sylvie35
par le 06/01/24
1,108 vues

Dans un accès de libido, Masato me colle contre lui et m’embrasse goulûment tout en me caressant les fesses.

Je le repousse brutalement et lui flanque une bonne gifle.

Juste à temps !

Les rires gras des défenseurs de la démocratie déchirent le silence. Masato est bon pour subir un déferlement de quolibets. Se faire gifler publiquement par une fille est humiliant ici plus qu’ailleurs.

« Désolé, je n’avais pas vu la patrouille » me dit-il à voix basse pendant que les miliciens s’éloignent. Le gifler est la seule réaction qui m’est venue sur le moment, pour lui sauver la mise.

La loi dit que les relations sexuelles sont interdites en l’absence de Fucking Pass et que toute infraction sera sévèrement punie [1]. Mais elle ne définit pas précisément ce que l’on doit entendre par relation sexuelle, laissant libre cours à l’interprétation et à l’excès de zèle des miliciens. Mettre les esprits en état d’insécurité permanente, de perte de repères, est l’une des ficelles du totalitarisme.

Je jette un dernier coup d’œil sur les alignements de bites. Des bites à perte de vue, prêtes à défendre la planète. C’est beau ! A défaut d’être utile, je dois admettre que le projet B.I.T.E.S. a de la gueule.

Sur le chemin du retour, Masato tient à me faire essayer les lunettes sociales qu’il vient d’acquérir à prix d’or. Elles affichent en temps réel le solde de crédit social des passants que l’on croise dans la rue. Un code de couleur permet de distinguer instantanément les bons et les mauvais citoyens. On peut même, si on le souhaite, visualiser l'historique de leurs bonnes ou mauvaises actions pour la démocratie et le climat.

Vendre à la population, qui en redemande, les outils de son propre asservissement, en voilà une belle idée. Masato est déçu par mon manque d’enthousiasme puis admet à demi-mots qu’il est sans doute, lui aussi, tombé dans le piège infernal.

De retour à son minuscule appartement, il m’annonce que nous n’avons que peu de temps car nous devons retrouver mon Maître dans la banlieue de Tokyo. Tiens donc… Je croyais qu’il m’avait oubliée !

Je lui propose de lui sucer la bite, pour me faire pardonner de la gifle. Prétexte, car, en réalité, j’adore sucer et donner du plaisir.

Dans une ruelle déserte de la banlieue de Tokyo, au milieu des vieilles maisons, une salle de cinéma à l’aspect délabré, qui semble avoir miraculeusement survécu aux années. L’une des rares ruelles qui n’est pas encore équipée en caméras de surveillance. C’est dans le hall étriqué de cette salle de cinéma démodée que nous retrouvons mon propriétaire, qui est en pleine conversation avec un couple. Masato le remercie pour le cadeau. Mon Maître me fait un sourire de connivence. Le cadeau, c’est moi…

« Dépêchons nous, la séance va commencer ! »

Dans la pénombre, je distingue une vingtaine de personnes déjà installées.

Sur scène, un homme élégant présente le film et le contexte dans lequel il a été réalisé. C’est l’esclave de Sonia. Il a belle allure ! C’est étrange de le voir en costume-cravate, moi qui ne l’ai connu que la bite à l’air.

Mais, le choc du contraste passé, je me dis que je préfèrerais le voir la bite à l’air. « Salope ! » me dit mon Maître, comme s’il avait lu dans mes pensées.

Sur l'écran, derrière lui, un dessin humoristique donnant un aperçu sur la teneur du film suscite des commentaires amusés.

La projection commence. Au bout d’un moment, j’ai la gorge nouée et les yeux embués. Il n’y a pas à dire, Sonia est douée pour entraîner les spectateurs dans l’histoire et déclencher des émotions. Des éléments factuels, des explications rationnelles, sont savamment distillés. Appâter le spectateur par l’émotionnel, pour l’amener ailleurs, là où elle veut l’amener, enclencher la réflexion et le forcer à ouvrir les yeux sur la réalité du monde dans lequel il vit. L’être humain est doué pour voir le totalitarisme quand il se produit à l’autre bout du monde, ou quand il fait partie de l’histoire, mais est aveugle quand il est en plein dedans [2]. Comment lui redonner la vision de près ?

