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Lliann

Homme Dominateur. Vit à Versailles, Île-de-France, France. 57 ans. est célibataire.
Extrait de son book
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La robe des feuilles d’érable du Kansaï (au Japon, jusqu'au milieu du XIXe siècle, seuls les hommes de pouvoir, les membres de la noblesse et certains artistes portaient un nom de famille. J’ai volontairement décidé de ne pas respecter cette règle) La pluie depuis six jours s’abat sans discontinuer sur les toits, perce de ses flèches l’alignement uniforme des chaumes. Le large chemin qui passe devant la maison d’Etsuko s’est transformé en un torrent de boue ; ornière infranchissable qu’aucun cago (siège en bois, bardé d’un toit, porté par deux hommes à l’épaule) ne se risquerait – dans de telles conditions – à emprunter... sous risque de verser sa cargaison humaine. Oui, le rideau qui tombe sur la région depuis des semaines ne semble pas décidé à se lever. Jamais d’aïeul on n’en avait observé de si durable, sur le domaine de Tatsuno comme dans toute la province de Bansh?. Dans les villes et bourgs avoisinants, d’Himeji, Ako, Mitsu à Taishi, les échanges – par voie de terre et d’eau – sont paralysés, les habitations noyées sous le déluge, le bétail souffreteux et à bout de force, contraint à patauger et se coucher dans un lit stagnant et bourbeux. Ils ne sont qu’un très petit nombre à risquer leur embarcation sur la mer intérieure de Seto... trop peu pour répondre à la demande. Dans certains hameaux retirés, reculés à la périphérie des han (fiefs féodaux autonomes gouvernés par les seigneurs locaux), les denrées alimentaires de base commencent à manquer. Aucun étal de marché ne s’étant levé pieds dans l’eau depuis près de deux mois, beaucoup de paysans ne doivent leur salut qu’à la manne providentielle engrangée durant l’été ; été qui, en cette année 151e de l’ère Edo, fut particulièrement généreux pour les hommes (nous sommes en l’an 1754, le règne du shogunat Tokugawa). C’est à se demander si, à ces mois de fertilité précoce, les dieux – d’un courroux revanchard – n’ont pas voulu répondre. Les momiji (érables japonais) du sud de l’île ne connaîtront pas, cette année, leur habituelle période de floraison ; ne laisseront à l’évidence pas, dans un peu moins d’un mois, parader la manne de leurs feuilles rougeoyantes. Cela n’est pourtant, et à cette heure, que le cadet des soucis des habitants de Tatsuno. Etsuko observe sous le treillis relevé de sa fenêtre l’eau creuser la terre. Elle a déjà tout préparé... allumé un feu au centre de la pièce, dans le rectangle tapissé de sable découpé dans le plancher ; fait chauffer des litres d’eau, puis déposé les seaux en enfilade sur le comptoir à hauteur de l’ofuro (bain traditionnel japonais en bois de hinoki). Près de trois mois qu’Etsuko n’a pas revu son amant. À sa dernière venue, l’été battait son plein, les invasions d’insectes aussi ; elle avait dû ce soir-là, comme les précédents, se résoudre à laisser le feu allumé – et ce malgré la chaleur – pour colporter la fumée dans la pièce et chasser les importuns. Comment oublier cette nuit... ils s’étaient donnés l’un à l’autre dans un éther enfumé, une touffeur moite, leurs corps étreints sur le shikibuton (matelas traditionnel). Pas la plus petite aile battante d’un envahissant ce soir. Etsuko a néanmoins laissé flamber le feu suffisamment de temps pour s’assurer un lit de braises conséquent. Elle a autorisé, tout ce temps, l’air à pénétrer... un simple courant entrant par les ajours, disposés de part et d'autre du faîtage, pour chasser la fumée ; a rempli l’hibachi (dispositif de chauffage, de forme ronde, fabriqué à partir de bois de cyprès, et tapissé de glaise) avec quelques morceaux de bois ardents, et – une fois fait – porté la vasque jusqu’au tokonoma (petite alcôve au plancher surélevé, située en retrait de la salle principale) attenant à la salle d’eau. Elle a sorti deux bols en terre du gradin en bois, ainsi qu’un petit cercle en bois de mûrier, et les a posés sur le plateau en regard l’un de l’autre. Elle a attendu le murmure de la première ébullition – le frissonnement idéal pour le thé vert – avant de retirer la bouilloire de son lit de braises et la déposer sur son support. Voilà, tout était prêt... … ne manquait que Kiyo. La chaleur éthérée des braises s’élevant en volutes dans l’alcôve, la pensée de son amoureux tout proche, elle s’est entièrement dévêtue, déposant son kosode (ancêtre du kimono) à ses pieds, puis s’est enduite, sur les endroits de son corps, d’un peu d’huile de fleur de prunier. Les reflets de sa blancheur nue devant l’âtre dansant, elle s’est dirigée vers la fenêtre, assénant son regard sur le rideau nocturne. Non, ce jour n’est pas à marquer d’un trait sombre, malgré les larmes ininterrompues du ciel. Etsuko le sait, en son corps sourit. … Le battant coulissant du fusuma (porte coulissante) s’ouvre, le leste d’un pas fait protester le plancher. Etsuko sent battre son cœur ; elle ne l’a pas encore vu. Comme à chaque fois qu’il lui rend visite, elle laisse sa porte ouverte et s’enferme dans le secret de sa chambre. Son amant entre et emprunte le chemin de la salle d’eau, où chaque article sied méticuleusement ordonné. Elle l’attend au sortir, toujours dans le tokonoma, entièrement nue et parfumée, assise devant le ventre en fonte de la théière fumante... un rituel immuable, que jamais en un an elle n’a manqué. Mais pourtant... ce soir, elle se tient debout, appuyée contre le rebord de sa fenêtre. Son pas pianotant, Shinzae Kiyomori s’approche dans son dos. Lorsqu’il se plaque, glisse ses mains sur la petite rondeur de son ventre, la courbe de son sexe s’enchâssant dans l’intervalle de ses fesses, elle ne peut retenir un souffle creux. Sa bouche se glisse juste sous son oreille. – Suko. Un murmure aveugle lui répond. – Kiyo. Il caresse ses mains sur sa peau d’huile, la presse tout contre lui pendant qu’Etsuko renferme ses paumes, l’enserre dans ses bras. Kiyomori la retourne, son corps nu empressant ses pointes contre le sien. Ses bords se posent sur ses lèvres. La langue d’Etsuko la première s’engouffre. Leur baiser se dessine devant la harde du vent sous le treillis levé. Leurs lèvres enfin se détachent... Les premiers mots sont ceux d’Etsuko. – Tu m’as manqué Kiyo... tout ce temps. Le souffle de son amant consent : – Tu m’as manqué aussi. » Je t’ai cherchée dans le tokonoma ; tu n’y étais pas. Elle rehausse doucement le coin de sa bouche. – Reste-là, j’ai un petit quelque chose pour toi. Kiyomori la regarde se diriger vers le tokonoma, se saisir d’un objet effilé, puis s’avancer vers le foyer au centre du shoin. Elle plonge un petit bout de bois dans le cœur amputé, attend quelques secondes que la verge s’enflamme. Elle revient ensuite vers la fenêtre et lui tend le kiseru (pipe longue et fine en bambou). Kiyomori s’en saisit et le porte à sa bouche, s’incline vers Etsuko qui, d’un geste cérémonieux, embrase le fourneau. – Je l’ai préparé pour toi ; c’est du kizami (tabac taillé très finement) qui vient d’Himeji. Je l’ai eu par Araki ; il me l’a ramené cet été, à la toute fin du mois d’hachigatsu, avant que l’eau ne creuse les fossés. Kiyomori aspire une longue bouffée et, soufflant un nuage vers le haut, entrouvre un large sourire. – Merci Suko, c’est là un présent du ciel. Le kizami d’Himeji n’a pas son pareil. Je ne pensais pas en goûter à des lieues de la capitale ; surtout en ce moment, où il n’est quasiment aucun convoi sur les routes. Etsuko incline d’un mouvement économe son chef. Sa petite voix se glisse. – Profite de ce moment, » … et de celui qui vient. Elle s’agenouille aux pieds de Kiyomori, dos à la fenêtre, le sommet de sa tête à sa hauteur mâle. Sa main empoigne le sexe de son amant, et le séquestre dans sa bouche. Kiyomori la contemple en silence, tirant sur son kiseru couve ses liserés étreints. Les lèvres de son aimée glissent sur sa hampe, à chaque coulée cabrent son sexe. A présent mâté, son fourreau retroussé, les mains d’Etsuko capitulent sur ses cuisses ; elle relâche sa roideur neuve et dévale sa rampe jusqu’à ses deux âmes fragiles ; son regard levé vers son amant, remonte sa langue le long de son boutoir. – Ohhh... Suko !! Kiyomori se souvient de cette fois où sa bouche avait réclamé la sienne. Il se trouvait debout à cet emplacement même. Elle lui avait répondu son petit sourire désolé : « une autre fois » ; et avait ajouté : « et sors de cette fenêtre Kiyo, on risque de te voir ». Etsuko se montrait, déjà à cette époque, extrêmement prudente, ne voulait que l’on perçoive le tableau d’un homme à sa fenêtre. Mais ce soir, le chemin ne compte en passants que l’armada en nombre des gouttes, et la bouche d’Etsuko répond avec une hospitalité... mmm. Kiyomori savoure son enrobée suave, fixe les lèvres de sa promise. Il porte le kiseru à sa bouche, avale une bouffée tout en vagabondant son regard. Le piétinement qui s’abat sur le chemin couvre les chahuts discrets de sa succion. Etsuko gobe son sexe, le déguise de sa bouche, sa main droite enserrant sa garde. Comme elle est belle ainsi agenouillée, ses cheveux dénoués en bataille, coiffant d’un balancier son va-et-vient. Kiyomori rejette une volute de tabac, sitôt emportée par les hélices du vent. Il étrangle un geignement sourd. – Oh, tu vas me faire jouir si tu continues mon amour. À ces mots, Etsuko appose ses mains sur ses deux fesses, pousse leur renflement glabre à sa rencontre. Ses yeux se lèvent, épient dans le contre-jour sa réponse. Kiyomori ne peut empêcher sa main ; celle-ci se dépose sur sa coiffure fâchée, pénètre l’enchevêtrement de ses mèches. Etsuko s’empresse ses cheveux fouettés par le vent, introduit le longeron droit et sanguin dans sa bouche. Le sexe de Kiyomori disparaît puis reparaît, captif entre ses lèvres perlées. Il épanche un soupir, suivi d’un second, inspire bruyamment. Ses doigts se plaquent sur sa tête, l’emportent contre son bas-ventre. Le kiseru vers le bas, son cou tendu vers le haut, il rengorge un râle. Son portrait contraint, Etsuko ne cille pas, engloutit son plaisir ses yeux fermés. Il la contemple sans bouger, sa main crispée sur ses cheveux, expire un souffle terminal. Ses lèvres se retirent, libèrent leur otage veiné ; deux petits cils battent une respiration. Kiyomori la relève doucement avec les bras, sa main se posant sur sa nuque emmène son chef sur l’articulation de son épaule. Son enserrée l’entoure, se serre fort contre lui. La chaleur de leurs corps, la fraîcheur des gouttes cinglant sous les traits jurant du vent... la