Méridienne d'un soir
par le 17/07/20
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Rien alors ne s'est passé comme je l'avais imaginé. J'ai emporté mon petit fennec jusqu'à son lit. Elle avait refermé
ses bras autour de mes épaules et niché son museau au creux de mon cou. Je la sentais vibrer, si légère au creux
de mon cou. Je la sentais vibrer, si légère entre mes bras. Mais tout cela ressemblait tellement au cliché d'un film
romantique que cela ne pouvait pas durer. Elle m'a regardé me déshabiller sans quitter la position dans laquelle je
l'avais déposée sur le lit. Ses yeux allaient et venaient le long de mon corps, des yeux d'une étonnante gravité. Je
devinais confusément que ce nous apprêtions à faire ensemble ne revêtait pas la même importance pour elle que
pour moi. Si je me préparais au combat le cœur léger, impatient de donner le premier assaut, elle ressemblait, elle,
à ces chevaliers en prière la veille d'une grande bataille. Ce n'était pas de la peur, mais du recueillement, comme
si, en m'ouvrant ses draps, elle se préparait à un exploit. Je me suis allongé à ses côtés. Enfin, j'abordais cet astre
que je guettais depuis tant de semaines. Malgré la hâte que tu devines, j'ai entamé l'exploration en m'efforçant de
juguler mon impatience. Mes doigts sont partis en éclaireurs. Peu pressés, ils ont pris le temps de s'arrêter mille fois
en chemin, de souligner le galbe d'un mollet, d'apprécier la douceur de la peau dans le creux du genou, d'aller et de
venir le long des cuisses, n'en finissant plus de découvrir un tendre territoire que mes lèvres marquaient au fur et à
mesure. Ils sont montés plus haut, effleurant le ventre, s'attardant sur les hanches, glissant jusqu'à la base des seins.
Ma bouche a atterri sur l'un d'entre eux, lentement. Ma langue s'est enroulée autour de la pointe tendue vers le ciel,
sentinelle assaillie, déjà vaincue, mais qui se dressait vaillamment sous l'assaut. C'était chaud. C'était ferme. Cela
avait le goût du caramel. Dans mon oreille montait le souffle de ma belle inconnue, pareil au flux et au reflux puissants
d'un océan tout proche. Il s'est amplifié encore lorsque mon nez a suivi la trace du parfum entre les seins, sur l'arrondi
de l'épaule et jusqu'à la base du cou, juste sous l'oreille, là où sa fragrance était la plus enivrante. Et puis le nez, les
lèvres, la langue, les doigts ont fait demi-tour. Il y avait encore ce territoire vierge qu'ils n'avaient fait qu'effleurer et qui
les appelait comme une flamme attire les papillons de nuit. Mes doigts ont cherché un passage à travers la muraille de
dentelle que mon nez, comme un bélier, tentait de défoncer, auxquelles mes lèvres s'accrochaient comme des échelles
d'assaut. J'ai lancé des attaques de harcèlement. Mes doigts glissaient sous les élastiques, filaient jusqu'aux hanches,
redégringolaient. De l'autre coté du rempart, cela vibrait comme vibre une ville assiégée. Et je voulais faire durer le
siège indéfiniment. Je voulais que là, derrière, tout soit tellement rongé de faim à cause de moi que l'on ait faim de ma
victoire. Je voulais que tout bouillonne de soif là-dedans, que tout me supplie, que tout m'implore. Je voulais que l'on
dépose les armes sans conditions, que l'on accueille l'entrée de ma horde avec des hurlements de joie.
Et alors, brusquement, elle s'est refermée. À l'instant même où je posais les doigts sur un sexe nu de fille, ses jambes
se sont serrées. Ses mains se sont crispées sur sa poitrine. Sa peau est devenue aussi dure qu'un marbre. Elle a roulé
sur le coté et s'est recroquevillée en chien de fusil. La réaction normale aurait sans doute été de l'enlacer, de lui parler
gentiment et, peut-être, de la réconforter mais je n'ai pas eu la patience. Chauffé à blanc comme je l'étais, j'ai eu un tout
autre réflexe. C'était la colère et non la compassion qui me submergeait. J'avais battu la semelle pendant deux heures
sur son palier, elle s'était déshabillée au risque d'être surprise, elle m'avait entraîné jusqu'au lit et j'avais mené toute cette
bataille pour en arriver à cela ? Je l'ai brutalement retournée sur le ventre. Elle a poussé un petit cri de douleur lorsque,
du genou, je lui ai ouvert les cuisses en lui maintenant les poignets dans le dos. Sa culotte me gênait. Je cherchais à la
dégager tout en maintenant la pression. Pendant qu'elle gigotait en dessous de moi, je m'acharnais. Je ne me rendais
plus compte de ce que je faisais. J'étais pourtant bien en train de la violer. Mais qu'est-ce que j'avais dans la tête ?
Fuir ses cris de haine, l'abandonner à ses larmes, supporter ensuite son regard plein de reproches quand nous nous
croiserions dans l'escalier ? Je n'avais rien dans la tête. Peut-on d'ailleurs avoir quoi que ce soit dans la tête dans un
moment pareil ? On a la cervelle tout entière dans le gland. On pense au cul, c'est tout ! J'étais excité. Je bandais. Je
voulais achever mon travail. J'avais cette fille à baiser et je le ferais envers et contre tout. Je me suis abattu sur elle
d'une seule poussée. Et moi qui attendais d'elle une résistance farouche, quelle ne fut pas ma surprise de constater
qu'alors elle s'offrait à nouveau. Coincée en dessous d'un homme qui lui tordait les bras, voilà qu'elle creusait les reins
pour lui faciliter le passage ! Et la pénétrant, ce fut comme si je plantais dans la lave en fusion d'un volcan. La ville que
j'avais assiégée brûlait. Y comprendras-tu quelque chose ? Car à l'instant où, la sentant offerte, je lui ai lâché les mains,
elle s'est à nouveau refermée en poussant des cris de dépit. À nouveau, il a fallu que je l'immobilise pour qu'elle s'ouvre
à mes assauts. Je n'y comprenais rien. Voulait-elle vraiment échapper au viol ou était-ce une sorte de jeu auquel elle se
livrait ? Je lui écrasais les poignets sur les reins à lui faire mal et elle semblait autant jouir de cette situation que de mon
membre qui allait et venait au fond de son ventre. Je ne lui ai posé aucune question ensuite.
Lorsque je l'ai quittée, elle semblait encore hésiter entre le bonheur et les regrets.
Bonne lecture à toutes et à tous.
Méridienne d'un soir.
Thèmes: littérature
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Gênant et gêné. Mais bien écrit.
J'aime 18/07/20