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Oliveira glissait entre les mains de Malko comme une anguille qui se serait égarée dans un aquarium de Miss Dior...
Le lourd vin chilien avait déchaîné chez elle une folie érotique communicative. Mais pour une raison incompréhensible, elle se refusait à lui, se contentant de caresses sophistiquées, allant de la fellation passionnée à l'usage extrêmement spécial de ses cils.
Tout-à-coup, elle l'abandonna, allongé sur la moquette, pour farfouiller dans le tiroir de sa table de nuit.
Il devinait son corps bronzé dans la pénombre avec les marques blanches des fesses rondes. Il n'y avait pas encore de bronzage intégral au Chili.
Elle se retourna, revint vers lui, l'embrassa, en appui sur les mains. Puis sa bouche glissa le long de sa poitrine, il sentit de nouveau la caresse délicate et habile de sa langue, vite remplacée par ses doigts souples.
Occupés à une étrange besogne...
Il se redressa sur les coudes, intrigué.
Qu'est-ce que tu fais ?
Laisse-toi faire !
Il la sentit glisser quelque chose autour de son sexe. Comme un anneau de caoutchouc qui le serrait sans lui faire mal. Les ongles courts d'Oliveira le firent glisser à mi-hauteur de son organe. Puis, elle s'allongea sur lui doucement, de tout son corps. Ondulant doucement laissant glisser les jambes de chaque côté des siennes, se cambrant comme une chatte en chasse.
Viens, maintenant, murmura-t-elle.
Ils roulèrent sur la moquette. Il la renversa sous lui, s'enfonça avidement en elle.
Elle se cabra.
Doucement. Doucement.
Il obéit, demanda, bouche contre bouche :
Qu'est-ce que tu m'as mis ?
Après, haleta-t-elle, je te dirai...
Il commença à bouger avec plus de douceur. Se contrôlant comme il sied à un gentleman, même en rut.
Les reins d'Oliveira se creusèrent sous lui.
Loin : réclama-t-elle d'un ton soudain impérieux.
Son injonction déchaîna Malko : sa partenaire poussa soudain un râle rauque, inattendu. Elle qui n'avait jamais desserré les lèvres. Lorsqu'il se retira, croyant l'avoir meurtrie et qu'il revint ensuite, n'en pouvant plus, son râle se transforma en cri rauque de chatte couverte. Malko sentit ses jambes se raidir et se refermer autour de lui. Elle en tremblait. Il accéléra le rythme, lui arrachant un vrai rugissement. Puis, elle se mit à râler sans discontinuer. Ses doigts aux ongles courts ancrés dans ses épaules, les jambes nouées dans son dos, comme une tenaille, pliées en accordéon.
Doucement, doucement, supplia-t-elle.
Il sentit le tremblement venir du fond de son bassin, à l'accélération de ses mouvements. Il allait et venait toujours aussi lentement, faisant appel à toute sa volonté pour se contrôler et le râle ininterrompu le fouettait comme un aphrodisiaque extraordinaire. Oliveira lui griffait le dos comme si elle avait voulu le peler comme une orange.
La tornade qui surgit de ses reins lui fit oublier toutes les recommandations de prudence d'Oliveira. Il la martela avec férocité, ne pensant soudain plus qu'à son plaisir à lui. L'effet fut extraordinaire.
Le cri d'Oliveira se cassa, elle demeura la bouche ouverte, laissant Malko apercevoir son gosier, tétanisée, tremblante, tendue an arc sous lui, soulevant ses 80 kilos à la seule force de son orgasme. Puis le cri reprit quand ses poumons se remplirent d'air à nouveau, si fort qu'il fit peur à Malko. Il allait sûrement jusqu'à Providencia. De quoi faire rêver toutes les lolas et leurs pololos...
Malko retomba, foudroyé, mais Oliveira continua à gémir, à hoqueter, se trémoussant sous lui comme si un membre invisible continuait à la labourer. Malko, en nage, haletant, ne pensait même plus à l'étrange anneau qu'Oliveira avait glissé autour de lui. La jeune femme se calma enfin, l'écarta avec un sourire repu. Sa main descendit et ôta l'anneau mystérieux. La lumière de la lampe de chevet éclairait les cernes bistres sous les yeux, la bouche gonflée, les étranges pupilles cobalt dilatées, pleines d'une joie animale.
Elle montra à Malko, dans le creux de sa main droite, un bout de ficelle rond d'où partait des aspérités circulaires.
Tu sais ce que c'est ?
C'était la machine infernale qui avait déclenché ce super-orgasme.
Non, dit Malko.