main de son amant descend le long de sa colonne, son doigt coureur s’immisçant dans le tracé encaissé de ses fesses. Le visage d’Etsuko se redresse, sa bouche se couche sous son oreille. – Viens... nous avons tout le temps. Kiyomori fait tomber les derniers résidus de kizami par la fenêtre, avant de descendre le treillis en lattes et le bloquer sur les encoches du montant. Etsuko empoigne sa main, et le devance d’un bras ; il la suit, sa paume et ses pas dans les siens. Ils enjambent l’un après l’autre le plancher surélevé du tokonoma, et s’assoient à tour de rôle sur les genoux, sur le tatami dressé au carré. – Le thé attend depuis ta sortie du bain. Si je n’étais pas aussi attentionnée, nous aurions pu le déguster son frémissement tout juste tu. J’espère que tu ne m’en veux pas ?? – Ce petit arrêt près de ta fenêtre... une délectable audience. J’espère seulement que tes lèvres l’ont autant apprécié que les miennes. Ce kizami mmm... une merveille !! – Ainsi donc, tu affectionnes plus ton trait de bambou que la caresse de mes lèvres. Voilà qui est triste à entendre. Kiyomori étire un fin sourire, capture la main de son hôte entre ses doigts. – Ai-je devoir de répondre ?? – Peut-être ai-je besoin de l’entendre. Il s’abaisse sur la paume de son aimée, dépose un baiser sur l’oie de ses veines. – Le cadeau n’est pas le kizami. Je serais prêt à faire mon deuil de la pipe pour un seul ajour de ta bouche. – Oh, voilà qui est beaucoup mieux... et habilement dit. Etsuko attrape l’anse de la bouilloire et la présente au-dessus du plateau, verse l’infusion colorée dans chacun des bols, en prenant soin d’honorer en premier celui de son invité. Elle la repose sur son cercle, et incline un petit salut. Kiyomori lui répond et saisit l’arrondi de son bol, le lève à hauteur, le dépose dans sa paume avant de le tourner légèrement et le porter à sa bouche. Etsuko attend que ses lèvres aient quitté le bord avant de convier son bol, suivant le même rituel, auprès des siennes, et boire sa première gorgée. Ils se rendent un nouveau salut, puis reposent d’un geste unique les deux bols à thé sur le plateau. Ils demeurent assis en seiza, à se regarder. Kiyomori le premier rompt le silence. – Je le trouve même meilleur quand il a infusé un peu après son ébullition. Tu as bien fait ma fleur de faire une halte à la fenêtre. – Les feuilles proviennent de la vallée d’Uji. On dit qu’elles livrent toute leur saveur dans le repos qui suit. – Je n’en savais rien. Mais après tout, la ville capitale n’est pas si loin, et la région plus au sud plus proche encore. Tu sais mieux que moi la façon dont le thé de ces jardins doit être servi. – Qui sait !! Si cette halte près de la fenêtre n’était pas pour laisser éclore la saveur de ce thé. Kiyomori la dévisage, cherche une vérité dans le bal de ses yeux. – Ah, si le thé, de ce rituel, doit être précédé pour s’en trouver meilleur, je veux bien sacrifier un peu de ma personne. Le rire d’Etsuko retentit dans le tokonoma. – Je n’en doute pas Kiyomori-Han. » … Oh Kiyo-Pôn !! J’ai attendu ta venue. Quand j’ai vu ce matin ton mot sous la porte... Kiyomori glissait toujours un petit mot plié, pour la prévenir de son arrivée. Elle savait dès lors qu’il passerait le lendemain le seuil de son entrée, mais pas avant la nuit tombée. Kiyo détaille les petites mèches sauvages et anarchiques de sa coiffe, celles qu’il a libérées tout à l’heure devant la fenêtre, détache ses yeux sur le daish? (paire d'épées traditionnelles du samouraï) exhibé sur un bas présentoir contre le mur de l’alcôve. Son œil cette fois encore croise les lames. C’est ici qu’il l’a fait. Cette histoire, Shinzae Kiyomori la connaît... … Naoie Suzuki. Naoie Suzuki s’était rendu dans les terres intérieures pour éteindre les brandons de la révolte qui avait commencé à s’étendre, au plus fort de la grande famine de 1732-1733, celle que l’on nomma Ky?h?. Nombre de paysans venaient de voir leurs cultures de riz ravagées par des essaims de criquets deux années durant, un phénomène rare... le « unka no gotoku ». Une hausse de l’impôt sur le riz, consécutive à l’épuisement des réserves et levée par le shogunat Tokugawa, plongea un peu plus les habitants des campagnes dans la détresse et la nécessité ; un oratorio entraînant, dès les premiers grands froids de l’hiver 1733, une mortalité terrienne élevée chez les aînés et les plus faibles. Ces faits de famine, d’impôt et de saison, furent vécus comme une grande injustice par un groupement de villages de la province de Bansh?. Samouraï attaché à son seigneur, Suzuki avait été envoyé pour rassurer les chefs de village et leur porter un subside prélevé sur les réserves du han. Il s’agissait bien sûr, et avant tout, de contenir la fronde avant qu’elle ne gagne l’ensemble des villages intérieurs. Mais il fut attaqué en chemin par une coterie organisée, le clan des Okami-Oni, qui avait eu vent d’un butin conséquent – des sacs de riz et sel, mais surtout un petit senry?bako pavé de koban (coffre contenant des pièces en argent) – que lui et ses hommes transportaient. Il fut dans l’affrontement sévèrement entaillé au ventre, et ne dut qu’à la garde entraînée de ses lames de déjouer la mort. Laissé pour tel et à terre, il fut trouvé et ramené par des marchands de la maison Hy?go, qui se rendaient à Akashi ; ils le trouvèrent inerte sur le bord du chemin, à un kilomètre en amont de l’embuscade. Naoie Suzuki se remit très difficilement de sa blessure. Et pour ce qui est du déshonneur d’avoir failli à sa mission... il en va de certains tissus qui ne peuvent être lavés. Il succomba peu de temps après, se donnant seppuku à l’endroit fraîchement refermé de son entaille, dans le tokonoma de sa maison. C’est là, quoi qu’on en dise, un triste destin pour un homme d’honneur ; et un plus triste encore pour celle qu’il abandonne à la douleur et au deuil. Etsuko hérita de la maison, et d’une rente à vie octroyée par le Daimy?, avec l’ordonnance de porter le nom, afin d’honorer la mémoire de son défunt guerrier et époux. « À l’époque féodale, nous croyions que la sincérité résidait dans nos entrailles. » L’ordonnance d’un Daimy? est indéfectible. Et même si la valse des saisons charrie les années et que le Daimy? rend son souffle dernier, les ordonnances en cours sont remises, sur des feuillets de washi, au nouveau seigneur. Par une volonté double, de son époux et du Daimy?, Naoie Etsuko était vouée à embrasser la vie de veuve. Les années se succédèrent – d’un réconfort solitaire – où elle respecta son ordonnance, ne leva pas même un regard sur le pas d’un homme. Jusqu’à ce jour... … où elle rencontra Kiyomori. Mais laissons aux vents de la mer intérieure ce temps de malheur et déshonneur, et revenons au soir pluvieux de ce récit. Kiyo repose son bol à thé sur le plateau, à côté de celui de Suko. Son regard se détourne vers le sac de chanvre, posé dans un coin du tokonoma. – Que caches-tu à l’intérieur ?? – Oh... quelques cordes, rien de plus. Son sourire s’étire, petit trait cintré entre ses pommettes qu’Etsuko lui connaît si bien. – Des cordes... et que veux-tu en faire ?? – J’ai rencontré un homme, Shikuza Eitar?, qui les utilise d’une façon... – Dis-moi plutôt ce que tu as en tête. – Il connaît un agent de la force publique, qui lui a montré les différentes façons d’attacher un prisonnier. Le fonctionnaire fait partie de l’école Agawi. Ses disciples, à ce qu’on dit, sont passés maîtres dans l’art du Zainin Shibari. – Et pourquoi me dire tout ça Kiyomori-Han... tu veux m’attacher ?? » … et que feras-tu après ?? Tu me mèneras par la corde devant le seigneur. Ce n’est pas très malin, Baka !! Tu seras flagellé aussi... Mutchiuchi, même si tu travailles pour le bras du Daimy?. – Eitar? s’est approprié certaines techniques de l’école, leur façon de nouer les nawa (corde). Il exerce son talent sur les femmes qu’il rencontre. La contrainte devient alors le centre de leurs jeux. – Leurs jeux ?? – Tu as très bien compris mon amour. – Oui, tu veux m’attacher... comme une vulgaire prisonnière. – Non, comme une aimée, qui me serait offerte. Etsuko dévisage son amant. Elle sait qu’elle se donnera ce soir à lui, en son for... sait qu’elle sera sienne, attachée ou pas. Kiyomori sans un mot se lève et se dirige dans le coin du tokonoma, saisit le cou du sac et se pose sur ses articulations derrière Etsuko, assied la balle à côté de sa jambe pliée. Une petite voix agenouillée le questionne : – Je ne t’ai même pas demandé comment tu as fait pour venir ?? Aucun convoi n’emprunte les chemins. – À croire qu’il reste quelques hardis... j’arrive d’Ak?. J’ai profité du chargement d’un marchand d’étoffes pour faire le voyage. La route était, sous son berceau, praticable ; un chemin défendu de pierres plates, qui ne boit que très peu l’eau. Les bœufs se sont bien enlisés deux ou trois fois à découvert, mais s’en sont sortis sous les harangues du marchand ; une chance. Kiyo défait le nœud ficelé du sac et ouvre son col. – Ohh, et tu es venu pour moi Kiyomori-Chan ?? » … si tu dis non, c’est moi qui vais t’attacher avec tes cordes et te jeter ficelé devant ma porte. Sans rendre un mot, son visiteur du soir extirpe trois cordes et les enroule en serpents sur le sol. – Bah, j’ai de tout temps adoré voyager sous des trombes d’eau, ballotté sous une bâche humide, l’odeur musquée et trempée d’un wagyu (bœuf japonais) repoussant mes narines. Tu devrais le savoir. La tenaille d’un pincement fait sursauter Kiyo, et chasse d’un mouvement sa cuisse sur le côté. – Ce n’est pas ce que je veux entendre Baka !! Suko se radoucit et file une main en arrière, sur la cuisse de son amant, à l’endroit où ses ongles se sont refermés. – Tu restes quelques jours ?? – Je repars avec le marchand dès que la pluie le voudra, il va jusqu’à Takasago. Il nous faut encore attendre car la route, aux dires des uns, n’est pas praticable à partir d’Himeji. Je dois m’y rendre pour m’entretenir avec M?ri Toshimichi. Je profiterai pour une bourse de mon (pièce en cuivre frappée d’un trou carré en son centre) de son transport. Les mains de Kiyo, studieuses, étirent une longueur de corde. » Je veux lui présenter Eitar?. – Ah, ton maître des cordes !! Humff, et il est où en ce moment ?? – Nous le prendrons quand nous nous arrêterons à Himeji. Le marchand est d’accord, j’ai dû rallonger quelques mon. – Hum, je vois que tu as tout prévu. C’est à se demander si c’est vraiment pour moi que tu es là. Kiyomori ne relève pas le commentaire, et calmement distend les tresses dédoublées de la corde, fait passer celle-ci entre ses doigts jusqu’à sa boucle. – Eitar? lui