsis, la purification des pulsions et des passions haineuses. Œdipe en est le paradigme. C’est le dernier fils de la Terre, il se croit tel parce qu’il se pense orphelin. Le berger-esclave qui l’a recueilli lui a traversé les jarrets pour y faire passer une corde afin de le transporter sur ses épaules. Il en restera claudiquant, ce qui lui vaudra son surnom de "Boiteux", qui s’applique aux enfants chtoniens dans les mythes.
"Parvenu au terme de la puberté et de l'adolescence, il ne vivait qu'un petit nombre d'années, accablé de ces douleurs, triste fruit de sa stupidité, car alors les hommes ne pouvaient s'abstenir de l'injustice; ils ne voulaient pas adorer les dieux ni leur offrir des sacrifices sur leurs pieux autels, comme doivent le faire les mortels divisés par tribus". Lévi-Strauss, dans la méthode structuraliste, l’interprètera comme une impossibilité de s’appuyer sur la Terre pour reprendre des forces. Œdipe réalise la sinistre prophétie: en chemin, il croise son véritable père et le tue. Ayant répondu à la question du Sphinx, il prend la place de ce père, épouse la reine de Thèbes, Jocaste, qui est sa véritable mère. Le plus clairvoyant des hommes n’a rien vu venir. Il quittera la ville après s’être auto-puni en se crevant les yeux. Ce que Freud appelle complexe d’Œdipe n’est, selon Lévi-Strauss et René Girard, que la pitoyable histoire d’un bouc émissaire chassé de la Cité pour y avoir apporté l’obscénité scandaleuse du mal. Œdipe est le dernier chtonien victime de la haine des hommes, cette Haine originaire, élémentaire, dont nos désirs proviennent peut-être. Selon la Théogonie d'Hésiode, Gaïa fut la première créature à naître du Chaos primordial, en même temps que leTartare, le monde souterrain, Nyx, la nuit, l'Erèbe, les ténèbres et Eros, la divinité de l'amour générateur. Gaïa donna naissance à Ouranos, le ciel; Pontos, le flot et aux hautes montagnes. Ouranos s'unit alors à sa mère et engendra les Titans et les Titanides, parmi lesquels figurent Cronos et Rhéa, les parents de Zeus et de ses frères et sœurs. Egalement Océan et Thétys, les divinités de l'océan, fleuve coulant alors autour de la terre. Ouranos et Gaïa engendrèrentaussi les trois premiers cyclopes (Brontés, Stéropès et Argés), les Hécatonchires (Cottos, Biarée et Gyés). Nyx et l'Erèbes'unirent pour donner naissance à Héméra (le jour) et Aether (le ciel supérieur). Ouranos avait en horreur les montrueux cyclopes et les géants aux cent bras; il ne leur permit pas de voir le jour et les repoussa dans le sein de leur mère,de sorte que le corps de Gaïa fut déchiré par la douleur. Indignée par la tyrannie de son époux, elle donna à son fils Cronos une faucille en silex et lui ordonna d'émasculer son pèrelorsque, la nuit venue, il s'étendait. Cronos obéit et lança les organes génitaux tranchés loin dans la mer. Des gouttes desang qui tombèrent sur la terre, naquirent les Erinyes (furies), les Géants et les Méliades. Gaïa aida Rhéa, la femme de Cronos qui dévorait également ses enfants, à sauver le dernier né Zeus. Au moment où Cronos allait avaler l'enfant, elle lui donna une grosse pierre qu'il dévora à la place, puis elle cacha le bébé dans une grotte, en Crète, où il grandit. À l'âge adulte Zeus, se révolta contre son père. Il délivra ses frères et soeurs. Il libéra les cyclopes et les hécatonchires prisonniers dans le tartare, les arma d'éclairs; le combat dura dix ans et lorsque Zeus remporta la victoire, il emprisonna lesTitans ennemis et, parmi eux, son père, dans les profondeurs du Tartre. Mais cela mécontenta Gaïa, qui jugea tyrannique l'emprisonnement des Titans. Elle s'unit au Tartare et enfanta le monstre Typhon qui pris sa défense. Par ailleurs, elle incitales géants conduits par Eurymédon et Porphyrion à se rebeller contre Zeus: cette guerre fut la "Gigantomachie". Gaïa produisit une herbe dont le suc rendit les géants immortels et invincible à la guerre.
"Bientôt Jupiter, fils de Saturne, les anéantit, courroucé de ce qu'ils refusaient leurs hommages aux dieux habitants de l'Olympe. Quand la terre eut dans son sein renfermé leurs dépouilles, on les nomma les mortels bienheureux; ces génies terrestres n'occupent que le second rang, mais le respect accompagne aussi leur mémoire". Zeus fit régner partout l'obscurité et découvrit lui-même la plante qu'il cueillit. Puis, avec beaucoup de difficulté, il réussit à vaincre ses ennemis, avec l'aide des dieux et des déesses qui lui étaient fidèles. Il enferma alors les Géants dans la terre, d'où ils étaient sortis. Mais Gaïa rendit aussi un service à Zeus. Quand celui-ci épousa Métis en premières noces, elle lui prédit que le fils néde cette union le remplacerait sur le trône des dieux; aussi il avala Métis. il fit jaillir Athéna. Gaïa assista au mariage de Zeus et d'Héra et offrit à Héra les pommes d'or que gardaient les Hespérides. Elle passait pour l'inspiratrice de nombreux oracles et prophéties. C'est elle qui, selon la légende, fonda le sanctuaire pythique de Delphes, où, à l'origine, un culte lui était rendu. Elle transmit le sanctuaire à Thémis, mais celle-ci céda ses droits à la Titanide Phoebé, qui, à son tour, offrit l'oracle à Apollon. Le serpent python appartenait à Gaïa et, lorsque Apollon le tua, il dut la dédommager du meurtre, fonder les jeux pythiques et employer la prêtresse pythique pour rendre ses oracles. Gaïa veillait à l'accomplissement des serments, dont beaucoup étaient prononcés en son nom. Elle punissait ceux qui les rompaient et leur envoyait les Erinyes pour la venger. Elle s'unit à Pontos et donna naissance à des divinités marines: Nérée (le père des Néréides et de Thétis), Thaumas, Phorcys, Ceto et Eurybie. Elle eut aussi d'autres enfants, dont des monstres, comme Echidno qu'elle engendra avec le Tartare, Erichthonion, qui naquit de la semence d'Héphaïstos et, selon certains auteurs, Triptolème, qu'elle eut d'Océan. Elle produisit le scorpion, qui attaqua le chasseur géant Orion, lorsque ce dernier menaça de détruire toutes les bêtes sauvage de la terre, et lui infligea une morsure mortelle. Gaïa possédait de nombreux autels dans toute la Grèce, alors que son époux n'en avait aucun. Progressivement, on en vint à mépriser cette vision primitive de la nature, et l'homme moderne, imbu de cartésianisme e tde matérialisme, oublia le rôle fondamental joué par la Terre vivante en tout premier lieu parce qu'elle fut fertile, dans son existence. Il l'a négligée et maltraitée. Cependant, il semble qu'une prise de conscience s'opère actuellement et que l'homme retrouve une vision globale de lui-même comme partie intégrante du cosmos, donnant accès au sacré. Gaia et Ouranos ne sont ni mère ni père. Ce sont des métaphores de l’origine ("origo", naissance, provenance), fantasmatique de la vie elle-même. L’idée d’origine renvoie dans le passé le plus éloigné l’impossibilité d’un premier commencement. Comment le temps a-t-il commencé ? Depuis quand y a-t-il des êtres vivants ? Il n’y a pas de raison du premier commencement, c’est un événement inexplicable, la béance, d’où émerge l’être soudainement réel.
Bibliographie et sources:
- Aristote, "Métaphysique"
- Georges Bataille, "Les larmes d'Eros"
- Clément d’Alexandrie, "GaÏa"
- Stella Georgoudi, "Les dieux d'en haut"
- Hésiode, "La Théogonie"
- Hésiode, "Les Travaux et les Jours"
- Homère, "Hymna à Apollon"
- Déméter, "Les Hymnes homériques"
- P. Chantraine, "Dictionnaire étymologique de la langue grecque"
- Sophocle, "Tragédies"
- Rick Riordan, "Héros de l'Olympe"
- John Herbert Varley, "La Trilogie de GaÏa"
- John Weston, "La déesse GaÏa"
Bonne lecture à toutes et à tous.
Méridienne d'un soir.
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A 37 ans, je cumule 20 ans d'attirance scato, avec quelques expériences de çi de là, solitaires le plus souvent et bien trop timides pour les rares occasions où elles sont partagées. Étrange attirance, incompréhensible pour le plus grand nombre. Alors, pourquoi ?
Depuis notre plus jeune âge, ces matières brunes et leur odeur font l'objet d'un apprentissage rigoureux : "beurk, baaaah, caca, c'est dégoûtant". S'agissant de l'un de nos premier apprentissages, pas étonnant qu'aller à son encontre soit incompris et choquant.
Mais une fois dépassé ce principe au demeurant fort respectable et recevable dans la plupart des cas, comment trouver du plaisir à travers des pratique scato ?
Premièrement, il y a l'interdît : explorer ces aspects tabous, essayer quand même, braver l'interdit véhicule un sentiment subversif particulièrement excitant.
Ensuite, il y a les sensations : ces objets ou ces doigts glissés dans la chaleur d'une anatomie que l'on finira, à terme, par bien connaître, ouvre de nouveaux horizons sensationnels. L'exploration, le plaisir, puis le contact avec ces matières, tantôt dures, tantôt molles, l'hésitation d'aller plus loin, puis trouver le courage d'y aller une première fois. Tenter des façons différentes de s'y prendre : pousser pour que tout sorte ? Dans la main, dans un récipient, à même le sol ? Tout extraire avec ses doigts en en récupérant un maximum à chaque tentative ?
Puis vient l'imagination : que faire du précieux trésor ? Qu'est-ce qui serait source de plaisir ? Que faire que certainement très peu font ?
Se masturber "dessus" ? Et pourquoi pas avec ? Les sensations sont tout simplement folles... Lécher ce qui est dur ? Tenter d'en avaler un peu, pour voir si l'on en est capable, si l'on osera le faire, repousser les limites et voir quels sont les effets ? Pourquoi pas jouer à réintroduire tout ce qui peut l'être, puis le ressortir, recommencer... en en gardant une partie dans la bouche, jusqu'à ce que l'excitation l'emporte, et avec elle l'éjaculation, jubilatoire et arrivant toujours trop tôt tant on aimerait prolonger le plaisir... étaler ce qui est mou peut aussi s'avérer être une expérience intéressante...
Le tout en regardant des vidéos sur Thisvid.com, qui recèle de trésors en la matière.
A tout cela, le partage apporte une dimension exponentielle : donner à l'autre ses matières, c'est partager avec lui ce que l'on a de plus secret, c'est lui partager ce que d'ordinaire chacun garde pour lui toute sa vie durant dans l'intimité des espaces et du temps réservés aux commodités.
Partager cela, c'est offrir les parties intimes de son corps au plus proche de l'autre, au bord de sa bouche et de ses lèvres, c'est, dans un silence magique ponctué de quelques bruits de circonstance (le glissement des matières, leur chute... en font partie), laisser glisser sciemment une partie de soi en lui et partager ensemble l'inavouable, dans une complicité et une connivence sans équivalents, loin des préjugés, des idées pré-conçues, des standards habituels.
C'est aussi laisser l'autre disposer de ce cadeau comme bon lui semble : en avaler tout ou partie, tout recracher et arrêter là, en étaler un maximum, le lécher, ou pourquoi pas, chose que j'adore, insérer en soit tout ce que l'on peut du don de l'autre... sentir ses matières en nous, les porter, puis décider de la suite selon les envies (qu'il ôte en nous ce qui était encore en lui il y a peu ?), un fantasme si incroyable, si subversif et sans rien de semblable !
Alors oui, il y a l'odeur, pas toujours agréable et que l'on identifie depuis notre plus tendre enfance de manière négative. Oui, elle est tenace. Et oui, ensuite, une fois l'excitation retombée, il convient de ranger, nettoyer... mais quelle fut la puissance du plaisir obtenu !
La pratique scato peut s'avérer pleine de surprises, et loin des idées reçues, peut être une source de plaisir inattendue et intense grâce à un moment complice, non conventionnel, secret, tendre et sensuel.
Photo : Scat_Machine_UK, thisvid.com (sa partenaire est absolument divine, un rêve)
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J’ai été toute contente de recevoir l’invitation de Georges. Nous faisions du tchat sur le site bdsm depuis quelque temps déjà en échangeant sans tabou des confidences sur nos fantasmes érotiques les plus secrets. Il connaissait mes sombres désirs de soumise exhibitionniste et je n’ignorais rien de ses penchants dominateurs.
L’invitation était pour une soirée mondaine sur le thème de la Rome antique. Georges me prévint qu’il y aurait une invitée spéciale et que j’apprécierais le spectacle.
Il n’avait jamais voulu me donner son adresse, mais cette fois, elle était sur l’invitation et j’ai constaté avec plaisir que ce n’était qu’à une quinzaine de kilomètre de mon domicile. Dressing code de style romain et heure de début assez tardive, 22 heures.
J’ai choisi une toge en tissu soyeux, d’un blanc virginal, sans manches, drapée autour de moi et simplement attachée sur l’épaule. Une cordelière autour de la taille, des escarpins aux talons vertigineux, un soutien-gorge ? J’hésite, les Romaines n’en portaient sans doute pas. Donc, rien au-dessus ; à mon âge, mes seins, bien qu’opulents, tiennent encore bien. Et en-dessous ? Je me veux audacieuse, rien non plus, ma culotte restera à la maison.
A 22h15, je gare ma voiture au milieu d’une dizaine d’autres déjà sur place, m’inquiétant d’être en retard, et je sonne à la porte. C’est Georges qui vient ouvrir, et je vois qu’il est satisfait de mon aspect et de ma tenue. Heureux de faire ta connaissance en chair et en os, me dit-il, tu es parfaite, et il m’entraîne dans la pièce voisine.
Et là, brusquement, quelqu’un me saisit les deux bras par derrière, des menottes claquent autour de mes poignets, un bandeau me tombe sur les yeux, me voilà aveuglée, affolée, attachée sans défense, tandis qu’on m’écarte les mâchoires pour y introduire un anneau qui me bâillonne la bouche ouverte et qu’on me fixe une laisse de chien autour du cou. Tout s’est passé en quelques secondes sans que je trouve la possibilité de me défendre. La laisse se tend et me traîne vers ce que je devine être le salon.
Je perçois un brouhaha d’excitation lorsque je fais mon apparition. Georges m’a trompée sur l’heure du rendez-vous et toutes ses amies et ses amis étaient déjà présents depuis au moins une heure, buvant et s’amusant en attendant le spectacle annoncé. A ma grande terreur, j’ai compris que c’est moi qui en serais la vedette involontaire.
Un bourdonnement de voix salue mon apparition, accompagné de rires et de moqueries pour ma naïveté. Je ne vois rien, mais je devine une dizaine de personnes échauffées et prêtes à jouir de mon humiliation publique. Georges me fait avancer et monter sur une petite estrade. ‘Pas de soirée romaine sans son marché aux esclaves’ déclare-t-il. ‘Voici l’offre de ce soir. Qui la veut ? Je vous montre d’abord la marchandise’. Ce disant, il défait le ruban qui retenait la tunique sur mon épaule. Elle glisse jusqu’à mes pieds, révélant toute ma nudité à la grande joie des invités. ‘Elle se promène à poil dans les rues, s’écria-t-il, cette soi-disant bourgeoise est une salope dévergondée’ et, me forçant à écarter les jambes, il me donne la honte suprême d’être exposée grande ouverte sans pouvoir rien cacher. Très vite, je sens des mains commencer à tâter mes endroits les plus sensibles, mais Georges intervient brusquement : ‘Elle m’appartient encore. Si vous voulez en profiter, il faudra la gagner à la loterie’. ‘Nous allons faire cela comme au poker. Je vais distribuer 5 cartes à chacun et celui ou celle qui aura la plus belle main emportera la mise’. Dans un brouhaha général, je les entends comparer leurs combinaisons jusqu’à ce qu’une voix féminine proclame sa victoire avec un beau full de rois par les dames. Aussitôt elle prend possession de ma laisse et me traîne derrière elle dans toute la salle en laissant les spectateurs me palper les seins, me glisser une main indiscrète dans l’entrejambe, me claquer les fesses et les cuisses, tout en riant de mes tentatives aveugles de me protéger malgré mes mains toujours attachées. J’ai honte, je voudrais disparaître, la sueur me perle sur tout le corps.
‘Après cette promenade, que voulez-vous comme autre divertissement pour cette soirée romaine ?’ demande ma nouvelle maîtresse. Si vous êtes d’accord, je vous propose quelque chose bien spécifique à cette civilisation. On va la faire participer à une petite crucifixion. Est-ce que cela-vous convient ? Un fracas d’acclamations me fit comprendre avec beaucoup d’appréhension que la soirée serait mouvementée pour moi. Tout était déjà prêt, car très vite, deux cordes descendirent de deux anneaux scellés au plafond, à 60 centimètres l’un de l’autre. Prestement, les menottes me furent enlevées pour être remplacées par deux forts bracelets de cuir, doublés de fourrure, auxquels les cordes furent fixées. Au signal de ma maîtresse, deux spectateurs se mirent à tirer chacun sur une corde, me forçant à lever les bras en forme de V et à me présenter, entièrement offerte, les seins dardés par la position et les tétons saillants par l’excitation qui commençait à m’envahir.
Mes pieds allaient quitter le sol quand ils cessèrent enfin de tirer. Je restai ainsi sur la pointe des pieds, respirant à petits coups à cause du bâillon qui me laissait la bouche béante. Me tirant la tête en arrière, ma maîtresse s’amusa à y verser lentement un grand verre de vin, m’obligeant à déglutir bruyamment pour ne pas m’étouffer.
Maintenant qu’elle a bien bu, on va passer aux choses sérieuses, la mise en croix, s’écria-t-elle. Deux autres bracelets furent fixés à mes chevilles et deux autres cordes vinrent s’y attacher. Ma jambe droite fut soulevée la première, jusqu’à ce qu’elle quitte le sol d’une vingtaine de centimètres. Soutenue uniquement par les bras et en équilibre sur mes orteils gauches, je n’en menais pas large. Ils me laissèrent ainsi quelques minutes puis, malgré mes cris étranglés, ils soulevèrent semblablement l’autre jambe, me laissant suspendue par les poignets, dans la parfaite situation d’une crucifiée.
Haletante, je me débattais sans espoir dans mes liens, au milieu des rires et des quolibets de l’assemblée, ravie de mes efforts infructueux pour me libérer.
J’ai vite compris pourquoi ils avaient choisi cette sorte de crucifixion pour se divertir : il est impossible à la victime de rester immobile plus que quelques minutes. Les bras étendus, l’air vient à manquer aux poumons et la crucifiée doit pousser sur ses jambes pour se soulever et respirer. Mais il est impossible de conserver les jambes raidies pendant longtemps et le corps s’affaisse, suspendu à nouveau par les bras. Le cycle reprend, à la grande joie des spectateurs qui jouissent de la détresse de la suppliciée. Dix fois, vingt fois, je régalai mes bourreaux de mes efforts et de mes cris, de plus en plus suppliants mais sans autres résultats que des insultes et des moqueries.
Finalement, mes cuisses refusèrent tout service et je restai douloureusement suspendue par les poignets, pantelante, des sanglots me soulevant la poitrine, avant qu’on me détache enfin.
Georges vint m’embrasser et, me serrant dans ses bras, il me promit que je serais encore invitée chez lui, mais cette fois parmi les convives, pour assister au baptême d’une nouvelle postulante aussi naïve que je l’avais été.
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Averardo Ciriello (1918-2016) est un artiste italien qui a laissé une empreinte indélébile dans le monde de l'illustration et du cinéma avec ses affiches emblématiques, mais il s'est également fait connaîtres pour ses œuvres érotiques qui flirtent parfois avec les thèmes du BDSM.
Né à Florence, Averardo Ciriello a montré très tôt un intérêt et un talent pour le dessin. Il a étudié à l'Académie des Beaux-Arts de sa ville natale, où il a pu parfaire ses compétences en art. Cet apprentissage classique a donné à Averardo une base solide pour explorer et décliner ses aspirations artistiques, y compris ses inclinations vers les sujets les plus provocateurs.
Après avoir démarré sa carrière en tant qu'illustrateur de livres et de magazines, Averardo Ciriello s'est rapidement fait un nom dans l'industrie du cinéma en Italie. Il est particulièrement connu pour avoir créé des centaines d'affiches de films, allant des œuvres de Federico Fellini à celles de Sergio Leone. Cependant, c'est dans ses illustrations plus confidentielles que Averardo Ciriello explorait les thèmes de l'érotisme et du BDSM.
Ses œuvres érotiques sont souvent marquées une liberté d'expression qui transgresse les normes conservatrices de l'époque. Ses représentations de figures féminines dominantes et de scènes de soumission sont réalisées avec un style qui lui et propre, mêlant réalisme et idéalisation. Averardo Ciriello y jouait avec les dynamiques de pouvoir, en mettant en scène des personnages en tenues et des postures pour le moins suggestives. Ses illustrations ne se limitent pas à la représentation de fantasmes; elles interrogent aussi les rôles de genre et les jeux de pouvoir, éléments prédominants dans les pratiques BDSM.
Averardo Ciriello n'hésitait pas à utiliser des éléments comme les corsets, les bottes à talons hauts, et divers accessoires tous emblématiques de l'imagerie BDSM. Ces choix ne sont pas purement esthétiques mais participent à la construction de scénarios où la domination et la soumission sont clairement illustrées. Par cette exploration, il a pu exploter un certain nombre de tabous et à de désirs à l'époque cachés, offrant ainsi au public une voie d'exploration personnelle libératrice.
L'héritage de Ciriello dans le domaine de l'art érotique et BDSM est complexe et nuancé. Alors que certains critiques peuvent voir dans son travail une simple perpétuation de clichés, d'autres y trouvent une expression artistique du désir humain sous toutes ses formes. Ses œuvres continuent d'inspirer et de provoquer, restant pertinentes pour les discussions contemporaines sur la sexualité et l'expression artistique.
Averardo Ciriello était ainsi bien plus qu'un illustrateur de films mainstram, il était aussi l'un des pionniers de l'art de l'érotisme et du BDSM. Par le prisme de ses créations, on peut mieux comprendre comment l'art peut questionner ce qui est socialement accepté ou non, et de facto faire bouger les lignes.
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Emanuele Taglietti, est né en 1943 à Ferrara en Italie, il est l'une des figures reconnues pour ses oeuvres réalisés dans le cadre des fumetti, ces bandes dessinées italiennes de petit format et leur approche qui leur est propre : les histoires mêlant sexe, violence et horreur. Emanuele s'est illustré sur plus 500 couvertures de ce genre. Ces couvertures illustraient parfois de façon à peine voilée les clichés du bondage et du BDSM.
Fils de Otello Taglietti, peintre et décorateur, Emanuele grandit dans un environnement où il est nourrit de nombreuses influences artistiques. Ayant fréquenté les plateaux de cinéma aux côtés de son père et de son cousin, le célèbre réalisateur Michelangelo Antonioni, Emanuele Taglietti a su développer une approche cinématographique dans son art. Après ses études à l'École expérimentale de cinématographie à Rome, il travaille sur plusieurs films avant de se lancer dans l'illustration pour Edifumetto, le principal éditeur de fumetti en Italie.
Les fumetti : un espace d'expression qui fleure souvent bon le BDSM et le bondage
Les fumetti, à l'apogée de leur popularité dans les années 70, offraient un espace incomparable pour l'exploration de sujets tabous. Les couvertures de Taglietti, souvent chargées d'érotisme et de mystère, plongeaient les lecteurs dans des récits où le bondage et les pratiques BDSM étaient bien présentes, fussent-elles sous jacentes. À travers ses illustrations pour des titres comme "Zora la Vampire" et "Sukia", il a pu développer des créations où le fantasme se mêle souvent à la terreur, dans des mises en scène où le cuir et les chaînes ne sont jamais loin.
L'œuvre de Taglietti se caractérise par un style distinctif, mélangeant réalisme et surexpression des émotions. Ses personnages, souvent des femmes puissantes et provocantes, sont mis en scène de manière à illustrer autant leur force autant que leur vulnérabilité. Leur représentation dans des scènes de bondage,, témoigne d'une maîtrise artistique qui transcende le simple érotisme pour toucher à des aspects plus profonds du désir et du contrôle.
Avec la baisse de popularité des fumetti à la fin des années 80, Taglietti s'éloigne de l'édition pour se consacrer à la peinture à l'huile et à l'enseignement.
(ce livre est disponible en vente en ligne, cliquez là)
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Entrée en matière...
Je possède tous les attributs d'une mère de famille rangée. En couple depuis 25 ans et heureuse maman de charmants enfants, je pourrais aisément être qualifiée de petite bourgeoise, qualificatif que je ne renie d'ailleurs pas.
Physiquement, je fais beaucoup plus jeune que mon âge. Mon minois est agréable, d'après les compliments que je reçois régulièrement de la part de personnes des deux sexes. Brune à la peau matte, j'ai les cheveux très longs. Je suis plutôt petite, mais bien proportionnée. Mes formes sont généreuses et attirent le regard. Ma poitrine affichant naturellement un arrogant 85D, j'ai longtemps eu l'impression qu'elle était beaucoup trop grosse... mais à une époque où certaines dépensent des fortunes en implants mammaires, j'apprécie aujourd'hui, bien plus qu'à vingt ans, les atouts dont j'ai été dotée.
Perchées au sommet de jambes bien galbées, mes fesses sont rondes, rebondies et, je crois, appétissantes. Mes pieds sont petits et fins et apprécient les sandales qui les mettent bien en valeur. Vous l'aurez compris, je suis assez coquette et soigne toujours ma tenue lorsque je sors. Même en mode "décontracté", je choisis des vêtements qui se combinent parfaitement. J'aime les bijoux et les accessoires féminins. Après être passée par tous les stades vestimentaires (fashionista, classique, chic, casual...) je m'amuse à présent à jongler entre les styles et peux porter dans la même journée un tailleur strict puis un short en jean...
Ma vie intime est également contrastée voire paradoxale. En quête d'affection et de tendresse, j'ai connu des relations cahotiques avant de me "caser". Ayant du mal à assumer mes errements passés, j'ai cherché à composer un personnage "bien sous tous rapports", ce qui a longtemps entravé mon épanouissement car je bridais ma sensualité et refoulais mes désirs. Jusqu'à ce que la crise de la quarantaine nous plonge dans une remise à plat de notre vie de couple, je me cantonnais dans les rôles de la bonne épouse et de la bonne mère, feignant de n'avoir ni désirs ni fantasmes...
Mais des événements ont fait éclater ces apparences trop sages. J'ai dû reconnaître que j'étais moi aussi tiraillée par mes instincts, mes pulsions, mes besoins et que la séductrice que j'avais été sommeillait en moi et ne demandait qu'à se réveiller. Ainsi, à la quarantaine bien tassée, j'ai ré-appris à laisser ma sensualité s'exprimer, à assumer la part animale de ma féminité et à jouer ostensiblement de mes appâts pour satisfaire mon envie de plaire.
Encouragée par un mari qui voyait là le moyen de sauver notre couple en reconstruisant notre relation sur des bases plus saines, plus sincères, plus complices, j'ai petit à petit entrepris de concilier ma soif d'érotisme et mes obligations sociales et familiales. Ce ne fut pas facile tous les jours, car la tentation de me replier et de retourner dans mon jardin secret revient parfois. Mais je suis motivée et je m'efforce de m'assumer de plus en plus.
...à suivre.
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"O ne souhaitait pas mourir, mais si le supplice était le prix à payer pour que son amant continua à l'aimer, elle souhaita seulement qu'il fût content qu'elle l'eût subi, et attendit, toute douce et muette, qu'on la ramenât vers lui." La relation SM nécessite impérativement un échange protocolaire se distinguant du propos coutumier car au commencement, il y a l'alliance constitutive unissant intimement deux partenaires tout en les disposant dans une posture dissymétrique. Évoquer tout ce qui est possible sexuellement, en portant une attention particulière, à l'indispensable consentement. Car il n'y aurait plaisir sans respect de la sécurité. Dès lors, cet échange peut convoquer de façon irrationnelle et mystique, dans l’espace imaginaire commun aux deux partenaires, un troisième personnage, l’autre, lieu où la vérité parle, trésor de signifiants qui déterminent le désir et, parmi ces signifiants, à une place éminente, le sujet supposé ardeur, raison du transfert. Le protocole du contrat avalisé offre un forum à la prise en compte de la découverte mutuelle dans le dialogue masochiste et par là contribue à élever ce dialogue au rang de sublimation spécifique dans la formalisation. Se baser sur l'extase dans l’interprétation signifie que l’on considère le désir sexuel tout aussi essentiel que sa seule satisfaction réelle, pour autant bien sûr que l’on puisse dissocier les deux niveaux, car la pulsion est selon l'expression lacanienne un "écho dans le corps du fait qu’il y a un dire." Ce qui, dans l’analyse, concerne le plaisir masochiste, comme mode de jouissance d’un sujet, relève de la recherche du plaisir dans la douleur, et non de la libido classique. Il y a là une rupture de causalité entre la sensualité traditionnelle, l'éducation telle que représentée dans la société et l’investissement libidinal. L'adhésion meublant alors la place de cette rupture. L'extase serait-elle de l’ordre de l’écho ? Il y a bien là évidemment une objection, celle d’accéder à une réalisation "perverse" de la pulsion sexuelle, sa réalisation s’effectuant dans un environnement fondamentalement nouveau. Certes, Freud en a défini dans "Pulsions et destins des pulsions", la source et l’objet, mais, elles demeurent telles quelles, un montage un peu surréaliste. D’où l’intérêt de cette affirmation, qui à première vue semble paradoxale, mais constituant un progrès décisif que c’est la jouissance qui révèle la nature propre de la pulsion. Le concept de plaisir féminin a-t-il une signification ? L'interrogation semble étonner. Mais si l’on considère en SM qu’il s’agit d'une pulsion de mort en psychanalyse et non de sexualité traditionnelle, il cesse d’en aller ainsi. Car il s’agit bien de savoir si la notion d'attirance féminine pour la souffrance a un sens et comment elle se différencie de la psychosexualité classique. Ainsi, à ce sujet, la construction de la pensée analytique se caractérise par une oscillation dont la Bible fournit une allégorie. L’origine étymologique du féminin, dans la Genèse est bâtie non pas sur un seul récit, mais sur deux. Les deux textes sont catégoriquement opposés. Le premier pose la création simultanée de deux êtres, l’un masculin, l’autre féminin, d’emblée érigés dans leur différence et formant couple. Mais quatre versets plus loin, un second conte renommé, fait du féminin une part prélevée au masculin. Tout le débat de la psychosexualité féminine pourrait s’afficher dans l’espace de conflictualité qui s'établit ainsi. Dès lors, c’est dans ce champ que devient lisible le mystère des origines du féminin, de la différence des sexes, telle l’alternance des identités masculines et féminines différemment négociée en chaque sexe. C’est dans cet espace libre que la dimension du lien de soumission entre l’homme et la femme devient également pensable. Ainsi organisée par deux récits mythiques, et non un seul, cette relation échappe au poids d’une référence unique. La complexité en découlant offre une signification au lien de jouissance tissé entre les deux partenaires du duo BDSM. Lacan livre ainsi deux pôles de l’expérience analytique. D’une part, celle du refoulé soumis qui est un signifiant et sur lequel s’édifie de façon synchronique la relation. D'autre part, celle de l’interprétation qui s’identifie au désir dans laquête de la transgression normative. Dans l’intervalle, il y a la sexualité. La jouissance dans la douleur, destin d’une pulsion sexuelle non refoulée, occupe cette place dans l’intervalle et donc facilite la liaison sexuelle entre l’identification de la souffrance au désir. Au XVIIIème siècle, le masochisme larvé de Rousseau met en lumière l’interaction des liens qui unissent recherche de la douleur et quête de la jouissance. Débat qui a été posé en psychiatrie en termes de rapports entre la folie et le génie, ou entre l’homme et l’œuvre. On sait que des opinions contradictoires se sont affrontées. Indépendance des deux termes, détermination de l’un par l’autre, privilège de l’un sur l’autre. Pour le philosophe Michel Foucault, dans "Propos sur le septième ange", la posture a fluctué. Du tonitruant "Absence d’œuvre, folie", le normalien finit par en faire le cœur même de l'expression de la littérature moderne, telles celles de Breton et d'Artaud. En employant l’expression de "paranoïa de génie" pour Rousseau et en comparant ses écrits à ceux d’Aimée, Lacan ouvre la voie à une autre approche que celle d’une opposition binaire, une approche selon les virtualités de création, que la psychose a produites et non pas juste épargnées.
"Vous abandonnerez toujours au premier mot de qui vous l’enjoindra, ou au premier signe, ce que vous faites, pour votre seul véritable service, qui est de vous prêter. Vos mains ne sont pas à vous, ni vos seins, ni tout particulièrement aucun des orifices de votre corps, que nous pouvons fouiller et dans lesquels nous pouvons nous enfoncer à notre gré. Par manière de signe, pour qu’il vous soit constamment présent à l’esprit, ou aussi présent que possible, que vous avez perdu le droit de vous dérober, devant nous vous ne fermerez jamais tout à fait les lèvres, ni ne croiserez les jambes, ni ne serrerez les genoux." La sublimation est la désignation de la séparation accomplissant une déconnection d’une communion du sujet supposé savoir et de la personne désirée. Il faut maintenant considérer comment la structure même du signifiant sujet supposé savoir se prête à cette fusion et, partant, à sa coupure possible dès lors qu’on en discerne les lignes de forces ou le tracé. Lacan témoigne de cette fusion dans le cas des névroses hystérique et obsessionnelle mais on ne saurait l’exclure pour les autres structures. Il en donne quelques indications quand, dans "Problèmes cruciaux pour la psychanalyse", il affirme que le symptôme définit le champ analysable en cela "qu’il y a toujours dans le symptôme l’indication qu’il est question de savoir." La structure de l’obsessionnel est de ne surtout pas se prendre pour un Maître car il suppose que c’est le Maître qui sait ce qu’il veut. On aurait pu croire que la possibilité de se dire lacanien permit une certaine unification des analystes qui énoncent ce dire, au-delà des différences de lecture. Il n’en est rien, et les lacaniens sont traversés par les mêmes conflits qui existent ailleurs et sont déclenchés pour des raisons variables. Il y a cependant chez les lacaniens une attention et une sensibilité particulières aux disparités qui les désunissent. Ils ne se sentent pas quittes avec les différences reconnues. La disjonction du savoir et de la vérité, avec son enjeu scientifique, entre aussi en ligne de compte dans les relations entre analystes. Freud a analysé la sublimation comme la fatalité d’un instinct génésique non refoulé. Dans ces conditions, n’est-ce pas la part de la pulsion à attendre de l’analyste ? Quand Lacan ajoute que "la sublimation révèle le propre de la pulsion", cela signifie qu’elle révèle, en particulier dans l’analyse, ce destin d’un sexuel non refoulé. Ce destin peut être appelé une dérive, traduisant au plus près Trieb en s’inspirant de l’anglais drive. Quelle dérive ? Une dérive de la jouissance. De quelle jouissance ? De la jouissance sexuelle qu’il n’y a pas, en lien avec une jouissance du désir. Qu’il n’y a pas quand il n'y a pas rapport sexuel. Ce sont les pulsions partielles qui représentent le sexuel avec le concours d’un seul signifiant pour les deux sexes, le phallus, signifiant de la jouissance, quels que soient les signes jamais satisfaisants dont on veut caractériser le masculin et le féminin et qui, à en rester là, rejettent la psychanalyse dans le culturalisme. Les pulsions suppléent au non-rapport sexuel inscrit dans l’inconscient. La sublimation quant à elle n’est pas une suppléance qui ferait rapport sexuel, elle révèle le non-rapport sexuel auquel les pulsions partielles suppléent. Elle révèle en quelque sorte un manque de suppléance. Une vie amoureuse épanouie correspond au désir le plus profond des êtres humains, et rien ne nous rend plus heureux, mais aussi plus désespérés et plus vulnérables que nos expériences relationnelles. Dans nos sociétés modernes et post-modernes, la satisfaction sexuelle est devenue le paradigme d’une vie autonome et caractérise d’une façon exigeante la qualité d’une vie de couple. Les représentations actuelles de la sexualité s’identifient à un concept se focalisant sur la libération totale de contraintes sexuelles et la réalisation du Soi.
