Coromandel
par le 24/01/24
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En bdsm, nous employons souvent des mots forts, en cela qu'ils servent à exprimer des sentiments ou des émotions fortes. Moi même j’emploie des mots que je crois adaptés mais dont je ne suis pas toujours certain de la signification, ou parfois des mots volontairement inadaptés que j'emploie en sachant pertinemment que j'en transforme la signification. Mais j'ai souhaité me replonger dans la définition de certains mots que je trouve souvent mal employés, ou que je voulais à l'avenir mieux employer. S'est ajouté un peu de réflexion personnelle toujours inspirée et motivée par la bonne définition des termes qui m'ont posé problème. Ainsi, armé de plusieurs dictionnaires, j'ai philosophé sur ces mots que voici : Respect, dévotion, fidélité, loyauté.

 

Respect :

 

Le respect est une chose complexe et personnelle. Il s'agit d'un regard sur quelque chose, il s'agit d'une considération. Il n'est pas inné, il est le fruit d'un effort, d'une réflexion. On mesure, estime quelque chose, et de cet examen découle un respect variable. Un grand respect indique qu'on a estimé de grandes valeurs à la personne/chose/parole.

La philosophie amène indubitablement à considérer au moins tout être humain (si ce n'est tout être vivant) comme une fin en soi, c'est à dire que malgré toutes considérations qu'on puisse se faire au sujet d'un individu, on ne peut intellectuellement pas lui omettre la dignité d'être humain autant que soi, sa libre pensée, son droit à considérer autrui et soi même.

Respecter sa parole c'est avoir de la considération pour ce qu'on a dit, et souvent donc il s'agit d'une parole à laquelle on a trouvé ou donné de la valeur. C'est ainsi rester fidèle aux engagements contractés car on les a considéré, parce qu'ils ont eut de la valeur.

Le respect à une personne c'est l'appréciation qu'on se fait d'elle. Ce respect évolue donc avec la relation qu'on entretien avec cette personne. Le respect est une notion active, présente, en évolution. C'est un écueil très commun que celui d'ignorer ou de méprendre l'impact de la relation sur le respect qu'on a pour quelqu'un. D'autre part le respect qu'on a de cette relation en dehors du respect qu'on a de la personne, est une chose à part entière et qui évolue, parfois différemment de la considération qu'on a de la personne. On peut ainsi ne pas cesser d'avoir du respect pour quelqu'un sans pour autant avoir beaucoup de respect pour la relation qui nous relie. Et inversement, on peut bel et bien avoir estimé beaucoup de valeur à la relation qui nous relie à quelqu'un qu'on ne respecte plus en tant que personne.

Manquer de respect à quelqu'un, c'est de ne pas agir conformément à la considération préalable, soit partagée et socialement attendue, soit personnelle et donc souvent passée. L'insulte, ce n'est pas manquer de respect, c'est soit témoigner à son interlocuteur le peu de respect ou la baisse de respect qu'on lui porte, ou le mépris, soit en témoigner à d'autre dans le but de réduire le respect des autres envers la personne que l'insulte vise.

Faire preuve de respect, c'est témoigner, donc communiquer sa considération, bien que souvent il s'agisse surtout de témoigner de son adhésion, de son maintien à la considération préalable, soit publique, soit passée.

Respecter quelqu'un peut ainsi globalement se traduire par le fait de faire l'effort de ne cesser de considérer une personne et maintenir un témoignage équivalent à l'estime qu'on porte à la personne.

Avoir du respect, c'est avoir des estimations fixées alors que respecter c'est le fait de présentement estimer, de considérer à chaque instant, d'être en action de regarder quelque chose ou quelqu'un et de le mesurer vis à vis de ce qu'il est à présent et de ce qu'il a été et/ou sera.

Un profond respect est un respect fondamental, c'est à dire considérer qu'une chose, une parole, une personne, joue un rôle fondamental dans notre façon de respecter/considérer d'autre choses, paroles, personnes. Autrement dit encore, c'est une appréciation dont les tenants et aboutissants servent à définir d'autres appréciations qu'on porte sur notre environnement. Ainsi on a un profond respect pour une personne, réelle ou fictive, dont l'appréciation qu'on s'est fait d'elle influence l'appréciation qu'on se fait de nous même, et de toute autre chose.

 

Dévotion :

 

D'abord d'ordre religieux, la dévotion c'est le témoignage affecté et ostentatoire d'un grand respect, voir d'un profond respect.

