Pourquoi parler de santé sexuelle ?
D’après la constitution de l’OMS, la santé est “un état de complet bien-être physique, mental et social et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité”
La santé sexuelle a donc toute sa place quand on évoque la santé de façon globale.
Cependant, nous restons des êtres mués par nos pulsions et parfois, reconnaissons et acceptons qu’en termes de plaisir et de sexualité, nous pouvons prendre des risques ! C’est normal, c’est juste…humain…
La santé sexuelle, c’est quoi ?
La santé sexuelle englobe divers aspects autant physiques que cérébraux.
-Protection contre les infections sexuellement transmissibles (IST)
-Consentement
-Santé mentale et sexualité
Les IST
-Chlamydia
Relations sexuelles non protégées (vaginales, anales, orales).
Souvent asymptomatique. Peut causer des douleurs lors des rapports, des pertes anormales, ou des sensations de brûlure en urinant.
Traitement : Antibiotiques
-Gonorrhée
Relations sexuelles non protégées (vaginales, anales, orales).
Symptômes : Infections génitales, anales ou pharyngées. Peut entraîner des écoulements purulents, douleurs ou sensations de brûlure en urinant. Généralement asymptomatique chez les femmes cis.
Traitement : Antibiotiques
-Syphilis
Contact avec des lésions syphilitiques (souvent lors de rapports sexuels).
Symptômes : Éruptions cutanées, fièvre, fatigue menant à des complications graves (neurologiques, cardiovasculaires).
Traitement : Antibiotiques
-Hépatites B et C
Virus de l’hépatite B ou C transmis par le sang, les rapports sexuels non protégés, le partage d’aiguilles.
Symptômes : Fièvre, fatigue, jaunisse, douleurs abdominales. Peut devenir chronique.
Traitement : Vaccin pour l’hépatite B. Traitement antiviral pour l’hépatite C.
Il existe aussi l’hépatite A, relative à ce qui touche la digestion (anulingus…)
-HPV (Papillomavirus Humain)
Contact peau à peau (y compris relations sexuelles). Ce virus suit l’histoire de l’humanité et toute personne ayant des relations sexuelles en est infectée! La plupart ne déclare pas de forme symptomatique. Cependant certaines formes peuvent engendrer des condylomes (verrues génitales) voir des lésions cancéreuses.
Symptômes : Verrues génitales, lésions précancéreuses du col de l'utérus, de l'anus, ou de la gorge (cancer).
Traitement : Pas de traitement curatif pour le virus, mais il existe des vaccins préventifs. Les condylomes et lésions précancéreuses peuvent être traitées.
-VIH (Virus de l'Immunodéficience Humaine)
Virus qui attaque le système immunitaire et se transmet par le sang, sperme, sécrétions vaginales, lait maternel.
Symptômes : Phase initiale avec fièvre, fatigue, éruptions cutanées. Peut évoluer vers le SIDA si non traité.
Traitement : Pas de guérison, mais des traitements antirétroviraux permettent de contrôler le virus et offrent une espérance de vie identique aux personnes séronégatives.
-Une personne qui prend son traitement ne transmet pas le VIH !
indétectable = Intransmissible!
La prévention
-La meilleure des préventions reste le dépistage. Idéalement tous les 3 mois en cas de partenaires multiples ou de pratiques traumatiques (sang, pénétrations hard, etc…)
-on peut avoir une IST sans se sentir malade ou avoir de symptômes
-une IST diagnostiquée tôt permet un meilleur traitement
-un dépistage permet d’éviter de transmettre une infection de ses partenaires
-Il existe des vaccins (hépatites, HPV, monkey pox)
Rendez-vous dans un CEGIDD. Il s’agit de centres de santé sexuelle GRATUITS et pouvant être anonymes. Vous pourrez y faire des dépistages, être vacciné-e, être traité-e en cas d’IST, recevoir des infos pour limiter les risques en fonction de vos pratiques. (Fun fact : c’est un médecin du CEGIDD qui m’a appris tous les gestes d’hygiène pour pratiquer le needleplay)
-Vous pouvez aussi prendre la Prep’, traitement médical prophylactique et gratuit empêchant une infection par le VIH (disponible dans un CEGIDD avec suivi et dépistages ou auprès de son médecin traitant)
-Quelques mesures simples peuvent limiter aussi les risques :
-désinfecter ses jouets quand on change de partenaires (particulièrement les instruments d’impact et évidement les sextoys)
-changer de capote quand on change d’orifice et/ou de partenaires (Capotes gratuites et illimitées dans les CEGGID et auprès d’assos de prévention)
-Une prise de risque concernant le VIH? Il existe le traitement post-exposition (TPE) Rendez-vous dans un CEGIDD ou aux urgences dans les 48h maximum.
-Chacun-e est libre de consommer des produits psychoactifs. Cependant, ces prod’ peuvent altérer notre conscience et favoriser la prise de risque. Rapprochez-vous d’assos de RDR (réduction des risques) pour des conseils et du matos gratuit.
Il est bien évident que toutes les structures citées ne portent aucun jugement sur nos pratiques et restent bienveillantes et à l’écoute !
Le consentement : La base d’une sexualité saine
On en parle beaucoup du consentement. Et tant mieux !