"Devant nous, vous ne toucherez jamais à vos seins: ils sont exhaussés par le corset pour nous appartenir. Le jour durant, vous serez donc habillée, vous relèverez votre jupe si on vous en donne l’ordre, et vous utilisera qui voudra, à visage découvert, et comme il voudra, à la réserve toutefois du fouet. Le fouet ne vous sera appliqué qu’entre le coucher et le lever du soleil." Cette expression d’indépendance renvoie à un principe d'affranchissement et de cognition conduisant à transcender les contraintes précédentes dans la relation et la sexualité, en mettant l’accent sur la puissance créatrice propre à chacun pour parvenir à la satisfaction sexuelle. Dans ce contexte, le corps est considéré indépendamment de ses limites physiologiques. De nombreux couples échouent en raison des contradictions entre les représentations modernes et les identifications inconscientes et il n’est pas rare que le désir sexuel soit laissé pour compte ou devienne l’arène du conflit. Car les conflits qui mènent les gens en thérapie ont toujours affaire à leur satisfaction sexuelle et de sexe. Aujourd’hui, les hommes et les femmes ont peur d’échouer ou ils ont honte de ne pas être pleins de désirs orgastiques comme les images médiatiques l’imposent. Partant du présupposé que l’imaginaire social influence les auto-constructions individuelles, ces conflits ne peuvent pas être seulement considérés au niveau individuel, mais en relation avec les influences internes et externes des discours culturels sur le genre et sur les imagos maternelle et paternelle. L’analyse du corps, du sexe et des pratiques sexuelles dans le couple évolue en ce sens à différents niveaux entremêlés les uns aux autres. C’est-à-dire d’un côté la question de savoir quels sont les motifs culturels proposés par les discussions publiques concernant les genres et la libération sexuelle afin de gérer l’affinité sexuelle du corps et le désir sexuel dans la relation, et donc quelles sont les représentations d’une sexualité satisfaisante qui orientent les couples. Et d’un autre côté de quelle façon ces discours influencent la dynamique intrapsychique dans la conduite des différentes pratiques sexuelles ? Tout groupe humain possède ses propres expressions caractéristiques d’une libido épanouie, de ces modes et de ses conduite. Dès lors, l'édifice est uni à un idéal et à des valeurs désignant les rôles féminins et masculins ainsi que le différents modes d'actions. Alors que pour la relation hétérosexuelle romantique classique, il y avait une répartition des rôles de la sexualité masculine et féminine, tout au long des diverses transformations sociales, non seulement ce sont les représentations de sexes qui ont changé mais aussi les pratiques et les interactions. Aujourd’hui, à l’époque des représentations relationnelles et sexuelles postmodernes, l’idéal d’autodétermination sexuelle occupe une importance centrale et s’accompagne de la promesse de pouvoir construire l’amour et le bonheur par soi-même. Dans notre société postmoderne, la focale se concentre sur une optimisation de la beauté corporelle et du désir sexuel. Les promesses alléchantes de bonheur s’accompagnent d’un corps parfait, d’une vie amoureuse et de fantasmes sexuels accomplis. Le but est alors de conquérir le corps comme une marchandise esthétique ou d’insuffler un souffle de perversion à la vie sexuelle "sotte" jusqu’à présent. À l’heure actuelle, le niveau du consensus moral d’égal à égal est l’essentiel pour tous les couples, indépendamment de leurs préférences sexuelles, qu’elles soient "tendres" ou sadomasochistes.
"Mais outre celui qui vous sera donné par qui le désirera, vous serez punie du fouet le soir pour manquement à la règle dans la journée : c’est-à-dire pour avoir manqué de complaisance, ou levé les yeux sur celui qui vous parle ou vous prend : vous ne devez jamais regarder un de nous au visage. Dans le costume que nous portons à la nuit, et que j’ai devant vous, si notre sexe est à découvert, ce n’est pas pour la commodité, qui irait aussi bien autrement, c’est pour l’insolence, pour que vos yeux s’y fixent, et ne se fixent pas ailleurs, pour que vous appreniez que c’est là votre maître, à quoi vos lèvres sont avant tout destinées." De nos jours, les mentalités ont changé et le sexe est regardé dès lors comme un simple moyen d'expression de plaisir de plus en plus "marchandé." Les possibilités d’amélioration de la libido vont des images esthétiques du corps jusqu’à la chirurgie esthétique en passant par la musculation et le traitement hormonal. La possibilité d’optimisation du corps s’accompagne de la promesse d’un bonheur alléchant et promettent à travers un corps parfait un gain en attractivité sexuelle et une vie amoureuse plus heureuse et plus remplie. L'offre d’optimisation du désir sexuel à travers les pratiques et les préparations esthétiques du corps est variée et médiatiquement présentée. La virilité est désormais visible à travers un agrandissement du sexe. La féminité est représentée à travers une dissimulation esthétique. Les modifications intimes visent non seulement à l’esthétisation du génital visible et à la fabrication d’un design vaginal avec réduction des lèvres vaginales, promettent aussi une amélioration du désir sexuel. Ici aucune zone du corps n’est omise. À l’ombre de la libéralisation et de la libération sexuelle s’est développée une pression vers la perfection variant selon le genre. Mais par conséquent, une construction de soi esthétique a relayé le développement de l’identité sur la base du corps et a développé un idéal normatif. Les corps et les pratiques sexuelles étant configurés et adaptés aux normes sociales, les stratégies de normalisation des optimisations corporelles et esthétiques sont confirmées et reproduites. Le corps est devenu le lieu éminent de confrontations personnelles et sociales au sujet de l’identité, de la différence, et de ce qui est considéré comme normal et socialement acceptable, ou déviant. Les constructions de normalité et de déviance au sens de Foucault qui sous-tendent les pratiques et les discours d’optimisation esthétiques et sexuels du corps et du soi peuvent être considérés au niveau sociétal comme une microphysique du pouvoir. La timidité ou la pudibonderie ne sont plus du tout de mise dans les relations amoureuses à l'occasion des rapports sexuels entre partenaires. L'objectif déclaré, sans aucune fausse honte est sans cesse, la quête du plaisir, quitte à se montrer inventif voire gourmand dans la découverte de nouvelles expériences telles la sexualité anale, le triolisme, ou encore l'exploration jubilatoire de l'univers du BDSM. En d’autres termes, les pratiques corporelles et sexuelles sont le moyen et l’expression de la constitution d’un ordre social mais aussi d’un ordre de genre. À première vue, il semble toutefois que l’optimisation du corps ait ouvert un accès aux désirs cachés et réprimés jusqu’ici et des chemins à une sexualité auto déterminée. Néanmoins, en tenant compte des paradoxes évoqués, la question se pose de savoir si les acquis constituent des conditions de possibilité d’autonomie et de liberté ou bien s’ils contribuent à l’aliénation corporelle et finalement à des processus de désincarnation. Aujourd’hui, dans les temps post modernes, les possibilités illimitées d’une auto détermination et de libertés nouvellement gagnées promettent de transcender les limites du corps et exigent le développement incessant de nouvelles capacités et compétences. D’un autre côté, cela s’accompagne d’insécurités qui ravivent une nostalgie pour les anciens modes de relations traditionnelles que l’on croyait dépassés et réactivent des parts psychiques inconsciemment rejetées. Chaque identification consciente incarne toujours la tension entre la reprise des normes socio-culturelles et les particularités individuelles. Par conséquent, la hiérarchie sociale de la masculinité et de la féminité suscite des tensions dans les deux identités de sexe psychologiques. Cela conduit les couples à un conflit, lorsque les parts rejetées derrière lesquelles se cachent le plus souvent des parts de sexe opposés, sont projetées sur le partenaire et s’y livrent bataille. Ici, les rêves et les fantasmes ainsi que les symptômes corporels se prêtent de façon particulière à l’approche analytique de l'ensemble de toutes ces questions.
"Dans la journée, où nous sommes vêtus comme partout, et où vous l’êtes comme vous voilà, vous observerez la même consigne, et vous aurez seulement la peine, si l’on vous en requiert, d’ouvrir vos vêtements, que vous refermerez vous-même quand nous en aurons fini de vous. En outre, à la nuit, vous n’aurez que vos lèvres pour nous honorer, et l’écartement de vos cuisses, car vous aurez les mains liées au dos, et serez nue comme on vous a amenée tout à l’heure. On ne vous bandera les yeux que pour vous maltraiter, et maintenant que vous avez vu comment on vous fouette, pour vous fouetter. " Tout autant que la réalité de la vie sexuelle conjugale réelle, à travers une remise en question de pratiques antérieures, telles un changement de partenaire ou une expérience de sexualité multiple (HHF) ou (FFH), le fantasme occupe une place non négligeable dans notre libido, par son rôle déclencheur dans sa réalisation dans la réalité. Cette conception du rêve et du symptôme part de l’idée qu’ils constituent la clé pour l’autonomisation et le développement à venir. Le rêve suivant est lu de façon double et en deux temps. Tout d’abord comme un document temporel, dans lequel l’histoire du devenir biographique est incarné, mais aussi comme expression émancipatrice vers le changement, et donc orienté vers le futur. Il s’agit concrètement de se pencher sur les désirs sexuels et de découvrir si des prescriptions et des exclusions lui sont associées, constituant par ailleurs le cadre des transgressions. Car le concept de transgression ne fait sens que par rapport à des normes dominantes. "Je suis allongée dans un grand lit avec un inconnu. Il veut que je le satisfasse oralement. Son pénis est long et épais, ce qui est satisfaisant et excitant. Avec excitation, et le souhait d’être une partenaire sexuelle satisfaisante, je réalise son désir. Le sperme emplit toute ma cavité buccale, déborde de ma bouche et se répand en filaments sur mes lèvres et mon menton." Le désir laisse augurer une matrice de la normativité collective hétérosexuelle en laquelle le plaisir féminin actif est socialisé de façon destructive comme le "le vagin denté." Comme il ressort de l’interprétation de la séquence du rêve présenté, derrière les pratiques sexuelles hétéro normativesse cachent les fantasmes féminins. Les rêves offrent un accès permettant d’explorer des concepts culturels de sexualité mais aussi de pénétrer dans des espaces de possibilités jusqu’alors "tabouisés", non pensés et surtout non réalisés. D'où l'importance cruciale pour un couple hétérosexuel ou homosexuel de vivre ses fantasmes pour atteindre alors une sexualité épanouie sans cesse renouvelée. C'est la clé du succès. Dès lors, l’analyse du corps considère que le désir s’accompagne de l’excitation, d’une tension sensuelle, des impulsions qui ouvrent et passent des frontières. Sur un niveau somatique, un changement s’opère dans un mode de mouvement entre activités et détente ou bien au sens figuré absorber/tenir et lâcher, de donner et prendre. En tant que principe actif corporel, les mouvements de vitalité basée somatiquement peuvent être traduits métaphoriquement en tant que mode intersubjectif de donner et prendre. Avec un regard critique du point de vue des genres sur le contenu du rêve, la façon dont les influences profondes des représentations hétérosexuelles normatives influence le vécu corporel subjectif est évidente. Comme les rêves, les livres, et en particulier les best-sellers, donnent accès aux attentes centrales, aux idées et aux valeurs. Ils peuvent être lus comme les produits culturels de fantasmes collectifs. Ils nous donnent la réponse à la question de savoir commentle désir sexuel prend forme actuellement, mais aussi quelles sont les conditions suivies par l’ordre sexuel.
"À ce propos, s’il convient que vous vous accoutumiez à recevoir le fouet, comme tant que vous serez ici vous le recevrez chaque jour, ce n’est pas tant pour notre plaisir que pour votre instruction. Cela est tellement vrai que les nuits où personne n’aura envie de vous, vous attendrez que le valet chargé de cette besogne vienne dans la solitude de votre cellule vous appliquer ce que vous devrez recevoir et que nous n’aurons pas le goût de vous donner. Il s’agit en effet, par ce moyen, comme par celui de la chaîne qui, fixée à l’anneau de votre collier, vous maintiendra plus ou moins étroitement à votre lit plusieurs heures par jour, beaucoup moins de vous faire éprouver une douleur, crier ou répandre des larmes, que de vous faire sentir, par le moyen de cette douleur, que vous êtes contrainte, et de vous enseigner que vous êtes entièrement vouée à quelque chose qui est en dehors de vous. " Le roman"Histoire d'O" de Dominique Aury alias Anne Cécile Desclos traite d’une relation de soumission entre O et plusieurs Maîtres. Ils ont des goûts sexuels spéciaux, en particulier des pratiques sadomasochistes dans lesquelles l'esclave sexuelle est la femme qui occupe une position passive et masochiste. Les livres et les pratiques sexuelles propagées intéressent particulièrement les femmes mariées au-dessus de trente ans et les étudiantes. Il est également intéressant dans ce contexte que les couples qui recherchent des établissements sadomasos, évoquent des heures entières de jeux sexuels, comparables à des jeux de rôle fantasmatique. De nos jours, le sexe revêt une forme singulière. C'est ainsi que l'on assiste à un changement radical dans les mentalités et les comportements sexuels. Dès lors, la structure classiques hétéro nominative dans laquelle, l’homme est instruit et encouragé à prendre la position dominante agressive et inversement la femme à prendre la position masochiste. Il s’agit de la troisième révolution ou de la révolution "néosexuelle". La sexualité ne serait plus la grande métaphore, qui relie au couple, mais une mise en scène culturelle exagérée et permanente, un désir sans retenue de l’exhibition publique. Considérons les pratiques sadomasochistes, comme celles proposées au début, comme un conflit conscient et inconscient, nous pouvons examiner les pratiques sadomasochistes de façon différente. D’un côté sur un plan inconscient et corporel et de l’autre sur un plan postmoderne et normatif. Ainsi afin de comprendre les besoins sexuels et les pratiques sadomasochistes et particulièrement une disposition féminine à se mettre souvent volontairement dans une situation passive et masochiste et en outre à considérer le partenaire mâle comme devant consentir à prendre la position agressive et dominante, il est utile de se référer de nouveau à la différence que fait Freud entre sexuel et sexualité. Tout en refusant de réduire le sexuel à du génital et à une fonction de reproduction, Freud tisse un large continuum d’expériences et de comportements sexuels ainsi qu’un polymorphisme dont les frontières entre normal, pervers, sain et malade sont fluides. Aujourd’hui nous sommes confrontés à des formes de libération spécifiques qui se réfèrent non seulement aux diverses formes de l’homosexualité et de l’hétérosexualité, mais aussi à des pratiques sexuelles, comme elles sont popularisées, par exemple, dans le roman "Histoire d'O."
"Quand vous sortirez d’ici, vous porterez un anneau de fer à l’annulaire, qui vous fera reconnaître: vous aurez appris à ce moment-là à obéir à ceux qui porteront ce même signe, eux sauront à le voir que vous êtes constamment nue sous votre jupe, si correct et banal que soit votre vêtement, et que c’est pour eux. Ceux qui vous trouveraient indocile vous ramèneront ici. On va vous conduire dans votre cellule." Depuis toujours, bien avant les travaux de Freud, il est difficile d'oublier que la représentation sociale du corps féminin, dans notre culture occidentale, est soumise, depuis la nuit des temps à des tabous. L’appropriation du corps pubère et désirant sexuellement lors de l’adolescence et le rapport aux désirs sexuels propres à chacune sont particulièrement soumis à de multiples jugements caractérisés par la répression et le tabou. Les idéaux normatifs contrarient le désir d’exploration indépendant du corps, y compris des organes génitaux féminins. À cet égard, l’image corporelle subjective n’est pas limitée à l’exploration du corps propre, mais provient essentiellement des représentations corporelles de genre, maternelle et parentales transmises à l’enfant. À examiner ce phénomène de plus près, ce développement commence au plus tard à la naissance. L’absence de représentation en ce qui concerne l’image du corps féminin en développementa inévitablement des conséquences pour l’investissement libidinal du schéma corporel et s’accompagne d’un manque narcissique dans l’image du corps. Car symboliser signifie: penser et différencier les sensations corporelles et les organes. Pour compenser la congruence manquante entre le schéma corporel réel et l’image du corps dans le ressenti corporel, il faut alors rechercher des symbolisations signifiantes pour les aspects corporels non symbolisés, mais perçus par les affects de façon diffuse. Ainsi, la femme ne peut pas traduire ses expériences corporelles au sens authentique en un désir autonome ou bien en une capacité d’action auto-efficace. Dans le combat pour les structures de genre normatives, la relation entre la beauté féminine et la "tabouisation" de la force corporelle féminine conserve un caractère productif de sens en relation avec la subjectivation féminine et se reproduit dans l'usage d’optimisation esthétique. Du fait de l'évolution des mœurs et du mouvement profond et inédit de la libération sexuelle depuis une soixantaine d'années, au regard des changements des relations amoureuses et des techniques sexuelles, nous constatons que les conduites sexuelles sont différentes, quelques-unes traditionnelles et d’autres modernes et libres. Mais les imaginations de la liberté caractérisent un nouveau développement des pratiques sexuelles qui se focalisent sur la libération des contraintes sexuelles et la réalisation du soi. D’où le fait que les représentations d’identités transmises et existantes jusqu’à présent sont aussi ébranlées et s’accompagnent spécialement de mécanismes de défenses psychiques, ce qui détermine des conflits psychiques individuels internes et dans le couple. Comment pouvons-nous comprendre la promesse postmoderne du dépassement des frontières corporelles ? Pouvons-nous interpréter les pratiques sexuelles actuelles absolument comme des formes de résistance, comme une résistance contre l’hétérosexualité normative ? En perpétuant la séparation bivalente entre les désirs actifs et passifs, les désirs sexuels se trouvent ainsi restreints à un schéma traditionnel. Dans ce sens, l’homme et la femme continuent dès lors à incarner et à reproduire des structures hétéronormatives. Dans ce contexte, les pratiques BDSM constituent des pratiques stabilisatrices pour les tensions entre les relations de sexe car elles intègrent de la même manière dans la palette des pratiques des modes de désir sexuel excessifs et apparemment incontrôlables. En satisfaisant l’exigence d’un épanouissement sexuel, elles sont une solution novatrice pour associer l’instabilité structurelle entre les sexes avec l'exigence moderne d’autonomie.
Bibliographie et références:
- Sigmund Freud, "Trois essais sur la théorie sexuelle"
- Michel Foucault, "Histoire de la sexualité"
- Jacqueline Comte, "Pour une authentique liberté sexuelle"
- Alain Robbe-Grillet, "Entretiens complices"
- Alain Robbe-Grillet "Pour une théorie matérialiste du sexe"
- Jacques Lacan, "Deuxième Séminaire"
- Jeanne de Berg, "Cérémonies de femmes"
- Hélène Martin, "Sexuer le corps"
- Sylvie Steinberg, "Une histoire des sexualités"
- Patrice Lopès, "Manuel de sexologie"
- Philippe Brenot, "Dictionnaire de la sexualité humaine"
- Bernard Germain, "La sexualité humaine"
Bonne lecture à toutes et à tous.
Méridienne d'un soir.
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"Si les choses ne vont pas aussi mal pour vous et pour moi qu’elles eussent pu aller, remercions-en pour une grande part ceux qui vécurent fidèlement une vie cachée et qui reposent dans des tombes que personne ne visite plus. L'orgueil vient à notre aide, l'orgueil n'est pas une mauvaise chose quand il se contente de nous pousser à cacher nos propres blessures, et non à blesser autrui. Nos morts ne sont jamais vraiment morts, jusqu’à ce qu’on les oublie. Les étoiles sont le fruit doré d'un arbre hors d'atteinte". "Middlemarch" et "Le Moulin sur la Floss", deux œuvres magistrales de l'écrivaine anglaise George Eliot (1819-1880), née Mary Ann Evans, injustement oubliée, permettent de la découvrir. Elle est considérée comme un des plus grands écrivains victoriens. Ses romans, qui se situent dans une Angleterre provinciale, les Midlands ruraux, sont connus pour leur réalisme et leur profondeur psychologique. Elle prit un nom de plume à consonance masculine afin que son œuvre soit prise au sérieux. Même si les écrivaines de cette période publiaient librement sous leur vrai nom, l'usage d'un nom masculin lui permettait de s'assurer que ses œuvres ne soient pas perçues comme de simples romans d'amour. Elle souhaitait également être jugée séparément de son travail d'éditeur et de critique déjà reconnu. Enfin, elle désirait préserver sa vie privée des curiosités du public, notamment sa relation déshonorante avec George Henry Lewes, un homme marié avec qui elle vécut plus de vingt ans. Naguère lue, étudiée, commentée en France, elle y était un peu tombée dans l’oubli. Rien ne prédisposait Mary Ann Evans à la création littéraire, si ce n’est l’influence d’instituteurs, des voyages, des rencontres, des bibliothèques et surtout une soif d’apprendre, puis de créer. Avant d’aborder la fiction avec un recueil de nouvelles, elle apprend le grec, le latin, l’allemand, l’italien, s’intéresse à Spinoza dont elle traduira plus tard "L’Éthique", traduit "La Vie de Jésus" de Strauss et "L’Essence du christianisme" de Feuerbach. Deux ouvrages critiques qui firent scandale à l’époque. En exergue du "Moulin sur la Floss", une phrase de la Bible, reprise aux dernières lignes, "Dans la mort ils ne furent pas séparés". Son tragique s’étend sur la narration. Dans le moulin familial, la petite Maggie vit avec son frère Tom les plus belles heures de sa vie avant leur séparation, et le dur contact avec le réel: la ruine causée par l’imprévoyance de leur père, incapable de comprendre alors les mutations de l’Angleterre rurale. L’épreuve rend Tom insensible. Maggie vivra dans l’incertitude des sentiments, l’impossibilité d’accepter en elle le désir et même de lui donner un nom. Présente aux premières lignes, la Floss, "charmante petite rivière" capable de brusques colères, sera l’instrument du destin, réunissant dans la mort le frère et la sœur. La souffrance d’être réprouvée fait écho à des épisodes douloureux de la vie de George Eliot: l’incompréhension de son père quand elle refuse d’assister à un office religieux. Celle de son frère quand il découvre sa liaison avec un homme marié. Le dénouement renvoie bien sûr aux figures de Tristan et Yseult dont l’union dans la mort hante la poésie et la fiction européennes. Les plus grands ont reconnu ce qu’ils lui devaient, pour ne citer que Marcel Proust, écrivant en septembre 1910: "Deux pages du "Moulin sur la Floss" me font pleurer".
"Nos vies sont tellement liées entre elles qu'il est absolument impossible que les fautes des uns ne retombent pas sur les autres. Même la justice fait ses victimes, et nous ne pouvons concevoir aucune punition qui ne s'étende en ondulations de souffrances non méritées au delà de son but". Née le vingt-deux novembre 1819 dans le Warwickshire en Angleterre et décédée le vingt-deux décembre 1880 à Londres, George Eliot, de son vrai nom Mary Ann Evans, est une romancière, poète, journaliste, traductrice et critique de l’époque victorienne. Issue d’une famille aisée de fermiers, George Eliot est, dès ses cinq ans, éduquée dans divers collèges pour jeunes filles. En 1835, elle doit interrompre ses études et rentre à la maison pour s’occuper de sa mère Christiana Pearson, qui est tombée malade. Suite à sa disparition, elle lui succède dans la gestion du ménage familial, en prenant soin de ses frères et sœurs ainsi que de son père Robert Evans tout en poursuivant sa formation à la maison. À partir de 1840, elle fréquente à Coventry les salons intellectuels de milieux politiques libéraux et de libres penseurs, comme Charles Bray et l’écrivaine Cara Bray, son épouse. Quand son père décède en mai 1849, Mary Ann Evans a trente ans. Elle refuse alors d’aller vivre avec son frère et son épouse et part en voyage en Suisse avec les Bray. Une fois arrivée à Genève, qu’elle dépeignait quelque temps auparavant comme "le genre de ville romantique dans laquelle il serait merveilleux de passer un an, en lisant, en réfléchissant dans un attique", Mary Ann Evans prend la décision d’y séjourner seule. Elle loge quelques semaines dans une pension proche des bâtiments qui aujourd’hui abritent l’Organisation des Nations unies, puis se lie d’amitié avec le couple de peintres Julie et François d’Albert-Durade, qui l’invitent dans leur maison à la rue de la Pélisserie. En mars 1850, après un séjour de près de huit mois à Genève, Mary Ann Evans repart, mais pendant de longues années elle reste alors en correspondance avec ses amis. François d’Albert-Durade est le principal traducteur français de son œuvre. Dix ans après son voyage, elle reprendra ses souvenirs sur ce séjour genevois décisif dans sa nouvelle, s’inspirant du genre fantastique, "The Lifted Veil". De retour en Angleterre, Mary Ann Evans s’installe à Londres et s’insère dans le monde de la politique et du journalisme. Elle devient la rédactrice de la prestigieuse "Westminster Review" et se rapproche d’Herbert Spencer, théoricien du darwinisme social. Sa vie personnelle est marquée par des choix qui suscitent alors le scandale. En couple depuis 1854 avec l’écrivain George Henry Lewes, qui est séparé de sa femme, elle ne peut faire ménage commun qu’en abandonnant l’Angleterre pour voyager avec lui en Allemagne. À leur retour, marginalisés, ils ne peuvent pas s’installer à Londres et déménagent à Richmond. Des années passent avant que le couple ne soit réadmis dans la société londonienne. Mary Ann Evans est désormais une éditrice, critique littéraire et traductrice reconnue. C’est pour protéger sa vie privée et professionnelle que, lorsqu’elle fait paraître en 1856 ses premières nouvelles, elle choisit un nom de plume masculin, George Eliot, comme le fit ainsi George Sand.
"Le sentiment d’être un gentleman ne devrait faire qu’un avec le sentiment d’être un homme. Oh j’ai relativement une vie facile. J’ai essayé d’être institutrice et je ne suis pas faite pour cela, j’ai l’esprit trop indépendant. N’importe quelle tâche pénible vaut mieux, je trouve, que de faire une chose pour laquelle on est payé et qu’on ne fait pourtant jamais bien". Elle ne veut pas être associée à ses travaux critiques déjà parus et souhaite en outre se distancier du cliché de la littérature "féminine" jugée alors par la critique comme attachée à des sujets sentimentaux ou frivoles, qu’elle-même a d’ailleurs contribué à évaluer sévèrement dans ses articles. Suite au succès immédiat de son roman "Adam Bede" en 1859, George Eliot finit par révéler son identité. Cela n’a pas d’impact négatif sur sa carrière d’écrivaine, et durant les vingt ans suivants, elle alterne son abondante activité critique avec la création littéraire, en publiant sous son nom de plume de nombreux romans où elle traite de politique, de religion, et discute de questions sociales ou de genre. Dans son chef-d’œuvre littéraire "Middlemarch", elle introduit alors, par exemple, le thème politique de la modification du système électoral par le "Reform Act" de 1832. Dans ses romans, elle met en avant des protagonistes déterminées. Ses figures de femmes sont souvent remarquables: intelligentes, fortes et autonomes dans la réalisation de leurs vies parfois à contre-courant, elles luttent contre la violence domestique, ou se battent pour que leurs qualités soient enfin reconnues et leurs choix respectés ("The Mill on the Floss"). En 1878, George Henry Lewes décède. En 1880, Mary Ann Evans épouse John Walter Cross, un proche ami, plus jeune de vingt ans, son premier biographe, avant de mourir la même année, âgée alors de soixante-et-un ans. La propension des lecteurs à citer Eliot est imputable à la structure narrative de son œuvre, ponctuée d’épigraphes et de digressions qui se suffisent ainsi à elles-mêmes. Mais, concrètement, elle remonte à l’aventure éditoriale de l’un de ses admirateurs. L’année où parut "Middlemarch", sa maison d’édition fit aussi paraître un volume plus léger de Wise, "Witty and Tender Sayings in Prose and Verse Selected from the Works of George Eliot" (Sélection de maximes sages, spirituelles et tendres en prose et en vers tirées des œuvres de George Eliot), compilation rassemblée par Alexander Main. En 1878, à Noël, au moment des étrennes, l’éditeur des "Sayings" collationna une autre série de citations pour le George Eliot Birthday Book (le Carnet d’anniversaires de GeorgeEliot), un agenda orné d’une série de pensées ou de citations de George Eliot pour chaque jour de l’année.
"Dans la foule des hommes d’âge mûr qui, au cours de la vie quotidienne, remplissent leur vocation à peu près comme ils font le nœud de leur cravate, il n’en manque pas dont la jeunesse avait rêvé de plus nobles efforts, et, qui sait, de changer le monde peut-être". Avant George Eliot, il était rare que l’on taille des morceaux d’anthologie dans des romans. Les anthologies victoriennes sont dominées en effet par des genres littéraires jugés plus sérieux: poésie lyrique, essai et théâtre, en fait Shakespeare. Dans un tel contexte, tirer d’Eliot des morceaux choisis revient à dire que ce qui compte dans ses romans, ou ce qu’il y a de mieux dans ses romans, ce n’est en tout cas pas l’histoire. L’affirmation d’Alexander Main selon laquelle "Middlemarch" "est en fait un poème en prose bien plus qu’un roman au sens ordinaire du terme" nous en dit moins sur la forme du texte que sur le morceau d’anthologie en tant que forme littéraire. Ce que Shakespeare a fait pour le théâtre, George Eliot l’a fait pour le roman. Ceux qui connaissent vraiment bien ses œuvres considèrent qu’on ne peut plus réduire cette branche de la littérature à raconter des histoires ou que lire des romans ne saurait être alors dorénavant qu’un simple passe-temps. George Eliot a magnifié sa tâche et l’a rendue honorable. Elle a pour toujours sanctifié le roman en en faisant le véhicule de la plus grande et de la plus intransigeante vérité morale. La poésie d’Eliot est dans l’ensemble mieux représentée dans les "Sayings" que son œuvre romanesque. À tel point que même à l’intérieur de la section consacrée à la poésie, le poème dramatique d’Eliot, "The Spanish Gipsy" (1868), est représenté par les "chants" (songs) plus que par les passages narratifs du poème. Le recueil accorde une représentativité encore plus grande aux épigraphes tirées des romans, dont la moitié sont reproduites. Eliot elle-même encourage ce parti pris. Les deux seules citations qu’elle demande expressément à Main d’insérer dans le Birthday Book sont toutes deux des épigraphes en vers. Elle insiste explicitement pour qu’il oriente le recueil en faveur de la poésie, au détriment de la narration en prose: "Il faudrait parsemer le tout des meilleures citations que l’on peut tirer de mes poèmes et de mes maximes poétiques". Dans sa préface aux "Sayings", Main lui-même proclame que les œuvres d’Eliot "l’autorisent à occuper une place de choix parmi les rangs des poètes britanniques". Il propose de collationner une deuxième anthologie qui assurerait à Eliot cette place: un volume intitulé "The Spirit of British Poetry": "Selection of British Lyrics from Shakespeareto George Eliot" ("L’Esprit de la poésie britannique: une sélection de poèmes lyriques de Shakespeare à George Eliot"), volume qui, suggère-t-il, "pourrait être très convenablement assorti à la première édition des Sayings".
"L’histoire de ce rêve et de la manière dont le plus souvent il arrive à prendre corps, cette histoire est bien rarement menée à terme, et à peine même si elle existe jamais clairement dans l’esprit de ces hommes !" Le recueil de Main participe à ce fantasme d’un dépassement du genre littéraire, fantasme suivant lequel un compte rendu peut décréter, quelques mois plus tard, qu’il est "presque sacrilège d’évoquer des romans ordinaires dans un même souffle que ceux de George Eliot". L’expression "évoquer dans un même souffle" convient à merveille aux entreprises de juxtaposition qui détermineront la position générique d’Eliot et son rang dans la littérature pendant les dix dernières années de sa vie. Le nom d’Eliot réapparaît en tête d’une autre anthologie réunie par Alexander Main, un recueil de bons mots et de réflexions de Samuel Johnson au début duquel figure une épigraphe tirée du poème d’Eliot: "The Spanish Gipsy". Quoi qu’il en soit, les "Conversations of Johnson" ne sont pas le seul ouvrage auquel Eliot fournit une épigraphe. Une citation de son œuvre apparaît en tête d’un chapitre dans l’ouvrage de George Jacob Holyoake, "History of Co-opération in England" (1875-79). Eliot savait très bien que la réputation d’un auteur est influencée par le genre d’ouvrage dans lequel il est cité. Elle-même avait banni une épigraphe du poète américain Walt Whitman de Daniel Deronda "non pas parce que j’objecte au contenu de la maxime mais parce que, comme je cite si peu de poètes, choisir cette réflexion de Walt Whitman pourrait faire croire que je l’admire lui tout spécialement, ce qui est loin d’être le cas". Alors quechez Eliot les devises de chapitres ont pour fonction alors d’inscrire le roman dans une tradition littéraire, l’empressement avec lequel les lecteurs s’approprient son œuvre montre bien que les romans gagnent leur légitimité non seulement grâce aux textes qu’ils citent mais aussi grâce aux textes dans lesquels ils sont alors eux-mêmes cités. À partir des années 1870, la réputation d’Eliot est déterminée par les rapprochements littéraires dont elle fait l’objet. Son refus de citer Whitman la montre consciente du pouvoir de consécration d’une citation, mais il suggère également qu’elle craint de voir son œuvre assimilée à celle du poète américain, d’être, en quelque sorte, reconnue "coupable par association". Les extraits tirés de ses œuvres la rendaient lucide sur le fait que ces deux types d’implication étaient possibles. Sa participation personnelle à la mise enanthologie de son œuvre demeura profondément ambivalente. D’un côté elle presse son éditeur de publier les "Sayings" de Main et fait des propositions concrètes de citations à inclure dans le Birthday Book, de l’autre, elle décline toute responsabilité au sujet des anthologies, alors même, qu’elle autorise leur publication etparticipe à l’élaboration de leur contenu. Elle savait faire la différence entre sa propre œuvre et la critique.
"Peut-être leur ardeur pour un travail généreux et désintéressé s’est-elle peu à peu, imperceptiblement, refroidie, comme l’ardeur de toutes les autres passions de jeunesse, jusqu’au jour où la première nature revient, comme un fantôme, visiter son ancienne demeure et jeter sur tout ce qui l’a meublée depuis, comme une lueur spectrale. Il n’y a rien dans le monde de plus subtil que l’histoire de ce changement graduel dans le cœur des hommes". En 1856, George Eliot publie une étude sur la publication en cinq volumes de John Ruskin sur les peintres modernes. Elle publie son premier roman en 1859. Ses œuvres romanesques "Adam Bede", "Le Moulin sur la Floss" et "Silas Marner" sont des écrits politiques. Dans "Middlemarch", elle raconte l'histoire des habitants d'une petite ville anglaise, à la veille du projet de Loi de Réforme de 1832. Le roman est remarquable par sa profonde perspicacité psychologique et le caractère sophistiqué des portraits. Sa description de la société rurale séduit un large public. Elle partage avec William Wordsworth, le goût du détail de la vie simple et ordinaire de la vie à la campagne. Avec "Romola", roman historique publié en 1862, George Eliot situe son récit à la fin du XVème siècle à Florence. Il est basé sur la vie du prêtre italien Girolamo Savonarola. C’est une petite ville des Midlands, avec sa couronne de collines où se perchent les manoirs de la gentry. À un moment historique très précis: l’histoire, avertit la romancière, se déroule "quand George IV régnait encore sur sa retraite de Windsor, quand le duc de Wellington était Premier ministre et Monsieur Vincy maire de l’antique municipalité de Middlemarch". Et voilà qui suffit à montrer à quel point le roman de George Eliot mérite, ou ne mérite pas, le label de roman historique. Historique, il revendique de l’être, mais que la modeste magistrature de Monsieur Vincy puisse servir à dater l’ouvrage autant que le roi George IV et le duc de Wellington dit assez que le cœur du sujet sera la descente du politique vers le domestique. Les événements de l’histoire n’auront droit d’entrée dans le roman que pour la chiquenaude qu’ils donnent aux destins individuels, vite amortie du reste par le train-train monotone du quotidien.Tout commence donc alors en mars 1829 lorsque Robert Peel, ministre de l’Intérieur dans le gouvernement de Wellington, cesse de s’opposer à la loi qui accorde aux catholiques anglais les droits politiques dont ils étaient jusqu’alors privés et leur ouvre l’accès au Parlement. Les péripéties qui suivent ce retournement scandent le roman. En 1830, cette question catholique est à l’origine de la chute de Wellington. La mort de George IV, la dissolution du Parlement, l’imminence des élections législatives, avec la perspective de voir se modifier l’équilibre des partis, puis le rejet du projet de réforme par la Chambre des Lords continuent jusqu’à la fin du roman non seulement à faire le fond de la rumeur de Middlemarch, mais à infléchir le parcours des principaux personnages.
"C’était une excellente pâte d’homme que sir James, et il avait le rare mérite de n’être nullement infatué de sa valeur ni de croire que son influence put jamais mettre le feu au plus petit coin de la province. Aussi était-il heureux à la pensée d’avoir une femme qu’il pourrait consulter à propos de tout, une femme capable en toute circonstance de tirer son mari d’embarras avec de bonnes raisons". À la différence de nombreux titres de George Eliot, "The Millon the Floss" ne met pas l’accent sur une personne mais sur un lieu, comme ce sera le cas pour "Middlemarch". Le lieu géométrique du roman n’est pas la ville de Saint-Ogg, mais un espace plus restreint, à la périphérie de la ville, le moulin, auquel s’identifie alors la famille Tulliver depuis des générations. Le moulin est un lieu loin duquel M. Tulliver ne peut envisager de vivre. Après sa faillite, il est prêt à se soumettre à l’autorité de Wakem, qu’il déteste, pour pouvoir continuer à y vivre et à y travailler. En mourant, il demande solennellement à Tom de faire tout ce qui est en son pouvoir pour le racheter un jour. Quant à la Floss, elle constitue pour les Tulliver un cadre familier. Lorsque les enfants sont encore jeunes, elle n’est pas loin de constituer pour eux la limite du monde connu, et Maggie explique ainsi à Philip la place essentielle de la rivière, qui est étroitement associée pour elle à ses premiers souvenirs. Le titre choisi, riche en consonnes liquides évoquant la fluidité, convient admirablement à ce roman qui accorde une place si importante à l’eau, à l’écoulement et au flux, sans parler de rares épisodes violents où l’eau débordante crée des catastrophes. On chercherait en vain des noms de rivières anglaises présentant une analogie proche ou lointaine avec la Floss. Il semble bien que la romancière ait ici transposé le substantif allemand Fluß, qui désigne la rivière, mais aussi le flux, l’écoulement, l’emblème de la fuite du temps dans la tradition philosophique d’Héraclite, et symboliquement tout ce qui conduit vers l’anéantissement et la mort. Le titre retenu pour le roman semble se détourner des personnages, mais il offre en fait un commentaire oblique sur leur destinée, et notamment sur celle de l’héroïne. Ce titre qui s’apparente à un oxymore reflète en effet les contradictions de Maggie et les deux forces contraires qui la déchirent. Dans sa vie personnelle, elle se sent emportée par le courant du désir, que symbolisent l’eau et le fleuve mais en même temps elle reste très attachée au passé et à ses racines, que symbolise le moulin. Le recours à une épigraphe est une pratique relativement nouvelle pour George Eliot, dans cette œuvre qui appartient à la première moitié de sa production romanesque. Plus tard, à partir de "Felix Holt" (1866), elle prendra l’habitude de placer une épigraphe en exergue à chaque chapitre, comme on le voit dans "Middlemarch" (1871-72) et "Daniel Deronda" (1876), prolongeant ainsi la tradition instituée par Ann Radcliffe et surtout Walter Scott, romancier pour lequel elle a une réelle et profonde admiration.
