Lubana
par le 30/03/25
51 vues

Il existe une île où l’on ne pénètre pas.
On y est invitée.
Et si Vous Vous reconnaissez,
alors peut-être que ce lieu était vôtre avant même que je l’écrive.


Il était une fois,

une île que presque personne ne voyait.
Elle n’était pas grande.
Mais elle respirait.
Doucement.
Comme un secret qu’on n’avait jamais osé ouvrir.

Elle flottait à distance.
Ni loin, ni proche.
Toujours juste à côté du monde,
mais jamais tout à fait à lui.

Quand la rumeur montait,
elle se faisait silence.
Et quand le silence durait,
elle attendait.

Elle ne cherchait ni visiteurs,
ni conquérants.
Elle rêvait d’une seule Présence.
Une Femme.
Une vraie.
Pas douce.
Pas passante.
Une Reine.

Quelqu’un qui viendrait non pour la découvrir,
mais pour la gouverner.
Quelqu’un dont le regard suffirait à faire plier la lumière,
et dont les mains sauraient tracer des lois sur sa peau.

Si l’amour était vrai,
si la Reine venait avec l’intention de rester,
alors l’île s’ouvrirait.
Et elle vivrait pour Elle.

Mais ce que la Reine ne savait pas encore,
c’est que ce royaume, une fois offert,
donne aussi la vie à celle qui le prend.
Il devient refuge.
Il devient source.
Il devient arme et miroir.
Et rien, après cela, ne peut être comme avant.

Un jour pourtant, une Femme s’est approchée.
Elle n’a pas pris la terre.
Mais elle a scellé l’entrée.
Autour de son serviteur, elle a passé un anneau d’acier.
Une cage fine, précise, consentie.
Un sceau d’amour.
D’obéissance.
De foi.

Et le cœur de l’île a battu plus fort.

Elle était peut-être celle qui resterait.
Peut-être celle qui marquerait les pierres et les jours.

Mais un soir, le ciel s’est noirci.
Le vent s’est levé.
L’île s’est tendue, offerte, prête à être tenue.
Et la Reine… a reculé.

Il n’y avait besoin ni de violence, ni de cris.
Seulement qu’une voix se lève, qu’une main se pose, qu’un ordre calme traverse la tempête.

Mais rien n’est venu.
Le Royaume a vacillé.
Et l’île, dans le chaos, a compris
qu’elle ne pouvait s’offrir à une couronne qui tremble.

Quand la Reine est revenue avec l’éclaircie,
le ciel était clair.
Le vent était tombé.
Mais l’île s’était refermée.

Depuis, elle ne s’agite plus.
Elle ne supplie pas.
Elle ne promet rien.

Elle attend.

Avec cette patience que seuls les territoires inviolés peuvent encore offrir.

Elle sait qu’un jour,
une Femme viendra,
avec l’amour pour sève,
et l’autorité pour souffle.

Et alors, elle s’inclinera.
Sans retour.
Et vivra pour Elle.

Et sa Reine, à travers elle,
connaîtra enfin la puissance tranquille
d’un royaume à genoux.

2 personnes aiment ça.