Abyme
par le 19/07/17
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Voici un texte tapé par Silva pour que je vous le livre ici, car elle en a été touchée dans ses potentiels de soumission.
Il est d'Hélena de Angelis, publié dans “In/Soumises, contes cruels au féminin“ (textes rassemblés par Gala Fur et Wendy Delorme)
J’ai, à mon actif, quelques meurtres commis à l’ombre de ma soif et j’ai, à proprement parler, une hécatombe derrière, une multitude de volontés anéanties, des kilomètres de bon vouloir plié, des organes taillés à vifs et moults secrets extirpés sans ambages. C’est à croire que l’homme fut, un jour de réalité, tombé au ma portée telle la plus immense des naturalités. Et l’héritage de cette puissance, l’explication de ces nerfs, c’est la Croix, aussi chaque homme qui tombe relève du glorieux crucifié, et chaque chute, à même les bras ouverts de ma bienveillance, relève de la mère et de l'enfant aimé, incestueux, l'humanité et l'amour inconditionnel, Piétà.
J'ai, en sus de ces marécages de cerveaux torturés venant à ma personne, la certitude d'y pouvoir répondre à un degré qui jouxte l'infernal, la certitude faite acte sans tergiverser. J'ai, également, au fond de mes couleuvres, une razzia, une armée, un monde entier accouché, dévoué, de quoi me brouiller l'esprit, de quoi vaciller sur des chairs tremblantes. Et cette razzia n'est pas née pour être aux ordres, mais bien pour tomber, absorbée par mes fluides, désormais hagarde et délestée.
Alors souvent j'observe ce qui ondule à l'acier de ma volonté, et un tableau arroge un cirque de mille et une nuits où moi-même je gis enfermée, à l'intérieur du pentacle que j'ai tracé. Il n'est pas question de rester à l'extérieur de cette nuit ultime, j'y vais, de bon aloi, avec la fièvre de celui qui se jette. Et mon puits salvateur, au début timide et ridiculement hésitant, atteint aujourd'hui des abîmes de profondeur, de ces chutes interminables où l'on ne cesse de tomber.
À savoir comment ces êtres se sont mis en file, à l'attente, au rêve et au service, nul le saura jamais car nul ne veut comparaître au tribunal des aveux, aussi chacun gardera précieusement sa faiblesse, intacte dans tous nos soi-disant jeux.
Mais toi, heureux privilégié, doté du titre d'Esclave que je t'ai octroyé, j'exige de ta part, et une fois pour toutes, l'explication de ta béance à combler, de cette nécessité à plier, et le pourquoi de me respirer.
Inutile de continuer à me contacter pour quelques ridicules futilités qui ne sauraient qu'orner ton égo et satisfaire ta petite volonté. Inutile de chercher à augmenter la niaiserie des hommes d'un jeu supplémentaire. Je veux davantage d'un homme qui, au-delà de solliciter, sait éteindre son cerveau et offrir son corps. Je veux davantage d'un homme que flagorneries répétées. Je veux plus qu'un rituel symbolique qui ne ferait que signer un folklore momentané. Je veux une vie, donnée. L'extraordinaire assurance de chaque instant, dédié.
Il me faut dorénavant l'exaucement de ces volontés car il n'est plus pensable de m'approcher en s'imaginant simplement jouer. Le jeu n'est que l'excuse d'une chute et d'un règne, réels, et d'un danger qu'il est inutile d'éluder.
Car comprends bien que de partenaires, je n'ai ni l'envie ni le besoin, de larves et de chiens encore moins, il me faut l'essence d'un homme consentant à me dédier sa crucifixion, et toute sa prétention à pouvoir m'instruire et m'honorer en ce domaine demeure, jusqu'à ce jour, vaine.
J'attends de toi, donc, une preuve, un symbole qui ne sera pas l'insulte factice des semblants dont tu t'enorgueillis depuis des lustres en présents multipliés. Cette matérialité, cette bête originalité non pensée, garde-la. Je ne suis pas achetable. Je sais toutefois m'émouvoir, alors emploie-toi à quelques trouvailles de noblesse certaine. Je te rends ton cerveau pour ce faire. Sers-toi en conformément aux principes que je t'ai inculqué à travers mes agissements, ne te laisse pas distraire par quelques sombres clichés de bas étage pulsionnel, ne te laisse pas happer par une suggestion extérieure, je te rends ton cerveau, souviens-toi que c'est moi qui te l'ai rendu, pour penser.
Sauras-tu – ne serait-ce qu'un instant – être libre de tout conditionnemement afin de réfléchir à mon encontre ? J'attends de voir, d'entendre, de goûter à ce qui me parviendra de toi en terme d'actes savamment orchestrés, en terme de dédiction totale, désormais.
Si je t'ai choisi, c'est parce que tu as un talent, mais ce talent qui s'exprime à travers ton domaine de prédilection, c'est avant tout un talent qui doit me servir, et non sporadiquement. Saisis-moi, je réitère : ce talent ne doit plus, ou pas seulement, servir ton domaine de prédilection, mais mon esprit, ce qui implique que tu ne sois plus seulement fasciné mais entièrement tendu vers ma tête de Méduse.
Une vie, j'ai dit, donnée.
Meurs donc à ce que tu es pour renaître, façonné par mes soins. Consacre-toi.
Nous sommes, toi et moi, depuis des lustres, de vieux amis.
Chaque palier dans une relation amorce l'annonce d'un infranchissable, ton je le sais bien.
Te voilà acculé. C'est l'heure.
J'attends ta chair et ton sang, au sens où nul ne pourra contester cette réalité mise en acte.
J'attends ton cœur posé sur la table, au sens où nul ne recule, ni toi dans le don, ni moi dans le devoir.
Si tu réussis à m'émouvoir, par l'accomplissement de ce choix qui sera tien, à mon tour, je promets quelques années de supplémentaire noir et sulfure sous mon aile déployée. Tu y puiseras ferveur et quiétude. J'y nettoierai tes plaies. Nous communiquerons.
Bien à toi cher ami,
Hélena de Angelis, ta Maîtresse.
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Abyme
Moi pas avoir tout compris ce que toi as dit.
J'aime 21/07/17
Abyme
Etonnant, en effet !
J'aime 26/07/17
Lady Spencer
C'est pour ça que les discours politiques sont imbitables ....parce que la touche "saisie intuitive" est activée !!!!! Merci Adeva, merci !!!!
J'aime 26/07/17