"Quant à la piété exagérée qu’on reprochait à Miss Brooke, il ne savait que imparfaitement en quoi elle consistait, et il pensait qu’elle disparaîtrait avec le mariage. En un mot, il trouvait Dorothée tout à fait charmante, il sentait son amour bien placé et était tout disposé à se laisser dominer, puisqu’après tout un homme, quand il lui plaît, peut toujours s’affranchir de cette domination-là". Pour sa troisième œuvre de fiction, elle n’en est pas encore là et la présence d’une épigraphe unique est beaucoup plus discrète, mais cette unicité lui confère peut-être alors une importance inversement proportionnelle à la place qu’elle occupe. "In their death they were not divided" apparaît sans aucune référence, sans la moindre indication de source. Si un certain nombre de Victoriens, fervents lecteurs de la Bible, étaient en mesure d’identifier cette citation biblique comme un emprunt au Deuxième Livre de Samuel. Dans "Adam Bede" (1859) qui précède "The Mill on the Floss" et dans "Silas Marner" (1861) qui le suit, George Eliot propose également une épigraphe unique, mais elle prend soin d’en indiquer l’auteur, Wordsworth dans les deux cas, même si elle ne va pas jusqu’à préciser qu’il s’agit d’un extrait de "The Excursion" dans le premier, et de "Michael" dans le second. George Eliot entreprend une représentation du réel, tout en se reconnaissant comme créatrice de fiction. L’introduction est écrite au présent, comme pour abolir toute distance temporelle et affective, mais la description qui est proposée s’inscrit dans le cadre d’une rêverie. Par cette rêverie, le narrateur n’a pas accès à la réalité même, mais aux souvenirs qui s’y attachent. Dans ce récit pré-proustien, qui suscitait d’ailleurs l’émotion et l’admiration de Proust, tout commence par un afflux de souvenirs involontaires, qui s’organisent selon leur logique propre. L’introduction révèle qu’il existe bien deux façons de retrouver le passé. Soit directement par le jeu associatif de la mémoire involontaire et le pouvoir de l’imagination, soit indirectement grâce à un effort de la mémoire volontaire. Loin de s’opposer, ces deux voies d’accès se complètent. Toutefois, rien n’est possible sans l’impulsion première donnée par l’imagination. Tout commence donc par ce que Bachelard appelle une rêverie de l’eau. Avant de se focaliser sur le moulin, le regard du narrateur suit le mouvement de la rivière, qui se hâte de rejoindre la mer toute proche. Mais celle-ci, avec la marée montante, se précipite à sa rencontre, pour la saisir dans une vigoureuse étreinte, ce qui suggère ainsi une sorte d’érotisation de l’eau et du paysage.
"Je n'ai jamais aucune pitié pour les gens présomptueux, parce que je pense qu'ils portent avec eux leur propre satisfaction. L’esprit d’un homme, quel qu’il soit, a toujours cet avantage sur celui d’une femme qu’il est du genre masculin, comme le plus petit bouleau est d’une espèce supérieure au palmier le plus élevé, et son ignorance même est de plus haute qualité". Les activités portuaires de Saint-Ogg, brièvement décrites dans l’introduction, sont de nouveau présentes ici, dans la conclusion, sous la forme inattendue d’énormes fragments de machines de bois arrachées aux quais, qui constituent une terrible menace pour la fragile embarcation de Tom et de Maggie, au milieu du courant puissant de la Floss. Malgré les efforts de Tom pour sortir du courant et échapper à cette menace, cette masse redoutable va prendre pour eux le visage de la mort. Ainsi Tom et Maggie connaissent un destin tragique, car ils meurent dans la fleur de l’âge, écrasés par ces épaves énormes qui représentent alors probablement tout ce qu’il y a de brutal et d’inhumain dans le monde industriel et commercial de Saint-Ogg. Et à l’étreinte qui unissait la Floss et la marée dans l’introduction correspond cette fois l’étreinte qui unit le frère et la sœur dans la mort. Malgré cette image sentimentale surprenante, dans la mesure où elle ne correspond à aucun épisode qui nous ait été raconté de l’enfance des deux personnages, mais oblitère toutes les scènes de conflit passées, malgré cette étreinte finale qui les rapproche enfin, l’inspiration de cette première conclusion porte la marque du tragique. Mais la conclusion qui suit, et qui constitue cette fois la clôture du récit, après celle de la diégèse, est beaucoup moins sombre, et même porteuse d’espoir. Située cinq ans après la catastrophe finale et baignée d’une lumière automnale, qui déjà, dans Adam Bede, est associée à la sérénité après les tribulations, elle met l’accent sur la reprise de la vie et sur l’idée de réparation après la destruction. Le moulin, mis à mal par l’inondation, a été reconstruit, et le cimetière aux pierres tombales renversées a retrouvé son ordre et sa tranquillité. Le signe le plus visible des dommages créés par l’inondation est la présence d’une nouvelle tombe, où sont réunis le frère et la sœur, que la mort n’a pas séparés. Si plusieurs critiques ont vu un déséquilibre entre les deux premiers volumes de "The Mill on the Floss" consacrés ainsi à l’enfance et à l’adolescence des personnages principaux, marqués par la lenteur du rythme narratif, il semble que ce déséquilibre de la diégèse soit compensé, au moins partiellement, par ce bel équilibre formel entre le début et la fin du roman. L'œuvre de George Eliot est remarquée par Virginia Woolf. En France, Albert Thibaudet, Marcel Proust, André Gide, Charles Du Bos reconnaissent son talent. De nombreuses adaptations au cinéma et à la télévision font connaître l’œuvre de la romancière britannique auprès d'un large public. En 2018, l'historienne française Mona Ozouf lui rend un hommage appuyé en faisant le parallèle avec George Sand. ("L'autre George à la rencontre de George Eliot").
Bibliographie et références:
- David W. Griffith, "A fair Exchange"
- Theodore Marston, "Silas Marner"
- Ernest C. Warde, "The Mill on the Floss"
- Frank P. Donovan, "Middle March"
- Martin Bidney, "George Eliot"
- Virginia Woolf, "George Eliot"
- Jean-Louis Tissier, "Une voix de George"
- Harold Bloom, "George Eliot"
- Mona Ozouf, "L'autre George, à la rencontre de George Eliot"
- Nicole Blachier, "Les romans de George Eliot"
Bonne lecture à toutes et à tous.
Méridienne d'un soir.
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"Prévenir toujours les désirs n'est pas l'art de les contenter, mais de les éteindre. Ce n'est pas l'esprit qui est dans le corps, c'est l'esprit qui contient le corps, et qui l'enveloppe tout entier." Quel plaisir d'avoir raison avec Rousseau. Le corps est le premier et le plus naturel des instruments de l’homme. Mais le corps cristallise également l'idée de"personne", l’idée du "moi." Toutefois, le culte du moi ou le respect du moi et celui des autres sont des concepts très récents. La "persona" latine désigne le masque tant tragique que rituel ou ancestral. Cependant, les sociétés latines ont fait de la personne bien plus qu’un fait d’organisation, bien plus qu’un droit à un personnage et un masque rituel, elles l’ont érigée en fait fondamental du droit. C’est d’abord à partir de la personne que l’on va déterminer ce qui est permis ou non et la "persona" va devenir une individualité qu’il faut respecter. Seul l’esclave n’a pas droit à la "persona" parce qu’il n’a pas de corps, pas d’ancêtres, de nom, de biens propres. Le corps, avant d’être le premier et le plus naturel des instruments de l’homme, est avant tout le premier bien dont il dispose. Pole-dance, lap-dance, strip-tease, à New York, ils sont à la mode depuis les années soixante-dix. Dans les films de Scorsese, Cimino, Coppola de cette époque, on voyait souvent sur le fond d’un décor où gangsters et mafiosos se donnaient rendez-vous, des femmes en train de se déshabiller ou de danser nues, voluptueuses, accrochées à un poteau. Les productions hollywoodiennes ("Striptease", 1995, "Showgirls", 1996) aussi bien que le cinéma d’essai ("Exotica", 1994, "Irina Palm", 2007) se sont consacrés à la production de film ayant le strip-tease et l’ambiance des clubs pour comme thématique principale. En Italie, à partir des années quatre-vingts, les pornostars ont pris la place des divas du cinéma en tant que figures idéales à imiter ou à désirer, dans l’imaginaire des hommes comme des femmes. Aujourd’hui, en France comme en Angleterre, les performances corporelles en question sortent des boîtes spécialisées et souvent sordides, pour rentrer dans les écoles de danse les plus chic, où à côté de la danse classique et des claquettes, on peut suivre des cours de strip-tease et de pole-dance. Pole-dance, strip-tease. Il s’agit de vraies performances corporelles. Les filles pratiquant ces activités ont des corps parfaits, construits en s’imposant des régimes rigoureux, des exercices physiques, des massages, de la chirurgie esthétique, du botox, sans aucune limite pour un corps qui doit se dépasser pour rejoindre son idéal. Idéal qui n’est pas seulement un corps sans défauts, comme pourrait l’être celui des mannequins, mais qui doit déclencher le désir sexuel, provoquer, exciter la communauté masculine tout entière. Sans se donner. Tout se passe au niveau du spéculaire, dans le mécanisme habituel du renversement de la pulsion décrit par Freud: voir et être vue et vice-versa.Tout s’arrête là, mais les enjeux de ces performances ne se réduisent pas au plaisir pulsionnel du voyeurisme. Le maintien de l’idéal symbolisé, du désir idéal, du sexe idéal avec une femme sexuellement idéale, est également en jeu.
Le corps est à la fête et c'est la fête des corps. La femme devient cygne dans cet étrange ballet où le fantasme devient irréel. On a l’habitude de penser l’amour du côté de l’idéal et le désir sexuel en opposition à celui-ci. Mais l’idéal, sous le versant de l’idéal du moi comme du moi idéal, n’est pas dépouillé de libido. Freud et Lacan l’ont montré à de nombreuses reprises. Cela invalide un schéma assez simple qui suppose l’objet du désir sexuel nécessairement séparé de l’objet idéalisé. Cette séparation n’est pas toujours confirmée dans l’expérience. Un homme peut évidemment être partagé entre une femme occupant la position de la mère et une autre celle de la putain, l’idéal n’est pas toujours du côté de l’objet désexualisé. Ainsi Freud dans "Des types libidinaux" (1931) distingue alors le type "narcissique" et le type "érotique. Le type"narcissique" aime, à la différence du type "érotique", qui a besoin d’être aimé. L’homme qui a besoin d’être aimé devient dépendant d’une femme qui dépend de lui, c’est-à-dire d’une femme-mère et non d’une femme-idéale, indépendante,"phallique", qui déclenche le désir sexuel, incapable d’aimer et encline, plutôt qu’à aimer, à se faire aimer elle-même.La femme-mère, en revanche, se présente souvent comme effacée, démunie, demandeuse de son homme-enfant pour exister. L’homme-enfant prend la place du phallus qu’elle n’a pas, et l’homme se sent gratifié de l’investiture de ce pouvoir. Le rôle de la femme-mère, pour l’homme qui a besoin d’être aimé, est limité à celui de la femme qui aime. La femme-mère n’est pas souvent un objet du désir, et non plus un idéal. La dichotomie idéal contre objet sexuel est bouleversée. La même femme peut venir occuper pour un homme, paradoxalement, les deux positions. Dans le poème de Rimbaud, "Venus anadyomène", la femme est décrite comme un "idéal céleste" et comme un "objet déchu." "Belle hideusement d’un ulcère à l’anus", dit le dernier vers du poème, avec le recours à une antinomie. Belle/hideusement. Mais comment une femme, peut-elle, en même temps, être valorisée comme un idéal et rabaissée comme simple objet sexuel ?
Comment la métamorphose se produit alors chez la femme devenue objet de toutes les convoitises ? Un homme, après son mariage, peut commencer à ne plus désirer sa femme. Sa femme, dont il était amoureux, était une femme attirante mais, au cours de la vie en commun, elle se laisse aller. Elle ne soigne plus son aspect et elle ne cherche plus à séduire, ni son mari, ni personne d’autre. Il ne peut pas désirer une femme qui n’excite pas les autres hommes. Sa femme est encore disposée aux activités sexuelles, mais, elle n’y met aucun charme. Il veut une femme désirable. Son rêve, c’est que sa femme soit comme les femmes qu'il voit dans les films pornographiques. Il sait que c’est impossible. C’est la femme idéale ! Pour cet homme, le fantasme de la putain se confond avec l’idéal, impossible. Idéal d’une femme sexy et désinhibée qui excite toute la gent masculine, et qui pourtant ne peut s’incarner dans aucune femme accessible. Idéal dans son sens platonicien. La femme doit être dans une relation de ressemblance avec l’Idée. Une femme, pour déclencher le désir dans l’homme, doit-elle ressembler à son idéal sexuel ? De même, les hommes qui assistent aux performances de strip-tease, pole-dance et lap-dance, sont pilotés par le fantasme de la putain. Mais il s’agit alors d’une putain à la fois intouchable, inaccessible, impossible, une "putain idéale" en somme. Car le passage à l’acte, à l’acte sexuel, est impossible. Les hommes ne peuvent pas toucher les filles pendant leurs danses et ne peuvent non plus les rencontrer dehors. C’est l’idéal, idéal d’un sexe fantasmatiquement parfait avec une femme incarnant le modèle sexuel pour l’homme, à soutenir certaines formes de désir masculin. Mais à quoi bon s’exciter devant une femme magnifique, sexuellement idéale, dont on ne peut pas jouir ? Le dilemme semble sans fin tant la femme sublimée semble parfaite.
Le désir masculin est-il éveillé subitement à la vue du corps parfait de la femme dont le but est d'encourager ses sens et de susciter une pulsion ? La vision de la femme nue pour tout le monde en même temps que pour lui seul déclenche l’excitation de l’homme, excitation qui cependant ne se termine pas avec un orgasme. Le regard suffit. Une jouissance pulsionnelle-scopique vient remplacer la jouissance orgastique, et c’est uniquement dans le regard que se concentre alors la jouissance de l’homme. Tout s’arrête à la vision. Avec l’avantage que le narcissisme de l’homme n’est pas mis en danger. Aucun risque pour lui d’une mauvaise performance sexuelle. Le phallus "tient", grâce à l’excitation que la représentation de la femme sexuellement idéale lui procure. Mais la réassurance narcissique pour l’homme ne s’arrête pas là. Les danseuses disent qu’elles doivent constamment "soutenir" leurs clients, en donnant l’impression d’être complètement à leur disposition. Elles doivent "masser l’ego des hommes." Chaque stripper ne danse et ne se déshabille que pour l’homme qui la regarde pendant une lap-dance, une table-dance, une couch-dance, une friction-dance, comme si elle avait vraiment choisi l’homme qui la regarde, pour son charme et ses attraits. Narcissisme, pulsion scopique et idéal. La pulsion scopique détient un lien privilégié avec l’idéal. Pensons aux métaphores visuelles utilisées par Platon dans "La République" pour expliquer son concept d’Idée, "eidos", qui en grec veut dire aussi "forme." Pour Platon, la forme, l’idée, autrement dit la chose idéale, est l’essence de la chose même, toujours bien distincte de son existence, ou même en opposition à elle. La danseuse érotique est, pour utiliser un terme platonicien, un paradigme de l’idéal sexuel. Et faire d’une femme un idéal sexuel, c’est la priver de son existence. La femme s’égale à son corps, un corps idéal qui peut cependant être remplacé par un autre. C’est le destin de tout idéal, impossible à résister aux aléas du désir.
Pourtant, Ies deux concepts d'absolu et de sensualité sont très différents. Dans la vie, l'homme aime avant tout le réel. L’idéal se construit, sous la forme du trait unaire, à partir du phallus, phallus qui est aussi avant tout le point zéro de la chaîne signifiante. L’objet a, en revanche, se constitue à partir d’une perte, il tombe de la chaîne signifiante et laisse une béance au niveau du symbolique. Béance, intervalle entre un signifiant et l’autre, coupure. C’est l’espace du désir, l’espace du désir comme manque. Une femme désirée en tant qu’idéal sexuel, ne sera pas désirée en tant qu’objet, c’est-à-dire en tant que manque. Elle est, en revanche, désirée comme "phallus". Celui qui la désire ne pourra pas en jouir, ce serait pour lui risquer l’anéantissement. Ce qui rend possible la jouissance sexuelle est le manque dans l’autre, non la plénitude phallique. L’objet a fixe le manque, manque qui permet le désir et la jouissance, mais qui se désigne, de même que toute perte, comme une blessure narcissique pour le sujet. À la différence de l’idéal qui, au contraire, soutient le narcissisme du sujet. La femme, pendant les performances de pole-dance, lapdance et strip-tease, est réduite à son corps, un corps fétichisé. Pensons au strip-tease, c’est-à-dire à l’art de dévoiler le corps par étapes, par morceaux. La femme est coupée en parties, réduite aux fragments du corps qu’elle exhibe: ventre, jambes, pieds, seins, fesses, pubis. La femme devient une série de fétiches. Bascule de l’idéal à l’ambiguïté, à ce qui est à la fois sacré et déchet. Fétiche comme seul objet momentané capable de déclencher le désir. Les femmes pratiquant les danses érotiques représentent la série des objets fétiches convoqués dans le désir de l’homme. Le corps-fétiche devient alors à la fois un idéal et un déchet pour l'homme.
L'émotion pulsionnelle provoque alors dans l'imaginaire masculin une série d'instincts primaires refoulés. Il y a des hommes qui ont besoin de savoir que n’importe qui, ou même n’importe quoi, peut facilement remettre leur désir en marche. Le désir autonome est un désir qui a besoin de "réassurance", et la tâche des danseuses érotiques est notamment de rassurer un certain type de désir masculin. L’absence de désir sexuel entraîne la détumescence, et l’idéal d’un phallus disparaît avec la disparition de l’érection. L’érection compte plus qu’un orgasme, qui comporte nécessairement la détumescence, preuve que la jouissance a pu effectivement se produire. En ce sens la jouissance s’oppose à l’idéal, idéal d’un pénis éternellement en érection, fantasme qui persiste dans l’excitation déclenchée par un corps anonyme de femme. Dans le strip-tease, la femme est un corps, un corps dans sa consistance imaginaire, c’est-à-dire une image, aussi bien qu’un corps capable de faire jouir, par le truchement du regard. Mais la femme est irréductible à un objet de jouissance, à une image, à un corps, ou à une partie de celui-ci. Une femme peut refuser la réduction. Elle combat contre l’identification au fétiche. Ou à l’idéal. De quelle manière peut-elle mener ce combat ? La position de femme-fétiche-idéal, la femme peut croire la combattre en l’assumant. La femme exhibitionniste, paradoxalement, pour sortir de la position d’objet sexuel, "prend" un homme ou plusieurs pour se faire admirer, désirer, payer par lui ou eux en exposant son corps. Mais la confusion des rôles subsiste. Qui est alors l’objet vis-à-vis de l’autre ? L’objet du regard, la femme ou celui qui est sous le charme de son objet, l’homme ou les hommes ?
La solution peut d'emblée sembler évidente mais à regarder de plus près, d'un point de vue analytique, la réponse surprend. Apparemment, le renversement de rôles, des buts rend la pulsion plus supportable. Tenir la position d’objet sexuel donne l’impression de dominer l’autre, son désir. C’est un leurre. Derrière ses calculs, le sujet est sous l’emprise du mécanisme pulsionnel, la pulsion implique alors forcément une dépersonnalisation. Il s’agit d’une tentative de maîtrise sur l’homme destinée à l’échec. La femme n’échappera pas à l’opération qui la réduit à son corps. Le sujet jouit pulsionnellement en essayant en même temps de se débarrasser de ce qui s’est mis en boucle, qui ne le lâche pas, qui l’angoisse. Au lieu d’interrompre la boucle pulsionnelle dans laquelle il est pris, il la fait tourner à l’infini par le renversement de positions. Ni le sujet dans la position active ni celui dans la position passive ne dominent. C’est la pulsion qui mène le jeu. L’exhibitionnisme est une forme de toute-puissance. La femme exhibitionniste a l’impression qu’en se faisant objet du regard, elle maintiendra le pouvoir sur celui qui la regarde en tant qu’objet merveilleux. D’autant plus, que, grâce au regard de l’autre, elle croit l’être, cet objet merveilleux. Elle se regarde dans le regard de l’autre, elle regarde son corps à travers l’autre qui le regarde. Pourles femmes du strip-tease, auto-érotisme et narcissisme constituent ensemble ce stade préliminaire de la pulsion du regard. Auto-érotisme et narcissisme sont conviés dans la jouissance éprouvée dans l’action de se faire regarder par les hommes.
C'est tout le paradoxe de l'affaire. Les protagonistes se regardent et s'observent dans ce miroir sans tain et sans fin. Une femme peut se sentir attirée par son propre corps qu’elle regarde à travers les yeux des hommes en train de la regarder. C’est un corps qui doit exciter. Un corps qui doit plaire. L’exhibitionnisme est une interrogation sur le regard, regard de l’"autre", aussi bien que de l’"Autre", évidemment. Autre comme la surface du miroir, qui doit projeter une image idéale, jubilatoire, du sujet. C’est le moi idéal, destiné, encore une fois, à combler les défaillances maternelles. Mais l’idéal efface le sujet qui s’annule alors derrière la surface de l’image parfaite de son corps. Nous l’avons montré avec la conception de l’idéal selon Platon. S’il y a l’idéal, il n’y a pas la chose. Réduction du sujet à son image, n’oublions pas que personne ne peut ni approcher ni toucher les danseuses, le sujet disparaît derrière l’objet du regard, idéal auquel il est identifié. La femme exhibitionniste, avec ses spectacles, passe de l’image idéale reflétée dans le regard des hommes, à l’image de son corps"fractionné." On est de nouveau dans l’autoérotisme. Chaque fragment, indépendant des autres, est censé procurer une jouissance. Jouissance pour celui qui regarde, mais aussi bien pour celui qui s’exhibe. On voit clairement le rapport entre auto-érotisme et pulsion scopique. Et fétichisme. Lors de l’exhibition de strip-tease, la libido se fixe sur certaines zones ducorps de la femme qui se déshabille. Elle jouit de chaque morceau de son corps tel un fétiche. La jouissance de l’autoérotisme comme la jouissance du fétiche est silencieuse. La parole n’est pas nécessaire, elle reste hors-jeu. Pas tout à fait. Le fétiche devient un signifiant. Fétichisme, exhibitionnisme et culte de l’idéal se rencontrent dans la femme qui montre son corps dans les spectacles érotiques. Dans le fétichisme, le corps est utilisé pour combler un manque insupportable, dans l’exhibitionnisme, ce manque est dénié, pour le dévoiler dans l’autre. Les Romains appellent "fascinus", ce que les Grecs appellent "phallos". Pour les Romains, le mot "phallus" n’existe pas. Fasciner veut dire contraindre celui qui voit à ne plus détacher le regard. Ravissement, sortilège, effroi, c’est l’homme qui subit le fascinus de la femme. Exhibitionnisme comme expression de la toute-puissance de la femme, comme une forme d’identification au phallus. Un excès dans la forme, puisqu’il ne peut pas être vécu. Isolement, distance, altérité de la femme. Négation de l’autre et de son désir, autre qui existe seulement comme spectateur d’une brillance vide. Excitation et Désir sont mis en scène pour dénier la castration.
Il faut bien avouer que rien n'est plus délicieux que de voir danser une femme nue à la plastique parfaite. L'effet escompté est similaire, en ce qui concerne la vision d'un homme dénudé car il existe aussi de nos jours des strip-teases masculins. La femme exhibitionniste est dans la position d’idéal et de déchet, c’est-à-dire, de fétiche. Position qu’elle cherche et qui peut la faire souffrir. La femme a horreur de se faire découper. Et pourtant, elle en jouit, narcissiquement. Jouissance qui lui coûte cher. L’exhibitionnisme plonge la femme dans une identification avec l’idéal phallique sous la forme de l’objet sexuel. Être un objet sexuel, l’objet sexuel n’est pas seulement un corps découpé en partie, mais un sujet qui se met au service du désir de l’autre, en laissant tomber son propre désir. C’est le point plus douloureux de cette identification anéantissante. Dans plusieurs entretiens, les strippers confient que ce qui est humiliant dans leur travail, ce n’est pas demontrer son propre corps nu, mais de faire semblant d’être attirées par les hommes. Les hommes qu’elles excitent et qui payent, qui "achètent" une danse. Incarner la position d’objet sexuel n’est pas une forme de masochisme féminin, comme s’il y avait une certaine jouissance morbide à se mettre dans une position humiliante face à l’homme. Certaines femmes tentent de dominer l’homme "par le bas", à travers la domination de son désir. La femme se transforme en lieu de plaisir. Mais la présumée liberté de se faire objet de l’autre va avec la totale soumission au désir de l’homme. Plus la femme en position d’objet se réduit à un déchet, plus elle sera admirable, extraordinaire, surprenante, désirable dans sa fonction de dispensatrice de plaisir. Corps-performance, corps-représentation d’un désir, d’un rapport sexuel embrouillés avec l’idéal. Tout s’arrête à l’excitation, le désir et le rapport sexuel restent alors hors-jeu. Ce n’est pas le rapport sexuel l’enjeu de l’affaire, mais le phallus. Cela vaut pour l’homme qui regarde comme pour la femme regardée. Sexe ne se consommant pas, s’arrêtant à sa forme idéale ou masturbatoire, un idéal impossible, l’impossible du rapport sexuel, cette fois-ci, réel.
Bibliographie et références:
- Jacques Lacan, "La relation d’objet"
- Ernest-Charles Lasègue, "Les Exhibitionnistes"
- Julien Picquart, "Œil et Sexe"
- Gérard Bonnet, "Voir, être vu"
- Julie Bindel, "Strip-tease et fantasmes"
- Pascal Quignard, "Le sexe et l’effroi"
- Jacques Lacan, "Le désir et son interprétation"
- Sigmund Freud, "Pulsions et destins des pulsions"
- Piera Aulagnier, "La féminité et ses avatars"
- Laurence Reisner, "La féminité achetée"
- Platon, "La République et la justice"
Bonne lecture à toutes et à tous.
Méridienne d'un soir.
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Dans la masse des romans érotiques, "Pour me baiser, demandez-lui !" d'Edouard Offershare sort du lot son audace et son authenticité. Le livre plonge les lecteurs dans la vie intime de Lola et de son partenaire, explorant les thèmes du candaulisme, de la domination, et de lasoumission féminine avec une sincérité troublante.
D'emblée, le livre interpelle par son titre provocateur et son contenu qui reflète les nuances complexes d'un couple qui explore des pratiques sexuelles hors normes. Le récit est se fait vrai et intense, c'est un témoignage qui oscille entre la fiction romancée et la réalité crue. Cette dualité captive et invite à la réflexion sur la nature des relations et des désirs humains.
La prose d'Offershare est directe, parfois crue, parfois tendre. Elle peut être saluée pour son absence de clichés et sa capacité à immerger complètement le lecteur dans l'expérience des protagonistes. Le récit est un mélange d'introspections profondes et de descriptions explicites qui ne manquent pas de provoquer des réactions variées. Un autre lecteur souligne que le livre se "lit facilement sans marquer les esprits", ce qui pourrait suggérer une accessibilité qui peut soit plaire soit décevoir selon les attentes en matière de littérature érotique.
Ce livre illustre également un amour peut-être inconditionnel, où voir son partenaire avec d'autres est perçu comme un acte d'amour ultime et sublime. Le candaulisme est traité non pas comme un simple fantasme, mais comme un véritable mode de vie qui défie les conventions sociales et personnelles.
Avec "Pour me baiser, demandez-lui !", Offershare ne se contente pas de raconter une histoire; il invite ses lecteurs à questionner leurs propres perceptions de la fidélité, de l'amour et du désir.
Ce roman, véritable fenêtre ouverte sur le monde souvent méconnu : le candaulisme, est un incontournable pour quiconque s'intéresse à l'évolution des relations amoureuses et des pratiques sexuelles dans la littérature contemporaine.
(Livre découvert grace à Mme Angie)
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"La jalousie est une passion furieuse qui ne laisse ni repos ni tranquillité à ceux qui en sont possédés,
et qui est la source du malheur d'au moins deux personnes. C'est le poison de l'amour, elle rend injuste,
vindicatif et cruel. Trop excessive, la jalousie est bien souvent la première cause d'une séparation."
Madeleine de Puisieux. "Les conseils à une amie" (1751)
"Comme jaloux je souffre quatre fois: parce que je suis jaloux, parce que je me reproche de l'être, parce que je crains que ma jalousie ne blesse l'autre, parce que je me laisse assujettir à une banalité: je souffre d'être exclu, d'être agressif, d'être fou et d'être commun." La jalousie passionne, dérange, obscurcit. L'enchantement de l’autre est insoutenable, lorsqu'on croit ne pas posséder ce que l’autre détient ou lorsqu'on ne peut pas se l'approprier. En somme, le jaloux refuse impulsivement de croire qu’il est, comme l’autre, car il n'a pas ce qui est réputé faire exister cet autre et, dans la projection, il l’accuse de le lui avoir dérobé. La vengeance et la colère surgissent alors pour détruire ce qui échappe. Ainsi, cette "jalouse rage" de Phèdre, manifeste la relation possessive au sujet, la dépendance envers cet autre dont il ne peut se passer. "Si je ne suis pas tout pour l’autre ou s’il n’est pas tout pour moi, alors il n’est rien ou je ne suis rien", tel est le discours forcené du jaloux. Se frayant un chemin entre colère et mensonge, l’affect de la jalousie fonctionne sur le registre de l’avidité orale. Le jaloux envie ce qui fait vivre l’autre et il s’en sent exclu, rejeté parce qu’il croit qu’il n’a pas ce que l’autre a. Sur le mode binaire du toi ou moi, sans partage, il se nourrit du fantasme que le partenaire est livré à la jouissance dévoratrice d’un autre, que ce soit réel ou pas. Depuis bien longtemps, Freud a repéré la dimension projective de cet acte consistant à imaginer chez l’autre la tentation qui est en soi, par exemple, de l’infidélité. Alors que l’amour est en position tierce, la jalousie pose toujours l’autre comme un rival dans une relation duelle d’exclusive alternative. La jalousie prétend être un amour à deux, un amour qui ne se fait pas connaître. Sans partage, sur le mode binaire du toi ou moi, à l’inverse de l’amour, plus la jalousie est forte moins elle se montre. Elle couve dès lors sous les charbons ardents d’une colère rentrée ou se retourne dans la formation réactionnelle d’un dévouement qui donne le change: "J’embrasse mon rival, mais c’est pour l’étouffer" avoue Néron au sujet de son frère Britannicus. Ce pourrait être l’adage de tout jaloux, comme cette analyse que nous propose encore Racine par la bouche d’Ériphile dans Iphigénie: "Je n’accepte la main qu’elle m’a présentée que pour m’armer contre elle, et sans me découvrir traverser son bonheur que je ne puis souffrir."Jeanne la folle, nous dit la légende ne supportait pas les infidélités de son mari. Sa mort brutale n'y changea rien. Le cortège funèbre qui accompagnait les restes de Philippe le Beau de Burgos à Grenade voyageait de nuit. Pendant la journée, le cercueil était exposé dans les églises, la reine refusait aux femmes d'y entrer et interdisait qu'on fasse étape dans les couvents féminins. Un soir, s'étant rendue dans une abbaye de femmes, elle fit immédiatement sortir le cortège et l'obligea à faire halte au milieu de la campagne dans la froide nuit de Castille. De plus, Jeanne faisait ouvrir de temps en temps le cercueil afin de vérifier que le cadavre n'avait pas été enlevé et que Philippe était bien seul. Cette jalousie pathologique va entraîner sa réclusion à Tordesillas sous bonne garde, avec interdiction formelle de recevoir des visites. Il est heureusement des destins moins funestes. Comment l'apparition d'un sentiment de jalousie peut avoir un effet mutatif qui modifie le comportement humain ? Cet affect passionnel renvoie à la définition qu'en donne Platon: "Est jaloux, celui que l'amitié n'amène pas de son plein gré à partager tel ou tel avantage." Pour sa part, Socrate, dans une argumentation étonnamment complexe, se trouve être à la fois une douleur, due au chagrin éprouvé devant le bien qui échoit à autrui, mais aussi un plaisir. "La jalousie est un plaisir qui intéresse l'âme seule, mais un plaisir étrangement mêlé de peine, comme le sont d'ailleurs, la colère, la crainte, le regret, l'affliction, et le désir.
"La découverte d’une liaison est douloureuse. Pour qui veut vider une relation de sa substance et la détruire au plus profond, l’infidélité est une solution imparable. Elle incarne la trahison sous toutes ses formes: la duperie, l’abandon, le rejet, l’humiliation, autant de choses contre lesquelles l’amour promettait de nous protéger." Depuis la nuit des temps, la psyché de la jalousie emprunte un large champ tant en Littérature qu'en psychanalyse. Dès lors, on comprend mieux pourquoi Freud a situé la jalousie comme motif central de la vie psychique. On remarque que dans cette fresque d’origine, la mère n’est pas là. On voit seulement se débattre des hommes et des femmes comme dans la vie normale exogame. La mère n’a qu’un second rôle, celui d’une protectrice contre l’inceste paternel, contre le loup des cauchemars du premier jour. Un enfant bien protégé par sa mère devient le prototype du Héros, un rédempteur du parricide, un Messie. "Au héros revient la fonction du préféré de la mère qui l’avait protégé de la jalousie paternelle", écrit Freud. À quoi peut nous servir ce point de vue panoramique de la divine jalousie du père primitif ? C’est qu’il devient alors plus clair qu’une bisexualité structurale s’immisce dans les lois du genre et du choix d’objet sexuel. Et que nul ne naît homme ou femme, sinon à rejeter sa féminisation première par un Urvater. De sorte que l’imbroglio de la jalousie, indépêtrable dans son vécu massif ordinaire, trouve un fil conducteur. La jalousie d’un homme pour une femme, ou le contraire, ou les deux en même temps est mise en tension par les quatre figures appariées de leur bisexualité, avec lesquelles il serait possible de s’arranger, si leurs jeux n’étaient manigancés par un mort qui ne l’est jamais pour de vrai. Un revenant qui chute peut-être à l’heure du cri orgastique, mais que la jalousie se hâte de faire renaître. Car loin d’être l’affect d’un coup subi passivement, la jalousie est un vecteur, un éclaireur qui sait longtemps faire cavalier seul, avant de trouver les raisons de sa passion. Le jaloux l’est bien avant d’entrouver le prétexte. Il pressentait depuis longtemps l’imminence de ce malheur, ou même, à force de chercher à le prévenir, il le provoque. C’est le résultat brut de la complexité, ressentie comme un tout opaque, rayonnant en de multiples directions dans une sorte de corps à corps avec un autre dédoublé, entre attrait et ressentiment, dans l’aimantation de détails sur lesquels il faut investiguer, de preuves anticipées dont il faut découvrir ce qu’elles cachent, poussant à enquêter, chaque nouveau cheveu accroissant l’emprise de la persécution, l’obsession d’une jouissance qui opère par-derrière, sur laquelle on ne saurait se retourner sans qu’elle soit toujours dans le dos de celui qui la provoque en la traquant, de celui qui participe à ce dont il est victime, pris d’une folie du doute sur l’existence même de la tromperie et la rupture d’une promesse de fidélité. Mais nous le savons tous, pour avoir un jour senti cette excitation angoissée plomber sa vie. Mais c’est bien tout autre chose que de voir son frère profiter du sein maternel.
"La jalousie ne permet jamais de voir les choses telles qu'elles sont. Les jaloux voient le réel à travers un miroir déformant qui grossit les détails insignifiants, transforme les nains en géants et les soupçons en vérité." Cervantès résume parfaitement le sujet de notre propos. En 1922, Freud écrivit une sorte de minitraité de la jalousie: "Quelques mécanismes névrotiques dans la jalousie, la paranoïa et l’homosexualité." On y admire la simplicité de la méthode, partant d’abord de la régularité des faits pour en tirer les inférences. Le texte répartit la jalousie en trois niveaux: la jalousie "normale", la "projective" et la "délirante." C’est une généalogie diachronique, dont chaque phase approfondit la compréhension du précédent, la jalousie "normale" étant presque incompréhensible, sauf si on la confond avec l’envie. En réalité, on n’y comprend pas grand-chose, mais l’épinglage de cette "normalité" a un effet soulageant pour le lecteur, celui de faire sortir la jalousie de la pathologie. Il n’est pas malade et peut donc se laisser aller à sa passion.La structure ne s’éclaire vraiment qu’avec la jalousie délirante. Pour la mécanique, on s’y retrouve bien mieux avec la "jalousie projective", qu’on pourrait lire ainsi dans tous les cas de figure. Prêter au partenaire des libertés que l’on aimerait prendre soi-même. C’est court, lumineux mais finalement trompeur car on ne voit pas quel est le gain psychique de cette projection, qui la rend excitante au point de provoquer les situations adéquates à son aiguillon. Cette projection de son propre désir réprimé, ressemblant à une mise en scène de vaudeville, devient brusquement un mystère, celui du lien de l’amour et de la mort, expression romantique bien faite pour masquer les conséquences sacrificielles de l’interdit de l’inceste. Car l’excitation de la scène jalouse, érotiquement résolutive, anticipe d’abord la perte, sinon le deuil de la personne aimée, d’un amour annulé à l’avance par l’imagination de sa tromperie. En quelque sorte, la foi en l’amour tuée au profit d’un désir cru. Du même coup, cela peut d’ailleurs être aussi le vœu d’assassiner et par contrecoup un deuil mélancolique anticipé de soi-même aimant. S’il y a une jouissance de la jalousie, dénotée par l’excitation sexuelle qui l’accompagne, alors le jaloux va traquer les situations où elle explose. Il peut dès lors les rechercher délibérément en abandonnant le terrain au rival qu’il a lui-même présenté. Mais plus ordinairement en recherchant des preuves, le cheveu, le parfum, le sms ambigu. Et ce mouvement accompagne en même temps la douleur anticipée de la perte. On voit la nature de l’épine supplémentaire. C’est la culpabilité, la faute que s’attribue le jaloux d’avoir cherché ce qui le fait souffrir. Désormais, la culpabilité du dernier s’alimente de la jouissance du premier.
