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Se faire plaisir ... quoi de plus naturel ?
Et pourtant, tout n'est pas si simple ... Je vais tâcher de délier quelques fils conducteurs de la pensée philosophique sur ce sujet si controversé du plaisir et de son supposé opposé : la douleur.
La plupart des morales religieuses ont condamné pendant des siècles le plaisir (pas seulement sexuel), au motif principal que la recherche du plaisir conduit au vice et détourne de la spiritualité et de la quête de Dieu. D'autre part, encore aujourd'hui et au moins dans l’Église catholique, le rôle unique de la sexualité est la procréation, et non le plaisir.
Certains philosophes définissent le plaisir comme l'absence de douleur : le plaisir n'existe que comme état contraire de la douleur, et ces deux sensations sont indissolublement liées comme contraires, à la façon du Bien et du Mal, ou des pôles opposés d'un aimant. C'est ainsi en tout cas que le concevait Platon en son temps. Shopenhauer va même plus loin, en définissant le plaisir comme la simple absence de douleur, ou la cessation de la douleur. Ainsi, pour éprouver le plaisir de posséder quelque chose, faut-il avoir commencé par le désirer, et ce désir préalable est un état de manque douloureux : c'est là tout le principe du capitalisme, d'ailleurs ! L'acte d'achat assouvit le plaisir en faisant cesser la douleur du manque ...
Dans un registre différent, Spencer observe que dans tout le règne animal, la recherche se sensations agréables et l'évitement des situations désagréables est un principe essentiel de survie. Cependant, Spencer le reconnaît, l'utile et l'agréable ne sont pas toujours liés : ainsi un champignon ou une plante d'un aspect ou d'un goût agréable pourra contenir un violent poison conduisant à d'atroces souffrances voire à la mort ! Mais ce peut aussi être le contraire : un médicament au goût amer aura le pouvoir de guérir une maladie grave, ou bien un chemin escarpé pourra conduire au plus beau des paysages !
Les Spartiates, quant à eux, pratiquaient un enseignement obligatoire et une discipline de fer alliée à un sens élevé du devoir et de la soumission à l'intérêt supérieur de la collectivité. Les enfants étaient élevés à la dure, et des concours (combats rituels, flagellation) visaient à sélectionner les plus vigoureux et les plus endurants à la douleur.
Enfin, selon Aristote, le plaisir prend sa source dans la liberté (d'agir et de penser, en variant ses choix au gré de ses humeurs et de ses envies), tandis que la douleur surgit de la privation de ces libertés.
Ainsi donc, douleur et plaisir, un inséparable duo ?...
Les sportifs qui pratiquent des sports extrêmes comme le marathon ou certains sports de combat savent bien que non, et qu'il faut souvent dépasser une phase de douleur intense pour atteindre une plénitude et sensation de bien-être total, qui se compare à l'état de "subconscience" dans le domaine du BDSM, quand les endorphines agissent pour transformer la douleur en bien-être extrême !
Bien sûr, le plaisir ou la douleur doivent se vivre, plutôt que de se théoriser ainsi que je le fais ici. Mais pour ceux que cela intéresse, je reviendrai néanmoins dans une prochaine partie sur les philosophies du plaisir telles que l'hédonisme, et celles d'Epicure, Aristippe, Freud et bien sûr Sade et Sacher-Masoch !
Et pourtant, tout n'est pas si simple ... Je vais tâcher de délier quelques fils conducteurs de la pensée philosophique sur ce sujet si controversé du plaisir et de son supposé opposé : la douleur.
La plupart des morales religieuses ont condamné pendant des siècles le plaisir (pas seulement sexuel), au motif principal que la recherche du plaisir conduit au vice et détourne de la spiritualité et de la quête de Dieu. D'autre part, encore aujourd'hui et au moins dans l’Église catholique, le rôle unique de la sexualité est la procréation, et non le plaisir.
