Brannec
par le 30/03/25
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Le silence avait épaissi la nuit.
Tout était resté suspendu dans la chambre close :
la colère, l’orgueil, les gestes non faits.
Elle n’avait pas claqué la porte.
Elle s’était simplement retirée.
Ailleurs.

Et lui…
n’avait pas dormi.

Il avait tourné dans le noir,
longtemps,
puis s’était levé.
Nu, calme,
le corps encore tendu de ce qu’il aurait voulu qu’elle fasse.

Il a allumé la lumière de la cuisine sans bruit.
Ses mains ont préparé ce qu’elle aimait :
du pain chaud, un fruit coupé,
le café noir dans la tasse blanche.
Chaque geste était une offrande.

Puis il a porté le plateau jusqu’à la porte.
Et là, il s’est mis à genoux.
Lentement.
Un genou, puis l’autre.

Il a entrouvert la porte sans un bruit.
Elle n’était pas verrouillée.
La lumière filtrait à peine.

Elle était allongée, de dos.
Silencieuse.
Présente.
Absente.

Il a posé le plateau sur la table de nuit.
Tout doucement.
Et puis…
il s’est installé à genoux, au pied du lit.

Il n’a pas parlé.
Il n’a pas bougé.
Tête baissée.
Respiration lente.

Il attendait :
sa main qui le giflerait doucement,
des gestes qui le puniraient violemment,
quelque chose qui le redresse en l’abaissant avec justesse,
et qui, enfin, ferait de lui ce qu’il était prêt à devenir.

Mais rien n’est venu.

Elle s’est tournée à peine.
Pas vers lui.
Juste… de l’autre côté.
Et dans un souffle qu’il n’oubliera jamais,
elle a dit :

— Laisse-moi.

Alors il a baissé la tête.
Et il est sorti.
Nu.
Sans bruit.

Depuis, il ne porte plus rien.
Ni colère.
Ni honte.
Juste une mémoire tiède sur la peau.

Un matin, à genoux.
Un plateau.
Et une Femme
qui aurait pu tout prendre.
Qui aurait pu, enfin, lui faire comprendre.

S’il rêvait encore,
ce serait d’une main
saisissant doucement ses cheveux,
tirant juste assez pour lui faire tourner la tête,
et qu’un frisson parcoure sa nuque.
Jusqu’à ce que son oreille effleure des lèvres.
Et dans un souffle chaud,
d’un murmure le faisant frémir,
sa voix lui révèle :

— Tu es à Moi maintenant. Et tu vas le savoir.


(Ce texte n’est ni fiction, ni confession. Il est juste là, posé pour Elle.)

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