Jouer sur l’émotionnel est le seul moyen, probablement, pour contourner l’effet de décennies d’abêtissement. « Des gens bien plus intelligents que vous savent ce qui est bon pour vous ». C’est l’adage que tout bon citoyen doit répéter en boucle dans sa tête. Les journalistes sont là pour le marteler à ceux qui seraient tentés de l'oublier.

Je me prends à penser qu’il suffirait d’un seul traitre dans l’assemblée pour que les Brigades de Défense de la Démocratie réalisent une belle rafle.

La séquence sur le sabotage du Nord Stream par nos plus fidèles alliés me prend aux tripes parce qu’elle me rappelle mon séjour à Bornholm. « C’est comme si votre femme se faisait violer par votre meilleur ami. Vous le savez, mais vous êtes tellement lobotomisé qu’à la place vous accusez celui que l’on vous a désigné comme votre ennemi » dit ironiquement l’expert qui commente les images et explique le mode opératoire. Je reconnais les images Sonar que Sonia m’avait montrées, mais leur qualité est infiniment supérieure. Mes programmes de traitement ont donc fonctionné. Je suis très fière d’avoir pu l’aider.

S’en suivent les images de notre escalade et de ma sodomie à flanc de falaise. Elles sont magnifiques ! Me voilà bien malgré moi actrice vedette ! Mon visage a été modifié pour leurrer les techniques de reconnaissance faciale. Chirurgie esthétique numérique !

Le film laisse planer un grand mystère sur la vraie raison de ma sodomie à flanc de falaise. Le zébralyvox n’est pas mentionné. Est-ce que Sonia souhaite ne pas trop en dire ou bien s’agit-il de donner aux spectateurs l’irrépressible envie d’en savoir plus ?

A l’issue de la projection, un débat s’engage. « Comment assurer la diffusion du film ? » est la question qui obnubile les esprits. L’accès à Internet est totalement contrôlé depuis la mise en place de l’identité numérique. Certains vont devoir se sacrifier pour mettre le film sur le réseau. Ils seront rapidement identifiés et arrêtés, mais avec un peu de chance d’autres le rediffuseront à leur tour.

Je ne suis pas vraiment convaincue par cette manière de faire, qui semble pourtant recevoir l’adhésion de l’assemblée, faute de meilleure idée. La police du net, aidée par Eurytion, la puissante Intelligence Artificielle de la Bill & Alvértos Fucking Corporation, est redoutablement efficace. Non seulement les initiateurs seront arrêtés et exécutés, mais la diffusion sera probablement stoppée avant d’avoir pu atteindre le point critique qui aurait permis sa survie.

« Vas-y », m’ordonne mon Maître, en me faisant signe d’aller exposer mon point de vue à l’assemblée.

Je lève timidement la main, comme pour demander la permission. L’esclave de Sonia prononce mon prénom et me fait signe de le rejoindre sur scène.

J’entends comme un murmure qui parcourt la salle. Je distingue même du français. « C’est Ysideulte !», dit une femme à son compagnon.

Serais-je donc devenue une célébrité au sein de la résistance ? Pour moi, la fille effacée, c’est un comble.

Arrivée sur scène, je me rends compte que l’éclairage vient du bas. Robe ultra-courte, pas de culotte… Spectacle assuré ! J’expose néanmoins mon point de vue d’un ton posé, ce qui me surprend. C’est la magie de l’esclavage : obéir à mon Maître, lui donner satisfaction, faire en sorte qu’il soit fier de moi, c’est la seule chose qui compte, au point que j’en oublie ma timidité. Le lien qui nous unit est immatériel et pourtant je le ressens si intensément !

Diffuser le film en utilisant des boules mémoire. En laisser traîner partout. C’est ma suggestion.