Il y a beaucoup de ressources à ce sujet. Je vous en propose une autre :
Retenons le mot désir -D, E, S, I, R-
D = DONNÉ LIBREMENT. C’est un choix personnel que je fais. Pas de consentement si la personne est sous l’influence de prod’ ou si elle n’est pas consciente.
E = ENTHOUSIASTE. J’ai envie de participer à ce qui m’est proposé ! Cette envie s’exprime par des signes verbaux, un langage corporel positif, le maintien du contact visuel, un hochement de tête.
S = SPÉCIFIQUE. Je dis oui à un acte ou à une pratique spécifique. Je donne mon consentement à une chose, ça ne veut pas dire que je dis oui à autre chose.
I = INFORMÉ. Je consens à une activité sexuelle en étant informé-e de ce qui va se passer et des impacts (positifs et négatifs). Pas de consentement s’il y a de la tromperie, des mensonges.
R = RÉTRACTABLE. Je peux changer d’idée à n’importe quel moment. Si je dis non, on arrête.
Santé mentale et sexualité
La sexualité fait partie intégrante du bien-être global. Une sexualité épanouie peut contribuer à une meilleure santé mentale.
À l’inverse, des troubles de la santé mentale (anxiété, dépression, stress, etc.) peuvent affecter le désir, la libido et la confiance en soi.
Stress et fatigue : Leur rôle dans la baisse de libido et des difficultés relationnelles
Le stress, qu'il soit lié au travail, à des responsabilités familiales ou à des situations personnelles, peut avoir un impact direct sur la sexualité :
-Le stress chronique augmente le niveau de cortisol, une hormone qui inhibe le désir sexuel en perturbant les équilibres hormonaux, notamment ceux liés à la testostérone et aux oestrogènes.
-La fatigue physique ou mentale diminue l'énergie disponible pour les interactions intimes, rendant les moments de connexion plus difficiles.
-Sur le plan relationnel, le stress peut engendrer des tensions ou des conflits, affectant la communication entre partenaires.
Comment y faire face ?
-Pratiquer des techniques de gestion du stress comme la méditation, le yoga ou des exercices de respiration.
-Planifier des moments de détente en couple pour recréer un espace propice à l’intimité sans pression.
Traumatismes sexuels : L’impact des violences sexuelles ou des expériences négatives sur l’intimité
Les violences sexuelles ou des expériences intimes négatives peuvent laisser des séquelles durables sur la santé mentale et la sexualité :
-Les victimes peuvent développer des troubles post-traumatiques (flashbacks, évitement, anxiété) qui rendent certaines formes d’intimité difficiles.
-La peur de perdre le contrôle ou d’être vulnérable peut entraîner un blocage émotionnel ou physique face à l’acte sexuel.
-Les sentiments de culpabilité ou de honte peuvent également freiner la reconstruction de la confiance en soi et en autrui.
Comment y faire face ?
-Se tourner vers des professionnels de la santé mentale (Chaque CHU dispose d’un CMP, Centre médico-psychologique, établissement gratuit pouvant accompagner tout besoin psychologique)
-Avancer à son propre rythme : il est important de respecter ses propres limites et de ne pas se forcer.
-Communiquer avec ses partenaires pour expliquer ses besoins et se sentir soutenu.
Pressions sociales : l’idéalisation de la performance sexuelle et les normes culturelles
La société impose souvent des attentes irréalistes concernant la sexualité et les rôles de genre :
-Performance sexuelle : L’idée qu’il faut "performer" lors des rapports (durée, fréquence, intensité) peut engendrer une anxiété de performance, réduisant le plaisir.
Normes culturelles : Ces normes, encore bien présentes, peuvent marginaliser les orientations sexuelles ou les pratiques qui sortent de l’hétéronormativité.
Comment y faire face ?
-Redéfinir ses propres attentes en fonction de ses envies et besoins réels.
-Se détacher des représentations irréalistes véhiculées par les médias ou la pornographie.
Honte ou tabous : Stigmatisation autour de certaines pratiques, orientations ou identités
La honte ou les tabous liés à la sexualité peuvent limiter l’expression de soi :
-Nos pratiques alternatives (BDSM, polyamour, etc.) peuvent être victimes de jugements, nous amenant à cacher ces pratiques ou à nous sentir isolé-es.
-Nos orientations sexuelles et nos identités de genre minoritaires sont encore stigmatisées dans de nombreux contextes, ce qui peut générer un mal-être profond.
-La honte corporelle, souvent alimentée par des standards de beauté inaccessibles, peut également freiner la confiance dans l’intimité.
Comment y faire face ?
-Chercher des espaces bienveillants où échanger (Merci bdsm.fr…).
-Apprendre à normaliser la diversité sexuelle et à s’éduquer sur ces sujets.
La santé sexuelle va au-delà de la prévention des IST.
Elle implique également le respect du consentement et des diversités sexuelles et de genre.
En étant respectueux et inclusif-ves, nous créons des espaces safe où chacun·e peut vivre sa sexualité librement et sereinement.
Respect, écoute et ouverture contribuent à une communauté plus saine et bienveillante pour toutes et tous.
Prenez soin de vous et des autres.
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