fera une démonstration, nous demanderons la participation d’une de ses servantes. Crois-moi, je l’ai vu à l’œuvre, et ce qu’il fait avec ses cordes devrait beaucoup intéresser M?ri Toshimichi. – Le bras sera content, et ensuite ?? Tu auras droit à quelques compliments, tout au plus. – Eitar? lui jouera le grand jeu. Après ça, s’il n’est pas conduit devant le seigneur... » Tout le monde sait que le Daimy? aime à s’entourer de compagnie, et qu’il affiche en privé certains penchants. Quand il verra ce dont est capable Eitar?, ses concubines entravées dans des positions dont il déliera le secret... Si la représentation plaît au Daimy?, M?ri Toshimichi nous récompensera tous les deux. » Il y a trop longtemps que je n’ai présenté quelqu’un Suko ; s’il prenait au bras de perdre patience. Eitar? est une providence. – Tout ce petit monde... et moi dans tout ça ?? Ne suis-je là que pour compter le temps ?? En attendant que la pluie cesse et que tu files au train des bœufs. La main d’Etsuko empoigne le sexe de Kiyo, le fait coulisser entre ses doigts. – Ouuuhh, non ma douce. » Quand je me suis retrouvé coincé à Ak?, sachant Tatsuno à portée de roue, j’ai tout fait pour trouver chand prêt à prendre la route. Il n’en était pas un pour vouloir courir le risque. J’ai dû attendre des jours avant de rencontrer ce marchand. Il connaissait un chemin, s’enfonçant sous un couvert, pouvant tenir l’empan d’un chariot pas trop large, qui selon lui ne serait pas noyé sous la boue. Et comme il avait une commande importante à livrer à Takasago, et que je lui offrais un joli faix de mon... il a décidé de s’avancer un peu. » C’est à toi que je pensais Suko... j’ai payé rondement ce marchand. – Oh Kiyo-Pôn !! Et à défaut de mon, te voilà avec un chapelet de cordes. Le sourire mutin d’Etsuko se tourne, se ravise à la vue des torons tendus. Son amant, sans un mot, glisse ses mains sous ses aisselles et tire deux raies par-dessus ses seins. Suko sent le haut de sa poitrine se serrer quand Kiyo ferre et réarme ses bras en avant. Il repasse dans la boucle, prend son encoche et trace un trait double, marqué d’un suivant, sous le rebond de ses seins. La corde serpente dans les anses, se bande sous ses gorges blanches. Elle ne le voit pas, observe le ballet de ses mains, éprouve l’attouchement constricteur du taima. Le nœud conclu dans son dos, la corde chevauche son omoplate, dévale et pique entre ses seins, ramasse le quatuor lacé sous sa poitrine avant de remonter sur son épaule opposée et disparaître derrière. Kiyomori conduit la corde dans les lacets avant de lever une boucle sous la croisée et s’insinuer à l’intérieur. Il tire un coup sec et fort, puis enroule le cordage autour des bretelles se rejoignant. À chacun des tours, celles-ci se resserrent, scellant un peu plus le corset de chanvre. Il finit par un nœud simple, laissant deux queues de corde penduler. Suko essaye de gonfler son buste, mais les cordes passées autour et entre ses seins l’en empêchent. Kiyomori fouille dans le fond du sac et en retire une fiole d’une teinte vert foncé. Il ouvre le bouchon et verse un petit ru opaque dans le creux de sa main. Il laisse filer la corde entre ses doigts, fait aller et venir sa main sur une courte longueur. Il arrête un nœud sur le toron du haut et descend la corde entre les fesses assises de sa promise. Etsuko sent un frisson grimper le long de son échine. Oui... Kiyomori n’en a pas encore fini. Il immisce la corde entre ses cuisses, la loge dans la faille brunie de ses fesses et plaque les tresses entre les plis de ses petites lèvres. Suko rend un souffle intérieur en sentant les torsades se presser contre sa vulve. Elle ne cille pas, cambre timidement son derrière. Kiyomori se place face à elle et tire les deux raies vers le haut. Il se croche sous sa poitrine et tend sèchement la corde vers le bas, avant de croiser les deux longes sur la jonction du harnais et conclure par un nœud très serré. Il toise Suko en redressant le tronc, admire le chemin des cordes, son tableau geôlier, les fibres bandées sur sa peau. – Ça serre Kiyomori-Han !! – C’est voulu ma douce ; la contrainte fait partie de ce jeu. » Maintenant, tu vas te mettre à quatre pattes, ta tête tournée sur le sol. « Voilà qui est très vilain Kiyo, je suis toute attachée. » Etsuko se place sur ses mains et genoux, abdique sa tête et couche son visage sur les lattes, son corps à cheval sur le tatami. Kiyomori renchérit : – Tends tes deux mains derrière. Elle joint ses bras en arrière, sur la pente de son dos. Kiyomori attrape une corde raccourcie et, rapprochant ses poignets, les enserre dans une tête d’alouette, enroule deux tours et forme une boucle par-dessous. Il engage la corde à l’intérieur et tire un grand coup, resserre les deux parties... examine, une fois fait, ses menottes attachées. Naoie Etsuko s’infléchit silencieuse, dans une profession soumise. Kiyomori rompt à genoux derrière ses cuisses, ses mains s’avancent et caressent ses rondeurs. Comme il aime sentir entre ses doigts leur chair adipeuse, l’arc bombé de ses fesses, leur tissu qui s’enfonce et s’ouvre. Il les écarte, découvre les signets de chanvre jumelés. Il empoigne la corde et la tire vers le haut, la fait lentement coulisser entre ses fesses. Suko réagit aussitôt, la corde frottant sur sa muqueuse, évince un soupir. Oui, la fiole... l’huile enduite sur les brins pour agrémenter son passage. Ses perles naissantes se mêlent invisibles à l’huile de graines de chanvre ointe sur les torons. Kiyomori resserre son œuvre ; la voix de son aimée s’élève. Il s’approche au-dessus de sa geste et argue son sexe, l’abdique sur ses doigts réunis. Suko referme ses mains sur son membre chaud, caresse sa veine. La corde tendue s’ébat sur sa variation lubrifiée. Ses pommettes exhaussent deux petites aréoles, elle regorge un soupir, le théâtre de son plaisir sévissant dans son val. Kiyomori goûte une dernière fois à l’attouchement de ses doigts, puis repose la corde dans le sillon de sa raie. Il saisit chacune des cordes et écarte, avec ses mains, les deux torons, les éconduit – en prenant soin de ne pas blesser ses lèvres – de chaque côté de sa fente. Son regard se lève sur son Shibari-Sensei... Suko sent la raideur d’un sexe entrer dans son aven étroit. Sa bouche s’entrouvre, sa respiration s’épaissit, elle ressent sa présence. Son souffle cabane sur le tatami, elle clame un plaisir transgressé, le doux supplice d’être prise, pénétrée sans le secours d’un mouvement, dans son plus fermé et farouche orifice. Kiyo écarte ses fesses et approfondit son exploration, investit ses entrailles. Il referme ses doigts, tire sur le nœud surhaussé. Le visage de Suko obéit à son injonction, se soulève de la natte, encouragé par les cordes. Kiyomori assujettit son anus, son corridor gardé. Sa captive s’appesantit sur ses genoux ; elle anhèle, sa station culbutée par des assauts arrière. Elle consent, son tréfonds assiégé, son plaisir soumis à terre. Il la possède sur la natte en jonc tressée, force ses ruades en tirant sur la croisée des cordes. Ses coups véhéments claquent contre sa peau. La bouche de Suko se desserre, ravale un doux déchirement, une investiture dans son noir abîme. « Ouiiiiiii Kiyo !!!! Ohhhhmmmmmmmmnnnnnnnn. » La queue de son amant la pourfend, lève le siège d'Osaka, nourrit la rébellion de Shimabara. Sa paroi enténébrée s’écarte contrainte, appelante, enhardit ses doléances. Elle regorge chaque enfoncée d’un petit cri souffrant, étrangle un souffle... avant que le corps de Kiyomori ne rompe. Il s’immobilise sur son corset de chanvre, son lustre transpiré, prend appui sur ses bras pour se redresser. Il caresse la peau cuivrée de ses fesses, mordorée sous l’éclairage (un andon, et son cadre en bambou drapé de papier ; un ariake-andon, posé dans un coin du tokonoma, et ses formes découpées figurant les trois phases de la lune), laisse aller et venir son bâton... ralentit enfin. Un contingent de sueur défile sur son torse, la position pénitente, obéie d’Etsuko s’offre à sa vue... devant les oni et le kappa. Elle relâche son souffle, sa respiration ; Kiyo se retire. Il exerce deux foulées, se penche et ouvre un petit coffret en bois et son couvercle coulissant, attrape à l’intérieur le kaiken de Suko. Il sait bien sûr qu’elle le range là... revient sur ses pas et tranche d’un coup de lame le doublet de cordes comprimant les plis de son entrejambe. Il se déporte sur son côté, commence à défaire le nombre des nœuds. Sa muse ne bouge pas, expire une aria vaincue ; son visage couché défie le sexe pendant de Kiyo. Tandis qu’il dénoue patiemment les cordes, elle ouvre sa bouche et agace avec sa pointe le renflé de cette verge aventureuse. Un passement de chanvre entre ses doigts, Kiyo la regarde, laisse serpenter la corde sur le sol, puis cale sa paume sous son sein et l’aide à trouver une pose agenouillée. Ses gestes l’entourent, libèrent les matons de sa poitrine, délivrent ses épaules. Quand le dernier toron tombe sur le tatami, il appose ses mains sous les bras d’Etsuko et l’invite à se lever. Détendant ses muscles fourmillants, elle se relève, son sang circulant se blottit sans un mot contre le torse suintant de son amant, verse sa tête contre sa poitrine. Il conduit sa main dans sa herse défaite ; sa voix souffle dans le centon de ses cheveux. – Je vais installer le lit si tu veux. Kiyomori descend son visage, Etsuko monte son blanc minois, s’apprête à répondre quand... – Tu entends ?? – Quoi ?? Elle s’immobilise, prête une oreille fugitive. – Je reviens. Kiyomori descend la petite hauteur du tokonoma et se dirige vers l’oshiire, ouvre la porte coulissante et emporte sous un bras le tatami, sous son autre le shikibuton, tous deux pliés dans le placard. Il déroule la natte à terre, en regard du feu, puis la recouvre avec le matelas. Il s’approche de la flambée domestique, ramasse un fagot serré d’hinoki et le dépose dans la nourrisse du feu, sur le lit pâlissant des braises. Les flammes sitôt se réveillent et crépitent, se repaissent de cette nourriture fraîche. Kiyomori s’allonge sur la couche, couvre le bas de ses jambes avec le drap de coton, observe Etsuko devant le cadre de la fenêtre. Son envers nocturne, ses petits reflets lutins, le tableau mouvant renvoyé par les ondulations du feu. Elle relaxe le treillis en bambou et marche son pas nu vers le lit agencé sur le sol, s’allonge aux côtés de Kiyo et se pelotonne dans ses bras. Suko verse un œil assombri, se serre fort contre lui. Son visage Antigone, ses lèvres trahissent : « il ne pleut plus ». Une flamme rebelle s’emporte d’un coup...