Les gens s’en saisiront, à l’abri des regards et des caméras. Ils regarderont le film, le recopieront pour leurs amis.

Des centaines de millions de boules mémoire qui circuleront de main en main. Mais comment assurer une telle production ?

« L’Inde pourrait nous aider », suggère l’esclave de Sonia. Ses capacités de production ont été en grande partie détruites par les bombes démocratiques, mais elle a encore quelques ressources.

La Suprême Alliance Démocratique a subi de lourdes pertes lors de l’opération Komsomolets, ce qui a accordé un peu de répit à certaines nations pour tenter de se reconstruire.

Il faudra organiser la logistique, en toute clandestinité.

Je prends garde à ne pas serrer les jambes et à répondre aux questions avec humilité. Mon propriétaire m'observe et je sais à quel point il apprécie de montrer que je suis bien dressée. Mes cuisses portent encore les marques de ses coups de ceinture, certainement réhaussées par l'éclairage incident et maintenant exposées à la vue de tous.

L'assemblée semble convaincue par ma proposition. Je rejoins mon Maître, qui m’adresse un sourire de satisfaction et fixe la lourde laisse à mon collier de chienne. Clic! Pas besoin de paroles. Un frisson de plaisir me parcourt le corps.

à suivre

 

Contexte et Références

[1] L’histoire se situe dans la seconde moitié de notre décennie, la France étant à présent membre de la Suprême Alliance Démocratique, une puissante fédération de démocraties modernes et progressistes. Pour en savoir plus sur le contexte social, humain, et technologique, la liste de mes articles précédents se trouve ici : https://www.bdsm.fr/sylvie35/blog/ (à lire de préférence dans l’ordre chronologique de leur publication).

[2] « Tout l'enjeu du psychisme est de se protéger, quitte à réaménager les discours et la façon de se raconter la réalité. [...]. Il n'y aurait ni délire ni contagion délirante sans un déni de réalité qui lui préexiste. [...] ces mécanismes de défense sont des protections psychiques [...]. Tout cela nous explique la raison pour laquelle beaucoup de personnes ne parviennent pas à voir ce qui se passe lors de la mise en place d'une dérive totalitaire, et même, s'illusionnent sur le fait que leur gouvernement, devenu véritable bourreau, continue de leur vouloir du bien, pourvu qu'aujourd'hui il se nomme "démocratie". [...] Car il faut une force psychique hors du commun pour garder un raisonnement sain dans un monde qui devient fou, où les repères sont inversés, où la vérité est travestie en mensonge, [...], tandis que s'exerce un pouvoir abusif prétendant que c'est pour le "Bien Commun", au nom de jolis principes auxquels chacun peut souscrire »
Ariane Bilheran, "Psychopathologie du totalitarisme", septembre 2023
 

Illustration: montage à partir de dessins de Tesson.

 

Premières apparitions de certaines notions évoquées dans le texte:

- Le Fucking Pass, Eurytion et la Bill & Alvértos Fucking Corporation:
    dans "Le perchoir d'Ysideulte", le 15/09/2022 (https://www.bdsm.fr/blog/8145/Le-perchoir-d'Ysideulte/)

- Les Brigades de Défense de la Démocratie:
    dans "Sonia", le 18/01/2023 (https://www.bdsm.fr/blog/8332/Sonia/)

- Le zébralyvox gémellaire et l'opération montée par la Suprême Alliance Démocratique pour l'anéantir (opération Komsomolets):
    dans "Zébralyvox gémellaire, l'étonnant passager" le 07/02/2023 (https://www.bdsm.fr/blog/8393/Zebralyvox-gémellaire,-l'étonnant-passager/)

- Les prémisses d'une résistance:
    dans "La charte du pangolin fou", le 27/04/2023 (https://www.bdsm.fr/blog/8558/La-charte-du-pangolin-fou/)

- Les modalités d'obtention du Fucking Pass
    dans "Adorable Fucking Pass", le 13/05/2023 (https://www.bdsm.fr/blog/8630/Adorable-Fucking-Pass/)