"L'infidélité a beaucoup à nous apprendre sur le couple, ce que nous en attendons, ce que nous croyons vouloir et ce à quoi nous pensons avoir droit. Elle met à nu notre perception personnelle et culturelle de l'amour, du désir sexuel et de l'engagement." L’objet de la passion, c’est le passionné. "La jalousie est bien souvent le triste partage de ceux qui n'ont rien dont on puisse être jaloux. Incapable de tout mérite, l'envie ne peut le souffrir dans les autres et aussi aveugle qu'injuste dans ses jugements, plutôt que de le reconnaître et de lui attribuer ses heureux succès, elle en donnera tout l'honneur aux causes les plus pitoyables et les plus ridicules." Cette maxime de Jean Baptiste Blanchard illustre la froide mécanique du sentiment de jalousie. La jalousie s’opacifie à la mesure de ses contradictions. Freud écrit à propos de la "jalousie projective" qu’elle est "souvent normalement renforcée", mais d’où lui vient ce renfort ? Le jaloux ne peut prendre en compte deux affects contradictoires, comme par exemple la souffrance d’être trompé "comme homme" et la jouissance de se faire copuler "comme femme." Et puisqu’il souffre, c’est la personne qui le trompe qui jouit. Il projette ainsi sur l’autre la moitié contradictoire de son sentiment, imaginant jusqu’à l’obsession sa jouissance avec le rival. La jalousie deviendrait pathologique, selon Freud, quand elle serait orientée par une homosexualité latente. Si tel était le cas, cela ferait beaucoup d’homosexuels latents habitant la planète. Et ce serait surtout oublier que l’homosexualité se définit par un choix d’objet sexuel. Lorsque ce n’est pas le cas, il s’agit non d’homosexualité, mais de la bisexualité qui anime le sujet divisé. Cette question bisexuelle est l’enjeu du tourment amoureux que l’appariement met en scène sans le résoudre, non sans que le rival ne l’aide à s’affirmer. Si une femme était un homme, elle n’arrêterait pas un instant d’aligner les conquêtes, exploit qu’elle prête facilement à son amant. Une femme craint avec constance que son amant ne la trompe comme elle le ferait si elle était un homme. Mais divisée qu’elle est par sa bisexualité, c’est le cas justement. Plutôt qu’homosexuelle, cette jalousie est très féminine, et reconnaissons-le, elle manque beaucoup moins que l’amour.
"Il y a deux sortes de jalousies. L'une est délicate, on ne l'a que parce qu'on ne s'estime pas assez soi-même. L'autre est grossière, et on ne l'a que parce qu'on n'estime pas assez l'objet qu'on aime. Cette jalousie est une injure, et l'autre une preuve d'attachement." Admettons qu'avec Jean-Jacques Rousseau, dans "Les pensées d'un esprit droit", le sujet semble limpide. L’hétérosexualité "normale" met en scène une répétition du désir du père, dont l’objet est la "Femme", mot aussi tabou que le nom de Dieu lui-même. La femme est l’objet du désir du père, à ce titre totalement scindée de la figure maternelle, et éternellement prostituée à ce désir, source d’une jalousie sans fond. Le jaloux aime une telle femme toujours au bord de cette prostitution sacrée. Cette femme onirique "normale" qui aiguillonne le désir est une"prostituée" du père, ce en quoi elle échappe à toute norme. En ce sens, les hommes s’attachent moins à des femmes qui sont sur le point de les tromper qu’à celles qui sont toujours quelque peu ailleurs, dans un débat indéfini avec l’Urvater, qu’ils se font un plaisir de trancher à leur profit. On est bien loin de la déesse Invidia du sein de saint Augustin. Cette érotique de la jalousie, orientée par l’orgasme, devrait concerner surtout les hommes. Pourtant, les femmes semblent beaucoup plus jalouses, d’autant que même si l’on ne possède pas de statistiques, il existe une propension plus grande des hommes à l’infidélité. On est donc devant une nouvelle contradiction, car si la jalousie "adulte" est orientée par l’orgasme féminin, les hommes devraient être plus jaloux. Tant s’en faut, pourtant. Car si cette érotique procède du départage du masculin et du féminin, celles qui se font désirer grâce à leur féminité voient leur jalousie se renforcer. Quand elle est permanente et excessive, la jalousie amoureuse prend la forme d’une paranoïa. Elle est vécue sur le mode possessif, voire exclusif. Le jaloux déteste voir ou imaginer son partenaire passer du temps avec d'autres personnes, non seulement parce qu’il est privé de sa présence, mais aussi parce qu'il s'estime le seul bénéficiaire légitime de son amour. Il se sent libéré de cette jalousie uniquement lorsqu’il est avec son partenaire, ce qui à teme compromet la liberté du partenaire, chez qui peut naître avec le temps un sentiment de frustration. Ce sentiment d'exclusivité peut pousser à la haine, ce qui peut l’entraîner à écarter, voire dans un cas extrême à tuer de façon passionnelle, l’être aimé.
"Un amour blessé s'ajoute à ceux qui l'ont précédé, et c'est ainsi que, par un effet ricochet, une brèche ouverte dans le présent peut faire résonner toutes celles du passé." Le combat entre rivaux devient si passionnant qu’il finit par faire oublier la femme et le souverain sujet qu’elle recèle. La mère, le père, la femme, le mari, l’amant, le frère, sont pris pour idole et enfermés comme trésor de la cassette d’Harpagon. Cette surestimation de l’objet caractérise la passion. L’autre mis en place d’auteur unique de la vie et du bonheur du sujet a seul l’initiative de la séparation et de l’union comme s’il n’y pouvait rien lui-même. Quand le désir de l'Autre se confond avec le désir de posséder l’autre, ce dernier ne représente plus ce qui lui échappe, ce qu’il donne sans le savoir, parce qu’il est réduit à une sorte de double fantasmé, théâtralisé et idolâtré. Par ce mécanisme de surinvestissement, l’unique objet d’amour et de ressentiment vient en place de signifiant de la mère originelle, première figure de l’Autre. Parce que le refoulement originaire par son opération de perte de l’objet unique et totalitaire fonde le narcissisme et l’autonomisation de l’espace psychique du sujet, son absence dans la jalousie pathologique tourne de plus en plus à la folie paranoïaque et au déchaînement d’une pulsion de mort non liée à la pulsion de vie. "Ah, je l’ai trop aimé pour ne le point haïr." Cet aveu d’Hermione d’une pertinence limpide montre bien cette bascule du toutou rien de la violence passionnelle qui n’est pas l’apanage des couples hétérosexuels, loin s’en faut. Des vétilles légères comme l’air semblent au jaloux des confirmations solides autant que les preuves de l’Écriture Sainte. Le don échappe à celui qui donne car, au fond, nul ne sait ce qu’il donne ni vraiment ce qu’il reçoit. Ce qui fait vivre l’autre, ce qui le met en joie, il ne peut que le partager, et non le posséder, dans la rencontre avec cet autre, et que dans la mesure où ça échappe et à l’un et à l’autre. Traverser la jalousie pour consentir à l’amour tel est le chemin que les poètes nous invitent à accomplir. Pour Calderon de la Barca "La jalousie, même de l’air que l’on respire, est mortelle."
Bibliographie et références:
- Alain Robbe-Grillet, "La jalousie"
- Frédéric Monneyron, "L'écriture de la jalousie"
- Daniel Lagache, "La jalousie amoureuse"
- Jean-Pierre Dupuy, "La jalousie, une géométrie du désir"
- Jacques Lacan, "Éthique et désir"
- Nicolas Evzonas, "La jalousie pousse-au-crime"
- Gaëtan Gatian de Clérambault, "Les délires passionnels"
- Sigmund Freud, "Approche clinique de l'analyse"
- Henri Laborit, " La vie antérieure"
- Jean-Émile Charon, "La jalousie et l'amour"
- Violaine Deral-Stephant, "Sentiments amoureux"
- Philippe Sollers, "La mécanique des sentiments"
Bonne lecture à toutes et à tous.
Méridienne d'un soir.
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"Un autre homme m’a fait élargir fantasmatiquement et incommensurablement la collectivité fornicatrice. Il amorçait le dialogue en prétendant qu’il m’emmenait dans une chambre d’hôtel, dont il n’était pas utile de préciser la catégorie. Des hommes faisaient la queue jusqu’au couloir. Combien payaient-ils pour décharger dans mon con ? J’avançais: "Cinquante francs ?" Rectification doucement glissée dans mon oreille: "- C’est bien trop cher. Ils donneront vingt francs pour t'enfiler dans le con, trente francs pour t’enculer. Combien tu vas en prendre ?" - Moi, sachant bien que je sous-estime: "Vingt ?" "Coup de bite un peu sec donné comme un avertissement: "C’est tout ? Trente ! " De nouveau le boutoir au fond de monvagin. "- Tu en prends cent et tu ne te laveras pas. "Il y aura de très jeunes garçons qui déchargeront à peine entrés dans ton con. "Sur ton ventre et sur tes seins aussi, tu seras toute poisseuse." –Tu pourras dormir, ils continueront à te baiser. Et on reviendra le lendemain, le patron de l’hôtel amènera un chien, il y en a qui paieront pour te voir prendre par le chien. "Nous nous vantons souvent d'avoir aimé les romans à succès, surtout ceux qu’on n’a pas lus ou si peu et qui appartiennent au genre éprouvant des ouvrages “qu’il faut lire” parce que toute le monde en parle. La culture prend ici un tour décidément paradoxal. Il y a les livres qui se lisent et dont on ne parle pas et ceux qu’on prétend avoir lus parce qu’on en a entendu parler. Les plus illisibles ne sont pas ceux qu’on croit. Comment lire en effet un livre couvert par la rumeur des médias et des dîners en ville, comment entrer dans un livre qui ne résiste pas, si peu que ce soit, à la lecture et qui s’offre aussi facilement aux bavardages ? Les vrais livres se taisent. On ne sait pas trop encore quoi en penser, on ne les domine pas, on ne les circonscrit pas comme une quatrième de couverture qui se parcourt livre fermé. Il ne s’ensuit pas qu’un livre à succès immédiat, tel celui dont il va être question, soit nécessairement du genre à faire beaucoup de bruit pour rien. Sans doute, la meilleure méthode de s’en assurer serait encore d’aller y voir soi-même. Je ne l'ai pas fait, du moins pour le moment. Mon propos est ailleurs et a tout à gagner à cette ignorance, qui ne tient d’ailleurs, à strictement parler, qu’à celle de la lettre puisque pour ce qu’il en est de l’esprit la rumeur s’est chargée de le propager. L’intention n’est pas critique mais diagnostique. Il ne s’agit pas d’apprécier la valeur littéraire d’un livre mais d’interroger à partir d’un symptôme, d’un détail qui a fait signe d’époque, un mode de fonctionnement de la littérature contemporaine, plus précisément de ce qui s’appelle la demande littéraire. Quel type de fiction requiert un certain lecteur d’aujourd’hui ? Qu’est-ce qu’il redemande ?
"Je suis toujours profondément admiratrice du temps suspendu dans lequel vivent les baiseurs et qui retient ma sympathie. Il peut s'être passé dix ans, que dis-je vingt ans et plus encore, depuis qu'ils ont joui avec une femme, ils vous en parlent, ou s'adressent à elle, comme si c'était hier." Le roman de Catherine Millet, publié en 2001, best-seller par malentendu, est un spécimen singulier, en apparence très paradoxal d’une telle stratégie anti-libidinale. Ce livre, en effet, n’est ni érotique ni pornographique. Bien que le sujet et les mots s’y rapportant charrient avec eux quelque chose de l’excitation liée à la sexualité, sa lecture n’est que ponctuellement et assez rarement troublante. L’auteur le revendique. "Je me situe dans l’ordre de l’échange verbal, sans intention d'établir une relation érotique, je ne tiens pas du tout à toucher l’interlocuteur ou l’interlocutrice dans le tréfonds de son instinct sexuel" écrit-elle dans l’avant-propos de l’édition de poche. Cette déclaration est cohérente avec la démarche profonde de Catherine Millet telle qu’elle transparaît à travers les aventures de son héroïne. "J’ai cessé d’être vierge à l’âge de dix-huitans mais j’ai partouzé pour la première fois dans les semaines qui ont suivi ma défloration. " L'auteur décrit d’emblée et de façon détaillée une pratique intensive des partouzes durant une période de sa vie qui a duré quelques années quand elle avait entre dix-huit et trente ans. Catherine M., on le comprend vite, n’est pas une jeune fille banale. Elle ne cherche pas la complicité féminine, n’est pas sentimentale, son objectif à cette époque n’est manifestement pas de séduire un amoureux pour la vie. Elle est plutôt un petit soldat du sexe, qui part à la découverte de territoires inconnus et à la conquête d’un destin. Elle évoque en effet une ignorance tardive et obstinée de la sexualité. Elle est passée sans transition de l’innocence des jeunes filles du temps passé, à une pratique licencieuse, sans interdit ni censure. Or que ce soit par les livres, les dictionnaires ou les amies, elle aurait eu les moyens de se renseigner. Cette ignorance est donc à mettre sur le compte d’une inhibition plutôt que sur celui d’un défaut d’information. Son approche particulière de la sexualité n’est sans doute pas étrangère à la levée de cette inhibition première. La volonté de découvrir a fait suite à l’interdit de savoir. Au début de l’âge adulte, la sexualité est, pour elle, un continent inconnu qu’elle a décidé d’explorer. Parallèlement à ce besoin de connaître, elle poursuit un autre objectif qui lui est sûrement tout aussi nécessaire, échapper au destin féminin. Il y a un jeune homme imaginaire en elle, téméraire et libertin, qui transforme ces séances de sexualité collective avec les hommes anonymes du bois de Boulogne ou des boîtes à partouze parisiennes, en autant d’aventures romanesques et mémorables.
"Leur plaisir est une fleur vivace qui ne connaît pas les saisons. Elle s'épanouit dans une serre qui isole des contingences extérieures et qui fait qu'ils voient toujours de la même façon le corps qu'ils ont tenu contre eux, celui-ci serait-il flétri ou rigidifié dans une robe de bure." Elle fait parler son héroïne avec une lucidité autorisant le lecteur à avoir sa propre opinion sur les motivations sous-jacentes de ses choix sexuels. Quand la romancière décide de raconter la vie charnelle de Catherine M., elle englobe manifestementdans le terme vie sexuelle les fantasmes de la petite fille et la pratique de la jeune femme. Mais nous ne sommes pas certains, qu’elle pense, que l’activité particulière de Catherine M., à l’époque des partouzes, avait pour objectif prioritaire d’étouffer le trouble lié aux fantasmes, qu’elle avait, à ce moment-là de sa vie, besoin d’un excès de sexualité pour lutter contre la sexualité psychique. Si le livre n’est pas excitant pour le lecteur c’est qu’il est issu d’une stratégie anti-érotique. En restant maître du jeu sexuel, elle peut en contrôler l’émoi. Cependant, la victoire de la maîtrise sur l’émoi sexuel n’est jamais acquise une fois pour toutes. C’est un combat à mener sans relâche car la pulsion sexuelle est toujours à l’œuvre. Dès que l’on a repéré ce fil conducteur, la lutte contre le trouble, toutes les particularités de la vie sexuelle de Catherine M. à cette époque-là, acquièrent une cohérence. La badinerie, la séduction, la drague, les préliminaires, tous ces moments qui, pour la plupart, précèdent l’acte lui-même confrontent à des degrés divers avec un émoi qui, s’il est souvent recherché, est ici redouté car il perturbe inévitablement le calme intérieur. Mais pourquoi donc ce M. plutôt que Millet, pourquoi cette élision manifestement parodique du nom propre ? L’auteur n’a en effet laissé aucun doute à ce sujet en faisant savoir urbi et orbi qu’elle est bien l’héroïne de ce récit d’une vie libertine, sans compter que Jacques Henric, son compagnon, a fait paraître en même temps un "Légendes" de Catherine M. accompagné de photos sur lesquelles on reconnaît Catherine Millet. Il ne fait pas de doute qu’un des ressorts de l’immense succès rencontré par le livre, tient à l’audace tranquille de la mise à nu de sa vie sexuelle par l’auteur elle-même et au contraste offert par l’image d’une femme douce et posée et l’âpre récit de sa jouissance. On peut y voir l’aveu courageux d’un désir de femme qui mène la danse de ses plaisirs aulieu de se faire le simple objet du désir des hommes. Comme Don Giovanni de Mozart, c’est elle qui compte et tient le catalogue de ses nombreux partenaires. Dans cette affaire libertine, il ne s’agit toujours que de savoir qui est le maître, ou la maîtresse, de cérémonie et qui est la dinde ou le dindon de la farce, bref qui en définitive tient les comptes du petit commerce amoureux entre les hommes et les femmes. Qu’une femme donne son corps n’implique pas qu’elle y perde latête. Ne dit-on pas une femme de tête pour une maîtresse femme ! Un aveu peut donc en cacher un autre. Alors, vertige et égarement du nombre qui chiffre l’excès libertin ou dénombrement de la liste des figurants par la maîtresse de ballet ?
"Je n'ai pas été très étonnée lorsque des critiques hostiles à mon livre ont été exprimées par des gens dont on peut croire, pourtant, qu'ils ont eux-mêmes une sexualité relativement affranchie. Ceux-ci doivent trouver leur plaisir dans la transgression, donc avoir besoin de maintenir des tabous, notamment dans la parole, pour continuer de jouir en cachette." La romancière a beaucoup insisté dans ses nombreuses interviews sur son souci de vérité, souligné en couverture par l’appellation "récit" et signifié dans le titre "La Vie sexuelle de Catherine M." Elle y affirme ainsi sa volonté de témoigner d’elle-même comme s’il s’agissait d’une autre, sans concession aucune à la fausse pudeur ou à l’utopie béate de la libération sexuelle. On n’est pas loin du récit des vies saintes mais au plus loin de l’imagerie sulpicienne, façon Bernanos donc plutôt que curé d’Ars. Charité bien ordonnée commençant par soi-même, Catherine Millet semble vouloir s’appliquer la définition lacanienne du saint, celui qui "décharite" en refusant l’aumône de l’amour ou de la sympathie compréhensive pour mieux dénuder la vérité du désir. On est d’autant plus porté à le croire qu’un constant et puissant rapport a toujours existé entre libertinage et religion, ainsi que l’atteste l’autre grand Dom Juan, celui de Molière. Comment d’ailleurs ne pas y croire quand l’auteur multiplie les "apparitions" télévisuelles ou photographiques pour attester de la troublante identité de l’auteur et de son personnage: "Catherine M., c’est moi !", "M. la scandaleuse, c’est moi !" Elle vient en quelque sorte légender son récit et son personnage en leur prêtant sa voix et son image. Il ne s’agit évidemment pas de lui demander des preuves mais de comprendre pourquoi, vrai ou faux, on la croit et on en redemande. Quelle idée de la vérité et de la littérature se font jour dans cette rencontre d’un livre et d’un public par l’intermédiaire de la personne de son auteur ?
" N'ayant jamais attribué au sexe une valeur sacrée, je n'ai jamais éprouvé le besoin de l'enfermement dans un tabernacle comme le font finalement ceux qui me reprochent de faire tomber tout mystère." Les romanciers sont toujours trop riches d'eux-mêmes. Il leur faut apprendre avant tout à s'oublier un peu pour écrire. Le scandale de la vérité n’est pas dans l’objet du récit lui-même, une vie sexuelle sans doute un peu particulière, il est dans son assomption publique. L’effet de vérité est supposé être dans ce passage du privé au public. Je suis la femme, ou l’ai été, et ne m’en dédis point. Mais pour qui cette vérité, et à quel usage ? Quand Sade écrivait ses romans, il ne prétendait nullement les avoir vécus quand bien même ils n’étaient pas sans quelque rapport avec sa vie, les comptes qu’il tenait étaient ceux de ses personnages et de ses fantasmes, sa littérature était de révolte contre le mur des prisons mentales et des enfermements arbitraires. Catherine Millet n’en est manifestement pas là, alors pourquoi lève-t-elle le voile sur sa vérité ? Témoignage sur une époque, celle des années soixante-dix, qui a fait de la sexualité sa religion ? Oui sans doute. Mais son récit participe manifestement d’un esprit plus actuel qui identifie affichage public des secrets privés et vérité. Ce n’est plus la littérature qui supplémente la vie en lui ouvrant les portes de la fiction ou du sens mais la vie qui sustente la littérature en se proposant d’en être la matière du reportage et du colportage sur la place publique. La vie devient une fiction plus vraie que nature qui s’apparente à un live show. Avant de s’exclamer "Madame Bovary,c’est moi ! ", Flaubert a dû passer par l’épreuve de l’écriture du roman. Il ne l’a pas su avant de s’être projeté dans la fiction de son personnage. Pour s’y retrouver, il lui a d’abord fallu s’y perdre, s’effacer devant lui jusqu’à l’impersonnalité héroïque qui lui donnerait l’occasion de surgir hors de lui dans l’espace romanesque. Le personnage de Madame Bovary est une fiction vraie qui offre à Flaubert de s’y reconnaître parce que la littérature est le masque et le détour nécessaire à la découverte surprenante de soi. "Madame Bovary, c’est moi" n’a rien de l’aveu public d’un secret privé, c'est une vérité sur soi induite par l’écriture même du roman, non une traduction, passage d’un idiome privé à la langue publique, mais une trahison de soi par soi dans le détour de l’œuvre. L’écriture est une trahison de l’auteur par ses personnages.
"Le désir exaspéré est un dictateur naïf qui ne croit pas qu'on puisse ni s'opposer à lui ni même le contrarier. Les plaisirs sont ressentis comme les plus intenses, les douleurs comme les plus profondes lorsqu'ils mobilisent le plus de canaux émotifs, qu'ils drainent une quantité incalculable de souvenirs heureux ou malheureux, d’espérances réalisées ou brisées. " Dans cette mise à nu, très franche et exhaustive, la romancière se meut en Catherine M. en se jouant de la distanciation. L’initiative sexuelle, dont on a vu comment elle avait été utilisée contre le trouble, est ici dirigée contre l’ennui. Ennui qui est lui-même venu se substituer à une timidité dont elle s’est débarrassée, semble-t-il, avec un certain soulagement. Or le lien entre la timidité et le trouble est facile à repérer. On peut dès lors se représenter la séquence suivante: le trouble, associé à des fantasmes sexuels sous-jacents, se traduisait par un état que l’héroïne a identifié comme de la timidité. Cet état émotionnel, même désexualisé s’est révélé pénible, il est alors réprimé et laisse place à l’ennui. Catherine M. ne trahit pas Catherine Millet, elle se contente de la publier en l’exposant au public. C’est en quelque sorte un "ready made" littéraire. On sait que le "ready made" d’invention du champienne consiste en la transformation d’un objet quelconque, banal de préférence, en œuvre d’art par la seule vertu du regard de l’artiste qui décide de son appropriation en l’exposant et en le signant de son nom. Critique d’art connue, elle se traite elle-même selon le destin moderne de l’art qui fait primer la valeur d’exposition sur la valeur d’expression. Mais si l’auteur feint de se dévoiler, il n’est pas sûr qu’elle ne s’en dissimule pasmieux. L’œuvre "ready made" est un artéfact qui soustrait l’objet quelconque à sa valeur d’usage et le coupe de la prose quotidienne lui donnant sens. Loin de consacrer l’intrusion de la réalité dans l’art, il annonce l’artificialisation de toute réalité.
"Comme je me suis décidée à lire les livres dont tout le monde parle ou a parlé, ceux qui font ou ont fait le buzz, me voilà empruntant celui-ci à la bibliothèque." Dans ce court roman où l'écriture cisèle la chair crûment, l'acte sexuel se voit souvent réduit à une focalisation technicisée et décérébrée qui ne se réfère qu'à elle-même, qui n'est attentive qu'à elle-même. Qui plus est, on décèle dans les scènes qui nous sont relatées moins des manifestations d'archaïsme, de primitivité que des pulsions de consommation. Désert de la conscience, vacuité de la considération envers autrui, recherche de la satisfaction égotique immédiate, présence du profit personnel. Ce ne sont donc pas tant les scènes pornographiques vécues qui font récit, que leur restitution-construction dans le paysage mental du sujet écrivant. Pour ce faire, Catherine Millet choisit une écriture visuelle, purement descriptive, privée d’interprétation morale ou amorale, d’effets de séduction. Il ne s’agit aucunement de jouer avec la libido du lecteur ou de la lectrice. La narratrice évoque moins le plaisir brut de sensations corporelles immédiatement vécues, que le plaisir distancié d’une mise en œuvre de sa sexualité. Les actes comptent moins en eux-mêmes que par leur intellectualisation, processus d’archivage et de remboîtement à posteriori dans un champ visuel, textuel et littéraire bien plus large que celui des circonstances et des situations. De ce fait, les mêmes scènes sexuelles semblent se répéter continûment, leur variation ressortant uniquement à l’architecture des corps et à leur inscription dans l’espace physique. Le nombre se rapporte à un fantasme de renouvellement continu et indistinct du partenaire sexuel, renouvellement indifférencié qui place le corps et la conscience dans une sorte de ballottement végétatif. Il y a dans cette idée de destinée et de fatalité quelque chose de romanesque par lequel on peut assimiler l’auteure-narratrice, personne réelle s’il en est, à un personnage de fiction agi par un déterminisme sur lequel il n’a aucune prise, un personnage tenant son rôle sans faillir jusqu’à l’excipit, qui aurait puévoluer tout aussi bien dans un roman de Bataille, de Sade, la violence bien sûr en moins, ou enfin de Pauline Réage.
"Aucun style, l'auteur a posé ses mots tels qu'ils sont sortis de sa tête. L'écriture est lourde, désordonnée, saccadée. Le style me fait penser à des discussions de comptoir ou de blablatages entre copines." Le balancement entre le déferlement et l'abandon de soi se construit dans l'espace du fait de la double position du sujet qui saisit ce qui l’environne et de l'objet saisi. Cette disjonction de l’être qu’enclenche le regard, voir et être vu, est exprimée dans une formulation qui, par sa syntaxe et son lexique, crée elle-même un effet de miroir. Mais le scénario de base, très élémentaire, ne cesse de se reformuler tout au long du texte, chaque acte sexuel n’étant que la réactivation d’une même image mobile, d’un même fantasme nourri depuis l’enfance. Une file indienne d’hommes vient se frotter au corps de la narratrice puis la pénétrer tour à tour, la topographie des lieux et les circonstances variant d’une réactivation du fantasme à l’autre. Si le désir est enclenché par le fantasme, ce dernier ne surgit jamais par inadvertance, il ne prend pas par surprise, il est la résultante d’un processus de reconstruction psychique qui confère à l’activité sexuelle un caractère tout cérébral, caractère souligné par l’auteur qui revient sans cesse sur la concentration mentale nécessaire à produire la scène et enclencher le désir. Viennent alors s’ajouter à cette image toutes celles produites par la filmographie pornographique, enregistrements personnels compris, participant également à générer le plaisir théâtral. Voir pour se voir être vu permet ainsi de briser l’écran entre le fantasme et le réel et de le maintenir. Le plaisir est affaire de clichés, d’images pétrifiées.
"Bref, je suis entrée dans la vie sexuelle adulte comme, petite fille, je m'engouffrais dans le tunnel du train fantôme, à l'aveugle, pour le plaisir d'être ballottée et saisie au hasard. Ou encore : absorbée comme une grenouille par un serpent." Dans ce roman où l'auteur se refuse à la fiction, à la narration et à la psychologie au profit du style de l’inventaire et du documentaire, le vocabulaire pornographique invariablement usité produit un même effet. La romancière prend soin d’utiliser le registre obscène dans ses descriptions, comme les protagonistes le font. Décrire précisément et vertement, c’est porter un éclairage cru, brutal, discordant sur des corps qui devrait être cachés. D’aucuns qui se verraient surpris parun regard extérieur durant un acte sexuel se dissimulerait, par pudeur, par honte, par ridicule. La sexualité nous projette en marge de la société et fait de nous, pour un temps, des êtres asociaux que la rhétorique pornographique associe aumoralement bas afin de rendre visible cette infraction. En usant du mot obscène, elle met en pièces les corps sociaux pour montrer les corps bestiaux, elle force le réel dans la mesure où elle crée l’obscénité là où il n’y a que des corps érogènes. Le mot ordurier vise à exprimer, à extraire l’image absente de ce corps sous-terrain, purement bestial, qui loge au tréfonds de nous, la bête tapie. Dans le dernier chapitre intitulé "Détail", elle aborde pour la première fois le thème duplaisir: "Je n’exagère pas si je dis que, jusqu’à l’âge de trente-cinq ans, je n’ai pas envisagé que mon propre plaisir puisse être la finalité d’un rapport sexuel. Je ne l’avais pas compris." Catherine M. a dû faire l’impasse sur son sexe et son corps. Autant les sexes d’hommes sont précisément décrits et même classés, autant les sexes féminins sont absents. Dix pages avant le point final, il est question pour la première fois du clitoris, "sorte de nœud embrouillé, sans véritable forme propre, un minuscule chaos se produisant à la rencontre de deux petites langues de chair comme lorsque le ressac jette deux vagues l’une contre l’autre." L’imprécision et le flou dominent dans cette évocation alors même que la narratrice ne cesse tout au long du récit de rappeler sa faculté d’observation et son souci de l’exactitude en matière de description. Le corps féminin échappe à la radioscopie, il est conçu pour être sous le regard de l’autre masculin. Comment connaître son propre corps si on ne l’explore pas, si on ne l’écoute pas, si on ne le questionne pas dans sa relation intime au désir et au plaisir ?
"Ceux qui obéissent à des principes moraux sont sans doute mieux armés pour affronter les manifestations de la jalousie que ceux que leur philosophie libertine laisse désemparés face à des explosions passionnelles." Le but non avoué de la romancière n'est-il pas de s'auto-analyser tout au long de son récit, l'écriture remplaçant le divan. Dans la réduction de son nom restreint à l’initiale, résonnant comme un pseudonyme rappelant le masque des libertins, l’auteur mettrait donc en scène la fiction de sa mise à nu. Le libertin est athée et des croyances, il aime faire tomber les masques que par ailleurs il affectionne parce qu’ils entretiennent l’utopie d’une vie sans fard enfin réduite à sa pure et simple nudité. On prétend certes que la vérité sort toute nue du puits, faut-il pour autant en négliger les effets, si bien nommés ? N’auraient-ils pas dans leurs plis et replis beaucoup d’histoires à raconter ? Il était une fois une jeune fille qui, à l’âge de seize ans se piqua le doigt à un fuseau. Victime d’un sort, elle tomba dans un profond sommeil. La "Belle au bois dormant" devait dormir ainsi cent ans et, à son réveil, découvrir le prince charmant. Elle sut d’emblée lui parler car, nous dit Charles Perrault: "Elle avait eu le temps de songer à ce qu’elle aurait à lui dire, car la bonne fée, pendant un si long sommeil, lui avait procuré le plaisir des songes agréables." Certaines femmes éprouvent dans leur vie la nécessité de différer la rencontre amoureuse. "Le sexe avec tant d’ardeur, aspire à la foi conjugale, que je n’ai pas la force ni le cœur,de lui prêcher cette morale." Catherine M. est une "Belle au bois dormant" d’un genre très particulier. Fillette trop excitée par les assauts d’une sexualité précoce et perturbatrice, elle ne peut s’endormir et rêver tranquillement, alors, au lieu de dormir, elle "baise", et elle s’achemine lentement et assez tardivement vers la découverte de tous les plaisirs de la chair, au détriment parfois de la Littérature.
Bibliographie et références:
- Catherine Millet, "La vie sexuelle de Catherine M."
- Louis Aragon, "Le roman inachevé"
- Pauline Réage, "Histoire d'O"
- Robert J. Stoller, "L’excitation sexuelle"
- Jacques Henric, "Légendes de Catherine M."
- Maurice Duchamp, "La septième face du dé"
- Catherine Millet, "Jour de souffrance"
- Jérôme Garcin, "Bis repetita"
- Delphine Peras, "Les partouzes d'une intello"
- Charles Perrault, "Les contes de ma mère l’oye"
Bonne lecture à toutes et à tous.
Méridienne d'un soir.
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De temps à autre, mon esprit se laisse à vagabonder en des terres inconnues. Le célèbre "What If ?" qui sert de fondement à de nombreuses séries ou romans.
Dernièrement, c'est ce dernier récit, un fantasme si j'ose dire, de ce qui arriverait si je trouvais la Domina qui me donnait le courage de l'essayer malgré mon engagement familial.
Cette dernière phrase traduit tout sa réalité et toute sa contradiction à travers ce titre.
Prospective, car ce n'est encore jamais survenu.
Outre-rêve, car sait-on jamais.
D'ici là, voici cette histoire, écrite à la première personne, en espérant qu'il plaira.
Le Grand Jour vient enfin. Vous m'attendez divinement habillée. À peine entré, vous me faites me déshabiller, m'encagez, mettez de menottes aux poignets et chevilles, un collier à mon cou avec une laisse pendante sur mon torse frêle. Vous me laissez comme ça pendantes plusieurs minutes, à m'inspecter, vous moquer.
Puis, vous décidez de me "préparer". Vous m'épilez intégralement le pubis et le cul. Vous me faites un lavement anal également. Vous prenez un malin plaisir à m'humilier et à rendre cela, non pas douloureux, mais inconfortable. Vous jouez avec mon sexe encagé. Vous me faites m'agenouiller sur un coussin. Vous attachez mes poignets dans mon dos ainsi que mes chevilles, et m'ordonnez de vous lécher.
Peut-être aurai-je de la chance, alors vous me présentez un sexe parfaitement entretenu. Peut-être souhaiterez-vous m'humilier davantage,et c'est alors à moi de l'entretenir pour vous avec ma langue. Cela dure longtemps, parfois vous me détachez pour que je puisse user de mes doigts également, parfois vous m'allongez pour entamer un facesitting. Vous exigez de jouir, plusieurs fois, sans que mon avis ne compte.
Vous me présentez un gros plug et m'ordonnez de m'empaler dessus. Sans lubrifiant. J'ai une minutes. Si je n'y parviens pas, alors ce sera vous qui me casserez le cul.
Évidemment j'échoue honteusement : le plug est trop gros et le temps trop court ; c'était fait exprès.
Vous m'attachez sur le ventre, le cul bien en l'air, prêt à l'usage, les yeux bandés. Vous commencez à m'enculer sans ménagement, comme un vulgaire trou à disposition. Vous vous enfoncez jusqu'à la garde, avec des godes toujours plus longs et toujours plus gros.
Avec vos poings, vous décidez de me fister. Un poing, deux poings, vous avez décidé de me détruire complètement l'anus.
Cela dure toute la soirée, vous êtes décidée à me dilater le cul au maximum.
De temps en temps, vos faites une pause pour que je vous lèche de nouveau. Malgré ma fatigue, je dois continuer, vous donner vous plaisir, vous prendre en moi, vous lécher et sentir mons sexe compressé dans sa cage sans pouvoir assouvir son désir orgasmique de grandeur.
Quand finalement vous décider d'arrêter, je suis épuisé. Mon cul n'est plus qu'un trou, ma machoire est endolorie, je me sens tel un jouet qui a trop servi ... pour cette fois.
Je n'ai pas eu mon mot à dire sur la durée, les formats et la vigueur de vos mouvements.
Pour finir vous entamez une dernière phase .
Cunnilingus d'abord, on ne change pas un plaisir qui plait, puis anulingus.
Vous me libérez de ma cage ; vous me branlez de sorte que je jouisse le plus vite possible, mais ruinez mon orgasme.
Le plaisir aura été bien court.
Vous me forcez à nettoyer mon sperme avec ma langue, me laissez me rhabiller et me regardez partir sans m'adresser ni mot ni regard.
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Agnès Giard, dans son dernier essai (disponible sur amazon), nous plonge dans une réflexion sur les love dolls, qui au délà de leur simple fonction sexuelle s'avèrent devenir des compagnonnes émotionnelles et physiques complexes.
Au sein de la communauté BDSM, où les dynamiques de pouvoir et les jeux de rôle occupent une place prépondérante, les love dolls peuvent être envisagées non seulement comme des objets de désir, mais aussi comme des partenaires de jeu dans des scénarios de domination et de soumission. Ces poupées, par leur inertie et leur disponibilité constante, offrent une toile vierge sur laquelle les désirs les plus divers (pour ne pas dire les plus pervers) peuvent se projeter et s'exprimer sans jugement ni rejet.
Agnès Giard nous interpelle sur notre capacité à voir au-delà de la simple matérialité des objets. Dans des cultures comme au Japon, le respect accordé aux objets, y compris les poupées d'amour, se manifeste par des cérémonies funéraires spécifiques, marquant la fin de leur service. Ce rapport aux objets est étranger à la logique occidentale mais interroge : pourquoi ne pas développer un rapport émotionnel avec une love doll, surtout dans un contexte où l'objet peut être chargé de significations érotiques et affectives profondes?
Dans le milieu BDSM, où les relations peuvent parfois être distantes ou dépourvues de la réciprocité émotionnelle habituelle des relations humaines, les poupées d'amour offrent une constance et une sécurité émotionnelle. Elles sont perçues comme des partenaires fiables et constants, prêts à participer à n'importe quel fantasme sans jamais se dérober. Cela peut être particulièrement rassurant pour ceux qui cherchent à explorer des aspects de leur sexualité dans un cadre contrôlé et sans risque d’être jugés.
Agnès Giard souligne également l’aspect paradoxal de ces poupées : bien que complètement soumises et disponibles, elles conservent une forme d’indépendance, car elles ne peuvent jamais être possédées émotionnellement de la même manière qu’un partenaire humain. Cela les rend paradoxalement plus désirables pour certains, enrichissant la dynamique de pouvoir et de contrôle si centrale dans les pratiques BDSM.