Certains philosophes définissent le plaisir comme l'absence de douleur : le plaisir n'existe que comme état contraire de la douleur, et ces deux sensations sont indissolublement liées comme contraires, à la façon du Bien et du Mal, ou des pôles opposés d'un aimant. C'est ainsi en tout cas que le concevait Platon en son temps. Shopenhauer va même plus loin, en définissant le plaisir comme la simple absence de douleur, ou la cessation de la douleur. Ainsi, pour éprouver le plaisir de posséder quelque chose, faut-il avoir commencé par le désirer, et ce désir préalable est un état de manque douloureux : c'est là tout le principe du capitalisme, d'ailleurs ! L'acte d'achat assouvit le plaisir en faisant cesser la douleur du manque ...
Dans un registre différent, Spencer observe que dans tout le règne animal, la recherche se sensations agréables et l'évitement des situations désagréables est un principe essentiel de survie. Cependant, Spencer le reconnaît, l'utile et l'agréable ne sont pas toujours liés : ainsi un champignon ou une plante d'un aspect ou d'un goût agréable pourra contenir un violent poison conduisant à d'atroces souffrances voire à la mort ! Mais ce peut aussi être le contraire : un médicament au goût amer aura le pouvoir de guérir une maladie grave, ou bien un chemin escarpé pourra conduire au plus beau des paysages !
Les Spartiates, quant à eux, pratiquaient un enseignement obligatoire et une discipline de fer alliée à un sens élevé du devoir et de la soumission à l'intérêt supérieur de la collectivité. Les enfants étaient élevés à la dure, et des concours (combats rituels, flagellation) visaient à sélectionner les plus vigoureux et les plus endurants à la douleur.
Enfin, selon Aristote, le plaisir prend sa source dans la liberté (d'agir et de penser, en variant ses choix au gré de ses humeurs et de ses envies), tandis que la douleur surgit de la privation de ces libertés.
Ainsi donc, douleur et plaisir, un inséparable duo ?...
Les sportifs qui pratiquent des sports extrêmes comme le marathon ou certains sports de combat savent bien que non, et qu'il faut souvent dépasser une phase de douleur intense pour atteindre une plénitude et sensation de bien-être total, qui se compare à l'état de "subconscience" dans le domaine du BDSM, quand les endorphines agissent pour transformer la douleur en bien-être extrême !
Bien sûr, le plaisir ou la douleur doivent se vivre, plutôt que de se théoriser ainsi que je le fais ici. Mais pour ceux que cela intéresse, je reviendrai néanmoins dans une prochaine partie sur les philosophies du plaisir telles que l'hédonisme, et celles d'Epicure, Aristippe, Freud et bien sûr Sade et Sacher-Masoch !
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@Miss Mandala<br />Je n'ai pas dit que je partageais tout ce qui est dit ici, je ne fais que transmettre, sous une forme très résumé et très succincte, des éléments de philosophie et de culture élaborés et discutés pendant des siècles par de brillants esprits auxquels je ne prétend pas me comparer ! <br /><br />Mais j'espère juste susciter un peu le débat, et éclairer le chemin et les voies cérébrales du plaisir !<br /><br />Et je suis naturellement d'accord à 200% avec vous quand vous dites que "la douleur est l amplificateur d une autre jouissance", mais ce n'est que dans la partie 4 de cette petite série que je parlerai de cela ! sourire<br /><br />Je ne prétend pas non plus à l'exhaustivité sur ce riche sujet (il faudrait écrire plusieurs tomes de centaines de pages chacun pour cela), mais juste donner un éclairage qui peut donner envie de creuser ou d'approfondir tel ou tel aspect de la question... ou de participer ou d'organiser un munch tel que celui proposé par Leo_13008 pour en discuter de vive voix !