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Le siècle des lumières Me voilà transporté en plein milieu du XVIIIe siècle, celui-là même que l’on dit bercé de lumières, versé en compagnie qui ne se quitte, dans la plus ouest des chambres d’une fastueuse demeure. De longs et brossant voilages s’ébattent, abattus en des regards semblants, cerbères diaphanes en garde du fastueux lit de bout. Combien de débats acteurs et spectateurs se sont joués sous ce trônant baldaquin ?? Témoins aux loges d’une élite sans l’habit, répondant pour qui de la réputation mondaine, figurations libres d’une société exempte de la morale Benoîte(1) et fort pensante. Des toiles aux lignes courbes, à la peau nymphe et pâle, Watteau, Boucher et autres contributeurs, ornent le nu des murs, et habillent les couloirs et appartements de la labyrinthique bastide ; illustrations du goût aventuré, et des mœurs sans contredit libertines du maître des lieux. Mon hôte et intrigante se montre allongée dans la tournure de son plus intime appareil, délestée de ses gouvernants effets – de là une longue robe volante à plis larges, le déplié d’un baleiné, ses jupons de dessous, l’auteur modeste, le cancre secret – empilés sur un coussin de fauteuil dans l’arrangement de leur effeuillage. Dame Lauraine de l’Escaut, comme on la sait de quelques discoureuses indiscrétions, entretient depuis des mois les conversations de cette même société qu’il m’est à l’occasion donné de fréquenter, là où les propos que l’on prête à une femme en d’autres cercles ne se tiennent. On ne sait que peu, très peu d’elle, seulement qu’elle a déposé cape en bord croquant de la capitale, dans la somptueuse propriété d’un cousu fort bien nanti, mais à l’article mourant ; connu pour son siège influent au parlement en grâce, également aussi – mais d’un cercle choisi – pour l’Ève au nombre de ses réceptions. Au trépas hivernal de son âme est venue l’étrangère, rattachée à cette terre. Oui, il en est pour avancer que de ce refroidi bien né elle serait la nièce, mais nul en la matière ne peut prétendre à la vérité. Dit des uns on ne connaît son rang, des autres sa condition, seulement encore qu’elle est arrivée de l’Escaut comté du nord – feu du Hainaut autrichien – un jour de bas hiver tenu d’une épaisseur blanche de près de trois pieds de haut ; et qu’elle n’a depuis, en ces grâces acquises d’automne, jamais été aperçue libre de ces murs. D’aucun à le clamer – à dater qu’il fut sien – n’aurait passé le pas de l’hédonique pavillon. Et pourtant, d’allers de discours ne désarment sur l’endroit, forts à tourner en assemblées les langues. Pour un cénacle, il est de notoriété... Si belle adresse, citée d’une histoire aussi dispendieuse en moments et compagnies, ne peut accueillir en maîtresse une galante qui ne soit, de par la graine héréditaire, versée aux arts non enseignés de l’amour et du plaisir. Sa missive me fut remise en main propre par l’une de ses expédiées, que je trouvai copieusement capuchonnée devant mon pas, un après-midi d’octobre battant à pluie, postée sans dépassement devant sa berline et son ruisselant attelage à quatre. Pas un mot, mais une lettre. Quelques heures plus tard, et main donnée d’un peu en sols, de moins en livres, un cocher courait la poste partie de la nuit pour me conduire à destination, me déposait au petit matin devant l’auguste grille dragonne de l’adresse. La loi du jour levant faisant bonne figure, m’y voilà fort justement attendu, par une cadette de maison, bien moins capuchonnée que son aînée, et mené sans plus de mots à mon appartement. Elle se résout à laisser filer quelques tours d’aiguille, le temps préposé d’un entracte – ce qui, ne tenant plus de curiosité, est tentative vaine – avant de me venir chercher, et cogner à ma porte : « Gentilhomme !! » Je la suis sans filer un mot... Nous obliquons par deux fois, puis empruntons un long couloir menés à la flamme déhanchée d’une bougie. Malgré le jour encore haut, l’aile du bâtiment confesse une lumière baignée de cire, privée sur son parcours d’ouvertures, et absente à y regarder de bras et supports à lampes. Le halo à revers de la flamme confie à discrétion la transparence du blanc et fin tissu de sa robe, révélant sa complète nudité en dessous ; ma guide au lumignon précède mon pas commise du plus léger, les pans voletants de sa peu faraude mousseline instruisant son fort joli fessier. Oh, comme trajet il en est de moins inspirant lorsque l’on s’apprête à retrouver âme en chambre. Parvenue devant son introduction, ma servante ouvre sans s’annoncer la lourde et silencieuse, et d’un hochet poli m’invite à entrer. Dame Lauraine m’attend sur le lit, drapée d’un velet d’air, nue comme à son agnelage. « Ma dame !! » L’écart se déliant de ses jambes me répond d’une politesse fidèle en forme à l’art du recevoir. Un jet de secondes plus tard, Braie en disgrâce, et vit en retard, À l’étude et peu faraud, Il me prend d’approcher penaud. Je la déguise sous cape, palpe sitôt l’albe noblesse de ses gorges. Leur souplesse et tenue au coucher me laisse à fort penser que les dames du nord sont l’unique argument de la bataille de Fontenoy(2). Car comment de troupes et de raison laisser aux baïonnettes de l’Österreich et du Royaume de Bretagne la jouissance de si rondelets reliefs. Mes mains de ses courtisées ne s’empêchent, manient mamelles et mamelons. Mon attention pourtant de son altitude seule ne se soucie ; incliné sur son collège, me voilà inquiet de ce qui se joue plus bas, craignant si tôt de faire mauvais invité. Les cahots du voyage, l’attente et le vain d’un entracte n’ont d’une heureuse fortune pas entamé mon prédicat, celui-ci se dressant à l’effleurement de son tertre. L’andain effeuillé de ses pousses n’y fait aucun tapis, son tracé lisse et sans fourrés enjôle la roideur neuve de mon Priape. Dame Lauraine se garde sous moi. Je découvre, en levant un œil sur le chevet attenant, un nécessaire à parfums, aux flacons désemplis. Là est cette entêtante odeur, généreux de jasmin et fleur d’oranger, peut-être la tubéreuse – l’ensorcelante – dont on dit qu’elle tourne les sens. Toute langue dehors j’arpente son chemin. Ses deux tétons d’une vanité neuve, d’une excitation qu’enfin je vois à paraître. Tendus et durcis, orgueilleux obélisques. Et tandis que je m’affaire... – Que cette joyeuse langue, aux barreaux affairé de mon balcon, ne pourrait trouver à faire un chemin plus bas. Je stoppe l’ascension de son versant, lève en sa direction mon regard, mes lèvres baisées sur son alpe, suspendu dans l’indécis devant son apologue. Elle reprend au bas mot. – Certes, il est un vallon – en retrait de mes hauteurs – dont le jardin est de sécheresse à l’heure bien alarmante. Mes mots à sa sonnette se rallient. – Ordonnez ma dame, si votre jardin languit. » Je suis votre servant !! – Miracle de calotin !! J’avais grande crainte que cet introduit « ma dame » soit votre seul vocabulaire... » Vous me voyez enfin rassurée. Elle consent un sourire, sa virgule Aphrodite rédigée sur sa lèvre. Les présentations d’usage échangées, je commence trajet vers sa closerie de siccité frappée. Je dévale sa dénivelée jusqu’à sa marque sans haie. Ma langue, sur sa fente faite florès, se dépose. Que sa sécheresse d’une surfine rosée se targue de bonne heure ; il y aurait donc là menterie de ma soupirante ?? Comme le secret gardé d’une dame est de sa découverte le plus délectable des présents. Je me hardis déjà, récolte son nectar, son miellat naissant. Mon hôte ouvre ses gardes, découvre les reflets pastel et rosés de son antre. Elle déploie sa blancheur d’anatidae, écarte ses membres aux points du lit, soufflant en long et soupir. Et de sa voix... – Oh, fixez là cette boutonnière, qui en l’instant vient de percer. Ses doigts à deux décalottent son sujet, déshabillent les pans rosis de son manteau. – Que joli bouton vous cachiez là !! Je dois vous rendre découverte... » De ce joyau promu. – Vos mots sont d’un si bel esprit !! Poursuivez je vous conjure, mais sans en user, car de mon humeur avide, votre bouche interdite devra me contenter. – Servez, Madame, mon récipient vôtre ; et je garderai, sous cet aven, votre draperie au sec. – Oh, de cette attention je vous suis bouche en reste ; entonnez donc à goulées. « Oooooooohh !! Gentilhomme... léchez et léchez encore. » … – J’en fais ici la promesse !! Les rougeurs sur ses pommettes découvrent leur jupon ; je pousse la chair tenue de ses cuisses, aspire le liquoreux élixir qu’en femme du monde elle me régale de politesse. – Cher séraphin... en ma demeure. Je ne l’écoute, lèche à n’en plus faire avarice. – Oui, oui !! Vous lampez au parfait endroit ; embouchez sans cesser. Et ce pendant, … mes doigts à ce feu volant. Ses instruments sur son petit faîte s’emmènent, entraînent son capuchon dans une valse à trois. Elle fourbit le couvercle de sa perle. Sa main s’emballe, harasse son gardien, frotte à la hâte son petit vit de chair. Je l’entends d’un sursis mourant, ses doigts au gré de son caprice, chahutant l’épissure de ses lèvres. Son mouvement s’accélère, démons en réunion, de force tourments infligés. Il n’est plus de dame... seulement Lauraine, … dans sa géhenne au supplice. – Hardi, hardi, mon visiteur !! Ohhh je m’ouvre... et vais verser. » Par les saints chevauchés !! « Ooooooo... ouiiiiiiiiiiiiiiiiii. », « OOOOUUUUI !! » Le bris de sa mer se fracasse, son sexe incontinent déverse sa houle. Je m’accroche à sa cale, tandis qu’elle crie et gémit. Ses mains s’ancrent dans le tissu, son bassin recule d’une armée. Mon masque entre ses jambes, je bois jusqu’à l’ivre son èbe, cherche et trouve, à moins d’un point tiré, son trublion décalotté. Elle me repousse, me supplie qu’elle ne peut au-delà, cherche des yeux son libérateur. Je la plaque de nulle obéissance, la rencogne contre le montant polonais, cramponne sa taille et m’abîme entre ses geôles ; la pousse aux portes de l’inconfort, là où la dictée de son plaisir lui commande de s’échapper. D’une manœuvre acrobate elle se renverse sur le côté, gibier farouche et aux abois me chasse de sa tanière. C’en est fini... Elle gît sur le ventre, son séant ouvert et transpirant, son visage enfoui dans le drap, les hoquets de sa respiration soulevant son corps battant. Je ne la touche... et la regarde : les ferrades marquées de sa jouissance, les petits tressauts de son corps, le sceau de mes doigts empreint sur ses flancs. Mon membre se prend d’une irrépressible envie, m’ordonne de l’entreprendre dans la position sise. Je sais pourtant qu’elle ne laissera entrer de visiteur, sa maremme si tôt malmenée. Elle demeure ses jambes bâillées sur le ventre, se porte enfin – ses rondeurs arrière tendues – sur la chaire de ses fesses ; se dresse Célimène. Il n’est de plus érotique tableau : le dessin de son envers, son haut nu et altier, sa remontée douce, fendue de sa terminaison de jais... magnifique et à damner. Elle ne bouge d’un soupir, comme si ce moment, de posture désordonnée, ne devait paraître. Elle se retourne et me fait face ; et sur un ton remis : – Permettez que je donne de mon eau. Je dois me retirer céans, n’y voyez point-là désertion. Fermez les yeux – le temps d’une dégourderie d’esprit – et je m’en reviens sur vous plus légère. Je vous donnerai alors grâce de les rouvrir. Elle se lève et s’en court derrière un voilage, tombé à un saut du lit, sa main sur le liseré s’arrête, … et tourne son visage. Que n’avais-je compté sur ce revers !! Je clos sitôt mes paupières, avant qu’elle ne surprenne ce regard volé, courtisé sur les rondeurs sur pieds de sa croupe. … reste un temps aveugle. Un ruisselet perdu frappe de sa hauteur le métal, avant de se gonfler en eau et se verser d’un trait nourri. J’entrouvre les yeux, de curiosité levée les emmène sur sa confidente station ; la découvre assise derrière le voilage, ses deux jambes accolées, coiffant à sa source sa petite cascade. Je n’avais nullement remarqué le cabinet de chaise, arrangé au carré derrière le rideau. Lauraine, ma dame, se produit légèrement penchée en avant, son séant calé sur le cercle du reposoir en bois. Je donne l’oreille, écoute sans perdre, les dernières gouttes de sa petite eau... Son murmure doré. Elle se relève et se décale d’un peu, enfourche un confident posé à hauteur et côté ; ses jambes en selle pioche une poignée d’eau et la projette sur sa pente glabre. Un régiment de chandelles – là sur le labret du chevet, ici sur un haut cygne solitaire, plus loin sur les bras en nombre d’une menorah – et je découvre allongé le tableau de Salomon de Bray, sa jeune femme au peigne et sein dévoilé. Le voile du rideau laisse paraître sa nudité, joue d’ombres éthérées sur son corps. J’observe ses doigts, qui écartent les pans de son intimité, dans le creux de sa main les récipients d’eau qu’elle emprisonne. C’est la première fois que j’assiste à la toilette intime d’une dame, ne veux rien perdre de l’acte et de la pièce. Sa toilette est dressée en ordre et en soin, mériterait que je m’installe au garde-corps... mais je suis à ma dame défendante aveugle !! Ma belle d’eau se lève au-dessus du bidet ; quelques gouttes empruntent le sentier de sa cuisse, dévalent son muscle avant de retomber en ronds dans le bassin de porcelaine. Elle avance un pas et, poussant de sa paume l’écran de tissu, paraît de son cabinet privé. Je ferme à sa séance les yeux. – Vos cils abaissés sont un réconfort ; vous n’avez, de belle évidence, à aucun moment