L’idée que l’on puisse non seulement utiliser mais véritablement chérir une love doll remet en question nos préjugés sur l’amour et l’attachement. Ce débat ouvre des perspectives intéressantes sur la nature de l'amour et de la possession. Dans un monde où la technologie et l'artifice prennent de plus en plus de place, la relation avec une poupée d'amour pourrait-elle être considérée comme une forme valide d’attachement émotionnel ?
Cette réflexion nous invite à repenser nos interactions et notre capacité à aimer au-delà des frontières traditionnelles de la biologie et de la conscience. Les love dolls dans le BDSM ne sont pas juste des substituts ou des outils : elles peuvent être des miroirs de nos désirs les plus profonds, des participants silencieux mais puissants dans l'exploration de nos propres limites et fantasmes.
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Dès notre première rencontre, Maître J m’avait demandé si je souhaiterai avoir une relation sexuelle avec une femme. Cela faisait partie de ses fantasmes que d’avoir deux soumises à sa disposition. Je l’avais rassurée sur le fait que non seulement je n’étais pas contre, mais qu’en plus j’étais plutôt très intriguée de connaître une soirée ou plus dans les bras d’une femme et si cela se passait sous les ordres de mon maître, j’en serai encore plus heureuse. Il me teasait donc régulièrement sur cette possibilité et un soir, il me dit qu’il se pourrait qu’il me fasse rencontrer l’une de ses bonnes amies, une jeune femme lesbienne, qu’il connaissait depuis longtemps et avec qui il avait déjà évoqué ses soumises. Cela me mis dans une grande excitation et j’espérais que cela arrive un jour prochain.
Finalement, presque deux mois après nos retrouvailles, Maître J. m’indiqua que son amie Dame V. allait passer une soirée chez lui, qu’il lui avait dit que peut être, elle pourrait rencontrer sa soumise et qu’elle en était d’accord et intriguée. La pression monta d’un cran et je passais la semaine à me questionner sur cette soirée. Qu’allait-elle penser de moi ? Qu’est-ce que mon maître allait me demander ? Serais-je à la hauteur de ses attentes ?
Finalement, le dimanche soir tant attendu arriva. Les jours précédents, Maître J m’avait indiqué qu’il souhaitait que je porte une nouvelle tenue qu’il m’avait achetée et qui était très courte et échancrée, mon collier d’intérieur (le plus gros), et un plug. Je tiendrais mon rôle de soumise et les servirais pendant la soirée. J’étais donc arrivée un peu plus tôt pour aider à préparer le repas (une raclette, pas trop compliqué, heureusement), et j’étais dans un état d’excitation et de stress démesurés. J’avais enfilé pour venir un joli pull noir avec un décolleté sympa fait de liens sur la poitrine et une mini-jupe. Cela plut à mon Maître qui décida que je resterai ainsi au final. De même pour le collier, le petit était suffisant. Il s’agissait de ne pas faire fuir son amie dès les premières minutes, me dit-il en riant. Je me sentie un peu mieux et il me rassura en m’indiquant qu’il fallait surtout que l’on passe une bonne soirée et qu’il n’y avait pas besoin de stresser. Je lui demandais également, si Dame V. venait à poser des questions (et c’était sûr que cela serait le cas), devais-je y répondre de manière évasive, sincère, détaillée, avec des mots plutôt adaptés ou précis…? Quel était son souhait? Il me dit qu’à son avis, son amie ne serait pas facile à choquer et que je pourrais donc lui répondre comme cela me plaisait.
J’étais dans la cuisine lorsqu’elle arriva, préparant les bols de biscuits apéritifs. Elle entra dans la cuisine, avec une énergie et une confiance qui me séduisit de suite. Elle me claqua une bise dynamique sur les joues et je me sentis immédiatement à l’aise. Nous passâmes dans le salon où mon maître oublia presque qu’il avait une soumise pour l’aider à servir et s’occuper d’eux. Pendant l’apéritif, nous nous sommes mis à parler de choses et d’autres, de ses loisirs et passions, de leur amitié et de leur loisir commun qui les avait amenés à se rencontrer.
Dame V. parlait, racontait, expliquait et j’étais en admiration devant elle. Elle semblait si bien dans ses baskets, si épanouie, si sincère. Elle avait aussi un langage assez fleuri, ce qui me rassura sur la suite de notre discussion. J’ai toujours aimé ce genre de femmes que rien ne peut arrêter. Elle avait eu mille vies et je me plaisais à l’écouter parler. Aussi, lorsque finalement, elle commença à poser des questions sur ma soumission, cela me prit un peu au dépourvu.
Nous avons donc commencé à lui expliquer quels étaient les tenants et les aboutissants de notre relation et petit à petit, j'ai pris conscience que je ne ressentais aucune honte à exprimer ma position. J’étais même fière d’être la soumise de mon maître et de le dire. Je sentais aussi qu’il n’y avait pas de jugement de la part de Dame V. même si elle ne comprenait pas forcément que j’accepte de me mettre dans cette relation de domination.
La soirée se passa de manière très sympathique et c’est bien tard que mon maître accepta de me libérer car je travaillais le lendemain. Je rentrais donc avec le cœur léger, mais plein de pensées dans la tête. Dame V. m’avait beaucoup plu et même si la soirée avait été très sage, je me sentais très attirée par elle. Peut-être que nous pourrions nous revoir lors d’une autre visite. Je l’espérais en tout cas.
Aussi, quelle ne fut ma surprise lorsque le lendemain matin, Maître J. m’envoya un message m’indiquant que nous nous retrouverons le soir même dans un club libertin humide de la capitale. Le même club dans lequel nous nous étions rencontrés, lui et moi, 10 ans auparavant. Dame V. était très impatiente de découvrir cet endroit dont nous avions parlé la veille. Par message, il me dit aussi qu’il ne fallait pas que je me mette à fantasmer de trop, V. était certes curieuse mais pas forcément de la partie échangiste de la boîte, plus de l’atmosphère, du jacuzzi et du sauna… Malgré tout, j’avoue que j’eu du mal à me concentrer au travail ce jour-là. Maître J. travaillant un peu tard dans la soirée, j’avais proposé que je puisse retrouver Dame V. un peu avant dans un bar du quartier afin qu’elle n’attende pas seule et je la rencontrais donc une petite heure avant notre rendez-vous devant le club. Ce fut une petite heure sympathique, pendant laquelle nous avons pu discuter de choses et d’autres. Mais aucun sujet en dessous de la ceinture ne fut abordé à ma grande déception.
A l’arrivée de mon maître, nous nous sommes donc dirigés tranquillement vers le club. J’en profitai pour rappeler quelques éléments qui me semblaient essentiels : un non veut dire non. Si quelqu’un est trop insistant, elle peut nous demander d’intervenir ou directement à l’entrée. Mais maître J se mit à rire en me disant qu’il avait plus peur pour ceux qui tenteraient quoi que ce soit avec Dame V. Cela détendit un peu tout le monde et nous nous sommes rapidement dirigés vers les vestiaires.
C’était très étrange de se retrouver de nouveau dans ce lieu si familier, qui à la fois n’avait pas changé, mais présentait de nombreuses nouveautés. J’eu la chance de pouvoir me préparer tranquillement car nous n’étions pas dans le même vestiaire et une fois, nus, avec nos paréos et nos serviettes, nous étions fin prêts à rejoindre la soirée.
Nous avons commencé par une petite visite, à la fois pour que V. puisse se repérer et également pour évaluer les changements depuis la dernière fois. Quelle surprise de voir le nombre de couples un lundi soir ! Nous pensions que le club serait vide et il n’en était rien.
Nous avons donc traversé le bar, le coin repas, passé devant un jacuzzi presque plein et qui semblait déjà bien “animé”. À l'étage, le hammam et le sauna était toujours aussi invitant et nous fîmes un rapide tour dans les coins câlins déjà bien investis. Je ne pus m’empêcher de jeter un œil à 2 couples en pleins ébats. J’ai toujours aimé admirer les corps amateurs en action. Mais Dame V. ne semblant pas très à l’aise et mon maître ne souhaitant pas rester, nous voilà repartis pour tester le jacuzzi.
Devant le bain, on se prépare à y rentrer. Les paréos tombent et je me retrouve pour la première fois nez à nez avec Dame V. totalement nue. Elle est superbe et j’en ai le souffle coupé. Ses tatouages révèlent encore plus la ligne de ses cuisses, ses seins sont magnifiques et je me retiens de la caresser. Nous prenons une douche rapide avant de nous laisser glisser dans l’eau chaude et bouillonnante. On trouve un petit coin encore dispo et on se retrouve tous les trois, assez proches car il est difficile de s’entendre. Autour de nous, plusieurs groupes sont déjà formés. Un homme et deux femmes à quelques centimètres de nous ont l’air d’avoir oublié les règles du jacuzzi (pas de sexe, masturbation, pénétration). Plus loin, ce sont 2 couples qui ont l’air d’être littéralement collés les uns aux autres. Cela m’excite terriblement et j’ai dû mal à les quitter des yeux. Entre nous, petit à petit, la discussion prend une tournure un peu sensuelle. On parle de nos expériences, de nos fantasmes, de nos souhaits. Parfois, par le contact de l’eau, nos jambes se frôlent mais cela reste chaste et j’hésite même à caresser mon Maître. A un moment, plusieurs personnes entrent et sortent et nous discutons du physique et de l’importance que cela revêt pour avoir envie d’une personne. Dame V. explique qu’elle doit se sentir attirée par le corps de celle avec qui elle va coucher et je me dis qu’au moins les choses sont claires et que cela n’ira pas plus loin. Mon physique me parait disgracieux comparé au sien et à plusieurs personnes présentes dans le jacuzzi. Le buffet est servi dans le coin bar et plusieurs personnes quittent les eaux tumultueuses pour aller se restaurer. Nous en profitons pour changer d’emplacement et je me glisse cette fois entre mon Maître et Dame V. Je commence à me rapprocher de lui, j’ai chaud, j’ai envie de le toucher, qu’il me touche et pendant un moment, sous l’eau, il joue un peu avec mes seins, me caresse et je lui rends la pareille. Par moment, je frôle V. avec ma jambe ou ma main, mais je ne la sens pas réactive. Je me concentre donc sur mon maître car je ne me vois pas quitter le club sans un peu de bon temps.
Au bout d’un moment où les discussions oscillent entre du très quotidien et des sujets un peu plus chauds, nous partons nous restaurer et il ne reste déjà presque plus rien sur les plateaux. Nous trouvons un coin un peu calme et je vais chercher une coupe de champagne, rappelant à mon Maître que je suis après tout, là pour les servir.
L’heure suivante s’est passée tranquillement, à discuter de choses et d’autres. Pendant une absence de V. pour ravitailler son assiette, je commence tranquillement à masser les épaules nues de mon maître. J’ai clairement envie de prendre un moment avec lui dans un coin câlin mais il m’indique que pour ce soir, à son avis, on va rester sur un sauna traditionnel, qu’il n’est pas trop dans cet esprit. Je comprends totalement car ce n’est pas évident d’être dans cette situation avec une amie proche mais je continue néanmoins à le masser au retour de V.
L’estomac bien rempli, Dame V. propose une visite au hammam et nous voilà partis dans les escaliers du club. La chaleur humide du hammam est très agréable et nous nous posons dans un petit coin. Je suis un peu gênée car une petite lumière est braquée sur moi et mes partenaires sont dans la pénombre. Nous rions car une dame dans un autre endroit du hammam émet de drôles de sons. Elle semble avoir la bouche bien pleine et je l’envie un peu. Je ne peux m’empêcher de jeter un regard complice à mon maître, ce qui le fait sourire. Un petit silence s’installe pendant quelques temps, puis, mon Maître propose à V. que je lui masse le dos, car elle s’est plainte de douleurs suite à des travaux manuels quelques jours auparavant. V. accepte et se tourne et je commence à la masser. Je ne suis pas très douée en massage et j’ai toujours peur de faire mal et de mal faire. J’ai très envie de prendre des cours un jour. Mais à ce moment-là, je m’applique du mieux que je peux, et je masse avec application chaque partie de son dos. Mes mains glissent parfois vers le bas de ces reins, mais je reste sage et concentrée. Elle m’indique parfois où appuyer et me dit que je peux y aller plus fort. Au bout d’un petit moment, elle me dit que c’est mon tour et qu’elle va me faire voir comment appuyer. Je me retourne donc et croise le regard très souriant de mon Maître. Il en profite aussi à sa manière. Dame V. pose ses mains sur moi et mon souffle se coupe instantanément, c’est électrique. Elle commence à me masser et ses mains sont dures, brutales, intransigeantes. Je souffre et en même temps, j’adore. Je me laisse totalement aller dans ce massage qui me détend et me maltraite en un même instant. Le temps semble s’être arrêté et lorsque Maître J. indique qu’il a trop chaud et qu’il sort, je m’en rends à peine compte. Je ne suis que sensations et plaisir à ce moment-là. Ses doigts glissent sur mes muscles, massent ma tête, mes côtes, et je suis en plein extase. Lorsque ses mains s’arrêtent finalement, je prends un temps pour respirer et me retourne pour la remercier. V. m’embrasse alors à pleine bouche. Sa langue force l’ouverture de mes lèvres, sa chaleur se répand en moi et son baiser est comme son massage, chaud, doux, fort. Mon ventre se tord de désir et j’essaie autant que possible de lui rendre son baiser.
Puis, on se relève. Je suis totalement essoufflée et j’entends V. proposer un sauna. Cela me ramène brutalement à la réalité. Mon maître est dehors, en train de nous attendre, depuis un temps indéfini. En sortant, je ressens un mélange d’émotions : l’excitation d’aller lui raconter ce qui vient de se passer et l'appréhension qu’il soit frustré d’avoir dû attendre ou déçu que je l’ai embrassé sans sa permission. Mais il me semble agréablement surpris et heureux de ma joie et de mon excitation. Je saute presque littéralement sur place. Moi, qui trouvait cette petite soirée un peu trop sage, je ne regrette pas le déplacement.
V. m’emmène dans le sauna mais Maître J préfère rester dans le couloir. On s’installe côte à côte, très proches, mais je me sens de nouveau un peu pudique. Dame V. me raconte alors qu’elle est dans une situation personnelle un peu compliquée actuellement. Elle me parle de ses maîtresses, de ses frustrations, de ses besoins. Elle me raconte comment elle aime faire jouir une femme, qu’il faut être à l’écoute car chaque femme est différente. Je bois ses paroles, mais la proximité de son corps nu n’invite pas à la concentration. Parfois, elle joint le geste à la parole, me caresse la cuisse ou me prends par le cou et chacun de ses gestes envoie des ondes électriques dans mon corps. Sur le moment, je reste plutôt statique, je ne veux pas brusquer les choses, aller trop vite, trop loin. Je profite juste de ce moment.
Lorsque la chaleur nous étouffe, nous sortons retrouver J. D’humeur joueuse, il me demande si lui aussi aurait droit à un massage et propose que l’on se pose dans un coin câlin. V. nous indique qu’elle va aller se balader un peu et je lui dis qu’elle est la bienvenue quand elle veut. Maître J cherche donc un coin câlin et comme on ne souhaite pas forcément être dérangés, on en choisit un avec une porte qu’on laisse légèrement entrebâillée pour Dame V. Pendant notre déambulation dans les coins câlins, j’en profite pour observer quelques couples en action pendant quelques instants. La chaleur dans mon bas ventre augmente. Dans notre petit coin câlin, mon Maître s’installe sur le ventre et je commence à le masser. Ce n’est pas très agréable sans huile de massage mais j’essaie de m’appliquer et de mettre en application les conseils de V. J’appuie plus fort, je suis plus dure dans mes gestes et mon maître semble apprécier. J’hésite à lui proposer une fellation car j’ai peur que cela fasse fuir V. si elle passe la tête. Et effectivement, elle arrive peu après et nous rejoint dans le petit coin. Un moment de flottement à son arrivée est vite dissipé lorsqu’elle pose son paréo s’installe à mes côtés et propose de masser “dignement” monsieur J. Il se retrouve donc masser à 4 mains et je sens qu’il prend son pied.
Elle commence à masser sa jambe droite et j’essaie tant bien que mal de faire la même chose sur la gauche. Je suis chaque mouvement en essayant de les reproduire à l’identique. Puis V. masse son dos, sa nuque et moi je m’occupe du bas du dos et des fesses. Chacune trouve sa place. Sa chaleur à mes côtés est très agréable et je ne peux m’empêcher de regarder ses seins, ses reins pendant qu’elle le masse. Désolée maître, je suis assez peu concentrée. Pendant le temps du massage, une femme partage avec tout le club le plaisir qu’elle est en train de recevoir avec de grands cris de plaisir. Cela me fait rire mais Dame V. se demande comment on peut crier si fort pour cela. Puis, Maître propose de se retourner et se place sur le dos. V. se retire un peu vers le fond du coin câlin et je commence à lui masser le ventre, le torse. Je ne m’approche pas trop de la zone sensible car j’ai senti une petite tension lorsqu’il s’est retourné. Je n’insiste donc pas. Je rigole en disant que j’ai vraiment du mal à trouver la bonne force dans mes mains et que j’ai l’impression d’être vraiment nulle en massage. V. me dit avec autorité qu’elle va me montrer. Elle se place derrière moi et cette fois, son massage est presque brutal. Ses mains sont dures, fermes et me font parfois pousser des gémissements. Mon côté maso se réveille, j’aime cette douleur. Elle me rassure. J’essaie de continuer à masser mon maître mais il m’est difficile de me concentrer sur la douleur, le plaisir, son plaisir. Mais je sens qu’il ne m’en veut pas et il me dira plus tard qu'il a profité du spectacle avec le miroir au plafond. Elle me masse avec autorité et j’apprécie cette sensation d’être à sa merci. Je rêve que ces mains glissent vers mes fesses, vers mes reins, vers mes seins. Mais elle reste dans des zones bien définies. J’arrive parfois à glisser quelques caresses sur les jambes et l'entrejambe de mon maître, mais à ma grande surprise, il ne réagit pas, très concentré sur la situation.
Au bout d’un certain temps, elle m’invite à me pencher légèrement sur elle et commence à masser le haut de ma poitrine, sur le sternum. Ça fait mal, c’est bon. Je vis à fond l’instant présent. Ses gestes sont précis et ne descendent jamais trop bas, ce qui me rend folle d’excitation.
N’y tenant plus, je décide de me tourner vers elle légèrement pour la remercier d’un baiser comme la dernière fois. Mais elle se penche en même temps sur mon oreille et me titille le lobe avec sa bouche. Son souffle dans mon oreille me rend folle et d’un coup, elle m’embrasse de nouveau, à pleine force. Je suis scotchée, surprise, mais totalement excitée. Ses mains descendent enfin vers mes seins et les massent quelques instants, je suis en extase. Ma bouche parcourt son cou, son torse pendant que sa bouche fait la même chose. On se découvre par nos baisers, de plus en plus envahissants. Petit à petit, ses mains descendent sur mon ventre et le caresse, puis se dirigent vers mes cuisses. Je suis toujours plus ou moins allongée contre elle, à moitié tournée vers elle. La position devenant inconfortable pour elle comme pour moi, elle me demande de me retourner, ce que je fais avec inquiétude, ayant peur de briser la magie du moment. Mais dès que je me retourne, elle reprend là où elle en était. On s’embrasse de nouveau, nos bouches explorent l’autre avec avidité. Je sens tout à coup les mains de mon Maître se poser sur mon dos et me caresser et cela me lance une décharge. Je suis prise en sandwich entre les deux et je sens mon corps s’embraser littéralement de désir. Je lève les yeux vers elle et lui demande si je peux, en montrant ses seins. Pour toute réponse, elle pousse ma tête vers le bas et je pose doucement mes lèvres sur ses seins. Quel bonheur pour moi de pouvoir enfin lui lécher le têton, le prendre en bouche, le titiller avec ma langue. Je profite à fond de ce délice quand soudainement, elle me redresse, me pousse en arrière et je bascule vers le fond du coin lit, tout contre mon Maître.
La situation a totalement dérapé en quelques secondes et je me retrouve allongée sur la banquette, ouverte, offerte. Je jette un œil à mon maître qui observe dame V. avec attention et je sens son excitation même s’il reste un peu en distance pour ne pas interrompre la scène en cours.
V. entreprend de parcourir mon corps. Je ne vois pas ce qui se passe, mais je sens sa bouche, ses mains, parfois les deux partout sur mon corps sauf sur mon bas ventre, là où je rêve plus que tout qu’elle vienne y déposer ses baisers. Mais elle évite soigneusement la zone. Et pourtant chacun de ses baisers, touchers provoque chez moi une décharge d’électricité, je me tords de douleur, de plaisir, de sensations totalement hors de mon contrôle. Parfois, ses lèvres me mordillent, d'autres fois me lèchent. Mon Maître, de son côté, me triture par moment les seins, lorsque V. ne s’en occupe pas. Je suis tellement heureuse qu’il participe, j'essaie d’attraper sa queue mais je n’arrive pas à me concentrer.
Soudain, sa bouche se pose sur mon clito et je pars au 7ème ciel. Ses lèvres embrassent mon bouton, sa langue lèche, ses dents jouent avec mon intimité et je ne sais plus où j’en suis. Je caresse mon Maître par moment, tente de ne pas crier le reste du temps, ne sait plus où donner de la tête. La pression monte dans mon ventre. Je sens ses doigts qui descendent vers mon vagin et je me fige. Nous avons discuté un peu plus tôt (au café) que j’étais en fin de période féminine et que par sécurité, je m’étais équipée à ce niveau-là. Elle ne pouvait donc pas mettre ses doigts. J’essayais de trouver les mots pour lui dire cela sans casser l’ambiance, sans que tout s’arrête mais elle commença tout doucement à parcourir le bord de mon vagin avec son doigt et je perdis toute raison. Je ne pouvais plus réfléchir à rien, mon corps ne me répondait plus. En insistant un peu, elle arriva à introduire son doigt légèrement et se mit à me caresser l’intérieur du vagin, tout en continuant à lécher et sucer mon clito. Je gémissais et retenais mes cris. Je ne voulais pas me laisser aller à une telle démonstration au vu de notre conversation quelques minutes auparavant et je me mordis durement la main droite, la gauche étant occupée avec mon Maître. Cela le fit rire et il m’enleva la main de la bouche, comme s’il souhaitait que je crie fort. Soudainement il m’embrassa avec force, à pleine bouche. C’était l’un de nos premiers baisers réels et j’en restais toute retournée.
Le plaisir monte en moi à grande vitesse et je sens que je ne vais pas tarder à jouir. Je suis en extase de sentir sa bouche sur mon clito, son doigt dans mon sexe, la main de mon maitre qui torture mon sein, son sexe dans ma main. Je murmure à mon maître que j’ai envie de jouir, lui demandant ainsi son autorisation. Son éducation se révèle de plus en plus ancrée en moi, même dans une telle situation. Il me donne la permission avec un petit sourire et je me laisse enfin aller. Je ne peux retenir un cri et cet orgasme est à la fois merveilleux et douloureux tellement il est fort. Mon corps brûle, se tord, crie. Je suis totalement déstabilisée. V. continue à me lécher, me sucer et mon corps ne peut plus le supporter. Chaque contact m’envoie une décharge entre l’effet d’une chatouille et celui d’un coup de fouet. Je me tords pour que cela s’arrête et part en fou-rire. Je ne peux plus me retenir, l’intensité est trop grande. V. se redresse le sourire aux lèvres. J’hésite à me tourner vers mon maître pour m’occuper de lui, mais l’ambiance a changé, le moment est passé. On se rhabille un peu maladroitement, je me sens extrêmement gênée et quelqu’un propose d’aller boire un verre. Je descends les escaliers sur un petit nuage, ne sachant si je viens de rêver ou si j’ai vraiment vécu l’un des plus incroyables orgasmes de toute ma vie. En arrivant près du jacuzzi, V. semble changer d’avis, prend une petite douche et se dirige vers celui-ci. Ravis, nous la suivons dans ce bain chaud. Cela me fait un bien fou car j’ai un peu froid après tant d’excitation et de sensations.
On s’installe de nouveau dans le coin du fond, moi toujours entre V. et J. Après quelques minutes un peu tranquilles, je commence à caresser doucement mon Maître qui devient rapidement très réactif. Je suis heureuse de sentir quelques secondes plus tard ses doigts sur mon clito, jouant avec lui. Mon corps est de nouveau parcouru de frissons, pas encore rassasié. Je sais que je suis moi aussi en train de dépasser les interdits du sauna, mais à ce moment-là, ça m’importe peu. Par moment, ma main frôle la jambe ou la cuisse de V. qui se laisse faire, ne dit rien. Mais je n’insiste pas vraiment. Au vu de la configuration du jacuzzi, ma jambe est posée sur le muret en face de moi, faisant une petite barrière entre mes 2 partenaires et par moment, je sens des mains qui se baladent sur elle. Je comprends assez rapidement, que non seulement mon maître me caresse mais également la somptueuse V. En effet, mon Maître a une main, posée sur mon sein et l’autre sur mon clito. Il ne peut donc me caresser la jambe en deux endroits.
Alors, je me permets petit à petit des caresses un peu plus appuyées sur sa jambe, sa cuisse et je commence à me rapprocher doucement de son entre-jambe. Je ne peux pas voir son visage car elle est assise à côté de moi, près de mon épaule et je n’ose me retourner pour l’observer, voir si elle est d’accord, j’y vais donc très en douceur, étape par étape, guettant la moindre crispation ou geste qui indiquerait que je doive retirer ma main. Je commence à caresser les doux poils de son pubis et là encore, je ne sens ni rejet ni rapprochement. J’hésite à continuer. Peut-être n'ose-t-elle pas me dire non ? Petit à petit, mon doigt descend le long de sa petite fente et touche puis masse son clitoris. Et finalement, je sens qu’elle repositionne légèrement ses jambes pour me permettre un meilleur accès. Je souris et mon Maître me regarde avec curiosité. Il n’a aucune idée de ce qui se passe sous la surface de l’eau et je continue à le caresser doucement. J’ai l’impression à ce moment-là de les posséder un peu tous les deux. Je m’occupe donc avec un doigt puis deux de son bouton et je le sens petit à petit qui gonfle, qui pousse les lèvres pour sortir et je suis toute émoustillée. L’un de mes doigts commence à se diriger vers son vagin et à le caresser. Mais je reste à l’extérieur, massant simplement la zone. Soudain, je sens sa main qui attrape la mienne et l’espace d’une seconde, je pense qu’elle va la retirer et me demander d’arrêter. Mais avec autorité, elle prend mon doigt et se l’enfonce dans son vagin. Mes yeux s'écarquillent et de nouveau, je sens le regard inquisiteur de mon maître. Je m’applique donc à lui pénétrer délicatement le vagin avec mon doigt. C’est une sensation extrêmement étrange que d’avoir le majeur à l’intérieur d’un sexe, chaud, humide, plein et creux en même temps. Quelques instants plus tard, V. appuie sur ma main pour m’indiquer que je peux aller plus en profondeur, plus fort. Je commence donc à la doigter un peu plus durement, à jouer avec son intérieur, sans trop savoir ce que je suis en train de faire. Je rajoute un 2ème doigt et je sens sa respiration qui s’intensifie. A ce moment-là, mon maître a compris qu’il se passe quelque chose et il s’occupe de ma chatte en même temps que de mes seins. Il fait très très chaud dans ce jacuzzi. V. respire de plus en plus fort, elle se cambre un peu.
Si ça continue comme ça, il va falloir qu’on retourne rapidement dans les coins câlins.
Est-ce une menace, une invitation? Je lui souris simplement et lui dis que je la suis avec plaisir. Elle se dirige en nageant vers la sortie du jacuzzi et je la suis en lui caressant les fesses, les jambes. Maître J. nous suit, totalement surpris. Un petit passage aux douches rapides et nous repartons dans l’escalier. Je m’assure que mon maître nous suit et je vois que V. prend le couloir du hammam plutôt que du coin câlin. Pourquoi pas après tout. Mon maître étant un peu en arrière, je m’assure qu’il a vu notre destination et je rentre derrière elle. Je suis hésitante entre les deux et V le voit. Je lui demande si Maître J. peut venir et elle dit oui sans hésitation.
Elle s’est installée dans la salle principale du hammam cette fois, sur le banc en hauteur et lorsque je m’assois sur le banc du dessous, ma tête est pile à portée de son sexe. Maître J vient s'asseoir à côté de moi. Dame V. se penche pour m’embrasser, stoppant net les milles questionnements qui me passent dans la tête pour savoir où commencer. Comme plus tôt dans la soirée, ses baisers sont envahissants, puissants, chauds et humides. Je commence à y prendre vraiment goût et à lui rendre avec plus d’assurance. J’ai le souffle court. Timidement, je me dirige vers ses superbes seins et lui baise longuement. Maitre J. me caresse le dos doucement et cela m’excite énormément. Je commence à descendre mes baisers sur son ventre et lui dit que les préliminaires ayant déjà eu lieu, j’ai envie de descendre directement. En guise de réponse, elle appuie sur ma tête jusqu’à ce qu’elle atteigne son clitoris. J’imagine que cela veut dire oui, en souriant intérieurement.
Me voilà devant son pubis, joliment poilu, son clitoris apparaissant délicatement entre ses lèvres. J’ai déjà lécher une femme lors d’une soirée en club, mais cela avait durer un dixième de secondes et je n’avais pas ressenti grand chose. Là, je suis follement excitée mais également stressée. Vais-je savoir faire? Quel goût a sa mouille? Je suis en terrain totalement inconnu et le stress me gagne. Finalement, je me lance et commence à lécher avec ma langue. Instantanément, elle bascule légèrement en arrière et je suis heureuse de la voir réagir. Je sens avec ma langue qu’elle est très mouillée et cela me fait plaisir. Ma langue se fait plus envahissante et ses réactions s’intensifient. Elle gémit, se contracte, se rapproche, pousse sur ma tête. Je “kiffe” ce moment, j’aime cette sensation. Mon Maître en profite pour attraper mes seins à pleines mains et je suis aux anges. Je rapproche mes doigts de son vagin et commence à la pénétrer doucement. Je sens par moment la main de mon maître se promener sur mon clito et je rêve qu’il me prenne par derrière. Mais il reste sage et contribue seulement à mon plaisir du moment. De nouveau, elle attrape ma main pour que je la pénètre plus fort, plus profondément. Je lui enfonce donc deux doigts, fort, en faisant des vas et vient et elle gémit. Je la suce, je l’aspire, je la lèche, je suis totalement concentrée sur son plaisir. La sensation de ses muscles du vagin se crispant sur mes doigts est extraordinaire. Son orgasme est comme ses massages, puissant, soudain, violent. Elle se contracte en avant, emprisonnant mes doigts, avec un petit cri léger. Je suis totalement ébahie, heureuse, soulagée d’avoir pu, su la faire jouir. Je continue à la caresser quelques instants et elle m’indique à un moment de m’arrêter. Je me retourne d’un coup et me met à genoux devant mon maître pour le prendre en bouche. Cela les surprend tous les deux et les fait rire. Peu importe, j’ai envie de sa queue, je ne suis pas encore satisfaite. Je me mets à le sucer avec application, j’ai encore le goût de V. dans ma bouche, c’est totalement jouissif. Je m’applique sur sa queue, le gobant autant que possible. J’imagine que V. me regarde et cela m’excite. Mais V. ne se laisse pas intimider et se glisse derrière moi. Elle commence à jouer avec mon clito. Ses doigts le presse, le masse, le triture et elle joue avec le début de mon vagin. En quelques secondes, j’ai un orgasme puissant alors que je suis en train de sucer mon Maître et je crie sur sa queue pour ne pas hurler. Je n’ai pas pu lui demander l’autorisation de jouir, car j’ai été surprise et j’ai la bouche pleine :) . Au bout d’un moment, mon Maître me relève, il a trop chaud, et préfère que j’arrête pour l’instant. Ce soir, mon plaisir lui est prioritaire et j’en suis très heureuse. Je me retrouve donc assise par terre, entre leurs jambes nues. Je les caresse, les embrasse et je me sens totalement à ma place, dans une réelle position de soumise. Je suis totalement satisfaite de ce moment-là et c’est une image que je grave dans ma mémoire.
Au bout de quelques instants, J. décide de sortir car il a trop chaud dans ce hammam. Au fond de moi, j’espère qu’il ne m’en veux pas trop d’avoir joui de nouveau (parfois les idées d’une soumise sont un peu idiotes). Je me retrouve seule avec V., un peu ailleurs, dans un autre monde, et je continue à lui caresser doucement les jambes, les cuisses, à l’embrasser, la léchouiller.
Il va falloir que tu te calmes un peu, parce que si ça continue, il va falloir que tu recommences.
Tes désirs sont des ordres
Fais gaffe, il va t’arriver des bricoles.
Je prends cela comme une invitation et en un instant, je me retrouve de nouveau au niveau de son sexe. Lors de cette nouvelle session de cuni, elle est plus directive, m’indiquant comment la pénétrer, me demandant de mettre plus de doigts (j’en rajoute donc un 3ème puis un 4ème). Elle s’ouvre au fur et à mesure mais je ne force pas. Elle me demande d’arrêter les vas et vient et de simplement masser avec mes doigts à l’intérieur de son vagin. Je sens sa chatte qui pulse sur mes doigts, et je continue en même temps à m’occuper de son clito avec ma bouche. Elle jouit d’un coup, d’une seule pulsion vers l’avant, avec un cri un peu plus fort que la fois précédente. C’est fort et extrêmement satisfaisant. On reprend notre souffle toutes les deux et soudain, elle me pousse contre le dossier du banc, m’installe et se penche entre mes cuisses. De nouveau, cette sensation incroyable de sentir à peine ses lèvres sur mon clito, comme un souffle d’air, de douceur et d’un coup, une succion, un petit mordillement qui me portent aux bords de la jouissance. Elle pénètre mon vagin avec ses doigts un peu plus profondément et je suis incroyablement frustrée qu’elle ne puisse pas aller plus loin. C’est tellement bon que je ne peux me retenir de jouir dans un long cri qui la fait rire. On s’embrasse ensuite et on reste ainsi quelques instants. Je me dis qu’on a bien profité et que l’on va rejoindre mon maître, mais elle me dit qu’elle est insatiable, qu’elle pourrait baiser toute la nuit. Elle aussi est frustrée de ne pas pouvoir me prendre complètement. Je m’excuse de mon indisponibilité et que j’espère que l’idée de mes menstruations ne sont pas trop dérangeantes. Elle me dit de ne pas m’inquiéter. Cela ne la dérange pas, au contraire, elle aime le goût cuivré d’un vagin féminin et que si on était ailleurs, elle me demanderait de me rendre disponible quand même. Puis, pendant quelques minutes, elle m’explique comment s’assurer de faire jouir une femme, les signes à chercher pour savoir si cela lui convient, pour deviner ce qui la fait jouir. Nous sommes l’une contre l’autre et j’aime cette proximité, cette douceur. Je continue à la caresser doucement. Et finalement, elle attrape de nouveau ma tête et me penche sur son clito. Je me repositionne et repart à l'assaut de son mont de vénus. Je m’applique à suivre les consignes qu’elle vient de me donner, me concentre sur ses contractions, son souffle, ses soupirs. Je la pénètre de nouveau avec plusieurs doigts directement. Elle est toujours aussi mouillée, je ne sais plus si c’est l'excitation ou la moiteur du hammam. Tout à coup, un couple entre et s’installe un peu plus loin mais en face de nous. Je lui demande si elle veut qu’on arrête mais elle fait non de la tête, je me remets donc à la tâche avec application. Le couple ne nous quitte pas des yeux. De nouveau, elle jouit fort, se courbant sur moi comme après un choc électrique, mais cette fois, son orgasme se prolonge un peu en petits soubresauts.
Cette fois, nous sommes toutes les deux un peu fatiguées et l’on sort sans regret. J’ai vraiment besoin d’un verre et hâte de retrouver mon Maître. Je suis dans un nuage cotonneux et j’ai l’impression de flotter. On retrouve Maître J. à l’extérieur, il nous attend dans le couloir et je guette avec attention son ressenti. J’espère qu’il n’est pas frustré, ni déçu d’avoir dû attendre aussi longtemps. Je n’ai aucune idée du temps passé à l’intérieur, mais ça devait être long. Je sais qu’il était d’accord sur le principe, mais la réalité peut être différente. Pendant que V. prend une douche un peu plus longue que la mienne, je lui raconte en deux mots ce qui vient de se passer. Il m’indique qu’il faudra que je mette tout cela par écrit bien entendu, que je serai punie pour avoir joui sans autorisation (mais il le dit avec un grand sourire). Le club s’est vidé entre-temps, il est minuit passé. Ma soirée ne s’est définitivement pas terminée en citrouille et je suis heureuse. J’aimerai proposer à mon maître un temps tous les deux avant de partir, mais je sens qu’il est passé à autre chose et qu’il est un peu fatigué. On se pose un moment dans les canapés à l’entrée pour se remettre de nos émotions, avant de rejoindre les vestiaires. En sortant du club, j’ai l’impression de passer dans un univers totalement différent. Il fait froid, il pleut et j’ai l’impression d’être différente. Nous nous quittons sur le pas de la porte après un échange de baisers et je grimpe dans un uber. Je suis comblée, même si je reste un peu frustrée de n’avoir pu satisfaire mon maître, ou être pénétrée par l’un ou par l’autre. Mais cela laisse le champ libre pour d’autres soirées à venir. Quelques échanges de textos assez chauds avec V. avant de m’endormir me confirment qu’il y aura probablement une nouvelle session de découverte de ma bisexualité et j’en suis très impatiente. Je m’endors (très tard), le sourire aux lèvres.
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Anna Silivonchik est une peintre biélorusse née en 1980 à Gomel, Diplômée de la Gymnasium-College des Arts de la République de Biélorussie en 1999, elle poursuit ses études à l'Académie des Arts de l'État biélorusse, d'où elle sort diplômée en 2007. Depuis 2008, elle est membre de l'Union des Artistes Biélorusses et vit et travaille actuellement à Minsk.
Son œuvre est marquée par un style artistique assez atypique, où elle crée un monde bien à elle peuplé de son propre système d'images,convoquant différents symboles pour faire naître d'un univers sacré. S'inspirant des couches archétypales de sa culture tout en conservant des liens visibles avec l'art du 20e siècle, Anna Silivonchik déclare trouver son inspiration entre autres dans le réalisme fantastique de Marc Chagall, l'art naïf des primitivistes du début du 20e siècle, ainsi que dans l'art ornemental et le folklore de son pays.
