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Ma vieille veste kaki du surplus sur le dos j'arpente de sinistres rues de la proche banlieue. Le cœur à l'abandon, direction un petit appartement loué grâce à une connaissance et qui me coute la modique somme de la moitié de mon salaire.
L'endroit est sinistre, la peinture « rose seventies » défraichie s'écaille sur les murs, les fenêtres sales de nicotine laissent passer l'air étouffant de la ville. 15 mètres carré de misère, un lit à moitié défoncé, une vielle plaque de gaz, un frigo qui aurait dû prendre sa retraite il y a déjà longtemps. Une table en formica et un canapé, le strict minimum. Un peu de vaisselle dépareillées dans les placards poussiéreux, un miroir fêlé dans la salle de bain reflète un personnage que je ne reconnais plus. Je vais pouvoir engager mon voyage, sans artifice, sans distractions. Je vais partir à ma recherche, essayer de me retrouver dans ce miroir. Un vent glacé sur mon sourire, les yeux nécrosés, "le vide a des lueurs d'espoirs" mais je ne vois qu'un étranger dans la glace.
Peut -être vais-je me remettre à l'écriture?
Le temps passe lentement quand on le regarde bien en face. Sans télé, sans radio et sans autre ouverture sur le monde que mon boulot. Payé au lance pierre pour des efforts de titans, là où il me porte. Tantôt au bureau, tantôt à l’autre bout de la planète, jamais au même endroit, et pourtant il trouve toujours moyen de me faire revenir… Trouver le moyen de remplir 2 passeports et finir par se retrouver assis sur le même chiotte dégueulasse. La vie n'est pas souvent drôle...
Le reste du temps j'écris des poèmes que je balancerais aussitôt à la corbeille… si j’en avais une, du coup ils finissent souvent par la fenêtre ou se consument dans le cendrier. Je regarde la ville qui s'agite par la fenêtre en buvant un verre. Plus précisément en buvant plusieurs verres. Beaucoup trop de verres. Je ne compte plus le nombre de fois où je me suis réveillé à même le plancher, le corps endolori, baignant dans ma sueur… voire pire, le « Jack » renversé, l'esprit embrumé. L'alcool a une emprise diabolique sur la solitude. C'est un allié facile.
Je ne me rase plus, je prends ma douche que lorsque c'est vraiment nécessaire. Je suis devenu irritable, fatigué. La chose qui me fait tenir c'est le boulot. Même dans cet état de loque, j’y suis doué… Et les clients me réclament, pour mon savoir-faire évidemment, t’as vu ma gueule ?… Et parce qu'avec les efforts que je fournis je peux m'acheter à boire. Cela me suffit, de toute façon je ne mange presque plus. De temps en temps une boite de cassoulet, de raviolis mais comme je les finis jamais. .. Et puis il faut mettre les ordures à la poubelle, quand la poubelle est pleine il faut la descendre et rien qu'à cette perspective je suis épuisé. Le soir venu je fume clope sur clope en trainant dans la rue. On m'évite, on fuit mon regard, on change de trottoir. Je ne pensais pas qu’un modèle réduit d’1 m 72 puisse faire peur à ce point… ou pitié peut être… Même les clodos n'osent pas m'accoster. Je me complais dans cette vie de miséreux. Je ne me plains pas pour autant, mon sens des réalités n'est plus le même qu'avant, c'est tout. Je n'ai même pas vu passer Noël; peu importe j'ai pas de cadeaux à offrir et je ne crois plus au père Noël depuis longtemps. Le soir je ne prends plus la peine de me déshabiller pour me coucher...J'ai plus d'envie, plus de désir, plus de plaisir. Plus rien…
Mai 2006... 10 ans déjà ! C'est fou comme l'on peut changer en 10 ans. Mais comme parfois "ceci explique celà"...
Pourquoi mettre ce texte ici? Quel rapport?
Parce je crois que cette époque là, a énormément fait de moi ce que je suis aujourd'hui.
Et parce que je me rend compte que finalement, pas mal de personnes ici, ont souvent du toucher le fond, tout comme moi, pour se relever plus fortes.
L'endroit est sinistre, la peinture « rose seventies » défraichie s'écaille sur les murs, les fenêtres sales de nicotine laissent passer l'air étouffant de la ville. 15 mètres carré de misère, un lit à moitié défoncé, une vielle plaque de gaz, un frigo qui aurait dû prendre sa retraite il y a déjà longtemps. Une table en formica et un canapé, le strict minimum. Un peu de vaisselle dépareillées dans les placards poussiéreux, un miroir fêlé dans la salle de bain reflète un personnage que je ne reconnais plus. Je vais pouvoir engager mon voyage, sans artifice, sans distractions. Je vais partir à ma recherche, essayer de me retrouver dans ce miroir. Un vent glacé sur mon sourire, les yeux nécrosés, "le vide a des lueurs d'espoirs" mais je ne vois qu'un étranger dans la glace.