triché !! » Hum, comme il est plaisant de vous voir obéissant ; d’autres en place en auraient profité, et fait de la couche un poste d’observation. » D’autres moins gentilshommes. Oui !! Elle sait que mes yeux, sur son roi(3), ses cuisses et sa source, se sont posés ; s’en amuse et joue à mon intention. À dessein aurait-elle arrangé son petit salon de toilette ?? Je garde mes yeux fermés, cours ma langue sous le secret de ma lèvre. Mmm, un simple passage suffit à réveiller son parfum... Le matelas chavire d’un bâbord. Sa venue sur le lit, je sens ses jambes pousser sur mes bras, se caler et s’installer d’autorité. Sa voix en hauteur retentit. – Ouvrez à présent, et levez à ce suave rafraîchissement !! Une goutte, sitôt suivie d’une autre, tombe et rebondit sur ma bouche, coule sur la pente d’un rien appointée de mon menton. Mes yeux s’ouvrent sur son fil, corne de peu d’abondance qui s’écoule et se verse sur mes lèvres. Elle n’a logé de linge à son sortir, l’entre de ses cuisses ouvertes me dispense le reliquat de sa toilette, une eau claire et de sa nature si subtilement parfumée. Ma soif au puits, j’ouvre plus grand ma bouche. N’est-il pas dit que le supplice de la goutte, à malheureux sur la planche, fait trébucher l’esprit. Elle se désarçonne, se penche et tend son bras en arrière pour se saisir d’une corde à nœud, tire deux coups, puis se repositionne à mon aplomb. Je tourne sur le drap mon visage, suis d’un regard la corde qui court sur le haut du mur, passe dans de petits anneaux de bois avant de disparaître, par une brèche ouverte, au-dessus du linteau de la porte. Redoublé et silencieux... je me demande qui à l’autre bout va répondre, et ce que ces deux coups signifient. Sa main s’emmène et s’ouvre sur mon torse, défait ma toison en suivant ses doigts sous le couvert de mes boucles. Mmfff !! Je cabre ma cage, vise l’arrière de ma tête sur le drap. – Mon bel aux yeux tricheurs !! Mon téton supplie entre ses doigts ; elle le roule et malaxe entre ses phalanges. Je referme en grimaçant mes dents. D’un frais retard, quelques larmes s’abandonnent, roulent sur les saillies de mon cou. Sa main me relâche, descend sur mon ventre et s’arrête à un soupir de mon sexe hâlé. Elle ne le dérange ni ne le touche, gambade ses empreintes sur mon terrain écourté, avant de remonter son chemin. Elle caresse à nouveau le tour de mes mamelons, ses deux mains chassées sur ma poitrine... Ouhhh !! Mon autre chérubin, pincé d’un fer. J’enfonce ma joue dans le coton, mes deux bras reversés en arrière... lève au supplice mes yeux sur ses lèvres pluvieuses : oh, sa petite source est tarie. Son timbre me tire de ma rêverie moyenâgeuse, un hérétique au temps de l’inquisition, livré au savoir-faire de son bourreau. – Soyez assuré mon gentillâtre, je n’ai que de loin l’esprit aux écrits d’un promis seigneur de Lacoste(4), à l’œuvre encore confidente. Si je vous force à l’épreuve, c’est par le jeu d’une fantaisie mienne. Reconnaissez que ces deux bouts de chair, effacés sur votre poitrail, méritent ce jeu de distractions. – Continuez ma dame, si cela fait votre plaisir. Ces fantassins, même en ordre, ne sauront me faire rendre bastion de votre siège. – Quel bon sens au lâcher de vos mots !! Bien que forcé et sans le choix dans la situation qui est vôtre. Laissez-vous sous mon séant, un temps que je m’occupe encore. Quand l’envie me tient en ce cloître, je me plais à certains devoirs... que j'attends à l’obéi rendus. Ma maîtresse paroissiale, à la blouse levée et ordonnée, à la règle orchestrée. Elle m’arrache un cri jumeau, mes deux seins tirés entre ses doigts, lève de compagnie la pointe de ses otages ; à leur pinacle libérés se retourne, et dépose son visage. Je ne bronche pas, ne lui montre mon martyr. Bien que de torture, la serre de ses extrémités murmure après reddition un plaisir que je me surprends à sentir courir sous mon épiderme. Mon sexe d’une contraction se lève et rabaisse. Elle se tourne de nouveau ; son sourire est aux anges. – Profitez de ce sentier, pour votre éducation déboisé. » Et détroussez donc mes trésors !! Elle se cabre en arrière, avec ses mains empoigne sa peau souple et écarte ses fesses à quelques centimètres de mon visage. Oh, me voilà si proche en dessous, le court raidillon entre ses hôtes découvrant chaque aspérité de son tracé. Je contemple son denier, au cercle parfait, frappé dans le sentier de sa raie. Ma queue se lance, bat mon bas-ventre de ses coups. Elle fait rebondir la chair de ses fesses, se désarçonne à nouveau, et tend son bras vers la petite table à rideau située juste sous la corde à nœud. Je l’entends qui fait coulisser le panneau sur son rail, et fouille une fois levé avec sa main. Je ne regarde pas, mes pensées à son faîte de chair, le suit qui rapporte son bouquet au-dessus de ma truffe. – Prenez entre vos mains, et tenez ouvert. Je m’exécute sans dires, ramène mes avant-bras vers ses fesses, pose mes mains au centre de chacune et écarte la porte de ses trésors. Oh, que ce soit par un jeu sien ou mien, l’ouverture de son Saint-Luc est un émerveillement. – Contemplez... mais ne lâchez. Le fouet des lanières claque en un éclair, arque mon corps au-dessus du lit. Je retombe à plat sur le drap, mon souffle poussant entre mes lèvres. C’était donc là l’article derrière le rideau. Je me dis, si frais marqué, que j’aurais mieux fait de suivre l’exploration de sa main ; oui... il eut été préférable. – Gardez vos yeux, et ne tombez les mains... où je saurai sévir !! Et bien qu’obéissant... Les lanières flagellent mon flanc gauche... puis se relèvent. Les lanières cinglent mon flanc droit, et se ravisent. Mmmfffff, je contiens ma révolte, mes mains tenant moins fières l’écart de ses fesses. Les longes de cuir passent sur mon torse, puis sur mon ventre, se posent après quelques serpentins sur mon sexe. Oh, une frayeur sitôt me prend : ici !! Que je ne peux taire : – Ma dame !!!! Le secours de ma voix s’élève, quelques gouttes se pressent de compagnie sur mon front. Dame Lauraine promène le fouet sur mon entrejambe, fait tourner en cercle les crins sur mon membre. Je sens le contact brut et piqué des longes, me raidis à l’instante menace. Son œil tourné dans ma direction... oh, pourvu que. Les rênes à la traîne, et le manche abdiqué, … elle se recule et frotte son chaton sur ma bouche, arrête ses mamelles devant l’adret de mon menton. Ma dame abaisse son visage, et commence à baiser mes tétons, dépose ses lèvres sur mon premier, puis sur le... aïeeeeeee !! Ses dents se sont rejointes, avant que j’y sois préparé. Elle joue avec, le mordille puis relâche, avant de fermer ses mors. Je ne peux là retenir plus longtemps, m’écrie en pressant mon visage contre le tuteur de sa cuisse. Elle se porte sur mon autre téton ; je me tends instinctivement ; m’attends à sa langue, ses lèvres, ses... À qui trop attend !! Elle me tenaille sans préliminaires, mord mon bout de sein plus fort, ferme croquantes ses quenottes. Je retiens entre mes crans, emmené – sans que je ne l’explique – d’une excitation dès son soulagement. Mes pensées muettes se prennent à l’encourager, sur un fil tendu l’exhortent à continuer... partagées entre enfer et paradis : un Tenj? Tenge d’une époque que ni l’un ni l’autre ne regardons à venir. Mais je reçois de sévices seuls le baiser de ses lèvres. Ses seins ballent devant mon menton. J’entends sous son cheval la dictée d’un pas. Quelqu’un entre dans la chambre... Dame Lauraine rapporte son corps, se repositionne à mon surplomb, tirant le rideau sur la cour. Je découvre une silhouette familière : ma jeune chaperonne à la flamme qui avance en faisant se croiser les volets de sa robe, tenant entre ses mains un long plateau ovale. Je cadenasse mes yeux sur sa fraîche entrée, ma situation au clou. Elle se dirige d’un pas réglé vers la table dressée à un écart du lit. J’ai le temps à son passant d’apercevoir, sur le plateau, un appariement de fruits, quelques pièces boulangères surmontées pêle-mêle, ainsi qu’une boule hollandaise en verre blanc, emplie à demi d’un fruitier lie-de-vin. Je ne la quitte, qui dépose la scène sur l’angle de la table, et déleste une à une les victuailles. Je ne sais que penser, ainsi étendu sous le dictat cavalier de ma dame. Par les mémoires du père Dirrag(5)... que se joue là une pièce étrange !! Et voilà que, pour donner un peu de sel à verser, je sens une main sûrement m’empoigner – oh, le fouet n’est plus !! – qui descend et remonte. Prendrait-elle la mesure de mon pal ?? … si fait l’apparition de sa servante, et son effet de surprise. Dame Lauraine procède avec une grande douceur, d’une confiscation délicate s’applique à redonner fringance à mon mousquetaire, d’habilité menée ne tarde à le redresser, impeccablement mis et au garde-à-vous. – Hum, son glissé n’a d’égale que sa roideur ; un instrument dont il va me plaire de jouer la note. Ma gêne, à la rattrapée de mon sexe, envolée... j’ouvre grand mes yeux. Que ne suis-je à envier !! Selon en présence d’une nudité à fleur, d’une autre sous aube... mon sexe encouragé par une main experte, mes yeux rivés sur un envers de maison que je découvre sous un jour éclairé. Ma servante se penche en ordre, et débarrasse méthodiquement le contenu du plateau, son postérieur de posture droite et immobile. Elle ne tourne aucunement la tête vers la main de sa maîtresse, poursuit imperturbable son service. Et dame Lauraine – ce temps – joue de sa menotte, sans s’émouvoir de ma distraction, ni de la présence qui en fait le sujet. Elle glisse ses doigts le long de mon fourreau, le vêt et dévêt. Le séant de sa servante est de toute beauté voilé, ses formes charnues, s’enfonçant d’un joli trait foncier. N’y tenant plus, et devant les notes de ce plantureux quatuor, je retourne mon regard sur la partition de ma dame. Je tire sur les muscles de mon cou, m’aidant de mes deux mains cramponne la chair de ses cuisses et cloître mon visage entre ses aisances ; reste un temps dans sa laie, avant de renverser ma tête... J’entends sa voix qui sermonne : – Détrousser n’est pas bouger mon beau sire !! » Vous voulez reclure votre visage ?? Soyez aux anges, je m’occupe pour vous de cet accommodement. Sa vulve s’assoit sur mes lèvres, sa petite fortune reposée sur ma pointe. – Ouiiii, votre nez et votre bouche où je les désire ; respirez tant que vous le pouvez, que je sente votre brise me caresser. Humez comme je suis à votre gourmandise. Je respire ainsi séquestré, inhale le bouquet épicé de ses senteurs. Sa voix me délivre : – Comme il est plaisant de manier le vit, d’un fessier sis sur la face de son propriétaire. » … la sève va vous monter mon sire, je m’y engage sur l’heure. Ma dame, dépêchez avant que souffle ne me quitte, Que le bonheur de votre siège ne fasse mon bon trépas. Elle tire plus fort sur mon boutoir. Ouiii, mon frein endure son épreuve, s’étire à rompre tandis que sa main descend au plus bas. Son paysage sur moi se dessine... la lagune de sa vulve, le dénuement de sa dune. Elle se balance doucement, descend sur ma bouche, rattrape avec sa frappe ma respiration, son trait appuyé sur mon visage. Elle file main fermée sur ma verge, la mâte à beau temps sans que je trouve à redire. Mes pensées vagabondent, de son cavalier au doublet de ses trous, visitent sous son voile le séant de sa domestique. La voix de dame Lauraine me chasse de ma flânerie. – Et bien, que n’ai-je d’une hâte de voir jaillir votre laitance ; plutôt que de garder, servez-moi sans attendre. Ma dame s’impatiente. La chaleur de mon membre se prend à mon corps, monte par une armée de vaisseaux vers ma tête et mes tempes. Elle cabre son arrière, emmène sous son passage l'ardillon de ma langue. Humm, je goûte à ses deux parangons. Sa main mène au plus briqué mon bâton. Les hauts m'en soient témoins, je suis sur la grève. La montée est brutale, m’emporte d’une vague ; je pique mes mains dans sa chair, serre au plus fort au moment où... mes lèvres capitulent sous sa censure. – Oh, quel joyeux foutre d’artifice !! Je ne savais qu’en ce jour nous étions en fête. Les gerbes de ma semence pleuvent, bombardent à l'artillerie mon torse nu. Elle tire sur mon chibre, le décharge de ses canonnières munitions. Je m'affale en arrière, parviens à délivrer le haut de mon visage, inspire une grande bouffée d’air. Je sens ses fesses qui se relèvent, ses jambes qui se désarment. Je l’observe qui se place genoux joints sur mon côté, et vendange d’une ligne mon poitrail madré. Elle cadenasse mon sexe, et accule en relevant ma garde une dernière goutte... la réceptionne à la chasse sur son pouce. Ma dame me sourit, ses yeux pétulants, pareils à ceux d'une jouvencelle. Sa voix d'un écho s'élève : – Après tout, si nous sommes jour de fête... » Je vais – à qui veut – me laisser à laper de cette eau-de-vit !! Je la suis qui introduit son pouce dans sa bouche, et le suce de lente admission. – Mais ma dame, votre bouche saura-t-elle collecter cette fraîche arrosée ?? J'en suis, par votre main, sur tout le buste recouvert. Elle croise mon regard, ses deux bras dans son dos ; incline le haut de son corps, et sans surseoir... Sa langue sur un premier ramas se dépose, d'une petite cuillère ramasse l’humeur blanchâtre sur ma futaie. Oh, elle ne laisse rien se perdre, engloutit ma lie avec une contorsion élégante. Je la regarde au jeu, qui ouvre ses yeux, et les referme avant de piocher sa langue et avaler son dû. Je ne manque en rien sa déglutition, l’apocope