Les œuvres d'Anne Silivonchik foisonnent de personnages – enfants, amoureux, êtres hybrides mi-animaux mi-humains, anges, lions et créatures mythologiques tels les licornes, les sirènes et les dragons. Son monde en partie stucturé autour de contes de différentes nations, donne vie aux fantasmes et rêves de l'enfance. Elle reflète des sentiments humains simples et éternels tels que l'amour, le bonheur, la joie et la naissance, ainsi que les lois immuables de la nature.
Travaillant principalement avec des techniques traditionnelles de peinture à l'huile, Anna Silivonchik s'efforce de varier ses méthodes, expérimentant avec de nombreux matériaux de production. Ses toiles, souvent texturées et à motifs, sont spécialement produites pour chaque œuvre, créant ainsi un langage d'expression unique .
Les œuvres de Silivonchik sont présentes dans de nombreux musées comme le Musée national d'art de la République de Biélorussie, le Musée d'art moderne (Minsk, Biélorussie), l'ensemble palatial et parc de Gomel (Gomel, Biélorussie), le musée d'histoire, d'art et d'architecture d'État d'Yelabuga (Fédération de Russie) et le Musée d'art contemporain russe (Jersey City, États-Unis), ainsi que dans des collections privées à travers le monde.
Bien qu'elle crée principalement des œuvres éloignées du BDSM, Anna Silivonchik a également réalisé quelques œuvres qui pourraient troubler les adeptes de cette pratique. Ces œuvres, mentionnées en fin de biographie, témoignent de la capacité de l'artiste à explorer des thèmes divers et parfois provocateurs, ajoutant ainsi une autre dimension à son univers artistique déjà riche et complexe.
Retrouvez l'artiste sur son Instagram : https://www.instagram.com/silivonchikanna_art/
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CHAPITRE 7 : MONSIEUR CHU
Mes rapports avec Maître Julian étaient ambigus. En lui j’aimais cette dualité entre le bien et le mal. En moi il avait éveillé une sensualité qui s’accordait en tous points à mes fantasmes. Il savait me prendre et me faire progresser, d’une progression toute calculée. Insensiblement, il repoussait mes limites et me faisait découvrir des horizons nouveaux.
Jouant sur l’excitation de situations nouvelles, tantôt tendre tantôt directif, ne me laissant d’autres alternatives que d’accepter. Ainsi en peu de temps, il avait fait de moi une parfaite et dévouée élève. Je soulevais ma jupe au moindre de ses désirs, lui offrant mon corps pour des moments intenses de plaisir. J’avais abandonné toute pudeur pour lui plaire. Pourtant je n’étais ni exhibitionniste, ni délurée, ni même masochiste. Etais-je folle ou amoureuse ? Certainement un peu des deux.
Mais lui m’aimait-il ? D’une certaine manière, j’en avais l’impression. Du moins jusqu’à ce lundi.
Un certain monsieur Chu avait rendez-vous à 18 heures. Maître Julian me demanda d’être particulièrement polie avec lui. C’était un client important et je le reçus d’une manière parfaite. Je dois avouer que j’avais fait d’immenses progrès en anglais, et je m’exprimais avec une certaine aisance. Ma tenue, une de celles choisies par Mademoiselle, était composée d’une jupe assez courte et d’un chemisier blanc. Je portais des bas et des chaussures à talons. Pantalons et collants avaient été bannis des tenues que je pouvais mettre au bureau. Celle-ci était assez sexy, mais non dépourvue d’une incontestable touche de classe. Mais à peine Monsieur Chu avait-il pénétré dans les locaux que je regrettais mon choix. Quelque chose en lui me mettait mal à l’aise. Peut-être sa façon de me dévisager, il me déshabillait littéralement du regard. Je feignis d’être très occupée afin de ne pas lui laisser deviner mon trouble. Le temps semblait suspendu et lorsque Maître Julian me pria de l’introduire dans son bureau, je me sentis immédiatement soulagée et c’est d’un cœur léger que je continuais à travailler.
Ils étaient ensemble depuis environ une demi-heure, lorsque Maître Julian me pria de leur apporter deux martinis on the rox. A mon entrée, la conversation c’était interrompue. Pendant que je me penchais pour poser les verres et la bouteille, sur la table basse, je sentis leurs regards s’attarder sur mes fesses. Pourtant stoïque, je fis le service en les gratifiant de mon plus beau sourire. Je me préparais à sortir ou plutôt à m’enfuir lorsque Julian m’apostropha en anglais.
« Nathalie, notre invité te trouve très jolie »
Décontenancée, je me tournais vers lui et le remerciais.
Julian reprit.
« Mais il voudrait en voir un peu plus. Alors sois gentille, montre lui.»
« Pardon ? » dis-je certaine d’avoir mal compris.
« Allons ne fais pas de manières. Vite, ou je serais obligé de te punir devant lui. »
Jusqu’à présent il avait été très discret. Personne ne soupçonnait la nature de nos rapports. Et voilà que non seulement il trahissait ma confiance, mais pire il me menaçait devant un parfait inconnu. J’étais effondrée.
Devant mon absence de réaction, il s’empara négligemment de la cravache que je connaissais si bien et que je redoutais tellement, et la tapota entre ses mains.
Je l’implorais du regard, mais il avait son air intraitable des mauvais jours. Jetant un bref coup d’œil vers son invité, je compris que je n’avais aucune aide à attendre de son côté. Au contraire, ses yeux pervers ne perdaient pas une miette du bras de fer qui se déroulait.
Vaincue, j’entrepris de déboutonner mon chemisier, dévoilant un soutien-gorge blanc qui soulignait mes seins. Et baissant pudiquement les yeux, j’attendis.
« Approche un peu de monsieur Chu, ne fais pas ta timide »
Hésitante je fis quelques pas vers lui. J’étais en plein dans mon rêve, à la seule différence que tout cela était affreusement réel.
Monsieur Chu me demanda d’une voix extrêmement douce de bien vouloir ôter ma jupe. Tremblotante, je m’exécutais. J’étais en bas, porte-jarretelles, et petite culotte en coton blanche. Il me fit signe d’approcher plus près. Ses yeux ne quittèrent pas les miens et d’un geste lent, il baissa ma culotte. A la vue de mon sexe épilé il eut un sourire de satisfaction.
Maître Julian s’était silencieusement placé dans mon dos recréant la scène si souvent vécue dans mon rêve. Il dégrafa habilement mon soutien-gorge, libérant mes deux seins. M’obligeant à pencher la tête en arrière, il saisit mes lèvres et m’embrassa. Je lui rendis son baiser, reconnaissante de ne pas m’abandonner seule aux mains de cet homme. Monsieur Chu avait glissé sa main entre mes cuisses, et il put constater qu’une certaine humidité commençait à envahir mon bas-ventre. Vaincue je m’abandonnais à leurs caresses.
J’avais l’impression d’être Ysabel, les images de mon rêve et la réalité se mélangeaient. C’était étrange et déroutant, un mélange de perversité et de volupté me poussait à accepter cette situation.
Lorsqu’ils furent certains que toute idée de résistance avait quitté mon esprit, ils cessèrent de me caresser et me demandèrent de garder la position. Jambes bien écartées et bras dans le dos, c’était à la fois humiliant et terriblement excitant. S’offrir ainsi aux regards et savoir que mon corps éveillait leurs désirs me donna le courage de m’abandonner totalement.
Monsieur Chu, sortit, de je ne sais où, des cordes. De vraies cordes en chanvre. Entourant mon cou de l’une d’elles, il la fit glisser en deux extrémités d’égale longueur. La crainte de me retrouver attachée totalement à sa merci me glaça plus sûrement que le froid des cordes et je ne pus m’empêcher de trembler. Faisant faire plusieurs tours à la cordelette, il m’emprisonna habilement les seins jusqu’à les compresser et les faire saillir. Puis après un nœud serré, il laissa descendre le fil de chanvre jusqu’à mon sexe et le coinça étroitement entre les deux cordelettes et les fit remonter le long de la raie de mes fesses. Le tout fut relié à mon cou, emprisonnant ensuite mes coudes dans mon dos.
Les cordes furent serrées à la limite du supportable. Je ne pouvais esquisser le moindre mouvement, sans sentir au plus profond de ma chair, leur empreinte. Visiblement j’allais découvrir des sensations nouvelles, victime consentante entre les mains exigeantes de ces hommes mûrs.
Ensuite il me fit m’agenouiller et écartant mes cuisses d’un geste sûr, il entreprit de relever mes mollets. Il les fixa, à l’aide de deux lanières et je me retrouvais en équilibre instable sur mes genoux. Pour finir, il passa une autre boucle autour de ma taille, l’enserrant étroitement et relia l’ensemble des cordages à un crochet du plafond. Julian attentif, l’assista veillant à bien équilibrer la tension. Puis ensemble, ils me hissèrent à environ 1 mètre au dessus du sol. J’étais ainsi suspendue en l’air, incapable de bouger. Les cordes qui passaient entre mes cuisses comprimaient mon sexe, et me faisaient ressentir ma condition de femelle, offrant en prime, l’impudique spectacle de mes cuisses écartées au maximum. Je rougis de honte toute en me sentant terriblement excitée. Ce bondage était réalisé avec une rare maîtrise et Chu était assurément un maître dans ce domaine.
Me faisant pivoter sur moi-même en se servant de mes seins, il s’amusa un moment à me faire tournicoter comme une toupie, puis il se recula pour admirer son œuvre d’un air satisfait.
Julian le complimenta et l’invita à se servir de ma bouche. Sans se faire prier il ouvrit sa braguette, et glissa son sexe entre mes lèvres. Je dus le sucer et le lécher selon ses désirs pervers, il fut particulièrement long à jouir et il veilla à ce que j’avale tout. Enfin, il m’abandonna. Sans attendre, Julian prit sa place et je dus le satisfaire pendant que sa cravache taquinait mon clitoris.
Après un nouveau verre, ils décidèrent d’aller dîner et m’abandonnèrent ainsi, malgré mes supplications.
Je passais des moments terribles, suspendue, seule dans les bureaux désertés. Les cordes entamaient ma chair et le moindre mouvement accentuait la douleur. Je maudissais Julian. Plus le temps passait, plus je me mettais en rage. Mes membres étaient engourdis, j’avais des fourmis dans tout le corps et je mourrais de soif. Puis à la colère succéda une profonde période d’abattement. Je subissais résignée, me demandant s’ils m’avaient oubliée, priant pour qu’ils reviennent vite.
Ce n’est que quelques heures plus tard, qu’ils revinrent de très bonne humeur. Taquin, Julian s’approcha de moi et me demanda si j’allais être une parfaite soumise, où si je préférais continuer à bouder toute seule dans mon coin. Je promis d’être obéissante, je le suppliais de me détacher.
Ce soir là, j’aurais promis tout ce qu’il voulait pour être libérée.
Enchantés de me voir dans de si bonnes dispositions, ils entreprirent alors de me faire toucher terre et me délivrèrent avec d’infinies précautions. En me détachant, le sang se remit à circuler et je criais de douleur. Je n’arrivais à allonger ni mes bras ni mes jambes. Ils me massèrent longuement presque amoureusement et séchèrent mes larmes.
Julian déclara que je méritais bien une récompense et il déboucha une bouteille de champagne. Je bus plusieurs coupes et je sentis une légère ivresse m’envahir, et je plaisantais avec eux plutôt contente de m’en tirer à si bon compte. Mais une fois de plus je prenais mes désirs pour des réalités. Je le compris lorsque d’un geste vif, Monsieur Chu m’attira vers lui, et glissant un doigt entre mes fesses, il s’approcha de ma rondelle. Je sursautais de surprise. J’étais vierge de ce côté là. Julian y avait bien fait allusion, de temps à autre, mais devant ma réticence, il n’avait pas insisté. Monsieur Chu n’avait pas cette délicatesse. Savoir que cet endroit était à déflorer, semblait l’exciter au plus haut point. Je gigotais, essayant de lui en interdire l’accès.
Voyant cela Julian ordonna.
« A quatre pattes, cuisses écartées et mains derrière la nuque. Obéis »
Je protestais, implorais. En vain et je pris la position à contrecœur. Il faut dire que c’était une des premières qu’il m’avait enseignée. Bien cambrée, j’offrais mes fesses pour être punie. Il aimait me fouetter ainsi.
Mais ce soir en la prenant, j’avais conscience de franchir un pas de plus dans ma soumission. Non seulement j’allais être livrée à un inconnu, mais de plus sodomisée.
Approchant sa verge, Chu força mes reins et s’enfonça en moi sans aucune préparation. Sa brutale pénétration me fit horriblement mal et je hurlais. Pourtant indifférent à mes plaintes il continua à s’introduire en moi. Son sexe était plus mince que celui de Julian. Mince consolation et je pleurais sous l’assaut. Il adopta un rythme rapide, veillant vicieusement à s’enfoncer au plus profond de moi. Je devinais qu’il voulait me posséder et m’asservir totalement, bestialement. Il était à sa manière beaucoup plus dur que Julian. Pas la moindre émotion ne transparaissait. Il me prenait comme on prend une femelle totalement soumise dans un coït brutal sans s’inquiéter de ses désirs, de sa souffrance.
Emoustillé, mon Maître se glissa sous moi. Il m’obligea à m’allonger sur lui, et me pénétra. Leurs sexes remplirent mes deux orifices. Leurs mouvements se synchronisèrent et je criais à la fois de plaisir et de douleur. Et soudain je sentis monter un orgasme venu du plus profond de mon corps.
Ils apprécièrent en connaisseurs l’arrivée de la déferlante de ma jouissance. Elle me laissa brisée et pantelante et ils ne tardèrent pas à jouir à leur tour. Satisfaits ils décidèrent d’arroser mon dépucelage au champagne.
Après le départ de Chu ce soir là, Julian m’avoua qu’il était fier de moi, et en récompense il m’emmena pour la première fois dans son appartement situé à l’étage du dessus. C’est allongée dans son grand lit entre ses bras, que Julian me confia l’histoire de sa rencontre avec Chu.
C’est la première fois qu’il se confiait à moi et sa confiance m’émut.
« Ce jour là » commença-t-il d’une voix douce.
« j’avais rendez-vous avec monsieur Chu, un investisseur asiatique qui opère sur le marché du diamant. C’est un monde très fermé où le Cartel, mot familier qui désigne la toute puissante CSO, contrôle près de 80% des approvisionnements en diamants de la planète. Monsieur Chu est un homme raffiné et d’une politesse exquise. Mais derrière ce masque se cache un redoutable homme d’affaires. Une grande estime doublée d’une réelle amitié c’est tissé entre nous. »
« Et de quand date cette amitié ? » demandais-je curieuse.
« C’était il y a de cela dix ans. Déjà dix ans. Tout jeune avocat je débutais ma carrière dans une grande banque de la City à Londres. Chargé de la partie juridique des opérations, mon travail consistait à finaliser des transactions à fort potentiel financier. Je voyageais beaucoup, New-York, Paris, Hongkong…
J’avais fait la connaissance de monsieur Chu à Hongkong. A l’issue d’âpres négociations un excellent accord avait été conclu et Monsieur Chu pour me remercier m’avait invité à une soirée. En m’y rendant, je ne savais pas que toute ma vie allait être transformée. »
« Et la mienne ne crois-tu pas que tu l’as entièrement bouleversée ? » lui demandais-je en me serrant tout fort contre lui ?
« Si bien-sûr, mais je suis à tes côtés » et il m’embrassa tendrement.
Il poursuivit son récit.
« L’endroit où m’avait entraîné monsieur Chu ne payait pas de mine. Situé dans le quartier des entrepôts la façade ne possédait aucune enseigne. Une simple porte en fer surmontée d’une caméra avec sur le côté une sonnette. Monsieur Chu appuya 3 coups brefs et la porte s’ouvrit. Un costaud à la mine patibulaire nous accueillit. Il reconnut mon hôte et s’effaça poliment devant nous avec force de courbettes.
Je suivis mon hôte dans un vestiaire où montrant l’exemple il m’invita à me déshabiller. Après une rapide douche, deux jeunes ravissantes asiatiques entièrement nues nous invitèrent à nous allonger sur des tables de massage. Une très jolie eurasienne me prodigua un massage thaïlandais. Ces body-body ont fait fantasmer des milliers de touristes et la fortune des tours-opérator.
Mais elle était exceptionnellement douée. Légère comme une plume, elle me frôlait de son corps souple aux formes troublantes. Mutine, câline, tantôt distraite et boudeuse, tantôt passionnée. Une femme enfant qui éveillait les sens et s’en émerveillait. Mon érection n’avait pas l’air de l’émouvoir le moins du monde, et elle en joua avec une diabolique habileté. Son corps semblait n’exister que pour se fondre dans le mien. Mais elle n’en fit rien. Elle s’offrait et se dérobait prenant garde à ne pas se laisser saisir. Puis elle appliqua délicatement sur mon gland turgescent et mes bourses une pommade aphrodisiaque. L’effet fut prodigieux.
Une chaleur envahit mon bas-ventre et mon sexe se durcit à un point incroyable qui me fit presque défaillir de désirs. Elle me regarda d’un air satisfait dévoilant ses petites dents nacrées. »
« Tu en parles comme ci ce souvenir datait d’hier » l’interrompais-je un peu jalouse.
« Ce sont des moments qui sont gravés dans ma mémoire…Ecoute la suite »
« Je compris alors que nous n’étions pas là pour une simple partie de jambes en l’air. Ces préludes cachaient en fait le véritable objet de notre visite.
Après nous avoir délicatement séchés, elles nous vêtirent de peignoirs en soie, et monsieur Chu m’entraîna dans une salle immense.
Au centre, un podium identique à celui des défilés de mode, quoique moins haut, traversait la salle de part en part. De part et d’autres de confortables fauteuils en cuir des années 1930 étaient occupés exclusivement par des hommes. Ils portaient pour tout vêtement des peignoirs semblables aux nôtres. Des hommes d’âge mur issus des classes aisées. J’étais le seul blanc et le plus jeune participant.
Je m’installais dans un fauteuil aux côtés de mon hôte et une charmante hôtesse très peu vêtue nous apporta une collation. L’ambiance commençait à s’échauffer. Un homme arriva sur scène et prit la parole. Le public manifesta et applaudit à la présentation de la soirée. Je n’en compris pas un traître mot et Chu ne prit pas la peine de traduire se contentant de trinquer avec moi. Je pensais qu’il devait s’agir de paris clandestins et je m’attendais à assister à des combats de boxe.
Ce qui advint ensuite me laissa sans voix, proprement estomaqué. Les projecteurs inondèrent un coin de la salle et deux hommes de petite taille habillés en jockey, portant casaque et cravache à la main firent leur apparition juchés sur deux montures. Tirant légèrement sur les rennes ils progressèrent lentement sur le podium. L’insolite de la situation tenait aux montures elles-mêmes.
Il s’agissait de deux pony-girls. Chacune portant une petite selle étroitement sanglée sur son dos et harnachée comme un véritable cheval de course. Ses cheveux étaient attachés en queue de cheval, un mors dans la bouche relié à un harnais lui enserrait la tête. Des œillères complétaient le tableau et l’empêchait de regarder de côté. Mais de temps en temps elles se jetaient un regard en biais plein d’animosité. Pour l’heure, elles trottaient à quatre pattes dans un mouvement harmonieux et synchronisé effectuant un tour d’honneur. La croupe bien saillante et les seins se balançant au rythme des pas. Elles étaient entièrement nues et épilées, le corps luisant telles deux pouliches prêtes à courir. De vraies bêtes de course. Lentement les jockeys les placèrent sur la ligne de départ.
Au signal du starter elles s’élancèrent sur une distance que j’évaluais à 50 mètres. Les jockeys les cravachaient et elles galopaient, soutenues par le public. La fille au dossard rouge prit la tête.
La casaque verte ne réussit pas à remonter son handicap malgré les encouragements énergiques de son jockey.
Elles finirent en trombe luttant jusqu’à l’arrivée. La gagnante revint au centre sous les acclamations des spectateurs. »
« Mais c’est incroyable » m’exclamais-je.
Il ignora mon interruption et poursuivit plongé dans ses souvenirs.
« Le présentateur réapparut et d’étranges échanges de signes eurent lieu entre lui et le public. Des applaudissements crépitèrent. Monsieur Chu se tourna vers moi et m’expliqua que la gagnante venait d’être vendue aux enchères pour la nuit. On lui ôta sa selle et toujours à quatre pattes, elle fut en effet emmenée par la bride, auprès d’un monsieur ventru qui affichait un grand sourire. Quant à la perdante, elle reçut une véritable fouaillée administrée par son jockey à l’aide de sa cravache. Puis elle sortit de la salle en larmes sous les cris de la foule. »
« Vendue » je frissonnais involontairement « Tu serais capable de me faire cela ? » lui demandais-je d’une voix apeurée.
« Bien sûr, mais au poids tu ne me rapporteras pas grand-chose. » répondit-il sur le ton de l’humour.
Il se resservit à boire avant de poursuivre.
« Monsieur Chu continua à m’expliquer. Nous allions assister à plusieurs courses. Toutes les gagnantes seraient vendues et les perdantes mises à disposition des spectateurs dans une salle appelée salle des supplices. Je me dis que le sort de la perdante ne devait pas être agréable. Livrée aux joueurs qui pourront en quelque sorte se rattraper en nature. »
« Mais c’est cruel » dis-je révoltée.
« C’est la règle du jeu. Il y a besoin de règles. Même toi tu les acceptes. Quoique parfois… » et il sourit.
« Tu veux écouter la suite ? »
« Oui, mais cela semble t’exciter de me raconter » Son sexe était à nouveau dur et je saisis son membre entre mes doigts.
« La deuxième course tenait du trot attelé. Chaque femelle debout tirait une espèce de buggie dans lequel un jockey avait pris place. La course fut très disputée et les deux juments ne se départagèrent que d’une courte encolure. La vente eut à nouveau lieu et c’est mon voisin de droite qui remporta les enchères.
La gagnante dételée lui fut amenée. Je ne pus m’empêcher de la regarder de près. Visiblement la course l’avait éprouvée. Elle avait un visage très jeune.
Le mors l’obligeait à tenir la bouche entrouverte, un peu de salive perlait entre ses dents et coulait le long de son menton. Ses deux jeunes seins montaient et descendaient au rythme de sa respiration. Sa peau fine et luisante brillait dans la pénombre. Des zébrures marquaient sa croupe et coloraient sa peau. Arrivée devant l’homme, le jockey remit la longe à son Maître d’un soir. Elle s’agenouilla à ses pieds les baisant en signe de respect et de soumission.
La perdante pendant ce temps reçut sa punition et les coups de cravache lui arrachèrent d’émouvants gémissements. Je n’étais pas insensible à ce spectacle et ma verge me faisait mal tellement je bandais.
« Et là tu sens quelque chose ? » lui demandais-je en enserrant son gland.
Il rit tout en se dégageant.
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Les courses se succédaient et bientôt je fus entouré d’hommes ayant à leurs pieds de jeunes pouliches soumises et dévouées. Chu participa à la vente aux enchères. Il m’offrit une somptueuse créature toute de cuir harnachée. Sa beauté me donna une irrésistible envie de la posséder sauvagement. Accroupie à mes pieds elle attendait un ordre de ma part. Je la saisis par ses cheveux noués en queue de cheval et lui donnais ma verge à sucer. Je fermais les yeux de bonheur sous la précision de la caresse. »
« Cela ne m’étonne pas. » répondis-je.
Il ne releva pas se contentant de caresser mes seins. Mes pointes frémissaient sous sa main et je ne bougeais pas, étendue lascivement à ses côtés Cette soirée m’apparut dans toute son irréalité. Ma métamorphose semblait correspondre à une inéluctable prise de conscience. Perdue dans mes pensées, des sentiments contradictoires occupaient mon esprit. Pouvait-on donner son corps à un inconnu par amour pour son Maître ? Et lui se pouvait-il qu’il m’aime et désire m’offrir à un autre ? Ou n’étais je qu’un objet entre ses mains ?
Il me regarda et pendant un instant je sus qu’il devinait le combat qui se livrait en moi. Il faillit prononcer les mots que secrètement j’espérais mais il se ravisa et poursuivit son récit.
« Soudain monsieur Chu me toucha l’épaule et m’indiqua le podium. Levant les yeux je sursautais. Pour la première fois de la soirée une européenne allait affronter une asiatique. Elle était attelée à un buggie. Cette dernière course de la soirée promettait d’être passionnante. Les paris connurent un rebond de frénésie.
Plus grande d’une tête que sa concurrente, elle avait de longs cheveux blonds, un corps musclé et de longues jambes.
Ses seins généreux attiraient tous les regards, deux clochettes y étaient suspendues et tintaient à chaque pas. Le jockey armé d’un long fouet souple lui taquinait les fesses et elle sursautait à chaque caresse. Nerveuse, elle prit place sur la ligne de départ. Chu se pencha vers moi et me demanda si je voulais parier. J’acceptais avec joie et pariais 200 dollars sur sa victoire. Elle était cotée à 10 contre 1 ! »
« Et bien sûr tu as perdu ! »
« Arrête de m’interrompre » tu es trop impatiente.
« Au signal elle bondit tétanisée par le coup de fouet qui atteignit le bas de ses reins. Elle prit la tête pendant les vingt premiers mètres, mais irrésistiblement son adversaire regagnait le terrain perdu. Son jockey l’encourageait de coups bien ajustés mais rien n’y fit. Elle fut coiffée sur le poteau par sa concurrente. Conscient des enjeux suscités, son driver la punit sévèrement. Elle cria et gémit bien plus fort que ses consœurs, suppliant son tortionnaire de l’épargner. Mais il n’en fit rien et elle dut subir sa punition jusqu‘au bout. Une dernière volée de coups de fouet la laissa effondrée sur le sol et elle fut rapidement traînée en direction de la salle des supplices. Chu me murmura à l’oreille que j’allais pouvoir lui faire payer chèrement sa défaite et cette proposition m’excita bien plus que je ne l’aurais imaginé. »
« Vois-tu, ce spectacle avait quelque chose de fascinant tout en étant profondément amoral.
La nuit que je passais fut peuplée de plaisirs indescriptibles. La docilité de celle qui était devenue ma petite esclave attitrée m’enchanta. La découverte de la salle des supplices où était pratiqué l’art du shibari enseigné par des maîtres de cérémonies m’émerveilla. Je restais admiratif devant le raffinement des tourments infligés et la mise en scène toute imprégnée de l’esprit japonais. J’étais conquis, subjugué par ce culte de la beauté et par ces rites secrets. Et bien sûr, je m’initiais à ces pratiques découvrant le plaisir de tourmenter ces jeunes corps consentants.»
Il s’arrêta de parler et sembla émerger d’un rêve. Je lui caressais doucement son sexe dressé.
« Et depuis tu ne peux plus t’en passer. Tu aimes me voir souffrir, n’est-ce-pas ? » dis-je dans un souffle.
« Oui, mais tu ne fais pas que de souffrir dans mes bras, petite hypocrite » et il m’enlaça tendrement. Nous refîmes l’amour jusqu’au petit matin.
Suite à cette nuit nos relations prirent un tour nouveau. Une complicité nous unissait dans une même recherche. Il m’avait dévoilé une partie de son passé et m’avait jugée digne de confiance.
Un trimestre idyllique venait de s’écouler ainsi. Contrairement à Valérie qui devait subir à son corps défendant, les attouchements de son patron et le satisfaire d’une manière conventionnelle, Julian avait instauré des règles d’obéissance basées sur l’imagination et la perversité.
Ainsi pour ma tenue au bureau j’avais l’obligation de la choisir afin que je sois toujours accessible et offerte. Je n’avais bien entendu pas l’autorisation de croiser les jambes et sa main devait à tout moment pouvoir se glisser en moi.
Il aimait m’exciter dès le matin et me maintenir dans cet état tout au long de la journée. Il variait les plaisirs à l’infini. Parfois il m’accrochait une pince à mes lèvres avec un poids afin disait-il de les allonger, ou parfois me glissait un god dans l’un ou l’autre de mes orifices afin que je me souvienne à tout instant de ma condition de soumise. Je ne savais pas à cette époque que cette domination physique et cérébrale était basée sur des rapports sadomasochistes. Il avait subtilement développé ma tendance naturelle à l’obéissance et j’étais continuellement humide. Les sens exacerbés j’étais prête à le satisfaire pour des demandes toujours plus insolites. Mon impudeur n’avait d’égale que son imagination perverse. Je me souviens qu’un des ordres auxquels j’avais le plus grand mal à obéir consistait à peine il effleurait mon clitoris, à tirer ma langue. Cela devait devenir un réflexe, une seconde nature. Devant mon manque d’empressement, il avait pris l’habitude de me punir en accrochant une pince lestée d’un poids à ma petite langue rose et j’étais particulièrement honteuse de voir couler ma salive en même temps que s’humidifiait mon petit bouton. Cette soumission quotidienne était facilitée par le fait que je vivais pratiquement chez lui, ne rejoignant mon appartement qu’épisodiquement. Parfois il m’attachait dans son lit, étroitement entravée et engodée et me laissait seule dans l’incapacité de bouger pour la nuit, sortant rejoindre des amis. Cela paraît complètement surréaliste mais son attitude était empreinte de respect et je me sentais désirée et aimée.
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Né en Italie en 1945, Milo Manara est un artiste dont le nom est synonyme de souffre dans l'univers de la bande dessinée. Quatrième d'une fratrie de six, il grandit dans une petite ville italienne, Luson, nichée entre les montagnes et imprégnée d'Histoire, non loin de la frontière autrichienne. C'est un monde où l'art rencontre l'histoire, et où Manara, dès son plus jeune âge, se découvre une passion dévorante pour le neuvième art.
Sa rencontre avec la bande dessinée s'effectue dans l'atelier du sculpteur espagnol Berrocal, où les œuvres de Barbarella et Jodelle lui ouvrent les portes d'un monde nouveau. Rapidement, sa vocation se précise et, dès 1968, il finance ses études d'architecture à Venise en publiant ses premières planches, des récits érotiques qui marquent le début d'une carrière qui allait s'avérer exceptionnelle.
De Genius à Jolanda, de l'adaptation du Décaméron de Boccace à Le Singe, Manara ne cesse d'explorer et de repousser les limites de son art. En 1978, il lance les aventures de Giuseppe Bergman, personnage emblématique qui traverse des récits à la fois oniriques et profondément humains.
Mais c'est en 1983, avec la publication du Déclic, que Manara devient un maître incontesté de la bande dessinée érotique. Cette œuvre, devenue culte, illustre à la perfection l'audace, la sensibilité, et l'élégance de son trait, captivant un public international.
Sa collaboration avec Hugo Pratt pour Un été indien, puis El Gaucho, ainsi que ses travaux avec le grand Federico Fellini, témoignent de son incroyable capacité à fusionner les univers, à dialoguer avec les grands esprits de son temps, pour créer des œuvres immortelles.
Toujours avide de nouveaux défis, Manara ne s'est pas contenté de régner sur le monde de la bande dessinée érotique. Son talent d'illustrateur s'est exprimé dans de nombreux projets, du diptyque consacré au Caravage à ses collaborations avec Alejandro Jodorowsky pour la série Borgia. Sans oublier sa passion pour la sculpture, illustrée par sa création à l'effigie de Brigitte Bardot.
La reconnaissance de son œuvre est mondiale : prix, expositions, et même une monographie, "Sublimer le réel", célébrant cinquante ans de carrière. Mais ce qui frappe le plus chez Manara, c'est sa capacité à rester profondément humain, à toucher à l'universalité à travers l'érotisme, à célébrer la beauté sous toutes ses formes.
Milo Manara, avec sa maîtrise incontestée du dessin et sa capacité à explorer les profondeurs de la psyché humaine, a su aborder les thèmes du fétichisme et du BDSM, de ci delà. Son œuvre, souvent empreinte d'une sensualité érotique et d'une exploration audacieuse des désirs, offre un regard nuancé et artistiquement riche sur ces aspects de la sexualité.
Dans les univers créés par Manara, le fétichisme dépasse l'obsession autour d'un objet ou d'une partie du corps. Le fétichisme est souvent là en filigrane, du moins les adeptes savent le trouver dans la manière dont Manara l'intègre comm élément narratif, capable de révéler la complexité des relations et des désirs de ses personnages. Ses illustrations, d'une précision et d'une beauté captivantes, invitent le lecteur à explorer des fantasmes souvent inavoués, rendant le fétichisme non seulement esthétiquement séduisant mais aussi psychologiquement profond. Manara dépeint le fétichisme avec un respect et une délicatesse qui en valorisent l'aspect humain et relationnel, offrant une vision à la fois sensuelle et introspective.
Quant au BDSM, il se glisse parfois discrètement dans ses œuvres les plus provocatrices, Manara le traite avec une habileté narrative qui transcende le sensationnel pour sonder les dynamiques de pouvoir, de contrôle et de libération. . Le BDSM, dans l'univers de Manara, est loin d'être un simple motif érotique ; il devient un moyen d'explorer les limites de l'expérience humaine, les frontières entre douleur et plaisir, domination et soumission, toujours avec une élégance graphique et une profondeur narrative.
Les œuvres de Manara ne se contentent pas de représenter le fétichisme et le BDSM ; elles invitent à une réflexion sur la nature du désir et sur la recherche de l'épanouissement personnel à travers la découverte de soi et de l'autre. En cela, Manara ne se limite pas à illustrer ces thèmes ; il les intègre dans des récits complexes où la beauté artistique se mêle à une exploration sans jugement des aspects les plus intimes de l'âme humaine.
Quarante ans après Le Déclic, Manara regarde son parcours avec une pointe de nostalgie, conscient des changements dans la perception de l'érotisme, mais toujours philosophe. Sa contribution à la bande dessinée ne se limite pas à ses créations ; il a ouvert des chemins, inspiré des générations d'artistes et de lecteurs.
Milo Manara, c'est malgré tout une forme de candeur, d'ingénuité, le plaisir de l'art. Dans un monde où les saisons de la liberté semblent parfois incertaines, son œuvre reste un phare, illuminant la beauté éternelle de l'imagination et du désir. Il est plus qu'un artiste ; il est un voyageur entre les mondes de l'éros et du papier, un pont entre les rêves et la réalité. Et son voyage, à travers le neuvième art, continue de nous fasciner, de nous émouvoir, et surtout, de nous inspirer.
Quelques albums cultes :
L'art de la fessée
Noirs desseins
Le déclic : l'intégral
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Qu'est-ce que le Gooning?
Le gooning est une des nombreuses pratiques qui se fait parfois introduction dans le monde du BDSM, elle se distingue par ses caractéristiques uniques et ses implications dans l'approche émotionnelles et physiques de la sexualité. Le terme "Gooning", qui ne possède pas de traduction littéral en français. Il évoque un état ou de transe où la personne impliquée atteint un niveau d'engagement dans l'acte et de plaisir intense, souvent dans un contexte de masturbation prolongée. L'origine exacte du terme reste donc floue, mais il s'est répendu comme une trainée de poudre au sein de la communauté BDSM pour décrire ce phénomène spécifique.
Le "gooning" peut se résumer comme cet état généralement atteint après une longue session d'edging*, lorsque l'homme ou la femme devient complètement hypnotisé par la sensation d'hyper sensibilité de son pénis ou de son clitoris pour une femme. Puisque l'état de gooning ne peut être atteint qu'après du edging*, le pénis de l'homme ou le clitoris pour la femme sera à ce moment-là terriblement excité et chaque caresse à laquelle les organes génitaux masculins sont soumis déclenchera une puissante allégresse. Alors que l'homme ou la femme continue l'edging et donc continue d'expérimenter un plaisir intense, il entre dans un état de transe où son esprit fusionne intimement avec son sexe : l'état de gooning, où lui et son sexe ne font qu'un. Pour être encore plus précis, lorsque l'état de gooning est atteint, le corps de devient uniquement plaisir sexuel. Lorsque cet état est atteint, l'homme ou la femme se libère de tous les codes sociaux de conduite, et son excitation, seule, dicte ses réactions. En conséquence, un homme ou une femme en état de gooning deviendra très expressif et démonstratif : ils peuvet devenir très locaces, tandis que son corps et son visage peuvent prendre des expressions lubriques et indécentes, tout en réponse aux caresses intensément exquises auxquelles son sexeest exposé. D'où le terme "goon", puisqu'à ce stade, l'homme ou la femme ont effectivement l'air d'une personne stupide, folle ou excentrique.
Le gooning n'est pas une manifestation narcissique. Le narcissisme est un égoïsme extrême, avec une vision grandiose de ses propres talents. Plutôt, le gooning se rapproche davantage d'une expérience de méditation, où l'esprit et le corps s'alignent, concentrés sur une seule pensée (ou sensation, dans ce cas).
Contrairement à d'autres pratiques BDSM qui peuvent impliquer des éléments de douleur, de domination et de soumission, le gooning se concentre davantage sur l'exploration prolongée du plaisir et l'abandon de soi dans l'instant présent. Il s'agit moins de la dynamique de pouvoir traditionnellement associée au BDSM et plus d'une exploration profonde de l'auto-stimulation, souvent menée jusqu'à atteindre un état second où la conscience de soi et le temps semblent disparaître.
L'un des aspects cruciaux du gooning est l'état d'esprit dans lequel la personne se trouve. Pour atteindre cet état de gooning, il faut une dévotion presque méditative à l'acte en cours. Cet état est caractérisé par une focalisation intense sur les sensations et les émotions émergeant du plaisir sexuel, à tel point que tout le reste semble s'effacer. Cela requiert une immersion complète dans l'expérience, permettant à la personne de se libérer de la Raison et des inhibitions.
La dévotion joue également un rôle central dans le gooning. Elle n'est pas nécessairement dirigée vers un partenaire, bien que cela puisse être le cas, mais plutôt vers l'acte lui-même et les sensations qu'il procure. Cette pratique peut être solitaire ou impliquer un(e) partenaire qui guide ou participe à l'expérience. Lorsqu'un partenaire est impliqué, la communication et le consentement mutuel deviennent évidemment essentiels pour explorer cet espace partagé de vulnérabilité et de plaisir intense.