- Bornholm et le Nord Stream
    dans "Matin calme à Bornholm", le 02/07/2023 (https://www.bdsm.fr/blog/8709/Matin-calme-à-Bornholm/)

- La vertigineuse sodomie d'Ysideulte
    dans "Sodomisée à flanc de falaise", le 18/07/2023 (https://www.bdsm.fr/blog/8745/Sodomisée-à-flanc-de-falaise/)

- Le projet B.I.T.E.S.:
    dans "B.I.T.E.S. - Complexe de défense planétaire", le 03/12/2023 (https://www.bdsm.fr/blog/9180/BITES-–-Complexe-de-Défense-Planétaire/)

 

19 personnes aiment ça.
Feuler
Je suis assez d'accord avec Jakez, ça va finir par faire un Roman tout ça !
J'aime 09/01/24
sylvie35
Merci pour vos sympathiques commentaires Jakez et Feuler 1f60a.png 18ème article... C'est amusant, car initialement je ne pensais pas écrire d'autres articles au delà du premier, d'autant plus que je suis plus à l'aise avec les équations qu'avec les mots, et puis... les encouragements des lecteurs m'ont incitée à poursuivre. Ce que j'aime bien sur ce site c'est que je peux écrire ce que je veux, à mon rythme (très lent 1f602.png), sans être obligée de faire du consensuel et de rentrer dans un moule, et en plus les commentaires sont très constructifs et encourageants!
J'aime 10/01/24 Edité
Main des Larmes
"Appâter le spectateur par l’émotionnel, pour l’amener ailleurs, là où elle veut l’amener, enclencher la réflexion et le forcer à ouvrir les yeux sur la réalité du monde dans lequel il vit. L’être humain est doué pour voir le totalitarisme quand il se produit à l’autre bout du monde, ou quand il fait partie de l’histoire, mais est aveugle quand il est en plein dedans [2]. Comment lui redonner la vision de près ?" Tout simplement magnifiquement souligné! Je n'ai pas (encore) lu tous les textes précédents mais celui-ci est une perle rare, que malheureusement les plus concernés ne comprendront pas à sa juste valeur, ou zapperont...
J'aime 10/01/24
sylvie35
Bonsoir Main des Larmes, et merci beaucoup pour votre aimable et encourageant commentaire. En effet, on vit dans une société qui pousse au zapping, et qui décourage la réflexion, même élémentaire, ainsi que vous l'avez fort bien évoqué par ailleurs. Déjà, en amont, combien sont prêts à consacrer quelques minutes à lire un article ? Seulement une infime proportion, probablement. Par analogie, quand on voit que les administrateurs du site ne ménagent pas leur peine pour mettre en garde contre les escroqueries et que, même le bandeau jaune, pourtant bien visible, qui dit "n'envoyez pas d'argent, etc." n'est pas lu, parce qu'il faut aller vite vite vite, c'est un peu désespérant... Mais bon, j'écris par plaisir et je suis vraiment très heureuse de voir que cela intéresse quelques personnes.
J'aime 10/01/24
bonsoir sylvie. j'etais comme ca mais c aussi parce que les filles de ton niveau sont meprisantes quant on est pas cultiver donc ca fait deix mondes qui se melangnt pas donc on peut pas progresser si on a pas d'education au depart. toi tu est super sympa et super intelligente tes articles sont geniaux et tu repond a tous le monde. tu m'a toujours repondu meme quant ce que j'ai ecrit etait irespectueux je regrete beaucoup tu m'a remonter les bretelles et tu m'a fais reflechir et realiser qu'on peut s'interesser a plein de choses meme quant on n'a pas fait d'etudes et qu'il faut se remuer et pas rester glander comme un con. maintenant moi aussi je reste sur le sites surtout pour lire ce que tu ecris je ne cherche plis de soumise mais j'ai d'autres projets parce que tu m'a fais voir la vie differament. merci beaucoup et s'il te plais continu a ecrire j'adore !
J'aime 10/01/24
sylvie35