@paprika<br />L'ennui et le manque de d'envie et de désir caractérisent à mes yeux surtout la dépression... Mais en effet, je vous rejoins sur le fait qu'il existe un état intermédiaire entre douleur et plaisir, qui est sans doute d'ailleurs l'état le plus courant dans lequel nous nous trouvons... Michel Serre faisait remarquer à ce sujet que 99,99% de la population mondiale vit 99,99% du temps dans un état de "bonheur" (c'est-à-dire sans conflit ou problème grave touchant à leur sécurité vitale), mais que les media nous donnent l'impression contraire d'un monde en insécurité chronique où les attentats, les accidents et les catastrophes sont la norme !...<br /><br />Quant aux situationnistes, je n'avais pas envisagé de les mentionner dans ma petite synthèse, car il s'agit avant tout, me semble-t-il, d'une philosophie politique et artistique, plus que d'une philosophie du plaisir, mais en effet, le célèbre "Ne travaillez jamais" de Guy Debord peut contribuer au plaisir de vivre en refusant l'aliénation de la rentabilité ! Leur réflexion a d'ailleurs fortement contribué à l'émergence de mouvements libertaires qui ont ont permis la révolution des mœurs de mai 68... qui a révolutionné entre autres la relation au plaisir dans notre société !<br /><br />Est-ce bien cela que vous avez voulu exprimer ? Merci pour votre contribution en tout cas, car je ne prétend ni être exhaustif, ni maîtriser le sujet dans toute sa richesse et sa diversité !
@Leo_13008<br />Merci pour ces éclairages religieux, avec lesquels je ne suis effectivement que peu familier... (étant agnostique et quelque peu anti-clérical ! sourire...)<br /><br />Sur le "fuck BDSM", je suis bien d'accord ! Mais j'essaierai néanmoins d'en parler quand j'aborderai la question sous l'angle psychanalytique... (partie 4/5)<br /><br />Et j'ai rajouté à la réflexion à ce que j'avais prévu initialement une partie 5 sur les différences hommes/femmes vis-à-vis de l'appréhension et la recherche du plaisir...<br /><br />Mais il est évident qu'on pourrait faire 50 chapitres sans épuiser le sujet ! Toute contribution et éclairage est donc la bienvenue !
@Leo_13008<br />Ce serait vraiment dommage de ne pas faire ce café philo, il y a visiblement matière à discussion !<br /><br />Au pire, on pourra envisager de le faire à domicile, chez un membre intéressé, pour éviter les problèmes et les coûts éventuels de réservation et d'organisation...
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22/08/16
@paprika<br />En effet, le Tao et le Nirvâna, de même que Zarathoustra sur sa montagne, sont des états de conscience élevés où le désir n'a plus sa place...<br /><br />Pour ma part, je ne suis pas sûr de souhaiter parvenir à ces niveaux là, car le désir m'habite, et jusyement, j'y prend plaisir !<br /><br />Mais je comprends bien ce que vous voulez dire par l'art de vivre situationniste, qui refuse toute contrainte et tout pouvoir et tout dogme, et rejoint de ce fait votre sujet proposé l'autre jour sur le mur gé sur l'autorité anti-autoritaire (avant que nous ne le pourrissions par nos gamineries ! sourire)
Je m'enrichie à vous lire Monsieur, et je ne résiste pas à vous offrir une citation Paul du Breuil, historien de la philosophie zoroastrienne, parlant, entre autre, d'Aristote, mais plus de la position des femmes que du plaisir proprement dit :
« les femmes perses jouissaient d’une liberté unique dans l’Antiquité grâce à la reforme de Zarathoustra avant qui la femme arya était une véritable esclave, comme pour Aristote chez qui la femme relève d’un statut proche de l’esclavage »
Votre cœur penche-t-il plus pour Aristote ou pour Zarathoustra sur ce point précis de la liberté des femmes ?
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06/08/17
@Hamadryade
Vous l'aurez deviné au choix de mon pseudo, je suis un fervent partisan de la liberté des femmes (ce qui ne m'empêche d'apprécier les mettre en cage ou les encorder à l'occasion ! sourire...)