de mon voyage intérieur. Et l’échiquier de mes pions se découvre... Elle quadrille mon terrain, récolte un à un les amas éparpillés, finit sur mon bas-ventre à essuyer le plus fourni ; puis se relève, et convenant d'une dernière avalée : – Oh très cher, votre alimentation doit être de qualité servie car votre laitance est un délice en gorge. Voyez comme je n'ai rien laissé. Elle se retourne sur mon entrejambe, affleure sa langue sur le liseré de sa lèvre : – Que voilà en pendant les pourvoyeurs de cette goûteuse production ; il me faut les en remercier sans attendre. Que pensez-vous ?? Je ne pense pas... lui réponds de séance. – Je vous en prie madame, vous êtes de manières qui ne se refusent. Mon hôtesse se lève du drap, tourne autour de l’alcôve et vient se positionner en face de moi, au pied galant du lit. Elle place ses deux mains sous mes chevilles et, m’invitant d’un regard – à lui prêter gambette – tire sur le couple de mes jambes, remorque mon postérieur jusqu’au rebord du lit. Mes deux pieds atterris sur le parquet en bois, elle écarte soigneusement mes cuisses, et ses mains d’obédience liées s’agenouille sur le sol. Son chef s’abaisse entre mes jambes, cueille à bonne hauteur les fruits vidés de mon anatomie. Sa bouche s’arrondit, me saisit d’un bord dans sa loge. Elle m'aspire et me suce, ses yeux gardés devant, ses bras gardés derrière. Je contemple le ruban de ses lèvres qui s'étire, rattrape ma bourse libre entre ses lèvres. Ma richesse au complet emplit à présent sa bouche. Quelle vision que sa contenance, ses joues rebondies et emplies, mon sexe pointé au repos devant ses yeux dormant. Je repense à sa servante : mais oui, elle n'est plus là, a remporté au sortir son galant postérieur. S'est-elle éclipsée dès son plateau rendu ?? Était-elle au service quand la main de sa maîtresse me faisait rendre grâce ?? Je saisis de deux doigts ma verge alanguie, et la guide sur son visage. Mon basilic glisse sur sa joue, longe son rempart avant de remonter sous son ajour. Pendant qu'elle se repaît, je me promène sur ses traits. Oui, la verge a changé de main : ma maîtresse paroissiale est maintenant élève à punir, forcée ses mains derrière à quelque punition de bouche. Elle me laisse faire, ne décloue pas les yeux... poursuit indifférente mon aspiration par le bas. Oh jamais bouche ne m'a de façon enrobé, je sens sa lèvre sous la cerne de mon arbre. Son récital appelant un entracte, Dame Lauraine me relâche, dépose ses lèvres à l’aplomb de mon sexe. Je goûte son souffle sur ma veine. Elle remonte au-dessus de ma verge, ne la touche mais la frôle, sa moue dictée vers moi. Oh, comme votre bouche pourrait ce temps s’arrêter... Et comme si elle lisait l’œuvre de mes pensées. – Patience gentilhomme, laissons là votre vit ; je garde sa friandise pour le dessert. » Ne pensez-vous pas qu'il est des mets à faire passer avant ?? Le haussement de ses sourcils me défie de son évidence. – Ne suis-je pas votre perle ?? – Oh si fait ma dame, vous l'êtes. Ses deux yeux d’angelot se posent sur moi. – Savez-vous que l’on peut passer le fil à une perle. … » Indifféremment par un côté ou par l’autre. Je la regarde sans rendre mot, ne sachant que répondre, surprends, derrière son contour, le saut de la petite aiguille – portée à dos d’éléphant – se caler entre les deux « I » romains. Elle éclate d’un rire tonitruant, pour la première fois me dévoile toute l'étendue de son sourire. – Allons, laissez là ce collier... et le temps venu d’enfiler ses jades. Et ne prenez pas ce sérieux, il en est des plaisirs que nous évoquons pas un – et de grâce rendue – qui ne se prête à moue. » Venez !! Allons voir ce qu’a porté Eulalie. Je la vois qui se redresse et se dirige vers la table, s’assoit sur une chaise de chambre, une autre du même arbre n’attendant que ma levée. Je me relève du lit, et viens en sa compagnie m’attabler. Le plateau, étalé de sa provision de nourriture, tranche avec la nudité sur nos sièges. Dame Lauraine aventure la première sa main, confisque une poire et la porte à sa bouche ; croque gourmande dans le fruit tout en me toisant. – Qu’attendez-vous ?? Que je vous presse... » Cette riche tablée n’est pas pour ma seule jouissance. Vous me verriez d’une forme autrement rondine si c’était le cas. J’amuse un petit hochement de la tête, et choisis dans le tas un pet d’âne – ou beignet d’Amiens – accoquiné avec quelques confrères dans une corbeille en osier bardée d’une serviette. Humm, le goût du beignet en bouche est un régal ; j’étire un sourire tout en mâchant goulûment la boule saupoudrée de sucre glace, émiette sans attendre quelques mots. – C’est délicieux madame. – Si c’est à votre goût, vous me voyez exaucée !! Rassasiez-vous, vous avez quelques forces à prendre... » Dont je vais avoir avant très peu besoin. Un petit éclat tisonne sur la cornée de son œil. Je laisse baguenauder mon regard tout en reprenant un beignet. Il y a là une longue grigne, à la croûte dorée et croustillante, deux corbeilles de pommes et poires, un pain bénit-brioche – moulé en rond dans son plat – aux reflets dorés, un pêle-mêle d’oranges venues du sud, bref tout un assortiment prompt à redonner vigueur à un régiment de soudards. Dame Lauraine se saisit d’un petit mouchoir, essuie en les tamponnant les pincements de sa bouche. – Je vous ai vu la regarder. – Qui donc ?? – Eulalie bien sûr. Je marque un temps d’arrêt tout en la considérant. – Je le confesse, son joli séant joue un duet... – Fort harmonieux, votre mot !! Eulalie a quelques années de plus que ma bonne Célestine. Le bel âge immuable de ses traits est une bénédiction que je lui envie à chaque jour qui passe. Je la regarde en mordant dans un croquant pommier, curieux à présent d’en apprendre plus. Ma dame fait cas de mon audience... – Notre petite rosière n’avait pas vie de réjouissances là-haut, aussi me suis-je prise de l’emmener avec moi. – Elle était donc à votre service, avant votre venue à Magny ?? – Oui, quand nous étions dans le Hainaut ; Valbert de Rochemont m’y rendait plusieurs fois l’an visites. – Le sieur Valbert de cette maison ?? N’était-il pas d’un dit votre oncle ?? – Un oncle au vit en démange alors, qui ne rechignerait pas à honorer la lignée de ses germains. » Non, j’étais dans les jupons et corsets de sa favorite. Quand il était de verve cavalière, le hardi attelait ses huit par vents et longes abattues pour venir me cravacher. N’ayant pas le nom garçon ou fille d’une descendance – car l’infortuné était infécond – il m’a dans l’hiver de son trépas rédigé la maison sur son héritage. J’aime à penser que la ferveur de nos ébats, à l’instant s’annonçant de ses soupirs, fut sa force de décision, et la raison de son geste. – Par les saintes au cloître, voilà une révélation qui peut me prêter salon si je me prends à l’éventer. – Oui, sans un conteste ; si ce n’est qu’il me plairait de vous savoir sur ce sujet de tombe. Vous n’êtes, et je veux le croire, pas gentilhomme à vous complaire dans le commérage ?? – Je le suis nenni-da ma dame, n’ayez pas la raison d’en douter. Je vous aiguille un peu, mais ne joue à la bavarde de salon que si j’y prends plaisir. – Bien mon vigoureux ami, gardez de confession votre plaisir pour d’autres jeux de bouche. Et si j’apprends que la vôtre s’est tenue, il se pourrait qu’un autre mot Célestine – un jour où je me sentirai l’âme esseulée – vous fasse porter. J’acquiesce d’une politesse muette ; oui, aurais de diable à perte... la récompense d’un mot soustrait des mains de la ruisselante Célestine. Mes pensées en quelques battements s’envolent, mon regard atterrit sur le sien. – Ainsi donc Célestine est l’envoyée en pèlerine qui s’est présentée devant ma porte, capuchonnée sous les cordes. » Et combien de gens l’entourent ?? Je veux parler à votre service. – Voilà une question pour le plus... domestique. » Il y a Eulalie et Célestine, que vous connaissez à présent, Marguerite, la cuisinière attachée aux fourneaux, et Hospice, en charge de la berline et des chevaux, ainsi que du tout-venant. Les trois premières habitent à demeure. Seul Hospice, une fois son labeur terminé, quitte la propriété au jour déclinant pour rentrer chez lui à moins d’une lieue de là. Je lui laisse une pouliche et une lanterne de coche – quand il fait nuit tombée – pour son transport ; qu’il monte le soir pour s’en revenir, et le matin pour s’en venir. – Seulement quatre personnes pour une si grande bâtisse !! Voilà qui ne doit pas être d’un repos. – Nous n’occupons que l’aile principale, celle où nous nous trouvons ; un corps suffisant pour ces pièces et couloirs. Celle qui est la moins à déplorer est Marguerite ; nous ne sommes que cinq, et je reçois très peu de visites ; sa cantine tourne rarement à pleins manches. » Les pets d’ânes sont une de ses spécialités... délicieux non ?? – Humm oui, je dois avouer que votre marmitonne a la main d’un queux. J’attrape la boule hollandaise en verre blanc, et incline dans son verre puis dans le mien le trait de raisin fermenté. Je repose la carafe et empoigne mon verre, attends qu’elle lève son cristal avant de l’avancer à sa rencontre. – À vos désirs, chère dame. Les deux coupes s’entrechoquent, au son céleste de leur matière. – Qu’ils soient la dictée des vôtres. J’incline un sourire et trempe mes lèvres sur les bords. J’engloutis le vin à la robe rubescente et foncée, repose après une gorgée goûtée le pied sur le plateau de la table. – Humm, merveilleux !! Cette collation a tout d’un banquet de cour. Je vais à qui dieu profiter de ce parterre que ne renierait le bon Bacchus, et ne rien manquer de goûter ou d’entamer. – Voyez-vous mon cher !! Nous avons tout le temps du jour encore haut pour grappiller ce repas et allonger notre digestion. Quand la clarté faiblira, il sera temps pour vous de partir, mais pas avant je l’escompte. – Il faut que je prévienne mon cocher qui attend devant vos grilles. – Point ne sera nécessaire, nous l’avons fait renvoyer, et payé de son sou. – Vous l’avez... – Et au fort de son dû, sachez-le. Je mettrai à votre disposition ma berline de voyage ; Célestine se fera une joie de vous accompagner chemin rentrant. – Oh, votre mystérieux commis !! Mais que me sont les honneurs de votre carrosse et d’un visage que je n’ai visu que sous le fuyant d’une capuche. – Mais mes simples plaisir et volonté ; et l’agrément d’un après-repas dont je me plais d’ores à soupirer la prose. – Je vous suis d’un reconnaissant Madame. Voici après les jouis et voluptés de votre réception que vous me poussez dans un cabin galamment fréquenté. Cela discourt-il de prudence ?? – Comme vous convoyez en besogne. Il ne s’agit que de compagnie, de quoi vous soulager du désagrément d’un voyage de nuit esseulé. Seriez-vous en train de battre le briquet avant l’heure ?? Je surprends deux aiguillons piqués dans le fond de ses iris, en mon sourd bois l’ambroisie de ses mots, suis très curieux aussi d’en connaître la visée. Je sens soudain flirter le quintet de ses doigts sur l’escadrin de mon pied, chatouiller le bas de ma jambe. Son verre obtempère sur ses lèvres, s’épanche de son contenu dans le bal de son gosier. – Non, rien d’un ceci. Je concède à ce retour d’être moins long et fatiguant qu’à l’aller, et plus causant aussi. Mais cela fera rentrer et coucher à l’aiguille du tard ma compagne de voyage, ainsi que son conducteur. – Oui, le fait est certain. Mais je sais de source femme qu’elle est de fringale à bavarder avec vous, et puis vous assurer de toute son attention pendant le temps duré du trajet. Et quant à Hospice, ces petits transports nocturnes font aussi partie de son travail. Il en retire salaire à boni. – Eh bien, si chacun en cueille avantage, j’accepte votre généreuse proposition. Son pied remonte le long de ma jambe, entrouvre, arrivé au gradin de mes genoux, le resserrement de mes cuisses. Sa petite musique entonne... – Humm, d’un semblant moins long oui, mais moins fatiguant... vous voilà d’une assurance bien présomptueux. L’innocence de ma servante n’est peut-être pas de foi gravée. Dame Lauraine ouvre d’un beau joueur son sourire. J’ingurgite à mon tour une gorgée, terrasse mon verre sans rendre la pièce. L’approche couleuvre de son pied me vise d’une roideur naissante. Elle me rend table. – Ne devisions-nous pas d’un collier, tout à l’heure ? (1) Prospero Lambertini est élu pape en 1740 sous le nom de Benoît XIV. Il meurt le 3 mai 1758. (2) Le 11 mai 1745 a lieu la bataille de Fontenoy (village situé à moins de 10 km de Tournai), qui dessine la victoire française et irlandaise contre les troupes anglaises et autrichiennes. (3) En référence à la légende du roi Midas, qui voulait que tout ce qu’il touche se transforme en or. (4) Donatien Alphonse François de Sade, passé à la postérité sous le nom de marquis de Sade, est né un 2 juin 1740. Son œuvre au jour de ce récit n’étant pas encore couchée (il n’est âgé que de quatorze ans), comment dame Lauraine pourrait-elle tenir ces mots ?? Un bavardage prodrome... et prémonitoire. (5) Personnage central de « Thérèse philosophe ou mémoires pour servir à l’histoire du Père Dirrag et de Mademoiselle Éradice », roman paru en 1748, et attribué au marquis Boyer d’Argens. Par beaucoup considérée comme une œuvre pornographique et anticléricale (même si le récit contient tout un pan de conversations philosophiques), le texte fut interdit dès sa première édition, mais connut une diffusion massive dans la France des Lumières.