Merci maitredursevere. Remarquez, je devrais peut-être réclamer la médaille de la patience parce que vous m'aviez quand même bien saoulée à un moment 😂😂 En tout cas merci beaucoup pour votre gentil et touchant commentaire, et tous mes voeux de réussite pour vos projets. Sur le fond - des mondes qui se côtoient à peine - vous avez sans doute raison. Notez que plus généralement tout est fait pour morceler la société en micro-communautés sur des bases d'identification plus ou moins farfelues, et que peu de personnes se demandent pourquoi ce morcellement est autant encouragé. Un sujet qu'il faudrait creuser...
J'aime 11/01/24
Sur certains sites le niveau des discussions et contributions est tout simplement lamentable et même parfois nauséabond. Ici c'est généralement correct parce qu'il y a des personnes qui tirent vers le haut et tu en fais partie donc sois-en remerciée. Petite confidence: j'ai relu plusieurs fois certains de tes anciens articles et parfois j'ai découvert des subtilités que je n'avais pas vues aux premières lectures. Chapeau ! Des allusions cachées dans d'autres allusions imbriquées dans l'histoire. C'est amusant à découvrir et à décrypter.
J'aime 11/01/24
sylvie35
Merci Jakez. Oui, je m'amuse parfois à réaliser plusieurs niveaux d'imbrication mais rassurez-vous, mon Maitre non plus ne voit pas tout et puis ça ne gêne pas la compréhension de l'histoire. 😀 Le tout c'est que je ne m'y perde pas moi-même 😂
J'aime 11/01/24
Excellent ! Une vision sombre de notre futur, superbement écrite. La dérive totalitaire qui se revendique haut et fort "dėmocratie". La corruption systémique. L'esclave Ysideulte flambeau de la véritable liberté. La puissance du lien Maitre-esclave qui donne la force de soulever des montagnes. Tout simplement génial.
J'aime 12/01/24 Edité
sylvie35
Grand merci, Joseph, pour vos encouragements 2665.png
J'aime 12/01/24
Temps06
Bravo sylvie, j'adore, continue ... (Un de tes tous premiers fans)
J'aime 23/01/24 Edité
sylvie35
Merci beaucoup Temps06. Eh oui je n'ai pas oublié. Je me souviens de tous mes fans. 😍 Il faut dire que c'est facile, j'en ai beaucoup moins que les célébrités ! Ah ah 😀😂
J'aime 23/01/24
Azhara
J'adore votre écrit, évidemment mais j'aime beaucoup aussi les divers commentaires et vos réponses. Je lis certains articles pour la première fois et en relis d'autres avec un réel plaisir. Personnellement c'est la phrase sur Masato qui a demi-mots révèle qu'il s'est peut-être fait avoir dans l'engrenage infernal qui me touche particulièrement. Car en une seule phrase vous réussissez à pointer du doigt toute la puissance et dangerosité du processus de lobotomisation, et à quel point il faut savoir rester vigilant... j'adore votre écriture. Vous allez publier ? (Un jour, vous y pensez ?)
J'aime 28/07/24
sylvie35
Merci beaucoup Azhara. Je suis très touchée par votre commentaire. En effet, une phrase ou une situation bien choisie en dit plus qu'un long discours. Encore faut-il trouver la bonne formulation et cela ce n'est pas facile... Il m'est à plusieurs reprises arrivé d'avoir en tête une idée qui me semblait importante mais, rien à faire, impossible de trouver les mots pour l'exprimer. Tout ce que je rédigeais était lourdingue, donc j'ai abandonné. L'écriture a ce côté très frustrant. A côté de cela il y a beaucoup de satisfactions, quand on arrive enfin à rédiger quelque chose qui traduit à peu près ce à quoi on pensait. Publier n'est pas dans mes projets (déjà il faudrait que je termine l'histoire et vu ma vitesse d'escargot...), mais j'ai appris à ne pas exprimer de certitudes quant à l'avenir, car généralement rien ne se passe comme prévu 1f642.png J'aime bien écrire ici car je peux écrire ce que