Affecté car il n'est pas tout à fait qu'intellectuel. Si le respect est éminemment mental car il découle de l'appréciation d'un examen qui peut être certes émotif, mais aussi n'être que raisonnable, son témoignage dévoué est lui par contre passionné, donc ne peut-être raisonnable. La dévotion ce n'est pas un témoignage sobre, poli, ou simplement dû. C'est un débordement, il faut donc un code à transgresser, une marge à franchir, une règle à dépasser. La dévotion est un acte dont la portée, par son débordement affecté, va au delà de l’attendu, du devoir, du normal.

Ostentatoire car il est voué à être vus par un personne réelle ou fictive au moins en plus de soi même. Un témoignage est un acte social, qu'importe le nombre et la qualité des témoins. Mais il n'est pas de témoignage sans témoin. Un personne dévouée témoigne à des témoins présents, passés ou futures, fictifs ou réels, par un acte de dévotion, de la valeur de l'appréciation qu'il a de son objet de dévotion. La dévotion, ce n'est pas une marque de respect privée, ni un acte social banal servant à identifier les rapports de respect entre individus. C'est témoigner la fierté de témoigner du respect ! Quand bien même il s'opère dans le secret, en privée, ou même seul, un acte de dévotion doit pouvoir être partagé, publié, présenté, vus, pendant ou après son exécution. Soit parce qu'il en résulte une production, soit que le message peut être transmis à d'autres témoins ensuite, soit parce qu'on considère que l'acte peut être considéré par des êtres surnaturelles.

Être dévouée, c'est agir au delà des réactions attendues. C'est donc encore dépasser une règle. Être dévoué c'est respecter avec une passion débordante, c'est à dire de manière exagérée. A la manière de la dévotion, une personne dévouée souhaite qu'on considère que sa fidélité, ses actes la témoignant, n'est pas seulement respectueuse, mais dévouée, au delà de ce qui est attendue.

 

Fidélité :

 

La fidélité, c'est la constance de l'être. Est fidèle ce qui se conserve malgré l'usure, et porte ses fruits également malgré la contrainte. Car être fidèle à soi, à ses valeurs et à ses principes, ou à autrui, ce n'est pas conserver une vérité qui ne souffre pas ; c'est la maintenir quand elle s'altère, quand elle est en danger, ou quand elle met en danger.

Entretenir la continuité du respect à ses paroles, à ses pensées, à ses actes qui nous ont engagé est la fidélité. Car les paroles en l'air, les pensées gratuites et les actes manqués ne demandent pas d'être respectées. L''infidélité n'existe qu'en négatif de la fidélité, car sans engagement à respecter, il n'y a pas de constance à entretenir. La fidélité est temporaire, en cela qu'elle est la conservation, l'affirmation, la défense d'un engagement passé. Elle n'est jamais instantané, et engage à l'avenir. La fidélité se joue toujours en au moins deux temps : l'heure de s'engager, et l'heure de le prouver. Plus longtemps est maintenue la fidélité, plus importante est-elle. Ainsi une infidélité au premier écueil est pénible, la défection d'une fidélité de longue date ou déjà éprouvée est terrible.

 

Loyauté :

 

La loyauté, est plus encore que la fidélité, une affaire d'autrui. On ne peut pas être loyal à soi, alors qu'on peut être fidèle à soi même. Car être loyal, ce n'est pas être fidèle qu'à soi même. C'est être fidèle à tout ce en quoi une personne qu'on respecte est fidèle. C'est respecter l’engagement d'autrui comme le sien et donc ne lui nuire ni ne le nier, mais bel et bien le conserver, l'entretenir et l'améliorer comme s'il était sien. C'est un transfert de respect, la loyauté c'est s’approprier la fidélité qu'autrui engage.



Crédits illustration :

Studies for philosophy, 1898-1899

de Gustav Klimt

Source ; https://www.wikiart.org/fr/gustav-klimt/study-for-philosophy-1899

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Thèmes: philosophie
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Louvia
Mais qu'est ce que vous êtes bavard ! 😅🤣 Être dévouée= "C'est témoigner la fierté de témoigner du respect" oui oui et oui je suis trop d'accord ^^
J'aime 25/01/24
Coromandel
Je me suis intéressé depuis trois jours à des documentaires sur Averoes le penseur andalou du moyen âge... Et je crois que sa manie de philosopher sur les définitions a réussis à me gagner ^^ Et encore, j'ai fait court ahah ! ^^
J'aime 25/01/24 Edité