Ainsi, le gooning se distingue d'autres pratiques BDSM parce qu'il s'articule autour d'une exploration prolongée du plaisir et l'atteinte d'un état de transe. Loin de se résumer à une simple dynamique de domination et de soumission, il s'agit d'une quête de connexion profonde avec soi-même ou avec un partenaire, à travers le prisme du plaisir sexuel. La dévotion et un état d'esprit méditatif sont des composantes clés pour atteindre l'état de gooning, marquant cette pratique comme une exploration unique de la sexualité et de la conscience.
Contexte historique et culturel du Gooning
Le gooning, bien qu'étant une pratique relativement récente dans le lexique du BDSM, puise ses racines dans une histoire plus large de l'exploration sexuelle et du plaisir. Son développement au sein de la communauté BDSM reflète l'évolution continue des pratiques sexuelles et la manière dont elles sont perçues et vécues par les individus. Contrairement à des éléments plus traditionnels du BDSM, tels que le bondage, le sadomasochisme, ou la dynamique dominant/soumis, qui ont des origines historiques profondément ancrées et documentées, le gooning émerge comme une réponse à la numérisation de la sexualité et à l'augmentation de l'intimité personnelle dans la recherche du plaisir.
Cette pratique a gagné en visibilité et en popularité à travers les forums en ligne et les communautés, où les individus partageaient leurs expériences et leurs techniques pour atteindre cet état de transe. L'accès accru à l'information et la facilité de communication entre les personnes aux intérêts similaires ont permis au gooning de se développer et de se répandre au-delà des cercles initialement restreints. En cela, le gooning est un exemple de la façon dont la technologie et la communication numérique ont influencé et façonné de nouvelles pratiques au sein de la sphère sexuelle.
Au fil du temps, la perception du gooning a évolué. Initialement, il pourrait avoir été vu comme une niche ou une curiosité au sein des pratiques sexuelles plus larges. Cependant, à mesure que la compréhension de la sexualité humaine s'est approfondie et que les conversations autour du plaisir sexuel sont devenues plus ouvertes et inclusives, le gooning a commencé à être reconnu comme une forme légitime d'expression sexuelle. Cette reconnaissance coïncide avec un mouvement plus large vers l'acceptation des diverses façons dont les individus peuvent explorer et expérimenter leur sexualité.
En comparaison avec d'autres pratiques BDSM, le gooning se distingue par son focus sur le plaisir prolongé et l'état de transe plutôt que sur la douleur, la contrainte ou les jeux de pouvoir. Alors que de nombreuses pratiques BDSM impliquent une interaction physique intense et une dynamique claire de rôle entre les partenaires, le gooning peut être une expérience plus introspective et méditative. Cette différence met en lumière l'éventail des expériences au sein du BDSM et la manière dont les pratiques peuvent varier largement en termes d'objectifs, de sensations recherchées, et d'implications émotionnelles.
A travers les époques, les pratiques BDSM ont souvent reflété les normes sociales et culturelles du moment, ainsi que la compréhension et l'acceptation de la sexualité humaine. Le gooning, avec son apparition relativement récente, représente un chapitre de cette histoire continue, illustrant à la fois l'innovation dans la manière dont le plaisir est poursuivi et une plus grande acceptation de la diversité des expressions sexuelles. En tant que tel, il offre une fenêtre sur l'évolution continue des pratiques BDSM et sur la manière dont elles s'adaptent et se transforment en réponse aux changements culturels et technologiques.
Le Gooning dans la pratique
Le gooning, dans sa mise en pratique, va se manifester par l'entremise d'une grande variété de scénarios, chacun offrant une perspective unique sur cette expérience profondément personnelle et, dans certains cas, partagée. Ces scénarios varient largement, allant des séances en solo aux interactions en couple, jusqu'aux dynamiques de groupe, reflétant la flexibilité et l'adaptabilité de cette pratique à différents contextes et préférences individuelles.
Dans le cadre d'une séance solo, le gooning devient une exploration intime de soi-même, où l'individu se concentre entièrement sur l'atteinte d'un état de transe sexuelle. Cela implique souvent une masturbation prolongée, pendant laquelle la personne se laisse absorber complètement par les sensations et les plaisirs générés, cherchant à prolonger cet état le plus longtemps possible. L'environnement joue un rôle crucial dans ces scénarios, les participants cherchant souvent à minimiser les distractions et à créer un espace où ils peuvent se sentir en sécurité, confortables et non jugés. Cette immersion peut être facilitée par l'utilisation de matériel pornographique, de fantasmes, ou d'autres stimuli érotiques qui aident à maintenir l'intensité du focus et de l'excitation.
Dans un contexte de couple, le gooning peut prendre une dimension additionnelle de connexion et de communication entre les partenaires. Ici, l'un peut assumer le rôle de guide, aidant l'autre à atteindre et à maintenir l'état de gooning, soit par des encouragements verbaux, soit par des stimulations physiques directes ou indirectes. Cette pratique devient alors un acte de partage et d'intimité profonde, où le plaisir de l'un est étroitement lié à l'expérience et à la réaction de l'autre. Le consentement et la communication ouverte sont essentiels dans ces scénarios, chaque partenaire devant être attentif aux besoins, aux désirs, et aux limites de l'autre.
Les dynamiques de groupe introduisent une complexité supplémentaire, transformant le gooning en une expérience collective où plusieurs individus partagent un espace commun de plaisir et d'extase. Ces scénarios peuvent varier de petits groupes intimes à de plus grandes assemblées, chacun apportant sa propre énergie et son propre niveau d'interaction entre les participants. Dans ces contextes, le gooning peut servir à renforcer les liens au sein du groupe, à explorer de nouvelles dynamiques de plaisir partagé, et à vivre une expérience collective unique. Comme dans les autres scénarios, la communication, le respect mutuel et le consentement sont fondamentaux pour assurer une expérience positive et enrichissante pour tous les participants.
Chacun de ces scénarios reflète la diversité des expériences possibles dans la pratique du gooning, soulignant l'importance de la personnalisation et de l'adaptabilité. Que ce soit en solo, en couple, ou en groupe, le gooning offre une opportunité de plonger profondément dans le plaisir sexuel, d'explorer les limites de l'extase personnelle, et de connecter avec soi-même et avec les autres d'une manière profondément significative et intime.
Bienfaits (nombreux) et risques (modérés) de gooning
L'exploration du gooning offre un éventail de bienfaits tant sur le plan émotionnel que physique, ancrant cette pratique dans une expérience profondément personnelle et parfois partagée. Sur le plan émotionnel, le gooning peut conduire à une sensation de libération intense, permettant aux individus de se déconnecter des pressions et du stress du quotidien. Cette immersion totale dans le plaisir peut également favoriser une meilleure compréhension de soi et une connexion plus profonde avec ses désirs et limites sexuelles. Physiquement, le gooning peut augmenter l'endurance sexuelle et intensifier les expériences orgasmiques, rendant le plaisir plus accessible et plus prolongé.
Cependant, comme toute pratique impliquant un degré élevé d'engagement émotionnel et physique, le gooning comporte des risques potentiels. L'un des principaux risques est la possibilité de développer une dépendance à l'état de transe que le gooning peut induire, pouvant mener à une négligence des responsabilités quotidiennes ou des relations personnelles. De plus, sans une communication adéquate et un consentement clair, particulièrement dans les scénarios impliquant plusieurs participants, il peut y avoir un risque de malentendus ou de dépassement des limites personnelles.
Pour minimiser ces risques, il est crucial d'adopter une approche réfléchie et consensuelle du gooning. Cela inclut la mise en place de limites claires avant de commencer, la communication ouverte avec soi-même et avec les partenaires potentiels sur les attentes et les désirs, et l'engagement à rester attentif aux signaux du corps et de l'esprit tout au long de la pratique. La sécurité, tant physique qu'émotionnelle, doit rester une priorité absolue.
Après une session de gooning, le suivi et l'instrospection (si on était seul) ou le débrief (si on était à plusieur) jouent un rôle vital dans le maintien d'une pratique saine et équilibrée. Prendre le temps de réfléchir sur l'expérience, sur ce qui a été ressenti, ce qui a fonctionné ou non, peut aider à mieux comprendre ses propres besoins et limites. Cela peut également être l'occasion de reconnaître et d'adresser tout sentiment de vulnérabilité ou d'inconfort qui pourrait avoir émergé. L'auto-réflexion favorise une croissance personnelle continue et assure que les expériences futures soient abordées avec une conscience et une compréhension accrues.
Le gooning, avec ses bienfaits potentiels et ses risques inhérents, invite à une exploration attentive et intentionnelle de la sexualité. En adoptant une approche réfléchie et en privilégiant le suivi et l'auto-réflexion, les individus peuvent naviguer dans cette pratique de manière sûre et enrichissante, découvrant de nouvelles dimensions de plaisir tout en respectant leurs propres limites et celles des autres.
* L'edging est une pratique sexuelle consistant à amener soi-même ou un partenaire au bord de l'orgasme, puis à arrêter la stimulation pour éviter l'achèvement, prolongeant ainsi l'expérience sexuelle. Cette technique peut intensifier le plaisir et mener à des orgasmes plus puissants lorsqu'elle est finalement autorisée.
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Cette série de récits autobiographique retranscrira les faits et événements par ordre chronologique, elle est a l'initiative de mon Maitre et Femto qui connaissent déjà toutes ces histoires mais m'encourage à livrer mon parcours afin de révéler aux autres la salope que je suis.
Je m'engage à faire une introspection sincère et vous partager mon vécu sans en travestir les faits. Bonne lecture
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En 2017
J’ai déjà survolé cette année de nymphomanie dans le chapitre précédent, l’année où Lady Bitch est née, où j’ai couché avec une centaine d’hommes et où je me suis affranchie de la morale !
Il y’a pourtant encore beaucoup à en dire tant cette année changea ma perception des hommes, du sexe et de la perversion.
L’année 2017 commença par un nouvel an torride et immoral avec mon meilleur-ami, notre relation évolua au fil de cette année lors de multiples baises bien plus importantes mais je traiterais son cas comme d’habitude dans un chapitre bonus qui lui sera dédié.
Restons donc concentrés sur mes coups d’un soir qu’ils viennent de sites de rencontres ou de mes sorties en boites de nuits. En avançant dans l’année, la salope avide de queues que j’étais devenue tournait a trois ou quatre plans culs par semaine avec de nouveaux mecs et il devenait de plus en plus difficile de m’exciter ou me faire jouir.
J’avais prise conscience que je pouvais avoir n’importe quel mec, que s’il s’agit de sexe et uniquement de sexe, ils sont majoritairement toujours partants ! Je passa des mois à me taper des Apollon, des beaux-gosses qui me faisaient mouiller rien qu’avec leur belle gueule ou leur regard de feu, des corps musclés ou athlétiques, ces mecs n’avaient rien à envier à des mannequins et je coucha avec des physiques dont je n’aurais jamais osée rêver autrefois.
Je découvris divers types de bites, des longues et épaisses, des longues et fines, des épaisses mais courtes, des raides, des courbées, des glands imposants, des glands pointus, des couronnes perlées, etc…
Je devins une experte pour les sucer, j’appris au fil de mes rencontres que tous les hommes ne sont pas sensibles de la même manière au traitement qu’on réserve à leur queue !
Certains gémissent et jutent rien qu’avec des léchettes répétées sur le frein, d’autres ne supportent pas qu’on le titille.
Certains adorent qu’on roule une pelle à leur gland et lèche soigneusement chaque recoin de leur couronne, d’autres n’y prennent aucun plaisir.
Certains aiment qu’on pompe et aspire fortement leur queue, d’autres trouvent ça désagréable.
Certains aiment qu’on aspire et gobe leurs couilles, d’autres ne tolèrent que les coups de langues.
Tous néanmoins aiment qu’on avale entièrement leur queue et mes années d’entrainement à la gorge profonde combla toujours ces messieurs.
Après des mois a essayé diverses queues, je savais lesquelles étaient mes préférées et lesquelles pouvaient poser problème…
Il arriva un moment où voir de nouvelles bites ne m’excitait plus autant les ayant toutes plus ou moins déjà vus.
Il arriva un moment où coucher avec des beaux-gosses ne m’excitait plus autant c’était devenu courant.
Il arriva un moment où les corps musclés, les abdos saillants, les pectoraux et biceps de dieu vivant ne m’excitait plus autant, j’en avais tellement eus que ça n’avait plus rien d’exceptionnel.
En l’espace d’une année, ma surconsommation de partenaires tous plus sexy les uns que les autres m’avait fait perdre le fait d’apprécier de tels physiques.
Je me souviens qu’il y’a quelques mois je fondais dans un regard ardent, je léchais avec envie du bout de ma langue les abdos et tétons des carrures fitness, je mouillais rien qu’en caressant leurs muscles, je jouissais quand des golgoths me pilonnait en me sentant si fragile sous leurs assauts mais tout ça c’était devenu trop fréquent pour être encore efficace…
C’est comme si une partie psychologique avait quittée mes ébats, l’excitation n’y était plus malgré des partenaires plus qu’agréable, je n’étais plus stimulée par mes rencontres pourtant je ne pouvais m’en passer même si je jouissais de moins en moins. Les plans culs devenaient lisses et seuls ceux qui faisaient preuve d’originalité dans leurs attitudes, pratiques, envies, insultes pouvaient encore me faire assez d’effet pour rallumer la flamme et que je jouisse pleinement.
J’essaie de vous retranscrire cet attrait pour les beaux corps et les belles gueules qui m’avait quitté mais attention j’aimais toujours autant aller me faire sauter c’est juste que cela n’avait plus du tout l’intensité et l’euphorie des débuts.
Je me tournai progressivement vers des annonces de sexe en ligne ayant conscience qu’il me fallait de l’originalité, que mes plans culs se ressemblaient trop. Je savais qu’il fallait que je ressente de nouveau le frisson de l’aventure, de l’inconnu car même si c’était de nouveaux partenaires, j’étais enfermée dans ce schéma où j’allais chez eux pour faire des préliminaires, baiser et partir ! J’avais plusieurs fois fait le lien entre ma jouissance et l’attitude de mes partenaires, ceux qui avaient fait preuve d’une perversion plus prononcée, qui m’avait exposée à leurs vices, c’était ceux qui m’excitait aujourd’hui et me laissait un souvenir d’eux. Il fallait que je rencontre des personnalités différentes, des hommes aux désirs singuliers, que je renoue avec cette sensation d’exploration de ma sexualité.
Je me masturbai régulièrement sur divers sites répertoriant les annonces de sexe de centaines d’hommes, je passai de longues minutes à lire leurs envies, leurs fantasmes et m’imaginer les rencontrer ou non. J’épluchai les annonces de ma région, les catégories et plongeai encore davantage dans les vices masculins lisant certaines requêtes plus obscènes, tordues, assumées sur ces sites qu’aucun homme ne l’avait jamais fait sur mes sites de rencontres (l’anonymat aidant sûrement).
Je fantasmai plusieurs fois à l’idée de publier moi aussi des annonces pour assouvir certains de mes fantasmes, certaines de mes envies qui germent en moi depuis l’adolescence, depuis Thomas, depuis mon addiction au porno, depuis ma dépression…
Ma première rencontre fût un trentenaire qui voulait seulement toucher des seins…
Il passa me chercher en voiture à la sortie de la Fac, j’avais mis un décolleté généreux ce jour-là. Je ne lui avais demandé aucune photo me disant qu’il était sûrement assez moche pour avoir si peu de prétentions (il ne se souciait pas non plus de ça puisque son annonce stipulait qu’il s’en fichait du physique, de l’âge et des mensurations, tout ce qu’il voulait de son côté c’était toucher une paire de seins). Je m’étais dit que ça serait bien de débuter ce type de rencontres par quelque-chose de léger et de faire en plus une bonne action, que si le gars ne me plaisait pas, tant pis, ce n’était que lui montrer ma poitrine et le laisser la tripoter un peu, pas besoin d’attirance pour ça...
Cela ne manqua pas, il était assez vilain (cheveux courts avec une mèche façon Tintin, des petites lunettes carrés, une barbe de trois jours avec plusieurs trous dont la pilosité faciale ressemblait plus à des poils pubiens qu’une barbe, un sourire nerveux qui montrait trop ses dents) bref c’était pas un sex-symbol, il avait une allure plutôt négligé et sa tenue vestimentaire comme sa personnalité c’était le cliché du geek ou du trentenaire chez ses parents qui bégaie devant une fille et semble visiblement ne rien savoir de ce qu’il faut faire pour améliorer ses chances…
Soyons clairs, si j’avais vu une photo ou qu’il m’avait abordé, j’aurais fuie et j’ai failli le faire devant sa portière tant il ne me plaisait pas mais je décida d’assumer jusqu’au bout en me rappelant que je n’avais pas demandé de photos car il n’y avait pas de rapports sexuels.
Il s’était garé sur le parking devant ma Fac, je connaissais le modèle et la couleur de sa voiture, je l’aborda rouge comme une tomate étant très déstabilisée par son physique et ce que je faisais tout de même guidée par une adrénaline que je n’avais plus ressentie depuis un moment. Je monte côté passager quelques secondes plus tard, je fais bonne figure devant lui mais je suis tétanisée, je lui parle de tout sauf ce qui nous attends, je lui demande s’il a trouvé facilement, s’il y’avait de la circulation, s’il m’a attendu longtemps, s’il connait le coin et toutes ses réponses sont encore plus stressées que mes questions et malaisantes ! Je ne comprends pas comment l’idée de montrer mes seins a ce mec me gêne soudainement autant alors que je me fais défoncer à droite et à gauche depuis des mois par des inconnus. Le gars est gentil et doux ça se voit qu’il ne ferait pas de mal à une mouche, je ne me sens pas en danger mais je prends conscience que sortir de ma zone de confort et m’exhiber à un mec pour qui j’ai aucune attirance, aucun désir est ce qui me stress autant. J’ai une sorte de pression de devoir assurer, de lui devoir ça maintenant que je me suis mise là-dedans, de ne plus pouvoir reculer alors que je le peux, il suffit de me rétracter mais je ne veux pas le décevoir maintenant que je suis montée dans sa voiture, il a fait la route pour me voir, je n’ai pas demandé de photo c’est ma faute, j’avais envisagé cette option (qu’il soit repoussant), j’ai voulu me lancer un défi, je ne peux pas le décevoir et ME décevoir, suis-je vraiment la salope que je pense être ?
Il se gare sur le parking d’un magasin de literie après 5 minutes de trajet. Il n’a pas menti, c’est discret ! Son véhicule fait face a un mur de pierre et les deux seules autres places du parking sont derrière nous et vides, c’est l’un de ces parkings derrière le bâtiment d’une enseigne qui a peu de places, il m’a dit en connaitre trois ou quatre dans le coin si jamais celui-ci était occupé...
Lorsqu’il coupe le contact, je sais qu’on y est et un blanc s’installe après ma confirmation que le parking est en effet discret ! Il me regarde gêné et me dit que je suis « vraiment très jolie » ce qui me fait sourire mais me rappelle que je ne peux lui retourner le compliment ... Je me décide néanmoins a prendre les choses en main et en finir le plus vite possible n’ayant aucunement envie de me décevoir et nous avoirs fait perdre tout ce temps.
Je me mets face a lui, le dos contre la fenêtre. Assise en tailleur, je baisse mon décolleté sous ma poitrine sans retirer mon haut et extirpe mes seins hors de mon soutif pour les lui dévoiler !
« Bon, on est là pour ça alors voilà ! »
Je me souviens de ses yeux qui s’écarquillent, de ses pommettes qui s’enflamment, de son sourire jusqu’aux oreilles alors qu’ils les regardent avec émotion. J’ai montré ma poitrine a des centaines de mecs avant lui et pourtant il n’y a que Kévin mon meilleur ami et Clément un de mes premiers copains (le précoce) qui m’ont paru aussi émerveillés par ma paire. J’ai dans cette voiture et les yeux de cet inconnu l’impression d’avoir une des poitrines les plus belles de la Terre, je vois dans ses yeux quelque-chose que je n’ai pas souvent vu, je me sens sexy, divine, torride et l’ambiance change alors peu à peu, le malaise ambiant se mue en quelque-chose de plus suave, je me sens soudainement plus à l’aise, coquine, attisée. Je discute quelques instants avec mon admirateur qui ne cesse de me complimenter ou du moins jeter des fleurs a ma poitrine. Je le taquine et le titille en lui demandant si elle lui plait alors que je commence à la malaxer et me tirer sur les pointes, le pauvre garçon semble bouillonner. Il ne peut plus décrocher son regard de mes seins et je pourrais presque dire qu’il en a la bave aux lèvres, voilà que la situation m’excite, rendre fou ce gars me plait soudainement…
Je regarde son entre-jambe, je vois qu’il bande sous son jean, sa bite est plaquée contre sa cuisse gauche, elle ne semble pas très longue mais elle est bien visible…
Je lui dis qu’il peut toucher, il avance alors timidement la main et caresse le haut de mes deux seins bien mis en avant par mon soutif et le décolleté, je le regarde faire avec amusement, je n’ai pas souvenir d’avoir un jour été touchée aussi délicatement par un homme. Je ne dis rien pour voir ce qu’il va en faire, elle est à lui pour l’instant cette paire de seins, amuse-toi bien garçon me dis-je.
Il appuie maladroitement sur mes seins comme s’il voulait voir ce que ses gestes avaient comme répercussions sur la peau, c’est comme si ses yeux prenaient des photos pour plus tard, qu’il mémorisait ce qu’il voit, ce qu’il fait ! Je le trouve autant attendrissant que ridicule pour son âge, cette impression de faire une bonne-action m’envahit, moi qui avais peur d’assouvir sa demande il y’a encore quelques instants, voilà que j’ai envie de l’aider à en garder le plus beau souvenir possible !
Il caresse encore et encore mes mamelons en passant sa paume et ses doigts dessus, il fait tourner son pouce autour de mon mamelon droit, il effleure mes tétons mais n’ose pas tirer dessus ou les pincer, ça me frustre, « lâche-toi » me dis-je.
Je lui dis qu’il peut se masturber s’il veut, il me répond que non ça va aller, je l’invite de nouveau à se mettre à l’aise en lui expliquant que je vois clairement qu’il est « à l’étroit » dans son jean mais il refuse une seconde fois me disant que ce n’était pas prévu et qu’il ne compte pas abuser de ma gentillesse. J’essaie alors de lui expliquer que si je lui propose c’est que je suis pour qu’il le fasse mais il se confonds en excuses avant d’avouer être pudique et que c’est moi qui devais m’exhiber pas lui.
Je vois qu’il n’a pas confiance en lui et n’a peut-être jamais montré son sexe a une fille, il me fait de la peine alors qu’il remet les mains sur son volant et me remercie pour ce bon moment, il me dit qu’il va me déposer à l’arrêt de bus qu’on avait convenus.
Je commence à remettre ma poitrine a sa place alors qu’il ne me regarde même plus, c’est alors qu’une pulsion s’empare de moi et que j’agis sans réfléchir, je pose ma main sur sa bite encore en érection ! Il sursaute et me regarde alors qu’il allait repousser ma main je lui dis de se détendre avec ma voix la plus douce ! Je lui explique que des bites j’en ai vus et revus, que la sienne ne peut en aucun cas me surprendre et que d’ailleurs ça m’importe peu à quoi elle ressemble ! Je frotte avec mon index le bout de son érection, je sens que je suis sur son gland, sa queue est coincée entre le jean et sa cuisse, ma paume va et vient le long de sa verge, je scan sa queue a travers son pantalon et prouve à mon peureux partenaire que tout va bien.
Il est rouge de honte, il transpire et a le souffle court, il m’explique qu’elle n’est pas épilée, qu’il ne s’attendait pas à ça, que je n’ai pas besoin de faire ça, qu’il est déjà content comme ça !
Son comportement m’excite, ma prise de contrôle me fait me sentir supérieure, puissante, dominante et j’ai l’impression de pouvoir briser ou combler ce type, il est si attendrissant, ses failles si exposées, je veux prendre soin de lui, jouer avec son désir !
C’est nouveau pour moi, ce type de mecs, ce type de plans, cette position que j’ai visiblement sur lui, je ne sais pas ce que je ressens, l’effet que ça a sur moi mais je crois que c’était grisant a 21 ans d’avoir littéralement le dessus sur un mec de 35 ans, d’avoir une telle emprise sur la situation, j’avais jamais ressentie ça.
Je lui explique que j’ai envie de lui laisser un souvenir inoubliable, qu’il a une fille chaude et ok pour faire plus que prévu dans sa voiture, qu’il devrait profiter d’une telle occasion qui ne se représentera peut-être pas, que je veux bien qu’il se branle pendant qu’il joue avec mes seins et que j’aimerais le voir éjaculer pour moi. Il me regarde alors en silence, je vois qu’il hésite, je n’en reviens pas comment on lit a travers chaque expression de ce gars comme un livre ouvert…
Je retire ma main de sa cuisse, me remet en position face à lui et baisse de nouveau mon décolleté sauf que cette fois je décroche mon soutien-gorge par-dessous mon t-shirt pour être plus a l’aise et le jette sur mon spectateur qui rigole nerveusement comprenant que je suis sérieuse. Je me pétris les seins devant lui alors que je lui ordonne de se branler, « Allez sors-la, branle-toi » je sais que je l’ai répété plusieurs fois avant qu’il n’obéisse, déboutonne son jean, attrape sa queue et la sorte au grand jour. Une bite a l’effigie du bonhomme, quelconque, chétive, elle ressemblait a un os et il avait en effet une pilosité abondante plus que négligée ce qui refroidit directement mes ardeurs d’éventuellement lui offrir encore davantage.
Il se branla doucement au départ alors que son regard plongeait de nouveau sur ma poitrine, je le provoquai en lui disant qu’il avait deux mains et en lui prenant le bras pour poser sa main gauche sur mon sein, il se tourna alors face a moi et entama une masturbation plus franche et frénétique alors qu’il soulevait a tour de rôles mes seins et les agrippais par moments enfin comme un vrai mec ! On s’échangea quelques grossièretés alors que je cherchais a l’exciter et lui répondre a mes provocations, je lui dit de me tirer sur les tétons, de les pincer, de maltraiter un peu ma paire car j’en crevais dorénavant d’envie, j’en avais marre qu’il soit sur la retenue, je voulais qu’il se lâche maintenant qu’il se dégorgeait le poireau sans pudeur devant moi ! Le gars devint alors de plus en plus viril et commença a m’écraser les seins, me tordre les tétons, me remettre a ma place et je pris du plaisir a me faire tripoter les seins par ce pauvre mec sur un parking …
Une voiture entra soudainement sur le parking et une cliente du magasin se gara sur une des deux places derrière nous. Je remonta mon haut par sécurité alors qu’elle sortait de son véhicule et se dirigeait vers l’entrée du magasin mais lui cacha juste son sexe avec ses deux mains.
La dame quitta le parking pour faire ses achats. Je ressortis de nouveau mes seins et agrippa le sexe du conducteur inquiet ! Je savais qu’elle reviendrait dans quelques minutes alors autant essayer de le finir rapidement. Je branlai avec vigueur le pauvre homme qui n’allait pas me résister longtemps, je le savais, je me défiais d’échouer avant le retour de la cliente. Mon pouce frottait parfois son gland baveux et le début de son frein, mon poignet s’abattait frénétiquement contre son jean alors que sa verge coincée dans ma poigne la plus ferme était pressée comme un fruit dont on veut extraire le jus ! « Touche mes seins et jouis avant qu’elle revienne » lui dis-je, il agrippa alors a deux mains mes seins et de multiples jets chauds ne tardèrent pas a jaillir sur ma main et partout sur son t-shirt. Je lui vida les couilles patiemment m’assurer de tout faire sortir car visiblement le garçon en avait a revendre. Je plaisante sur la densité de la vidange et l’état de son t-shirt complétement souillé, il me dit que ce n’est pas grave alors je m’essuie la main dessus puisqu’il est plus à ça près ! Je me rhabille alors qu’il étale son sperme qui pénètre le tissu de son t-shirt, un spectacle effroyable.
Il me dépose a l’arrêt de bus pour rentrer chez moi en me remerciant pour la rencontre, je lui souhaite une bonne continuation et de toucher d’autres poitrines et quitte son véhicule. Je jette un dernier regard amusé a son t-shirt maintenant recouvert de tâches blanches en espérant qu’il ne croise personne jusqu’à pouvoir l’ôter...
A peine arrivée chez moi, je fonce dans ma chambre, j’attrape mon plus gros gode et je me défonce la chatte en repensant a ce type, a celle que j’ai été pour lui, dans ses yeux, dans sa vie … Je suis euphorique de cette sensation que j’ai ressentie à ses côtés, cette supériorité sur lui, l’impression de pouvoir faire ce que j’en voulais, cette féminité et sensualité qui émanait de moi, cette assurance dont j’ai fait preuve, cette aventure que je viens de vivre, voilà ce qui me manquait cruellement depuis quelques-temps, du risque, de l’obscénité, l’expérimentation !
Les semaines suivantes j’alternai entre des plans culs comme d’habitude pour « le physique » et des rencontres avec de nouveaux pervers qui avaient tous différents types d’envies pour « le challenge » mais surtout « le psychique » que je tirais de ces rencontres plus stimulantes...
Je continuai sur des rencontres légères et des envies humbles mais je me confrontai à des hommes plus âgés que mes habitudes dans ces annonces, des physiques encore une fois plus disgracieux que mes standards... Je m’habituai à faire des cochonneries avec des hommes qui ne m’attiraient absolument pas, à ne plus me soucier du physique mais plutôt de l’acte, la perversion, l’expérience et c’est parce-que je débutai par des plans sans pénétration et rapport complet que je m’acclimatai une rencontre après l’autre à ne plus être motivée par l’apparence de mes partenaires.
Après le trentenaire qui me tripota les seins, je rencontra un fétichiste des pieds voulant que je le branle du coup vous l’aurez deviné avec mes pieds !
Il avait la vingtaine et on fit ça chez lui. Là encore, je tirai du plaisir à faire triper un mec avec si peu de choses, il vouait un culte à mes pieds toute la rencontre et semblait super épanoui d’être avec une fille qui assouvisse son penchant sans gêne ou jugement, le voir juter sur mes pieds et repartir de chez lui sans même avoir ôter un vêtement (juste mes talons) fut assez déroutant mais au final excitant et valorisant niveau sex-appeal !
Le suivant c’était un cinquantenaire voulant juste me lécher la chatte et me faire jouir avec sa langue.
Il avait deux demandes, que je vienne a sa rencontre en jupe sans culotte et que je sois entièrement épilée (ce que je suis constamment). Ce fût un grand défi pour moi d’aller m’offrir a un homme de cet âge (plus du double du mien, plus de 30 ans d’écart…) mais cela faisait écho a mes penchants sombres envers mon père, a mon envie d’un jour faire du libertinage en club comme lui et de me taper des gars de son âge. J’appliqua le même raisonnement que pour les gars précédents, ce n’est « qu’un cunni », « que des coups de langues » pas besoin d’être séduite pour ça et justement voyons s’il saura quand même me faire jouir rien qu’avec la technique, sans le désir !
Je demanda quand même une photo de « Didier » un nom qui me marqua car il était camionneur et avait une belle bedaine de la bière, je me souviens que je m’amusai de ne tomber que sur des clichés ambulants mais Didier avait tout d’un nounours bienveillant, un regard doux et gentil, chauve avec un bouc, je me surpris à l’imaginer entre mes cuisses et me dire « pourquoi pas » !
Didier m’invita chez lui, il était divorcé et père de deux garçons, ils étaient chez sa mère ce soir-là. Je n’en menais pas large devant lui et il prit les choses en main avec beaucoup de douceur, il m’installa sur le bord de son lit, me coucha sur le dos, se mit à genoux face à moi, remonta mes jambes puis les écarta. Il contempla ma petite chatte quelques secondes en la complimentant puis il embrassa mes cuisses et plongea son visage sous ma jupe. Didier m’embrassa longuement les parties intimes, il n’arrêtait pas de me dire que j’avais une jolie chatte, ça me gênait à la longue car je prenais de plus en plus conscience que j’étais sur le lit d’un père divorcé ayant 30 ans de plus que moi.
Je ne le voyais pas m’embrasser le sexe, la jupe cachait son crâne, je ne voyais que ses gros doigts enfoncés dans mes cuisses où il s’agrippait alors je me souviens que je regardais plutôt le plafond de sa chambre. Il y avait un ventilateur de plafond qui ne tournait pas mais que je fixais du regard longuement alors que Didier semblait tout faire pour me rouler une pelle langoureuse avec mes lèvres du bas, ça dura un moment interminable et pas l’ombre du début d’une sensation de plaisir.
J’étais déçue, la magie n’opérait pas, l’excitation de la situation ne prenait pas et l’homme que j’imaginais expérimenté par son âge faisait ça mal, c’était la désillusion et je songeais a lui demander d’arrêter le massacre, que j’allais rentrée !
Didier releva le visage par-dessus ma jupe et me dit « Je te sens tendue, détends-toi ma chérie » avant d’embrasser tendrement mes cuisses et mon pubis.
Cette phrase changea quelque-chose, déjà j’étais en effet tendue et il l’avait senti, c’était peut-être pas le manche que je croyais car beaucoup des mes plans culs ne se rendent pas compte quand ils sont en train de me perdre, ça me rassura sur le fait qu’il savait finalement peut-être comprendre une femme et être a l’écoute de son corps mais ce qui me déstabilisa c’était qu’il m’ai appelée « Chérie ».
Il y’avait dans sa voix cette bienveillance des ainés sur les enfants, ce côté protecteur et rassurant que je n’ai finalement jamais vraiment connu ayant grandie sans père. Cette marque d’affection lui donna une aura, un charisme instantané sur moi et je ne pouvais plus qu’obéir, essayer de me détendre en effet et lui faire confiance, après tout c’était la spécialité du bonhomme de lécher une chatte !
J’acquiesça et m’excusa docilement, je pris une grosse respiration et posa mes mains sur les siennes, je ferma les yeux et me détendit autant que possible. Il me dit une phrase du genre « Bon, on peut- y aller » ou « Commençons les choses sérieuses » puis il retourna sur mon sexe mais cette fois-ci pas pour l’embrasser mais le lécher. Je ressentais dorénavant bien plus de choses, sa langue humide qui glissait le long de mes lèvres, qui roulait sur mon clitoris, qui allait et venait de plus en plus vite sur mes lèvres. Je commençai à prendre du plaisir, à gémir, à avoir chaud et je compris que le vieux briscard avait joué avec moi, qu’il m’avait faites languir, qu’il avait enquiquiné mon sexe de tous ces baisers pour le rendre aussi disposé à savourer sa langue au moment opportun. Je passai de baisers tantôt grossiers, tantôt délicat mais toujours ennuyants à une langue large, spongieuse, précise qui savait ce qu’elle faisait et comment asservir mon plaisir. Je me sentais vulnérable, prévisible et quelconque pour être finalement aussi simple à manipuler, il m’avait pourtant dit qu’il saurait me faire jouir juste avec sa langue mais son début calamiteux m’avait fait abandonner l’idée qu’il puisse y arriver. Un combat intérieur émergea en moi alors que le plaisir grandissait, je me refusai à l’accueillir me disant qu’il ne pouvait pas m’avoir aussi facilement, qu’il ne pouvait pas faire ce qu’il lui plait au départ puis après s’être bien amusé me faire jouir comme bon lui semble. Je maudissais ce lécheur autant que je l’adulais, comment pouvait-il être si doué ?
« Ne te retiens pas, jouis sans gêne ma chérie ! Je suis là pour ça, je veux t’entendre couiner »
Comment savait-il que j’étais en train de me retenir ? C’était de la sorcellerie pour moi, il parlait toujours au moment propice et puis cette sensation de plénitude a l’entendre me dire « Ma chérie » j’étais SA chose a l’instant T ça c’était sûr !
« Huuuum d’accord » soupirais-je vaincue.
Mes mains enlacèrent celles de Didier, je m’agrippai à ses phalanges alors que je cessai de lutter pour retenir mes gémissements, je me laissai aller et ébruita mon plaisir aux oreilles de mon bourreau.
Il ralentit lorsque je culmina, sa langue effleurait dorénavant mon clito sans vraiment y appuyer un contact. Mon bas-ventre bouillonnait, ma fente voulait être fouillée par un doigt ou une queue, je perdais la tête alors qu’il faisait monter avec stratégie et maitrise l’orgasme en moi. Je m’imaginais déjà me faire prendre par ce camionneur bedonnant, le supplier de me passer dessus alors que j’étoufferais sous son poids le regard toujours sur ces foutues hélices au plafond ! J’avais envie de JOUIR, que ma chatte en feu se fasse calmer, qu’on me la laboure avec violence, que cet homme fasse de moi sa chose.
J’avais les larmes aux yeux et je perdais le contrôle de ma respiration alors qu’il continuait d’effleurer mon clito, je mouillais abondamment et je voulais qu’il me boive ! Je tira sur ma jupe, agrippa son crâne chauve et le supplia de mettre sa langue en moi ! Il plongea aussitôt sa langue a l’intérieur de mon vagin, tirant sur mes cuisses pour me soulever en l’air, je bascula sur les épaules alors qu’il se redressait sur le bord du lit. Il m’avait soulevée comme un vulgaire sac, j’étais dorénavant les jambes suspendues dans le vide, le cul en l’air avec les mains de mon assaillant pour me maintenir droite et stable, il enfonçait sans aucune retenue sa langue en moi, je le regardais me baiser la chatte avec sa langue que je sentais aller et venir dans l’entrée de mon trou, j’hurlais comme une folle alors qu’il baignait dans ma mouille. On y était, l’orgasme, je jouissais, j’hurlais ma faiblesse devant le plaisir. Didier me léchait l’intégralité du sexe, passant de haut en bas mes lèvres du plat de sa langue, frappant sans douceur mon clito de la pointe de sa langue et enfonçant celle-ci en moi pour la remuer contre mes parois, quelle obscénité, quelle déchéance pour cet homme, quel cunnilingus !