C'est un guesquel. Cela vient de Bolivie ? Les aimaras le fabriquent avec une paupière de lama à laquelle on a laissé ses cils. Lorsque tu fais l'amour, ceux-ci se raidissent. J'ai l'impression d'avoir une pelote d'épingles qui tenterait frénétiquement de s'échapper de moi. C'est tellement fort, c'en est presque insupportable. Seulement, il ne faut pas y aller trop vite parce que je pourrais mourir ou peut-être devenir folle, ne plus penser qu'à cela...
Malko contempla le guesquel. Rêveur. Décidément la civilisation inca était encore plus avancée qu'on ne le croit...
Qui te l'a donné ?
Le premier garçon avec qui j'ai fait l'amour après mon divorce. Parce que je n'arrivais pas à jouir ? Un Bolivien beau comme un dieu. Il est retourné là-bas, mais il m'a dit que je n'oublierai jamais, que je penserai à lui chaque fois que je ferais l'amour avec le guesquel... Que sans lui, cela me paraîtrait fade...
C'est vrai ?
C'est vrai, fit-elle gravement. C'est comme une drogue. Les « machos » d'ici me tueraient s'ils savaient que je pense à un autre homme en faisant l'amour avec eux...
Elle l'embrassa. Sa bouche sentait le tabac, l'alcool et le sperme. Puis elle alla mettre un disque de flûte indienne et ils restèrent longtemps étendus à même le sol. Malko était si fatigué qu'il s'assoupit. Il se réveilla en sursaut, rêvant qu'un condor boutait ses parties nobles.
Ce n'était que le dents aiguës d'Oliveira. Il baissa les yeux et s'aperçut qu'elle lui avait remis le guesquel.
Insatiable.
Oliveira abandonna son activité et vint enfourcher Malko, une lueur amusée dans les yeux.
Je ne l'ai jamais fait comme ça, dit-elle. Tu feras attention.
Elle s'empala doucement sur lui, se mordant les lèvres pour ne pas crier, resta quelques secondes immobiles, reprenant son souffle. Puis elle commença son va-et-vient. Les yeux fermés, les doigts crispés sur le ventre de Malko, comme pour le repousser. L'infernal instrument râpait sa chair intime comme une petite bête hostile et complice à la fois. En dépit de la douleur, elle accéléra le rythme, commença à feuler. Très vite, elle eut un orgasme, puis un second, puis continua sans s'arrêter, dodelinant de la tête, les ongles crispés sur Malko.
Oliveira prit son plaisir avec un hurlement sauvage et retomba contre lui, son visage inondé de sueur collé à la poitrine de Malko.
(SAS, l'ordre règne à Santiago - Gérard de Villiers, 1975)
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Un petit complément d'information ethno-historique sur cet objet, qui en donne une description quelque peu différente de celle de Gérard de Villiers :
Utilisé par les indiens de Patagonie, le guesquel est un instrument sexuel traditionnel qu'a décrit l'écrivain et voyageur Blaise Cendrars au début du 20e siècle :
"Le guesquel est cet instrument dont les Indiens patagons se servent pour faire jouir leurs femmes.
Il se compose d'une petite couronne de touffes de crins de mulet, soigneusement montée sur une mince ficelle tricolore. L'homme s'attache cette ficelle derrière le gland, et durant le coït introduit l'instrument, les brosses en avant, dans le vagin de la femme. Ces crins sont raides et longs d'un bon doigt, leur effet est si violent que la femme hurle, pleure, grince des dents, mord, éclate de rire, sanglote, s'agite, écume, bave, fait des soubresauts, se tortille ; l'orgasme est si puissant, qu'après la détumescence, la femme reste épuisée, râlante, rassasiée, satisfaite, comblée, étourdie de bonheur, bête à pleurer, n'en pouvant plus. On prétend qu'une fois qu'elles y ont goûté, les Indiennes ne peuvent plus s'en passer, même dans le mariage, et qu'un bon guesquel vaut de trois à six chevaux, selon le travail, le soin avec lequel il a été monté, l'abondance des brosses, la qualité des crins et les dessins, bleus, blancs, rouges, de la ficelle, certains se terminent par des petits paquets de coquillages qui tintinabulent entre les testicules, durant le coït, ce qui, dit-on, stimule l'homme. Les plus recherchés sont ceux fabriqués avec les crins d'une mule blanche parce qu'on leur attribue de grandes vertus prophylactiques.
Les Patagons font grand mystère de cet instrument et il est interdit aux femmes d'en prononcer le nom sous peine d'être répudiées, voire même chassées de leur tribu."
(source : http://cap-horniers.pagesperso-orange.fr/textes/gesquel.html)
Et, une photo valant parfois mieux que mille mots, l'objet en question :
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et le même objet en situation !
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