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Lliann
Consuela el Sueño (3ème partie et fin) Consuela n’oublierait jamais sa toute première fois, avec sa meilleure amie, Alejandra. Elles venaient de biberonner le fond d’une bouteille de Jack en cachette, et s’étaient, dans la foulée, et le plus innocemment du monde – enfin pour l’une – déshabillées (le réchauffement climatique n’était encore qu’un concept embryonnaire, mais il faisait très chaud ce jour-là ; ce qui explique cela). Et que se passe-t-il quand deux jeunes oies curieuses, passablement éméchées, se découvrent sans atours, surtout quand l’une attend ce tournant depuis la pénurie des culottes ? Oui ma bonne fée, je vous le demande... Consuela se souvenait de chaque détail, le corps nu d’Alejandra, sa peau cannelle, ses jolis seins pommiers. C’était bien sûr elle qui avait pris les devants, et insinué la première ses lèvres entre les cuisses de son amie. Mmm, elle avait humé tout d’abord, longuement, mûrement, inhumé ses narines dans son joli bois dormant... puis léché, pourléché en bas... avait sucé, mordillé, s’était enivrée de son chaton ronronnant... un délice sucré-salé qui l’avait presque fait jouir (les doigts d’Alejandra – Mlle avait aussi joué – s’en étaient finalement chargés). Le guet était franchi, le pas aussi. Et quand elle croisa celui de son amie deux jours plus tard, son visage empourpré dans ses godillots, elle comprit dans la seconde que leur amitié venait de prendre fin sur ce trottoir. Consuela se souvenait, ses souvenirs remontaient un cours d’eau, comme les saumons depuis la nuit des temps... Quand – jeune fille – elle quitta le cocon familial pour voler de ses propres ailes. Quand – jeune fille toujours – elle se frotta à tous les métiers, enfin tous... Beaucoup d’hommes orbitaient autour de ses jeunes ailes, mais aucun ne pouvait décemment rivaliser avec l’Alliance. Elle endossa l’habit de fille de maison, à la faveur d’un recrutement domestique. Dans sa tenue de soubrette, au charme très seyant, elle convola d’une maison à l’autre, des maîtres différents, mais aussi leurs maîtresses, Les maîtresses, leurs aînées et cadettes. Consuela mit à profit ses missions de gouvernance pour se délurer un peu plus, au su des confidences, secrets de famille, intrigante au tablier dans des propriétés où l’argent disputait à la luxure, où les femmes – de pouvoir of course, dominatrices, castratrices – confisquaient en privé le joug aux hommes. Elle fut surprise de constater la désinvolture avec laquelle la morale pouvait être sise (entre parenthèses) dans les boudoirs et fumoirs guindés, constatant – pour ses soulas et sa jouissance – qu’il était facile de se rapprocher de la fille pour rendre la mère jalouse. Elle s’en donna à cœur joie... et à cul joie. Consuela entra finalement au service d’un couple fortuné. Ils brassaient des bucks, possédaient une batelée de biens, et n’étaient que deux pour ramasser les Grant et les Franklin, enfin trois si l’on comptait les mimines agiles du fiston... Prince Jr (U got the look). La vie dans la principauté s’égrenait placidement. Oh, des amis de Monsieur, gros cigares, moustaches Guidon ou Abat-jours, Consuela s’en fichait comme de perdre sa première petite culotte. Mais les amies de Madame... ces grues de la haute, gainées de bas, culottées de soie, sentant la péronnelle et volant en groupe. Bien sûr, Madame ne savait, non... que deux de ses oiseaux – aux mœurs migratoires – avaient exhibé leurs culs mondains devant sa chère soubrette, se faisant galamment pilonner par devant et derrière, gémissant sous les coups de boutoirs domestiques. Et que fit après l’entracte notre fringante lisette, émoustillée par ce duo de levrettes éduquées ? Eh bien elle leur donna à nettoyer le chibre du délit, l’ordonnant entre leurs commissures pincées et les faisant à cet instant enfin taire. L’adage est bien connu... bouche nantie ne suce jamais à demi. Ah, Prince Jr... peu dégourdi de ses mains, guère plus avec ce qui pendait entre ses jambes. Notre fils de bonne famille ne conviait que rarement (pour ainsi dire jamais) l‘autre sexe dans la somptueuse propriété, au grand désespoir de ses parents, qui rêvaient de le fort dûment caser, et de Consuela, qui aurait bien brouté un gazon de passage, frais et vernal. Mais voilà qu’un beau jour... il (notre jeune altesse) s’enferma dans sa chambre et n’en bougea plus, ne mangeant plus, ne se lavant plus, ne faisant... rien plus. Fichtre et Diantre ! Consuela remarqua évidemment le bel atlas géographique peinturluré sur le devant de ses pyjamas. Il s’avéra que notre Prince était amoureux, très même, et que la dulcinée de ses pensées ne lui soufflait d’autres idées que celle de tripotailler son entrejambe. Ah, comme il est doux de songer aux papillons désintéressés de l’amour, qui grouillent et s’ébattent dans les petits ventres... magie, magie, et vos idées ont du génie. Consuela, sachant y faire avec les puceaux (euh pas vraiment en fait), s’arrangea pour entrer dans la confidence. Elle se rendit là où elle savait trouver la mystérieuse élue de son Prince de cœur. Elle découvrit un lieu, oh plus encore un univers qu’elle n’imaginait pas, et rencontra Diane, qui au fait de sa notoriété se faisait alors appeler « Piss Diane » (la faute à une photo pluvieuse devenue célèbre). Oh, la dulcinée de Prince Jr était aux antipodes, aux confins du monde arpenté par le jeune garçon... stripteaseuse, Dominatrix, égérie d’un monde à l’index. Elle ne le savait pas, mais Consuela allait réussir à forger le fer de cette union contre vents et parents, balayant ce faisant un obstacle inattendu, un roi de l’écran qui ne le crevait plus (l’écran) : le papounet de Diane ; qui désirait plus que tout – eh ben voyons – épouser sa propre fille, afin de ne pas voir sa carrière brisée par des révélations sur son homosexualité, révélations que menaçait de divulguer Adolfo De Lachoza, gestionnaire de la fortune de sa défunte et riche épouse (la maman de Diane, pour ceux qui suivent) qui, ses talons et gantelets sous terre, ne rêvait que d’une chose : couper les élytres du désir à son ex cher, gai comme un énorme pinson. Il faut dire qu’elle l’avait foutrement en travers, et déjà allègrement piétiné de son vivant sa jaquette d’Hollywood. J’abrège et écourte, car la situation, vous en conviendrez, se fout de l’ordinaire. Non, ce que Consuela se rappellerait surtout, plus que le tour de force d’avoir uni ces deux tourtereaux volant aux antipodes, c’était la saveur suintante du corps de Diane. Elles s’étaient ce jour-là chevauchées, à l’horizontale, l’une au-dessus, l’autre en dessous – un chiffre imbriqué, messager du royaume angélique – se léchant et lapant gourmandement, se promettant des rus de plaisir. Le début d’une longue amitié, entretenue à renfort de doigts espiègles, de langues fourrées et tiers phalliques, de celle qui vous fait clamer : « les amis, c’est le pied ». Consuela ouvrit doucement les yeux. Assise sur sa chaise en loge, elle tourna mécaniquement la tête, à droite, à gauche, encore au flot de souvenirs qui venait de déferler. Elle avisa le fouet d’argent, le serpent de ses lanières lové sur ses genoux, celui-là même que Diane lui avait offert (son fétiche) après son mariage ; un gage d’amitié, oh bien plus encore, qui allait parrainer et lancer sa carrière, une passation de témoin... de fouet en l’occurrence. L’égérie de Consuela s’invita backstage, requérant des nouvelles de sa maîtresse. Celle-ci haussa son regard et la défia d’un sourire. Elle écarta ses deux jambes et déclama : « C’est soir de fête... Champagne pour tous ». Les premières gouttes d’un petit ruisselet se frayèrent à travers la résille. L’égérie s’abaissa sur ses genoux.
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Lliann
Arabica… serré ! Quel bonheur !! Oui, quel bonheur de savourer un Arabica serré, lové dans un canapé, le sexe tendu, soustrait par une bouche galante et enveloppante. Cela ne m’était pas encore arrivé, je l’avoue, et je me surprends à immortaliser, graver la scène dans les serpentins rubanés de mon âme. Un moment béni de détente, entracte hors du temps, que je déguste avec la même délectation que le nectar noir qui l’accompagne. Comme il est facile avec Lisa de laisser flâner son imagination. Elle n’a pas levé un cil, ne manifeste nulle rébellion, me suce élégamment recoquillée, ses genoux joints. Je sais qu’elle apprécie l’estrade, dos fléchi, la tête en éclaireur, mains interdites, toujours cette inclinaison détachée, cet exquis maintien : elle en joue à la perfection, me renvoie l’image de la maitresse de maison rêvée, celle que l’on commande dans ses songes humides, dans ses fantasmes domestiques. Ma tasse en main, je regarde sa crinière crêpée chaperonner la course impeccable de son balancier. J’avale ma dernière gorgée et repose le récipient vide, prenant soin de ne pas la déranger. J’empoigne ses boucles et relève sans forcer son visage, l’invite à me suivre...