Je cherchai à me dégager à plusieurs reprises pendant l’orgasme mais il me poursuivit de la bouche a chaque fois s’assurant que je ne me dérobe pas et subisse le plaisir ultime jusqu’au bout. Nous terminâmes au milieu du lit quand je le suppliai d’arrêter, que c’était fini. Je n’oublierais jamais son bouc luisant, ses babines trempées et ma chatte irritée et toute rouge par les multiples frottements de son menton. C’était le cunni le plus bestial de ma vie mais surtout le plus maitrisé, un véritable brasier qui avait pris petit à petit, d’une braise qui avait failli s’éteindre était née une explosion inoubliable, quel salaupard, il savait ce qu’il faisait le gourmand ! On discuta un moment au bord du lit de sa technique alors que mes jambes flageolaient trop pour que je tienne debout, ma chatte était hors-jeu et l’idée de coucher avec Didier éclipsée après avoir jouie. Je garda ça évidemment pour moi et seule la honte d’avoir été ainsi asservie et facilement pilotée subsista ! Je quittai Didier sans quoi que ce soit de plus entre nous, il était très satisfait d’avoir pu manger la moule d’une jeunette et moi très décontenancée par tout ce que j’avais ressentie.
Je me masturba plusieurs fois en repensant à Didier mais ma quête devait continuer.
La rencontre suivante fut moins réussie, un fétichiste de lingerie qui voulait me masturber à travers ma culotte, je sais même plus la tranche d’âge dans laquelle il était mais je me souviens que je n’y ai pas pris de plaisir. Il me frottait le clito à travers une culotte en dentelle, ce n’était pas fou et quand il me doigtait en enfonçant le tissu a l’intérieur encore moins… Je l’avais branlé avec mes seins en gardant mon soutif, coinçant sa queue dans le creux de mes seins et sous le gousset du soutif, ça avait été assez pratique car je n’avais rien à faire pour la garder en place grâce au gousset mais bon, zéro fun pour moi surtout qu’il y’avait pas ce petit feeling quand je vois que je comble ou rends-fou le mec en réalisant son kiff.
Le pire avait été qu’il voulait cracher dans ma culotte donc je l’avais retirée et pas remise en rentrant, assez écœurant de voir son sperme séché dedans en la mettant à laver alors que je n’avais pas spécialement passé un bon moment…
Mes rencontres suivantes furent de nouveau un fétichiste des pieds et un fan de gorge profonde.
Le fétichiste avait la quarantaine et voulait surtout me sucer les orteils, j’avais kiffé car là encore je voyais vraiment que le mec était a fond et adorait mes pieds. J’avais aussi été très excitée qu’il ai le double de mon âge et qu"il soit pourtant a mes pieds, a me demander de lui écraser le visage avec, voir un daron passer sa langue entre mes orteils pendant qu’il se branle c’était là encore grisant. Il était tombé si bas juste pour mes pieds, si docile, esclave de ses penchants, plein de désir…
Ce quarantenaire qui lèche mon talon, respire la plante de mes pieds, se branle comme un chien en rut devant moi a des amis, une famille, des collègues qui ignore tout de ses petits penchants, du dépravé qu’il est et moi, je le vois tel qu’il est !
C’était ça que j’aimais dans ces rencontres, ces plans particuliers, voir leur part d’ombre et incarner leur plaisir !
Quand je suis allée me faire baiser la bouche par ce gars de mon âge, qu’il m’a insultée de tous les noms, m’a étouffée avec son sexe, faites pleurée et bavée sur sa verge, qu’il a pu assouvir ses bas instincts dans ma gorge et bien je savais très bien que je lui offrais une prestation qu’il n’est pas prêt de réassouvir. Je lui permets de kiffer comme sa future femme ne saura pas le faire, je sais que ce mec a envie de malmener une femme avec sa bite, qu’il est excité a l’idée de lui baiser la gueule sans respect pourtant il fera le gendre idéal devant ses beaux-parents, le féministe devant sa sœur ou sa mère mais moi, je le vois, je l’expérimente, tel qu’il est vraiment ….
Je me questionne dorénavant sur deux voies qui semblent se dessiner devant moi et que j’ai envie d’explorer puisqu’elles m’offrent des sensations incomparables. L’une où je domine plus ou moins les hommes comme les fétichistes ou le tripoteur de seins sur le parking jouissant de cette sensation de pouvoir que j’ai sur eux et l’une où je m’offre et m’abandonne à leurs désirs pour devenir leur chose comme notamment avec Didier !
Il n’y a plus trop d’annonces avec des demandes humbles ou légères dans ma région, beaucoup d’autres choses me tentent comme des plans a plusieurs, essayer un couple, certaines propositions avec des scénarios plus hard mais même si je me sais dorénavant plus stimulée par le vice que le physique, j’ai quand même envie de prendre mon temps et ne pas faire tout et n’importe quoi trop vite alors je prends du recul et remets les étapes supérieures a plus tard.
Mon changement d’état d’esprit sur le physique me pousse dans une nouvelle direction, il y’a une catégorie dont j’étais particulièrement friande dans le porno, un contenu sur lequel je revenais souvent et qui m’excitait d’une façon que je n’arrivais pas expliquer, un contenu vers lequel on glisse vite quand on apprécie les grosses bites …
Le sexe interracial !
J’ai des heures de masturbation sur des centaines de vidéos où des noirs baisent des blanches, des jouissances avec de grosses queues noires sous les yeux, j’aime les grosses bites et pourtant je n’ai jamais essayé les Blacks ! La raison est simple, je ne les trouve pas attirants physiquement, ce n’est juste pas ma came pourtant j’aime bien leurs queues enfin justement non pas vraiment ! Disons que visuellement je les trouve souvent monstrueuses, animales et c’est ce qui m’excite quand je les vois dilater des blanches par contre je ne trouve pas qu’elles soient jolies et je suis plus excitée par les nanas qui encaissent de telles poutres que les mecs à qui elles sont rattachées…
On a tous des goûts, des préférences et sans être raciste, ce n’est pas mon délire les renois, les arabes, les latinos, les asiatiques, les indiens bref je suis exclusivement attirée par les blancs ! Les stars de couleurs ne me font pas fantasmer, les renois que j’ai rencontrés je n’ai jamais eu de bon feeling et la plupart étaient de gros lourds en discothèques ou sentaient mauvais (désolée).
Ayant passé un cap, accordant moins d’intérêt au physique, ayant toujours autant envie de grosses queues, d’aventure, de me challenger, de rencontres différentes, cela m’apparait comme une expérience à tenter au moins une fois et une suite logique.
Des mois que je refuse les avances des noirs sur des sites de rencontres, que je ne retiens pas leurs profils, je me dis qu’il est tant d’essayer !
Le prochain chapitre leur sera dédié car j’ai été accroc à la BBC quelques mois…
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Nathalie la douce ingénue : chapitre 4
CHAPITRE 4 : LA JOURNEE DE SHOPPING
Le lendemain matin à peine arrivée à l’école, Gustave le concierge me signifia que Mademoiselle Pinbal désirait me voir. De suite. Une sourde angoisse m’étreignit.
Cela devait forcément avoir un rapport avec Maître Julian.
Que pouvait-elle bien me vouloir ? Un sinistre pressentiment m’envahit. Après tout je m’étais conduit comme une petite gourde en entrant dans son jeu. Qu’aurais-je comme excuse ? J’avais accepté de venir en dehors des heures de bureau, de me déguiser en petite écolière aguicheuse et j’allais me plaindre après des conséquences de mes actes ? Comment pouvait-on être aussi naïve ? Et si après s’être ainsi amusé avec moi il avait décidé de ne pas m’embaucher ?
Si tel était le cas j’aurais tout perdu, ma dignité et mon boulot.
En toquant à la porte du bureau de la directrice, mon cœur se mit à battre plus fort.
« Entrez » Sa voix résonna étrangement dans le couloir vide.
« Ah ! c’est vous Nathalie » Elle m’accueillit avec un grand sourire et visiblement elle semblait d’excellente humeur.
« Alors racontez moi, comment c’est passée cette première journée chez Maître Julian ? »
« Heu, bien » bafouillais-je mal à l’aise.
Elle reprit d’une voix suave.
« Rassurez-vous il est content de vous. Bien sûr il vous faudra travailler dur pour réussir. Mais vous lui plaisez. Je me suis laissé dire qu’il avait déjà commencé votre entraînement »
Et elle sourit d’un air entendu.
Elle savait. Cette garce savait tout. J’en étais sûre. Ils devaient être complices et elle se délectait de la situation. La petite rebelle que j’étais avait été matée. Et avec quelle facilité. Je m’étais rendue presque sans résistance lui offrant mon corps en prime. Je rougis à cette pensée. Le souvenir de son dard butinant mon calice, me revint en mémoire. Et plongée dans mes souvenirs, je sentis au plus profond de moi les frissons du plaisir qui nous avait enveloppés et insensiblement ces moments remontaient à la surface comme une vague submergeant tout sur son passage. Cette pimbêche pouvait imaginer tout ce qu’elle voulait, je savais que quelque chose de plus puissant qu’un simple accouplement nous avait réuni.
Elle poursuivit inconsciente de l’état d’excitation dans lequel je me trouvais.
« Bien entendu vous n’oubliez pas que la première qualité d’une secrétaire est d’être discrète. Et nous le sommes toutes les deux. N’est-ce pas ? »
Je ne répondis pas l’esprit ailleurs, me contentant d’hocher la tête.
« Ce matin vous n’irez pas en cours. Ce cher maître m’a confié le soin de renouveler votre garde-robe. Nous allons donc faire un peu de shopping comme deux amies. »
Et elle sourit à nouveau. Elle était effectivement de très bonne humeur.
Mademoiselle Pinbal avait du shopping une idée très précise. Pas question d’aller au petit bonheur la chance. Elle avait ses boutiques et ses habitudes. Dans chacune d’elles les vendeuses se précipitaient à sa rencontre empressées et mielleuses.
« Bonjour Mademoiselle, quel plaisir de vous revoir. Que puis-je faire pour vous ? »
Elle les repoussait gentiment.
« Non, non ce n’est pas pour moi que je viens, c’est pour elle. »
Et tous les regards se tournaient vers moi.
Elle expliquait.
« Voyez-vous, il faut me la transformer ou plutôt me la métamorphoser »
Elles adoptaient une mine de circonstance.
« Des tenues classiques, discrètes, faciles à porter avec une petite touche d’originalité… »
On lui présenta des tailleurs stricts qui allaient me faire prendre 10 ans d’un seul coup. Mais elle ne s’en laissait pas compter. La sûreté de son jugement m’étonna.
« Non, c’est trop fade vous n’avez pas quelque chose de plus… »
D’essayages en essayages, j’ai du enfiler d’innombrables tenues. Mademoiselle choisissait pour moi. Elle aimait assortir les couleurs, sélectionner les matières afin de composer des ensembles originaux et de qualité, adaptés à ma personnalité. A aucun moment elle ne regarda les prix.
Nous sortîmes. J’étais habillée de pied en cap.
« Voyons Nathalie, c’est un excellent début de quoi allons nous occuper maintenant ? »
« Je ne sais pas il me semble que c’est parfait »
« Mais non voyons, qu’est ce qui chez une femme devient si important dans certaines circonstances ? »
Je restais sans voix.
« Je veux parler bien évidemment des dessous, de la lingerie fine. Nous y allons de ce pas. »
La boutique dans laquelle elle m’entraîna était discrète. Une atmosphère feutrée y régnait. La patronne vint à sa rencontre et elles s’embrassèrent comme deux amies. C’était une très belle femme d’environ 40 ans. Une silhouette mince avec des formes généreuses habilement mises en valeur. Après avoir parlé des derniers événements qui faisaient l’actualité de notre ville, Mademoiselle Pinbal dit simplement.
« Je viens pour la petite »
Son amie m’observa attentivement avec un sourire attendri.
« Je vois , il faut la rendre plus… »
Elle s’adressa à moi d’une voix douce et sensuelle.
« Venez un peu par ici mademoiselle, marchez. Encore. Stop c’est bien restez ainsi »
Je ne bougeais pas intriguée. Je n’avais jamais été ainsi examinée, soupesée, évaluée par un regard féminin et je n’accordais que peu d’attention à mon physique.
« Comment la trouvez-vous ? » interrogea Mademoiselle Pinbal
« Intéressante elle a quelque chose de séduisant, il faut mettre sa silhouette en valeur »
Mademoiselle Pinbal suggéra.
« Pensez-vous qu’un corset ? »
« Certainement sa taille s’y prête à merveille. Nous allons voir cela »
Puis se tournant vers moi
« Soyez assez aimable de vous déshabiller »
Une fois de plus je me retrouvais en sous-vêtements.
« Quelle affreuse culotte, elle vous abîme la peau. De grâce, ôtez-la. Votre soutien-gorge aussi »
Nue devant les deux femmes je cachais pudiquement ma poitrine et mon sexe.
Elle s’approcha de moi intriguée.
« Oh ! s’exclama-t-elle lorsqu’elle aperçut les traces roses qui coloraient mes fesses, elle a été… »
Mademoiselle prit la parole
« Juste une petite fessée, vous savez comment sont les jeunes, il faut bien parfois les corriger. Mais elle sera sage maintenant. » Je baissais les yeux ne sachant plus où me mettre.
Son amie était visiblement intéressée et elle passa délicatement sa main sur mon derrière. Je sursautais involontairement sous la caresse. L’endroit était encore sensible. A la vue du corset que l’on me voulait me faire essayer, je faillis éclater de rire. C’était un accessoire que je croyais relégué au musée.
Elles ne s’imaginaient quand même pas que j’allais m’exhiber ainsi ailleurs que dans ce lieu. Mais lorsqu’elle me le mit et serra au maximum les lacets , j’en eus le souffle coupé. Ma taille avait rétréci de plus de 10 centimètres et mes seins et mes fesses semblaient projetés vers l’extérieur. Mes formes qui d’ordinaire n’attiraient pas un regard devenaient le point de mire, ma féminité si profondément enfouie en moi prenait sa revanche et s’exposait au grand jour. Je respirais avec peine par petits à coups.
« Cela la met véritablement en valeur » dit-elle d’un air satisfait.
Elle me jeta un regard et devant ma mine défaite reprit.
« Saura-t-elle apprécier ? »
« Elle non, mais lui oui » répondit simplement Mademoiselle Pinbal.
« Marchez. Pas si vite. Il va falloir lui apprendre à se déplacer avec grâce, vous n’enseignez pas cela dans votre école ? »
« Hélas, ce n’est plus au programme ». Une pointe de regret perçait dans sa voix.
« Je pourrais peut-être m’en occuper. En me servant de certains arguments, je pense que l’on pourra faire de cette petite sauvageonne une véritable perle »
« Pourquoi pas ? j’y songerai » répondit Mademoiselle avec un clin d’œil malicieux en ma direction.
Je ne goûtais absolument pas cette allusion.
Mon supplice ne s’arrêta pas là. Elles entreprirent de me vêtir d’un porte-jarretelles et de bas.
Encore des accessoires qui m’étaient inconnus et que je croyais réservé à des femmes de peu de vertu. Mais étais-je bien placée pour penser cela ?
Pour les slips et soutien-gorge le choix fut difficile. Finalement elles optèrent pour des modèles simples, sans frous-frous ni dentelle. La soie me fut refusée sous prétexte de ma jeunesse.
Je soupçonnais Mademoiselle, de ne pas retenir certains modèles, sous le fallacieux prétexte de conserver mon innocence. Il est certain qu’elle désirait conserver certaines prérogatives.
Mon rôle était de jouer la petite écolière punie. Le sien d’être la maîtresse femme. Etait ce convenu avec son ami ? Car cela paraissait certain nous partagions le même amant.
Lorsque je fus parée de tous ces dessous elles me firent me déplacer, me pencher. Il m’était impossible de me courber sans ressentir dans ma chair le corset qui me maintenait le dos droit.
Une magnifique illustration de l’expression, souffrir pour plaire. Ainsi parée la cambrure de mes reins faisait saillir ma croupe et elles s’extasièrent devant cet impudent spectacle. Les nombreux miroirs disposés dans la boutique renvoyaient l’image d’une jeune fille délicieusement perverse. Et cette jeune fille c’était moi.
Puis elle m’entraîna dans un magasin de chaussures. A peine arrivées, on me fit essayer des escarpins. Juchée sur des talons aiguilles de 8 centimètres, je tentais maladroitement quelques pas et faillis me tordre la cheville. Devant mon incapacité à marcher avec élégance. Mademoiselle se résolut à procéder par étapes. Elle se contenta de me choisir une délicieuse paire d’escarpins de 5 centimètres et nous quittâmes la boutique. Sur le pas de la porte elle me promit avec un grand sourire de m’y ramener bientôt.
Elle avait l’air de beaucoup s’amuser et en quelques heures elle avait réussi à bousculer pas mal de mes habitudes et à ébranler quelques unes de mes certitudes. Moi d’ordinaire si fière, j’acceptais d’être réduite au rôle de jouet entre leurs mains. Mais avais-je le choix ? Et inconsciemment cela ne correspondait-il pas à un fantasme de ma part ?
Je pensais sincèrement en avoir terminé avec toutes ces épreuves.
Mais Mademoiselle Pinbal n’était pas de cet avis.
« Nathalie on se dépêche, on a rendez-vous dans 10 minutes chez l’esthéticienne. »
Nous avancions au pas de course slalomant entre les flâneurs.
Le cabinet de l’esthéticienne se trouvait à 200 mètres entre une banque et un coiffeur. Essoufflée je ne rêvais que d’une bonne douche et d’une boisson fraîche. Mais Mademoiselle m’entraîna par le bras dans le magasin.
Nous fûmes chaleureusement accueillies et aussitôt introduites dans un petit boudoir. Deux jeunes filles nous rejoignirent. Elle leur demanda de me prodiguer le programme de soins complet.
« Soins du visage manucure et épilation. » acquiesça la brunette qui paraissait être la plus qualifiée.
Les deux employées devaient avoir sensiblement mon âge. Maquillées et coquettes elles étaient jolies. Leur blouses blanches cachaient des fruits qui ne demandaient qu’à être cueillis. Au moment où je me fis cette réflexion je rougis de mes pensées. Que m’arrivait-il ? Moi d’ordinaire si prude, cela ne me ressemblait si peu.
Légèrement intimidée je pris place dans un confortable fauteuil. Pour la première fois de ma vie j’allais être traitée en dame et cette idée me plaisait.
Pendant que l’une étalait avec délicatesse une crème nourrissante sur ma frimousse, l’autre s’empara de ma main. Elles s’appliquèrent et le temps passa agréablement. Mon visage fut nettoyé, revitalisé. Elles allèrent même jusqu’à m’appliquer un soupçon de maquillage qui soulignait mes yeux et coiffèrent mes longs cheveux. J’étais totalement sereine profitant de ce véritable moment de bien-être et de relaxation.
Sans transition elles commencèrent à préparer la cire pour l’épilation. Je me déshabillais ne gardant que mes sous-vêtements et m’allongeais sur une table de travail. Mes aisselles, mes jambes, mes cuisses furent l’objet de leurs soins attentifs puis elles s’attaquèrent au haut du maillot.
Je sursautais lorsque Mademoiselle Pinbal dit d’une voix ferme.
« Pas juste le haut du maillot. Epilez la intégralement »
Je tentais de protester mais son regard m’arrêta.
Gênée, je dû sous leurs regards ôter mon slip et leur dévoiler mon intimité. Gentiment mais fermement elles entrouvrirent mes cuisses et ainsi leur permettre d’accéder à cet endroit où la femme est la plus sensible. La cire chaude appliquée sur les bords de mon petit abricot provoqua une sensation fulgurante de brûlure. Mais le pire était l’arrachage. Pratiqué d’un coup sec la douleur me faisait pousser de petits cris. Inlassablement elles répétaient l’opération s’approchant de plus en plus près de mon minou. Elles saisirent les lèvres et entreprirent de les dénuder dévoilant d’une manière indécente l’intimité de mon calice. Ce supplice semblait ne jamais devoir finir. Tout mon bas ventre était en feu. Mes deux mains serraient les accoudoirs jusqu’à ce que mes doigts deviennent blancs. Intérieurement je maudissais Mademoiselle d’y assister.
Puis on me mit sur le ventre et les deux employées s’échangèrent un regard lourd de sous-entendu à la vue de mes fesses ornées des marques de ma punition. Je fuyais leurs regards.
Prudemment elles ne firent aucun commentaire. Mais je constatais qu’elles redoublaient d’attention et même le fin duvet de mes fesses fut soigneusement éliminé. Puis elles me lavèrent délicatement afin d’éliminer toutes traces et sourirent satisfaites à la vue de ma nudité intégralement dévoilée.
Lorsque ce fut terminé, Mademoiselle ravie, accentua encore mon humiliation en me demandant de bien écarter afin de pouvoir contrôler. Elle passa longuement un doigt sur les bords de ma fente afin de juger de la qualité du travail effectué. Satisfaite, elle me complimenta sur la douceur de ma peau. J’étais aussi nue qu’au jour de ma naissance et je me sentais totalement vulnérable.
Puis Mademoiselle les pria d’oindre mon intimité meurtrie et mes fesses zébrées d’un onguent à base de plantes.
Elles l’appliquèrent avec une douceur empreinte de sensualité. Effleurant mon intimité comme deux papillons butinant délicatement le calice d’une fleur. Je m’abandonnais à leurs mains expertes profitant pleinement de cette récompense. Ce doux massage relaxant calma le feu de la douleur et fit même plus. Mon sexe béant semblait implorer un mouvement plus hardi. Je vis le regard de Mademoiselle se troubler devant ce spectacle, et elle devint songeuse. A regret elle les pria d’interrompre la séance et peu après nous sortîmes.
L’après-midi était déjà bien entamée et nous n’avions rien mangé.
« Et si nous allions grignoter Nathalie ? » proposa-t-elle d’un air gourmand
J’avais faim et j’acquiesçais. Tous ces événements avaient aiguisés mon appétit et mes sens.
Elle m’entraîna dans un petit restaurant charmant où vu l’heure tardive nous étions seules.
Après avoir commandé deux salades composées elle dit.
« Vois-tu Nathalie tout cela doit te sembler un peu étrange et pourtant … »
« Et pourtant … » répétais-je interrogative suspendant le mouvement de la fourchette.
« As-tu déjà été fessée par un de tes amants ? »
« Oh non jamais, aucun n’aurait osé ! » m’exclamais-je véhémente.
Elle sourit.
« Et tu as aimé être fessée par Julian? »
« Aimer n’est pas le mot. Non cela fait mal »
Je me tortillais sur ma chaise à ce souvenir.
« Pourtant tu as pris du plaisir »
« Après oui mais pas pendant » et j’évitais son regard.
Après un long silence je demandais.
« Puis-je vous poser une question Mademoiselle ? »
« Bien sûr Nathalie ne sommes nous pas amies ? »
Je pris ma respiration et posais la question qui me brûlait les lèvres.
« Etes-vous sa maîtresse ? »
« Oui si tu veux on peut le dire comme cela, on se connaît depuis de longues années.»
« Mais alors ? »
« Pourquoi ne suis-je pas jalouse ? Au contraire j’aime lui offrir des cadeaux. Et tu es un très beau cadeau. Je te choque ? »
« Je ne sais pas c’est tellement inattendu… »
« Tu comprendras un jour, l’amour emprunte différents chemins».
Ainsi elle l’aimait, et moi pensais-je quels étaient mes sentiments pour Julian? En étais-je amoureuse ? Et si notre liaison dépassait le stade d’une simple passade accepterais-je aussi facilement de le partager sans vouloir le posséder pour moi seule ?
En quittant Mademoiselle Pinbal, je rentrais directement chez moi. La journée de shopping m’avait épuisée et c’est avec délectation que je plongeais dans un bain chaud et moussant. Sur le coup des huit heures mon petit ami arriva. Je le reçus en peignoir. A peine installé, il voulut me faire l’amour mais je prétextais une dure journée pour refuser. J’étais épuisée mais en vérité je ne voulais pas montrer mon sexe imberbe et devoir lui fournir des explications. Il partit fâché. Je ne fis rien pour le retenir.
Cette nuit là je fis un rêve étrange.
C’était l’heure où la pâle lumière plongeait le lointain dans une douceur amère. L’heure de l’amertume où les désirs s’éveillent, au battement des vagues qui se meurent sur la grève. S’amusant à éviter les objets qui roulent à ses pieds et déposés par l’océan en offrande, une fille court le long de la plage déserte. Un épagneul la devance, et de temps en temps elle lui envoie un morceau de bois qu’il attrape et lui ramène. Elle est vêtue d’une jupe noire très ample, ses cheveux blonds retombent sur ses épaules, et un T-shirt blanc dissimule deux petits seins pointus. Soudain lassée de ce jeu elle se laisse tomber sur le sable et s’étire le corps cambré, comme en offrande au soleil levant.
L’épagneul tourne autour d’elle, son morceau de bois dans la gueule l’incitant en vain à reprendre le jeu. Elle le taquine et ses aboiements se mêlent à son rire. Apparemment résigné, le jeune chien se couche à ses pieds et les lui lèche. Elle le laisse faire et pendant ce temps sa main s'égare entre ses cuisses et elle se caresse doucement…
Le lendemain je me rendis à mon travail pleine d’entrain et curieusement ma tenue ressemblait étrangement à celle portée par l’adolescente dans mon rêve.
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“His body was urgent against her, and she didn't have the heart anymore to fight. She saw his eyes, tense andbrilliant, fierce, not loving. But her will had left her. A strange weight was on her limbs. She was giving way. Shewas giving up. She had to lie down there under the boughs of the tree, like an animal, while he waited, standingthere in his shirt and breeches, watching her with haunted eyes. He too had bared the front part of his body andshe felt his naked flesh against her as he came into her. For a moment he was still inside her, turgid there andquivering. Then as he began to move, in the sudden helpless orgasm, there awoke in her new strange thrillsrippling inside her. Rippling, rippling, rippling, like a flapping overlapping of soft flames, soft as feathers, runningto points of brilliance, exquisite and melting her all molten inside. "
"Un délicieux jour de soleil, de larges touffes de primevères fleurissant sous les buissons, d'innombrables violettes tachant les sentiers, des bourgeons à demi épanouis, des fleurs entrouvertes. Des bouquets de noisetiers, un lavis de renoncules. Une clairière tapissée d'anémones, la caresse du soleil sur le buste des premières jonquilles."
"Des anémones jaunes fleurissaient de toutes parts, grandes ouvertes, dans le nouvel éclat de leur lustre jaune; c’était le jaune, le jaune puissant de l’été qui commence. Et les primevères s’épanouissaient largement, en un pâle abandon, d’épaisses touffes de primevères qui avaient perdu leur timidité. Le vert luxuriant et sombre des jacinthes était comme une mer d’où s’élevait le bleu pâle des boutons". L'harmonie de l'écriture imaginative est le miroir de l'âme de l'auteur et l'expression artistique de sa personnalité projetée dans l'univers sacré de la littérature, perfection de la nomination. Les mots sont l’achèvement linguistique de toute création. Constance Chatterley s'adosse contre le tronc d'un jeune chêne palpitant sous sa paume, se laissant envahir par le silence, au plus profond des bois, cède au désir de rejoindre Mellors, le garde-chasse au charme sauvage, qui l'attend alors dans la pénombre de sa cabane, un "taudis d'objets hétéroclites" dont elle fait pourtant son sanctuaire, car c'est là qu'elle renaît, en brisant les tabous de la vieille Angleterre puritaine pour offrir son corps aux assauts les plus voluptueux, d'un "homme des bois", la pire des infamies, pour cette femme mariée qui se meurt d'ennui dans le manoir de Wragby, au cœur des houillères, dans les Midlands. Cette histoire, histoire d'une double transgression, conjugale et sociale, c'est bien sûr, celle de "L'Amant de Lady Chatterley", récit d'une passion foudroyante dans le plus exquis des empires, celui des sens. Réduire ce roman à un simple récit érotique serait lui faire offense car, en double lecture, David Herbert Lawrence nous livre, avec une sensibilité lucide, une sensuelle intelligence de la féminité, sa vision désabusée de l'humanité. Alors que l'ère industriel d'après-guerre transforme les paysans en ouvriers et les terres en mines, les Chatterley, retranchés dans le cossu domaine familial surplombant les bois de Sherwood, près de Sheffield, dans le Nottinghamshire au cœur de l’Angleterre, mènent l'existence oisive des privilégiés de la classe supérieure post-victorienne. Derrière les apparences, la demeure se révèle pourtant une cage dorée pour le couple, en proie à une grande frustration. Revenu du front paralysé jusqu'au bassin, Sir Chatterley, aristocrate grand teint, est désormais contraint de se déplacer en fauteuil roulant. Cet homme réduit dans sa virilité, partageant son temps entre l’amertume des conversations entre anciens combattants, et la gestion rigide de l’usine qu’il dirige, demeure dépendant des soins de son épouse et de l'infirmière, Ivy Bolton. N'ayant plus guère que leur entente intellectuelle à lui offrir, il écrit des romans. Mais Constance refuse de glisser dans un apitoiement solitaire. En bonne épouse, elle soutient l'épanouissement de son mari romancier, plus populaire que talentueux. Leur domaine appartient à cette morne campagne anglaise marquée du sceau noir de l'industrie minière. La pluie tâchant les sols comme les cœurs.
"Lentement, lentement, la blessure de l'âme commence à se manifester, comme une meurtrissure d'abord légère, mais qui, à la longue, enfonce toujours plus profondément sa douleur, jusqu'à remplir l'âme entière. Et, quand nous croyons que nous sommes guéris et que nous avons oublié, c'est alors que le terrible contrecoup se fait le plus cruellement sentir". Constance menace de sombrer dans la neurasthénie, étouffée par cette chape de plomb qui pétrifie sa morne existence et la vie mélancolique du manoir familial. Décidant d'abandonner sa carrière littéraire pour prendre en main ses affaires, Lord Chatterley parachève inexorablement l'éloignement de sa femme. Dans ce huis clos déliquescent, Constance ressent alors sa vie auprès de Clifford comme un sacrifice. Elle a l'impression de dépérir à Wragby Hall, son corps endormi ne demande qu'à s'éveiller. Sir Chatterley a épousé Constance, jeune et belle écossaise, un mariage arrangé entre gens de la bonne société. Constance Reid fut élevée entourée d'intellectuels, dans "un milieu esthétique, libre de conventions." Adolescente heureuse, jeune fille élevée dans la liberté, elle a vécu sa première expérience sexuelle comme une dépréciation, à laquelle elle devait se soumettre, sans en tirer aucune émotion, plus attirée par des rencontres riches en réflexion. Son quotidien lui apparaît morne jusqu'au jour où elle se donne à un premier amant. En autorisant tacitement son épouse à des étreintes charnelles, Lord Clifford Chatterley juge froidement la situation. Désormais, seule une liaison peut assurer le lignage de son nom, Il reconnaîtra l'enfant à l'unique condition d'ignorer l'identité du père. Confinée dans le vaste domaine, elle s’évade de plus en plus souvent en forêt, dernier refuge de beauté et de sauvagerie face aux lugubres paysages des houillères.
"Cette promenade avec Clifford ne réussissait guère. Entre lui et Constance il y avait une tension que chacun d’eux faisait semblant de ne pas remarquer mais qui était là tout de même. Soudain, de toute la force de son instinct de femme, elle le repoussait. Elle voulait se libérer de lui et surtout de son "moi", de ses mots, de cette obsession qu’il avait de lui-même, cette obsession infinie, monotone, mécanique, qu’il avait de lui-même". Le romancier privilégiait la réécriture à la correction. Alors, le roman livre au lecteur une richesse incomparable de décorset de descriptions sentimentales, de passions comme de déchirements. La vie de Constance bascule le jour où, au détour d'une clairière, offerte comme une brèche dans la tranquillité du bois, elle fait la connaissance du garde-chasse du domaine. C'est la rencontre avec un homme qui fait sa toilette, offrant son torse nu, au regard troublé de Constance. Oliver Mellors, fils de mineur, devenu soldat de l’armée des Indes, volontairement retiré, lettré mais taiseux, est la voix nouvelle qui s'élève, pleine d'humilité et de bon sens. Ainsi surgit l'homme des bois, avec l'odeur des arbres, de l'humus et du désir. Constance se laisse pénétrer par l'odeur des fleurs. Le corps de la jeune femme veut ressusciter et s'embraser au soleil du printemps. Elle succombe à cet homme dans ce monde silencieux en cueillant chaque instant de cette nature préservée. Tout est vérité dans cette forêt de Sherwood, sa vérité, leurs vérités. La légèreté de la lumière qui les enveloppe, les courbes de leur corps se faisant écho, entre l'odeur des jacinthes, le cri des geais, vertige clandestin d'un amour sans interdit dans un écrin de verdure. La mutuelle attirance de la belle fiévreuse et de la brute suspicieuse, l'insensible rapprochement, entre leurs corps, leurs désirs qui s'apprivoisent et fusionnent, leurs âmes convergeant l'une vers l'autre. Deux êtres se libérant de leur passé, alliance des contraires laissant entrevoir la possibilité d'un autre monde. Le roman résonne comme une renaissance, celle de Lady Chatterley. Elle qui ne connaissait que le plaisir intellectuel. En découvrant la sensualité, devient une "femme nouvelle" dans une résurrection, à la fois spirituelle et charnelle. Comme un éloge de l'absolu, une quête éperdue de l'innocence aux antipodes de toute obscénité. La recherche du plaisir, de la jouissance, et de la découverte des corps sont analysées avec pudeur. L'évocation des étreintes charnelles est décrite avec une extrême précision organique, sans crainte de nommer les choses, dans un style direct et cru, poétique et sensuel, bestial mais jamais vulgaire. D.H. Lawrence va jusqu'aux confins de l'intimité, en évitant la surenchère du fantasme. C'est l'intimité nue, vibrant d'une irrésistible sensualité.
"Elle s'irritait contre cette manie de tout mettre en mots. Les violettes étaient les paupières de Junon et les anémones des épouses inviolées. Comme elle détestait les mots qui se mettaient toujours entre elle et la vie. C'étaient eux les violateurs, ces mots tout faits qui suçaient la sève des choses vivantes". Le romancier écrivit pas moins de trois versions complètes sur une période s'étalant sur tois ans, de 1926 à 1929. Nous devons ce chef-d'oeuvre à l'obstination d'un auteur préférant sa liberté d'expression à une carrière lucrative. Lorsque David Herbert Lawrence en débute l'écriture, en octobre 1926, il a quarante et un ans. Retiré dans les collines de Toscane, il se remémore les paysages verdoyants de son enfance, de la forêt de Sherwood, parcourue par d'innombrables ruisseaux. Il écrivit une première version, puis une seconde, "Lady Chatterley et l'homme des bois" ayant inspiré la cinéaste Pascale Ferran, enfin, entre janvier et avril 1928, la version définitive, qu'on lit aujourd'hui. David Herbert Lawrence, décida de faire imprimer son roman alors à Florence, à mille exemplaires, à compte d'auteur. Condamné pour obscénité et pornographie, subissant de multiples censures, une édition expurgée ne sortira qu'en 1932. Ce n'est qu'en 1960, que la version originale du roman paraîtra en Angleterre. La maison d'édition britannique Penguin Books fut acquittée à la suite d'un procès. Dans l'opposition de deux univers, intellectuel et sensoriel, l’éloge de la nature est l'attrait majeur du roman. La forêt devient le rempart de leur amour, celui-ci naît et grandit de l’hiver au printemps, érotisant fleurs et fruits. "Les anémones jaunes étaient en foule maintenant, largement ouvertes, se chevauchant les unes les autres, d’un jaune éclatant." Le désir alors empourpre le roman d'une beauté primitive et sensuelle, le frémissement des feuilles, comme le lent apprivoisement des amants. Le récit initiatique à l'écriture somptueuse, empreint d’un naturalisme mystique, est d’une indéniable richesse. Entre"Tess d'Urberville" de Thomas Hardy, "Howards End" d' E.M. Forster, et "Madame Bovary" de Flaubert. "L'Amant de Lady Chatterley" conjuguant à la fois, les nuances du plaisir féminin et le portrait saisissant d'une société en mutation, est bien ce roman "sain et nécessaire" que Lawrence s’enorgueillissait d’avoir écrit, l'amour d’une châtelaine pour son garde-chasse. Réflexion de l'auteur sur la répression de la sexualité, et ses effets dévastateurs sur la jeunesse, que l’enfant, au lieu de combler besoin narcissique et désir d’immortalité, ne ferait que décupler la rage irrépressible du père au point d’empêcher son fils d’accéder à la pleine jouissance de soi. Le roman illustre cette hypothèse à travers le personnage du jeune mari revenu du front mutilé au point de ne pouvoir engendrer une descendance. Frappé d’interdit jusqu’en 1960 et l’auteur contraint à l’exil, Il est étrange que l’on n’ait retenu que la deuxième partie du livre relatant la quête érotique scandaleuse de la femme. Il est plus étrange encore que l’on ait nié la première partie, deux cents pages, figurant la mutilation physique et psychique de l’homme par suite des décisions mortifères de ses "pères." Ce double déni, dans son silence tonitruant, nous invite à l’interroger. Le couvert de la gloire et de l’honneur à défendre la patrie masquerait-il plaisir de la soumission etpassion romantique de la mort, préférables à l’amour de la vie et à son expression ? C’était la thèse de l’auteur britannique.
Bibliographie et références:
- Mark Adshild, "Magic words of D.H Lawrence"
- Patricia Cornwell, "L'univers de D.H Lawrence"
- Henry Miller, "Le monde de D.H. Lawrence"
- Frédéric Monneyron, "Bisexualité et littérature"
- Catherine Millet, "Aimer D.H. Lawrence"
- Jean-Paul Pichardie, "D.H. Lawrence"
- Anaïs Nin, "D.H. Lawrence"
- Ginette Katz Roy, "Cahiers D.H Lawrence"
- Anton Francesco Grazzini, "D.H Lawrence"
- C. Bourgois, "Éros et les Chiens"
- Pascale Ferran, "Lady Chatterley"
Bonne lecture à toutes et à tous.
Méridienne d'un soir.
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