je veux, à mon rythme - il n'y a pas de contrainte de production, pas d'objectif imposé, pas de censure (pour l'instant du moins - donc je ne suis pas obligée de faire du 100% consensuel et 100% politiquement correct). Pour moi, le retour des lecteurs est essentiel, que ce soit sous forme de "likes" ou de commentaires. Je serais incapable d'écrire s'il n'y avait absolument aucun retour (0 like, 0 commentaire) - j'aurais l'impression d'écrire dans le vide et la motivation serait difficile à trouver. Je pense souvent à un roman d'Eva Delambre (je ne sais plus lequel - L'éveil de l'Ange, peut-être) dans lequel le Maître donne à la soumise l'ordre de lui écrire quotidiennement, de manière très détaillée, mais lui il ne répondra jamais. J'ai trouvé cela horrible - une sorte de torture psychologique - et pour ma part, je serais incapable d'écrire dans de telles conditions, que ce soit un texte privé ou public. Je me demande si les personnes qui écrivent ici ressentent les choses comme moi, ou si certain(e)s s'en fichent d'avoir un retour ou pas.
J'aime 28/07/24
Temps06
Ah ... on ressent pleins, pleins et ultra-pleins d'émotions quand on écrit. Cela peut suffire pour "combler" un auteur. Mais sûr que les remerciements et la reconnaissance d'autrui est un autre plaisir complètement différent, qui est loin d'être négligeable. C'est un plaisir très très fort... mais uniquement lorsque l'écrit est bien fait.
J'aime 29/07/24 Edité
sylvie35
Je pense que c'est surtout le fait d'avoir un retour qui est important, même s'il est partiellement critique. Bien sûr quand c'est positif c'est beaucoup beaucoup plus agréable et motivant 1f642.png Le pire, de mon point de vue, c'est d'avoir 0 commentaire, 0 like. Bon, évidemment, si on n'a que des retours négatifs, ça démotive aussi... Cela m'est arrivé d'écrire juste pour moi, mais c'était très différent, seulement de courts textes (ça m'aidait à calmer mon anxiété), et j'y mettais beaucoup moins de soin. Le fait d'avoir un ou des lecteurs, ça me met une pression positive: j'essaie de bien rédiger (dans la mesure de mes capacités...), de construire une histoire bien plus complexe que ce que je ferais pour moi, je me demande en permanence si c'est compréhensible, j'essaie autant que possible de ne pas faire de fautes, ..., car je ne me vois pas balancer un texte bâclé sur le site, j'aurais trop honte 1f602.png
J'aime 28/07/24
Azhara
Ohhhhh mais que ça me rassure de vous lire Sylvie35 1f642.png 1f642.png 1f642.png J'aime bien lire votre témoignage sur la difficulté à parfois retranscrire une pensée, un concept. Votre plume est tellement fluide et originale à la lecture que je ne vous imaginais pas du tout être confronté à ce problème. Je vous comprends quand vous parlez du retour des lectures et de cette anecdote d'Eva Delambre. (((Moi, si j'écris un peu, c'est avant tout pour moi et extérioriser, libérer des choses, ça cest ce que je dis^^. Mais je ne pense vraiment pas que je continuerai si je n'avais aucun retour honnêtement. Et d'ailleurs si j'écrivais uniquement pour moi, je pourrais très bien laissé mes écrits sur un de mes carnets, comme tous les gribouillis jamais achevés ou les écrits vraiment tout pourris, ou trop personnels que je préfère garder seulement pour moi du coup.))) Je vous imagine bien publier un jour... mais je comprends que vous ne vouliez pas prévoir.
J'aime 18/11/24 Edité
Idaelle
Je commence à entrer dans ton univers, il va m'être difficile je crois d'en sortir facilement.
J'aime 18/11/24
sylvie35
Merci beaucoup Idaelle pour ce touchant commentaire. Cela m'encourage à continuer 🙂
J'aime 18/11/24
Idaelle
😉
J'aime 18/11/24