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Lliann
Consuela el Sueño (2ème partie) Il ne fallut guère de temps avant que Byron ne sente monter un ru. Il agrippa la cuisse de Consuela et évinça un râle. Notre égérie, bouche cousue, haussa ses yeux sur sa voisine à l’instant de recevoir son dû. Consuela soutint aux anges son regard, sachant le torrent lacté qui éclaboussait la loge de sa bouche. Elle avala le tout, rinça, essuya, cajola le gland entre ses commissures, libérant une queue propre comme un sou neuf. Lorsqu’elle recula sous la table et se rassit docilement sur son siège, un petit reliquat perlait sur sa lèvre. Elle le cueillit avec son doigt et suçota innocemment sa phalange. – Bien, il est à présent temps de vaquer à mes obligations. Je vais vous quitter Mesdames, le temps d’un petit discours. Il rangea sa queue dans sa maison, ferma la grille et se leva. – Revenez-nous vite, je vous donnerai, qui sait, ma soumise pour vous éponger à nouveau. Consuela arrondit un petit ris. Byron lui rendit son sourire et se dirigea vers la scène, promue en hauteur dans le fond de la salle. Parvenu sur l’estrade, il donna quelques coups sur le micro et toussa un petit chat. Les bla-bla de circonstance furent sabrés en un tour de mots, leur vol cérémoniel flottant au-dessus de l’assistance. Vint enfin la conclusion... – Je voudrais, pour clore cette toute première cérémonie des « Fetish Awards », finir sur un hommage. À celle qui, ce soir à ma table, me fait l’honneur de sa présence. À celle que vous toutes ici, Mesdames, connaissez... qui avez, dans vos nuits humides, goûté au mors de son fouet d’argent ? À celle qui incarne le rêve, l’appartenance unique. Je veux bien sûr parler de... Consuela el Sueño. Les applaudissements clappèrent et se répondirent. Consuela se leva et s’avança vers la scène, son fouet fétiche caressé dans sa main. Les mêmes yeux se tournèrent (POPULAIRE), tous la regardèrent... sa félinité, son corps sous le carroyage, les sursauts aiguillons de sa poitrine. Elle monta sur la scène, embrassa Byron sur la joue – un petit bisou – et remercia l’assistance au complet, s’inclina généreusement ; elle s’apprêtait à quitter la scène quand Byron, campé juste derrière elle, lui fit un signe de la main, le pouce et l’auriculaire commis devant son oreille et sa bouche. Ses lèvres muettes croquèrent un « téléphone ». Il pointa son doigt, lui désignant la loge située backstage. … – Allo oui ! – Félicitations Consuela, te voilà la nouvelle coqueluche du FF (« Frisco Fetish ») aux dires de Byron. Celle-ci reconnut aussitôt la voix à l’autre bout du fil. – Diane !!!! Comment vas-tu ? Ça me fait trop plaisir. – Oh, tout va très bien. Junior est adorable, comme toujours. Les chevaux occupent tout notre temps, le sien comme le mien. Et même à la retraite, un canasson de course a toujours son foutu caractère, crois-moi. On est un peu à sec, mais on s’en fout... Je tenais simplement à te féliciter ce soir. – Oh merci Diane. Tu sais, tout ça, c’est à toi que je le dois. – Allons Consuela, tu vas me faire rougir si tu continues. Je ne t’embête pas plus longtemps, te laisse à tes admiratrices. Cette soirée est la tienne, profite-en bien... » Je t’embrasse ma belle. – De gros bisous trempés ma Diane. Je vous aime tous les deux, toi et Ju. Consuela raccrocha le téléphone et s’enfonça dans le dossier molletonné de son fauteuil. Elle ferma les yeux ; ses pensées s’échappèrent, loin en arrière... un temps de souvenirs... … Érase una vez... une fillette qui grandissait entourée de ses hermanos et hermanas. Maman avait fort à faire, avec tous ces petits diablitos entre ses jupons. Papa travaillait... un peu, beaucoup, passionnément (mmm), et sirotait du pulque le reste du temps, c’est-à-dire matin, midi et soir. Consuela se souvenait de chaque anecdote de son enfance, de la fois par exemple où elle avait surpris son grand frère, la queue empaquetée dans un linge blanc, son air ahuri dès qu’il avait aperçu sa trombine. Elle se rappelait de son premier baiser – le garçon s’appelait Ignacio – de sa main qu’il avait saisie pour la glisser dans son pantalon. Elle avait senti pour la première fois la teneur d’une verge, sa texture molle enfler entre ses doigts. Il avait insisté pour qu’elle le caresse mais elle avait refusé, toute forte tête qu’elle était, et ce depuis sa plus chère enfance... non mais ! Elle se souvenait évidemment d’un autre âge, celui de l’adolescence, où son intérêt pour les garçons se détourna vers son pendant à jupe et socquettes. Oui, elle se mit à déshabiller du regard ses copines, à imaginer leurs petits seins confinés, à fixer leurs aréoles quand celles-ci pointaient sous leurs caracos, à imprégner ses pensées du gousset soyeux de leurs petites culottes. Oui, Consuela venait, sans le savoir, de basculer du côté obscur (la force pourtant n’était pas très puissante dans sa famille). Les chicanos à boutons pouvaient ranger leurs sabres de Jedillon, Leia Organa l’ordonnait rebelle, ainsi que toutes les autres princesses de l’univers... Consuela sentait courir des petites fourmis sous sa peau lorsqu’elle se trouvait en présence de sa meilleure amie, Alejandra, mais ne savait comment lui avouer. Et que fit donc notre petite Sapho en herbe pour étouffer le brandon qui consumait ses entrailles... elle se réfugia sous un roc, un pic, un cap... la péninsule de sa famille bien sûr. Sa plus grande sœur était belle et racée, une latina aux cheveux sauvages et à la peau domestique. Elle s’employa en catimini à chiper dans la corbeille à linge familiale les petites culottes odorantes de son aînée, pour les renifler en douce à l’abri des regards. Cet arôme délicieusement musqué éveillait... un torrent, qui la poussait parbleu à chamailler son petit tertre. Elle entra sans un bruit (ou juste quelques plaintes mordues) dans sa grande période masturbatoire, ne se satisfaisant plus des dessous portés par sa sœurette, commença à subtiliser les trésors intimes de ses amies lorsqu’elle s’invitait chez elles. Toutes exhalaient un parfum unique, chacun des petits goussets religieusement souillé par sa propriétaire ; un don de Dieu, auprès de qui elle ne manquait jamais une confession après ses larcins (n’était-elle pas devenue, en un habile tour de main, apprentie tribade et voleuse ?). Chez les Cortes, on priait le seigneur comme on va à la selle, plusieurs fois par jour... une aide oh combien quotidienne...
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Lliann
Consuela el Sueño (1ère partie) Les lustres baroques occupaient des positions stratégiques sur le damier au plafond. Le cristal reflétait sa lumière sur les murs de l’imposante salle de réception, ainsi que sur le parterre d’invités soigneusement, comme il est de bon ton pour toute soirée privative, sélectionnés pour l’occasion. Les carrés de tables bavardaient copieusement, riaient et éclusaient l’impressionnante cargaison de Champagne commandée spécialement pour l’occasion. Les années 60 battaient leur plein, et la cité des anges venait de perdre son restant de virginité un mois plus tôt, sous les sunlights du festival de Monterey. Les Who, Otis Redding, les Mamas & Papas, Janis Joplin, habitée de l’intérieur, et le climax... Wild Thing, Jimi Hendrix agenouillée devant sa Stratocaster, singeant l’acte sexuel avant de l’asperger d’essence, jouissant un trait de naphte avant que le feu ne l’emporte. Le Summer of Love venait de signer là son acte fondateur. Byron Chambers discutait gaiement à une table, une coupe à moitié pleine à la main. N’était-il pas l’heureux organisateur de cette soirée mondaine après tout. Oh « mondaine », en aucun cas cette société de gens en vue, qui se plaît à se dorer la rosace (seulement si elle est propre) en comité élitiste ; non, une toute autre société, attachée aux plaisirs de ce monde, et à certains plus qu’à d’autres. Grand ponte de l’industrie textile, épicurien notoire, Byron avait très tôt tourné le dos, et son attribut viril, à sa puritaine épouse, ne trouvant, en la regardant, plus que l’amertume d’un corps ficelé par la morale. La bible ne clame-t-elle pas : « Que le mariage soit tenu en honneur à tous égards et le lit conjugal sans souillure (He 13.4) ». Bon, Byron était agnostique donc... Quand arriva le divorce, et il arriva, aussi sûrement que l’éclaircie vient après l’ennui, Madame fit voler sa morale dans toutes les pièces de leur luxueuse maison, enfin sa morale, disons tous les objets à portée de sa main. Quand les avocats s’entendirent sur un montant à sept chiffres, Madame, toujours elle, laissa tranquille le mobilier de la maison et abandonna le domicile marital sans sourciller, ou juste un peu, car le soleil, ce jour-là, était aveuglant. Byron allait enfin pouvoir s’adonner sans réserve à ses péchés mignons, et ils étaient au nombre. Dès son célibat paraphé, il s’abîma dans un nouveau monde, se soumettant quand on le lui ordonnait, dominant quand ses canines appointées flairaient le sang, dinant aux chandelles, buvant à la source de compagnie que l’on ne quitte. Il explora le côté obscur, goûta les morsures du cuir, le froid de l’acier, se fit inquisiteur puis hérétique, tribunal canonique, expia sur la croix (celle de Saint-André, le plus chausseur des apôtres). Et voilà qu’un couple d’années plus tard, fort d’un réseau nanti en influence et discrétion, il organisait cette petite sauterie privée, où manifestement beaucoup de convives allaient l’être (sautés bien sûr) sans renâcler. Une pièce spéciale avait d’ailleurs été agencée à cet effet, juste derrière la scène, enluminée de miroirs sur ses murs et d’un mobilier moyenâgeux sur son marbre. Assise juste en face de Byron siégeait une jouvencelle, SA soumise, car Monsieur avait décidé de reprendre der Knüppel en main et exhiber ce soir, au regard de tous, sa dernière égérie ; car oui et quand même, il était temps de montrer à cet auditoire bien né de quel bois il se chauffait l’hiver (l’horloge du temps ayant tourné vinaigre, nous étions déjà en juillet). Bardée d’un harnais en cuir ceignant sa poitrine nue, d’un duo de brides fixées à son collier canin, deux petits cache-seins, tout mignons tout beaux, paradaient sur ses tétons. C’était là sa seule layette, son petit chat tout lisse cirant un peu plus bas le coussin de la chaise. Apostée sur sa droite, une autre égérie balayait l’assistance avec intérêt et curiosité... cuir, latex, vinyle, wetlook, une débauche de matières étoilait le reichstag. Elle-même portait une guêpière en latex, surhaussée d’un soutien-gorge vermillon ; une seyante culotte en satin (assortie aux bonnets) toisait de haut sa paire de bas, soutenus par un quatuor de jarretelles. Un collier de perles pendait joliment à son cou. Byron était, quant à lui, nippé comme un milord... car c’est bien connu, le diable s’habille en Prada. La dernière chaise était vacante, un fouet aux brins d’argent reposait lové sur le coussin. Byron empoigna le fût de la bouteille et remplit le petit bataillon sur la table. Il ne versa rien devant ledit siège, la coupe s’était envolée. Sa tête se tourna instinctivement vers le préambule de la salle. Lorsqu’elle fit son apparition, une collection de paires d’yeux convola à sa rencontre, pronostiquant à voix tues. Vêtue d’une combinaison intégrale en résille, avec pour seuls bâillements une ouverture autour de la bouche, une autre – plus petite – derrière la cagoule, laissant dépasser une longue queue équestre, deux cercles évidés autour de ses seins nus, un croisillon maintenant un anneau en métal autour de ses tétons, Consuela avançait sa tour sur l’échiquier des tables ; sous les regards spectateurs (Madame était populaire), déambulait d’un pas altier, perchée sur ses talons hauts, une coupe emplie à la main. Elle s’assit à la table de Byron, sur le coussin vacant, après en avoir délogé son pensionnaire, et échangea sans piper mot sa coupe avec le contenant fraîchement versé qui lui faisait face. Sa propriétaire la regarda étonnée. – Je le préfère plus frais ! Consuela proposa de trinquer, en hommage au mécène de la soirée. Byron se gratta naturlich l’entrejambe (ah les hommes) et leva son verre, sitôt imité par nos deux soumises estivales. La tablée but de concert, dans une communion capiteuse, ne fut-ce l’expression de notre dulcinée en guêpière après qu’elle eut porté la coupe à ses lèvres. – Ce Champagne est-il à ton goût ? – Oh maîtresse, il est... un bouquet très parfumé. – Eh bien bois mon enfant (ah les mom, toujours aux petits soins), la soirée ne fait que commencer... Elle ingéra une nouvelle gorgée, sous le regard dépositaire de Consuela, déglutit un rictus en reposant le verre sur la table. Et ils papotèrent, rirent, vidèrent, Quat'Z'amis (qui sont contents quand ils sont réunis). Byron s’attarda sur le collier de... euh, la félicitant pour cet atour, et le mariage diaphane de ses perles. Consuela se tourna vers lui : – Savez-vous très cher qu’une perle peut être enfilée, avec la même aisance par devant ou par derrière ? Byron hocha par deux fois le carafon (c’est pour dire) en estampant une mine enjouée. Heather sourit à son tour, mais sous cape – elle s’appelait ainsi notre candide aux seins vermillon – sachant évidemment de quoi il retournait. Sans qu’il ait prononcé le début d’un quart de mot, notre première jouvencelle s’enfonça à genoux sous la table, s’avança entre les jambes de son Master. Elle dégrafa sa boutonnière et extirpa de son logement une queue fringante. Elle croisa ses poignets dans son dos et enfourna le membre gorgé. Le balancier subordonné de sa tête, ses lèvres coulant et rançonnant, aspirant son fût jusqu’à la garde, elle suçait son Sir Byron avec maestria. Consuela ne cillait ni sourcillait. Après tout, il en va de certaines politesses que l’on ne peut différer, surtout en Society. Elle caressa doucement les cheveux corbeaux de la jolie suceuse ; celle-ci ne broncha pas, ses mirettes closes engorgea plus profond. Mmm, l’homme est un bipède à poil et à sang chaud, si trébuchant devant une pose quadrupède (ou genoupède).
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