Peut -être vais-je me remettre à l'écriture?
Le temps passe lentement quand on le regarde bien en face. Sans télé, sans radio et sans autre ouverture sur le monde que mon boulot. Payé au lance pierre pour des efforts de titans, là où il me porte. Tantôt au bureau, tantôt à l’autre bout de la planète, jamais au même endroit, et pourtant il trouve toujours moyen de me faire revenir… Trouver le moyen de remplir 2 passeports et finir par se retrouver assis sur le même chiotte dégueulasse. La vie n'est pas souvent drôle...
Le reste du temps j'écris des poèmes que je balancerais aussitôt à la corbeille… si j’en avais une, du coup ils finissent souvent par la fenêtre ou se consument dans le cendrier. Je regarde la ville qui s'agite par la fenêtre en buvant un verre. Plus précisément en buvant plusieurs verres. Beaucoup trop de verres. Je ne compte plus le nombre de fois où je me suis réveillé à même le plancher, le corps endolori, baignant dans ma sueur… voire pire, le « Jack » renversé, l'esprit embrumé. L'alcool a une emprise diabolique sur la solitude. C'est un allié facile.
Je ne me rase plus, je prends ma douche que lorsque c'est vraiment nécessaire. Je suis devenu irritable, fatigué. La chose qui me fait tenir c'est le boulot. Même dans cet état de loque, j’y suis doué… Et les clients me réclament, pour mon savoir-faire évidemment, t’as vu ma gueule ?… Et parce qu'avec les efforts que je fournis je peux m'acheter à boire. Cela me suffit, de toute façon je ne mange presque plus. De temps en temps une boite de cassoulet, de raviolis mais comme je les finis jamais. .. Et puis il faut mettre les ordures à la poubelle, quand la poubelle est pleine il faut la descendre et rien qu'à cette perspective je suis épuisé. Le soir venu je fume clope sur clope en trainant dans la rue. On m'évite, on fuit mon regard, on change de trottoir. Je ne pensais pas qu’un modèle réduit d’1 m 72 puisse faire peur à ce point… ou pitié peut être… Même les clodos n'osent pas m'accoster. Je me complais dans cette vie de miséreux. Je ne me plains pas pour autant, mon sens des réalités n'est plus le même qu'avant, c'est tout. Je n'ai même pas vu passer Noël; peu importe j'ai pas de cadeaux à offrir et je ne crois plus au père Noël depuis longtemps. Le soir je ne prends plus la peine de me déshabiller pour me coucher...J'ai plus d'envie, plus de désir, plus de plaisir. Plus rien…
Mai 2006... 10 ans déjà ! C'est fou comme l'on peut changer en 10 ans. Mais comme parfois "ceci explique celà"...
Pourquoi mettre ce texte ici? Quel rapport?
Parce je crois que cette époque là, a énormément fait de moi ce que je suis aujourd'hui.
Et parce que je me rend compte que finalement, pas mal de personnes ici, ont souvent du toucher le fond, tout comme moi, pour se relever plus fortes.
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Merci pour ce touchant partage, ce que je vais te dire tu l'as deja entendu, mais il bon de le rappeler, si ce n'est pour donner une raison de se battre et d’espérer à d'autre..."sur le chemin de la vie, bien souvent on s'y perd, mais suffit d'une personne pour retrouver son chemin...une seule..."<br />tu as eu la chance de remonter, et visiblement, c'etait pas gagné vu la descente, c'est une force magnifique que bien des personnes on du mal a avoir, et là ou beaucoup se regarde dans la glace en se niant, tu as su t'affronter... soit en fier, tu as eu cette force de regarder jack dans le cul de la bouteille et de lui exploser..(^^)<br />Merci a Toi, d'être Toi
C'est pas souvent que je sais pas quoi dire...<br />Touchée, émue, bouleversée... Surement parce que je sais ce qu'est cet enfer.<br />Ravie, joyeuse, enjouée... Que vous en soyez sortit.<br />Un courage extraordinaire, ne le perdez jamais, vous ne le retrouveriez sans doute pas.<br /><br />Cette réponse que je vous fais ne me convient pas, ça fait 17 fois que je la refais, en vain, c'est dire que "bouleversée" est un euphémisme... Je la laisse telle quelle, alea jacta est.
Merci à vous 2. <br />Je regarde plus celà aujourd'hui comme un simple spectateur a vrai dire, me disant parfois que je regarde un film sur le passé d'un autre.... Tant ça me parait loin. <br />Et pourtant, sans ça... Je ne serais surement pas le même aujourd'hui.
Ce qui me ferait presque sourire moi, à postériori, c'est que ce texte, livré, comme je l'ai retrouvé, me montre dans quel état j'étais... je parle de Noel au mois de mai... j'écoutais Thiéfaine (L'étranger dans la glace) ...<br />Et pourtant, j'y ai pas trouvé tant de fautes d'orthographe ^^<br />Comme quoi, tout n'as pas changé ^^